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Mois de mai, mois de Marie

Mois de Marie

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Le Mois de Marie est le nom traditionnellement donné au mois de mai par les chrétiens, particulièrement les chrétiens catholiques et anglicans.. Ce mois est l’occasion de nombreuses expressions privées et publiques de dévotion envers la Vierge Marie, mère de Jésus-Christ. Le mois de Marie n’est pas toujours nécessairement associé au mois de mai. Une autre tradition très ancienne connue sous le nom de Tricesimum (ou: Trente jours de dévotion à Marie; également appelée Mois de Marie) consacre trente jours de prière à la Vierge Marie du 15 août, fête de l’Assomption, au 14 septembre, fête de la Croix glorieuse. Les dates exactes ou l’origine de cette dévotion sont inconnues, mais la coutume est toujours pratiquée ici et là. Certaines régions, particulièrement dans l’hémisphère sud, célèbrent un mois de Marie en dehors du mois de mai, comme au Chili où le Mois de Marie a lieu du 8 novembre au 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception, en lien aussi avec le cycle de la nature et l’éclosion des fleurs.

Origine

 Une origine médiévale: de Maia à Marie

Au Moyen Âge, les calendriers médiévaux continuent à afficher les années selon la coutume romaine, en douze colonnes allant de janvier à décembre, les premiers mois de l’année renvoyaient à des divinités protectrices comme Janus ou Mars. À cette époque, par paronomase, les scribes font glisser sémantiquement l’appellation de « Maius mensis » (mois de Maia) vers « Madona mensis » (mois de la Madone) d’où l’appellation du « mois de Marie » donnée au mois de mai.

Un certain nombre de traditions médiévales lient déjà le mois de mai à Marie. La plus ancienne trace écrite rémonte sans doute à Alphonse X de Castille au XIIIe siècle et ses Cantigas de Santa Maria qui mentionnent un culte spécial en l’honneur de la Vierge Marie à des dates précises en mai. Au fil des siècles, le mois entier se remplit d’observances spéciales et de dévotions à Marie.

Les Dominicains contribuent au développement de cette dévotion. En réponse à l’amour courtois, des figures dominicaines comme l’allemand Henri Suso vont développer un fort romantisme dans leur piété mariale qui comportera l’élévation d’autels et le tressage de couronnes de fleurs offert à la période de la floraison dès le début du mois de mai3.

Le premier, sans doute, à consacrer entièrement le moi de mai à la Vierge Marie, semble avoir été le capucin Laurent de Schniffis dans un recueil de trente poésies, Moyen-Pjeiff, publié en 1692.

 

Un office populaire devenu classique dès le XVIIIe siècle

Au début du xviiie siècle, l’église franciscaine et royale Sainte-Claire de Naples connaissait au mois de mai un office populaire marial quotidien suivi d’un salut du Saint-Sacrement, les dominicains de Fiesole, en 1701, décidaient d’honorer la Vierge tous les jours du mois de mai, ce qui se faisait aussi, près de Vérone, dans la paroisse de Grezzana (1734), et, un peu plus tard à Gênes (1747) et à Vérone (1774). Mais ce sont les pères camilliens qui revendiquent avoir été à l’origine, dès le mois de mai 1784 en l’église de la Madonne de Ferrare, la dévotion du «bouquet marial» du mois de mai sous sa forme publique et solennelle.

Les Jésuites vont ensuite s’attacher à cette dévotion, et la diffuser à partir de Rome dans toutes leurs missions. A Rome, Saint Philippe Néri avait déjà l’habitude de réunir les enfants le 1er mai autour de l’autel de la Vierge à la Chiesa Nuova. Après le Père Jacolet, dans le Mensis Marianus, paru à Dillingen en 1724, le jésuite Annibale Dionisi (1679 + 1754), dans un livre publié à Rome en 1725, et son confrère Lalomia, dans un livre publié à Palerme en 1758, en font la promotion. Dans le livre de Dionisi, on voit la dimension missionnaire que les jésuites associe au mois de Marie pour ré-évangéliser les familles: il portait comme sous-titre « à l’usage des maisons, des pères de famille, des couvents, des magasins.

La dévotion au mois de Marie n’atteint la France qu’à la veille de la Révolution où la vénérable Louise de France, fille de Louis XV et prieure du carmel de Saint-Denis, fait traduire le livre du Père Lalomia. Mais cet usage ne prendra de l’ampleur qu’avec les missions populaires de la Restauration au XIXe siècle.

