ANCIEN TESTAMENT, DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE, EVANGILE DE MARC, LETTRE AUX HEBREUX, LIVRE DU DEUTERONOME, NOUVEAU TESTAMENT, PSAUME 17

Dimanche 31 octobre 2021 : 31ème dimanche du Temps Ordinaire : Lectures et commentaires

Dimanche 31 octobre 2021 :

31ème dimanche du Temps Ordinaire

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Commentaires de Marie-Noëlle Thabut,

1ère lecture

Psaume

2ème lecture

Evangile

 

PREMIERE LECTURE – livre du Deutéronome 6, 2 – 6

Moïse disait au peuple :
2 « Tu craindras le SEIGNEUR ton Dieu.
Tous les jours de ta vie,
toi, ainsi que ton fils et le fils de ton fils,
tu observeras tous ses décrets et ses commandements,
que je te prescris aujourd’hui,
et tu auras longue vie.
3 Israël, tu écouteras,
tu veilleras à mettre en pratique
ce qui t’apportera bonheur et fécondité,
dans un pays ruisselant de lait et de miel,
comme te l’a dit le SEIGNEUR, le Dieu de tes pères.
4 Ecoute, Israël :
le SEIGNEUR notre Dieu est l’Unique.
5 Tu aimeras le SEIGNEUR ton Dieu de tout ton coeur,
de toute ton âme et de toute ta force.
6 Ces paroles que je te donne aujourd’hui
resteront dans ton cœur. »

Voici l’un des grands textes de l’Ancien Testament ! Il joue un rôle très important encore actuellement dans la religion et la prière d’Israël.

            Le livre du Deutéronome lui-même figure parmi les premiers livres de nos Bibles actuelles, mais en réalité, c’est un livre tardif ; il est le résultat de toute la réflexion de plusieurs siècles après la sortie d’Egypte. Pour entrer vraiment dans ce texte, il faut connaître, (autant que faire se peut) son histoire : avec Moïse et la sortie d’Egypte, nous étions vers 1250 av. J.C. L’installation sur la Terre Promise se situe vers 1200 ; à partir de là, les douze tribus se répartissent les lieux et vont conquérir leur territoire, chacune pour elle ; mais elles gardent le lien de leur foi commune dans le Dieu qui les a libérées d’Egypte.

On se doute que Moïse n’a rien mis par écrit de son vivant : on possède seulement les deux tables de la Loi en pierre ; mais on se répète ses enseignements, on se les transmet de père en fils, pendant des générations.

            Les siècles passant, on éprouvera le besoin de mettre les éléments les plus importants par écrit. Selon les lieux, ces documents qui prennent peu à peu naissance ont chacun leurs caractéristiques propres. Ce qui est écrit à la cour du roi Salomon au dixième siècle a d’autres accents que ce qui prend naissance, deux cents ans plus tard, au huitième siècle dans le royaume du Nord, là où retentissent des voix aussi exigeantes que celles des prophètes Amos ou Osée. C’est là, dans l’entourage des prophètes qu’est né très probablement le noyau de ce qui est aujourd’hui le livre du Deutéronome.

Plus tard, au moment de la dévastation du royaume du Nord par les Assyriens (au huitième siècle), des lévites du Nord se réfugient à Jérusalem, emportant avec eux ce qu’ils ont de plus précieux, les rouleaux qui contiennent les enseignements de Moïse tels que les prophètes les leur ont transmis. Ils y ajouteront bientôt les leçons qu’ils ont tirées de la tragédie qui s’est abattue sur le Nord : si seulement leurs frères du Sud pouvaient écouter, eux, les enseignements de Moïse et des prophètes, ils ne feraient pas leur propre malheur, comme les autres.

            Plus tard encore, ces documents connaîtront de nouveau bien des aventures : cachés dans le Temple de Jérusalem, sous le règne d’un roi sacrilège, ils seront retrouvés presque par hasard, en 622, sous le règne de Josias, le pieux. Lequel s’appuiera sur les enseignements de ce document pour lancer une grande réforme religieuse. Et puis, quand la catastrophe se sera abattue sur le royaume du Sud (Jérusalem est prise par Nabuchodonosor en 587), il sera temps d’en tirer aussi des leçons pour le retour de l’Exil : la Terre promise par Dieu se mérite. D’où l’insistance sur le mot « écouter » dans ce livre, dont les accents sont ceux d’une prédication, voire d’une sonnette d’alarme.

Ainsi est né, probablement, au fil des siècles et de l’histoire mouvementée du peuple élu, ce livre du Deutéronome que nous avons sous les yeux ; (dont le nom, en grec, veut dire « Deuxième loi », puisque c’est, en quelque sorte une deuxième expression des enseignements de Moïse).

