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A la droite du Père : les catholiques et les droites de 1945 à nos jours

À la droite du Père : Les catholiques et les droites de 1945 à nos jours 

sous la direction de Florian Michel et de Yann Raison du Cleuziou

Paris, Le Seuil , 2022. 784 pages

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Résumé

« En l’absence d’un parti confessionnel, c’est la droite qui en a tenu lieu et il n’est pas douteux que pour des générations, catholicisme et droite ont été associés en bien comme en mal », observait René Rémond. Cette dimension structurante de la vie politique française est pourtant restée un angle négligé de l’histoire contemporaine.

Du Magnificat à Notre-Dame lors de la Libération de Paris en août 1944 aux élections présidentielles de 2022, ce livre montre comment, sortant de la guerre des « deux France », les catholiques ont contribué à façonner la IVe et la V République. En 1944, les démocrates-chrétiens deviennent un parti de gouvernement. Après 1958, le gaullisme consonne avec Vatican II et un nouveau concordat semble même possible avant que l’évolution de la société ne déchire les catholiques de droite. La guerre d’Algérie et Mai 68 réarment une marge réactionnaire alors même que l’Église paraît trahir l’ordre ancien. « Dieu n’est pas conservateur », clame Mgr Marty à Notre-Dame. La droite non plus, promet Valéry Giscard d’Estaing dont la majorité composée de catholiques dépénalise l’avortement. L’élection de Jean-Paul II conforte ceux qui réprouvent ce tournant. L’ampleur des manifestations pour l’école libre en 1984 ou contre le mariage homosexuel et la PMA depuis 2013, réaffirme leur place au sein des droites. Au XXIe siècle, la visibilité croissante de l’islam exacerbe cet activisme conservateur.

Avec les meilleurs spécialistes, ce livre propose pour la première fois d’éclairer de manière croisée l’histoire des droites et celle du catholicisme. S’étendant du centre aux extrêmes, l’exploration de cet univers à la forte densité intellectuelle et d’une grande créativité militante, apporte un éclairage neuf sur la vie politique française.

Réunis autour de Florian Michel, historien, et de Yann Raison du Cleuziou, politiste, vingt-neuf chercheurs reconnus ont contribué à cet ouvrage.

https://www.la-croix.com/Religion/A-droite-Pere-ouvrage-explorant-diversite-cathos-droite-France-2022-10-21-1201238786

CHRISTIANISME, DEVELOPPEMET PERSONNEL, EGLISE CATHOLIQUE, ENNEAGRAMME, L'ENNEAGRAMME ET LE CHRISTIANISME, PSYCHOLOGIE

L’ennéagramme et le christianisme

L’ennéagramme peut-il être utilisé par les chrétiens pour mieux se connaître et se comprendre ?

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Le succès de l’ennéagramme parmi les formations chrétiennes interroge. Cette méthode, qui distingue neuf types de personnalité, vient de faire l’objet d’un livre, signé par Anne Lécu, qui alerte sur ses dangers. La religieuse dialogue ici avec Odile Cavaro, formatrice en ennéagramme, qui en souligne les bienfaits et aussi les limites.

L’ennéagramme est un outil issu du développement personnel, qui catégorise les personnalités de chacun selon neuf profils. La formatrice Odile Cavaro, qui l’utilise, et soeur Anne Lécu, qui a écrit un livre à son sujet, débattent de l’utilité ou des risques de cet outil

Ennéagramme signifie en grec « figure à neuf points ». Cette méthode, née il y a un siècle, a pour ambition de définir neuf manières d’être, neuf types de personnalités. Selon ses promoteurs, cet « outil » améliore la connaissance de soi et aide à mieux entrer en relation avec les autres. Dans le milieu chrétien, il est largement diffusé dans des centres spirituels.

La parution récente du livre de sœur Anne Lécu (1), qui est un réquisitoire contre ce « dispositif », suscite bien des réactions et interroge sur la pertinence, pour des chrétiens, d’utiliser l’ennéagramme. La religieuse, sensibilisée à la question des abus, veut être un « caillou dans la chaussure » de ceux qui plébiscitent l’ennéagramme sans s’interroger sur sa nature, ses fondements et ses dérives potentielles.

Plutôt que d’entrer dans un débat purement théorique, nous avons voulu organiser une rencontre entre Anne Lécu et Odile Cavaro, une praticienne qui organise, entre autres, des stages d’ennéagramme. Avec, pour nous, le souci d’éclairer les chrétiens qui ont entendu parler de cette méthode et qui aimeraient en savoir davantage.

Ce dialogue soulève d’autres questions, qui dépassent le cadre de cet entretien. Peut-on et doit-on utiliser, en milieu chrétien, des outils provenant du développement personnel ? Quel discernement opérer ? Ces outils peuvent-ils être importés et évangélisés afin que le croyant puisse en tirer profit ? N’alimentent-ils pas une confusion entre le domaine psychologique et le domaine spirituel, dont on ne cesse de mesurer les terribles conséquences dans les affaires d’abus qui secouent l’Église ? La vigilance est plus que jamais nécessaire.

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Qu’est-ce que l’ennéagramme ?

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Odile Cavaro : C’est un outil parmi d’autres – j’insiste vraiment sur ce point – qui permet d’éclairer nos motivations profondes. On distingue neuf grandes familles ou portes d’entrée que je peux résumer à gros traits. Celui ou celle qui emprunte la porte n° 1 a pour moteur le désir d’améliorer les choses et pense qu’on peut toujours faire mieux. Quelqu’un de la famille n° 2 a un besoin viscéral d’apporter son aide. La porte n° 3 regroupe ceux qui veulent faire plaisir ; ils déploient toute leur énergie et leur efficacité pour atteindre ce but. La n° 4 concerne les personnes sensibles à la beauté, à la profondeur de ce qui est gratuit, unique. La n° 5 rassemble ceux qui ont besoin de comprendre les choses à fond ; ils valorisent la connaissance et la précision. La porte n° 6 est celle d’une personne qui place au-dessus de tout la loyauté, l’intégrité et la fiabilité : « On doit pouvoir compter sur moi ». La n° 7 s’adresse à ceux qui voient plutôt le verre à moitié plein, qui ont une capacité à rebondir ; ils sont très actifs tant qu’ils éprouvent du plaisir. Les membres de la famille n° 8 ont besoin de protéger les autres ; ils sont des combattants pour la justice. La porte n° 9 concerne ceux qui auront à cœur de créer un climat de paix et d’harmonie, où chacun trouve sa place.

Quel en est le fonctionnement ?

  1. C. : Chacun des neuf types entretient des liens de familiarité avec d’autres profils, révélant ainsi nos qualités mais aussi nos faiblesses. Par exemple, si une personne se reconnaît dans le n° 6 (la fiabilité et la loyauté), elle entretient des liens avec le n° 9 (le désir d’harmonie) et le n° 3 (faire plaisir)… L’ennéagramme est une école d’humilité, car il révèle nos talents et nos limites. Il est aussi une école de bienveillance car, au lieu de juger les autres parce qu’ils ne fonctionnent pas comme moi, j’apprends à mieux les comprendre, et donc à mieux les accueillir tels qu’ils sont.

Qu’en pensez-vous, Anne Lécu ?

Anne Lécu : Le problème de fond avec l’ennéagramme, c’est qu’il n’a aucune base scientifique ni psychologique sérieuse. Il ne trouve pas son origine dans une prétendue sagesse ancestrale, ni de l’Égypte ancienne, ni du monde soufi, ni même des Pères de l’Église, comme l’affirment certains. Il a été inventé, au début du XXe siècle, par un gourou russe du nom de Gurdjieff, qui expliquait à ses disciples que l’humain fonctionne comme une machine. Son objectif était d’apprendre à analyser son propre fonctionnement pour s’en affranchir, et de comprendre le comportement des autres afin de les manipuler – c’est écrit noir sur blanc ! Il enseigne que l’ennéagramme explique tout ce qui existe dans le monde. Plus tard, ses vulgarisateurs sud-américains ont plaqué sur chaque numéro des catégories psychopathologiques, empruntées au manuel de psychiatrie nord-américain. Ils soutiennent que nous nous sommes constitués à partir d’une blessure d’enfance et que notre comportement est dicté par une surréaction à celle-ci…

 

En quoi est-ce problématique à vos yeux ?

  1. L. : L’ennéagramme a une visée totalisante qui prétend cartographier l’âme humaine. Il nous oblige à chausser des lunettes qui poussent à regarder le monde à travers ces neuf « cages ». C’est un système fermé sur lui-même qui risque de figer les gens dans un comportement dont ils n’arrivent plus à se défaire. Sans parler de ceux qui, pour avoir un ascendant ou une emprise sur leur entourage, étiquettent les autres en fonction de leur prétendu ennéatype.
  1. C. : Sur ce dernier point, je mets toujours en garde les stagiaires sur la tentation de typer les autres, c’est dangereusement réducteur. De la même façon, je m’abstiens de donner des indications sur le type auquel pourrait appartenir une personne. C’est à elle de mener sa propre réflexion à partir des éléments que je fournis et les questions auxquelles je réponds – sans aucune obligation d’aboutir à un chiffre précis.

 

Et par rapport aux origines de l’ennéagramme ?

  1. C. : L’ennéagramme n’est évidemment pas une science. Il s’est construit à partir d’une observation fine de l’homme et de ses comportements. Quant à Gurdjieff, il est une personnalité problématique mais il est trop facile de réduire l’ennéagramme à sa seule figure. Son apport reste minime. L’outil a bien évolué depuis sa création il y a cent ans et il est toujours en développement. On ne l’enseigne plus aujourd’hui comme il y a quarante ans.

 

Et sur la dimension psychopathologique ?

  1. C. : Je suis d’accord avec Anne Lécu. Je suis moi-même très réservée sur une interprétation de l’ennéagramme à partir de traumatismes de l’enfance. L’apport récent des neurosciences nous apprend que la formation d’une personnalité est très complexe…

Pensez-vous que l’ennéagramme a quelque chose à apporter à un chrétien ?

