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Dimanche 5 juin 2022 : Fête de la Pentecôte : lectures et commentaires

Dimanche 5 juin 2022 : Fête de la Pentecôte

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Commentaires de Marie-Noëlle Thabut,

1ère lecture

Psaume

2ème lecture

Evangile

 

PREMIERE LECTURE – Actes des Apôtres  2, 1-11

Quand arriva le jour de la Pentecôte,
au terme des cinquante jours après Pâques,
ils se trouvaient réunis tous ensemble.
2 Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent :
la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière.
3 Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu,
qui se partageaient,
et il s’en posa une sur chacun d’eux.
4 Tous furent remplis d’Esprit Saint :
ils se mirent à parler en d’autres langues,
et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
5 Or, il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux,
venant de toutes les nations sous le ciel.
6 Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait,
ils se rassemblèrent en foule.
Ils étaient en pleine confusion
parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient.
7 Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient :
« Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous galiléens ?
8 Comment se fait-il que chacun de nous les entende
dans son propre dialecte, sa langue maternelle ?
9 Parthes, Mèdes et Elamites,
habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce,
de la province du Pont et de celle d’Asie,
10 de la Phrygie et de la Pamphylie,
de l’Egypte et des contrées de Libye proches de Cyrène,
Romains de passage,
11 Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes,
tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »

A JERUSALEM L’ESPRIT SAINT A ETE REPANDU SUR L’HUMANITE
Première chose à retenir de ce texte : Jérusalem est la ville du don de l’Esprit ! Elle n’est pas seulement la ville où Jésus a institué l’Eucharistie, la ville où il est ressuscité, elle est aussi la ville où l’Esprit a été répandu sur l’humanité.
A l’époque du Christ, la Pentecôte juive était très importante : c’était la fête du don de la Loi, l’une des trois fêtes de l’année pour lesquelles on se rendait à Jérusalem en pèlerinage. L’énumération de toutes les nationalités réunies à Jérusalem pour cette occasion en est la preuve : « Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Egypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage… Crétois et Arabes ».
La ville de Jérusalem grouillait donc de monde venu de partout, des milliers de Juifs pieux venus parfois de très loin : c’était l’année de la mort de Jésus, mais qui d’entre eux le savait ? J’ai dit intentionnellement « la mort » de Jésus, sans parler de sa Résurrection ; car celle-ci pour l’instant est restée confidentielle. Ces gens venus de partout n’ont probablement jamais entendu parler d’un certain Jésus de Nazareth. Cette année-là est comme toutes les autres, cette fête de Pentecôte sera comme toutes les autres. Mais déjà, ce n’est pas rien ! On vient à Jérusalem dans la ferveur, la foi, l’enthousiasme d’un pèlerinage pour renouveler l’Alliance avec Dieu.
Pour les disciples, bien sûr, cette fête de Pentecôte, cinquante jours après la Pâque de Jésus, celui qu’ils ont vu entendu, touché… après sa Résurrection… cette Pentecôte ne ressemble à aucune autre ; pour eux plus rien n’est comme avant… Ce qui ne veut pas dire qu’ils s’attendent à ce qui va se passer !
Pour bien nous faire comprendre ce qui se passe, Luc nous le raconte ici, dans des termes qu’il a de toute évidence choisis très soigneusement pour évoquer au moins trois textes de l’Ancien Testament : ces trois textes, ce sont premièrement le don de la Loi au Sinaï ; deuxièmement une parole du prophète Joël ; troisièmement l’épisode de la tour de Babel.
LE REGNE DE DIEU S’EST APPROCHE
Commençons par le Sinaï : les langues de feu de la Pentecôte, le bruit « comme un violent coup de vent » suggèrent que nous sommes ici dans la ligne de ce qui s’était passé au Sinaï, quand Dieu avait donné les tables de la Loi à Moïse ; on trouve cela au livre de l’Exode : « Le troisième jour, dès le matin, il y eut des coups de tonnerre, des éclairs, une lourde nuée sur la montagne, et une puissante sonnerie de cor ; dans le camp, tout le peuple trembla. Moïse fit sortir le peuple hors du camp, à la rencontre de Dieu, et ils restèrent debout au pied de la montagne. La montagne du Sinaï était toute fumante, car le SEIGNEUR y était descendu dans le feu ; la fumée montait, comme la fumée d’une fournaise, et toute la montagne tremblait violemment. La sonnerie du cor était de plus en plus puissante. Moïse parlait, et la voix de Dieu lui répondait. » (Ex 19,16-19).2
En s’inscrivant dans la ligne de l’événement du Sinaï, Saint Luc veut nous faire comprendre que cette Pentecôte, cette année-là, est beaucoup plus qu’un pèlerinage traditionnel : c’est un nouveau Sinaï. Comme Dieu avait donné sa Loi à son peuple pour lui enseigner à vivre dans l’Alliance, désormais Dieu donne son propre Esprit à son peuple… Désormais la Loi de Dieu (qui est le seul moyen de vivre vraiment libres et heureux, il ne faut pas l’oublier) désormais cette Loi de Dieu est écrite non plus sur des tables de pierre mais sur des tables de chair, sur le cœur  de l’homme, pour reprendre une image d’Ezéchiel.3
Deuxièmement, Luc a très certainement voulu évoquer une parole du prophète Joël : « Je répandrai mon esprit sur tout être de chair », dit Dieu (Jl 3,1 ; « tout être de chair » c’est-à-dire tout être humain). Aux yeux de Luc, ces « Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel » comme il les appelle, symbolisent l’humanité entière pour laquelle s’accomplit enfin la prophétie de Joël. Cela veut dire que le fameux « Jour de Dieu » tant attendu est arrivé !
Troisièmement, l’épisode de Babel : vous vous souvenez de l’histoire de Babel : en la simplifiant beaucoup, on peut la raconter comme une pièce en deux actes : Acte 1, tous les hommes parlaient la même langue : ils avaient le même langage et les mêmes mots. Ils décident d’entreprendre une grande œuvre  qui mobilisera toutes leurs énergies : la construction d’une tour immense… Acte 2, Dieu intervient pour mettre le holà : il les disperse à la surface de la terre et brouille leurs langues. Désormais les hommes ne se comprendront plus… Nous nous demandons souvent ce qu’il faut en conclure ?… Si on veut bien ne pas faire de procès d’intention à Dieu, impossible d’imaginer qu’il ait agi pour autre chose que pour notre bonheur… Donc, si Dieu intervient, c’est pour épargner à l’humanité une fausse piste : la piste de la pensée unique, du projet unique ; quelque chose comme « mes petits enfants, vous recherchez l’unité, c’est bien ; mais ne vous trompez pas de chemin : l’unité n’est pas dans l’uniformité ! La véritable unité de l’amour ne peut se trouver que dans la diversité ».
Le récit de la Pentecôte chez Luc s’inscrit bien dans la ligne de Babel : à Babel, l’humanité apprend la diversité, à la Pentecôte, elle apprend l’unité dans la diversité : désormais toutes les nations qui sont sous le ciel entendent proclamer dans leurs diverses langues l’unique message : les merveilles de Dieu.
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Notes
1 – La première lecture et le psaume sont communs aux fêtes de la Pentecôte des trois années liturgiques. En revanche, la deuxième lecture et l’évangile sont différents chaque année.
2 – Le targum (traduction en araméen) de ce passage du livre de l’Exode racontait que lorsque Dieu avait donné la loi, des lampes de feu traversaient l’espace. Les langues de feu de la Pentecôte les rappellent irrésistiblement.
3 – « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon esprit, je ferai que vous marchiez selon mes lois, que vous gardiez mes préceptes et leur soyez fidèles…vous, vous serez mon peuple et moi, je serai votre Dieu ». (Ez 36,26…28).

 

 

PSAUME – 103 (104),1.24,29-30,31.34

1 Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme ;
SEIGNEUR mon Dieu, tu es si grand !
24 Quelle profusion dans tes œuvres , SEIGNEUR !
La terre s’emplit de tes biens.

29 Tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
30 Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

31 Gloire au SEIGNEUR à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses œuvres  !
34 Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le SEIGNEUR.

QUELLE PROFUSION DANS TES OEUVRES, SEIGNEUR !
Il faudrait pouvoir lire ce psaume en entier ! Trente-six versets de louange pure, d’émerveillement devant les œuvres  de Dieu.  J’ai dit des « versets », parce que c’est le mot habituel pour les psaumes, mais j’aurais dû dire  trente-six  « vers » car il s’agit en réalité d’un poème superbe.
On n’est pas surpris qu’il nous soit proposé pour la fête de la Pentecôte puisque Luc, dans le livre des Actes, nous raconte que le matin de la Pentecôte, les Apôtres, remplis de l’Esprit-Saint se sont mis à proclamer dans toutes les langues les merveilles de Dieu.
Vous me direz : pour s’émerveiller devant la Création, il n’y a pas besoin d’avoir la foi ! C’est vrai, et on trouve certainement dans toutes les civilisations des poèmes magnifiques sur les beautés de la nature. En particulier on a retrouvé en Egypte sur le tombeau d’un Pharaon un poème écrit par le célèbre Pharaon Akh-en-Aton (Aménophis IV) : il s’agit d’une hymne au Dieu-Soleil : Aménophis IV a vécu vers 1350 av. J.C. , à une époque où les Hébreux étaient probablement en Egypte ; ils ont peut-être connu ce poème.
Entre le poème du Pharaon et le psaume 103/104 il y a des similitudes de style et de vocabulaire, c’est évident : le langage de l’émerveillement est le même sous toutes les latitudes ! Mais ce qui est très intéressant, ce sont les différences : elles sont la trace de la Révélation qui a été faite au peuple de l’Alliance.
La première différence, et elle est essentielle pour la foi d’Israël, Dieu seul est Dieu ; il n’y a pas d’autre Dieu que lui ; et donc le soleil n’est pas un dieu ! Nous avons déjà eu l’occasion de le remarquer au sujet du récit de la Création dans la Genèse : la Bible prend grand soin de remettre le soleil et la lune à leurs places, ils ne sont pas des dieux, ils sont uniquement des luminaires, c’est tout. Et ils sont des créatures, eux aussi : un des versets du psaume le dit clairement « (Toi, Dieu,) tu fis la lune qui marque les temps et le soleil qui connaît l’heure de son coucher » (verset 19). Je ne vais pas en parler longtemps car il s’agit de versets qui n’ont pas été retenus pour la fête de la Pentecôte, mais plusieurs versets présentent bien Dieu comme le seul maître de la Création ; le poète emploie pour lui tout un vocabulaire royal : Dieu est présenté comme un roi magnifique, majestueux et victorieux. Par exemple, le mot « grand » que nous avons entendu est un mot employé pour dire la victoire du roi à la guerre. Manière bien humaine, évidemment, pour dire la maîtrise de Dieu sur tous les éléments du ciel, de la terre et de la mer.
Deuxième particularité de la Bible : la Création n’est que bonne ; on a là un écho de ce fameux poème de la Genèse qui répète inlassablement comme un refrain « Et Dieu vit que cela était bon ! »… Le psaume 103/104 évoque tous les éléments de la Création, avec le même émerveillement : « Moi, je me réjouis dans le SEIGNEUR » et le psalmiste ajoute (un verset que nous n’entendons pas ce dimanche) : « Je veux chanter au SEIGNEUR tant que je vis, jouer pour mon Dieu tant que je dure… » (verset 33).
Pour autant le mal n’est pas ignoré : la fin du psaume l’évoque clairement et souhaite sa disparition : mais les hommes de l’Ancien Testament avaient compris que le mal n’est pas l’œuvre  de Dieu, puisque la Création tout entière est bonne. Et on sait qu’un jour Dieu fera disparaître tout mal de la terre : le roi victorieux des éléments vaincra finalement tout ce qui entrave le bonheur de l’homme.
TU RENOUVELLES SANS CESSE LA FACE DE LA TERRE
Troisième particularité de la foi d’Israël : la Création n’est pas un acte du passé : comme si Dieu avait lancé la terre et les humains dans l’espace, une fois pour toutes. Elle est une relation persistante entre le Créateur et ses créatures ; quand nous disons dans le Credo « Je crois en Dieu tout-puissant, créateur du ciel et de la terre », nous n’affirmons pas seulement notre foi en un acte initial de Dieu, mais nous nous reconnaissons en relation de dépendance à son égard : le psaume ici dit très bien la permanence de l’action de Dieu : « Tous, ils comptent sur toi… Tu caches ton visage : ils s’épouvantent ; tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière. Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre ». (versets 27.29).
Autre particularité, encore, de la foi d’Israël, autre marque de la révélation faite à ce peuple : au sommet de la Création, il y a l’homme ; créé pour être  le roi de la Création, il est rempli du souffle même de Dieu ; il fallait bien une révélation pour que l’humanité ose penser une chose pareille ! Et c’est bien ce que nous célébrons à la Pentecôte : cet Esprit de Dieu qui est en nous vibre en sa présence : il entre en résonance avec lui. Et c’est pour cela que le psalmiste peut dire : « Que Dieu  se réjouisse en ses œuvres  ! … Moi, je me réjouis dans le SEIGNEUR ».
Enfin, et c’est très important : on sait bien qu’en Israël toute réflexion sur la Création s’inscrit dans la perspective de l’Alliance : Israël a d’abord expérimenté l’œuvre  de libération de Dieu et seulement ensuite a médité la Création à la lumière de cette expérience. Dans ce psaume précis, on en a des traces :
D’abord le nom de Dieu employé ici est le fameux nom en quatre lettres, YHVH, que nous traduisons SEIGNEUR, qui est la révélation précisément du Dieu de l’Alliance.
Ensuite, vous avez entendu tout à l’heure l’expression « SEIGNEUR mon Dieu, tu es si grand ! »  L’expression « mon Dieu » avec le possessif est toujours un rappel de l’Alliance puisque le projet de Dieu dans cette Alliance était précisément dit dans la formule « Vous serez mon peuple et je serai votre Dieu ». Cette promesse-là, c’est dans le don de l’Esprit « à tout être de chair », comme dit le prophète Joël (3,1) qu’elle s’accomplit. Désormais, tout homme est invité à recevoir le don de l’Esprit pour devenir vraiment fils de Dieu.
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Note
1 – La première lecture et le psaume sont communs aux fêtes de la Pentecôte des trois années liturgiques. En revanche, la deuxième lecture et l’évangile sont différents chaque année.

 

DEUXIEME LECTURE – lettre de la lettre de Saint Paul aux Romains 8,8-17

Frères,
8 ceux qui sont sous l’emprise de la chair
ne peuvent pas plaire à Dieu.
9 Or, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair,
mais sous celle de l’Esprit,
puisque l’Esprit de Dieu habite en vous.
Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ
ne lui appartient pas.
10 Mais si le Christ est en vous,
le corps, il est vrai, reste marqué par la mort
à cause du péché,
mais l’Esprit vous fait vivre,
puisque vous êtes devenus des justes.
11 Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts
habite en vous,
celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts
donnera aussi la vie à vos corps mortels
par son Esprit qui habite en vous.
12 Ainsi donc, frères, nous avons une dette,
mais elle n’est pas envers la chair
pour devoir vivre selon la chair.
13 Car si vous vivez selon la chair,
vous allez mourir ;
mais si, par l’Esprit,
vous tuez les agissements de l’homme pécheur,
vous vivrez.
14 En effet, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu,
ceux-là sont fils de Dieu.
15 Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves
et vous ramène à la peur ;
mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ;
et c’est en lui que nous crions
« Abba ! », c’est-à-dire : Père !
16 C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit
que nous sommes enfants de Dieu.
17 Puisque nous sommes ses enfants,
nous sommes aussi ses héritiers :
héritiers de Dieu,
héritiers avec le Christ,
si du moins nous souffrons avec lui
pour être avec lui dans la gloire.

