CHARITE, PREMIERE LETTRE DE SAINT PAUL AUX CORINTHIENS, SI JE N'AIME, JE NE SUIS RIEN

« Si ne n’aime, je ne suis rien »

« Si je n’aime, je ne suis rien  » – Racine –

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A la louange de la Charité

Les Méchants m’ont vanté leurs mensonges frivoles :
Mais je n’aime que les paroles
De l’éternelle Vérité.
Plein du feu divin qui m’inspire,
Je consacre aujourd’hui ma Lyre
A la céleste Charité.

En vain je parlerais le langage des Anges.
En vain, mon Dieu, de tes louanges
Je remplirais tout l’Univers :
Sans amour, ma gloire n’égale
Que la gloire de la cymbale,
Qui d’un vain bruit frappe les airs.

Que sert à mon esprit de percer les abîmes
Des mystères les plus sublimes,
Et de lire dans l’avenir ?
Sans amour, ma science est vaine,
Comme le songe, dont à peine
Il reste un léger souvenir.

Que me sert que ma Foi transporte les montagnes ?
Que dans les arides campagnes
Les torrents naissent sous mes pas ;
Ou que ranimant la poussière
Elle rende aux Morts la lumière,
Si l’amour ne l’anime pas ?

Oui, mon Dieu, quand mes mains de tout mon héritage
Aux pauvres feraient le partage ;
Quand même pour le nom Chrétien,
Bravant les croix les plus infames
Je livrerais mon corps aux flammes,
Si je n’aime, je ne suis rien.

Que je vois de Vertus qui brillent sur ta trace,
Charité, fille de la Grâce !
Avec toi marche la Douceur,
Que suit avec un air affable
La Patience inséparable
De la Paix son aimable soeur.

Tel que l’Astre du jour écarte les ténèbres
De la Nuit compagnes funèbres,
Telle tu chasses d’un coup d’oeil
L’Envie aux humains si fatale,
Et toute la troupe infernale
Des Vices enfants de l’Orgueil.

Libre d’ambition, simple, et sans artifice,
Autant que tu hais l’Injustice,
Autant la Vérité te plait.
Que peut la Colère farouche
Sur un coeur, que jamais ne touche
Le soin de son propre intérêt ?

Aux faiblesses d’autrui loin d’être inexorable,
Toujours d’un voile favorable
Tu t’efforces de les couvrir.
Quel triomphe manque à ta gloire ?
L’amour sait tout vaincre, tout croire,
Tout espérer, et tout souffrir.

Un jour Dieu cessera d’inspirer des oracles.
Le don des langues, les miracles,
La science aura son déclin.
L’amour, la charité divine
Eternelle en son origine
Ne connaîtra jamais de fin.

Nos clartés ici bas ne sont qu’énigmes sombres,
Mais Dieu sans voiles et sans ombres
Nous éclairera dans les cieux.
Et ce Soleil inaccessible,
Comme à ses yeux je suis visible,
Se rendra visible à mes yeux.

L’amour sur tous les Dons l’emporte avec justice,
De notre céleste édifice
La Foi vive est le fondement,
La sainte Espérance l’élève,
L’ardente Charité l’achève,
Et l’assure éternellement,

Quand pourrai-je t’offrir, ô Charité suprême,
Au sein de la lumière même
Le Cantique de mes soupirs ;
Et toujours brûlant pour ta gloire,
Toujours puiser, et toujours boire
Dans la source des vrais plaisirs !

Jean Racine, Cantiques spirituels

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Première lettre de Saint Paul aux Corinthiens (1 Co 13, 1-13)
« Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je ne suis plus qu’airain qui sonne ou cymbale qui retentit. Quand j’aurais le don de prophétie et que je connaîtrais tous les mystères et toute la science, quand j’aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter des montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien. La charité est longanime ; la charité est serviable ; elle n’est pas envieuse ; la charité ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas ; elle ne fait rien d’inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne tient pas compte du mal ; elle ne se réjouit pas de l’injustice, mais elle met sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. La charité ne passe jamais. Les prophéties ? Elles disparaîtront. Les langues ? Elles se tairont. La science ? Elle disparaîtra. Car partielle est notre science, partielle aussi notre prophétie. Mais quand viendra ce qui est parfait, ce qui est partiel disparaîtra.»

 

 

 

 

 

CHARITE, MAXIME LE CONFESSEUR

La charité

saint-maxime-le-confesseur01CENTURIES DE SAINT MAXIME LE CONFESSEUR SUR LA CHARITÉ

En dehors de l’amour, tout est vain

L’amour de Dieu est une excellente disposition de l’âme qui lui fait estimer plus que toute la connaissance de Dieu. Et il est impossible de parvenir à la possession habituelle de cet amour si l’on demeure attaché à n’importe quel bien terrestre. ~

Celui qui aime Dieu estime sa connaissance plus que toutes ses créatures et, dans son désir, il ne cesse de la poursuivre. 

Puisque tout ce qui existe n’est créé que par Dieu et pour Dieu, et puisque Dieu est supérieur à ce qui a été créé par lui, l’homme qui abandonne Dieu, l’être incomparablement meilleur, pour s’adonner à ce qui est en dessous de lui, celui-là montre qu’il estime les créatures de Dieu plus que Dieu même. ~

Celui qui m’aime, dit le Seigneur, restera fidèle à mes commandements. Et mon commandement, dit-il, c’est que vous vous aimiez les uns les autres. Donc celui qui n’aime pas son prochain ne reste pas fidèle au commandement. Et celui qui ne reste pas fidèle au commandement ne peut pas aimer le Seigneur. 

Heureux l’homme capable d’aimer tous les hommes également. ~

Celui qui aime Dieu aime aussi pleinement son prochain. Un tel homme ne peut garder ses richesses, mais il les répartit à la manière de Dieu, en les donnant à chacun de ceux qui en ont besoin. 

Celui qui fait l’aumône à l’imitation de Dieu ne fait aucune différence entre bon et méchant, juste et injuste, lorsqu’ils sont dans la nécessité ; il distribue également à tous, selon leurs besoins, même s’il estime le vertueux, à cause de sa bonne intention, plus que le méchant. ~

Non seulement l’amour se manifeste en distribuant les richesses, mais bien davantage en distribuant la parole de Dieu et en se mettant personnellement au service d’autrui. 

Celui qui a réellement renoncé aux biens de ce monde et se fait serviteur de son prochain sincèrement, par amour, bientôt délivré de toute passion, devient participant de l’amour et de la connaissance divines. 

Celui qui possède en soi l’amour divin n’a aucune peine à suivre de près le Seigneur son Dieu, selon Jérémie, mais supporte généreusement labeur, injures et mauvais traitements, sans vouloir aucun mal à personne. ~

Ne dites pas, conseille Jérémie : Nous sommes le temple du Seigneur. Quant à toi, ne dis pas : La foi seule en notre Seigneur Jésus Christ peut me sauver, car cela est impossible si, par tes œuvres, tu n’acquiers pas l’amour envers lui. Croire seulement ? Mais les démons ont la foi, et ils tremblent ! 

L’œuvre de l’amour, c’est d’être disposé envers le prochain à la bienfaisance, à la patience, à l’endurance ; et c’est d’employer ses biens selon la droite raison.