DIEU, DIEU, LA SCIENCE, LES PREUVES, EXISTENCE DE DIEU (preuves de l'), LIVRE, LIVRES, LIVRES - RECENSION, MICHEL-YVES BOLLORE, OLIVIER BONNASSIES

Dieu, la science, les preuves

Dieu – La science Les preuves 

Michel-Yves Bolloré, Olivier Bonnassies

Éditeur ‏ : ‎ Les éditions Trédaniel; Illustrated édition, 2021. 577 pages.

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Quatrième de couverture

Pendant près de quatre siècles, de Copernic à Freud en passant par Galilée et Darwin, les découvertes scientifiques se sont accumulées de façon spectaculaire, donnant l’impression qu’il était possible d’expliquer l’Univers sans avoir besoin de recourir à un dieu créateur. Et c’est ainsi qu’au début du XXe siècle, le matérialisme triomphait intellectuellement.

De façon aussi imprévue qu’étonnante, le balancier de la science est reparti dans l’autre sens, avec une force incroyable. Les découvertes de la Relativité, de la mécanique quantique, de l’expansion de l’Univers, de sa mort thermique, du Big Bang, du réglage fin de l’Univers ou de la complexité du vivant, se sont succédées.

Ces connaissances nouvelles sont venues dynamiter les certitudes ancrées dans l’esprit collectif du XXe siècle, au point que l’on peut dire aujourd’hui que le matérialisme, qui n’a jamais été qu’une croyance comme une autre, est en passe de devenir une croyance irrationnelle.

Dans une langue accessible à tous, les auteurs de ce livre retracent de façon passionnante l’histoire de ces avancées et offrent un panorama rigoureux des nouvelles preuves de l’existence de Dieu. À l’orée du XXe siècle, croire en un dieu créateur semblait s’opposer à la science. Aujourd’hui, ne serait-ce pas le contraire ?

Une invitation à la réflexion et au débat.

 

Les auteurs

 À propos de Michel-Yves Bolloré

Michel-Yves Bolloré est ingénieur en informatique, maître ès sciences et docteur en gestion des affaires de l’Université Paris Dauphine. De 1981 à 1990, il participe avec son frère à la direction du groupe Bolloré dont il dirige la branche industrielle. En 1990, il fonde son propre groupe France-Essor dont l’activité est centrée principalement sur l’industrie mécanique.

À propos d’Olivier Bonnassies

Olivier Bonnassies est ancien élève de l’École Polytechnique (X86), diplômé de l’Institut HEC start up et de l’Institut Catholique de Paris (licence en théologie). Entrepreneur, il a créé plusieurs sociétés. Non croyant jusqu’à l’âge de 20 ans, il est auteur d’une vingtaine de livres et de vidéos et de quelques spectacles, scénarios, articles, newsletters et sites Internet sur des sujets souvent liés à la rationalité de la foi.

 

Réflexions personnelles au sujet de ce livre

Il est difficile de ne pas connaître le livre Dieu, la science, les preuves de Michel-Yves Bolloré et de Olivier Bonnassies tant il est couvert d’éloges par la presse chrétienne, qu’elle soit protestante ou catholique.

Ainsi donc les auteurs se font fort de prouver l’existence de Dieu grâce à la science. Le matérialisme du XIXè siècle ou du début du XXè siècle deviendrait une croyance irrationnelle. Mais peut-on prouver scientifiquement l’existence de Dieu ? Dieu ne serait-il pas rangé au rang d’objet scientifique ? On peut également remarquer l’absence notable de théologiens ou d’exégètes bibliques pour étayer ou infirmer les arguments développés.

Certes on peut discerner des « preuves » de Dieu dans la nature, dans la beauté de l’ordonnance du monde, dans la complexité de l’homme lui-même mais Dieu ne serait plus comme le disait Voltaire que le « grand Horloger ».Or le Dieu de la Bible est bien le Tout-Autre qui se révèle aux hommes.

La Bible ne se veut pas un livre d’histoire ou de science. Ce livre a été écrit tout au cours de l’histoire du peuple hébreu pour montrer comment Dieu conduit le peuple élu, comment Dieu en prend soin. Ainsi le Dieu de la Bible est un Dieu qui se révèle, qui entre en conversation avec l’homme : à Abraham, aux Patriarches, aux prophètes : « Je suis Celui qui Suis ! », « Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ! ». Dieu parle au cœur de l’homme pour lui révéler le projet qu’Il a fixé pour l’homme.

D’ailleurs beaucoup de livres de l’Ancien Testament ont été rédigés au retour de l’exil de Babylone pour fixer une histoire, pour relire sa propre histoire et en comprendre le sens. De plus les Hébreux ont intégrés dans leurs récits  différents mythes que l’on retrouve chez les Sumériens, les Egyptiens ou les Babyloniens mais en leur donnant un sens tout à fait différent. Il faut également noter que les différents rédacteurs des récits bibliques ont été rédigés par une élite intellectuelle ayant un haut niveau de culture.

Dans le Nouveau Testament Dieu lui-même se fait homme, il révèle le visage du Père en prenant chair dans le monde et c’est tout le sens de l’incarnation : « Qui me voit voit le Père » dit-il à Philippe (Jn 14, 7-14). Il faut aller plus loin encore : il faut aller jusqu’au bout de l’enseignement de Jésus des Evangiles à savoir la Croix et la Résurrection

Si comme le pensent les auteurs, comme d’ailleurs une certaine mouvance évangélique, la science prouve l’existence de Dieu où peut se situer la foi qui est irrationnelle dans la mesure où elle nait de la confiance que l’on a dans les paroles du Christ, dans la Parole de  Dieu ? : « Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes » (1Cor, 1,25).

 « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi » (Jn 14, 6).

« Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu. » nous dit saint Paul dans la Première Epître aux Corinthiens (1 Cor, 13,12)

© Claude Tricoire

6 janvier 2022.