  1. L. : Absolument pas (rires)! Je dois vous avouer mon effarement quand je lis des publications traitant de l’ennéatype du pape François, de celui des personnages de la Bible, voire de la Trinité ! L’ennéagramme n’est pas neutre sur le plan spirituel. Il appartient aux gnoses (hérésies condamnées par l’Église au IIe siècle qui fondent le salut sur la connaissance des choses divines, réservée à quelques initiés, NDLR), comme le rappelait un document du Vatican sur la pensée new age, publié en 2003 (2). Beaucoup de catholiques ignorent ses origines ésotériques…
  1. C. : Il est important de remettre les choses à leur place : l’ennéagramme n’est pas un outil chrétien, ni un outil spirituel. Il nous fournit une meilleure connaissance de nous-mêmes et une meilleure compréhension de nos relations. Que je fasse des liens avec ma foi, cela m’appartient à titre personnel. Il est totalement compatible avec la foi chrétienne dans la mesure où il m’apprend à être plus tolérant, plus charitable envers mon prochain, en étant moins dans le jugement et davantage dans la bienveillance.
  2. L. : Je reçois des témoignages qui ne vont pas dans ce sens. Je pense à cette communauté dont les membres ont été formés à l’ennéagramme. Une religieuse témoigne de la manière dont cela a porté atteinte de façon systémique à la fraternité. Chacune s’autorise à donner des conseils « avisés » aux autres, ce qui crée un climat de suspicion et de jugement permanent…
  1. C. : D’où l’importance de tenir le cadre déontologique : ne pas typer les autres. Ce n’est pas parce qu’il y a des dérives et des abus que l’outil est mauvais en soi. Je peux utiliser un marteau pour planter un clou ou pour frapper la tête de mon voisin… Une religieuse me confiait récemment combien cet outil lui avait permis de réduire ses attentes et son niveau d’exigence vis-à-vis d’elle-même et de ses sœurs, et donc de développer des relations plus apaisées.

Que diriez-vous à quelqu’un qui veut s’inscrire à un stage pour se faire sa propre opinion ?

  1. C. : Il serait dommage de se priver d’un tel outil. Le Christ nous le dit lui-même : « Aime ton prochain comme toi-même. »C’est le projet d’une vie entière ! Avant de vous inscrire à un stage, renseignez-vous d’abord sur l’intervenant, sa formation et sa façon d’aborder l’ennéagramme. Consultez Internet, appelez-le directement, contactez des personnes qui ont suivi sa formation. Dans ce domaine, comme dans d’autres, rien ne vaut le bouche-à-oreille.
  1. L. : Je pense simplement qu’il vaut mieux ne pas faire de stage ennéagramme. Faire un stage met insidieusement en tête une sorte de filtre qui entraîne à regarder le monde à travers neuf cases. Multiplier les stages d’approfondissement est encore plus préoccupant car on s’enferme dans cette logique.

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Anne Lécu est une religieuse dominicaine et médecin, elle vient de publier le livre L’Ennéagramme n’est ni catho, ni casher. / EMELINE SAUSER POUR LA CROIX

Anne Lécu, vigie sur les abus dans l’Église

Anne Lécu est religieuse dominicaine, médecin généraliste à la prison des femmes de Fleury-Mérogis (Essonne). Elle est membre de la cellule « Emprise et dérives sectaires dans l’Église catholique » de la Conférence des évêques de France. Constatant la diffusion de l’ennéagramme en milieu chrétien, elle s’est intéressée à ce « dispositif » dans le cadre d’un diplôme universitaire sur l’emprise. La Miviludes, l’organisme gouvernemental de lutte contre les dérives sectaires, alerté par l’inflation de ces formations en entreprise, a encouragé la religieuse à en approfondir l’étude. Anne Lécu vient de publier le résultat de ses recherches dans son livre L’Ennéagramme n’est ni catho, ni casher (Éditions du Cerf).

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Odile Cavaro utilise l’ennéagramme parmi d’autres outils lors de ses formations en relations humaines. / EMELINE SAUSER POUR LA CROIX

Odile Cavaro, formatrice en relations humaines

Formatrice en relations humaines, Odile Cavaro propose l’ennéagramme et d’autres outils (communication, écoute active, gestion des émotions et des conflits) à des associations confessionnelles ou non. Pour la partie chrétienne, cette déléguée diocésaine au diaconat en Charente-Maritime (avec son mari diacre et médecin de campagne) intervient notamment auprès du Secours catholique, des Associations familiales catholiques, de la Congrégation des filles du cœur de Marie, du centre spirituel ignatien Sainte-Ursule en Indre-et-Loire… Formée à l’Institut français de l’ennéagramme, elle estime avoir initié environ 700 personnes à cet outil.

(1) L’Ennéagramme n’est ni catho, ni casher, Éditions du Cerf

(2) Jésus-Christ le porteur d’eau vive, par le Conseil pontifical de la culture et le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Disponible sur vatican.va

SOURCE La Croix du 12/05/2023

EGLISE CATHOLIQUE, LA DIFFERENCE SEXUELLE CHEZ LES CATHOLIQUES, LE GENRE CHEZ LES CATHOLIQUES

La question du genre et de la différence sexuelle chez les catholiques

Les catholiques se reposent la question du genre et de la différence sexuelle6-v3_0

Pendant le Carême, La Croix se penche sur l’histoire du christianisme et sur son rapport au corps. Affirmation des différences sexuelles, quête du féminin, lutte pour l’égalité : les débats qui agitent les catholiques reflètent ceux de la société.

Il y a quelques mois, au sein d’un groupe de prière de l’Emmanuel prisé des étudiants parisiens, est né un petit groupe « Église et féminisme ». Il est composé d’un prêtre, de plusieurs étudiantes et d’un étudiant. À l’origine, Perla, 22 ans, avait partagé son indignation avec sa cousine en voyant qu’aucune femme ne distribuait la communion. Marie, 22 ans, ressentait aussi un malaise grandissant en constatant « les rôles attribués aux femmes et aux hommes dans l’Église » selon une certaine idée « du féminin et du masculin » dans laquelle elle ne se reconnaissait pas. Elle n’osait pas en parler. « Je craignais que ce que je ressentais ne m’éloigne de la foi », se souvient-elle.

Percevant ce malaise, le père Augustin Servois leur a proposé d’en parler. Chaque mois, ils se réunissent pour prier et échanger librement autour d’un thème choisi par chacun, comme « la lecture féministe de la Bible », ou « la différence de genre dans la religion chrétienne »De diverses manières, les questions de genre qui se posent de manière aiguë dans la société, notamment depuis le mouvement #MeToo, interpellent les milieux d’Église, au point de paraître aujourd’hui incontournables. Bousculée par ces questionnements, la vision du corps et de la différence sexuelle au sein de l’Église est tantôt réaffirmée, tantôt repensée ou remise en question, au sein de différentes sensibilités ecclésiales.

Servantes d’assemblées et pèlerinages d’hommes

Ces questionnements agitent d’autant plus l’Église qu’ils ne sont pas anodins pour elle. « Les questions de genre et de sexualité sont fondamentales dans l’édifice ecclésial », analyse Josselin Tricou, sociologue spécialiste du genre dans l’Église, en évoquant le volume de textes produits par le Vatican sur ce sujet depuis les années 1990, pour dénoncer notamment l’« idéologie du genre » et défendre une « anthropologie chrétienne »« Une sorte de nœud se joue sur la question de l’autodétermination des corps et des sexualités », ajoute-t-il.

Sur le terrain, certaines paroisses réservent aux filles un nouveau rôle de « servantes d’assemblée », et des parcours adressés spécifiquement aux hommes et aux femmes se multiplient, parfois sous la forme de pèlerinages. Arnaud Bouthéon, cofondateur du Congrès Mission, témoigne du succès du pèlerinage des pères de famille qui rassemble aujourd’hui selon lui entre 15 000 et 20 000 hommes par an lors de 70 marches. « Certains ressentent un réel besoin de se retrouver entre hommes pour faire tomber les masques et briser les armures », déclare l’organisateur pour qui « ce sont des moments de respiration, qui permettent de partager les difficultés et les actions de grâce. »

Claire de Saint-Lager, autrice et fondatrice de Isha formation, propose aussi des parcours destinés aux femmes et aux adolescentes pour « oser être femme et oser être soi. »« Le but n’est pas d’essentialiser l’homme ou la femme, précise-t-elle. Mais nous avons une expérience incarnée : un homme n’expérimentera jamais le cycle féminin et donc une certaine variation émotionnelle par exemple. » Pour elle, l’expérience du corps sexué influe sur l’identité de genre, même si hommes et femmes ont en eux une part de féminin – caractérisée selon elle par l’intériorité, la spiritualité, l’intelligence du lien – et de masculin : « Les femmes n’ont pas le monopole du féminin mais elles y sont reliées de façon plus immédiate », développe-t-elle.

« L’argument de la différence est souvent utilisé pour justifier l’inégalité des droits. »

Une partie des mouvements féministes en Église font de l’exigence de justice une priorité, devant la question du corps ou de la différence. Ainsi, le Comité de la Jupe, qui milite pour l’égalité des droits et des responsabilités dans l’Église, ne mentionne pas le corps dans ses statuts. « Je dénonce dans l’Église l’imposition d’un statut uniforme aux femmes à partir de leur corps », annonce Anne Soupa, bibliste et cofondatrice du Comité. « La manière dont les femmes habitent leur corps est très diverse, et ne se réduit pas à une norme », appuie-t-elle. S’il est pour elle légitime de parler du corps, elle pose toutefois une consigne de prudence : « L’argument de la différence est souvent utilisé pour justifier l’inégalité des droits. » Elle oppose ainsi au discours de l’Église sur la différence des fonctions « l’égalité complète des baptisés » « Je pars du principe que nous sommes des êtres humains avant d’être des êtres sexués. »

À l’autre bout du spectre, certaines catholiques se revendiquent de la théologie queer et remettent en cause les distinctions de genre, sans toutefois nier le corps. « La sexualité et le genre se construisent, ce n’est pas un donné qui va se développer selon un programme », expose Anne Guillard, doctorante et cofondatrice du podcast catholique et féministe Oh My Goddess, qui propose notamment des commentaires d’Évangile par des personnes « invisibilisé.es dans l’Église »« Peut-être que pendant des années, nous avons construit deux catégories parce qu’elles nous étaient utiles, mais la réalité est beaucoup plus plastique », juge celle qui estime que « ce sont aussi nos relations qui nous déterminent et pas seulement un code génétique ».