            Mais nous en savons assez maintenant pour comprendre le texte d’aujourd’hui. Il s’agit donc d’une relecture de l’Exode et des enseignements de Moïse, bien après la mort de celui-ci, au moment où il faut rappeler de toute urgence au royaume du Sud les exigences de l’Alliance et la conversion en profondeur qui s’impose : « lsraël, tu écouteras, tu veilleras à mettre en pratique ce qui t’apportera bonheur et fécondité… comme te l’a dit le SEIGNEUR, le Dieu de tes pères. Ecoute lsraël, le Seigneur notre Dieu est l’Unique. »

Tout le destin d’Israël est là, peut-être, dans la juxtaposition de ces deux mots (« Ecoute » et « Israël ») : Israël, le peuple élu, mais qui tient son nom d’un combat mémorable, si vous vous souvenez ! Car c’est après la nuit de son combat avec l’ange (au gué du Yabbok, un affluent du Jourdain en Jordanie actuelle) que Jacob a reçu de son adversaire ce nouveau nom « Israël », qui signifie précisément « celui qui a bagarré contre Dieu » ! « On ne t’appellera plus Jacob, mais Israël, car tu as lutté avec Dieu et avec les hommes et tu l’as emporté ». (Gn 32,29). C’est à ce peuple, toujours tenté de se dresser contre Dieu, de bagarrer avec Dieu (« peuple à la nuque raide », disait Moïse) que l’auteur du livre du Deutéronome rappelle qu’il faut au contraire « écouter » Dieu… C’est lui, justement, qui est sans cesse remis devant cette nécessité de se soumettre et d’écouter, s’il veut conquérir son bonheur et sa liberté.

            Cette phrase « Ecoute Israël, le SEIGNEUR notre Dieu est l’Unique » est devenue la prière quotidienne des Juifs. C’est le fameux « SHEMA ISRAEL »1 qu’on récite matin et soir, dès l’âge de trois ou quatre ans. La suite du texte insiste pour qu’on n’oublie jamais cette profession de foi : voici les quelques versets qui suivent, et qui sont tellement beaux : « Les paroles que je te donne aujourd’hui seront présentes à ton cœur  : tu les répéteras à tes fils ; tu les leur diras quand tu resteras chez toi et quand tu marcheras sur la route… Quand tu seras couché et quand tu seras debout… Tu en feras un signe attaché à ta main, tu en feras une marque placée entre tes yeux… Tu les inscriras sur les montants de porte de ta maison, tu les inscriras à l’entrée de ta ville. » Belle manière de dire que c’est à tout instant, au cœur  de chacune de ses occupations que le croyant doit resté attaché de tout son être à ces commandements qui lui ont été donnés pour son bonheur.

            Ce signe à la main et sur le front et sur les portes des maisons et des villes, vous savez qu’il est respecté à la lettre ; vous connaissez ce qu’on appelle les « phylactères » (en araméen, tefilines) : ces petits cubes de cuir noir, que le fidèle attache avec des lanières, sur le front et sur le bras (à la hauteur du cœur), pour la prière quotidienne ; dans ces petits cubes, justement, sont renfermés des rouleaux de papier où est inscrit, entre autres, le texte du « Shema Israël »2. (« Tu en feras un signe attaché à ta main, tu en feras une marque placée entre tes yeux »). De la même façon, le Deutéronome dit : « Tu les inscriras sur les montants de porte de ta maison, tu les inscriras à l’entrée de ta ville. » Alors on accroche au chambranle de la porte d’entrée de la maison un petit étui (mezouza) qui contient justement le Shema Israël ; même chose, il y a une mezouza accrochée à la porte de la ville (sur le mur d’enceinte de la vieille ville de Jérusalem par exemple). Ainsi, aujourd’hui encore, la fidélité du peuple élu s’inscrit dans sa pratique quotidienne. Israël n’a jamais oublié l’appel du Deutéronome.

            Au passage, on aura repéré l’importance de la transmission familiale de la foi : « Tu craindras le SEIGNEUR ton Dieu, tous les jours de ta vie, toi, ainsi que ton fils et le fils de ton fils… » L’expression « le Dieu de tes pères » que l’on rencontre ici, comme dans de nombreux textes de l’Ancien Testament,  évoque aussi cette transmission depuis des siècles. Il y a là certainement l’un des secrets de la survie de la foi juive à travers l’histoire.

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Note

1 – Cette prière est devenue aussi importante pour les Juifs que le Notre Père l’est pour les Chrétiens. Si importante que l’initiale du premier mot « Ecoute » et la finale du dernier « Unique » sont des majuscules dans nos Bibles.