Une critique

 « Le livre “Dieu, la science, les preuves” dessert la science et la foi »

 Le livre Dieu, la science, les preuves, sorti en octobre, a bénéficié d’une vaste campagne de promotion et a été vendu à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires. Pour l’astrophysicien Raphaël Duqué, cette nouvelle tentative de prouver scientifiquement l’existence de Dieu est une erreur tant scientifique que religieuse.

« Si Dieu se manifeste aussi dans la contemplation de la Création, cette dernière, bien que sublime, n’est pas sa seule œuvre. »DEN-Avec leur livre Dieu, la science, les preuves (Guy Trédaniel, 2021), Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies ont jeté un pavé dans la mare. Ils ambitionnent de décrire les avancées récentes dans les domaines de la physique et de la cosmologie, et d’en déduire « des preuves de l’existence de Dieu (qui soient) modernes, claires, rationnelles, multidisciplinaires, confrontables objectivement (sic) à l’univers réel ». Après le « règne sans partage du matérialisme » sur le monde intellectuel, les auteurs se félicitent que « la science semble devenir une alliée de Dieu ». Hélas, l’ouvrage contient des contrevérités, ce que l’on peut comprendre de la part de non-scientifiques. Il propose un schéma de pensée de la question de Dieu à la fois simpliste et fallacieux, que l’on pourrait nommer « matérialisme creux ».

La nature est sublime et chacun, tout particulièrement le scientifique, peut s’étonner de son ordre minutieux. D’après MM. Bolloré et Bonnassies, la science contemporaine aurait exploré cet ordre à un niveau de détail tel que nous ne serions plus très loin de poser le doigt sur le Créateur, comme au plafond de la chapelle Sixtine. Il ne s’agit ni plus ni moins que de l’argument téléologique : la nature, parfaitement harmonieuse, ne peut être l’œuvre que d’un être parfait, Dieu. Les auteurs s’approprient cet argument sans le nommer et le dénaturent pour servir leur propos. L’expérience sensible de la nature doit-elle passer par l’exercice de la science ? Non, bien sûr : le promeneur solitaire qui surprend le vol d’oiseaux au-dessus d’un lac fait l’expérience pleine du sublime naturel sans exercer de démarche scientifique. Quoi qu’en pensent MM. Bolloré et Bonnassies, nul n’a attendu le Hubble Space Telescope pour contempler la Création et sentir le geste de Dieu autour de soi.

 

Des erreurs factuelles

Les auteurs rapportent que la cosmologie moderne « implique que l’univers a eu un début », confortant un récit de la Création et l’existence d’un Créateur. C’est faux : la théorie du big bang suggère que l’univers occupe un état toujours plus dense et plus chaud à mesure que l’on remonte le temps, si bien qu’il atteint des régimes de densité et de température où notre compréhension actuelle de la physique ne s’applique plus. Alors, la science cesse d’être prédictive et un quelconque énoncé scientifique à propos d’un commencement ne peut être qu’une extrapolation incertaine. Mais qu’importe, MM. Bolloré et Bonnassies vendent la peau de l’ours : on aurait trouvé le point originel.

Mais prouve-t-on vraiment ainsi l’existence de Dieu ? En filigrane, on comprend que les auteurs invoquent l’argument cosmologique : tout mouvement ayant une cause, il faut qu’il y ait un mouvement premier, qui est Dieu. À nouveau, le propos est livré en réduisant l’argument historique à une expression creuse : la science a trouvé le mouvement premier, Dieu est le mouvement premier, par conséquent la science a trouvé Dieu. Mais cette preuve ne peut pas satisfaire les croyants ! Ce grand horloger qui a lancé le big bang et calcule les constantes fondamentales de la physique, est-il le Dieu de miséricorde qui est descendu sur la Terre et a souffert la Passion pour le pardon des péchés ? Évidemment, personne n’y croit.

Des impasses spirituelles

Certes, penser à l’harmonie de l’univers ou à Dieu comme primum mobile peut conforter les croyants dans leur foi, mais les arguments cosmologique et téléologique sont des impasses spirituelles, ils n’aident pas à avancer sur un chemin de foi dans le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob.

Cette impasse spirituelle en cache en fait une autre, logique cette fois : l’existence de Dieu ne peut pas être un objet de science. Comme nous l’enseigne Karl Popper, ne sont scientifiques que les énoncés qui sont falsifiables, c’est-à-dire que l’apport de nouvelles expériences pourra infirmer. Ainsi avance la science : par falsification et raffinement progressifs de son contenu. Cela exclut de la science, par principe, nombre d’énoncés, dont l’existence de Dieu. Se tourner vers la science pour prouver l’existence de Dieu est donc une double impasse, d’ailleurs bien connue.

 Dieu est une révélation

D’abord, Dieu est une révélation. Ensuite, pour qui veut contempler la vérité, « la foi et la raison sont comme deux ailes », écrit Jean-Paul II dans Fides et ratio, un monument incontournable sur la présente question, et une lacune dans les références de l’ouvrage. En outre, ces ailes ne sont pas étrangères l’une à l’autre. La foi se nourrit de connaissance, en particulier de la connaissance de Dieu par l’étude de la vie du Christ et de ses enseignements, au travers de l’exégèse et de la théologie, qui sont des sciences. Naturellement, les fidèles sont invités à acquérir cette connaissance pour affermir leur foi, comme le suggère l’encyclique Lumen fidei.

En cherchant à reléguer le matérialisme à l’état de « croyance irrationnelle », MM. Bolloré et Bonnassies se contredisent. Proposer la manifestation de Dieu dans la nature comme preuve de son existence est un matérialisme. Cantonner l’entendement de cette manifestation à la science est pire encore : c’est un matérialisme creux. Leur ouvrage propose un discours scientifico-mystique qui dessert ensemble la science, soudain privée de ses principes et de son objet, et la foi, soudain retirée du domaine du cœur de l’homme.