VIVRE COMME DES ESCLAVES OU VIVRE COMME DES FILS ?
La principale difficulté de ce texte est dans le mot « chair » : dans le vocabulaire de Saint Paul, il n’a pas le même sens que dans notre français courant d’aujourd’hui. Nous, nous sommes tentés d’opposer deux composantes de l’être humain que nous appelons le corps et l’âme et nous risquons donc de faire un épouvantable contresens : quand Paul parle de chair et d’esprit, ce n’est pas du tout cela qu’il a en vue. Ce que Saint Paul appelle « chair », ce n’est pas ce que nous appelons le corps ; ce que Paul appelle l’Esprit, ce n’est pas ce que nous appelons l’âme. D’ailleurs Paul précise plusieurs fois qu’il s’agit de l’Esprit de Dieu, ou encore il dit « l’Esprit du Christ ».
Et encore, si on y regarde de plus près, il n’oppose pas deux mots « chair » et « Esprit », mais deux expressions « vivre selon la chair » et « vivre selon l’Esprit ». Pour lui, il faut choisir entre deux modes de vie ; ou pour le dire autrement, il faut choisir nos maîtres, ou notre ligne de conduite, si vous préférez.
On retrouve ici le thème des deux voies, très habituel pour le Juif qu’est Saint Paul : les deux voies, au sens de deux routes, bien sûr. A nous de choisir : pour mener notre existence, pour prendre des décisions, pour réagir devant les difficultés ou les épreuves, il y a deux attitudes possibles : la confiance en Dieu, ou la méfiance… la certitude qu’il ne nous abandonne jamais, ou le doute… la conviction que Dieu ne veut que notre bonheur, ou le soupçon qu’il voudrait notre malheur… la fidélité à ses commandements parce qu’on lui fait confiance, ou la désobéissance parce qu’on croit mieux savoir…
Devant les épreuves quotidiennes de la vie au désert, et en particulier devant l’épreuve de la soif, le peuple avait soupçonné Dieu de l’abandonner et avait fait un véritable procès d’intention à Dieu et à Moïse ; vous avez reconnu l’épisode de Massa et Meriba au livre de l’Exode. Devant la limite opposée à ses désirs, Adam soupçonne Dieu et désobéit ; c’est l’épisode de la chute au Paradis terrestre ; j’ai parlé au présent, parce que nous sommes tous Adam à certaines heures ; c’est l’éternel problème de la confiance, « la question de confiance », si vous préférez, problème tellement fondamental dans nos vies qu’on l’appelle « originel ».
A l’opposé de cette attitude de soupçon, de révolte contre Dieu, l’attitude du Christ est de confiance et donc de soumission : puisqu’il sait que la volonté de Dieu n’est que bonne, il s’y plie volontiers. Même et y compris devant la souffrance et la mort.
NOUS SOMMES DES FILS… DONC DES HERITIERS
Il y a donc deux attitudes opposées et ce sont ces deux attitudes que Paul appelle « vivre selon la chair » ou « vivre selon l’Esprit » ; et Paul développe cette opposition en nous proposant deux synonymes : « vivre selon la chair » c’est se conduire vis-à-vis de Dieu en esclaves : l’esclave n’a pas confiance en son maître, il se soumet par obligation et par peur des représailles ; l’autre attitude, « vivre selon l’Esprit », il la traduit par « se conduire en fils » : et il entend par là une relation de confiance et de tendresse.
Enfin, il dit deux choses : premièrement, seule l’attitude dictée par l’Esprit de Dieu, l’attitude de confiance et d’amour, à l’exemple du Christ, cette attitude-là est porteuse de vie ; tandis que la méfiance et le soupçon mènent à la mort ; « Si vous vivez selon la chair la chair, (sous-entendu l’attitude de méfiance et de désobéissance envers Dieu), vous allez mourir : mais si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez. » (verset 13). Je traduis : ce qui, en chacun de vous, est attitude d’esclave, est destructeur ; ce qui, en chacun de vous, est attitude filiale, confiante, est chemin de paix et de bonheur.
Deuxièmement, nous dit Paul, d’ores et déjà, l’Esprit de Dieu est en vous, vous êtes des fils, vous appelez Dieu « Abba-Père » : « Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la  peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire Père. » (verset 15).
Le jour où l’humanité tout entière reconnaîtra en Dieu son Père, ce jour-là, le projet de Dieu sera accompli et nous pourrons tous ensemble entrer dans sa gloire ; quelques versets plus loin, Paul dit : « La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu. » (verset 19).
Il reste la dernière phrase du texte d’aujourd’hui : « Puisque nous sommes les enfants de Dieu, nous sommes aussi ses héritiers ; héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, à condition de souffrir avec lui pour être avec lui dans sa gloire. » Cette phrase peut se lire de deux manières ; le contresens, l’attitude d’esclave, ce serait (Il n’est pas question) d’imaginer un Dieu qui met des conditions à l’héritage ! Au contraire, si nous écoutons l’Esprit de Dieu, qui nous fait voir en Dieu un Père plein d’amour, nous comprenons que nous sommes invités une fois de plus à demeurer dans la confiance, surtout quand nous abordons la souffrance : comme pour le Christ, les souffrances sont inévitables pour ceux qui s’engagent à sa suite sur le chemin du témoignage ; mais vécues avec lui et comme lui dans la confiance, elles sont chemin de résurrection. En fait, « à condition de souffrir avec lui » veut dire « à condition d’être avec lui, de rester greffés sur lui à tout moment, y compris dans la souffrance inévitable ».

 

EVANGILE – selon Saint Jean 14, 15-16. 23b-26

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
15 « Si vous m’aimez,
vous garderez mes commandements.
16 Moi, je prierai le Père,
et il vous donnera un autre Défenseur
qui sera pour toujours avec vous.

23 Si quelqu’un m’aime,
il gardera ma parole ;
mon Père l’aimera,
nous viendrons vers lui
et, chez lui, nous nous ferons une demeure.
24 Celui qui ne m’aime pas
ne garde pas mes paroles.
Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi :
elle est du Père, qui m’a envoyé.
25 Je vous parle ainsi,
tant que je demeure avec vous ;
26 mais le Défenseur,
l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom,
lui, vous enseignera tout,
et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »

QUAND L’AMOUR DE DIEU ENVAHIT LE CŒUR DES HOMMES
Nous connaissons bien cet évangile, mais il prend bien sûr aujourd’hui un nouvel éclairage grâce aux autres textes qui nous sont proposés pour la fête de la Pentecôte. Par exemple, il est intéressant que, pour la fête du don de l’Esprit, l’évangile qui nous est proposé ne nous parle que d’amour ! Souvent, nous sommes tentés de penser à l’Esprit Saint en termes d’inspiration, d’idées, de discernement, d’intelligence en quelque sorte ; Jésus nous dit ici : l’Esprit de Dieu, c’est tout autre chose, c’est l’Amour personnifié ; pas étonnant, me direz-vous, puisque, comme dit Saint Jean, « Dieu est Amour ».
Cela veut dire que, le matin de la Pentecôte, à Jérusalem, quand les disciples ont été remplis de l’Esprit Saint, c’est l’amour même qui est en Dieu qui les a envahis. Et de même, nous aussi, baptisés, confirmés, notre capacité d’amour est habitée par l’amour même de Dieu. « Tu envoies ton souffle : ils sont créés » dit le psaume 103/104 de cette fête du don de l’Esprit : effectivement, créés à l’image de Dieu, appelés à lui ressembler toujours plus, nous sommes constamment en train d’être modelés par lui à son image ; regardez le potier en train de façonner son vase, celui-ci s’affine de plus en plus dans les mains de l’artisan… Nous sommes cette poterie dans les mains de Dieu : notre ressemblance avec lui s’affine de plus en plus au fur et à mesure que nous laissons l’Esprit d’amour nous transformer.
Dans le passage de la lettre aux Romains que nous lisons pour cette fête de Pentecôte, il est plutôt question de notre relation à Dieu ; on pourrait le résumer par la phrase : nous ne sommes plus des esclaves, nous sommes des fils de Dieu. Dans cet évangile, Jésus fait le lien entre notre relation à Dieu et notre relation à nos frères : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements », et son commandement, nous savons bien ce qu’il est : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34) ; et l’on peut penser que cette expression fait référence au lavement des pieds, c’est-à-dire une attitude résolue de service.
Si bien qu’on peut traduire « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements » par « Si vous m’aimez, vous vous mettrez au service les uns des autres ». L’amour de Dieu et l’amour des frères sont inséparables, tellement inséparables que c’est à la qualité de notre mise au service de nos frères que l’on peut juger de la qualité de notre amour de Dieu. Du coup on peut retourner la phrase « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements » : elle veut dire « Si vous ne vous mettez pas au service de vos frères, ne prétendez pas que vous m’aimez » !
Un peu plus loin, Jésus reprend une expression tout à fait semblable mais il développe encore : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui, et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » (verset 23). Cela ne veut évidemment pas dire que notre Père du ciel pourrait ne pas nous aimer si nous ne nous mettons pas au service de nos frères ! En Dieu, il n’y a pas de marchandages, pas de conditions ! Au contraire, la caractéristique de la miséricorde, c’est de se pencher encore plus près des miséreux, et miséreux, nous le sommes sur le plan de l’amour et du service des autres.
TOUT ART S’APPREND EN S’EXERÇANT
Mais ce que veut dire cette phrase, c’est quelque chose que nous connaissons bien : la capacité d’aimer est un art et tout art s’apprend en s’exerçant ! L’amour du Père est sans mesure, infini ; c’est notre capacité d’accueil de cet amour qui est limitée et qui grandit à mesure que nous l’exerçons. Si bien que l’on pourrait traduire : « Si quelqu’un m’aime, il se mettra au service des autres. Et peu à peu son cœur  s’élargira et l’amour de Dieu l’envahira de plus en plus et il pourra encore mieux servir les autres… et ainsi de suite jusqu’à l’infini… » Jusqu’à l’infini au vrai sens du terme.
Pour terminer, revenons sur le mot « Défenseur » : il est vrai que nous avons besoin d’un Défenseur… mais pas devant Dieu, bien sûr ! Saint Paul nous l’a bien dit dans la lettre aux Romains (qui est notre seconde lecture de cette fête) : « Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils. » (Rm 8,15).Nous n’avons donc plus peur de Dieu, nous n’avons pas besoin de Défenseur devant lui. Mais alors devant qui ?
Jésus dit bien : « Je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous. » Oui, nous avons besoin d’un Défenseur, d’un avocat pour nous défendre : mais c’est devant nous-mêmes, devant nos réticences à nous mettre au service des autres, devant nos timidités du genre « Qu’est-ce que si peu de pains et de poissons pour tant de monde ? »
Nous avons bien besoin de ce Défenseur qui constamment, plaidera en nous la cause des autres. Et ce faisant, c’est nous en réalité qu’il défendra, car notre vrai bonheur, c’est de nous laisser modeler chaque jour par le potier à son image.

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Les douze fruits de l’Esprit-Saint

Les douze fruits de l’Esprit Saint

7. Le Saint-Esprit et le fruit de l’Esprit

Face aux sept dons, symboles de la re-création de l’homme, les douze fruits représentent la fécondité de la vie de l’Esprit

Tout comme les dons ont été «répandus dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné» (Romains 5,5), ainsi devons-nous nous aussi en prendre soin. C’est un peu comme une plante dont nous devons prendre soin en l’arrosant, en la taillant, en enrichissant la terre pour qu’elle donne du fruit. En effet, si  ces dons nous ont été donnés en totalité et sans retour, en revanche, nous avons à travailler pour les faire croître en nous. C’est par notre effort et notre persévérance qu’ils produiront leurs fruits. Il est d’ailleurs significatif que la Tradition de l’Église ait retenu une liste de douze fruits de l’Esprit. Là aussi, le nombre est symbolique.

Face aux sept dons, symboles de la re-création de l’homme, les douze fruits représentent la fécondité de la vie de l’Esprit, tout comme les douze patriarches nés de Jacob indiquent l’incarnation de la promesse faite à Abraham. Et le Saint Paul les réduit à trois groupes: 

– Les fruits qui concernent l’âme dans ses relations avec Dieu (la charité, la joie, la paix, la patience); 

– Les fruits qui concernent l’âme dans ses relations avec le prochain (la bénignité, la bonté, la longanimité, la mansuétude, la fidélité); 

– Les fruits qui concernent l’âme dans ses relations avec son propre corps: la modestie, la continence, la chasteté. 

Ces fruits, effets particuliers de la charité divine, sont autant de perfections habituelles et permanentes, qui règlent les mouvements de l’âme, et les maintiennent dans l’ordre; qui élèvent, perfectionnent, facilitent et couronnent les vertus dont ils portent le nom et qu’ils présupposent. Ainsi, en même temps qu’il nous accorde ses dons pour enrichir notre pauvreté, le Saint-Esprit, qui est une source inépuisable de trésors, nous présente aussi des fruits exquis et délicieux pour nourrir nos âmes. 

1°) LA CHARITÉ : elle est le principe de toutes les vertus car elle leur donne la vie et le mouvement pour la vie éternelle ; elle en est la fin, car les actions de toutes les vertus ne tendent qu’à nous unir à Dieu par la charité. Elle est la perfection de notre âme, car elle nous unit à Dieu qui est notre fin dernière; elle nous rend membres vivants de Jésus-Christ, et nous attache aux autres membres de l’Église, c’est-à-dire à notre prochain. C’est le Saint-Esprit, qui répand la charité dans nos cœurs  (Romains 5, 5); demandons-lui avec instance ce fruit précieux; nourrissons-en notre âme, et nous ressentirons sa douceur et ses délices.

2°) LA JOIE [EN DIEU] : elle est une disposition de l’âme, par laquelle nous nous réjouissons de toutes les perfections de Dieu et de tous les biens que nous savons avoir été donnés à notre prochain et à nous pour la gloire de Dieu. La joie des mondains, qui vient des prospérités passagères de cette vie, n’est qu’une fausse joie, parce qu’elle est mêlée de remords et de tribulations. Dieu seul, dit saint Augustin, doit faire toute notre joie. Voilà pourquoi Saint Paul nous exhorte à nous réjouir toujours dans le Seigneur (Phil.4,4). Cette joie spirituelle provient d’une conscience pure, et elle est pour l’âme une espèce de paradis anticipé. 

3°) LA PAIX [DU SEIGNEUR] : elle est la tranquillité de l’âme, elle nous rend paisibles nous-mêmes, par l’empire qu’elle nous donne sur les passions  qui troublent notre âme. La paix du Seigneur est un bien, qui surpasse tout sentiment. Que celui qui l’a reçue la conserve; que celui qui l’a perdue, la recherche. Celui-là ne pourra parvenir à l’héritage de Dieu, qui ne se sera pas appliqué à posséder le bien de la paix. 

4°) LA PATIENCE : c’est une vertu qui nous fait supporter avec résignation et courage tous les maux de cette vie, quelque grands et longs qu’ils soient. Elle a deux grands motifs qui l’animent: le premier est une espérance ferme et inébranlable d’en être récompensé dans le ciel ; le second, qui est le plus parfait, est celui de l’amour de Dieu. Ce fruit de l’Esprit-Saint semble ordinairement amer, mais l’âme qui sait s’en nourrir y trouve une véritable douceur.  

5°) LA BIENVEILLANCE : c’est une bonne disposition de l’âme qui nous porte à faire du bien à nos semblables, nous rend sensibles à leurs peines et à leurs embarras, et nous engage à chercher les moyens de les en tirer. Cette vertu, appelée encore humanité, obligeance, a paru avec éclat dans notre adorable Sauveur, dont il est écrit qu’il a passé en faisant le bien (Actes 10,38).Travaillons à l’acquérir ou à la perfectionner au dedans de nous, et pratiquons-en les œuvres  , qui sont de rendre service à nos frères, de compatir à leurs afflictions, comme si c’étaient nos propres disgrâces, de les secourir avec promptitude, autant qu’il est en notre pouvoir et sans écouter nos répugnances et notre délicatesse. 

6°) LA BONTÉ : c’est une qualité de l’âme, qui nous porte à faire toujours ce qui est bien. Elle nous rend attentifs et exacts à tous nos devoirs, fervents et dévots envers Dieu, tendres, affables, sincères, charitables à l’égard du prochain. Elle est opposée à la malice, et elle a pour compagnes inséparables la complaisance, l’indulgence, l’aménité. Celui qui possède cette bonté ne la conserve qu’autant qu’il travaille à devenir meilleur. 

7°) LA LONGANIMITÉ : c’est une vertu qui nous fait supporter longtemps et sans nous plaindre les peines du corps et les sécheresses de l’âme, et attendre avec une foi vive et une confiance parfaite le secours du Ciel. Cette vertu est une partie de la patience; mais elle en diffère en ce que, si la patience supporte les maux, la longanimité fait quelque chose de bien plus difficile, car elle supporte les maux pendant un long temps, et attend toujours la consolation, même quand elle est différée pendant des jours, des mois et des années. Le Seigneur nous exhorte à cette vertu, quand il dit par le roi-prophète: «Attendez le Seigneur, et, en attendant, agissez avec courage et que votre cœur  prenne de nouvelles forces» (Ps.26,20).  

8°) LA MANSUÉTUDE : c’est une vertu par laquelle nous réprimons la colère que nous éprouvons contre ceux qui nous outragent. Elle fait qu’au lieu de répondre injure pour injure à ceux qui nous attaquent, nous ne perdons pas même la sérénité de notre visage, ni la tranquillité de notre cœur, ni la paix de notre âme. Mon fils, dit l’Esprit-Saint, faites vos actions dans la mansuétude, et vous vous attirerez l’estime et l’affection des hommes (Eccles.3,19). 

9°) LA BONNE FOI : elle consiste en une fidélité candide, sans défiance, sans subterfuge, sans artifice, à tout engagement contracté. Cette vertu est la base des relations sociales. 

