COMMUNION, EGLISE CATHOLIQUE, EUCHARISTIE, SACREMENTS

DECOUVRIR LA BEAUTE DE LA COMMUNION DANS LA MAIN

Carmel de la Paix à  Mazille, Saône-et-Loire

Pour redécouvrir la beauté de la communion dans la main

(Extrait de Famille chrétienne du 2 juin 2020)

Pour des raisons sanitaires, nous avons été amenés à redécouvrir le si beau rite de la communion dans la main. Voici quelques clés qui nous conduisent au cœur du mystère de l’Incarnation prolongée dans l’eucharistie.

Saint Jean Chrysostome († 407), Père et docteur de l’Église, écrivait : « Combien y en a-t-il qui disent aujourd’hui : “Comme j’aimerais voir le corps du Seigneur, son visage, ses habits, ses chaussures !”… Le voici Lui-même qui se laisse non seulement voir, mais encore toucher, manger et recevoir au-dedans de vous. »

La raison même de la communion dans la main était justement ce contact direct, corporel avec Jésus dans l’esprit de ce que saint Jean nous partage : « Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de Vie, nous vous l’annonçons » (1 Jn 1,1).

Saint Cyrille de Jérusalem († 387), un autre docteur de l’Église, explique comment communier : « Quand donc tu t’approches, ne t’avance pas les paumes des mains étendues, ni les doigts disjoints ; mais fais de ta main gauche un trône pour ta main droite, puisque celle-ci doit recevoir le Roi et, dans le creux de ta main, reçois le Corps du Christ, disant : “Amen !” »

Une tradition résumée par saint Narsaï († 502) présente un autre symbolisme : « Le communiant joint ses mains en forme de croix ; et ainsi il reçoit le corps de notre Seigneur sur une croix. »

La sanctification entière de l’être humain

Le souci de tous les Pères fut la sanctification entière de l’être humain : « Avec soin, sanctifie tes yeux par le contact du Saint Corps, puis prends-Le et veille à n’en rien perdre », dit Jean Chrysostome.

Saint Aphraate († 345) et saint Augustin († 430) confirment cette pratique du regard posé sur le Corps du Christ : « Que personne ne mange cette Chair qu’il ne L’ait auparavant adorée. Non seulement ce n’est pas péché de L’adorer, mais ce serait un péché de ne pas L’adorer. »

Saint Théodore de Mopsueste († 428) enseigne : « Avec un amour grand et sincère, tu y attaches tes yeux et tu Le baises. » Le baiser au Corps du Christ est attesté par saint Éphrem le Syrien († 373), surnommé la « harpe du Saint-Esprit ».

Philoxène de Mabboug († 523) nous invite à parler à Jésus qui repose dans nos mains : « Tu adores le Corps vivant que tu portes dans tes mains. Ensuite parle-Lui à voix basse : “Je Te porte, Ô Dieu vivant, je Te tiens dans le creux de mes mains, Dieu des mondes que les mondes ne sauraient contenir… et vois comme mes mains T’enserrent avec confiance, rends-moi digne Seigneur de Te manger de façon sainte et de goûter à la nourriture de ton Corps comme à la Saveur de ta vie.” »

 Père Nicolas Buttet

COMMUNION, EGLISE CATHOLIQUE, EUCHARISTIE, MESSE

La communion spirituelle

Qu’est-ce qu’une « communion spirituelle » ?

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Lorsque l’on ne peut communier, pour différentes raisons, et qu’on ne peut recevoir ni le Corps, ni le Sang du Christ, on peut néanmoins faire une « communion spirituelle » ou « communion de désir ». De quoi s’agit-il ?

 

La grâce, c’est-à-dire la vie de Dieu, nous est ­communiquée habituellement par les sacrements. Il s’agit d’un « contact direct » avec Jésus, comme lorsque le Christ touchait les yeux de l’aveugle. En effet, ce sont les mains de Jésus qui continuent à nous toucher par les sacrements, tout spécialement lorsque nous recevons le corps du Christ. Cette communion sacramentelle trouve sa per­fection dans la communion spirituelle, qui est une union spirituelle toujours plus intense au Christ par la foi et la charité.

La communion sacramentelle accompagnée de la communion spirituelle constituent ensemble la perfection de la communion eucharistique.