Pourtant, le cœur de l’homme est le lieu de manifestation de Dieu dans sa dimension première, c’est-à-dire spirituelle. La force de l’amour, la joie du pardon, la persistance de la foi et de l’espérance, le bonheur de la charité : s’il doit y avoir prosélytisme, c’est assurément ces mouvements intérieurs qu’il faut chercher à décrire et à susciter. Car si Dieu se manifeste aussi dans la contemplation de la Création, cette dernière, bien que sublime, n’est pas sa seule œuvre.

Raphaël Duqué, Astrophysicien

Raphaël Duqué est docteur en astrophysique et astrophysicien des hautes énergies, actuellement en poste à l’université Goethe de Francfort-sur-le-Main (Allemagne).

https://www.la-croix.com/Debats/Le-livre-Dieu-science-preuves-dessert-science-foi-2022-01-03-1201192921

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C’est une vieille question qui passionne toujours autant. En prétendant « révéler les preuves modernes de l’existence de Dieu » , Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonassies signent un best-seller. A partir des découvertes de la biologie, de la physique, du Big Bang… les auteurs de « Dieu, la science, les preuves » (Ed. Guy Trédaniel, 580 p.) concluent à l’existence d’un Dieu créateur : « Si l’univers a un commencement, c’est qu’il a une cause qui le précède ». Panorama intéressant des rapports entre science et foi, l’ouvrage ne révèle rien de très nouveau pourtant. Mais ses conclusions péremptoires créent un malaise jusque chez des scientifiques chrétiens qui décèlent en plus des inexactitudes dans ce livre. Et l’astrophysicien Raphaël Duqué d’affirmer dans La Croix qu’il  » dessert autant la science et la foi ».

Depuis l’Antiquité, les preuves de l’existence de Dieu balisent l’histoire de la pensée. Comme chez Aristote avec sa recherche des causes du mouvement, St Thomas d’Aquin au XIIIe siècle… jusqu’aux frères Bogdanoff, dernièrement. Pas toujours convaincantes pourtant. A l’inverse, les preuves de l’inexistence de Dieu ne sont pas plus décisives. Comme la tentative du biologiste prix Nobel, Jacques Monod, avec son livre « Le Hasard et la nécessité ». Match nul, en somme ! En faisant de « la science, une nouvelle alliée de Dieu », qui relègue la philosophie matérialiste dans l’obscurantisme, on risque aujourd’hui de faire du scientisme à l’envers.

Certes, la foi judéo-chrétienne doit passer au tamis théologique de la rationalité, mais elle n’a rien à voir avec la croyance en un « dieu horloger ». Elle est de l’ordre de l’expérience existentielle, de la relation, de l’émerveillement devant la beauté du monde. Si la plupart des scientifiques croyants concilient leur foi avec leur exigence professionnelle, ils ne les confondent pas pour autant. Même l’abbé Lemaître, le père du Big Bang, s’est élevé contre tout concordisme qui cautionnerait les écrits bibliques scientifiquement. En fait, les démonstrations apologétiques qui s’affrontent butent sur l’insondable mystère du sens de l’existence. Alors que la science ne peut s’en tenir qu’au « comment », la vertigineuse question du « pourquoi » ne sera jamais résolue scientifiquement. Pourquoi existons-nous ? Pourquoi l’univers ? Pourquoi y a t-il quelque chose et pas rien ? Et ce n’est pas demain que se tariront les interrogations sur ce problème sans fond !

https://srp-presse.fr/index.php/2022/01/21/dieu-la-science-les-preuves-est-il-evident-que-dieu-existe/

https://www.la-croix.com/Debats/Le-livre-Dieu-science-preuves-dessert-science-foi-2022-01-03-1201192921

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Le silence de Dieu

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Dieu parle aussi à travers le silence – Benoit XVI

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– « Comme le montre la croix du Christ, Dieu parle aussi à travers son silence. Le silence de Dieu, l’expérience de l’éloignement du Tout-Puissant et du Père est une étape décisive du parcours terrestre du Fils de Dieu, Parole incarnée. Pendu au bois de la croix, il a crié la douleur qu’un tel silence lui causait: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» (Mc 15, 34; Mt 27, 46). Persévérant dans l’obéissance jusqu’à son dernier souffle de vie, dans l’obscurité de la mort, Jésus a invoqué le Père. C’est à lui qu’il s’en remet au moment du passage, à travers la mort, à la vie éternelle: «Père, entre tes mains je remets mon esprit» (Lc 23, 46).

Cette expérience de Jésus est comparable à la situation de l’homme qui, après avoir écouté et reconnu la Parole de Dieu, doit aussi se mesurer avec son silence. Bien des saints et des mystiques ont vécu une telle expérience qui aujourd’hui encore fait partie du cheminement de nombreux chrétiens. Le silence de Dieu prolonge ses paroles précédemment énoncées. Dans ces moments obscurs, il parle dans le mystère de son silence. C’est pourquoi, dans la dynamique de la Révélation chrétienne, le silence apparaît comme une expression importante de la Parole de Dieu. »

 Benoit XVI, in Verbum Domini, du 30.9.2010, numéro 21

 

Par-delà le silence : Quand Dieu se tait

Gérard Delteil

Lyon, Editions Olivétan, 2018.  206 pages.