 « La recomposition des identités de genre est arrivée tardivement dans l’Église, par le biais des associations de catholiques homosexuels », observe l’historien Paul Airiau. « Elle commence à poser des questions théologiques au moment où Jean-Paul II a réaffirmé fortement la distinction et la complémentarité entre l’homme et la femme et où l’on voit réapparaître des pastorales destinées à un genre ou un autre. Ces pastorales ne sont pas seulement une réaction aux questions de genre présentes dans la société, mais s’expliquent aussi par les questionnements existentiels de catholiques formés dans les années 1990. À ce moment du cycle de leur vie, ils cherchent des réponses religieuses à leurs questions sur ce qu’est être un père ou un éducateur, par exemple. »

Le sujet de la différence sexuelle ressurgit aussi à travers la question transgenre, à laquelle sont confrontées des familles catholiques. Les Guides et Scouts de France ont ainsi lancé un chantier de réflexion sur le sujet. Pour répondre à des demandes de l’enseignement catholique, un groupe d’enseignants en théologie à l’Institut catholique de Paris a également commencé à y travailler.

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Quelques définitions

Genre : Selon la politologue Lorena Parini, le concept de genre est « une catégorie d’analyse qui rassemble en un seul mot un ensemble de phénomènes sociaux, historiques, politiques, économiques, psychologiques qui rendent compte des conséquences pour les êtres humains de leur appartenance à l’un ou à l’autre sexe. »

Queer : Ce mot anglais signifiant « bizarre, étrange », désigne une personne qui ne s’identifie à aucune catégorie relative à son orientation sexuelle et à son identité de genre.

Transgenre : Se dit d’une personne dont l’identité de genre n’est pas en adéquation avec le sexe assigné à sa naissance.

https://www.la-croix.com/Religion/catholiques-reposent-question-genre-difference-sexuelle-2023-03-30-1201261372

CARÊME 2023, CAREME, EGLISE CATHOLIQUE, JEAN PAUL II, LA THEOLOGIE DU CORPS SELON JEAN-PAUL II, THEOLOGIE, THEOLOGIE DU CORPS

La théologie du corps selon Jean-Paul II

La « théologie du corps » de Jean-Paul II, une vision de la sexualité audacieuse mais idéalisée

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Entre 1979 et 1984, le pape Jean-Paul II a proposé chaque mercredi une catéchèse autour du couple, de la sexualité et du mariage. Si des catholiques ont trouvé dans cette « théologie du corps » un enseignement éclairant leur vie conjugale, d’autres en pointent les limites. Corps et âme (5/6)

Carême 2023 : corps et âme

Épisode 8/12

Mercredi 5 septembre 1979, place Saint-Pierre à Rome. Les pèlerins qui affluent au petit matin pour l’audience générale ne savent pas que Jean-Paul II compte leur parler ce jour-là du couple et du mariage. Ce sera la première des 129 catéchèses données par le pape polonais, chaque mercredi, jusqu’en novembre 1984. Elles forment ce qu’il est convenu d’appeler sa « théologie du corps », qui est surtout une théologie de la sexualité et de la conjugalité.

L’intérêt de Jean-Paul II pour ces questions remonte loin : aux premières années de son ministère quand il était aumônier d’étudiants, puis à son enseignement en théologie morale à l’Université catholique de Lublin (Pologne). « L’amour humain a toujours passionné Jean-Paul II, dès les tout débuts de son ministère de prêtre, dans l’accompagnement des jeunes et des fiancés, de qui, de son aveu, il a tout appris, souligne François de Muizon, philosophe et professeur de théologie à l’Université catholique de l’Ouest (UCO) (1). Dès les années 1950, il a fait preuve d’une grande audace pour aborder le corps et la sexualité, avec les ressources de la sexologie et de la psychologie, qu’il a intégrées au dynamisme global de la personne. C’était très novateur pour un prêtre, en Pologne et avant le Concile, d’aborder ces sujets-là. »

« Le corps est considéré comme expression de la personne »

Ces catéchèses sont aussi une manière de répondre aux débats, et même au scandale, provoqués parmi les catholiques par l’encyclique Humanae vitae (1968), qui a condamné les moyens modernes de contraception. « La théologie du corps de Jean-Paul II est en fait une réécriture d’Humanae vitae, à partir du concept de personne humaine préféré à celui de loi naturelle, devenu difficile à comprendre », explique la théologienne Francine Charoy, ancienne enseignante de théologie morale à l’Institut catholique de Paris (ICP).

Ce travail de reformulation passe par une méditation très personnelle de l’Écriture, notamment de la Genèse, des prophètes, du Cantique des Cantiques et du Livre de Tobie. S’y mêlent des influences philosophiques empruntant au personnalisme de Max Scheler et à la phénoménologie, « où le corps est considéré comme expression de la personne, manifestation de l’invisible, corps-sujet, corps signifiant et langage, et pas seulement corps-objet ou organisme », indique François de Muizon. Son enseignement est également nourri de références à la spiritualité de Jean de la Croix et à « la nuptialité de l’amour ».

Une méditation sur la condition humaine originelle

Que contient la « théologie du corps » ? Elle commence par une méditation sur la condition humaine originelle « dont nous gardons un écho en nous sous la forme d’une aspiration fondamentale à aimer et à nous donner », explique François de Muizon. Le corps sexué est considéré comme portant la trace du Créateur, comme langage du Créateur et de la personne.

Le propos se prolonge ensuite avec une méditation sur la condition historique, où l’homme et la femme apparaissent marqués par le péché, qui se manifeste dans la tentation d’instrumentaliser le corps et d’en faire un objet de convoitise. Elle se poursuit par une réflexion sur la « condition glorieuse » à venir des corps dans la résurrection.

 Jean-Paul II entend ainsi répondre au contexte culturel de la libération sexuelle, mais aussi à ceux qui, au sein du christianisme, portent encore un regard condescendant sur la sexualité. Il veut proposer un discours qui mette fin au soupçon pesant sur le corps, au dualisme entre corps et esprit, et reconnaisse pleinement le mariage comme un chemin de sainteté. Mais son discours entend aussi fixer la norme de l’amour humain authentique.

 « Jean-Paul II procède à un travail de renforcement de la doctrine. Il n’hésite pas à aller plus loin qu’Humanae vitae, en affirmant qu’une union sexuelle qui n’est pas ouverte à la vie n’est pas une relation authentiquement humaine, fait remarquer Francine Charoy. En affirmant que les époux rejouent dans l’acte sexuel l’acte créateur, ce discours donne à la sexualité un sens profond, mais aussi éminemment normatif. »

« Un discours un peu iréniste »

De fait, la « théologie du corps » laisse dans l’obscurité tout ce qui sort de la norme du mariage unique, hétérosexuel et indissoluble : la sexualité hors mariage, la réalité des divorcés remariés et des célibataires, l’homosexualité…

 « On est dans un discours idéalisé et un peu iréniste, comme si la sexualité était une réalité sans ombres, objectivable et maîtrisable par le savoir ou l’effort sur soi, relève le psychanalyste Jacques Arènes. Ce discours ne tient pas compte de la pulsion de mort qui la traverse. Il passe aussi sans cesse de ce qui est “souhaitable” à ce qui serait “sacré”. Ce qui fait peser un poids énorme sur les épaules des catholiques et peut susciter une angoisse terrible de ne pas être “à la hauteur’’. »

Dans sa recherche, Jean-Paul II mobilise les Écritures, mais il met en œuvre une lecture qui privilégie ce qui vient conforter la doctrine, sans relever les dissonances ou les silences qui pourraient la nuancer. Quitte parfois à tordre les textes. Dans son interprétation de la Genèse, il lie ainsi la bénédiction d’Adam et Ève à celle de leur fécondité. Il propose aussi une méditation sur la solitude originelle de l’homme, qui questionne des théologiens.

Une théologie qui mériterait d’être l’objet de discussions paisibles

« Cela a de grandes implications pour le statut des femmes, fait remarquer le théologien Philippe Bordeyne. Quand vous partez d’une solitude originelle et non d’une relation originelle entre l’homme et la femme, vous avez beaucoup plus tendance à développer la spécificité du féminin à partir d’une reconstruction masculine. C’est en quelque sorte une autoroute pour une pensée patriarcale. »

Quarante ans après sa formulation, cette théologie du corps mériterait d’être l’objet de discussions critiques paisibles. « C’est malheureusement souvent impossible. Si on la discute, on passe pour ne pas l’avoir lue ou comprise », regrette Francine Charoy.

 La crise des abus sexuels dans l’Église devrait pourtant rendre ce travail incontournable, tant son langage a pu être dévoyé par les abuseurs, dont certains furent des proches de Jean-Paul II. « Toute cette théologie du corps, qui a fait vibrer beaucoup de clercs, a été le royaume de la perversion pour des abuseurs, poursuit la théologienne. Des victimes ont été confrontées au renversement complet de son discours sur la donation totale par la sexualité. »

 

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Pour aller plus loin

La Théologie du corps, Jean-Paul II, Cerf, 2014, 784 p., 39 €.

Quelle éthique théologique de la procréation et de la filiation pour les débats actuels ?, Bruno Saintôt, Revue d’éthique et de théologie morale, n°297, mars 2018.

L’invention chrétienne du corps, Adolphe Gesché, Revue théologique de Louvain, n°2, 2004.

Eros enchaîné. Les chrétiens, la famille et le genre, André Paul, Albin Michel, 2014, 320 p., 20 €

Après la CIASE, penser ensemble l’Église et l’éthique des relations, Revue d’éthique et de théologie morale, n°317, février 2023.