Il se peut qu’une personne en état de péché grave communie sacramentellement ; elle ne recevra cependant pas le fruit spirituel de cette communion puisque, selon saint Paul, elle communie « indignement » (1 Co 11, 29). À l’inverse, une personne pourrait ne pas communier sacramentellement et recevoir le fruit de la communion eucharistique par son désir ardent d’accueillir le corps du Christ. La grâce qui nous vient du Christ en passant par son Corps mystique qu’est l’Église nous est alors communiquée « à distance », comme pour les dix lépreux guéris sur le chemin du retour (cf. Lc 17, 12).

Dans ce cas, on distingue deux situations. Première situation, la communion spirituelle au sens classique, c’est-à-dire celle qui accroît l’amour, et que l’on peut appeler la « communion de désir ». Cette communion exige les mêmes conditions personnelles que celles requises pour la réception de la communion sacramentelle. Tel est le cas d’une personne désireuse de recevoir le corps du Christ mais qui est empêchée de participer à la messe. C’est aussi ce que l’on peut vivre au cours de l’adoration eucharistique. Jean-Paul II affirme en effet que l’adoration eucharistique est aussi une communion de désir.

La communion spirituelle nécessite trois actes : 1/ la foi en la présence réelle de Jésus au Saint-Sacrement ; 2/ l’acte de désir par lequel on s’approche de l’autel en esprit comme si on recevait l’hostie des mains du prêtre ; 3/ enfin, l’action de grâce vécue de la même manière que si l’on avait communié sacramentellement.

La seconde situation sera celle d’une personne qui, en raison d’un péché grave ou d’une situation de vie particulière, ne peut pas accéder à la communion sacramentelle. Dans ce cas, elle peut vivre une communion spirituelle comme une tension vers le pardon du péché et vers la conversion de vie. On appelle alors cette communion spirituelle au sens large le « désir de la communion »

 

(1) Cf. Frère Benoît-Dominique de La Soujeole, o.p., « Communion sacramentelle et communion spirituelle », in Nova et Vetera (février 2011), p. 147 ss.

 

Y a-t-il des actes spéciaux qu’il est nécessaire de produire ? La plupart des auteurs recommandent de faire les mêmes actes que ceux qui sont indiqués avant et après la Communion, que l’on peut résumer ainsi :
1/- Acte de contrition (ou le « Confiteor », le « Domine non sum dignus », … )
2/- Acte de foi vive, qui nous représente Jésus-Christ victime immolée pour nous.
3/- Acte de désir, désir ardent de nous unir à Jésus dans le Sacrement si c’était possible.
4/- Acte de demande, qui nous fait implorer les Grâces qui sont promises à ceux qui se nourrissent de l’Eucharistie (par exemple le pardon pour nos fautes vénielles).
5/- Acte d’action de grâces. Saint Léonard n’hésite pas à nous engager a adorer notre Sauveur au dedans de nous, comme si nous avions communié réellement, à Le remercier etc …

Cependant, comme pour l’oraison, il ne faut pas qu’une méthode devienne un carcan qui charge l’âme, plutôt qu’elle la dilate. S’il est permis, à la suite de Saint Alphonse de Liguori, de citer des révélations privées, voici un conseil de Notre-Seigneur à Sœur Marie Lataste (en 1843) :

« Ma fille, la préparation pour la Communion Spirituelle n’est pas bien difficile ; il n’est pas nécessaire que vous fassiez tous les actes de la Communion Sacramentelle ; recueillez-vous un instant, présentez-vous en esprit devant mon Tabernacle, et dites-moi : « Seigneur Jésus, descendez dans mon cœur ! » Cela suffit. Mais vous devez, dans chaque Communion Spirituelle, vous proposer un but, par exemple d’obtenir une grâce ou une vertu en particulier ; vous pouvez aussi communier spirituellement dans l’intention que je vous ai suggérée pour vos Communions Sacramentelles, qui est d’obtenir de Dieu, mon Père, par mes mérites et la Communion que vous faites, les Grâces nécessaires pour connaître et accomplir parfaitement Sa sainte Volonté. Quand vous n’auriez jamais que cette intention, Elle me serait toujours agréable ».

Pour terminer, retenons cette instante recommandation de Sainte Thérèse d’Avila : « Si, dans le principe, vous ne vous trouvez pas bien de cette pratique, sachez que le démon en peut être la cause ; voyant quel grand dommage il en reçoit, pour vous en détourner, il vous fera éprouver je ne sais quel trouble et quelle angoisse de cœur et il cherchera à vous persuader que vous trouvez plus de dévotion en d’autres exercices de piété. Malgré ses insinuations, tenez ferme, n’abandonnez pas une si salutaire pratique, et prouvez ainsi à Notre-Seigneur que vous L’aimez véritablement ».

Ainsi soit-il.

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