2 – Voici les références des textes reproduits dans les phylactères : Ex 13, 1-10 ; Ex 13, 11-16 ; Dt 6, 4-9 ; Dt 11, 13-21.

 

PSAUME – 17 (18), 2-3, 4, 47.51ab

2 Je t’aime, SEIGNEUR, ma force :
3 SEIGNEUR, mon roc, ma forteresse,
Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite,
mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire !

4 Louange à Dieu !
Quand je fais appel au SEIGNEUR,
je suis sauvé de tous mes ennemis.

47 Vive le SEIGNEUR ! Béni soit mon Rocher !
Qu’il triomphe, le Dieu de ma victoire !
51 Il donne à son roi de grandes victoires,
il se montre fidèle à son messie.

LE SEIGNEUR SE MONTRE FIDELE A SON MESSIE

« Le SEIGNEUR se montre fidèle à son messie » : ici le mot « messie » veut dire « roi » tout simplement. Le psalmiste fait parler le roi David.  Et le Seigneur l’a secouru. Je vous rappelle son histoire. Cela se passe un peu avant l’an mille avant J.C. A l’époque le roi légitime d’Israël, choisi par Dieu et consacré par l’onction d’huile du prophète Samuel, ce n’était pas David (pas encore), mais Saül, le premier roi d’Israël.

Mais celui-ci ne remplissait plus sa mission ; son règne, bien commencé, se terminait mal. Au lieu d’écouter le prophète, il avait sciemment transgressé ses ordres, et le prophète Samuel l’avait désavoué. C’est alors qu’il avait choisi David encore très jeune pour qu’il soit formé à la cour et qu’il succède plus tard à Saül. Saül est donc resté le roi en titre jusqu’à sa mort, mais il a dû supporter de voir grandir à la cour David, son rival de plus en plus populaire et à qui tout réussissait. Si bien qu’une haine farouche remplit peu à peu le cœur  de Saül et qu’il essaya, à plusieurs reprises, mais vainement, de se débarrasser de David. Une fois entre autres, Saül poursuivait David et c’est dans une caverne que David a trouvé refuge. D’où l’expression : « Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite… » Choisi, à sa grande surprise, pour être le futur roi, David savait qu’il pouvait compter sur la protection de Dieu : « Quand je fais appel au SEIGNEUR, je suis sauvé de tous mes ennemis. » Ou encore : « Dieu, mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire ! »

Le deuxième livre de Samuel dit que David a chanté ce psaume pour remercier Dieu de l’avoir délivré de tous ses ennemis, à commencer par Saül ; et si vous avez la curiosité de consulter ce deuxième livre de Samuel au chapitre 22, vous y retrouverez le texte de ce psaume 17/18 presque à l’identique. Cela ne prouve pas que, historiquement, David a dit textuellement ces paroles-là, mais que le rédacteur final du livre de Samuel a pensé que ce psaume s’appliquait particulièrement bien à David.

Mais, bien sûr, le vrai sujet du psaume, comme toujours, n’est pas un personnage particulier, pas même le roi David : c’est le peuple tout entier. Et quand il veut rendre grâce à Dieu pour son soutien et sa sollicitude au long des siècles, il se compare au roi David poursuivi par Saül.

LE ROCHER D’ISRAËL

Le peuple d’Israël tout entier, lui aussi, peut dire ces versets en toute vérité : « SEIGNEUR, mon roc… Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite… Lui m’a dégagé, mis au large, il m’a libéré car il m’aime. Vive le SEIGNEUR ! Béni soit mon Rocher ! … » Tout d’abord, bien avant David, on avait expérimenté qu’une caverne dans un rocher peut être un lieu d’asile ; le livre des Juges en donne des exemples ; dire que Dieu est notre Rocher, c’est donc d’abord dire qu’il est notre secours, notre appui le plus sûr. Par exemple, on trouve dans le Deutéronome le fameux cantique de Moïse au Rocher d’Israël : « C’est le nom du SEIGNEUR que j’invoque ; à notre Dieu, reportez la grandeur. Il est le Rocher : son œuvre est parfaite ; tous ses chemins ne sont que justice. Dieu de vérité, non pas de perfidie, il est juste, il est droit. » (Dt 32,3-4). A une époque où on pense que chaque peuple a son dieu protecteur, on admet bien que les autres peuples puissent avoir leur rocher, mais il ne vaut quand même pas celui d’Israël ; on trouve dans le même cantique cette phrase superbe : « Le Rocher de nos ennemis n’est pas comme notre Rocher » (Dt 32,31).