Un corps pour se donner. Aimer en vérité selon Jean-Paul II, Mame, 160 p.

https://www.la-croix.com/Religion/theologie-corps-Jean-Paul-II-vision-sexualite-audacieuse-idealisee-2023-03-23-1201260376

AU XXè SIECLE LE CHRISTIANISME FAIT DU CORPS LE LIEU DE SAINTETE DES EPOUX, CARÊME 2023, CAREME, EGLISE CATHOLIQUE

AU XXè SIECLE LE CHRISTIANISME FAIT DU CORPS LE LIEU DE SAINTETE DES EPOUX

 « Au XXe siècle, le christianisme fait du corps le lieu de sainteté des époux »

Pendant le Carême, La Croix se penche sur l’histoire du christianisme et sur son rapport au corps. Cette semaine, le XXe siècle, ou le déploiement de la spiritualité conjugale et la revalorisation de la sexualité. Corps et âme (4/6)

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Historien du catholicisme, chargé de recherche pour la Ciase

La Croix : La crise que traverse l’Église pose des questions plus profondes sur le rapport des catholiques au corps. De quoi sommes-nous héritiers ? Au XXe siècle, comment le rapport au corps change-t-il ?

Paul Airiau : Le XXe siècle est marqué par une prise en compte plus positive du corps dans le christianisme. Il n’est pas seulement un tombeau, comme le laissait entendre une pensée pessimiste, mais il a une fonction propre pour la croissance spirituelle et pour l’épanouissement de la personne.

Cette nouvelle valorisation s’observe dès la fin du XIXe siècle, en premier lieu dans l’intégration de la pratique sportive. Au début, certains milieux catholiques résistent à admettre qu’il puisse y avoir une beauté, une légitimité et même une recherche de performance dans l’action de la chair, mais cette dimension va l’emporter, d’autant qu’une telle vision rejoint la dimension de l’ascèse dans la vie chrétienne dont saint Paul parle en partant de l’image des athlètes s’entraînant au stade. Le sport s’inscrit ainsi dans la continuité d’une idée chrétienne très ancienne. S’appliquer à l’effort en bordant sa volonté, en renonçant à des satisfactions pour obtenir un but… Il véhicule une dimension presque pénitentielle facilement intégrable dans un discours chrétien.

Le christianisme est ainsi un des acteurs importants de la valorisation de l’effort physique par le biais du corps dans la société, au XXe siècle, en particulier à travers l’essor des patronages qui proposent de la gymnastique et d’autres pratiques sportives aux jeunes. La devise des Jeux olympiques – « citius, altius, fortius » (« plus vite, plus haut, plus fort ») est d’ailleurs inspirée par un dominicain, le père Didon, proche de Pierre de Coubertin.

L’autre domaine dans lequel on observe une revalorisation du corps à cette époque, c’est celui de la vie conjugale, en particulier dans sa dimension sexuelle, comme lieu de sainteté du couple.

La spiritualité conjugale est-elle une nouveauté au XXe siècle ?

  1. A. : C’est une tradition en réalité beaucoup plus ancienne (1). Dès les années 1620-1630, apparaît un discours inspiré par François de Sales (1567-1622), porté par des clercs mais aussi des laïcs qui prodiguent des conseils sur la manière de se sanctifier dans le mariage, et dans l’harmonie du corps – même si ce n’est pas dit aussi clairement.

Cette tradition est mise sous le boisseau après 1750, à la période dite du jansénisme, mais elle ne disparaît jamais totalement, d’autant qu’une partie des manuels du XVIIe siècle destinés aux couples sont réédités jusqu’au milieu du XIXe siècle ; et parce qu’elle va rencontrer la thématique de l’amour romantique qui est le propre de la modernité à partir des années 1750.

À quel moment est-ce formalisé sous le terme de spiritualité conjugale ?

 

  1. A. : De manière explicite, pas avant les années 1930-1940, avec l’abbé Viollet, puis avec l’abbé Caffarel, qui fonde la revue L’Anneau d’or et les Équipes Notre-Dame. C’est le moment où, très explicitement, est assumée par une partie des militants catholiques et du clergé, l’idée que le mariage étant un sacrement, le couple – et pas seulement la famille – est le lieu de réalisation de la sainteté des époux… Et que la relation sexuelle entre conjoints est elle aussi destinée à construire cette sainteté.

Dans les années 1920-1930 déjà, on repère ces thématiques en particulier dans des lettres adressées à l’abbé Viollet, le fondateur de l’Association du mariage chrétien (2) : des militants catholiques sont confrontés à la question de la limitation des naissances à une époque où le discours catholique est désormais nataliste – ce qui n’était pas tout à fait le cas précédemment. Ces catholiques témoignent du fait que ce qui est le propre du couple, ces moments d’intimité physique, sont bons pour leur vie de couple non pas seulement pour le plaisir qu’ils y prennent mais aussi pour leur équilibre psychologique, pour le renforcement de leur union spirituelle, etc.

L’Église, au fond, a vécu sa révolution sexuelle au XXe siècle ?

  1. A. : Elle a vécu une forme de révolution sexuelle qui n’est pas celle du reste de la société mais elle n’en a jamais été autonome de toute façon… Il y a des formes d’intégration de la jouissance dans le catholicisme dès les années 1930.

En quoi cette vision renouvelée du corps a-t-elle un impact sur la vie religieuse ?

  1. A. : L’impact est fort en ce sens que les religieux, célibataires et continents, sont exclus de la valorisation de la vie de couple marié. Or elle peut être mise au même niveau de réalisation de sainteté qu’une vie ascétique, pénitente et continente de religieux ou de prêtres. L’idée que le choix de la continence est une voie supérieure, privilégiée d’accès au salut est ainsi battue en brèche, alors qu’elle prédominait au moins depuis Tertullien (vers 220 après J.-C.). C’est la remise en cause d’une tradition bien ancrée, portée par les clercs…

Eux-mêmes, du reste, réinterrogent leur tradition de pratiques ascétiques et quasiment d’identités de genre dans les années 1960-70… Est-on vraiment homme et femme de ce temps en étant chaste et continent alors qu’on est religieux ? La consécration religieuse implique-t-elle une castration amoureuse ? Se développe la théorie de la « troisième voie ».

C’est-à-dire ?

  1. A. : C’est l’idée que le religieux s’engage à être continent mais que cela n’empêche pas d’être amoureux, et bien plus, que cette relation amoureuse doit servir à la croissance spirituelle. Il y a une sorte de « conjugalisation » de la vie religieuse : un religieux aura une religieuse dont il sera amoureux et réciproquement, et leur amitié amoureuse leur permettra de croître vers la sainteté. C’est à l’époque une manière de récupérer le discours sur la vie conjugale, ou tout un discours plus ancien sur l’amitié spirituelle, au profit de conditions nouvelles et d’équilibre psychologique individuel.

Ce qui permet aussi le passage à des pratiques sexuelles plus ou moins acceptées dans certains cas, avec cette idée que « Oui, on aura des échecs, on va coucher ensemble mais à terme on réussira à être un religieux et une religieuse continents, nous aimant chastement pour la gloire de Dieu ». Par exemple, dans les années 1980, un prêtre, à la fin d’une conférence sur la spiritualité conjugale, a vu venir à lui un prêtre et une religieuse, qui le remercièrent d’avoir mis des mots sur ce qu’ils vivaient. Ils étaient tombés amoureux et avaient en toute bonne conscience des relations sexuelles. Le fait même que le Saint-Siège ait rappelé fortement dans les années 1990 ce qu’est la continence religieuse dit bien qu’un problème se posait. Mais la théorisation la plus nette a été celle de « l’amour d’amitié » du père Marie-Dominique Philippe…

  

Mais avec le père Philippe, on parle d’abus…

  1. A. : Oui (même s’ils ne sont pas toujours vécus comme tels par les victimes). Et lorsque sœur Noëlle Hausman, théologienne spécialisée dans la vie consacrée, rappelle que le célibat consacré, par principe, n’est pas compatible avec une « troisième voie », et que la direction spirituelle est un lieu de potentiels abus, elle a parfaitement raison (3).

 

La direction spirituelle au cours de laquelle le prêtre se présente comme un révélateur ou un guérisseur de la féminité de la religieuse ou de la femme qu’il accompagne, c’est une source d’abus qu’on retrouve régulièrement dans les archives, par exemple chez les jésuites dès les années 1960. Ce n’est pas du tout limité aux communautés nouvelles.

Paul Airiau, un expert sollicité par la Commission Sauvé

Pendant deux ans, Paul Airiau a participé à l’équipe de recherche socio-historique de la Commission Sauvé sur les abus dans l’Église. Une plongée dans les archives ecclésiales et diocésaines qui lui a permis d’ « apprendre énormément » sur l’Église et son rapport à la sexualité, de confirmer aussi des intuitions nées de ses recherches antérieures.

Passionné par son sujet, cet agrégé et docteur en histoire de 51 ans s’est spécialisé dans la recherche sur l’identité sacerdotale aux XIXe-XXIe siècles, le catholicisme apocalyptique et les systèmes de croyance et de culture catholiques. Il a consacré sa thèse de doctorat au Séminaire français de Rome à l’époque de l’abbé le Floch (1904-1927), qui vit passer les futurs ténors du traditionalisme français. Il enseigne par ailleurs en classes préparatoires, au lycée Chaptal à Paris. Marié et père de neuf enfants, Paul Airiau est membre de la communauté Aïn Karem.

Henri Caffarel, un précurseur

  1. Naissance à Lyon.
  2. Ordination à Paris.
  3. Première rencontre des Équipes Notre-Dame (END), qu’il fonde pour répondre à l’appel de couples voulant vivre le sacrement de mariage. Il développe alors toute une théologie du mariage.
  4. Fondation de la revue L’Anneau d’Orsur la spiritualité conjugale. Il s’intéresse à la vie conjugale, mais surtout à la réalité de la vie spirituelle du couple, estimant que le mariage est un lieu de sainteté.
  5. Fondation de la revue Cahiers sur l’oraison.
  6. Il quitte de lui-même son service des END.
  7. Mort à Troussures (Oise) où il a fondé une « Maison de prière ».
  8. Ouverture de sa cause de béatification, qui sera déposée à la Congrégation des causes des saints à Rome en novembre 2014.

(1) Voir Agnès Walch, La Spiritualité conjugale dans le catholicisme français, XVIe-XXe siècle. Paris, Cerf, 2002

(2) Martine Sevegrand, L’Amour en toutes lettres. Questions à l’abbé Viollet sur la sexualité (1924-1943), Paris, Albin Michel, 1996.