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Présentation de l’éditeur

Le religieux s’affiche bruyamment, mais Dieu s’efface de notre horizon. Tel est l’un des paradoxes de notre temps : la violence et le silence. Quiconque réfléchit sur le sens de l’existence se heurte à ce silence. Nulle évidence. Nulle trace d’une Présence. Nous vivons, nous pensons à l’aplomb du silence. Serions-nous à nous-mêmes une question sans réponse ? Les drames de la vie, les tragédies de l’histoire rendent encore plus brûlante l’interrogation : pourquoi ? Le malheur est toujours non-sens. C’est d’un tel questionnement que procède cet essai. Il n’est pas surprenant que la figure de Job, emblématique de l’affrontement au tragique, y tienne une place importante. Plus surprenantes, les pages consacrées au Cantique des Cantiques, ce silence de Dieu dans l’éblouissement de la vie. Au travers d’une enquête à travers les écrits bibliques, l’auteur relève différentes interprétations données de ce silence. Blessure au coeur de la foi, qui l’empêche de se boucler en un système. Retrait d’un Dieu qui s’efface pour que l’humain grandisse dans son autonomie. Mystère d’une altérité irréductible. Ce silence serait-il l’ombre portée de la Parole ? Entre confiance et doute, comment assumer la traversée du silence ? Ces pages invitent à un questionnement ouvert. Le silence serait-il le dernier mot ? Par-delà le silence… le peut-être de Dieu

Biographie de l’auteur

Gérard Delteil est Doyen honoraire de la Faculté de théologie protestante de Montpellier.

 

Le point de vue de la Nouvelle Revue Théologique

Dans notre monde où les guerres, les conflits et tant de « misère » humaine semblent triompher, pourquoi Dieu reste-t-il silencieux ? Pourquoi la plupart de nos contemporains ont-ils le sentiment que, s’il existe, Dieu est bien lointain ? Que signifie cette distance ? Cette interrogation est en arrière-fond du paysage contemporain par ailleurs bruissant de religiosité et de recherche « religieuses » tous azimuts ! « La fièvre et le silence ». Cette situation paradoxale doit rencontrer bien des situations humaines et, on en convient, énigmatiques pour le « bon sens ». Mais « il faut risquer de dire des choses contestables pourvu que des questions vitales soient soulevées » (Dietrich Bonhoeffer). Faudra-t-il se « situer entre violence et silence » ? Les nombreuses recherches bibliques et aussi profanes, ici proposées, explorant ces mêmes contrées dangereuses et éprouvantes pour la conscience religieuse et l’histoire profane mondaine sont et font l’intérêt de ces pages. « Rien n’est plus proche de l’angoisse du non-sens que la timide espérance. » (Paul Ricoeur, Histoire et vérité, Paris, Seuil, 1955, p. 334). Que recèle le « silence de Dieu » ? Il a tant aimé le monde… – J. Burton s.j.

https://www.nrt.be/fr/recensions/par-dela-le-silence-quand-dieu-se-tait-13202

 

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Quand Dieu ne répond pas : une réflexion biblique sur le silence de Dieu

Pierre Coulange

Paris, Le Cerf, 2013. 232 pages

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« Où donc est Dieu ? : le cri angoissant de chacun devant la souffrance, cri qui retentit du Golgotha jusqu’aux camps de la mort ; un cri toujours actuel face à la pandémie du Coronavirus . Pourquoi ce silence de Dieu ? Face à cette question l’auteur nous fait découvrir ce que tous les textes bibliques nous disent de ce Dieu qui se tait : les mots du Psaume 22 « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » expriment la souffrance d’Israël, des prophètes, la déréliction de Jésus sur la Croix, ainsi que la nôtre.

Mais le silence de Dieu ne serait-il qu’apparent ? Ne serait-il pas une manière de révéler sa transcendance et sa miséricorde ? Les prophètes et les grands mystiques nous disent le mystère de ce « Dieu caché ». Et un saint Jean de la Croix peut écrire écrire ; « Ô nuit qui m’a guidé ! »

®Claude Tricoire

Présentation de l’éditeur

Dieu aux abonnés absents… Quel homme ne s’est jamais senti défaillir face à ce silence angoissant ? Pourquoi Dieu se tait-il quand son peuple souffre, au moment même où il a besoin de lui ? Cette question lancinante et immémoriale fait chuter l’homme de foi le plus convaincu et transperce les athées comme les cœurs fervents.

Il est donc temps de revenir au texte sacré. Les grands personnages de la Bible ont déjà éprouvé le silence angoissant du retrait divin. Du Dieu qui se cache du prophète Isaïe au cri d’abandon de Jésus sur la croix, du silence à l’absence, il n’y a qu’un pas. Pierre Coulange nous invite à prendre de la hauteur : la nuit est un chemin de foi. Le chemin obscur ne peut être séparé de l’expérience de Dieu ni de sa miséricorde, comme en témoigne le cri de Jean de la Croix : « Ô nuit qui m’as guidé ! »

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Quand Dieu se tait

Charles Wackenheim 

Paris, Le Cerf, 2002. 190 pages.

9782204069199

 

Présentation de l’éditeur

Au terme de ce siècle où l’idée d’un Dieu absent a été fortement ressentie, tout se passe, semble-t-il, comme si l’image traditionnelle du Dieu parlant cédait insensiblement la place à celle d’un Dieu qui s’efface et se tait. Silence et parole de Dieu s’expriment, certes, en termes de métaphore ou d’analogie, mais est-il plus pertinent de partir d’un Dieu qui parle ou, au contraire d’un Dieu dont ni la parole ni l’agir ne sont immédiatement perceptibles ? En se mettant à l’écoute du silence de Dieu et en s’exposant au souffle de son Esprit, l’homme acquiert la faculté de discerner dans la production langagière d’hier et d’aujourd’hui l’écho de l’agir créateur et sauveur du Dieu vivant.