LE ROCHER DE MASSA ET MERIBA

Moïse, quand il parle de rocher, lui donne certainement encore un autre sens ; on a là évidemment un écho de la libération d’Egypte (« Le SEIGNEUR m’a libéré car il m’aime ») et aussi de l’Exode, la longue marche au Sinaï ; tout au long de ce périple éprouvant, dans la chaleur, la faim, la soif, parmi les scorpions et les serpents brûlants, la présence de Dieu, sa sollicitude ont été le secours du peuple ; une sollicitude qui est allée jusqu’à faire couler l’eau du Rocher : c’est le célèbre passage de Massa et Meriba ; là où on a eu tellement soif qu’on a eu peur d’en mourir et qu’on a accusé Moïse de vouloir la mort du peuple… L’histoire de cette révolte hante la mémoire d’Israël car elle est typique des doutes qui assaillent le croyant ; mais ici, ce n’est pas la révolte qui est évoquée, c’est la bonté de Dieu qui répond à la révolte par un don plus grand encore :

« Là, le peuple souffrit de la soif. Il récrimina contre Moïse et dit : « Pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir de soif avec nos fils et nos troupeaux ? » Moïse cria vers le SEIGNEUR : « Que vais-je faire de ce peuple ? Encore un peu, et ils me lapideront ! » Et Dieu répondit « Tu frapperas le Rocher, il en sortira de l’eau et le peuple boira » (Ex 17,3-6).

Quand le peuple d’Israël chante ce psaume, il rappelle donc cette présence fidèle depuis toujours à ses côtés de Celui dont le Nom même est « Je suis avec vous » ; mais ce rappel est aussi la source de son espérance ; car tout comme David, ce peuple attend la réalisation des promesses du Dieu fidèle, la venue du Messie qui libèrera définitivement l’humanité. « Vive le SEIGNEUR ! Béni soit mon Rocher ! Qu’il triomphe, le Dieu de ma victoire. Il donne à son roi de grandes victoires, il se montre fidèle à son Messie. »

 

DEUXIEME LECTURE – lettre aux Hébreux 7, 23 – 28

Frères, dans l’ancienne Alliance,
23 un grand nombre de prêtres se sont succédés
parce que la mort les empêchait de rester en fonction.
24 Jésus, lui, parce qu’il demeure pour l’éternité,
possède un sacerdoce qui ne passe pas.
25 C’est pourquoi il est capable de sauver d’une manière définitive
ceux qui par lui s’avancent vers Dieu,
car il est toujours vivant
pour intercéder en leur faveur.
26 C’est bien le grand prêtre qu’il nous fallait :
saint, innocent, immaculé ;
séparé maintenant des pécheurs,
il est désormais plus haut que les cieux.
27 Il n’a pas besoin, comme les autres grands prêtres,
d’offrir chaque jour des sacrifices,
d’abord pour ses péchés personnels,
puis pour ceux du peuple ;
cela, il l’a fait une fois pour toutes
en s’offrant lui-même.
28 La loi de Moïse établit comme grands prêtres
des hommes remplis de faiblesse ;
mais la parole du serment divin, qui vient après la Loi,
établit comme grand prêtre le Fils
conduit pour l’éternité à sa perfection.

DE L’ANCIENNE A LA NOUVELLE ALLIANCE

            La lettre aux Hébreux nous déroutera toujours : écrite probablement par un Juif devenu chrétien, et adressée à d’autres Juifs devenus chrétiens, elle revêt un style très habituel pour les Juifs, mais parfois surprenant pour nous. En particulier, elle multiplie les antithèses qui, en définitive, reviennent toutes à une seule, à savoir la différence entre la Première Alliance et la Nouvelle Alliance. Dans le texte de ce dimanche, cette comparaison n’est pas écrite en toutes lettres, mais elle affleure sous toutes les lignes : dans le passé, lors de la Première Alliance, « un grand nombre de prêtres se sont succédé, parce que la mort les empêchait de durer toujours » (v. 23) ; les grands prêtres étaient « des hommes remplis de faiblesse » (v. 28) ; parce qu’ils étaient pécheurs, ils avaient « besoin d’offrir chaque jour des sacrifices, d’abord pour leurs péchés personnels, puis pour ceux du peuple » (v. 27).

            Les autres versets nous disent l’autre volet de l’antithèse : les prêtres de la Première Alliance étaient mortels, Jésus, lui, « demeure pour l’éternité » ; leur sacerdoce était temporaire, le sien « ne passe pas ». Ils étaient « séparés », certes, des autres hommes, par le rituel de leur consécration, mais ils étaient pécheurs ; lui, est « saint, innocent, immaculé », et donc, en cela, il est « séparé des pécheurs » ; ils étaient remplis de faiblesse, lui est rempli de puissance : il est « capable de sauver » (v. 25) ; ils étaient désignés par la loi de Moïse, lui est désigné par Dieu lui-même comme son Fils (v. 28).