10°) LA MODESTIE : elle est une vertu aimable et rare, qui semble craindre d’être remarquée, et qui fait le plus digne ornement du mérite réel. Elle compose l’extérieur de l’homme, et règle ses mouvements avec bienséance et honnêteté, eu égard aux personnes, aux affaires, aux temps, aux lieux et autres circonstances. Elle contribue singulièrement à la pureté de l’âme et aux progrès dans la vertu; et elle est d’un grand poids pour procurer l’édification du prochain. Car, ainsi que l’a dit le Sage, «on connaît l’homme sensé à l’air de son visage: ses vêtements, son ris, son allure, rendent témoignage de ce qu’il est» (Eccles.19,26-27).  

11°) LA CONTINENCE : c’est une vertu austère, qui nous fait résister à l’attrait des passions et à tous les désirs charnels. On l’appelle ainsi, parce que l’homme étant porté par la corruption de sa nature à l’appétit des plaisirs sensuels, il faut qu’il se contienne pour vaincre les tentations. 

12°) LA CHASTETÉ : cette vertu provient de la précédente, et en est la perfection. Elle préserve le corps et l’âme de toute souillure, et s’effraie de la moindre pensée contraire à la pureté. Par elle, le corps s’approche de la nature angélique et devient un vrai temple du Saint-Esprit, qui est l’auteur et le principe de cette vertu comme il en est le rémunérateur. Dieu, qui est la pureté même, se plaît parmi les âmes chastes, tandis que les âmes impures sont en abomination devant ses yeux.  

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 MAIS, COMMENT FAIRE LA DIFFÉRENCE ENTRE CE QUI VIENT DE L’ESPRIT ET CE QUI RELÈVE DE NOS ETATS D’ÂME? 

Il est vrai que l’Esprit est parfois difficile à remarquer tant il est discret et humble, et qu’il ne cherche pas à attirer nos regards sur lui. Faire la différence entre ce qui vient de L’esprit et ce qui Relève de nos états d’âme c’est l’objet du discernement. En fait, ce qui est simplement d’ordre psychologique est superficiel et ne laisse guère de trace en nous, même si notre réaction première est assez vive. Ce qui vient de l’Esprit touche profondément notre coeur et change quelque chose pour de bon.  

L’Esprit Saint ne fait pas forcément du bruit, mais il se révèle dans la manière dont nous vivons. C’est ainsi qu’il nous apprend l’humilité. Toutefois, il donne du courage, de la force d’âme, il apaise le coeur et donne de l’imagination dans les moments difficiles. Il augmente la confiance en Dieu et donne le désir d’en savoir plus sur lui, approfondit la prière et, surtout, accroît l’amour et l’espérance. L’Esprit change profondément le cœur  de chacun. 

INVOQUONS LE SAINT-ESPRIT: « VIENS ESPRIT SAINT DANS NOS COEURS »

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Viens, Esprit-Saint, en nos cœurs , 

et envoie du haut du ciel 

un rayon de ta lumière. 

Viens en nous, père des pauvres.

Viens, dispensateur des dons.

Viens, lumière en nos cœurs . 

Consolateur souverain,

hôte très doux de nos âmes,

adoucissante fraîcheur. 

Dans le labeur, le repos ;

dans la fièvre, la fraîcheur ;

dans les pleurs, le réconfort. 

O lumière bienheureuse,

viens remplir jusqu’à l’intime 

le cœur  de tous tes fidèles. 

Sans ta puissance divine,

il n’est rien en aucun homme,

rien qui ne soit perverti. 

Lave ce qui est souillé,

baigne ce qui est aride,

guéris ce qui est blessé. 

Assouplis ce qui est raide,

réchauffe ce qui est froid,

rends droit ce qui est faussé. 

A tous ceux qui ont la foi 

et qui en toi se confient,

donne tes sept dons sacrés. 

Donne mérite et vertu

donne le salut final

donne la joie éternelle. 

Amen. 

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Symboles et représentations du Saint-Esprit dans la bible

Symboles et représentations du Saint-Esprit dans la Bible.

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Dieu étant conscient de notre côté humain, du fait que pour arriver à nous faire comprendre certaines choses spirituelles, il faut passer par les éléments physiques, il existe dans la Bible certaines représentations pour mieux nous expliquer ce qui est spirituel. Dans cette même optique, pour que nous saisissions mieux la nature et l’action du Saint-Esprit, la Bible utilise des symboles bien adaptés à notre condition actuelle. Quand nous parcourons la Bible, nous voyons que le Saint-Esprit est représenté de différentes manières, dont voici quelques-unes:

1- La colombe.

C’est sous cette forme que le Saint-Esprit s’est matérialisé lors du baptême de Jésus au Jourdain. La Bible dit dans Luc 3 :16 LSG: « et le Saint-Esprit descendit sur Lui sous une forme corporelle, comme une colombe… »

Pourquoi la Bible emploie-t-elle cette image ? Sans doute pour nous rappeler que, comme la colombe, le Saint-Esprit n’est pas seulement une puissance irrésistible, Il se caractérise aussi par la douceur, la tendresse et la pureté. Il est aussi un Esprit d’amour, de grâce, de consolation et d’innocence.

2- Le souffle ou le vent.

Ce symbole vient directement de la signification du mot « Esprit » dans les langues bibliques originales:

en hébreu, rouah désigne à la fois le souffle (haleine), et le vent (l’air en mouvement);

en grec, pneuma désigne aussi à la fois le vent et la respiration.

L’immatérialité de l’Esprit-Saint a conduit naturellement à utiliser ces termes pour Le désigner et pour désigner l’esprit de l’homme. En lisant l’histoire de la création, d’après Genèse 2 : 7, Dieu communique à Adam un souffle de vie, comme Il donnera plus tard à l’homme nouveau le souffle de l’Esprit. Et dans Job 32 :8 Lsg, la Bible dit: « mais en réalité, dans l’homme, c’est l’Esprit, le souffle du Tout-puissant, qui donne l’intelligence »; et dans Job 33:4 Lsg : « l’Esprit de Dieu m’a créé, et le souffle du Tout-puissant m’anime ».

Symboliser l’Esprit comme souffle ou vent, souligne l’action impétueuse, invisible et imprévisible du Saint-Esprit; cela montre aussi que cette action est souveraine et infiniment au-dessus de l’homme. Si l’Esprit est appelé le souffle du Tout-puissant, c’est qu’Il est Son émanation directe, Sa présence-même manifestée. Le vent accompagnait souvent dans l’Ancien Testament des manifestations divines. C’est bien Dieu, le Saint-Esprit, qui descend faire Sa demeure personnelle dans les croyants. Comme le vent, l’Esprit Saint est donc libre, puissant, actif et ne peut pas être enfermé dans nos petits schémas que le vent ne peut être enfermé dans une boîte.

3- L’eau.

En l’absence d’eau, toute vie est impossible. Notre besoin d’eau est tellement vital qu’un être humain normalement constitué, ne peut survivre à la privation totale d’eau. On comprend alors pourquoi le Seigneur a utilisé l’image de l’eau pour illustrer l’action du Saint-Esprit qui donne la vie et qui l’entretient. Jésus dit : « … Celui qui croit en Moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture. Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Lui… » (Jean 7 :38-39 Lsg). Le Seigneur déclare aussi à la Samaritaine, parlant certainement de l’Esprit qui vient habiter dans le croyant: « … l’eau que Je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle » (Jean 4 :14). Et voici encore un texte d’Esaïe: « Je répandrai des eaux sur le sol altéré et des ruisseaux sur la terre desséchée; Je répandrai Mon Esprit sur ta race… » (Esaïe 44 : 3 Lsg).

Ce symbole est facile à comprendre. Comme l’eau vive, la présence du Saint-Esprit rafraîchit et désaltère; elle fait apparaître la vie où régnaient la désolation et la mort; elle apporte la plénitude et l’abondance, et la déverse tout autour en flots de bénédictions.

4- Le feu.

Le feu, suivant l’usage constant de l’Ecriture, nous semble faire allusion non pas à la puissance du Saint-Esprit, mais à Son action purificatrice, qui juge et consume toute impureté. L’Esprit-Saint convainc de péché et de jugement, et Il brûle en nous tout ce qui n’est pas conforme à la volonté de Dieu.

A deux reprises, Jean-Baptiste, parlant de Jésus, dit: « Il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu. Il a Son van à la main; Il nettoiera Son aire, et Il amassera Son blé dans le grenier, mais Il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint point » (Matthieu 3 : 11-12 et Luc 3 : 16-17).

Remarquez que les deux passages cités ci-dessus, où Matthieu et Luc rapportent les paroles de Jean-Baptiste: « Il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu » sont aussitôt suivis d’une allusion très claire au feu du jugement éternel. Par contre, lorsque Marc (1 : 8) et Jean (1 : 33) parlent dans les mêmes termes du baptême de l’Esprit, n’ayant pas mentionné le feu, ils ne font pas allusion non plus au jugement. Rapprochez de cela les paroles mêmes de Jésus à propos de la géhenne: « Tout homme sera salé de feu » (Marc 9 : 49), et celles de Paul: « le feu éprouvera ce qu’est l’œuvre de chacun… S’il perd sa récompense, il sera sauvé comme au travers du feu »  (1 Corinthiens 3 :13-15). Le croyant sincère verra le péché jugé et consumé en lui par le Saint-Esprit, qui le régénère et le sanctifie; son œuvre sera jugée au dernier jour, et toute imperfection brûlée par le feu. Par contre, celui qui refuse de se laisser sauver et purifier sera jeté dans le feu éternel.

Ainsi donc, si nous demandions à être « baptisés de feu », cela reviendrait à demander à Dieu de consumer le péché en nous.

5- Le sceau.

Chez les Juifs, le sceau marquait la fin d’une transaction. Lorsque l’accord était réalisé, l’acte passé et le prix payé, on apposait le sceau sur le contrat pour le rendre définitif (Jérémie: 32 : 9-10).

Lorsque nous croyons, nous sommes scellés du Saint-Esprit pour le jour de la rédemption (Éphésiens 1 :13 ; 4 :30). Le Saint-Esprit devient ainsi sur nous l’empreinte divine, la marque de la propriété de Dieu. Il nous communique l’assurance que nous sommes sauvés et mis à part pour le jour où, dans la gloire, notre rédemption sera devenue parfaite. Si l’Esprit est comparé à un sceau, c’est précisément pour indiquer que son habitation en nous est définitive, ce sceau signale un acte accompli une fois pour toute et l’Esprit-Saint en nous garantit que nous appartenons à Dieu pour l’éternité. Le lien entre Christ et nous est ferme (2 Corinthiens 1 :21-22). Quelle assurance ce symbole procure quant à notre salut ? Comme le sceau, l’Esprit-Saint marque la propriété, donne la sécurité, assure la protection.

6- Le gage et Les arrhes.

Lors d’une transaction, il était (et il est encore souvent) d’usage de verser des arrhes. Il s’agit d’une somme irrémédiablement acquise au propriétaire, en jouissance anticipée de la pleine propriété. Paul dans Ephésiens 1 :13-14 Lsg : « Vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis, lequel est un gage de notre héritage » et dans 2 Corinthiens 1:21-22 Lsg: « Celui qui nous affermit avec vous en Christ, et qui nous a oints, c’est Dieu, lequel nous a aussi marqués d’un sceau et a mis dans nos cœurs les arrhes de l’Esprit » utilise ces deux images pour nous faire comprendre que le don actuel du Saint-Esprit est la garantie solennelle, et en quelque sorte le premier acompte de notre salut final. Si nous avons reçu l’Esprit, nous pouvons nous appuyer dès maintenant sur une merveilleuse certitude, et tressaillir d’allégresse en pensant au moment où nous serons effectivement remplis de toute la plénitude de Dieu. Dans notre condition présente, nous ne jouissons pas encore de tout ce qui sera notre partage éternel au ciel, mais nous en avons déjà une anticipation grâce à l’Esprit de Dieu dans nos cœurs.

En conclusion, remercions Dieu de nous avoir fait mieux comprendre par de tels symboles, plusieurs précieuses vérités sur Son Esprit, et efforçons-nous de les réaliser par la foi.

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DIMANCHE DE PENTECÔTE, ESPRIT SAINT, FÊTE DE LA PENTECÔTE, PENTECÔTE, SAINT ESPRIT, SERMONS

Fête de la Pentecôte

DIMANCHE 23 MAI 2021

Fête de la  Pentecôte

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Viens, Esprit Saint, en nos cœurs
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière.

Viens en nous, père des pauvres,
viens, dispensateur des dons,
viens, lumière de nos cœurs.

Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.

Dans le labeur, le repos ;
dans la fièvre, la fraîcheur ;
dans les pleurs, le réconfort.

Ô lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le cœur de tous les fidèles.

Sans ta puissance divine,
il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.

Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.

À tous ceux qui ont la foi
et qui en toi se confient
donne tes sept dons sacrés.

Donne mérite et vertu,
donne le salut final,
donne la joie éternelle.

Amen

TRAITÉ DE SAINT IRÉNÉE CONTRE LES HÉRÉSIES

L’envoi de l’Esprit

Quand le Seigneur donna à ses disciples le pouvoir de régénérer les hommes en Dieu, il leur dit : Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.

C’est cet Esprit dont il a promis par les prophètes l’effusion dans les temps derniers, sur les serviteurs et les servantes, afin qu’ils prophétisent. Voilà pourquoi l’Esprit est descendu dans le Fils de Dieu, devenu le fils de l’homme, pour s’habituer avec lui à habiter le genre humain, à reposer parmi les hommes, à habiter l’œuvre de Dieu, pour opérer en ces hommes la volonté du Père, et les renouveler de leur désuétude dans la nouveauté du Christ.

C’est l’Esprit, au dire de Luc, qui est descendu après l’Ascension du Seigneur sur les Apôtres à la Pentecôte, et qui a pouvoir sur tous les peuples pour les introduire à la vie et leur ouvrir la nouvelle Alliance.

C’est pourquoi, s’unissant à toutes les langues, ils chantaient une hymne à Dieu. L’Esprit ramenait à l’unité toutes les races éloignées, et offrait au Père les prémices de tous les peuples.

Voilà pourquoi aussi le Seigneur a promis de nous envoyer le Paraclet, qui nous adapte à Dieu. En effet la farine sèche ne peut sans eau devenir une seule pâte, pas davantage nous tous, ne pouvions devenir un en Jésus Christ sans l’eau qui vient du ciel. La terre aride, si elle ne reçoit pas d’eau, ne fructifie pas ; ainsi nous-mêmes, qui d’abord étions du bois sec, nous n’aurions jamais porté le fruit de la vie, sans l’eau librement donnée d’en haut. Ainsi nos corps ont reçu par l’eau du baptême l’unité qui les rend incorruptibles ; nos âmes l’ont reçue de l’Esprit. ~

L’Esprit de Dieu descendit sur le Seigneur, Esprit de sagesse et d’intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de science et de piété, Esprit de crainte de Dieu. À son tour le Seigneur l’a donné à l’Église, en envoyant des cieux le Paraclet sur toute la terre, là où le diable fut abattu comme la foudre, dit le Seigneur.

Ainsi cette rosée de Dieu nous est bien nécessaire pour n’être point consumés ni rendus stériles, et pour que là où nous avons l’accusateur, là nous ayons le Défenseur : car le Seigneur a confié à l’Esprit Saint l’homme qui est sien, cet homme qui était tombé aux mains des brigands. Il en a eu pitié et a pansé ses blessures, lui donnant deux pièces à l’effigie du Roi, pour qu’ayant reçu par l’Esprit l’image et le sceau du Père et du Fils, nous fassions fructifier la pièce qu’il nous a confiée, et la rendions multipliée au Seigneur.

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Dimanche 23 mai 2021 : Fête de la Pentecôte : lectures et commentaires

Dimanche 23 mai 2021 : Fête de la Pentecôte

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VERONA – JANUARY 27: Apse of Chapel Miniscalchi in Saint Anastasia’s church from year 1506 designed by Angelo di Giovanni with main scene of the Pentecost on January 27, 2013 in Verona, Italy.