 

La consécration pontificale du Mois de Marie

Le 21 mars 1815, le pape Pie VII est le premier a donné un encouragement pontifical à la dévotion du Mois de Marie en accordant 300 jours d’indulgence à quiconque honore en privé ou en public cette dévotion. Au vu de l’élan de dévotion populaire que cela suscite, il accorde l’indulgence plénière le 18 juin 1822. Avec ces encouragements, les manuels de dévotion mariale se multiplient alors pour soutenir et encourager cette dévotion particulière. Pie IX confirme l’indulgence plénière en 1859.

Le reconnaissance pontificale du mois de Marie entraînera par la suite la consécration d’autres mois à d’autres dévotions comme le mois de juin comme mois du Sacré Cœur , approuvé par le pape Pie IX le 8 mai 1873, et recommandé ensuite par Léon XIII dans une lettre adressée par le cardinal préfet à tous les évêques le 21 juillet 1899, ou encore le mois d’octobre comme le mois du Rosaire, reconnu par le pape Léon XIII.

En 1945, le pape Pie XII a confirmé le mois de mai comme mois marial avec l’institution de la fête de Marie Reine le 31 mai, fête qui vient couronner le mois de mai tout entièrement consacré à la Vierge. Cette fête sera déplacée au 22 août après le Concile Vatican II.

Au XXe siècle, dans son encyclique de Mense Maio de 1965, le pape Paul VI a de nouveau encouragé la dévotion du Mois de Mai et identifié le mois de mai comme un moment opportun pour incorporer des prières spéciales pour la paix dans les dévotions traditionnelles de mai dans un contexte de Guerre froide.

En 2020, dans le contexte de la pandémie de Covid-19, le Pape François a encouragé à renouveler cette dévotion en ajoutant deux prières pour la guérison des malades à la fin du Rosaire

Dévotions

En plus des traditionnelles dévotions mariales comme la méditation des mystères du Rosaire de la Vierge Marie, les chrétiens pratiques certaines dévotions spécifiques au mois de mai comme l’élévation d’autels domestiques en l’honneur de la Vierge et l’offrande d’un bouquet marial.

 

Les autels domestiques à la Vierge Marie

Une pratique particulièrement caractéristique des dévotions du mois de mai est l’autel de la Vierge Marie, que ce soit dans une église ou comme « autel domestique» da,s les maisons privées. Des dévotions mariales telles que le chapelet peuvent avoir lieu au sein de la famille autour de cet autel composé d’une table avec une image mariale, des bougies et de nombreuses fleurs du mois de moi.

Cette dévotion spécifique a été soutenue par plusieurs papes dont le pape Pie XII dans son encyclique Ingruentium malorum:

« La coutume de la récitation familiale du Saint Rosaire est un moyen des plus efficaces. Quel spectacle doux – le plus agréable à Dieu – quand la maison chrétienne résonne de répétitions fréquentes de louanges en l’honneur de Reine du Ciel! Le Rosaire doit être récité dans la famille, réuni devant l’image de la Vierge, dans une admirable union des cœurs, des parents et de leurs enfants, qui reviennent de leur travail quotidien. Il les unit pieusement aux absents et aux morts. Les familles se lient ainsi encore plus étroitement dans un doux lien d’amour avec la très sainte Vierge qui, comme une mère aimante, dans le cercle de ses enfants, leur accordera une abondance de dons de concorde et de paix familiale.»

 Le bouquet marial

Dans la culture romaine, le mois de mai était consacré à la déesse Flore, la déesse de la floraison et des fleurs. Les Romains célébraient fin avril les ludi florales (littéralement: jeux floraux), demandant l’intercession de Flora pour tout ce qui fleurit. La saison des fleurs est aujourd’hui l’occasion d’offrandes florales en l’honneur de la Vierge Marie, et nombreux sont les cantiques qui associent cette dévotion à la réalisation d’un bouquet marial. Le fameux cantique « C’est la mois de Marie, c’est le mois le plus beau », le redit bien: « Ornons le sanctuaire, De nos plus belles fleurs. »

 

 Le couronnement de la Vierge Marie

Dans les églises orientales, le couronnement de Marie était associé à l’ajout d’ornements à une icône de Marie, parfois aussi simple que l’ajout de décorations dorées. Ainsi, le pape Clément VIII a ajouté deux couronnes à l’icône de Salus Populi Romani dans la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome. Les couronnes après avoir été perdues, ont été remplacées par Grégoire XVI en 1837 dans un rite qui allait devenir la pratique standard pour le couronnement. La coutume est tombée en désuétude dans de nombreux endroits au cours des années 1970 et 1980, mais a depuis fait son retour avec de nombreuses autres pratiques catholiques traditionnelles.