            De la Première Alliance, inachevée, imparfaite, Jésus fait passer les croyants à la Nouvelle Alliance, parfaite, achevée : le mot « accomplissement » ne figure pas dans ces quelques lignes, mais le thème est partout présent ; il suffit de remarquer l’abondance des expressions « pour l’éternité », « une fois pour toutes », « d’une manière définitive ». C’est bien ce qu’avait annoncé Jérémie : « Des jours viennent – oracle du SEIGNEUR – où je conclurai avec la communauté d’Israël, et la communauté de Juda, une Alliance nouvelle. Elle sera différente de l’Alliance que j’ai conclue avec leurs pères… » (Jr 31,31-32).

            Au passage, l’auteur a évoqué les thèmes majeurs de la foi chrétienne : la Résurrection et l’Eucharistie : « Jésus, lui, demeure éternellement… il vit pour toujours » (v. 24-25), c’est la Résurrection ; quant à l’Eucharistie, elle est évoquée par la référence au sacrifice de Jésus « s’offrant lui-même une fois pour toutes » (v. 27) ; on entend résonner ici les paroles du Christ au soir de son repas pascal : « Cette coupe est la Nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous. » (Lc 22,20).

            Plus loin, l’auteur s’étendra longuement sur le sacrifice du Christ (10,1-10 ; cf trente-troisième Dimanche Ordinaire B) ; rappelons seulement qu’aux yeux des Chrétiens, c’est la vie tout entière de Jésus (et non sa mort seule), donnée librement pour manifester jusqu’au bout l’amour du Père, qui constitue un « sacrifice » (agir sacré). Lorsque Jésus, au cours du repas pascal, a prononcé la phrase « Cette coupe est la Nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous », les disciples ne risquaient pas d’imaginer un sacrifice humain, ils savaient que « répandre son sang » voulait dire accepter de donner sa vie.

JESUS-CHRIST, UNIQUE PRETRE POUR L’ETERNITE

Le dernier verset pose une question : « Quand Dieu s’engage par serment, il désigne son Fils qu’il a pour toujours mené à sa perfection » ; je ne reviens pas sur le mot « perfection » : on sait qu’il désignait la consécration sacerdotale du grand prêtre ; mais de quel « serment » s’agit-il ? C’est une allusion au psaume 109/110 ; celui-ci avait certainement une grande importance à la fois pour les Juifs et pour les Chrétiens car il est cité à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament ; notre lettre aux Hébreux y revient souvent y compris dans ce chapitre 7.

Donc pour pouvoir comprendre notre texte d’aujourd’hui, il faut avoir ce psaume présent à l’esprit ; voici quelques versets de ce psaume : « Oracle du SEIGNEUR (Dieu) à mon seigneur (le Messie) : Siège à ma droite, et je ferai de tes ennemis le marchepied de ton trône. De Sion, le SEIGNEUR te présente le sceptre de ta force : Domine jusqu’au cœur de l’ennemi. Le jour où paraît ta puissance, tu es prince, éblouissant de sainteté : Comme la rosée qui naît de l’aurore, je t’ai engendré. Le SEIGNEUR l’a juré dans un serment irrévocable : Tu es prêtre à jamais selon l’ordre du roi Melchisédech. »

            D’un bout à l’autre, il est question du futur Messie, le roi promis à la descendance de David (c’est à lui qu’est décerné le titre de seigneur). Le jour où il montera sur le trône, il siègera à la droite de Dieu, puisque le palais est au sud du temple (donc à droite si on est tourné vers l’est) ; et il entendra tous les souhaits de réussite que l’on prononcera sur lui, par exemple : « Domine jusqu’au coeur de l’ennemi. » D’ailleurs, sur les marches du trône, sont sculptées des têtes, celles des ennemis supposés : « je ferai de tes ennemis le marchepied de ton trône ». Jusque-là, rien de très nouveau, c’est le décalque d’une cérémonie de sacre ; la grande nouveauté tient dans le verset suivant : « Le SEIGNEUR l’a juré dans un serment irrévocable : Tu es prêtre à jamais selon l’ordre du roi Melchisédech. » Voilà donc un Messie, roi, descendant de David (donc de la tribu de Juda) qui porte en même temps le titre de prêtre ; chose impossible si l’on respecte la loi de Moïse (puisque les prêtres devaient obligatoirement être de la tribu de Lévi). On voit bien en quoi ce psaume éclairait la méditation des premiers Chrétiens issus du Judaïsme : pour eux, Jésus était ce Messie qui rassemblait sur sa personne les titres de roi et de prêtre ; c’est le sens de la phrase : « Quand Dieu s’engage par serment, il désigne son Fils ». Quant à nous, au matin de la Résurrection, nous pouvons bien lui dire cet autre verset du psaume 109/110 : « Le jour où paraît ta puissance, tu es prince, éblouissant de sainteté. »