 

Quatrième de couverture

Dans la tradition biblique, juive et chrétienne, l’image de Dieu s’est construite autour d’un rapport original à la parole et à l’histoire. C’est en parlant que Dieu suscite le monde et conduit le destin de l’humanité. Simultanément, des croyants se disent sensibles et attentifs aux silences de Dieu. Au terme d’un siècle où l’idée d’un Dieu absent a été fortement ressentie, tout se passe, semble-t-il, comme si l’image traditionnelle du Dieu parlant cédait insensiblement la place à celle d’un Dieu qui s’efface et se tait. Silence et parole de Dieu s’expriment, certes, en termes de métaphore ou d’analogie, mais est-il plus pertinent de partir d’un Dieu qui parle ou, au contraire d’un Dieu dont ni la parole ni l’agir ne sont immédiatement perceptibles ? En privilégiant la seconde hypothèse, l’auteur passe en revue six propositions qui requièrent aujourd’hui un nouvel examen : Dieu nous parle, dit-on, par la création, par ses témoins, dans l’histoire des hommes, par l’Écriture sainte, en Jésus Christ, enfin dans et par l’Église. Mais on doit se demander aussi si le silence de Dieu ne pourrait pas s’interpréter comme un acte délibéré de retrait pour permettre à l’homme d’exercer pleinement sa liberté d’action et de parole. En se mettant à l’écoute du silence de Dieu et en s’exposant au souffle de son Esprit, l’homme acquiert la faculté de discerner dans la production langagière d’hier et d’aujourd’hui l’écho de l’agir créateur et sauveur du Dieu vivant. Il évitera ainsi le recours fétichiste à une parole délestée de son substrat humain. L’image d’un Dieu qui se tait offre à la théologie et à la vie spirituelle un espace singulièrement fécond.

 

Silence de Dieu, silence de l’homme

Dans notre monde où « ça parle » partout et dans tous les sens, Dieu apparaît comme le grand silencieux. De nombreuses voix lui en font aujourd’hui le reproche. Ce silence n’est-il pas le signe d’une absence et d’un désintérêt pour l’aventure humaine ? Où était Dieu lors des grands drames du XXe siècle : deux guerres mondiales aux millions de morts, les camps de concentration nazis et soviétiques, la Shoah, plus près de nous les atrocités commises dans les Balkans et le terrorisme qui se donne libre cours ?  Où était Dieu à Auschwitz ? Où était Dieu à Stalingrad ? La question est devenue si pressante que le « comment parler de Dieu après Auschwitz ? » est devenu un lieu commun. Jamais Dieu n’est apparu aussi silencieux et aussi absent que depuis cette dernière centaine d’années. Comment répondre à de telles questions sans une inconscience, peut-être naïve, mais pas innocente ? Ne vaudrait-il pas mieux se taire à son tour ? Que le lecteur se rassure, les réflexions qui suivent se veulent modestes et ne prétendent pas résoudre l’énigme opaque du mal.

Dieu en procès
Quand l’homme souffre au-delà de ce qu’il estime tolérable, en effet, sa réaction première est de s’en prendre à Dieu, de le mettre en procès. La Bible elle-même est le témoin émouvant de ce cri de détresse. On le trouve dans les Psaumes : « O Dieu, ne reste pas muet, plus de repos, plus de silence, ô Dieu » (83,2) ; « Seigneur, je fais appel à toi. Mon roi, ne sois pas sourd ! » (28,1) ; « Tu as vu, Seigneur, ne sois pas sourd ! » (35,22 ; de même 39,13 ; 50,3 ; 109,1). On le rencontre aussi dans la bouche de Job qui souffre sans raison : « Je hurle vers toi et tu ne réponds pas ; je me tiens devant toi et ton regard me transperce » (30,20). Mais allons tout de suite au terme de cette série. Ce cri est aussi celui du Christ en croix, hurlé « d’une voix forte » : « Eli, Eli lema sabaqthani : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27,46). Que Jésus ait été jusqu’à faire sien le cri de toutes les détresses du monde devant le silence de Dieu nous dit immédiatement la profondeur d’un tel mystère. L’épître aux Hébreux nous dira bien qu’après avoir « offert prières et supplications avec grand cri et larmes à celui qui pouvait le sauver de la mort » il fut « exaucé en raison de sa soumission » (5,7) : il reste qu’au moment de la détresse et de la mort le ciel est resté d’airain.
Aujourd’hui encore, nous voyons de partout le procès intenté à Dieu : ce Dieu sensé être bon et qui tolère sans ciller tant d’atrocités ; ce Dieu unique qui est à l’origine de la violence dans le monde, parce qu’il justifie que les hommes s’entre-tuent en son nom. Récemment, un chroniqueur n’hésitait pas à faire l’éloge du polythéisme païen des Grecs et des Romains. Ces dieux-là étaient à mesure humaine, ils avaient des moeurs d’hommes, et surtout ils ne demandaient pas de tuer en leur nom 1. On retrouve l’antique objection qui revient de la nuit des âges : « Ou donc est Dieu ? « 

Revue Christus, avril 2002

 

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CRETATION, DIEU, GERMAIN NOUVEAU, POEME, POEMES, PRIERE, PRIERES, SA BEAUTE EST MERE DE LA FLEUR, DE L'AUBE ET DE L'ETE

« Dieu, c’est la beauté »

« Sa beauté est mère de la fleur, de l’aube et de l’été » – Germain Nouveau

 

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« Dieu, c’est la beauté, Dieu, beauté même, a parlé 
Dans le buisson de flamme à son peuple assemblé, 
Aux lèvres de Moïse, aux lèvres des prophètes, 
Et ses discours profonds sont clairs comme des fêtes. 
Son livre est un chœur vaste où David a chanté, 
Et c’est un fleuve, il coule avec l’immensité 
De ses vagues, noyant dans leur écume ardente 
Ton navire, ô Milton, et ta galère, ô Dante ! 
Et Jésus a parlé, rouge et bleu sous le ciel, 
Et des mots qu’il a dits la terre a fait son miel. 
Les lys ont confondu sa robe avec l’aurore
Sa voix, sur la montagne, elle résonne encore. 
Paroles de Jésus, source sous les palmiers 
Où s’abattent les cœurs ainsi que des ramiers, 
Où les âmes vont boire ainsi que des chamelles ! 
Nourrice, tu suspends le monde à tes mamelles ! 
Car Il est aussi beau qu’Il est vrai ; sa beauté 
Est mère de la fleur, de l’aube et de l’été. 
Le Beau n’est qu’un mot creux, l’idéal qu’un mot vide, 
Mais la beauté, c’est Dieu dont notre âme est avide ; 
La beauté, mais, poète, elle est au cœur de Dieu 
Le lotus de lumière et la rose de feu ; 
De plus haut que les Tyrs et les Sions sublimes, 
Elle descend sur l’ange, elle est vouée aux cimes, 
Soleil des paradis, étoile des matins, 
Et nos regards sont faits de ses rayons éteints. 
— Beauté, face de Dieu, gouffre des purs délices 
Formidable aux élus, devant vous les milices 
Célestes dont les seins sont cuirassés d’ardeur, 
Guerriers gantés de grâce et chaussés de candeur, 
Dont les ailes de feu battent le dos par douze, 
Capitaines d’amour dont l’aurore est jalouse 
Et dont l’épée au poing n’est qu’un rayon vermeil, 
Tremblent comme la brume au lever du soleil ! 
— Alléluia vers vous, beauté du Père, et gloire ! 
Gloire à vous sur la terre et sur les luths d’ivoire
Des riants chérubins, votre escabeau vivant ! 