(3). Noëlle Hausman, « Former en prévenant les abus. Démaîtrise et responsabilité ecclésiale », Nouvelle revue théologique, 2018/1, p. 55-73

https://www.la-croix.com/Religion/Au-XXe-siecle-christianisme-fait-corps-lieu-saintete-epoux-2023-03-16-1201259393

AU XIXè SIECLE L'EGLISE CHERCHE A CONTRÔLER LA SEXUALITE, CARÊME 2023, CAREME, EGLISE CATHOLIQUE

AU XIXè siècle l’Eglise cherche à contrôler la sexualité

Caroline Muller, historienne :

« Au XIXe siècle, l’Église cherche à contrôler la sexualité »

Pendant le Carême, La Croix se penche sur l’histoire du christianisme et sur son rapport au corps. Cette semaine, Caroline Muller, historienne spécialiste du catholicisme et du genre à l’université Rennes 2, analyse le discours de l’Église sur le corps au XIXe siècle. Corps et âme (3/6)

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« Le principal moyen » de l’Église pour exercer un contrôle la sexualité des fidèles « est la confession », selon l’historienne Caroline Muller.DOMINIKA – STOCK.ADOBE.COM

 

La Croix : Au XIXe siècle, quel discours l’Église tient-elle sur la sexualité ?

Caroline Muller : Le dogme ne change pas. La sexualité détachée d’un but procréatif est condamnée au XIXe siècle, mais elle l’était déjà aux siècles précédents. La grande évolution concerne donc le discours délivré aux fidèles, c’est-à-dire la pastorale. Vers les années 1860-1870, on a clairement pris conscience que de nombreux couples, en particulier en France, régulent les naissances au sein de leur foyer. Les « funestes secrets » de la contraception – c’est-à-dire essentiellement la connaissance du coitus interruptus – se sont répandus et la société française connaît une évolution malthusienne avant les autres pays européens. Face à cette situation, Rome demande aux curés de rappeler quelles sont les exigences de l’Église sur ce point. On assiste donc à un très net durcissement pastoral sur la sexualité. Cela entraîne régulièrement des tensions avec les fidèles, car nombreux sont ceux qui ne souhaitent pas qu’un prêtre leur dise ce qu’ils doivent faire dans leur chambre à coucher… Et qui ont encore moins envie de se conformer aux prescriptions !

Comment l’Église cherche-t-elle à exercer ce contrôle sur la sexualité des fidèles ?

  1. M. : Le principal moyen est la confession. On ne s’est jamais autant confessé qu’au XIXe siècle. Lorsqu’ils reçoivent les pénitents, les prêtres posent donc désormais un certain nombre de questions précises sur le comportement sexuel. L’enseignement de l’Église est rappelé à ceux qui l’enfreignent et des pénitences sont imposées. Puisque les hommes se confessent plus rarement et acceptent moins de se soumettre au prêtre, on développe aussi une pastorale spécifiquement masculine qui passe par des « causeries ». Le prêtre profite de discussions anodines, dans lesquelles il n’occupe pas une position d’autorité, pour prodiguer ses conseils… Enfin, la production d’écrits est un autre grand moyen employé par l’Église pour normer les comportements. Des dizaines de romans édifiants et de manuels de bonne conduite sont produits afin de promouvoir une culture catholique du corps.

Pourquoi ce contrôle de la sexualité a-t-il une si grande importance pour l’Église au XIXe siècle ?

  1. M. : On peut d’abord dire que l’Église se concentre sur la sphère de l’intime au moment où le pouvoir politique lui échappe. Cela est particulièrement vrai en France, et notamment sous la IIIeRépublique. Cependant, on peut aller plus loin en disant qu’existe un objectif de reconquête démographique. En incitant les familles catholiques à avoir beaucoup d’enfants, on espère que le catholicisme pourra à terme accroître son influence sur la société. Cependant, il ne faut pas imaginer que l’Église espère ainsi obtenir des vocations plus nombreuses. Au XIXesiècle, le nombre de clercs est largement suffisant pour couvrir les besoins. Le but est plutôt de favoriser la montée en puissance numérique des laïcs catholiques qui contribueront à faire évoluer la société dans un sens favorable à l’Église.

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Pour aller plus loin

Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello ont dirigé une très riche Histoire du corps en trois volumes, parue au Seuil entre 2005 et 2006. Cette somme contient, pour les différentes périodes de la Renaissance jusqu’à nos jours, des chapitres consacrés aux rapports que le christianisme entretient avec le corps.

Sur le discours de l’Église à propos de la sexualité au XIXe siècle, on lira avec profit l’ouvrage de Caroline Muller Au plus près des âmes et des corps (Puf, 2019), un livre qui se penche notamment sur les questionnements spirituels des hommes et ces femmes de ce temps à propos de leur vie intime.

https://www.la-croix.com/Religion/Caroline-Muller-historienne-XVIe-XVIIe-siecles-lEglise-cherche-controler-sexualite-2023-03-09-1201258439

AUX XVIè ET XVIè SIECLES SOUFFRIR POUR GAGNER LE CIEL, CARÊME 2023, CAREME, EGLISE CATHOLIQUE

Aux XVIè et XVIIè siècles, souffrir pour gagne le ciel

Aux XVIe et XVIIe siècles, souffrir pour gagner le ciel

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Pendant le Carême, La Croix se penche sur l’histoire du christianisme et sur son rapport au corps. Cette semaine, les XVIe et XVIIe siècles, grande époque de l’exaltation de la souffrance. Corps et âme (3/6)

Au cours des siècles, le dogme de l’Incarnation a conféré une importance considérable au corps dans le christianisme.ELOÏSE

« Et homo factus est » – « Et il s’est fait homme » : en prononçant ces quelques mots du Credo, les chrétiens se souviennent que le Christ « a pris chair de la Vierge Marie ». Au cours des siècles, le dogme de l’Incarnation a ainsi conféré une importance considérable au corps dans le christianisme.

Sur ce sujet, une période singulière s’ouvre dans l’histoire de l’Église catholique à la fin du XVIe siècle et surtout au XVIIe siècle : c’est la grande époque d’une exaltation de la souffrance physique qu’on appellera plus tard « dolorisme ». L’atmosphère de Contre-Réforme y contribue assurément : en acceptant, voire en recherchant les tourments du corps, on témoigne en effet des vertus héroïques du catholicisme dont seraient privés les hérétiques protestants.

Éloigner les tentations et expier ses péchés

L’heure est donc à célébrer la douleur car elle est un moyen de s’approcher de Dieu. Il existe un triple fondement à cette idée. Souffrir est d’abord un moyen de dresser le corps afin d’éloigner les tentations. Les tourments endurés dans sa chair sont ensuite un moyen d’expier ses péchés pour gagner le Ciel. Enfin, l’Église insiste sur les incommensurables souffrances infligées à Jésus sur la croix ; de nombreux catholiques entendent donc vivre dans leur chair les douleurs endurées par le Christ. On souhaite « s’incorporer au Christ », pour reprendre les mots de l’historien Jacques Gélis (1).

Dans les siècles précédents, c’est le martyre qui permettait de participer pleinement à la Passion. Avec la fin de la Reconquista et l’épuisement de la croisade, les occasions de mourir pour la foi se font désormais rares. La mortification apparaît alors comme le moyen privilégié d’accompagner le Christ dans son supplice. Au « martyre rouge » se substitue le « martyre blanc » que l’on s’inflige à soi-même dans le secret.

Ascèse alimentaire, réveil en pleine nuit…

Les ouvrages de piété évoquent les multiples manières de se mortifier. On pratique l’ascèse alimentaire, en se privant de nombreux aliments. On porte une robe de bure qui irrite la peau, et le cilice qui fait couler le sang. On se couche à même la pierre, la terre battue. On se réveille en pleine nuit, aux heures où le démon rôde, pour se donner la discipline avec des verges. Pour éteindre le feu de la concupiscence, certains s’immergent dans l’eau glacée.

Au milieu du XVIIe siècle, le pénitent breton Pierre de Keriolet se jette ainsi dans une fosse ennoyée avant de marcher pendant des heures dans un froid glacial en portant ses vêtements humides. Précisons ici une chose : si des laïcs nombreux s’infligent des souffrances volontaires, ce sont les religieux qui poussent le plus loin les exigences de la mortification.

Le cas de Véronique Giuliani, religieuse italienne

Vouloir participer aux souffrances du Christ peut conduire à ce que les traces visibles de la Passion se manifestent dans le corps. Le XVIIe siècle est le grand siècle des stigmatisations. Plusieurs auteurs de l’époque les recensent, aboutissant à des chiffres qui vont d’une dizaine de cas à plus de trente. Cette multiplication des stigmatisations va de pair avec l’essor du courant mystique.

À la fin du XVIIe siècle, Véronique Giuliani, religieuse italienne de 33 ans – l’âge du Christ sur la croix – voit ainsi apparaître autour de sa tête un cercle rouge bosselé sur lequel se distinguent des taches en forme d’épines : c’est la couronne de la Passion. Quelques mois plus tard, le Vendredi saint de l’année 1697, le Christ lui apparaît. Il lui demande ce qu’elle désire, elle répond qu’elle souhaite être crucifiée avec lui. Les cinq plaies du Christ se forment alors sur son corps.

La souffrance comme extase

Un autre phénomène mystique dans lequel la souffrance physique occupe une place essentielle est caractéristique de la période : la transverbération. C’est ce qu’a connu Thérèse d’Avila (1515-1582). La carmélite raconte qu’un rayon de lumière ardente s’est enfoncé dans ses chairs comme une lame. « La suavité de cette immense douleur, note sainte Thérèse, est si excessive qu’on ne peut désirer qu’elle s’apaise. » La souffrance, chez la mystique espagnole, participe à l’extase.

Dans certains cas, transverbération et stigmatisation vont de pair. C’est ce qui arrive à la mère Marie-Magdelaine de la Très Sainte Trinité. Son biographe, le père Piny, écrit que son corps, marqué comme l’est celui du Christ, fait d’elle « une copie achevée de lui-même quand il fut cloué sur la croix ». Suprême accomplissement.