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Complément
– Deuxième question posée par ce verset 28, « Dieu l’a pour toujours mené à la perfection » : notre auteur y tient puisqu’il y revient à trois reprises dans sa lettre : « Dieu a mené (le Christ) à l’accomplissement par des souffrances » (2, 10) ; « Tout Fils qu’il était, il apprit par ses souffrances l’obéissance, et conduit jusqu’à son propre accomplissement, il devint pour tous ceux qui lui obéissent cause de salut éternel. » (5, 8-9). Et ici : « Dieu l’a pour toujours mené à la perfection ».

            Jésus avait-il besoin d’être mené à sa perfection, au sens habituel du terme ? Certainement pas, puisqu’il vient d’être reconnu « saint, sans tache, sans aucune faute » (ici, v. 26). Mais le mot « perfection » employé ici en grec désignait la consécration sacerdotale du grand prêtre ; l’auteur poursuit son projet : prouver à des lecteurs d’origine juive que Jésus est vraiment le grand prêtre unique et définitif ; mais il n’a pas été « consacré » (on dirait aujourd’hui « ordonné »), lui dit-on ; si, répond l’auteur : sur la croix, sa passion est le moment de sa consécration sacerdotale ; c’est là qu’il est devenu le médiateur entre Dieu et les hommes : d’où l’insistance sur la souffrance pour situer la Passion, et sur l’obéissance du Christ, totalement accordé à la volonté du Père, totalement consacré à sa mission, remis totalement à la disposition du projet de Dieu. Dans le même sens, Luc rapporte la phrase de Jésus, prêtre, intercesseur, sur la croix : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34) ; Matthieu, lui, note que le linceul dont Joseph d’Arimatie l’enveloppa après sa mort était en lin, comme la tunique des grands prêtres (Mt 27,59). Ici, l’auteur en tire la conséquence : désormais, « Jésus est en mesure de sauver d’une manière définitive ceux qui s’avancent vers Dieu grâce à lui, car il vit pour toujours afin d’intercéder en leur faveur. »  Alors, ne craignons plus comme le dit l’auteur un peu plus haut (4,16) : « Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le trône de la grâce… »

 

EVANGILE – selon Saint Marc 12, 28b-34

En ce temps-là,
28 un scribe s’avança vers Jésus pour lui demander :
« Quel est le premier de tous les commandements ? »
29 Jésus lui fit cette réponse :
« Voici le premier :
Ecoute, Israël :
le SEIGNEUR notre Dieu
est l’unique SEIGNEUR.
30 Tu aimeras le SEIGNEUR ton Dieu
de tout ton cœur, de toute ton âme,
de tout ton esprit et de toute ta force.
31 Et voici le second :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. »
32 Le scribe reprit :
« Fort bien, Maître, tu as dit vrai :
Dieu est l’Unique
et il n’y en a pas d’autre que lui.
33 L’aimer de tout son coeur,
de toute son intelligence, de toute sa force,
et aimer son prochain comme soi-même,
vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. »
34 Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit :
« Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu. »
Et personne n’osait plus l’interroger.

QUEL EST LE PREMIER DE TOUS LES COMMANDEMENTS ?

            Le scribe qui s’avance n’est pas malveillant, au contraire : sa question était classique, un sujet de conversation courant, apparemment : si l’on comptait bien tous les détails de la loi juive, on dénombrait six cent-treize commandements : des problèmes de choix de priorité se posaient inévitablement. D’où la question : « Quel est le premier de tous les commandements ? »  Comme toujours, Jésus répond en se référant à I’Ecriture elle-même ; et comme tout bon scribe, il sait rapprocher les textes entre eux. Ici, il en cite deux, extrêmement connus :  « Voici le premier : Ecoute, Israël : le SEIGNEUR notre Dieu est l’unique SEIGNEUR. Tu aimeras le SEIGNEUR ton Dieu de tout ton cœur , de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là »  Le premier n’est autre que le fameux « Shema Israël », le Credo juif en quelque sorte (Dt 6, notre première lecture) ; le second est un passage du livre du Lévitique, bien connu des autorités religieuses (Lv 19,18).