Gloire à vous sur la lyre et les harpes au vent 
Des séraphins chantant dans les apothéoses ! 
Doigts des anges, courez sur les violons roses ! 
Formez-vous, doux nuage, autour des encensoirs ! 
Brûlez, soleils levants ! fumez, parfums des soirs ! 
Montez vers la colombe, ô blanches innocences, 
Montez ! Et vous, Vertus, Principautés, Puissances, 
Menez, parmi les lys, le cortège des dieux, 
 Sur les pas de Jésus miséricordieux ! »

Germain Nouveau

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La sainte Trinité

Qu’est ce que la Trinité ?

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Les chrétiens sont baptisés « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Quand ils commencent leur prière, ils se marquent du signe de la croix sur le front, le cœur et les épaules en invoquant Dieu : Au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit : c’est la Trinité.

L’homme n’est pas capable d’imaginer un Dieu unique qui existe en trois personnes. C’est Dieu qui nous a révélé ce mystère de son amour par l’envoi de son Fils et du Saint-Esprit. Jésus nous a révélé que Dieu est « Père », en nous montrant d’une façon unique et originale, que Lui-même n’existe que par son Père. Jésus est un seul Dieu avec le Père. Jésus a promis à ses apôtres – les douze hommes qu’Il a choisis et envoyés – le don de l’Esprit Saint. Il sera avec eux et en eux pour les instruire et les conduire « vers la vérité tout entière » (Jean 16, 13). Ainsi, Jésus nous le fait connaître comme une autre personne divine.

La Trinité est Une : nous ne croyons pas en trois dieux, mais en un seul Dieu en trois personnes : le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Chacune des trois personnes est Dieu tout entier. Chacune des trois personnes n’existe qu’en union avec les deux autres dans une parfaite relation d’amour. Ainsi toute l’œuvre de Dieu est l’œuvre commune des trois personnes et toute notre vie de chrétiens est une communion avec chacune des trois personnes.

Source : Petit guide de la foi, Mgr Vingt-Trois, éd. le Sénevé.

 

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Qui est la Trinité ?

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S’il y a quelque chose de difficile à comprendre dans la foi chrétienne, c’est bien le mystère d’un seul Dieu en trois personnes..

Croire en un Dieu unique, et aussi relations en lui-même au point d’être trois, c’est tout de même un étrange mystère. Et ce d’autant plus que le mot n’apparaît pas dans le vocabulaire biblique. On raconte que saint Augustin, auteur d’un magnifique Traité sur la Trinité, vit un jour un ange qui essayait de mettre toute l’eau de la mer dans un seul petit coquillage. Lorsque l’évêque d’Hippone lui faisait remarquer la difficulté de son entreprise, l’ange lui répondit que cela lui serait plus facile que de vouloir épuiser, avec ses seules ressources de la raison humaine, le mystère de la Trinité. Pourtant, la Bible n’est pas muette à ce propos.

Au tout début du livre de la Genèse, Abraham reçoit la visite du seigneur sous la forme de trois mystérieux personnages. Le texte de la Bible alterne singulier et pluriel au point que l’hospitalité d’Abraham devint, pour les chrétiens, le symbole par excellence et la préfiguration de la Trinité. Les évangiles eux aussi connaissent les trois termes : le Père, le Fils et l’Esprit, pour désigner Dieu. Les textes les plus clairs à cet égard sont ceux de l’annonciation, du baptême de Jésus et, à la fin de l’Évangile de Matthieu, de l’envoi en mission.

Divinité une et trine

Mais il faudra plus de trois siècles pour que le mot Trinité apparaisse, sous la plume d’Athanase d’Alexandrie. Le terme, formé à partir du grec « trias », décrit cette réalité étonnante d’une divinité une et trine proposée à la foi des chrétiens. S’agirait-il d’une invention tardive, quelque peu éloignée du message originel de Jésus? N’a-t-on pas « brodé » sur Dieu?  Pour se convaincre du contraire, il faut revenir à l’histoire des premiers chrétiens. Juifs avant tout, ils partagent le monothéisme ombrageux d’Israël face à l’idolâtrie régnante. Ils ont donc assez logiquement du mal à rendre compte, par des concepts, de l’expérience vécue avec Jésus.

Sa résurrection est le meilleur gage de sa divinité, mais il ne nie pas l’existence d’un Créateur et Père, au contraire. Ainsi Jésus est vraiment Fils de Dieu et il envoie aux apôtres un Défenseur (Paraclet), l’Esprit, qui leur met, au cœur et sur les lèves, les paroles de vérité et de vie. Mais il existe une autre source de la foi : la liturgie. Le baptême n’est-il pas donné, selon Matthieu, « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit? ». Ne commençons-nous pas nos prières par un signe de croix qui est fait « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit? ».