Commentaires de Marie-Noëlle Thabut,

 

PREMIERE LECTURE – Actes des Apôtres 2, 1-11

1 Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours après Pâques,
ils se trouvaient réunis tous ensemble.
2 Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent :
la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière.
3 Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu,
qui se partageaient,
et il s’en posa une sur chacun d’eux.
4 Tous furent remplis d’Esprit Saint :
ils se mirent à parler en d’autres langues,
et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
5 Or, il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux,
venant de toutes les nations sous le ciel.
6 Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait,
ils se rassemblèrent en foule.
Ils étaient en pleine confusion
parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient.
7 Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient :
« Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous galiléens ?
8 Comment se fait-il que chacun de nous les entende
dans son propre dialecte, sa langue maternelle ?
9 Parthes, Mèdes et Elamites,
habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce,
de la province du Pont et de celle d’Asie,
10 de la Phrygie et de la Pamphylie,
de l’Egypte et des contrées de Libye proches de Cyrène,
Romains de passage,
11 Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes,
tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »

JERUSALEM, LA VILLE DU DON DE L’ESPRIT
Première chose à retenir de ce texte : Jérusalem est la ville du don de l’Esprit ! Elle n’est pas seulement la ville où Jésus a institué l’Eucharistie, la ville où il est ressuscité, elle est aussi la ville où l’Esprit a été répandu sur l’humanité.
C’était l’année de la mort de Jésus, mais qui d’entre eux le savait ? J’ai dit intentionnellement « la mort » de Jésus, sans parler de sa Résurrection ; car celle-ci pour l’instant est restée confidentielle. Ces gens venus de partout n’ont probablement jamais entendu parler d’un certain Jésus de Nazareth. Cette année-là est comme toutes les autres, cette fête de Pentecôte sera comme toutes les autres. Mais déjà, ce n’est pas rien ! On vient à Jérusalem dans la ferveur, la foi, l’enthousiasme d’un pèlerinage pour renouveler l’Alliance avec Dieu.
Ce jour-là, la ville de Jérusalem grouillait de monde venu de partout, des milliers de Juifs pieux venus parfois de très loin. Parce que, à l’époque du Christ, la Pentecôte juive était très importante : c’était la fête du don de la Loi, l’une des trois fêtes de l’année pour lesquelles on se rendait à Jérusalem en pèlerinage. L’énumération de toutes les nationalités réunies à Jérusalem pour cette occasion en est la preuve : « Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Egypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes ».
Pour les disciples, bien sûr, cette fête de Pentecôte, cinquante jours après la Pâque de Jésus, celui qu’ils ont vu entendu, touché… après sa Résurrection… cette Pentecôte ne ressemble à aucune autre ; pour eux plus rien n’est comme avant… Ce qui ne veut pas dire qu’ils s’attendent à ce qui va se passer !
Pour bien nous faire comprendre ce qui se passe, Luc nous le raconte ici, dans des termes qu’il a de toute évidence choisis très soigneusement pour évoquer au moins trois textes de l’Ancien Testament : ces trois textes, ce sont premièrement le don de la Loi au Sinaï ; deuxièmement une parole du prophète Joël ; troisièmement l’épisode de la tour de Babel.
Commençons par le Sinaï : les langues de feu de la Pentecôte, le bruit « comme un violent coup de vent » suggèrent que nous sommes ici dans la ligne de ce qui s’était passé au Sinaï, quand Dieu avait donné les tables de la Loi à Moïse ; on trouve cela au livre de l’Exode : « Le troisième jour, dès le matin, il y eut des coups de tonnerre, des éclairs, une lourde nuée sur la montagne et une puissante sonnerie de cor ; dans le camp, tout le peuple trembla. Moïse fit sortir le peuple hors du camp, à la rencontre de Dieu, et ils restèrent debout au pied de la montagne. La montagne du Sinaï était toute fumante, car le SEIGNEUR y était descendu dans le feu ; la fumée montait, comme la fumée d’une fournaise, et toute la montagne tremblait violemment … Moïse parlait, et la voix de Dieu lui répondait. » (Ex 19,16-19).
En s’inscrivant dans la ligne de l’événement du Sinaï, Saint Luc veut nous faire comprendre que cette Pentecôte, cette année-là, est beaucoup plus qu’un pèlerinage traditionnel : c’est un nouveau Sinaï. Comme Dieu avait donné sa Loi à son peuple pour lui enseigner à vivre dans l’Alliance, désormais Dieu donne son propre Esprit à son peuple… Désormais la Loi de Dieu (qui est le seul moyen de vivre vraiment libres et heureux, il ne faut pas l’oublier) désormais cette Loi de Dieu est écrite non plus sur des tables de pierre mais sur des tables de chair, sur le cœur de l’homme, pour reprendre une image d’Ezéchiel.2
L’ESPRIT DE DIEU DANS LE CŒUR DE L’HOMME
Deuxièmement, Luc a très certainement voulu évoquer une parole du prophète Joël : « Je répandrai mon esprit sur tout être de chair », dit Dieu (Jl 3,1 ; c’est-à-dire tout être humain). Aux yeux de Luc, ces « Juifs religieux, venant de toutes les nations sous le ciel » comme il les appelle, symbolisent l’humanité entière pour laquelle s’accomplit enfin la prophétie de Joël. Cela veut dire que le fameux « Jour de Dieu » tant attendu est arrivé !
Troisièmement, l’épisode de Babel : vous vous souvenez de l’histoire de Babel : en la simplifiant beaucoup, on peut la raconter comme une pièce en deux actes : Acte 1, tous les hommes parlaient la même langue : ils avaient le même langage et les mêmes mots. Ils décident d’entreprendre une grande œuvre qui mobilisera toutes leurs énergies : la construction d’une tour immense… Acte 2, Dieu intervient pour mettre le holà : il les disperse à la surface de la terre et brouille leurs langues. Désormais les hommes ne se comprendront plus… Nous nous demandons souvent ce qu’il faut en conclure ?… Si on veut bien ne pas faire de procès d’intention à Dieu, impossible d’imaginer qu’il ait agi pour autre chose que pour notre bonheur… Donc, si Dieu intervient, c’est pour épargner à l’humanité une fausse piste : la piste de la pensée unique, du projet unique ; quelque chose comme « mes petits enfants, vous recherchez l’unité, c’est bien ; mais ne vous trompez pas de chemin : l’unité n’est pas dans l’uniformité ! La véritable unité de l’amour ne peut se trouver que dans la diversité ».
Le récit de la Pentecôte chez Luc s’inscrit bien dans la ligne de Babel : à Babel, l’humanité apprend la diversité, à la Pentecôte, elle apprend l’unité dans la diversité : désormais toutes les nations qui sont sous le ciel entendent proclamer dans leurs diverses langues l’unique message : les merveilles de Dieu.
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Notes
1 – La première lecture et le psaume sont communs aux fêtes de la Pentecôte des trois années liturgiques. En revanche, la deuxième lecture et l’évangile sont différents chaque année.
2 – « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon esprit, je ferai que vous marchiez selon mes lois, que vous gardiez mes préceptes et leur soyez fidèles… vous, vous serez mon peuple, et moi, je serai votre Dieu ». (Ez 36,26…28).

 

PSAUME – 103 (104), 1.24, 29-30, 31.34

1 Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme ;
SEIGNEUR mon Dieu, tu es si grand !
24 Quelle profusion dans tes œuvres , SEIGNEUR !
La terre s’emplit de tes biens.

29 Tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
30 Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

31 Gloire au SEIGNEUR à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses œuvres   !
34 Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le SEIGNEUR.

QUELLE PROFUSION DANS TES OEUVRES, SEIGNEUR !
Il faudrait pouvoir lire ce psaume en entier ! Trente-six versets de louange pure, d’émerveillement devant les œuvres  de Dieu. J’ai dit des « versets », parce que c’est le mot habituel pour les psaumes, mais j’aurais dû dire trente-six « vers » car il s’agit en réalité d’un poème superbe.
On n’est pas surpris qu’il nous soit proposé pour la fête de la Pentecôte puisque Luc, dans le livre des Actes, nous raconte que le matin de la Pentecôte, les Apôtres, remplis de l’Esprit-Saint se sont mis à proclamer dans toutes les langues les merveilles de Dieu.
Vous me direz : pour s’émerveiller devant la Création, il n’y a pas besoin d’avoir la foi ! C’est vrai, et on trouve certainement dans toutes les civilisations des poèmes magnifiques sur les beautés de la nature. En particulier on a retrouvé en Egypte sur le tombeau d’un Pharaon un poème écrit par le célèbre Pharaon Akh-en-Aton (Aménophis IV) : il s’agit d’une hymne au Dieu-Soleil : Aménophis IV a vécu vers 1350 av. J.C. , à une époque où les Hébreux étaient probablement en Egypte ; ils ont peut-être connu ce poème.
Entre le poème du Pharaon et le psaume 103/104 il y a des similitudes de style et de vocabulaire, c’est évident : le langage de l’émerveillement est le même sous toutes les latitudes ! Mais ce qui est très intéressant, ce sont les différences : elles sont la trace de la Révélation qui a été faite au peuple de l’Alliance.
La première différence, et elle est essentielle pour la foi d’Israël, Dieu seul est Dieu ; il n’y a pas d’autre Dieu que lui ; et donc le soleil n’est pas un dieu ! Nous avons déjà eu l’occasion de le remarquer au sujet du récit de la Création dans la Genèse : la Bible prend grand soin de remettre le soleil et la lune à leurs places, ils ne sont pas des dieux, ils sont uniquement des luminaires, c’est tout. Et ils sont des créatures, eux aussi. Un des versets de notre psaume le dit clairement « (Toi, Dieu,) tu fis la lune qui marque les temps et le soleil qui connaît l’heure de son coucher » (verset 19).
Et plusieurs versets présentent bien Dieu comme le seul maître de la Création ; le poète emploie pour lui tout un vocabulaire royal : Dieu est présenté comme un roi magnifique, majestueux et victorieux. Par exemple, le mot « grand » que nous avons entendu est un mot employé pour dire la victoire du roi à la guerre. Manière bien humaine, évidemment, pour dire la maîtrise de Dieu sur tous les éléments du ciel, de la terre et de la mer.
Deuxième particularité de la Bible : la Création n’est que bonne ; on a là un écho de ce fameux poème de la Genèse qui répète inlassablement comme un refrain « Et Dieu vit que cela était bon ! »…
Le psaume 103/104 évoque tous les éléments de la Création, avec le même émerveillement : « Moi, je me réjouis dans le SEIGNEUR » (verset 34) et le psalmiste ajoute (un verset que nous n’entendons pas ce dimanche) : « Je veux chanter au SEIGNEUR tant que je vis, je veux jouer pour mon Dieu tant que je dure. » (verset 33).
Pour autant le mal n’est pas ignoré : la fin du psaume l’évoque clairement et souhaite sa disparition : mais les hommes de l’Ancien Testament avaient compris que le mal n’est pas l’œuvre  de Dieu, puisque la Création tout entière est bonne. Et on sait qu’un jour Dieu fera disparaître tout mal de la terre : le roi victorieux des éléments vaincra finalement tout ce qui entrave le bonheur de l’homme.
TU RENOUVELLES LA FACE DE LA TERRE
Troisième particularité de la foi d’Israël : la Création n’est pas un acte du passé : comme si Dieu avait lancé la terre et les humains dans l’espace, une fois pour toutes. Elle est une relation persistante entre le Créateur et ses créatures ; quand nous disons dans le Credo « Je crois en Dieu tout-puissant, créateur du ciel et de la terre », nous n’affirmons pas seulement notre foi en un acte initial de Dieu, mais nous nous reconnaissons en relation de dépendance à son égard : le psaume ici dit très bien la permanence de l’action de Dieu : « Tous, ils comptent sur toi… Tu caches ton visage : ils s’épouvantent ; tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière. Tu envoies ton souffle : ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre ». (versets 27.29).
Autre particularité, encore, de la foi d’Israël, autre marque de la révélation faite à ce peuple : au sommet de la Création, il y a l’homme ; créé pour être le roi de la Création, il est rempli du souffle même de Dieu ; il fallait bien une révélation pour que l’humanité ose penser une chose pareille ! Et c’est bien ce que nous célébrons à la Pentecôte : cet Esprit de Dieu qui est en nous vibre en sa présence : il entre en résonance avec lui. Et c’est pour cela que le psalmiste peut dire : « Que Dieu se réjouisse en ses œuvres  ! … moi, je me réjouis dans le SEIGNEUR ».
Enfin, et c’est très important : on sait bien qu’en Israël toute réflexion sur la Création s’inscrit dans la perspective de l’Alliance : Israël a d’abord expérimenté l’œuvre  de libération de Dieu et seulement ensuite a médité la Création à la lumière de cette expérience. Dans ce psaume précis, on en a des traces :
D’abord le nom de Dieu employé ici est le fameux nom en quatre lettres, YHVH, que nous traduisons SEIGNEUR, qui est la révélation précisément du Dieu de l’Alliance.
Ensuite, vous avez entendu tout à l’heure l’expression « SEIGNEUR mon Dieu, tu es si grand ! » L’expression « mon Dieu » avec le possessif est toujours un rappel de l’Alliance puisque le projet de Dieu dans cette Alliance était précisément dit dans la formule « Vous serez mon peuple et je serai votre Dieu ». Cette promesse-là, c’est dans le don de l’Esprit « à tout être de chair », comme dit le prophète Joël qu’elle s’accomplit. Désormais, tout homme est invité à recevoir le don de l’Esprit pour devenir vraiment fils de Dieu..

 

DEUXIEME LECTURE – première lettre de Saint Paul aux Galates 5, 16-25

Frères,
16 je vous le dis :
marchez sous la conduite de l’Esprit Saint,
et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair.
17 Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit,
et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair.
En effet, il y a là un affrontement
qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez.
18 Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit,
vous n’êtes pas soumis à la Loi.
19 On sait bien à quelles actions mène la chair :
inconduite, impureté, débauche,
20 idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité,
jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme,
21 envie, beuveries, orgies
et autres choses du même genre.
Je vous préviens, comme je l’ai déjà fait :
ceux qui commettent de telles actions
ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu.
22 Mais voici le fruit de l’Esprit :
amour, joie, paix, patience,
bonté, bienveillance, fidélité,
23 douceur et maîtrise de soi.
En ces domaines, la Loi n’intervient pas.
24 Ceux qui sont au Christ Jésus
ont crucifié en eux la chair,
avec ses passions et ses convoitises.
25 Puisque l’Esprit nous fait vivre,
marchons sous la conduite de l’Esprit.

UN AFFRONTEMENT PERMANENT
Cet affrontement que Paul décrit ici entre les tendances de la chair et les tendances de l’esprit est le lot de chacun de nous depuis que le monde est monde. Le Livre de la Genèse le dit d’une manière très imagée dans l’épisode de Caïn et Abel : Abel était berger, Caïn cultivateur ; au printemps, selon la coutume, chacun des deux fit une offrande : la règle était que le berger offre le premier-né de son troupeau (ce qu’Abel a fait) et le cultivateur les premières gerbes de sa récolte ; pour Caïn, le texte suggère qu’il a peut-être fait son offrande de mauvais gré, puisqu’il est dit : « Caïn présenta des produits de la terre en offrande au SEIGNEUR » (« des produits de la terre » et non les premières gerbes). En tout cas, la suite est claire ; Caïn, peut-être parce qu’il n’a pas la conscience très tranquille, se rend compte (ou croit deviner) que son offrande n’est pas aussi bien vue que celle de son frère : « Le SEIGNEUR tourna son regard vers Abel et son offrande, mais vers Caïn et de son offrande, il ne le tourna pas. Caïn en fut très irrité et montra un visage abattu. Le SEIGNEUR dit à Caïn : pourquoi es-tu irrité, pourquoi ce visage abattu ? Si tu agis bien, ne relèveras-tu pas ton visage ? Mais si tu n’agis pas bien… le péché est accroupi à ta porte. Il est à l’affût, mais tu dois le dominer. » (Gn 4,4-7).
Le mot « accroupi » (littéralement « tapi »), ici, est très intéressant ; il se dit d’un animal prêt à bondir : Caïn est écartelé entre cette violence animale qui l’envahit et l’appel de Dieu à dominer son envie de meurtre : « le péché est accroupi à ta porte. Il est à l’affût, mais tu dois le dominer. » Il est clair que, pour Caïn, la véritable liberté aurait été de dominer sa violence : au moment où il se donnait l’illusion d’être le plus fort en tuant son frère, il n’était en réalité que l’esclave d’une violence qu’il n’avait pas su dominer. Nous sommes les descendants de Caïn et toute notre histoire humaine, aussi bien collective qu’individuelle, pourrait s’écrire comme la longue suite de ces affrontements : très lentement, l’humanité apprend à dominer sa violence : elle sort peu à peu de l’animalité pour devenir vraiment humaine. A l’échelon individuel, le même apprentissage est à refaire pour chacun de nous : ceux d’entre nous qui ont éduqué des enfants le savent bien. Long apprentissage de ce qu’est la véritable liberté ! Non pas se laisser aller à n’importe quoi, mais au contraire savoir dominer toutes ces bêtes tapies à notre porte : « inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme, envie, beuveries, orgies et autres choses du même genre. » (On reconnaît ici la liste de Paul).
LA LOI, UN PREMIER PAS
Une bonne manière de faciliter cet apprentissage est d’imposer certaines règles de conduite : c’est le rôle des lois. « Tu ne tueras pas » : c’est le premier pas, la première balise ; il serait évidemment beaucoup plus noble pour Caïn d’aimer spontanément Abel ; mais tant qu’on n’en est pas là, au moins la loi limite-t-elle les dégâts et peu à peu elle éduque, de gré ou de force. Son rôle est d’enseigner les « bonnes manières », c’est-à-dire, qu’on le veuille ou non, les manières « d’être bon ! »
« Tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne commettras pas de vol, tu ne porteras pas de faux témoignage…, tu ne convoiteras pas… » C’est l’apprentissage de la fidélité à ses promesses, de la vérité, du respect des autres…
Apprentissage par la contrainte, il est vrai, mais l’expérience prouve que dans une première étape du développement des sociétés comme des individus, seule cette contrainte est efficace pour éviter la prolifération de la violence, ce que Paul appelle « les tendances égoïstes de la chair ».
Entendons-nous bien sur le sens de ce mot « chair » pour Paul : contrairement à ce qu’on pourrait croire, chez Saint Paul, le mot « chair » n’a rien de péjoratif ! Ce n’est pas le corps, et encore moins le sexe, c’est l’homme tout entier quand il ressemble à Caïn ; cet homme-là a besoin d’une loi pour ne pas se laisser aller à toutes les violences qui l’habitent. Un jour viendra où la loi ne sera plus nécessaire : ce ne sera plus la loi qui régira les rapports entre les hommes, ce sera l’amour.
Car l’amour de Dieu aura envahi tous les cœurs  : « Je répandrai mon esprit sur tout être de chair » avait annoncé le prophète Joël (3,1). Et l’humanité tout entière aura un esprit neuf, comme dit Ezéchiel :
« Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre chair le cœur de pierre (le cœur de Caïn), je vous donnerai un cœur de chair (comme celui de Jésus-Christ). Je mettrai en vous mon esprit, je ferai que vous marchiez selon mes lois (sous-entendu la loi d’amour), que vous gardiez mes préceptes et leur soyez fidèles… vous, vous serez mon peuple, et moi, je serai votre Dieu ». (Ez 36,26…28).
C’est déjà merveilleux de pouvoir affirmer « Un jour viendra »… Mais Paul va beaucoup plus loin… Il nous dit que ce jour est déjà venu. Et tous les textes de cette fête de Pentecôte répètent la même chose : ce jour est venu, Dieu a répandu son Esprit sur nous. La loi de contrainte n’a plus sa raison d’être, ou plutôt, une seule loi subsiste : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Ce jour est venu, et déjà nous avons vu l’œuvre  de l’Esprit d’amour dans le coeur d’un homme qui se laisse complètement habiter par lui : je veux parler de Jésus de Nazareth : quand Paul fait la liste des fruits de l’Esprit, on peut y lire le portrait même de Jésus-Christ : « Amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. »