            Ces deux commandements sont des commandements d’aimer et Jésus ne leur ajoute rien pour l’instant. Le « Shema Israël » prescrivait d’aimer Dieu, et lui seul : c’était un thème très habituel dans l’Ancien Testament, aimer Dieu au sens de « s’attacher » à lui, à l’exclusion de tout autre dieu, c’est-à-dire en clair refuser toute idolâtrie. Cet amour dû à Dieu n’est d’ailleurs qu’une réponse à l’amour de Dieu, au choix qu’il a fait de ce peuple : « Si le SEIGNEUR s’est attaché à vous et s’il vous a choisis, ce n’est pas que vous soyez le plus nombreux de tous les peuples, car vous êtes le moindre de tous les peuples. Mais si le SEIGNEUR, d’une main forte, vous a fait sortir et vous a rachetés de la maison de servitude, de la main du Pharaon, roi d’Egypte, c’est que le SEIGNEUR vous aime et tient le serment fait à vos pères. » (Dt 7,7-8)… « A toi il t’a été donné de voir, pour que tu saches que c’est le SEIGNEUR qui est Dieu, il n’y en a pas d’autre que lui. » (Dt 4,35).

Mais l’amour peut-il se commander ? L’élan, non, mais la fidélité, oui et c’est de cela qu’il est question ici : faire de l’amour une loi, c’est relativiser toute autre loi : désormais, la loi, quelle qu’elle soit, est au service de l’amour de Dieu, elle ne peut le remplacer ; or les palabres interminables sur l’ordre de priorité des commandements peuvent détourner du principal, l’amour lui-même.

          Quant au deuxiè­me com­man­de­ment ci­té par Jé­sus, « Tu ai­me­ras ton pro­chain com­me toi-mê­me », il fi­gu­re au li­vre du Lé­vi­ti­que, dans ce que l’on ap­pel­le la « Loi de sain­te­té » qui  com­men­ce par ces mots : « Soyez saints, car je suis saint, moi le SEIGNEUR vo­tre Dieu » (Lv 19,2). Or, cu­rieu­se­ment, ce cha­pi­tre ap­pa­rem­ment cen­tré sur la sain­te­té de Dieu égre­nait jus­te­ment tou­te une sé­rie de com­man­de­ments d’amour du pro­chain ; ce qui veut di­re en clair que, bien avant Jé­sus-Christ, dans l’idéal d’Israël, les deux amours de Dieu et du pro­chain ne fai­saient qu’un. Les ta­bles de la Loi tra­dui­saient bien la mê­me exi­gen­ce puis­que les com­man­de­ments concer­nant la re­la­tion à Dieu pré­cé­daient tout jus­te les com­man­de­ments concer­nant le pro­chain.

C’EST LA MIS­E­RI­COR­DE QUE JE VEUX, NON LES SA­CRI­FI­CES

            Les pro­phè­tes avaient énor­mé­ment dé­ve­lop­pé les exi­gen­ces concer­nant l’amour du pro­chain (et les scri­bes du temps de Jé­sus, à la dif­fé­ren­ce des Sad­du­céens, li­saient cou­ram­ment les tex­tes pro­phé­ti­ques). Pour n’en ci­ter qu’un, fort cé­lè­bre du temps de Jé­sus, re­te­nons cet­te phra­se du pro­phè­te Osée : « C’est la mis­é­ri­cor­de que je veux, non les sa­cri­fi­ces, la connais­san­ce de Dieu, non les ho­lo­caus­tes. » (Osée 6,6). No­tre scri­be est vi­si­ble­ment dans cet­te li­gne de pen­sée ; Marc no­te « Le scri­be re­prit : Fort bien, Maî­tre, tu as rai­son de di­re que Dieu est l’Unique et qu’il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son coeur, de tou­te son in­tel­li­gen­ce, de tou­te sa for­ce, et ai­mer son pro­chain com­me soi-mê­me, vaut mieux que tou­tes les of­fran­des et tous les sa­cri­fi­ces. »

            Jé­sus conclut par une for­mu­le d’encouragement, com­me une « béa­ti­tu­de » : « Tu n’es pas loin du Royau­me de Dieu » (sous-en­ten­du « heu­reux es-tu »). Au pas­sa­ge, il est in­té­res­sant de no­ter que la pré­di­ca­tion ha­bi­tuel­le de Jé­sus n’est pas un en­sei­gne­ment du ty­pe « il faut, tu dois… » mais une ré­vé­la­tion sur la pro­fon­deur de ce que nous vi­vons : par­ce que tu as com­pris que le plus im­por­tant est d’aimer, heu­reux es-tu, tu es tout près du royau­me. Ain­si Jé­sus clôt-il cet­te sé­rie de contro­ver­ses par une no­te po­si­ti­ve, ce qui est pro­pre à Marc : « Tu n’es pas loin du Royau­me. »

            Res­tent deux ques­tions : la pre­miè­re étant, au vu de cet é­ton­nant ac­cord en­tre Jé­sus et le scri­be, pour­quoi n’a-t-on pas évi­té la Pas­sion ? La ré­pon­se de Marc est la sui­van­te : les contem­po­rains de Jé­sus n’ont pas bu­té sur son en­sei­gne­ment, mais sur sa per­son­ne. « Par quel­le au­to­ri­té » agis­sait-il ? Quel était son mys­tè­re ? On re­tro­u­ve là le pro­blè­me po­sé à la sy­na­go­gue de Na­za­reth (6,1-6 ; cf qua­tor­ziè­me di­man­che) : pour qui se prend-il le fils du char­pen­tier ?

