La Servante écarlate
La Servante écarlate (titre original : The Handmaid’s Tale) est un roman de science-ficrton dystopique écrit par Margaret Atwood publié en 1985 et traduit en français en 1987.
Ce livre est la première dystopie de l’auteure, qui a aussi publié en 2003 le roman Le Dernier Homme (Oryx and Crake). Le livre a été adapté au cinéma sous le même titre par Volker Schlöndorff en 1990 et fait l’objet d’une série télévisée (The Handmaid’s Tale : La Servante écarlate) depuis 2017 sur Hulu.
Résumé
Ce roman de science-fiction décrit un futur dystopique, peut-être proche, où la religion domine la politique dans un régime totalitaire et où les femmes sont dévalorisées jusqu’à l’asservissement. Elles sont divisées en classes : les Épouses, qui dominent la maison et sont les seules femmes ayant un semblant de pouvoir, les Marthas qui entretiennent la maison et s’occupent aussi de la cuisine, les Éconofemmes, les épouses des hommes pauvres et les Tantes enfin qui forment les Servantes habillées d’amples robes écarlates dont le rôle est la reproduction humaine. Toutes les autres femmes (trop âgées, infertiles, etc.) sont déportées dans les Colonies où elles manipulent des déchets toxiques. Dans ce futur, le taux de natalité est très bas à cause de la pollution et des déchets toxiques de l’atmosphère. Les rares nouveaux-nés sont souvent « inaptes ».
L’héroïne du roman, rebaptisée Defred, est une Servante. Elle ne peut pas séduire, son rôle est la reproduction. Elle raconte peu à peu son histoire, se remémore sa famille : Luke, son mari ; sa fille ; Moira, sa meilleure amie, dans la vie « d’avant » ; sa mère… Son unique raison de vivre, ce à quoi elle se raccroche pour ne pas sombrer, ce sont ses souvenirs.
Distinctions
1985 : prix du Gouverneur général : romans et nouvelles de langue anglaise
1986 : finaliste du prix Booker
1986 : finaliste du prix Nebula
1986 : Los Angeles Times Book Prize
1987 : prix Arthur C. Clarke
1987 : finaliste du prix Prometheus
Éditions
Margaret Atwood, The Handmaid’s Tale, Toronto, éd. McClelland & Stewart, 1985, 324 p.
Margaret Atwood (trad. de l’anglais par Sylviane Rué), La Servante écarlate [« The Handmaid’s tale »], Paris, éd. R. Laffont, coll. « Pavillons », 1987, 362 p.
Margaret Atwood (trad. de l’anglais par Sylviane Rué), La Servante écarlate [« The Handmaid’s tale »], Paris, éd. R. Laffont, coll. « Pavillons Poche », 1987, 521 p. ajout d’une postface de Margaret Atwood à partir des rééditions de 2012.
Adaptations
1990 : La Servante écarlate, film américano-allemand réalisé par Volker Schlöndorff
2017 : The Handmaid’s Tale, série américaine diffusée sur la plateforme de VOD Hulu
Margaret Atwood
Margaret Eleanor « Peggy » Atwood, née le 18 novembre 1939 à Ottawa, en Ontario est une romancière, poétesse et critique littéraire canadienne. Elle est l’une des écrivaines canadiennes les plus connues, en particulier pour son roman La Servante écarlate (The Handmaid’s Tale), publié en français en 1985, qui est adapté au cinéma sous le même titre par Volker Schlöndorff en 1990 et en série télévisée sous le titre The Handmaid’s Tale : La Servante écarlate en 2017.
Biographie
Née à Ottawa, Ontario, Margaret Atwood est la fille de Carl Edmund Atwood, zoologue, et de Maragaret Dorothy Killiam, nutritionniste. Par le métier de son père, Margaret Atwood passe la majeure partie de son enfance entre les forêts du Nord du Québec, Sault Ste. Marie, Ottawa et Toronto.
Elle commence à écrire à l’âge de 16 ans. En 1957, elle entreprend des études au collège Victoria à l’Université de Toronto. Elle suit notamment les cours de Jay Macpherson et de Northrop Frye. Elle obtient un baccalauréat ès arts en anglais (avec des mineures en philosophie et en français) en 1961.
Après avoir reçu la médaille E. J. Pratt pour son recueil de poème Double Persephone, elle poursuit ses études à Harvard, au Radcliffe College, dans le cadre d’une bourse Woodrow Wilson. Elle est diplômée en 1962 avant de prolonger ses études à l’Université Harvard pendant quatre ans.