Tout ce qui affaiblit le corps élève l’âme

L’exaltation de la souffrance conduit aussi à regarder positivement la maladie. Elle permet d’abord de se préserver de la faute. Le jansénisme, spécialement intransigeant dans ses exigences morales, contribue à cette valorisation des pathologies du corps. Antoine Arnauld, l’un des principaux chefs de file de ce courant, explique ainsi doctement que « le feu brûlant d’une fièvre éteint un autre feu plus brûlant qui est celui des passions ». Dans le combat entre le corps et l’âme, tout ce qui affaiblit le premier élève la seconde.

Parmi les maladies, il en est une qui occupe une place particulière : la tumeur. Face à elle, la médecine du temps est absolument démunie alors que l’on sait qu’elle entraînera d’épouvantables souffrances et une mort certaine. Elle est, pour cela, parfois regardée comme un signe d’élection. En envoyant ce mal, Dieu a manifesté sa confiance dans la capacité du fidèle à supporter l’épreuve.

Apaiser les douleurs du prochain

Une multitude de biographies spirituelles du XVIIe siècle évoquent les exemples édifiants de religieuses qui supportent dans le secret les affres d’un « ulcère malin » qu’on ne découvre qu’après leur mort, lorsque l’on procède à la toilette du corps. Endurer beaucoup – et en silence – est un moyen efficace de gagner le Paradis. L’Église en est convaincue : la souffrance participe du salut.

Reste que le catholicisme du XVIIe siècle ne se résume pas à cette apologie des tourments du corps. En 1633 sont fondées les Filles de la Charité par saint Vincent de Paul. Selon lui, les religieuses doivent se rendre « dix fois le jour » auprès des malades pour chaque fois y trouver Dieu. La tâche du chrétien, cette fois, n’est pas d’exalter sa propre souffrance, mais d’apaiser les douleurs du prochain. Sans doute ce visage du catholicisme de jadis nous convient-il davantage aujourd’hui…

(1) Histoire du corps dirigée par Georges Vigarello, Alain Corbin et Jean-Jacques Courtine (3 volumes), Éd du Seuil, 2005-2006.

https://www.la-croix.com/Religion/XVIe-XVIIe-siecles-souffrir-gagner-ciel-2023-03-09-1201258440

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Baptistère de la cathédrale Saint-Sauveur (Aix-en-Provence) et baptême dans l’Antiquité chrétienne

Baptistère de la cathédrale Saint-Sauveur, baptême dans l’Antiquité chrétienne et signification du baptême

 

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Cette présentation du baptistère a un double objectif :

1 Présenter l’histoire du baptistère

2 Expliquer le déroulement et le sens de ce qui s’y passe

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 Vue générale du baptistère

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Le baptistère est sans doute le mieux conservé en son état de Provence. Il date du V° siècle et suit un modèle très répandu. 

A l’origine, les chrétiens étaient baptisés (par immersion) la nuit de Pâques, et rarement en d’autres occasion (la nuit de Noël en étant une). Ils l’étaient à l’âge adulte; et seul l’évêque pouvait baptiser. Il était donc essentiel d’avoir dans la cathédrale un espace dédié à cette cérémonie qui soit assez vaste. 

A Aix, le baptistère reprend le plan de celui de Marseille, construit peu de temps avant, dans des proportions six fois moindres (le baptistère de Marseille étant le plus grand de la chrétienté). Les colonnes employées pour la construction proviennent d’une basilique civile du I° siècle. Comme la première cathédrale, le baptistère est construit à l’emplacement d’un Forum et utilise des éléments de remplois. 

La décoration d’origine ne nous est pas connue, sinon par un fragment de mosaïque situé dans la niche sud-ouest. 

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Fragment de mosaïque. Ce petit fragment donne une idée de la décoration d’origine du sol. Il est situé dans la niche sud-ouest.

Le baptistère est très régulièrement restauré, et chaque chantier respecte son plan d’origine. Les principales restaurations sont:

Au XII° siècle, les murs sont rebâtis et couverts de fresques.

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Fragments de fresques. Ces fresques ont été réalisées au XIIè siècle, lors de la construction des murs du baptistère. Une des scènes représente la vêture de sainte Claire.

Au XIV° siècle, une nouvelle cuve baptismale remplace l’ancienne au centre de l’édifice. Elle est aujourd’hui contre le mur sud. 

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Cuve baptismale antique

En 1577, la coupole est réédifiée dans le style Renaissance maniériste alors en vogue.

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Vue de la coupole.  Le plan de la coupole s’inspire de la chapelle d’Estienne de Saint-Jean, situé dans le coeur de la cathédrale.

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Vue de la coupole reconstruite en 1579

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Enfin, en 1996, après de nombreuses fouilles, le baptistère est rendu dans un état proche de l’origine.

Au XIX° siècle, les sept niches du baptistère sont ornées de sept tableaux d’artistes aixois représentant les sept sacrements.

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Le baptême. Le tableau est situé au-dessus de la cuve baptismale du XIVè siècle. Oeuvre d’un disciple de Granet, Jean-Baptiste Martin (1847).

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L’Eucharistie. Oeuvre de Joseph Richaud (1848)

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La confirmation. Oeuvre de Joseph Gibert (1848)

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Le sacrement de pénitence. Oeuvre de Léontine Tacussel (1848). Il a été placé  dans la nef romane, puisque la niche qu’il occupait a fait l’objet de découverte archéologiques

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Le sacrement du mariage. Oeuvre d’Alphonse Angelin (1846)

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Le sacrement de l’ordre.  Oeuvre de François Latil (1848) qui représente ce sacrement par l’institution de saint Pierre comme chef de l’Eglise.

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L’extrême onction : oeuvre d’Antoine Coutel (1847)

Histoire de la construction

Le baptistère fut construit dans les dernières années du Vè siècle, au moment où la basilique romaine qui se trouvait à l’emplacement de l’actuelle nef gothique devenait la seconde cathédrale d’Aix, sous l’épiscopat de Basilius, évêque entre 470 et 510  Ce Basilius dont l’épitaphe en latin se trouve dans la galerie occidentale du cloître , y est nommé « docteur » et fut certainement un évêque éminent.

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Epitaphe en latin de l’évêque Basilius qui se trouve dans la partie occidentale du cloître

La construction du baptistère est liée au transfert du siège épiscopal (attesté en 408) de la 1ère église qui se trouvait sur le site de Notre-Dame de la Seds, sur le site actuel où se trouvait une basilique romaine du 1er siècle. Elle était flanquée au sud d’un grand portique qui dominait le forum.

Le baptistère fut édifié dans l’angle nord-ouest du forum au pied du podium.

La construction était rendue nécessaire par ce transfert puisque seul l’évêque, en tant que successeur des apôtres baptisait. Toute cathédrale était donc flanquée d’un baptistère, généralement à l’extérieur de l’édifice : un détail important : le baptême marque l’entrée dans l’Eglise du néophyte, le fait devenir membre à part entière de l’Eglise « corps du Christ ».

Le plan du baptistère suit celui du 1er baptistère construit en Occident (dès 312-313) : celui de la cathédrale de Rome, à l’origine dédiée au Christ Sauveur, ensuite à saint l’Evangéliste et à saint Jean Baptiste.

Le plan du sol est carré, en élévation c’est un cube, de 14 m de côté (celui de Marseille faisait 25 m, à peu près contemporain, daté entre 381 et 428 aujourd’hui disparu).

          Au centre un stylobate carré sur lequel sont placés formant un cercle les 8 colonnes de portique de la basilique : 6 de cipolin (marbre vert, importé de l’île grecque d’Eubée, on voit les mêmes, plus grandes à Sainte-Sophie de Constantinople), 2 de granit (importé d’Egypte : on trouve les mêmes sur le Forum de Trajan à Rome) : elles entourent la piscine octogonale revêtue de marbre (diamètre 1,4 m) et supportent un tambour octogonal surélevé, muni d’ouverture pour éclairer l’édifice.

          Tambour probablement couvert par une charpente et non ue coupole, il en allait de même pour le déambulatoire…

          Les chapiteaux corinthiens de marbre blanc (de Carrare) sont aussi des emplois, sauf ceux de granit qui sont des copies du VIè s.

          Les archéologues ont découvert que ce plan fut modifié en cours de chantier par la construction dans les angles de niches semi-circulaires, voûtées en cul-de-four, donnant à l’édifice une forme octogonale : seules celles du sud y sont conservées.

          Niches précédées d’un emmarchement de 25 cm, ornées de mosaïques représentant des feuilles d’acanthe : encore conservées angle sud-ouest.

          Le déambulatoire dut recevoir la couverture voûtée à ce moment.

Reconstructions, restaurations

          Au Xiè siècle, vers 1065-1075, le bâtiment fut entièrement reconstruit – au moment où l’évêque d’Ai affirme des prétentions métropolitaines – mais à l’identique : ceci explique que l’édifice actuel est très semblable à celui de l’Antiquité. Lors des travaux, le baptistère aurait été le 1er bâtiment à avoir été refait.

          Suivit la reconstruction de la nef Sainte-Marie, dont 5 arcades dans les murs nord et sud, édifiées sur des assises antiques ; enfin la construction de la nef Saint-Maximin (romane II). Ou reconstruction…. Car les historiens évoquent l’hypothèse d’une église double, dès l’époque carolingienne… La basilique romaine étant sans doute une basilique à trois nefs, la nef gothique actuelle étant à l’emplacement de la nef centrale d’origine.

          C’est à ce moment que les piliers du baptistère reçurent une coupole octogonale surmontée d’une lanterne.

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Coupole : vue extérieure

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Toit de la coupole

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Nef Sainte Marie

 

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Nef Saint-Maximin

 

          Au XIIIè siècle : dans la niche S.-O. fresque du Christ Pantocrator, avec François d’Assise

          Au XIVè siècle : la piscine baptismale est comblée et remplace par des fonds baptismaux, car, sauf exception, on ne baptise plus d’adultes, mais seulement des bébés

          Au XVè siècle : ouverture des deux niches au nord

          Au XVIè siècle, entre 1577 et 1583, une nouvelle coupole ortogonale est montée sur un double tambour : le tambour est ajouré de huit acouli, ainsi que les voûtains de la coupole. Une lanterne ajourée de huit oculi surmonte le tout. Travaux de Pierre Laurens et Arnoux Bonnaux

 

La structure de l’édifice ne subira plus ensuite aucune modification majeure

          Au cours du XIXè siècle le sol du baptistère est revêtu d’un pavement de marbre blanc et noir qui dissimule les épitaphes, les tombes creusées  ; entre 1846 et 1848, 7 tableaux représentant les 7 sacrements sont installés dans les niches où ils sont toujours. Celui représentant la Pénitence est dans la nef romane.