 

EVANGILE – selon Saint Jean 15,26-27 ; 16,12-15

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
15, 26 « Quand viendra le Défenseur,
que je vous enverrai d’auprès du Père,
lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père,
il rendra témoignage en ma faveur.
27 Et vous aussi, vous allez rendre témoignage,
car vous êtes avec moi depuis le commencement.

16, 12 J’ai encore beaucoup de choses à vous dire,
mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter.
13 Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité,
il vous conduira dans la vérité tout entière.
En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même :
mais ce qu’il aura entendu, il le dira ;
et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
14 Lui me glorifiera,
car il recevra ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître.
15 Tout ce possède le Père est à moi ;
voilà pourquoi je vous ai dit :
l’Esprit reçoit ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître. »

L’ESPRIT DE VERITE…
Cinq fois, au cours de son dernier entretien avec ses disciples, Jésus leur promet l’Esprit, qui sera désormais leur soutien. A plusieurs reprises, il lui donne le nom de Paraclet, traduisez celui qui est appelé auprès d’eux et qui ne les quittera jamais : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous ; l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous. » (Jn 14,16-17).
« Le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jn 14,26)…« Quand viendra le Défenseur que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement » (c’est le texte d’aujourd’hui – Jn 15,26-27)… « Il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai. » (Jn 16,7)… « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même ; mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. » (Jn 16,13).
Si Jésus insiste tant sur le don de l’Esprit, c’est pour conforter ses disciples à l’heure de son départ ; ce sont eux désormais qui seront en première ligne ; ce même soir, il les prévient : « Je vous parle ainsi, pour que vous ne soyez pas scandalisés. On vous exclura des assemblées. Bien plus, l’heure vient où tous ceux qui vous tueront s’imagineront qu’ils rendent un culte à Dieu. Ils feront cela, parce qu’ils n’ont connu ni le Père ni moi. Eh bien, voici pourquoi je vous dis cela : quand l’heure sera venue, vous vous souviendrez que je vous l’avais dit. » (Jn 16,1-4).
Jésus sait bien que ses disciples ne seront pas traités autrement que lui : ceux qui ont voulu sa mort ont vraiment cru agir pour l’honneur de Dieu, en supprimant quelqu’un qui blasphémait. C’est ce que rapporte Saint Jean dans le récit de la Passion : les Juifs dirent à Pilate : « Nous avons une Loi, et suivant la Loi il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu. » (Jn 19,7).
On est toujours surpris de cette effroyable méprise : le Fils de Dieu a été crucifié par les défenseurs de Dieu. A leur tour, les disciples du Fils seront persécutés, supprimés les uns après les autres au nom de la religion authentique. Ils auront bien besoin du soutien de l’Esprit de vérité. Jean l’appelle le Défenseur (en grec le « Paraclet ») : entendons-nous bien, il ne s’agit pas de défendre les disciples contre un quelconque jugement de Dieu, mais de les soutenir lorsqu’ils seront traduits devant les tribunaux humains, pour qu’ils puissent témoigner authentiquement du Christ. Jésus n’a pas défini autrement sa propre vocation ; au cours de la Passion, il a dit à Pilate « Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité » (Jn 18,37). A leur tour, les disciples n’ont pas d’autre raison d’être que de rendre témoignage au Christ pour que le monde connaisse enfin la vérité du Père.
… DONNE AUX CROYANTS POUR EN FAIRE DES TEMOINS
L’Alliance définitive entre Dieu et l’humanité ne pourra s’instaurer que quand l’humanité connaîtra (au sens de « reconnaîtra ») enfin son Dieu. L’effroyable méprise dont je parlais tout-à-l’heure, la méconnaissance de l’humanité à l’égard de Dieu est le problème qui parcourt toute la Bible : depuis le soupçon d’Adam au jardin de la Genèse (Adam qui imagine Dieu jaloux de lui), depuis le soupçon du peuple assoiffé dans le désert du Sinaï, qui ose reprocher à Dieu de l’avoir fait sortir d’Egypte… jusqu’à ceux qui ont crucifié le Fils de Dieu lui-même, simplement parce qu’il ne répondait pas à leurs schémas, c’est toujours la même méconnaissance ; en vain, les prophètes ont alerté le peuple : « Cieux, écoutez ; terre, prête l’oreille, car le SEIGNEUR a parlé. J’ai fait grandir des enfants, je les ai élevés, mais ils se sont révoltés contre moi. Le bœuf connaît son propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître. Israël ne le connaît pas, mon peuple ne comprend pas. » (Is 1,2-3). Mais Dieu ne s’est pas lassé, il sait bien que l’humanité ne peut pas le découvrir toute seule, puisqu’il est le Tout-Autre ; il interviendra ; écoutons Jérémie : « Je leur donnerai un cœur qui me connaisse, car je suis le SEIGNEUR ; ils seront mon peuple, et moi, je serai leur Dieu, car ils reviendront à moi de tout leur cœur. » (Jr 24,7).
Voilà qui devrait éclairer tous nos efforts pour connaître Dieu : parce qu’Il est le Tout-Autre, nous ne pouvons pas l’atteindre par nos seuls efforts, c’est lui qui vient se révéler à nous. C’est pour cela qu’il nous fait le don de son Esprit ; selon la très belle formule de la Prière Eucharistique « l’Esprit est le premier don fait aux croyants » pour que, par leur témoignage, le monde parvienne à la connaissance de la vérité de Dieu.
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Complément
Il est intéressant de rapprocher la phrase de Pierre lors de l’élection de Matthias (« Il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis le commencement, lors du baptême donné par Jean, jusqu’au jour où il fut enlevé d’auprès de nous. Il faut donc que l’un d’entre eux devienne, avec nous, témoin de sa résurrection. » (Ac 1,20) et celle de Jésus le dernier soir : « Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement » (Jn 15,27).

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La Pentecôte : dimanche 31 mai 2020 : lectures et commentaires

Solennité de la Pentecôte : dimanche 31 mai 2020

Pentecôte

Commentaires de Marie-Noëlle Thabut,

1ère lecture

Psaume

2ème lecture

Evangile

 

PREMIERE LECTURE – Actes des apôtres 2, 1-11

1 Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours après Pâques,
ils se trouvaient réunis tous ensemble.
2 Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent :
la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière.
3 Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu,
qui se partageaient,
et il s’en posa une sur chacun d’eux.
4 Tous furent remplis d’Esprit Saint :
ils se mirent à parler en d’autres langues,
et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
5 Or, il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux,
venant de toutes les nations sous le ciel.
6 Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait,
ils se rassemblèrent en foule.
Ils étaient en pleine confusion
parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient.
7 Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient :
« Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ?
8 Comment se fait-il que chacun de nous les entende
dans son propre dialecte, sa langue maternelle ?
9 Parthes, Mèdes et Elamites,
habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce,
de la province du Pont et de celle d’Asie,
10 de la Phrygie et de la Pamphylie,
de l’Egypte et des contrées de Libye proches de Cyrène,
Romains de passage,
11 Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes,
tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »

Première chose à retenir de ce texte : Jérusalem est la ville du don de l’Esprit ! Elle n’est pas seulement la ville où Jésus a institué l’Eucharistie, la ville où il est ressuscité, elle est aussi la ville où l’Esprit a été répandu sur l’humanité.
A l’époque du Christ, la Pentecôte juive était très importante : c’était la fête du don de la Loi, l’une des trois fêtes de l’année pour lesquelles on se rendait à Jérusalem en pèlerinage. L’énumération de toutes les nationalités réunies à Jérusalem pour cette occasion en est la preuve : « Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la mer Noire, de la province d’Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l’Egypte et de la Libye proche de Cyrène… Crétois et Arabes ».
La ville de Jérusalem grouillait donc de monde venu de partout, des milliers de Juifs pieux venus parfois de très loin : c’était l’année de la mort de Jésus, mais qui d’entre eux le savait ? J’ai dit intentionnellement « la mort » de Jésus, sans parler de sa Résurrection ; car celle-ci pour l’instant est restée confidentielle. Ces gens venus de partout n’ont probablement jamais entendu parler d’un certain Jésus de Nazareth. Cette année-là est comme toutes les autres, cette fête de Pentecôte sera comme toutes les autres. Mais déjà, ce n’est pas rien ! On vient à Jérusalem dans la ferveur, la foi, l’enthousiasme d’un pèlerinage pour renouveler l’Alliance avec Dieu.
Pour les disciples, bien sûr, cette fête de Pentecôte, cinquante jours après la Pâque de Jésus, celui qu’ils ont vu entendu, touché… après sa Résurrection… cette Pentecôte ne ressemble à aucune autre ; pour eux plus rien n’est comme avant… Ce qui ne veut pas dire qu’ils s’attendent à ce qui va se passer !
Pour bien nous faire comprendre ce qui se passe, Luc nous le raconte ici, dans des termes qu’il a de toute évidence choisis très soigneusement pour évoquer au moins trois textes de l’Ancien Testament : ces trois textes, ce sont premièrement le don de la Loi au Sinaï ; deuxièmement une parole du prophète Joël ; troisièmement l’épisode de la tour de Babel.
Commençons par le Sinaï : les langues de feu de la Pentecôte, le bruit « pareil à celui d’un violent coup de vent » suggèrent que nous sommes ici dans la ligne de ce qui s’était passé au Sinaï, quand Dieu avait donné les tables de la Loi à Moïse ; on trouve cela au livre de l’Exode : « Le troisième jour, quand vint le matin, il y eut des voix, des éclairs, une nuée pesant sur la montagne et la voix d’un cor très puissant ; dans le camp, tout le peuple trembla. Moïse fit sortir le peuple à la rencontre de Dieu hors du camp, et ils se tinrent tout en bas de la montagne. La montagne du Sinaï n’était que fumée, parce que le SEIGNEUR y était descendu dans le feu ; sa fumée monta comme le feu d’une fournaise, et toute la montagne trembla violemment … Moïse parlait et Dieu lui répondait par la voix du tonnerre ». (Ex 19,16-19).
(Et on racontait que lorsque Dieu avait donné la loi, il y avait des lampes de feu qui traversaient l’espace.)
En s’inscrivant dans la ligne de l’événement du Sinaï, Saint Luc veut nous faire comprendre que cette Pentecôte, cette année-là, est beaucoup plus qu’un pèlerinage traditionnel : c’est un nouveau Sinaï. Comme Dieu avait donné sa Loi à son peuple pour lui enseigner à vivre dans l’Alliance, désormais Dieu donne son propre Esprit à son peuple… Désormais la Loi de Dieu (qui est le seul moyen de vivre vraiment libres et heureux, il ne faut pas l’oublier) désormais cette Loi de Dieu est écrite non plus sur des tables de pierre mais sur des tables de chair, sur le coeur de l’homme, pour reprendre une image d’Ezéchiel.2
Deuxièmement, Luc a très certainement voulu évoquer une parole du prophète Joël : « Je répandrai mon esprit sur toute chair », dit Dieu (Jl 3, 1 ; « toute chair » c’est-à-dire tout être humain). Aux yeux de Luc, ces « Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel » comme il les appelle, symbolisent l’humanité entière pour laquelle s’accomplit enfin la prophétie de Joël. Cela veut dire que le fameux « Jour de Dieu » tant attendu est arrivé !
Troisièmement, l’épisode de Babel : vous vous souvenez de l’histoire de Babel : en la simplifiant beaucoup, on peut la raconter comme une pièce en deux actes : Acte 1, tous les hommes parlaient la même langue : ils avaient le même langage et les mêmes mots. Ils décident d’entreprendre une grande oeuvre qui mobilisera toutes leurs énergies : la construction d’une tour immense… Acte 2, Dieu intervient pour mettre le holà : il les disperse à la surface de la terre et brouille leurs langues. Désormais les hommes ne se comprendront plus… Nous nous demandons souvent ce qu’il faut en conclure ?… Si on veut bien ne pas faire de procès d’intention à Dieu, impossible d’imaginer qu’il ait agi pour autre chose que pour notre bonheur… Donc, si Dieu intervient, c’est pour épargner à l’humanité une fausse piste : la piste de la pensée unique, du projet unique ; quelque chose comme « mes petits enfants, vous recherchez l’unité, c’est bien ; mais ne vous trompez pas de chemin : l’unité n’est pas dans l’uniformité ! La véritable unité de l’amour ne peut se trouver que dans la diversité ».
Le récit de la Pentecôte chez Luc s’inscrit bien dans la ligne de Babel : à Babel, l’humanité apprend la diversité, à la Pentecôte, elle apprend l’unité dans la diversité : désormais toutes les nations qui sont sous le ciel entendent proclamer dans leurs diverses langues l’unique message : les merveilles de Dieu.
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Note
1 – La première lecture et le psaume sont communs aux fêtes de la Pentecôte des trois années liturgiques. En revanche, la deuxième lecture et l’évangile sont différents chaque année.
2 – « Je vous donnerai un cœur neuf et je mettrai en vous un esprit neuf ; j’enlèverai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon propre esprit, je vous ferai marcher selon mes lois, garder et pratiquer mes coutumes…vous serez mon peuple et je serai votre Dieu ». (Ez 36,26…28).

 

PSAUME – 103 (104), 1.24, 29-30, 31.34

1 Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme ;
SEIGNEUR mon Dieu, tu es si grand !
24 Quelle profusion dans tes oeuvres, SEIGNEUR !
La terre s’emplit de tes biens.

29 Tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
30 Tu envoies ton souffle ; ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

31 Gloire au SEIGNEUR à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses oeuvres !
34 Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le SEIGNEUR.