Elle enseigne tour à tour à l’Université de Colombie-Britannique (1965), à l’Université Concordia à Montréal (1967–1968), à Université de l’Alberta (1969–1979), à l’Université York à Toronto (1971-1972) et à l’Université de New-York.
En 1968, Atwood épouse Jim Polk, mais divorce quelques années plus tard, en 1973. Elle se marie ensuite avec le romancier Graeme Gibson. Elle donne naissance à sa fille Eleanor Jess Atwood Gibson en 1976.
Le prix Arthur-C.-Clarke lui est décerné en 1987 pour son roman La Servante écarlate (The Handmaid’s Tale).
Elle remporte le Booker-Prize en 2000 pour son roman Le Tueur aveugle (The Blind Assassin), qui n’est publié qu’en 2002 en France.
Lors de l’élection fédérale canadienne de 2008, elle accorde son appui au Bloc québécois, parti prônant la souveraineté du Québec.
En janvier 2009, une polémique éclate à Toronto : son livre La Servante écarlate est accusé par un parent d’élève d’être violent, dépravé et tout à la fois anti-chrétien et anti-islamiste. Cet événement souligne la force de l’écriture d’Atwood qui parvient à perturber les rigoristes dans leurs convictions. L’affaire n’aura pas de suite.
En 2015, elle remet le manuscrit de son livre Scribbler Moon au projet de « bibliothèque du futur » de l’artiste écossaise Katie Paterson, qui sera ainsi publié en 2114. Elle est la première des cent auteurs à participer à ce projet
En janvier 2018, elle publie une lettre ouverte dans le journal The Globe and Mail intitulée «Am I a bad feminist?» («Suis-je une mauvaise féministe?») où elle fait une critique du mouvement #Metoo (#moiaussi) en même temps qu’elle diagnostique le système judiciaire inefficace et dépassé. Elle met en garde les féministes d’aujourd’hui face à un possible dérapage menant à l’instauration d’une « justice populaire » qui peut se transformer en « lynchage solidifié culturellement dans lequel le type de justice accessible est jeté par la fenêtre et des pouvoirs extrajudiciaires sont mis en place et maintenus. » Elle prend position en affirmant que « ma position fondamentale est que les femmes sont des êtres humains, avec (…) des comportements saints et démoniaques (…) y compris le crime. » Suite aux critiques de la part de certains observateurs qui considèrent son écrit comme une trahison des valeurs féministes, elle persiste sur Twitter en expliquant son point de vue et en répondant aux critiques, puis en partageant deux autres textes semblables au sien dont celui d’Andrew Sullivan «It’s Time to Resist the Excesses of #Metoo» («Il est temps de résister aux excès de #Moiaussi») où l’auteur compare leur façon d’agir aux méthodes du maccarthysme qui avait mis en place une liste anonyme d’hommes potentiellement dangereux, soupçonnés d’être des communistes, et qui ont détruit plusieurs de leurs carrières.
Une autre collaboratrice du Globe and Mail, Margaret Wente publie quelques jours plus tard une analyse du texte de Atwood et sa place dans l’histoire du féminisme8. Wente n’est pas surprise de sa position car « elle (Atwood) aime brasser la cage » et poursuit en citant plusieurs internautes aux réponses dures et frôlant la vulgarité. Pour Wente, Atwood est classée comme une modérée face au nouveau mouvement #metoo qui est prêt à lyncher tous ceux qui n’y se rangent pas. Pour expliquer la situation, en un mot, elle explique : « Ce qui est arrivé c’est que la Révolution est entrée dans une nouvelle phase. Après avoir vaincu les réactionnaires, les Jacobins envoient les modérés à la guillotine », puisque « la révolution ne concerne pas la justice, mais le changement. » Finalement, Wente admet être « la dernière alliée de Atwood » parce qu’elle aussi croit que la procédure régulière, aussi frustrante et imparfaite soit-elle, est meilleure que l’alternative. « Je ne pense pas que des listes publiques d’accusations anonymes contre des journalistes médiatiques […] devraient être autorisées à détruire des carrières. » Et pour conclure: « Je suis off, mais avec ma tête bien en place. »
Œuvre
Son œuvre se compose d’une quinzaine de romans1, de nouvelles, de recueils de poèmes et d’essais.