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Le culte de sainte Marie-Madeleine en France

Le culte de sainte Marie-Madeleine en France

Petite chronologie d’un culte populaire.

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Les écrits du pape saint Grégoire (+ 604) ont fait connaître et aimer Marie-Madeleine en Occident. Dans la suite, tout le Moyen-Âge l’a vénérée. Sa venue à la Sainte-Baume en Provence se rattache à une tradition antique. Il n’en est cependant pas résulté un culte liturgique dont des vestiges seraient arrivés jusqu’à nous.

Un peu d’Histoire…

Lorsque la liturgie romano-franque se constitua aux VIIIe et IXe siècles, elle emprunta bien de ses oraisons au sacramentaire vieux-gélasien – un recueil datant de la fin du 8e siècle qui n’était en aucune façon un livre liturgique utilisé ; on recopia largement les oraisons de ce sacramentaire.

Dans l’élaboration de cette nouvelle liturgie, on se référa également parfois à un autre ouvrage, le martyrologe hiéronymien, bien que lui non plus ne renvoyât à aucune liturgie effective : c’était un simple catalogue mis au point à Auxerre, à la fin du 6e siècle et où étaient recensés tous les saints de la chrétienté connus de lui ; ce document fournit un cadre hélas souvent extravagant pour les fêtes que l’on voulait célébrer.

Enfin, les divers sacramentaires gélasiens du 8e siècle, dont l’archétype avait été rédigé à l’extrême fin du VIIIe siècle, fera le lien entre le vieux-gélasien et ce qui sera bientôt le type général des sacramentaires qui s’imposera en Occident. Autrement dit, les oraisons prises au vieux-gélasien n’entrèrent pas directement dans la nouvelle liturgie, mais elles le firent à travers le témoignage des sacramentaires gélasiens du 8e siècle.

 

À l’origine, une simple mention dans un texte ancien

L’hagiographie connaît une famille de quatre saints : les époux Marius, Marthe et leurs enfants Audifax et Abacuc. Or, au 20 janvier, les gélasiens du VIIIe siècle1 – qui habituellement recopient le vieux-gélasien – ont innové, en supprimant la mention de Marius [et non pas Marie], Marthe, Audifax et Abacuc auprès de saint Sébastien. C’est que leur archétype a pris prétexte de cette mention pour créer, à l’aide de pièces tirées du commun des saints, un formulaire d’oraisons de Marie et Marthe qu’il plaça au 19 janvier, en conformité à la notice du Hiéronymien pour ce jour.

 

janvier Hiéronymien
recensions I et II
formulaires du sanctoral
du vieux-gélasien
(après 750)
formulaires du sanctoral
des gélasiens du VIIIe s.(fin du VIIIe siècle)
19 …Hierosolima Marthae et Mariae sororum Lazari… Marie et Marthe
20 I. Romae passio sancti Sebastiani Fabiani episcopi. via Cornelia miliario
ab urbe XII Mari et AmbacuII. Romae in cimiterio Fabiani episcopi et Sebastiani.
in cimiterio Mariae [sic] et Marthae Audefax et Abacuc
saints Sébastien,
Marie [sic], Marthe, Audifax et Abacuc
(seul Sébastien est mentionné dans les oraisons)saint Fabien
saint Fabien

saint Sébastien

 

Aucune raison de pratique liturgique ne justifiait cette modification, qui provient uniquement d’une liberté que prit le compilateur du premier des gélasiens du VIIIe siècle, et qui avait pour excuse le manque de cohérence des notices du martyrologe. Cette modification aurait même été impossible si le vieux-gélasien avait été lié à un usage liturgique effectif.

La mention des saintes Marie et Marthe faite par le Hiéronymien au 19 janvier ne signifie nullement un usage liturgique à l’endroit où a été rédigé ce martyrologe – à savoir Auxerre à la fin du VIe siècle –, puisque le martyrologe n’a rien à voir avec un « ordo » au sens de norme de la pratique liturgique d’un diocèse ou d’un monastère, la mention fait seulement référence à Jérusalem comme lieu d’origine (d’un éventuel culte) des deux saintes. Cependant, cette mention servira deux siècles plus tard à la création, par l’archétype des gélasiens du VIIIe siècle, d’une fête appelée à devenir liturgique, la toute première fête en Occident de sainte Madeleine.