Il faudrait pouvoir lire ce psaume en entier ! Trente-six versets de louange pure, d’émerveillement devant les oeuvres de Dieu J’ai dit des « versets », parce que c’est le mot habituel pour les psaumes, mais j’aurais dû dire trente-six « vers » car il s’agit en réalité d’un poème superbe.
On n’est pas surpris qu’il nous soit proposé pour la fête de la Pentecôte puisque Luc, dans le livre des Actes, nous raconte que le matin de la Pentecôte, les Apôtres, remplis de l’Esprit-Saint se sont mis à proclamer dans toutes les langues les merveilles de Dieu.
Vous me direz : pour s’émerveiller devant la Création, il n’y a pas besoin d’avoir la foi ! C’est vrai, et on trouve certainement dans toutes les civilisations des poèmes magnifiques sur les beautés de la nature. En particulier on a retrouvé en Egypte sur le tombeau d’un Pharaon un poème écrit par le célèbre Pharaon Akh-en-Aton (Aménophis IV) : il s’agit d’une hymne au Dieu-Soleil : Aménophis IV a vécu vers 1350 av. J.C. , à une époque où les Hébreux étaient probablement en Egypte ; ils ont peut-être connu ce poème.
Entre le poème du Pharaon et le psaume 103/104 il y a des similitudes de style et de vocabulaire, c’est évident : le langage de l’émerveillement est le même sous toutes les latitudes ! Mais ce qui est très intéressant, ce sont les différences : elles sont la trace de la Révélation qui a été faite au peuple de l’Alliance.
La première différence, et elle est essentielle pour la foi d’Israël, Dieu seul est Dieu ; il n’y a pas d’autre Dieu que lui ; et donc le soleil n’est pas un dieu ! Nous avons déjà eu l’occasion de le remarquer au sujet du récit de la Création dans la Genèse : la Bible prend grand soin de remettre le soleil et la lune à leurs places, ils ne sont pas des dieux, ils sont uniquement des luminaires, c’est tout. Et ils sont des créatures, eux aussi : un des versets du psaume le dit clairement « Toi, Dieu, tu fis la lune qui marque les temps et le soleil qui connaît l’heure de son coucher ». Je ne vais pas en parler longtemps car il s’agit de versets qui n’ont pas été retenus pour la fête de la Pentecôte, mais plusieurs versets présentent bien Dieu comme le seul maître de la Création ; le poète emploie pour lui tout un vocabulaire royal : Dieu est présenté comme un roi magnifique, majestueux et victorieux. Par exemple, le mot « grand » que nous avons entendu est un mot employé pour dire la victoire du roi à la guerre. Manière bien humaine, évidemment, pour dire la maîtrise de Dieu sur tous les éléments du ciel, de la terre et de la mer.
Deuxième particularité de la Bible : la Création n’est que bonne ; on a là un écho de ce fameux poème de la Genèse qui répète inlassablement comme un refrain « Et Dieu vit que cela était bon ! »… Le psaume 103/104 évoque tous les éléments de la Création, avec le même émerveillement : « Moi, je me réjouis dans le SEIGNEUR » et le psalmiste ajoute (un verset que nous n’entendons pas ce dimanche) : « Je veux chanter au SEIGNEUR tant que je vis, jouer pour mon Dieu tant que je dure… »
Pour autant le mal n’est pas ignoré : la fin du psaume l’évoque clairement et souhaite sa disparition : mais les hommes de l’Ancien Testament avaient compris que le mal n’est pas l’oeuvre de Dieu, puisque la Création tout entière est bonne. Et on sait qu’un jour Dieu fera disparaître tout mal de la terre : le roi victorieux des éléments vaincra finalement tout ce qui entrave le bonheur de l’homme.
Troisième particularité de la foi d’Israël : la Création n’est pas un acte du passé : comme si Dieu avait lancé la terre et les humains dans l’espace, une fois pour toutes. Elle est une relation persistante entre le Créateur et ses créatures ; quand nous disons dans le Credo « Je crois en Dieu tout-puissant, créateur du ciel et de la terre », nous n’affirmons pas seulement notre foi en un acte initial de Dieu, mais nous nous reconnaissons en relation de dépendance à son égard : le psaume ici dit très bien la permanence de l’action de Dieu : « Tous comptent sur toi… Tu caches ton visage, ils s’épouvantent ; tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière. Tu envoies ton souffle, ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre ».
Autre particularité, encore, de la foi d’Israël, autre marque de la révélation faite à ce peuple : au sommet de la Création, il y a l’homme ; créé pour être le roi de la Création, il est rempli du souffle même de Dieu ; il fallait bien une révélation pour que l’humanité ose penser une chose pareille ! Et c’est bien ce que nous célébrons à la Pentecôte : cet Esprit de Dieu qui est en nous vibre en sa présence : il entre en résonance avec lui. Et c’est pour cela que le psalmiste peut dire : « Que Dieu se réjouisse en ses oeuvres ! … Moi, je me réjouis dans le SEIGNEUR ».
Enfin, et c’est très important : on sait bien qu’en Israël toute réflexion sur la Création s’inscrit dans la perspective de l’Alliance : Israël a d’abord expérimenté l’oeuvre de libération de Dieu et seulement ensuite a médité la Création à la lumière de cette expérience. Dans ce psaume précis, on en a des traces :
D’abord le nom de Dieu employé ici est le fameux nom en quatre lettres, YHVH, que nous traduisons SEIGNEUR, qui est la révélation précisément du Dieu de l’Alliance.
Ensuite, vous avez entendu tout à l’heure l’expression « SEIGNEUR mon Dieu, tu es si grand ! » L’expression « mon Dieu » avec le possessif est toujours un rappel de l’Alliance puisque le projet de Dieu dans cette Alliance était précisément dit dans la formule « Vous serez mon peuple et je serai votre Dieu ». Cette promesse-là, c’est dans le don de l’Esprit « à toute chair », comme dit le prophète Joël qu’elle s’accomplit. Désormais, tout homme est invité à recevoir le don de l’Esprit pour devenir vraiment fils de Dieu.
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Note
1 – La première lecture et le psaume sont communs aux fêtes de la Pentecôte des trois années liturgiques. En revanche, la deuxième lecture et l’évangile sont différents chaque année.

 

DEUXIEME LECTURE –

Première lettre de Paul aux Corinthiens 12, 3b-7. 12-13

Frères,
3 personne n’est capable de dire :
« Jésus est Seigneur »
sinon dans l’Esprit Saint.
4 Les dons de la grâce sont variés,
mais c’est le même Esprit.
5 Les services sont variés,
mais c’est le même Seigneur.
6 Les activités sont variées,
mais c’est le même Dieu
qui agit en tout et en tous.
7 À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit
en vue du bien.

12 Prenons une comparaison :
le corps ne fait qu’un,
il a pourtant plusieurs membres ;
et tous les membres, malgré leur nombre,
ne forment qu’un seul corps.
Il en est ainsi pour le Christ.
13 C’est dans un unique Esprit, en effet,
que nous tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres,
nous avons été baptisés pour former un seul corps.
Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit.

Paul nous donne ici une définition de l’Eglise : c’est le lieu où « chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien. » Voilà pourquoi nous sommes faits : manifester l’Esprit Saint, et non pas pour notre propre fierté, mais en vue du bien de tous. Et c’est un don gratuit qui est fait à chacun d’entre nous.
Comme tous les membres d’un même corps sont au service de ce corps, sans que personne ne se demande lequel est le plus utile, de la main ou du pied, de l’oreille ou de l’oeil, de même nous sommes tous indispensables à ce grand corps du Christ qui est en train de se former. Pour l’instant, l’oeuvre définitive ressemble plutôt à une immense mosaïque dont les pièces sont encore éparpillées, mais c’est justement l’Esprit qui fait l’unité et la cohésion de l’ensemble, et qui relie entre elles les multiples pièces répandues à la surface du globe.
Si, partout dans le monde, des communautés vivent à la manière dont parle Saint Paul, alors cela fera tache d’huile et la mosaïque s’assemblera peu à peu. Car la vie des communautés chrétiennes à la manière de Saint Paul est pour le moins révolutionnaire : d’un trait de plume, il barre toute considération de hiérarchie ou de supériorité !!! Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, toutes nos distinctions bien humaines, tout cela ne compte plus : désormais une seule chose compte : notre Baptême dans l’unique Esprit, notre participation à ce corps unique, le corps du Christ. Les vues humaines ne sont plus de mise : finies les considérations de supériorité ou d’infériorité… Tout racisme est désormais impossible.
Paul avait certainement de bonnes raisons de le rappeler à ses Chrétiens d’origines si diverses : « Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres »… dit-il. Juifs ou païens, ce sont tous les problèmes de diversités de sensibilités religieuses, sans parler de la difficulté des croyants de longue date à accepter les nouveaux venus. Mettre Juifs et païens sur le même plan au niveau religieux, quand on sait le poids que pouvait revêtir l’élection d’Israël aux yeux de Paul, c’était quand même bien audacieux ! Esclaves ou hommes libres, ce sont les diversités sociales, peut-être même raciales, certainement des clivages politiques et inévitablement pour certains des sentiments de supériorité.
Bien sûr, les problèmes de la communauté de Corinthe n’étaient pas tout à fait les nôtres… Mais sommes-nous tellement loin de cela ? Si elles ne portent plus les mêmes noms, nos diversités de toute sorte sont bien à l’origine de nombreuses difficultés dans nos communautés. Pour certains d’entre nous, s’ajoute peut-être la difficulté de vivre sereinement et de trouver chacun notre juste place dans la structure qui s’est instaurée en vingt siècles de vie d’Eglise.
Et le premier message de Paul, aujourd’hui, c’est que l’Eglise du Christ a précisément pour vocation d’être ce lieu où l’on apprend à ne plus penser en termes de supériorité, de hiérarchie, d’avancement, d’honneur… Le lieu où une nomination n’est pas un avancement ou une rétrogradation… Le lieu où une ordination ne confère pas une supériorité… Car les vues de Dieu sont tout autres : « Vous le savez, disait Jésus à ses apôtres, les chefs des nations les tiennent sous leur pouvoir et les grands sous leur domination. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous. » (Mt 20,25-26).
Si on devait dessiner l’Eglise, ce ne serait pas une pyramide, mais une foule serrée autour de Quelqu’un. (Et au mot « Quelqu’un », j’ai mis une majuscule bien sûr). Saint Paul aussi dessine, mais lui il dessine tout simplement un corps humain : tous les baptisés, petits ou grands, nous en sommes les membres. Et ceux, parmi nous, qui sont ordonnés, ont justement ce rôle d’être le signe visible de la présence invisible du Christ dans son corps. Cela ne leur confère pas une supériorité, mais une mission.
Nous ne sommes pas tous pareils pour autant : l’âge et le curriculum vitae ont quand même leur importance… mais pas celle qu’on croit. Et voilà le deuxième message de Paul : nos diversités sont des cadeaux ; ce n’est pas un hasard si il emploie plusieurs fois le mot « don » : « Les dons de la grâce sont variés »… « Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous ». Cela aussi, c’est un peu le monde à l’envers, parce que, bien souvent, ce sont nos diversités qui nous font souffrir ; on en sait quelque chose en liturgie ; Paul, au contraire, nous invite à nous en réjouir : nos diversités sont des richesses ! Et, paradoxalement, ce sont elles qui bâtiront notre unité. C’est l’un des grands messages de la Pentecôte, nous l’avons vu, en particulier, avec le récit des Actes des Apôtres où toutes les langues diverses s’unissent pour chanter le même chant, les merveilles de Dieu. L’Eglise est aussi ce lieu où l’on peut surmonter les différences de sensibilité et apprendre à vivre la réconciliation. Car l’Esprit qui nous est donné à la Pentecôte est l’Esprit d’amour, donc de pardon et de réconciliation. C’est même justement notre capacité de réconciliation et de respect mutuel qui est la marque de l’Esprit. Voilà le témoignage que le monde attend de nous. « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on vous reconnaîtra pour mes disciples » disait Jésus le dernier soir (Jn 13,35).
Décidément, si nous avions à imaginer un dessin représentant l’Eglise, on pourrait dessiner une mosaïque : (chaque pièce compte et il ne faut surtout pas des pièces trop grandes !) plus les pièces (ce qu’on appelle les tesselles) sont petites, variées, colorées, plus la mosaïque sera belle et nuancée !
L’unité dans la diversité, c’est un beau pari : mais nous ne pouvons le gagner que parce que l’Esprit nous est donné : l’Esprit d’Amour, l’Amour qui unit le Père et le Fils. C’était déjà la leçon de Babel : l’unité n’est pas dans l’uniformité ! La véritable unité de l’amour ne peut se trouver que dans la diversité.

 

EVANGILE – selon Saint Jean 20,19-23

C’était après la mort de Jésus :
19 le soir venu, en ce premier jour de la semaine,
alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples
étaient verrouillées par crainte des Juifs,
Jésus vint, et il était là au milieu d’eux.
Il leur dit :
« La paix soit avec vous ! »
20 Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.
Les disciples furent remplis de joie
en voyant le Seigneur.
21 Jésus leur dit de nouveau :
« La paix soit avec vous !
De même que le Père m’a envoyé,
moi aussi, je vous envoie. »
22 Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux
et il leur dit :
« Recevez l’Esprit Saint.
23 À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ;
à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

Pour transmettre l’Esprit Saint à ses disciples, Jésus souffle sur eux ; cela nous fait penser à la phrase célèbre du livre de la Genèse, au chapitre 2 : « Le Seigneur Dieu insuffla dans les narines de l’homme l’haleine de vie et l’homme devint un être vivant » (Gn 2,7). Et le psaume 103/104 (que nous entendons également pour cette fête de Pentecôte), commente le texte de la Création en chantant : « Tu envoies ton souffle, ils sont créés. » Or, nous sommes au soir de Pâques et Jésus reprend ce geste du Créateur. On comprend pourquoi Saint Jean note : « C’était le soir du premier jour de la semaine », manière de dire c’est le premier jour de la nouvelle création ; dans le Judaïsme, on évoquait souvent la première création que Dieu avait accomplie en sept jours, comme le dit le fameux poème du chapitre 1 de la Genèse et on attendait le huitième jour, celui du Messie. A sa manière, imagée, Jean nous dit : ce fameux huitième jour est arrivé, c’est à une véritable re-création de l’homme que vous assistez.
Deuxième remarque à propos du souffle, il me semble que l’ordre choisi par Jean pour nous raconter la Pentecôte est une leçon : je reprends les trois phrases dans l’ordre : 1) « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » …2) « Il répandit sur eux son souffle et il leur dit recevez l’Esprit Saint » … 3) « Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ». La première et la troisième phrase disent une mission, elles encadrent la phrase qui dit le don de l’Esprit. Ce qui veut bien dire que l’Esprit est donné POUR la mission. Nous n’avons pas d’autre raison d’être que cette mission.
Et cette mission consiste à « remettre les péchés » ; c’était déjà celle de Jésus ; et il dit bien d’ailleurs : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ». Jésus, l’envoyé du Père, c’est un grand thème de Jean… A notre tour, Jésus nous envoie et Jean emploie bien le même mot ; Jésus est l’envoyé du Père et nous sommes les envoyés de Jésus, nous avons la même mission que Jésus, il nous la confie. C’est dire notre responsabilité, la confiance qui nous est faite ; or cela concerne tous les baptisés puisque l’Eglise a toujours jugé bon de confirmer tous les baptisés.
Et cette mission de Jésus, pour s’en tenir au seul évangile de Jean, c’était d’ôter le péché du monde, j’ai envie de dire « extirper » le péché du monde ; et cela en étant l’agneau de Dieu. « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » avait dit Jean-Baptiste. L’agneau, c’est celui qui reste doux et humble de coeur face à ses bourreaux (c’est celui dont parle Isaïe 52-53) ; c’est aussi l’agneau pascal, celui qui signe de sa vie la libération du peuple de Dieu. Et au-delà de la libération d’Egypte, la phrase de Jean-Baptiste vise la libération du péché, c’est-à-dire de la haine et de la violence.
Jésus lui-même parle souvent de sa mission : « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui »… « Dieu a donné son Fils, son unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ».
Il me semble que toutes ces affirmations de Jésus sur sa mission éclairent la phrase difficile du texte d’aujourd’hui : « Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus ». La première partie de cette phrase nous convient tout à fait, bien sûr, mais la deuxième nous déroute. Pour commencer, je la redis un peu différemment, sans la déformer, j’espère : « Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous ne remettrez pas ses péchés, ils ne lui seront pas remis ».
Impossible de penser que notre Père du ciel pourrait ne pas nous pardonner. Déjà l’Ancien Testament avait parfaitement mis en lumière que le pardon de Dieu précède même notre repentir ; car en Dieu le pardon n’est pas un acte ponctuel, c’est son être même. Dieu n’est que don et pardon. La caractéristique de la miséricorde, c’est de se pencher encore plus près des miséreux, et miséreux, nous le sommes.
Le pouvoir donné aux disciples du Christ, et plus que le pouvoir, la mission, confiée aux disciples du Christ, c’est donc de dire cette parole du pardon de Dieu ; c’est aussi, du coup, la terrible responsabilité que nous donne la deuxième partie de la phrase : ne pas dire la parole du pardon de Dieu, laisser le monde ignorer ce pardon, c’est laisser le monde à son désespoir. Nous détenons le pouvoir de ne pas dire le pardon de Dieu et de laisser le monde l’ignorer.
A entendre cela, on a envie de se mettre au travail tout de suite !
Et le pardon de Dieu peut être annoncé de deux manières : par nos paroles et par nos gestes ; ce qui nous est demandé, c’est d’être nous-mêmes pardon. Nous sommes désormais pour le monde les témoins du pardon de Dieu.
Et c’est cela la nouvelle Création : l’Esprit de don et de pardon nous est donné. A la Pentecôte, le pouvoir de pardonner nous est insufflé ; Dieu souffle en nous les paroles du pardon. Au théâtre, il y a un souffleur pour les trous de mémoire de l’acteur… Désormais il y a en nous quelqu’un qui souffle les paroles et les gestes du pardon. L’Esprit fait de nous des agneaux de Dieu à notre tour, il nous donne ainsi le pouvoir de vaincre la spirale de la haine et de la violence. Jésus l’avait déjà dit à ses disciples : « Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups ». Comme son Père l’a envoyé pour être l’agneau de Dieu, Jésus nous envoie à notre tour pour être des agneaux dans le monde. Pour répondre à la violence et à la haine par la non-violence et le pardon.
Jusqu’au jour où se lèvera enfin ce fameux « huitième jour » que l’Ancien Testament déjà annonçait, celui où l’humanité tout entière vivra l’amour et le pardon…

CHJRISTIANISME, DIEU, EGLISE CATHOLIQUE, ESPRIT SAINT, JESUS CHRIST, JESUS-CHRIST, SAINT ESPRIT

La sainte Trinité

Qu’est ce que la Trinité ?