Romans
Diptyque La Servante écarlateLa Servante écarlate, Robert Laffont, 1987 ((en) The Handmaid’s Tale, 1985)
(en) The Testaments, 2019
À paraître en septembre 2019
Trilogie Le Dernier Homme
Le Dernier Homme, Robert Laffont, 2005 ((en) Oryx and Crake, 2003)
Le Temps du déluge, Robert Laffont, 2012 ((en) The Year of the Flood, 2009)
MaddAddam, Robert Laffont, 2014 ((en) MaddAddam, 2013)
Autres romans
La Femme comestible, Robert Laffont, 2008 ((en) The Edible Woman, 1969)
Faire surface, Grasset, 1978 ((en) Surfacing, 1972)
Lady Oracle, Étincelle, 1980 ((en) Lady Oracle, 1976)
La Vie avant l’homme, Robert Laffont, 1981 ((en) Life Before Man, 1979)
Publié également sous le titre La Vie devant l’homme aux éditions Quinze en 1981
Marquée au corps, Étincelle, 1983 ((en) Bodily Harm, 1981)
Œil-de-chat, Robert Laffont, 1991 (en) Cat’s Eye, 1988)
La Voleuse d’hommes, Robert Laffont, 1994 ((en) The Robber Bride, 1993)
Captive, Robert Laffont, 1998 ((en) Alias Grace, 1996)
adapté en 2017 sous forme de mini-série de six épisodes par Netflix
Le Tueur aveugle, Robert Laffont, 2000 ((en) The Blind Assassin, 2000)
L’Odyssée de Pénélope, Flammarion, 2005 ((en) The Penelopiad, 2005)
C’est le cœur qui lâche en dernier, Robert Laffont, 2017 ((en) The Heart Goes Last, 2015)
Graine de sorcière, Robert Laffont, 2019 ((en) Hag-Seed, 2016)
Album jeunesse
Tout là-haut dans l’arbre, Rue du monde, 2010 ((en) Up in the Tree, 1978)
Adaptation par Alain Serres
Trois contes très racontables, Seghers, 2019 ((en) Trio of Tolerable Tales, 2017)
Recueils de nouvelles
Les Danseuses et autres nouvelles, Quinze, 1986 ((en) Dancing Girls, 1977)
Meurtre dans la nuit, Remue-ménage, 1987 ((en) Murder in the Dark, 1983)
L’Œuf de Barbe-Bleue, Libre Expression, 1985 ((en) Bluebeard’s Egg, 1983)
(en) Through the One-Way Mirror, 1986
Mort en lisière, Robert Laffont, 1996 ((en) Wilderness Tips, 1991)
La petite poule vide son cœur, Serpent à plumes, 1996 ((en) Good Bones, 1992)
Réédité sous le titre La Troisième Main aux éditions La Pleine Lune en 2005
(en) Good Bones and Simple Murders, 1994
Le Fiasco du Labrador, Robert Laffont, 2009 ((en) The Labrador Fiasco, 1996)
(en) The Tent, 2006
(en) Moral Disorder, 2006
Neuf contes, Robert Laffont, 2018 ((en) Stone Mattress: Nine Wicked Tales, 2014)
Recueil de poésie
(en) Double Persephone, 1961
Le Cercle vicieux, Prise de parole – Du Noroît, 2000 ((en) The Circle Game, 1964)
(en) Expeditions, 1965
(en) Speeches for Doctor Frankenstein, 1966
(en) The Animals in That Country, 1968
Le Journal de Susanna Moodie, Bruno Doucey, 2011 ((en) The Journals of Susanna Moodie, 1970)
(en) Procedures for Underground, 1970
Politique de pouvoir, L’Hexagone, 1995 ((en) Power Politics, 1971)
(en) You Are Happy, 1974
(en) Selected Poems, 1976
(en) Two-Headed Poems, 1978
(en) True Stories, 1981
(en) Love songs of a Terminator, 1983
(en) Interlunar, 1984
Matin dans la maison incendiée, Écrits des Forges, 2004 ((en) Morning in the Burned House, 1996)
(en) Eating Fire: Selected Poems, 1965-1995, 1998
(en) The Door, 2007
Essais
Essai sur la littérature canadienne, Boréal, 1987 ((en) Survival: A Thematic Guide to Canadian Literature, 1972)
(en) Days of the Rebels 1815-1840, 1977
Cibles mouvantes, Boréal, 2006 ((en) Second words: Selected Critical Prose, 1982)
(en) Strange Things: The Malevolent North in Canadian Literature, 1995
(en) Negotiating with the Dead: A Writer on Writing, 2002
Cibles mouvantes, Boréal, 2006 ((en) Moving Targets: Writing with Intent, 1982-2004, 2004)
(en) Writing with Intent: Essays, Reviews, Personal Prose–1983-2005, 2005
Distinctions
Margaret Atwood a reçu de nombreuses récompenses dans le monde.
Elle fait partie des favoris depuis plusieurs années pour le Prix Nobel de littérature. En 2017, Kazuo-Ishiguro s’est excusé d’avoir obtenu le prix à sa place.