 

La modification apportée par les gélasiens du 8e siècle est en effet l’origine lointaine du culte liturgique effectif de Marie-Madeleine dans les pays latins2. La mention de la fête fut transférée peu à peu au 22 juillet3, selon la date fournie par le martyrologe de Bède qui vers 720 – pour la première fois en Occident – a donné sainte Marie-Madeleine (seule) au 22 juillet comme le faisait la tradition orientale4. En Occident où Marie de Béthanie est identifiée à Marie-Madeleine, ce transfert était naturel, puisque la dévotion allait surtout à Marie (Madeleine) plus qu’à sa sœur Marthe. La notice du martyrologe de Bède, pas plus que celle du Hiéronymien, n’était en rien la marque d’une célébration liturgique effective à l’endroit même de sa rédaction.

Dans la nouvelle liturgie romano-franque qui se développa alors (IXe siècle), la fête de Madeleine demeura localisée. Le culte de la sainte possède très peu de témoins dans les manuscrits liturgiques anciens, non seulement au IXe siècle, mais encore au 10e siècle ; à partir du XIe  siècle, le nombre des témoins ne cessera d’augmenter, et cela pendant tout le Moyen Âge. En tout cas, le point de départ du culte effectif se situe à la fin du VIIIe siècle, à Flavigny, lorsque l’auteur de l’archétype des sacramentaires du VIIIe siècle fabriqua un formulaire pour les saintes Marie et Marthe au 19 janvier.

 

 

Bibliographie

Gélasiens du VIIIe siècle : La liste des principaux sacramentaires gélasiens du VIIIe siècle publiés se trouve dans Liber sacramentorum engolismensis, éd. Patrick Saint-Roch, coll. Corpus Christianorum, Series latina CLIX C, Brépols, Turnhout, 1987, p. XXVI. Ce sont les sacramentaires d’Angoulême (ci-dessus), de Gellone (ci-dessous), d’Autun et de Saint-Gall, mais aussi celui de Rheinau : Sacramentarium rhenaugiense, éd. Anton Hänggi et Alfons Schönherr, coll. Spicilegium Friburgense, 15, 1970, Universitätsverlag Freibourg Schweiz.

Dom Jacques-Marie Guilmard, « Origine de l’office grégorien », dans Ecclesia orans 23 (2006), 72-73.

Dom Jacques-Marie Guilmard, « À l’origine du chant grégorien de la Messe et du sacramentaire gélasien. B. Étude du sacramentaire gélasien », dans Revue bénédictine 125 (2015/2), 409-442.

hiéronymien : Père Hippolyte Delehaye, s.j. et dom Henri Quentin, o.s.b., Commentarius perpetuus in Martyrologium hieronymianum, dans Acta sanctorum novembris, ii, pars posterior, Bruxelles, 1931.

Vieux-gélasien : Vatican, Bibliotheca Apostolica, Reginensis 316, et Paris, BNF lat. 7193. Liber sacramentorum romanae aecclesiae ordinis anni circuli, éd. dom Leo Cunibert Mohlberg, coll. Rerum ecclesiasticarum documenta, Series maior, Fontes IV, Herder, Rome, 1960.

Notes

1 Liber sacramentorum gellonensis, éd. dom André Dumas et dom Jean Deshusses, coll. Corpus Christianorum, Series latina CLIX, Brépols, Turnhout, 1981, p. 19 ss.

Mgr Victor Saxer, Le culte de Marie Madeleine en occident des origines à la fin du moyen âge, Cahiers d’archéologie et d’histoire, 3, Auxerre/Paris, 1959, p. 31 ss.

3 On peut le constater dans trois sacramentaires tourangeaux du 9e siècle. Voir Abbé Victor Leroquais, Les sacramentaires et les missels manuscrits des bibliothèques publiques de France, 1, Paris, 1924, 45-55.

4 Dom Henri Quentin, Les martyrologes historiques du moyen âge, Paris, 1908, p. 53 ;  Dom Jacques Dubois et Geneviève Renaud, Édition pratique des martyrologes de Bède, de l’Anonyme lyonnais et de Florus, CNRS, Paris, 1976, p. 132.

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https://fr.aleteia.org/2016/07/21/les-moines-racontent-la-fabuleuse-histoire-de-sainte-marie-madeleine-en-france/