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Les chrétiens sont baptisés « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Quand ils commencent leur prière, ils se marquent du signe de la croix sur le front, le cœur et les épaules en invoquant Dieu : Au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit : c’est la Trinité.

L’homme n’est pas capable d’imaginer un Dieu unique qui existe en trois personnes. C’est Dieu qui nous a révélé ce mystère de son amour par l’envoi de son Fils et du Saint-Esprit. Jésus nous a révélé que Dieu est « Père », en nous montrant d’une façon unique et originale, que Lui-même n’existe que par son Père. Jésus est un seul Dieu avec le Père. Jésus a promis à ses apôtres – les douze hommes qu’Il a choisis et envoyés – le don de l’Esprit Saint. Il sera avec eux et en eux pour les instruire et les conduire « vers la vérité tout entière » (Jean 16, 13). Ainsi, Jésus nous le fait connaître comme une autre personne divine.

La Trinité est Une : nous ne croyons pas en trois dieux, mais en un seul Dieu en trois personnes : le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Chacune des trois personnes est Dieu tout entier. Chacune des trois personnes n’existe qu’en union avec les deux autres dans une parfaite relation d’amour. Ainsi toute l’œuvre de Dieu est l’œuvre commune des trois personnes et toute notre vie de chrétiens est une communion avec chacune des trois personnes.

Source : Petit guide de la foi, Mgr Vingt-Trois, éd. le Sénevé.

 

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Qui est la Trinité ?

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S’il y a quelque chose de difficile à comprendre dans la foi chrétienne, c’est bien le mystère d’un seul Dieu en trois personnes..

Croire en un Dieu unique, et aussi relations en lui-même au point d’être trois, c’est tout de même un étrange mystère. Et ce d’autant plus que le mot n’apparaît pas dans le vocabulaire biblique. On raconte que saint Augustin, auteur d’un magnifique Traité sur la Trinité, vit un jour un ange qui essayait de mettre toute l’eau de la mer dans un seul petit coquillage. Lorsque l’évêque d’Hippone lui faisait remarquer la difficulté de son entreprise, l’ange lui répondit que cela lui serait plus facile que de vouloir épuiser, avec ses seules ressources de la raison humaine, le mystère de la Trinité. Pourtant, la Bible n’est pas muette à ce propos.

Au tout début du livre de la Genèse, Abraham reçoit la visite du seigneur sous la forme de trois mystérieux personnages. Le texte de la Bible alterne singulier et pluriel au point que l’hospitalité d’Abraham devint, pour les chrétiens, le symbole par excellence et la préfiguration de la Trinité. Les évangiles eux aussi connaissent les trois termes : le Père, le Fils et l’Esprit, pour désigner Dieu. Les textes les plus clairs à cet égard sont ceux de l’annonciation, du baptême de Jésus et, à la fin de l’Évangile de Matthieu, de l’envoi en mission.

Divinité une et trine

Mais il faudra plus de trois siècles pour que le mot Trinité apparaisse, sous la plume d’Athanase d’Alexandrie. Le terme, formé à partir du grec « trias », décrit cette réalité étonnante d’une divinité une et trine proposée à la foi des chrétiens. S’agirait-il d’une invention tardive, quelque peu éloignée du message originel de Jésus? N’a-t-on pas « brodé » sur Dieu?  Pour se convaincre du contraire, il faut revenir à l’histoire des premiers chrétiens. Juifs avant tout, ils partagent le monothéisme ombrageux d’Israël face à l’idolâtrie régnante. Ils ont donc assez logiquement du mal à rendre compte, par des concepts, de l’expérience vécue avec Jésus.

Sa résurrection est le meilleur gage de sa divinité, mais il ne nie pas l’existence d’un Créateur et Père, au contraire. Ainsi Jésus est vraiment Fils de Dieu et il envoie aux apôtres un Défenseur (Paraclet), l’Esprit, qui leur met, au cœur et sur les lèves, les paroles de vérité et de vie. Mais il existe une autre source de la foi : la liturgie. Le baptême n’est-il pas donné, selon Matthieu, « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit? ». Ne commençons-nous pas nos prières par un signe de croix qui est fait « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit? ».

La liturgie eucharistique est d’une  grande richesse à cet égard. Les textes des prières qui la composent proclament un mouvement interne à Dieu. Il est don, dans la Création, l’Incarnation et l’action permanente et renouvelée de l’Esprit. Il est amour, et l’amour est tout sauf immobile. Il est vie, et il n’existe pas de vie sans engendrement. Il est impossible au chrétien de se fixer sur une personne de la Trinité, car chacune d’elle réoriente le regard vers une des deux autres. Le croyant est alors en quelque sorte intégré à ce mouvement de vie et d’amour. Ce mouvement perpétuel d’une personne à l’autre de la Trinité montre aussi la divinité du Fils et celle de l’Esprit, ainsi que leur unité au Père.

L’amour absolu

Ni l’un ni l’autre ne sont des intermédiaires entre un Dieu solitaire et ses créatures. Pour contempler l’unité de la Trinité, la voie la plus accessible est de considérer l’amour dans sa forme d’absolue gratuité que nous appelons charité ou agapè. Cet amour désintéressé tend vers l’unité comme tout amour, dans une distance respectueuse de chacun. Lorsque l’amour est divin et donc parfait, il génère ce paradoxe inouï qu’est une unité plurielle. Pour avancer dans la saisie de ce mystère, deux voies s’offrent à nous, celle, simple et sûre, de la liturgie et celle, plus âpre mais indispensable, de l’amour réciproque.

 Le mystère de la Trinité

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C’est en faisant la volonté d’Amour du Père, en conformité avec la vie de Jésus Christ, que nous avons accès au Mystère de Dieu.

Le Père se donne totalement en engendrant son Fils : il ne garde rien qui ne serait une possession personnelle d’où naîtrait une supériorité sur son Fils. Ainsi, le Fils est engendré.

Par contre, le Fils, en se retournant vers son Père, ne garde rien qu’il ne rende à ce Père. Sa filiation est parfaite comme la paternité est totale. Ainsi l’échange d’amour est-il parfait, puisque le Père et le Fils son un : le Père est Père dans les profondeurs du Fils, le Fils est Fils dans les profondeurs du Père ; et cette relation mutuelle est l’Amour des deux, on l’appelle l’Esprit.

Cet Amour, cet Esprit ne peut être autre chose qu’eux-mêmes : si ce lien qui les unit n’était pas une personne, il y aurait en Dieu autre chose que Dieu ! Nous avons du mal à nous représenter ce que peut être cet amour substantiel du Père et du Fils, réalisé par le Don total qu’ils se font d’eux-mêmes. Le Christ nous fait pressentir cependant très clairement ce qu’il est. Cet Esprit sait tout ce que le Père et le Fils savent ; il viendra tout expliquer et tout vivifier de l’intérieur.

L’Esprit Saint au cœur de la Trinité

Il est l’Esprit, celui qui surgit de l’intime et pénètre l’intime ; et il a, par ailleurs, la liberté du vent. C’est pourquoi on l’appelle le Souffle. Il est le Souffle et le Soupir du Père au Fils, et réciproquement.

Il est Cœur de leur relation… Il est la perfection du Don, il est l’Amour. En lui, finalement, nous est révélée l’essence même de Dieu, qui est d’être Amour… Une fois arrivé à ce point, il semble inutile de cherche à expliquer la profondeur de Dieu. L’amour met en silence. Tout le reste est affaire d’intelligence spirituelle !

Mystère finalement très simple, car nous le connaissons en y pénétrant avec le Christ. Dès l’instant où nous croyons en lui, le Christ nous introduit dans l’univers de Dieu… C’est en faisant la volonté du Père, en conformité avec la vie du Fils, que nous avons accès au Mystère de Dieu.

ESPRIT SAINT, LITURGIE, PENTECÔTE, SAINT ESPRIT, VENI CREATOR SPIRITUS

Le Veni Creator

 

Le Veni Creator : des origines à Johann Sebastian Bach

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L’hymne du « Veni Creator Spriritus », chantée le jour de la Pentecôte, est attribuée à Raban Maur, évêque de Mayence au XIe siècle. Cette hymne à l’esprit compte sept strophes, qui toutes font usage de la même musique. Il est évident que ce nombre n’est pas un hasard, mais une véritable référence symbolique aux sept dons de l’Esprit, auxquels fait allusion la troisième strophe, « Tu septiformis munere ».

Voici le texte de cette hymne.

 

 

Veni, creator, Spiritus,                      Viens, Esprit créateur,
Mentes tuorum visita,                        visite l’âme de tes fidèles,
Imple superna gratia                           emplis de la grâce d’en haut
Quae tu creasti pectora.                    les cœurs que tu as créés.

 

Qui diceris Paraclitus,                        Toi qu’on nomme le Conseiller,
Altissimi donum Dei.                          don du Dieu Très-Haut,
Fons vivus, ignis, caritas                    source vive, feu, charité,
Et spiritalis unctio.                            onction spirituelle.

 

Tu septiformis munere,                     Tu es l’Esprit aux sept dons,
Digitus paternae dexterae.                le doigt de la main du Père,
Tu rite promissum Patris,                   promis par le Père,
Sermone ditans guttura.                    c’est toi qui inspires nos paroles.

 

Accende lumen sensibus                    Allume en nous ta lumière,
Infunde amorem cordibus,                 emplis d’amour nos cœurs,
Infirma nostri corporis                       affermis toujours de ta force
Virtute firmans perpeti.                    la faiblesse de notre corps.

 

Hostem repellas longius                     Repousse l’ennemi loin de nous,
Pacemque dones protinus;                donne-nous ta paix sans retard,
Ductore sic te praevio                       pour que, sous ta conduite et ton conseil,
Vitemus omne noxium.                      nous évitions tout mal.

 

Per te sciamus da Patrem,                 Fais-nous connaître le Père,

Noscamus atque Filium;                     révèle-nous le Fils,
Teque utriusque Spiritum                  et toi, leur commun Esprit,
Credamus omni tempore.                   fais-nous toujours croire en toi.

 

Deo Patri sit gloria,                           Gloire soit à Dieu le Père,
Et Filio, qui a mortuis                       au Fils ressuscité des morts,
Surrexit, ac Paraclito                        à l’Esprit Saint Consolateur,
In saeculorum saecula.                     maintenant et dans tous les siècles.
Amen.(1)

 

Face à la popularité et à la beauté du « Veni Creator », Martin Luther l’employa pour en faire le choral « Komm, Gott Schöpfer, Heiliger Geist ». Le réformateur allemand ne se contenta pas de reprendre la mélodie presque à l’identique, il reprit également le texte, qui n’est autre qu’une traduction en langue germanique du poème latin. La seule chose qui pourrait dépayser un auditeur catholique habitué à la liberté rythmique du plain-chant est le rythme donné au choral. Cette reprise du « Veni Creator » n’est pas l’unique exemple de réemplois de thèmes grégoriens dans la musique luthérienne. Puisque les fidèles connaissaient par cœur les mélodies du plain-chant, Luther ne voyait pas de raison de les abandonner. Un autre exemple célèbre est le choral de l’Avent « Nun komm, der Heiden Heiland », adapté de l’hymne « Veni redemptor gentium ». Ce chant est aujourd’hui connu dans nos paroisses sous le titre « Toi qui viens pour tout sauver », bel exemple d’une mélodie grégorienne que l’Eglise catholique s’est réappropriée par l’intermédiaire du luthéranisme…

Les compositeurs luthériens ont énormément repris les chorals dans leurs œuvres sacrées. Dans le domaine de la musique instrumentale, c’est évidemment à l’orgue que ce phénomène a été le plus marquant. Il faut savoir que Luther, contrairement à Calvin ou Zwingli, ne s’est jamais opposé à l’orgue, mais l’a plutôt soutenu, lui donnant un nouveau rôle dans la liturgie. Ainsi, les chorals deviennent des pièces d’orgue. Bien souvent, ces œuvres sont des Choralvorspiele, qui servaient à introduire le chant des fidèles.

Le choral « Komm, Gott Schöpfer, Heiliger Geist » a ainsi été traité par Bach, dans son « Orgelbüchlein ». Ce cahier, inachevé, comporte quarante-cinq brefs préludes de choral, écrits pour la plupart avant 1717, lorsque le compositeur était organiste à la cour de Weimar. Une seconde version plus tardive de ce choral, dans l’autographe de Leipzig, reprend presque telle quelle la version de l’Orgelbüchlein, et y ajoutant une seconde partie.

Pour entrer un peu plus à fond dans le sujet, et étudier l’aspect symbolique du choral de Bach, je vous invite à visionner la vidéo, tournée sur le bel orgue du couvent des Cordeliers de Fribourg.(2)

 

(1) Traduction empruntée à http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/letters/documents/hf_jp-ii_let_31031998_priests_fr.html (page contenant un commentaire de cette hymne par le pape Jean-Paul II).
(2) Pour plus d’infos sur le couvent : www.cordeliers.ch. Une description de l’orgue et de l’église se trouve par ailleurs sur http://www.orgues-et-vitraux.ch/default.asp/2-0-1783-11-6-1/

 

Veni Creator Spiritus

Les quatre premières strophes du Veni Creator

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Veni Creator Spiritus est une hymne entonnée pour le chant grégorien, considérée comme la plus célèbre de toutes les hymnes grégoriennes. Le Veni Creator fut composé par Raban Maur au ixe siècle et il est utilisé chez les catholiques mais aussi dans la plupart des Églises chrétiennes. On connait en particulier une traduction de Luther.

 

Historique

Le Veni Creator Spiritus est chanté lors de l’entrée en conclave à la chapelle Sixtine, ainsi qu’au moment de la consécration d’un évêque, l’ordination de prêtres, la dédicace d’églises, la célébration de synodes et de conciles, le couronnement de rois, l’échange des consentements d’une messe de mariage, et lors d’autres événements solennels. L’hymne fut d’abord consignée aux vêpres. Un manuscrit du onzième siècle la situe à la fois aux laudes et aux vêpres. Ainsi, cette hymne fut chantée par la Chapelle royale le samedi 16 octobre 1610 selon la tradition, à la fin de l’office solennel des vêpres et la veille du sacre du roi Louis XIII, dans l’abbaye Saint-Nicaise, près de Reims. Le 17 juillet 1794, les religieuses carmélites de Compiègne montèrent à l’échafaud en chantant le Veni Creator.

Le titre de l’hymne signifie Viens Saint Esprit Créateur et commémore la Pentecôte. Son usage dans l’office de tierce aurait commencé dans la liturgie de Cluny, puisqu’il commémore la descente de l’Esprit à la troisième heure du jour. Ci-dessous se trouvent le texte original latin et la traduction liturgique officielle en français.

L’hymne Veni Creator a servi de support, notamment au xviie siècle à des œuvres pour orgue de compositeurs tels que Jehan Titelouze ou Nicolas de Grigny.

Cette hymne de Pentecôte constitue le premier mouvement de la Huitième Symphonie « des Mille » de Gustav Mahler. Le compositeur l’a écrite dans un style rigoureusement contrapuntique en hommage aux Maîtres de la Renaissance. Le recueillement se mêle à la puissance dans la musique, mettant merveilleusement en valeur les différents aspects du texte (l’humble prière des premières strophes, l’appel à la lutte spirituelle au cinquième quatrain…). En France, Michel-Richard de Lalande, musicien de Louis XIV, est connu en tant que compositeur de ce psaume (grand motet en latin, S.14), de même que Marc-Antoine Charpentier H 69, H 54, H 66, H 362, H 70 et Henry Desmarest.

Texte

Latin Traduction littérale Traduction liturgique
Veni, creator Spiritus,

Mentes tuorum visita,

Imple superna gratia

Quae tu creasti pectora.

Qui diceris Paraclitus,

Altissimi donum Dei,

Fons vivus, ignis, caritas

Et spiritalis unctio.

Tu septiformis munere,

Digitus paternae dexterae,

Tu rite promissum Patris,

Sermone ditans guttura.

Accende lumen sensibus,

Infunde amorem cordibus,

Infirma nostri corporis

Virtute firmans perpeti.

Hostem repellas longius

Pacemque dones protinus;

Ductore sic te praevio

Vitemus omne noxium.