          Au XXè siècle entre 1976 et 1884 :

                    Le baptistère a fait l’objet de fouilles minutieuses ;

                    La piscine antique est laissée ouverte, avec ses parois de brique, des restes de béton, et les adductions d’eau sont visibles ;

                    La colonnale de la coupole et le sol originel, les tableaux ont été restaurés

Déroulement et sens du baptême

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Un baptême à la fin du XVIIIè siècle. Gravure d’époque. On y remarque la cuve médiévale installée au milieu du bâtiment au-dessus de la cuve antique.

Le baptistère dans une cathédrale est un élément essentiel : c’est là que tout commence pour le nouveau chrétien : 1er sacrement d’initiation, le baptême ouvre les portes de l’Eglise et le fait devenir à pat entière membre de l’Eglise, membre du Corps du Christ (cf. Jean 15).

Après généralement une longue préparation, le catéchumène était solennellement accueilli dans l’église cathédrale par l’évêque et tout le peuple rassemblé dans la Nuit de Pâques pour célébrer la Résurrection du Christ. Le baptême n’était donné en effet normalement que cette nuit-là et sous la présidence de l’évêque.

Le catéchumène se déshabille entièrement : « que personne ne descende dans la piscine avec un objet étranger sur lui ».

Un prêtre lui fait alors sur tout le corps une 1ère onction avec l’huile de l’exorcisme, puis un diacre descend avec l’accord du catéchumène dans la piscine baptismale après l’avoir interrogé 3 fois :

  • « Crois-tu en Dieu, le Père Tout-Puissant ? »
  • « Crois-tu en Jésus-Christ, le Fils de Dieu ? »
  • « Crois-tu au Saint-Esprit, en la Sainte Eglise, et pour le Résurrection de la Chair ? »

Le néophyte reçoit la 2ème onction, d’huile sainte, se rhabille et rentre dans l’église

L’Evêque lui impose la main et lui fait une 3ème  onction d’huile sainte sur la tête. Puis après une prière, il lui donne le baiser de paix qui déclenche le baiser de paix dans l’assemblée.

Ensuite les diacres présentent le pain et le vin à l’évêque, c’est l’offertoire, le début de l’Eucharistie, la 1ère du néophyte.

Catéchèse II : Du baptême (extrait) Cyrille de Jérusalem

Avec lecture de l’Epitre aux Romains de : « Ignorez-vous que tous, tant que nous sommes, baptisés dans le Christ Jésus, nous avons été baptisés dans sa mort ? » – jusqu’à : « Vous n’êtes plus en effet sous la loi, mais sous la grâce » (Rm 6, 3-14)

Sitôt entrés, vous avez ôté votre tunique ; c’était l’image de votre dépouillement du vieil homme et de ses actions. Vous vous êtes alors trouvés nus, imitant encore par là la nudité du Christ sur la croix ; c’est par cette nudité qu’il a dépouillé les principautés et les puissances et qu’il a ouvertement triomphé d’elles du haut de ce bois. Puisque les puissances adverses s’étaient installées dans vos membres, il ne vous est plus permis de porter cette vieille tunique, homme corrompu par les convoitises trompeuses. Que l’âme qui l’a une fois dépouillée ne s’en revête jamais plus, mais qu’elle dise avec l’épouse du Christ dans le Cantique des cantiques : J’ai ôté ma tunique, comment la remettrai-je ?

[…]

Ainsi dépouillés vous avez été frottés d’huile consacrée, depuis le haut des cheveux jusqu’au bas du corps, et vous êtes entrés en communion avec l’olivier franc qui est Jésus-Christ. Détachés du sauvageon vous avez été entés sur l’olivier franc et vous avez eu part à la sève du Christ : elle chasse toutes les traces de la puissance adverse. De même, en effet, que le souffle des saints et l’invocation du nom de Dieu, à la manière d’une flamme violente brûlent et mettent en fuite les démons, de même cette huile consacrée reçoit par l’invocation de Dieu et par la prière, le pouvoir, non seulement de cautériser les traces de péché mais encore de faire fuir toutes les puissances invisibles du malin.

On vous a menés ensuite à la sainte piscine du divin baptême comme on a jadis porté le Christ, de la croix au sépulcre voisin. Et on a demandé à chacun de vous s’il croyait au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Vous avez fait alors la confession salutaire, puis vous vous êtes plongés trois fois dans l’eau et vous en êtes ressortis : c’était un symbole des trois jours que le Christ a passés dans le tombeau.

De même en effet que notre Sauveur est resté trois jours et trois nuits dans le sein de la terre, de même vous aussi, en sortant pour la première fois, vous avez représenté le premier jour que le Christ a passé en terre et en vous replongeant dans l’eau, la nuit qui l’a suivi. De même que celui qui est dans la nuit ne voit plus, tandis que celui qui est dans le jour vit en pleine lumière, de même pendant votre immersion, comme dans la nuit, vous ne voyiez rien, mais à votre sortie de l’eau, vous vous trouviez comme en plein jour.

LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE AUX ROMAINS

01 Que dire alors ? Allons-nous demeurer dans le péché pour que la grâce se multiplie ?

02 Pas du tout. Puisque nous sommes morts au péché, comment pourrions-nous vivre encore dans le péché ?

03 Ne le savez-vous pas ? Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême.

04 Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts.

05 Car, si nous avons été unis à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne.

06 Nous le savons : l’homme ancien qui est en nous a été fixé à la croix avec lui pour que le corps du péché soit réduit à rien, et qu’ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché.

07 Car celui qui est mort est affranchi du péché.

08 Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui.

LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE AUX COLOSSIENS

 12 Dans le baptême, vous avez été mis au tombeau avec lui et vous êtes ressuscités avec lui par la foi en la force de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts.

13 Vous étiez des morts, parce que vous aviez commis des fautes et n’aviez pas reçu de circoncision dans votre chair. Mais Dieu vous a donné la vie avec le Christ : il nous a pardonné toutes nos fautes.

14 Il a effacé le billet de la dette qui nous accablait en raison des prescriptions légales pesant sur nous : il l’a annulé en le clouant à la croix.

La liturgie orthodoxe exprime avec précision la symbolique de l’eau du baptême : « Sous les eaux on meurt, on descend aux enfers, et l’on ressuscite avec le Christ, on accède en Lui à la vie trinitaire »

C’est cela qu’il essentiel de comprendre ici, au dessus de la piscine baptismale antique :

          Que la piscine est comme une tombe dans laquelle on descend,

          Que la triple immersion symbolise les trois jours où le Christ est resté au tombeau,

          Et qu’en sortant de l’eau la troisième fois, le néophyte « se trouve comme en plein jour », ressuscité avec le Christ, vivant d’une vie nouvelle. Le baptême est vu comme une nouvelle naissance.

Inversement, le baptistère est éclairé le jour par trois rangées de fenêtres symbolisant la trinité qui, du ciel, donne la vie et la lumière. Du moins à partir du XVIè siècle, mais peut-être aussi dès le XIè.

Précisons que le catéchumène entrait dans la piscine par l’ouest, en sortait par l’est.

Aujourd’hui on a perdu ce sens on se contentant de verser quelques gouttes d’eau très symboliques sur le front, au lieu du plongeon dans l’eau ! Puisqu’en effet  « baptizen » veut dire « plonger », en l’occurrence « plonger dans la mort ».

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Fresque du plongeur, peinte sur une tombe à Paestrum

La symbolique du nombre huit

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Vue des huit chapiteaux. Le chiffre huit est symbolique dans la religion chrétienne. Il représente la vie nouvelle que le Christ apporte dans le baptême 

Le chiffre huit, dans la Bible, est le chiffre de la nouvelle Création : la première Création a été faite par Dieu en sept jours, donc le huitième jour sera celui de la Création renouvelée, des « cieux nouveaux et de la terre nouvelle », selon une autre expression biblique. Celle-ci pourra surgir enfin quand toute l’humanité vivra selon la Loi de Dieu, c’est-à-dire dans l’amour puisque c’est la même chose !
———————
Note
1 – En hébreu, le mot traduit ici par « enseigner » est de la même racine que le mot « Loi »
2 – Voici d’autres éléments de la symbolique du chiffre huit :
– il y avait quatre couples humains (8 personnes) dans l’Arche de Noé
– la Résurrection du Christ s’est produite le dimanche qui était à la fois le premier et le huitième jour de la semaine
C’est pour cette raison que les baptistères des premiers siècles étaient souvent octogonaux ; encore aujourd’hui nous rencontrons de nombreux clochers octogonaux.

Complément
– Voici les huit mots du vocabulaire de la Loi ; ils sont considérés comme synonymes : commandements, Loi, Promesse, Parole, Jugements, Décrets, Préceptes, Témoignages. Ils disent les facettes de l’amour de Dieu qui se donne dans sa Loi
« commandements » : ordonner, commander
« Loi » : vient d’une racine qui ne veut pas dire « prescrire », mais « enseigner » : elle enseigne la voie pour aller à Dieu. C’est une pédagogie, un accompagnement que Dieu nous propose, c’est un cadeau.
« Parole » : la Parole de Dieu est toujours créatrice, parole d’amour : « Il dit et cela fut » (Genèse 1). Nous savons bien que « je t’aime » est une parole créatrice !
« Promesse » : La Parole de Dieu est toujours promesse, fidélité
« Juger » : traiter avec justice
« Décrets » : du verbe « graver » : les paroles gravées dans la pierre (Tables de la Loi)
« Préceptes » : ce que tu nous as confié
« Témoignages » : de la fidélité de Dieu.

