Sur les hauteurs de la ville
Emmanuel Roblès
Paris, Le Livre de Poche 1960.

Résumé
L’histoire débute par l’arrestation, pour acte de résistance, de Smaïl un jeune algérien pour dénoncer l’envoi en Allemagne de travailleurs au nom de l’opération Todt (organisation chargée de recruteur de jeunes français pour travailler au service de l’Allemagne pendant la Guerre de 1939-1945). Humilié par un certain Almaro, le colon français qui collabore avec les Allemands, le jeune homme n’aura de cesse de se venger
Le sentiment d’humiliation et de désespoir qu’il ressent face à cette arrestation va faire naître en lui de la haine. La vengeance devient alors son leitmotiv, voire une raison d’être contre laquelle même l’amour ne peut rien.
A travers ce roman et son protagoniste, Emmanuel Roblès met en exergue le désarroi qui tourmente les jeunes Algériens dans les années 1946, le début de cette résistance contre le colonialisme…
Ce qu’en disait l’auteur lui-même en préfaçant son livre :
» À l’époque où il fut écrit, c’est-à-dire dans les années 1946-47, ce récit avait le dessein de témoigner sur un aspect du désarroi qui tourmentait alors de jeunes Algériens. Il voulait également illistrer certaines aspirations, nées avec plus ou moins d’élan et de clarté, au feu des évènements qui transformaient le monde. Comment, en particulier, ne pas reconnaître que pour beaucoup de ces jeunes hommes, l’exemple de la Résistance française a été décisif ?
En mai 1945, je me trouvais du côté de Stuggart lorsque me parvinrent les premières rumeurs de la révolte algérienne dans le Constantinois. Un immense incendie s’éteignait à peine en Europe. Un autre s’allumait dans mon propre pays de l’autre côté de la mer. S’il n »était pas de même proportion, ses flammes en avaient déjà le même rougeoiement de malheur.
A mon retour en Algérie, l’année suivant, ce que j’ai constaté là-bas m’a fait vivre dans la certitude que le brasier noyé un peu plus tôt dans le sang de milliers de victimes reprendrait plus dévorant. On tue les hommes, on ne tue pas l’idée pour laquelle ils acceptent de mourir, chacun de nous le sait
Aux jeunes Algériens, l’avenir n’offrait aucun espoir. L’esprit comme les structures mêmes du régime colonial, les destinaient à buter contre un mur, sans la moindre possibilité de percée, d’ouverture sur un monde plis équitable. Une découverte de ce genre conduit déjà, presque à coup sûr, à la violence. Mais elle s’est complétée, pour les meilleurs, d’une conscience précise des forces qui, au mépris de toute justice, maintenaient ce mur.
Six ans à peine après la publication des Hauteurs de la ville, l’Algérie prenait son visage de guerre. Par milliers, des Smaïl, décidés à conquérir leur dignité, ont surgi du fond de leur nuit, la torche au poing.
À leur cri ont répondu, dans l’autre camp, des Montserrat qui, pour avoir douté de la légitimité du combat dans lequel la France les engageait, expient dans les prisons de Casabianda ou de Constantine.
Qu’on me croie, je ne cite pas mes personnages par complaisance tant je suis convaincu que tout écrivain, pour peu qu’il nourrisse sa création de vérité humaine, sait qu’il rencontrera tôt ou tard, à certains tournants de la vie, ses propres créatures, celles de « chair et d’os » dont se préoccupait Unamuo et qui « pèsent sur la terre ».
Mais si j’ai réunit ici, Smaïl et Monserrat, c’est qu’ils sont à mes yeux, sortis tout brûlants d’un unique foyer : celui où la conscience de l’homme forge sa résistance à la plus grande défaite qui la menace qui est sa négation même.
Emmanuel Roblès ‘juillet 1960
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