La liturgie eucharistique est d’une  grande richesse à cet égard. Les textes des prières qui la composent proclament un mouvement interne à Dieu. Il est don, dans la Création, l’Incarnation et l’action permanente et renouvelée de l’Esprit. Il est amour, et l’amour est tout sauf immobile. Il est vie, et il n’existe pas de vie sans engendrement. Il est impossible au chrétien de se fixer sur une personne de la Trinité, car chacune d’elle réoriente le regard vers une des deux autres. Le croyant est alors en quelque sorte intégré à ce mouvement de vie et d’amour. Ce mouvement perpétuel d’une personne à l’autre de la Trinité montre aussi la divinité du Fils et celle de l’Esprit, ainsi que leur unité au Père.

L’amour absolu

Ni l’un ni l’autre ne sont des intermédiaires entre un Dieu solitaire et ses créatures. Pour contempler l’unité de la Trinité, la voie la plus accessible est de considérer l’amour dans sa forme d’absolue gratuité que nous appelons charité ou agapè. Cet amour désintéressé tend vers l’unité comme tout amour, dans une distance respectueuse de chacun. Lorsque l’amour est divin et donc parfait, il génère ce paradoxe inouï qu’est une unité plurielle. Pour avancer dans la saisie de ce mystère, deux voies s’offrent à nous, celle, simple et sûre, de la liturgie et celle, plus âpre mais indispensable, de l’amour réciproque.

 Le mystère de la Trinité

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C’est en faisant la volonté d’Amour du Père, en conformité avec la vie de Jésus Christ, que nous avons accès au Mystère de Dieu.

Le Père se donne totalement en engendrant son Fils : il ne garde rien qui ne serait une possession personnelle d’où naîtrait une supériorité sur son Fils. Ainsi, le Fils est engendré.

Par contre, le Fils, en se retournant vers son Père, ne garde rien qu’il ne rende à ce Père. Sa filiation est parfaite comme la paternité est totale. Ainsi l’échange d’amour est-il parfait, puisque le Père et le Fils son un : le Père est Père dans les profondeurs du Fils, le Fils est Fils dans les profondeurs du Père ; et cette relation mutuelle est l’Amour des deux, on l’appelle l’Esprit.

Cet Amour, cet Esprit ne peut être autre chose qu’eux-mêmes : si ce lien qui les unit n’était pas une personne, il y aurait en Dieu autre chose que Dieu ! Nous avons du mal à nous représenter ce que peut être cet amour substantiel du Père et du Fils, réalisé par le Don total qu’ils se font d’eux-mêmes. Le Christ nous fait pressentir cependant très clairement ce qu’il est. Cet Esprit sait tout ce que le Père et le Fils savent ; il viendra tout expliquer et tout vivifier de l’intérieur.

L’Esprit Saint au cœur de la Trinité

Il est l’Esprit, celui qui surgit de l’intime et pénètre l’intime ; et il a, par ailleurs, la liberté du vent. C’est pourquoi on l’appelle le Souffle. Il est le Souffle et le Soupir du Père au Fils, et réciproquement.

Il est Cœur de leur relation… Il est la perfection du Don, il est l’Amour. En lui, finalement, nous est révélée l’essence même de Dieu, qui est d’être Amour… Une fois arrivé à ce point, il semble inutile de cherche à expliquer la profondeur de Dieu. L’amour met en silence. Tout le reste est affaire d’intelligence spirituelle !

Mystère finalement très simple, car nous le connaissons en y pénétrant avec le Christ. Dès l’instant où nous croyons en lui, le Christ nous introduit dans l’univers de Dieu… C’est en faisant la volonté du Père, en conformité avec la vie du Fils, que nous avons accès au Mystère de Dieu.

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Le titre de « Père » dans l’Eglise

Le titre de « père » dans l’Eglise

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L’appellation « père » ou « mon père » donnée aux prêtres est un héritage de la vie monastique.

L’appellation « père » n’est-elle pas contraire à l’enseignement de Jésus ?

 « N’appelez personne votre Père sur la terre: car vous n’en avez qu’un, le Père céleste » (Matthieu 23, 9). Si l’on s’en tient au pied de la lettre, l’usage qui veut qu’on appelle un prêtre « père » ou « mon père » est bel et bien en contradiction avec cette consigne laissée par Jésus à ses disciples. Toutefois, ce que Jésus vise dans ce passage de l’Évangile, dont le contexte est celui d’une polémique avec les pharisiens, c’est le titre de « Rabbi » (de l’hébreu rab, « grand ») qui était donné respectueusement par des disciples à un maître et dont les pharisiens aimaient à se faire appeler… Autrement dit, la tentation pour l’enseignant ou maître spirituel de tirer orgueil d’un savoir ou d’une sagesse ; et, pour le disciple, de tomber dans la fascination, se laisser infantiliser et manipuler.

Ainsi, ce qui est en cause ici, ce n’est pas la paternité spirituelle, réalité déjà très ancienne dans l’Antiquité, et qui connaît un développement nouveau dans le christianisme ; c’est la manière de la vivre. L’évangéliste met en garde contre « le danger d’appropriation de ce qui est et reste don de Dieu » : « Dieu seul est Père, c’est de lui que toute paternité tire son nom. Dieu seul est maître de vérité, guide, docteur, en son fils Jésus-Christ », rappelle le père François-Régis Wilhélem (1), théologien de l’Institut Notre-Dame de Vie.

Comment la tradition chrétienne a-t-elle compris cette paternité ?

On ne trouve aucune objection à l’utilisation de ce titre chez les pères de l’Église, signe qu’ils n’y trouvaient pas d’incompatibilité ; en revanche les premières générations chrétiennes l’ont toujours utilisé en relation avec la transmission de la Parole de Dieu, analyse le père Armand Veilleux, ancien procureur de l’ordre cistercien.

Saint Paul écrit ainsi aux Corinthiens qu’ils peuvent avoir « des milliers de pédagogues dans le Christ » ; en revanche, ils n’ont pas « plusieurs pères » : « Car c’est moi, écrit l’apôtre, qui, par l’Évangile, vous ai engendrés dans le Christ Jésus » (1 Co 4, 15). « Dans le même esprit, c’est d’abord l’évêque, au tout début du christianisme, qui est appelé “père” car il engendre la communauté dans la foi à travers la transmission de l’Évangile », poursuit le père Veilleux.