Clément d’Alexandrie (Stromates, fin IIè s.) : « Le Christ place celui qu’il fait renaître sous le nombre huit »

          Le premier jour de la semaine dans notre calendrier n’est pas le lundi, mais le dimanche ! En effet Dieu a créé le monde en 7 jours, que le septième est le jour du repos, le shabbat, notre samedi. Le dimanche est bien le 1er jour de la semaine biblique, et chrétienne, qu’il ne faut pas confondre avec le 1er jour ouvré du monde du travail.

Il faut se rappeler que ce n’est qu’assez lentement que les chrétiens ont adopté le 1er jour de la semaine, le dimanche, de préférence au shabbat, pour se réunir et célébrer la Résurrection du Christ (cf. le début des Prières eucharistiques I, II & III, au propre des dimanches : « Nous qui sommes rassemblés devant Toi en ce premier jour de la semaine… »

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BREVE HISTOIRE DE L'INQUISITION, EGLISE CATHOLIQUE, ESPAGNE, HISTOIRE, HISTOIRE DE L'EGLISE, HISTOIRE DE L'ESPAGNE, INQUISITION, JOSEPH PEREZ (1931-2020), LIVRE, LIVRES, LIVRES - RECENSION

Brève histoire de l’Inquisition en Espagne

BRÈVE HISTOIRE DE L’INQUISITION EN ESPAGNE

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PÉREZ Joseph,

Brève histoire de l’Inquisition en Espagne,

Paris : Éditions Fayard, « Le cours de l’histoire », 2002, 194 p.

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Le 27 septembre 1480, les rois catholiques Isabelle et Ferdinand d’Aragon nomment les premiers inquisiteurs, autorisés par le pape Sixte IV en 1478. La mission de ces inquisiteurs, qui s’installent à Séville, est d’obliger les conversos, dont beaucoup ont été convertis de force, à pratiquer réellement la foi chrétienne, et à abandonner entièrement les rites du judaïsme. Les juifs qui refusent l’assimilation au christianisme sont expulsés par le décret du 31 mars 1492.

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Thomas de Torquemada, premier Grand Inquisiteur d’Espagne (1420-1498)

La punition des hérétiques, idée fondamentale de l’Inquisition, trouve ici un sens précis : il s’agit d’extirper la religion juive des royaumes espagnols (ch. 1). L’aristocratie n’est pas toujours favorable au Tribunal du Saint-Office, comme le montre l’exemple de Séville en 1481, lorsque les inquisiteurs dominicains menacent les grands seigneurs s’ils continuent de protéger des conversos soupçonnés de judaïser. Sous la férule de l’inquisiteur général Thomas de Torquemada, des milliers de personnes sont arrêtés et plusieurs centaines sont exécutées la fin du XVe siècle, dont certains nouveaux convertis sont seulement ignorants des vérités de la foi catholique. On pourchasse également les morisques, mais aussi les disciples de Luther, dont certaines traductions effraient les autorités dès 1521 (ch. 2). Les luthériens sont le plus souvent étrangers, et les peines sont sévères. Afin de défendre la foi, des autodafés ont lieu en 1559 à Valladolid et à Séville, dont l’un est présidé par le roi Philippe II. « Cette persécution a eu définitivement raison du protestantisme dans la péninsule » (p. 63). L’Inquisition n’est abolie que le 15 juillet 1834, après plusieurs tentatives.

Le tribunal ecclésiastique du Saint-Office s’est appuyé sur un appareil administratif développé et placé sous l’autorité de l’État (ch. 3). Contrairement à l’Inquisition du XIIIe siècle, qui luttait contre les vaudois ou les cathares, l’Inquisition espagnole est contrôlée par le pouvoir civil. L’inquisiteur général est certes nommé par le pape, mais sur la proposition des rois de Castille, et les 45 titulaires, de 1480 à 1820, ont été choisis avec soin. En outre, le roi contrôle le conseil de l’Inquisition. Organisé en tribunal formé de deux inquisiteurs, de deux secrétaires, d’un accusateur public et d’un officier de police, le Saint-Office bénéficie de privilèges puissants et de finances autonomes à partir de 1559. Cela lui permet d’organiser des procès nombreux (ch. 4). La procédure inquisitoire permet au juge de se saisir d’office, y compris sur le simple fondement de la rumeur publique. Suite à une instruction secrète, qui peut comprendre la torture pour obtenir les aveux de l’accusé, un procès publique est nécessaire, puisque l’hérésie est non seulement un péché, mais encore un délit. Les peines s’échelonnent des pénitences spirituelles ou des amendes à l’autodafé.

Le poids de l’Inquisition, ses conséquences sur la société espagnole, ont fait l’objet de longs débats depuis le XIXe siècle au moins (ch. 5). La ruine de l’économie espagnole a été attribuée au Saint-Office, symbole de l’intolérance, bien que son influence réelle sur l’économie ait été accessoire. En revanche, « la politique de l’Inquisition a eu des conséquences graves » (p. 155) en matière de livres, d’imprimerie et plus généralement de culture. Le développement de la science a été entravé parce que l’on soupçonnait les opinions religieuses d’un auteur, comme le botaniste Fuchs, qui passait pour luthérien. Pour les mentalités d’Ancien Régime, l’unité de la foi est nécessaire à la cohésion du royaume (ch. 6). Tribunal mixte, à la fois ecclésiastique et temporel, l’Inquisition a servi le pouvoir politique espagnol, jusqu’à l’épuisement au début du XIXsiècle.

Plaque commémorative de 2009, de la ville de Rivadavia en Galice (Espagne) en hommage à ses citoyens condamnés par l’Inquisition il y a « 400 années à cause de leur croyance »

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CHRISTIANISME, CLAUDE LA COLOMBIERE (1641-1682), EGLISE CATHOLIQUE, PRIERE, PRIERES, SAINTETE, SAINTS

Prières de saint Claude La Colombière

Prières de saint Claude La Colombière

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La Prière de « Confiance en Dieu » de Saint Claude la Colombière :

« Mon Dieu, je suis si persuadé que tu veilles sur ceux qui espèrent en toi, et qu’on ne peut manquer de rien quand on attend de toi toutes choses, que j’ai résolu de vivre à l’avenir sans aucun souci, et de me décharger sur toi de toutes mes inquiétudes : « Dans la paix, moi aussi, je me couche et je dors, car tu me donnes d’habiter, Seigneur, seul, dans la confiance » (Ps. 4, 9). Les hommes peuvent me dépouiller et des biens et de l’honneur, les maladies peuvent m’ôter les forces et les moyens de te servir, je puis même perdre ta grâce par le péché; mais jamais je ne perdrai mon espérance, je la conserverai jusqu’au dernier moment de ma vie, et tous les démons de l’enfer feront à ce moment de vains efforts pour me l’arracher : « Dans la paix, moi aussi, je me couche et je dors ». Certains peuvent attendre leur bonheur de leurs richesses ou de leurs talents, d’autres s’appuyer sur l’innocence de leur vie, ou sur la rigueur de leurs pénitences, ou sur le nombre de leurs aumônes, ou sur la ferveur de leurs prières. Pour moi, Seigneur, toute ma confiance, c’est ma confiance même ; cette confiance ne trompa jamais personne. Je suis donc assuré que  je serai éternellement heureux, parce que j’espère fermement de l’être, et que c’est de toi, ô mon Dieu, que je l’espère. Amen.»

« Jésus, Vous êtes le seul et véritable Ami » 

« Jésus, Vous êtes le seul et véritable Ami. Vous prenez part à tous mes maux, Vous Vous en chargez, Vous savez le secret de me les tourner en bien, Vous m’écoutez avec bonté, lorsque je Vous raconte mes afflictions, et Vous ne manquez jamais de les adoucir. Je Vous trouve toujours et en tout lieu ; Vous ne Vous éloignez jamais ; et si je suis obligé de changer de demeure, je ne laisse pas de Vous trouver où je vais. Vous ne Vous ennuyez jamais de m’entendre ; Vous ne Vous lassez jamais de me faire du bien. Je suis assuré d’être aimé, si je Vous aime. Vous n’avez que faire de mes biens, et Vous ne Vous appauvrissez point en me communiquant les Vôtres. Quelque misérable que je sois, un plus noble, un plus bel esprit, un plus saint même ne m’enlèvera point Votre amitié ; et la mort qui nous arrache à tous les autres amis, me doit réunir avec Vous. Toutes les disgrâces de l’âge ou de la fortune ne peuvent Vous détacher de moi ; au contraire, je ne jouis jamais de Vous plus pleinement, Vous ne serez jamais plus proche que lorsque tout me sera le plus contraire. Vous souffrez mes défauts avec une patience admirable ; mes infidélités mêmes, mes ingratitudes ne Vous blessent point tellement que Vous ne soyez toujours prêt à revenir, si je veux. »

Saint Claude La Colombière

Jésuite, confesseur de sainte Marguerite-Marie (+ 1682)

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Né près de Lyon dans une famille bourgeoise, Claude entre à 17 ans dans la Compagnie de Jésus, les Jésuites. Dès sa profession solennelle en 1674, il est affecté au petit collège de Paray-le-Monial où il devient le confesseur du couvent de la Visitation. Il a 34 ans. La supérieure des Visitandines avait alors fort à faire avec une timide religieuse, Marguerite-Marie, qui croyait avoir reçu les confidences du Cœur de Jésus. Elle la confie au père de la Colombière. Le prêtre et la moniale se comprennent tout de suite: « Je t’enverrai mon fidèle serviteur et parfait ami », avait dit Jésus à Marguerite-Marie. C’est ainsi que le jeune jésuite devient l’instrument par lequel le Christ va diffuser dans l’Église le culte de son Cœur transpercé, révélé à sainte Marguerite-Marie. Nommé en 1675 prédicateur de la duchesse d’York, il passe deux ans en Angleterre d’où il est banni à cause de calomnies. Accablé par la tuberculose, il retourne à Paray-le-Monial. Marguerite-Marie l’a prévenu: « Notre-Seigneur m’a dit qu’il voulait le sacrifice de votre vie en ce pays. » C’est là qu’il meurt à 41 ans. Ses écrits expriment une belle harmonie entre la spiritualité de saint Ignace de Loyola et celle de saint François de Sales.