            Quant à la deuxiè­me ques­tion, el­le est la sui­van­te : en définitive, quel est l’apport ori­gi­nal de Jé­sus ? Tout n’était-il pas dé­jà dans la Loi ? Oui, tout était en ger­me dans la Loi d’Israël, mais Jé­sus vient an­non­cer et ac­com­plir la der­niè­re éta­pe de la Ré­vé­la­tion : pre­miè­re­ment, il vient élar­gir à l’infini la no­tion de pro­chain ; Marc nous mon­tre à plu­sieurs re­pri­ses Jé­sus lut­tant contre tou­te ex­clu­sion ; deuxiè­me­ment, Jé­sus vient sur ter­re pour vi­vre en lui ces deux amours in­sé­pa­ra­bles, ce­lui de Dieu, ce­lui des au­tres sans ex­cep­tion ; en­fin, il vient nous en ren­dre ca­pa­bles en nous don­nant son Es­prit : « A ce­ci tous vous re­con­naî­tront pour mes dis­ci­ples : à l’amour que vous au­rez les uns pour les au­tres. » (Jn 13,35).

            Jé­sus vient de don­ner au scri­be la plus bel­le dé­fi­ni­tion du Royau­me : c’est là où l’amour est roi, l’amour de Dieu nour­ris­sant l’amour des au­tres.

——–

Compléments

– Les dis­ci­ples de Jé­sus sont tous Juifs, com­me lui-mê­me, d’ailleurs, et com­me bon nom­bre des pre­miers Chré­tiens. On ne doit donc pas s’étonner de dé­cou­vrir une ré­el­le com­mu­nion de pen­sée en­tre Jé­sus et cer­tains re­pré­sen­tants du Ju­daïs­me : c’est le cas ici. Le scri­be qui s’avance n’est pas mal­veillant, au contrai­re : dans les ver­sets pré­cé­dents, il a ap­pré­cié les pri­ses de po­si­tion de Jé­sus.

– Dans le cha­pi­tre 11, et le dé­but du cha­pi­tre 12, Marc vient de rap­por­ter tou­te une sé­rie de contro­ver­ses avec les au­to­ri­tés re­li­gieu­ses : tout d’abord, le ré­cit des vendeurs chas­sés du Tem­ple (11,15-17) ; l’apprenant, les grands prê­tres et scri­bes se sont de­man­dé com­ment on pour­rait le fai­re pé­rir (v. 18) ; quand ils le ren­con­trent à nou­veau dans le Tem­ple, les grands prê­tres, scri­bes et an­ciens lui de­man­dent en ver­tu de quel­le au­to­ri­té il se per­met des cho­ses pa­reilles (v. 28) ; Jé­sus ne ré­pond pas di­rec­te­ment, mais en­chaî­ne aus­si­tôt sur la pa­ra­bo­le des vi­gne­rons ho­mi­ci­des (12,1-12) ; ses ad­ver­sai­res com­pren­nent très bien qu’ils sont vi­sés et rê­vent en­co­re une fois de l’arrêter ; seu­le la peur de la fou­le les re­tient. Il fau­drait ar­ri­ver à le pren­dre au piè­ge : c’est le but avoué des deux ques­tions sui­van­tes : faut-il payer l’impôt à Cé­sar  ? (C’est la ques­tion des Pha­ri­siens et des Hé­ro­diens ; 12,13-17) ; com­ment se pas­se­ra la ré­sur­rec­tion des morts pour la fem­me aux sept ma­ris ? (C’est la ques­tion des Sad­du­céens ; 12,18-27). Dans cet­te at­mos­phè­re em­poi­son­née, voi­ci tout d’un coup une ques­tion de bon­ne foi : « Le scri­be les avait en­ten­dus dis­cu­ter et voyait que Jé­sus leur avait bien ré­pon­du. » (12,28). Et l’on as­sis­te pour une fois à un vé­ri­ta­ble dia­lo­gue, cha­cun re­con­nais­sant la jus­tes­se des vues de l’autre. Mais il est trop clair que ce scri­be fait fi­gu­re de cas iso­lé.

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