On retrouve encore ce lien avec la parole à partir du IVe siècle chez les Pères du désert. Des chrétiens qui désirent vivre la radicalité de l’Évangile « à l’ombre d’un père spirituel » vont visiter ces premiers moines du christianisme, réputés pour leur sagesse, avec cette demande : « Abba, dis-moi une parole »… Ils reprennent par là le terme araméen abba (« papa ») utilisé par Jésus pour s’adresser à son Père. « Aucun ne prétend alors s’établir lui-même père. Ce sont les disciples qui, en demandant à un ancien une parole, font de lui un père », note Armand Veilleux.

 

Comme toute tradition spirituelle, cette appellation va peu à peu prendre une forme institutionnelle. Avec l’apparition de la vie cénobitique, autour de Pacôme en Égypte, ce rôle de père spirituel est transmis à la communauté, à travers une règle commune inspirée de l’Évangile, l’abba/abbé étant chargé de veiller à ce que chaque moine soit réellement formé par celle-ci.

La Règle de saint Benoît exprime bien cette tradition : « Écoute, mon fils, les préceptes du maître (…), reçois volontiers l’enseignement d’un si bon père », commence saint Benoît. Il parle ici du Christ, qui est le vrai père des moines, l’abbé étant son représentant, choisi par eux pour les conduire sur le chemin évangélique.

 

Quel a été le devenir de cette appellation ?

À la suite de cette tradition, les religieux (2) ont conservé l’appellation de « pères » et même de « révérends pères » depuis au moins le XVIIe siècle et encore au moins jusqu’à Vatican II, souligne Daniel-Odon Hurel, directeur de recherche au CNRS (3). Dès les débuts de la Compagnie, les jésuites par exemple s’appellent entre eux « les pères ».

Concernant les prêtres séculiers (ou diocésains) en revanche, le devenir de cette appellation est une « vraie colle » pour les historiens car « elle appartient à l’oralité de la pratique des fidèles », reconnaît Daniel-Odon Hurel.

Le titre honorifique latin Dominus, qui signifie maître ou seigneur, va donner en français « dom » (pour les abbés), « sieur », « monsieur », « monseigneur »… « Aux XVIe-XVIIe siècles, ”Monsieur” est l’appellation ordinaire pour les prêtres, les évêques et les cardinaux. “Monseigneur” apparaît de temps en temps mais rarement et plutôt pour les ducs », constate l’historienne Nicole Lemaître.

De « Monsieur Vincent » (de Paul) au curé de campagne de Bernanos : le passage progressif de « Monsieur » à « Monsieur l’abbé » doit dater du XVIIIe siècle. Selon certains, il s’expliquerait par l’aura que les religieux ont toujours eue, en France, dans le monde séculier.

 

Appeler quelqu’un, c’est en effet dire quelque chose de son identité. Et même dans le milieu séculier, les fidèles n’ont jamais abandonné l’appellation de « père » dans la relation au prêtre à qui ils reconnaissent une paternité spirituelle. Le concile de Trente au XVIe siècle, l’école française au XVIIe ont fortement insisté sur la vision très haute de la fonction sacerdotale, le XIXe siècle aussi avec le prêtre « Alter Christus », « autre Christ ».

 

Ainsi dans la confession, on s’adresse à Dieu à travers le prêtre en lui disant « Mon Père ». Et dans la direction spirituelle, il n’est pas rare non plus qu’un dirigé appelle ainsi celui qui l’accompagne. Dans les années 1930, par exemple, la mystique Marthe Robin demandant à l’abbé Faure d’être son directeur spirituel lui écrit : « Monsieur le curé et cher Père spirituel. Je suis prodigue, comme vous pouvez le voir puisque sans permission, sans vous demander si vous le voulez bien, je vous dis ”Père”! » On utilise aussi probablement ce titre dans les milieux d’Action catholique pour les conseillers spirituels, mais « pas de manière systématique », relève Nicole Lemaître.

C’est finalement autour de Vatican II que « Monsieur l’abbé » (ou « monsieur le curé ») cède le pas à « père » ou « mon père », dans l’usage commun pour les prêtres (et même les évêques), sauf dans les milieux traditionalistes. Mais paradoxalement, certains relèvent que « Monsieur l’abbé » passe aujourd’hui beaucoup mieux dans un contexte de laïcité… Dire « mon père » à un prêtre étant beaucoup plus engageant pour certains que de l’appeler « monsieur l’abbé ».

 

(1) « Le prêtre, témoin de la paternité de Dieu », Prêtres diocésains n° 1363, 1998.

(2) Hormis les dominicains qui se font appeler « frères ».

(3) Il a dirigé notamment un Guide pour l’histoire des ordres et congrégations religieuses, Brepols, 468 p.

 

https://www.la-croix.com/Journal/Le-titre-pere-lEglise-2018-06-16-1100947641?utm_source=Newsletter&utm_medium=e-mail&utm_content=20180616&utm_campaign=newsle

DIEU, JESUS-CHRIST, PRIERES, VOIR LE VISAGE DE DIEU

Voir le visage de Dieu

VOIR LE VISAGE DE DIEU

ton visage

 

Je voudrais voir

Dans chaque visage

Le visage de mon Dieu

 

Je voudrais voir

Dans chaque regard

Le regard de mon Dieu

 

Je voudrais voir

Dans chaque main

La  main de mon Dieu

 

Je voudrais voir

Sur la route de chaque homme

Le pas de mon Dieu

 

Je voudrais voir

Dans chaque pleur chaque sourire

Les pleurs le sourire de mon Dieu

 

Je voudrais voir

Au soir de ma vie célébrer

Les noces avec mon Dieu

 

 

©Claude-Marie T.

18 février 2018.