Per te sciamus da Patrem,

Noscamus atque Filium;

Teque utriusque Spiritum

Credamus omni tempore.

Deo Patri sit gloria,

Et Filio, qui a mortuis

Surrexit, ac Paraclito

In saeculorum saecula.

Amen.

Viens, Esprit créateur,

Visite les esprits des tiens :

Emplis de la grâce d’en haut

Les cœurs que tu as créés.

Toi qui es appelé Consolateur,

Don du Dieu très-haut,

Source de vie, feu, amour

Et onction spirituelle,

Toi septiforme par la fonction,

Doigt de la droite du Père,

Toi à juste titre promesse du Père,

Augmentant les langues dans le discours,

Allume la lumière dans les sens,

Coule l’amour dans les cœurs,

En la faible force de notre corps

Donnant force pour résister.

Repousse au loin l’ennemi

Et donne la paix sans cesse,

Qu’ainsi par toi, guide conducteur,

Nous évitions toute chaîne.

Fais que par toi nous sachions

(qui est) le Père,

Et que nous connaissions le Fils,

Et que nous croyions en tout temps

Que tu es l’Esprit des deux.

A Dieu le Père soit la gloire,

Et au Fils, qui des morts

Est ressuscité, et au Consolateur

Dans les siècles des siècles.

Amen.

Viens, Esprit Créateur nous visiter,

Viens éclairer l’âme de tes fils,

Emplis nos cœurs de grâce et de lumière,

Toi qui créas toute chose avec amour,

Toi le Don, l’envoyé du Dieu Très Haut,

Tu t’es fait pour nous le Défenseur,

Tu es l’Amour le Feu la source vive,

Force et douceur de la grâce du Seigneur,

Donne-nous les sept dons de ton amour,

Toi le doigt qui œuvres au Nom du Père,

Toi dont il nous promit le règne et la venue,

Toi qui inspires nos langues pour chanter,

Mets en nous ta clarté, embrase-nous,

En nos cœurs, répands l’amour du Père,

Viens fortifier nos corps dans leur faiblesse,

Et donne-nous ta vigueur éternelle,

Chasse au loin l’ennemi qui nous menace,

Hâte-toi de nous donner la paix,

Afin que nous marchions sous ta conduite,

Et que nos vies soient lavées de tout péché,

Fais-nous voir le visage du Très-Haut,

Et révèle-nous celui du Fils,

Et toi l’Esprit commun qui les rassemble,

Viens en nos cœurs, qu’à jamais nous croyions

en toi,

Gloire à Dieu notre Père dans les cieux,

Gloire au Fils qui monte des Enfers,

Gloire à l’Esprit de Force et de Sagesse,

Dans tous les siècles des siècles,

Amen.

 

Les lignes Altissimi donum Dei et Digitus paternae dexterae sont parfois remplacées par Donum Dei altissimi et Dextrae Dei tu digitus.

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DONS DE L'ESPRIT SAINT, EGLISE CATHOLIQUE, ESPRIT SAINT, HOMELIES, PAPE FRANÇOIS, Pape François, PENTECÔTE, SAINT ESPRIT

Les sept dons du Saint-Esprit

 

Les sept dons du Saint-Esprit :

Homélies du Pape François

 

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L’Église en distingue sept :
un nombre qui exprime symboliquement la plénitude, la complétude

1 – Le don de Sagesse
2 – Le don d’Intelligence
3 – Le don de Conseil
4 – Le don de Force
5 – Le don de Science
6 – Le don de Piété
7 – Le don de Crainte de Dieu

 

1 – Le don de Sagesse

« Voir avec les yeux de Dieu, entendre avec les oreilles de Dieu »

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous entamons aujourd’hui un cycle de catéchèse sur les dons de l’Esprit-Saint.
Vous savez que l’Esprit-Saint est l’âme, la sève vitale de l’Église et de tout chrétien : c’est l’amour de Dieu qui fait de notre cœur sa demeure en entrant en communion avec nous.
L’Esprit-Saint est toujours avec nous, il est toujours en nous, dans notre cœur.

L’Esprit-Saint est « le don de Dieu » par excellence (cf. Jn 4,10), un cadeau de Dieu et, à son tour, il communique divers dons spirituels à celui qui l’accueille.
L’Église en distingue sept : un nombre qui exprime symboliquement la plénitude, la complétude ; on les apprend lorsqu’on se prépare au sacrement de la Confirmation et on les invoque dans l’antique prière que l’on appelle « Séquence à l’Esprit-Saint » : sagesse, intelligence, conseil, force, science, piété et crainte de Dieu.

 

1 Le premier don de l’Esprit-Saint, selon cette liste, est donc la sagesse.
Mais il ne s’agit pas simplement de la sagesse humaine, fruit de la connaissance et de l’expérience. La Bible raconte que Salomon, au moment de son couronnement comme roi d’Israël, avait demandé le don de la sagesse (cf. 1 R 3,9).
Et la sagesse est précisément ceci : c’est la grâce de pouvoir voir toute chose avec les yeux de Dieu.
C’est simplement cela : voir le monde, voir les situations, les conjonctures, les problèmes, tout, avec les yeux de Dieu. Voilà la sagesse.
Parfois nous voyons les choses selon ce qui nous plaît ou selon l’état de notre cœur, avec de l’amour ou avec de la haine, avec de l’envie… Non, ce n’est pas l’œil de Dieu.
La sagesse, c’est ce que fait l’Esprit-Saint en nous afin que nous voyions toutes choses avec les yeux de Dieu. C’est cela, le don de la sagesse.

2 Évidemment, cela découle de l’intimité avec Dieu, de la relation intime que nous avons avec Dieu, de cette relation des enfants avec leur Père. Et l’Esprit-Saint, lorsque nous avons cette relation, nous fait le don de la sagesse.
Lorsque nous sommes en communion avec le Seigneur, l’Esprit agit comme s’il transfigurait notre cœur et lui faisait percevoir toute sa chaleur et son amour de prédilection.

3 L’Esprit-Saint rend « sage » le chrétien. Pas dans le sens où il aurait réponse à tout, il saurait tout, mais dans le sens où il « connaît » Dieu, il sait comment Dieu agit, il sait quand quelque chose vient de Dieu ou quand ça ne vient pas de Dieu ; il a cette sagesse que Dieu donne à notre cœur.
Dans ce sens, le cœur de l’homme sage a le goût de Dieu.
Et comme il est important que, dans nos communautés, il y ait des chrétiens comme cela ! En eux, tout parle de Dieu et devient un beau signe vivant de sa présence et de son amour.
Et c’est quelque chose que nous ne pouvons pas improviser, que nous ne pouvons pas nous procurer par nous-mêmes : c’est un don que Dieu fait à ceux qui se rendent dociles à son Esprit. Nous avons l’Esprit-Saint en nous, dans notre cœur ; nous pouvons l’écouter, nous pouvons ne pas l’écouter.
Si nous écoutons l’Esprit-Saint, il nous enseigne cette voie de la sagesse, il nous offre la sagesse qui consiste à voir avec les yeux de Dieu, à entendre avec les oreilles de Dieu, à aimer avec le cœur de Dieu, à juger les choses avec le jugement de Dieu. 
C’est cela, la sagesse que nous offre l’Esprit-Saint, et nous pouvons tous l’avoir. Il faut seulement que nous la demandions à l’Esprit-Saint.

Pensez à une maman, dans sa maison, avec les enfants : quand l’un fait une chose, l’autre pense à une autre et la pauvre maman va d’un côté à l’autre, avec les problèmes des enfants. Et quand les mamans sont fatiguées et qu’elles grondent leurs enfants, est-ce que c’est la sagesse ? Gronder ses enfants, je vous le demande, est-ce que c’est la sagesse ? Qu’est-ce que vous en pensez ? Est-ce que c’est la sagesse ou non ? Non ! En revanche, quand la maman prend l’enfant et le corrige doucement et lui dit : « Ça, ça ne se fait pas… » et qu’elle lui explique avec beaucoup de patience, est-ce que c’est la sagesse de Dieu ? Oui ! C’est cela que l’Esprit-Saint nous donne dans la vie !

Ensuite, dans le mariage, par exemple, les deux époux – le mari et la femme – se disputent et après ils ne se regardent plus, ou s’ils se regardent, ils se regardent de travers : est-ce que c’est la sagesse de Dieu, cela ? Non ! En revanche, s’ils disent : « Bon, la tempête est passée, faisons la paix » et ils repartent dans la paix : est-ce que c’est la sagesse ? [- Oui !].
Et bien, c’est cela le don de la sagesse. Qu’elle vienne dans nos maisons, qu’elle vienne chez les enfants, qu’elle vienne chez chacun de nous !

Et cela ne s’apprend pas : c’est un cadeau de l’Esprit-Saint. C’est pour cela que nous devons demander au Seigneur de nous donner l’Esprit-Saint et de nous faire le don de la sagesse, cette sagesse de Dieu qui nous apprend à regarder avec les yeux de Dieu, à sentir avec le cœur de Dieu, à parler avec les mots de Dieu. Et ainsi, avec cette sagesse, nous avançons, nous construisons notre famille, nous construisons l’Église, et nous nous sanctifions tous. Demandons aujourd’hui la grâce de la sagesse. Et demandons-la à la Vierge Marie, qui est le Trône de la sagesse, de ce don : qu’elle nous donne cette grâce ! Merci.
Pape François, catéchèse du 09/04/2014

 

2 – Le don d’Intelligence

« Comprendre les choses comme Dieu les comprend »

Ô+Esprit+d’Intelligence,

Chers frères et sœurs, bonjour !

Après avoir examiné la sagesse, qui est le premier des sept dons du Saint-Esprit, aujourd’hui, je voudrais attirer notre attention sur le second don, à savoir l’intelligence.
Il ne s’agit pas ici de l’intelligence humaine, de la capacité intellectuelle dont nous pouvons être plus ou moins dotés. C’est au contraire une grâce que seul l’Esprit Saint peut répandre et qui suscite chez le chrétien la capacité d’aller au-delà de l’aspect extérieur de la réalité et de scruter les profondeurs de la pensée de Dieu et de son dessein de salut.

Lorsqu’il s’adresse à la communauté de Corinthe, l’apôtre Paul décrit bien les effets de ce don – c’est-à-dire ce que fait en nous le don de l’intelligence – et Paul dit ceci : « nous annonçons ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. Car c’est à nous que Dieu l’a révélé par l’Esprit » (I Co 2,9-10).
Cela ne signifie évidemment pas qu’un chrétien peut tout comprendre et avoir une connaissance entière des desseins de Dieu : tout cela demeure dans l’attente de se manifester dans toute sa limpidité quand nous nous trouverons en présence de Dieu et que nous serons vraiment un avec lui. Mais, comme le suggère le mot lui-même, l’intelligence permet de « intus legere », c’est-à-dire de « lire à l’intérieur » : ce don nous fait comprendre les choses comme Dieu les comprend, avec l’intelligence de Dieu.
Parce qu’on peut comprendre une situation avec l’intelligence humaine, avec prudence, et c’est bien. Mais comprendre une situation en profondeur, comme Dieu la comprend, c’est l’effet de ce don. Et Jésus a voulu nous envoyer l’Esprit-Saint pour que nous ayons ce don, pour que nous puissions tous comprendre les choses telles que Dieu les comprend, avec l’intelligence de Dieu. C’est un beau cadeau que le Seigneur nous a fait à tous.
C’est le don par lequel l’Esprit-Saint nous introduit dans l’intimité de Dieu et nous rend participants de son dessein d’amour pour nous.

Il est clair alors que le don de l’intelligence est étroitement lié à la foi. Quand l’Esprit-Saint habite notre cœur et illumine notre esprit, il nous fait grandir jour après jour dans la compréhension de ce que le Seigneur a dit et accompli.
Jésus lui-même l’a dit à ses disciples : je vous enverrai l’Esprit-Saint et il vous fera comprendre tout ce que je vous ai enseigné. Comprendre les enseignements de Jésus, comprendre sa Parole, comprendre l’Évangile, comprendre la Parole de Dieu.
On peut lire l’Évangile et comprendre quelque chose, mais si nous lisons l’Évangile avec ce don de l’Esprit-Saint, nous pouvons comprendre la profondeur des paroles de Dieu.
Et c’est un grand don, un grand don que nous devons tous demander et demander ensemble : Fais-nous, Seigneur, le don de l’intelligence.

Il y a un épisode de l’Évangile de Luc qui exprime très bien la profondeur et la force de ce donAprès avoir assisté à la mort en croix et à la sépulture de Jésus, deux de ses disciples, déçus et accablés, quittent Jérusalem et retournent dans leur village qui s’appelle Emmaüs.
Pendant qu’ils sont en chemin, Jésus ressuscité s’approche et commence à parler avec eux, mais leurs yeux, voilés par la tristesse et le désespoir, ne sont pas capables de le reconnaître.
Jésus marche avec eux, mais ils sont si tristes et si désespérés qu’ils ne le reconnaissent pas.
Mais quand le Seigneur leur explique les Écritures, afin qu’ils comprennent qu’il devait souffrir et mourir pour ensuite ressusciter, leur esprit s’ouvre et, dans leur cœur, l’espérance renaît (cf. Lc 24,13-27).
Et c’est cela que l’Esprit-Saint fait avec nous : il nous ouvre l’esprit, il nous ouvre pour que nous comprenions mieux, pour que nous comprenions mieux les choses de Dieu, les choses humaines, les situations, tout. Le don de l’intelligence est important pour notre vie chrétienne. Demandons-le au Seigneur, qu’il nous donne, qu’il donne à chacun de nous ce don pour que nous comprenions, comme il le comprend, ce qui arrive et surtout pour que nous comprenions la parole de Dieu dans l’Évangile. Merci.
Pape François, catéchèse du 30/04/2014

 

3 – Le don de Conseil

Prier en silence dans le bus, dans la rue : « Seigneur, conseille-moi »

Don+de+conseil+Il+est+nécessaire+que+nous+entendions (1)

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans la lecture de ce passage du livre des Psaumes, nous avons entendu ceci : « Je bénis le Seigneur qui me conseille : même la nuit mon cœur  m’avertit. » (Ps. 16,7).
Et c’est un autre don de l’Esprit-Saint : le don de conseil. Nous savons combien il est important, surtout dans les moments plus délicats, de pouvoir compter sur les suggestions de personnes sages et qui nous aiment.
Maintenant, à travers le don de conseil, c’est Dieu lui-même, par son Esprit, qui éclaire notre cœur en nous faisant comprendre la manière juste de parler et de nous comporter et la voie à suivre. Comment ce don agit-il en nous ?

  1. Lorsque nous l’accueillons et le recevons dans notre cœur, l’Esprit-Saint commence aussitôt à nous rendre sensibles à sa voix et à orienter nos pensées, nos sentiments et nos intentions selon le cœur de Dieu.
    En même temps, il nous pousse de plus en plus à tourner notre regard intérieur vers Jésus, modèle de notre manière d’agir et d’être en relation avec Dieu le Père et avec nos frères.
    Le conseil est donc le don par lequel l’Esprit-Saint rend notre conscience capable de faire un choix concret en communion avec Dieu, selon la logique de Jésus et de son ÉvangileDe cette façon, l’Esprit nous fait grandir intérieurement, il nous fait grandir positivement, il nous fait grandir dans la communauté et nous aide à ne pas être à la merci de notre égoïsme et de nos façons de voir.
    Ainsi, l’Esprit nous aide à grandir et à vivre en communauté.
    La condition essentielle, pour conserver ce don, est la prière.
    Nous revenons toujours au même thème : la prière ! Mais c’est tellement important, la prière.
    Prier avec les prières que nous savons depuis notre enfance, mais aussi prier avec nos propres mots. Prier le Seigneur : « Seigneur, aide-moi, conseille-moi, que dois-je faire maintenant ? ».
    Et nous devons tous le faire. La prière ! Ne jamais oublier la prière. Jamais !
    Personne, personne ne s’en aperçoit quand nous prions dans le bus, dans la rue : prions en silence, dans notre cœur.
    Profitons de ces moments pour prier : prier pour que l’Esprit nous donne le don de conseil.

 

  1. Dans l’intimité avec Dieu et dans l’écoute de sa Parolepetit à petit nous mettons de côté notre logique personnelle, dictée le plus souvent par nos fermetures, nos préjugés et nos ambitions, et nous apprenons au contraire à demander au Seigneur : Quel est ton désir ?
    Quelle est ta volonté ? Qu’est-ce qui te plaît ?
    Ainsi, mûrit en nous une syntonie profonde, presque naturelle dans l’Esprit et l’on expérimente la vérité des paroles de Jésus rapportées dans l’Évangile de Matthieu : « Ne cherchez pas avec inquiétude comment parler ou que dire : ce que vous aurez à dire vous sera donné sur le moment, car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt 10,19-20).

C’est l’Esprit qui nous conseille, mais nous devons faire de la place à l’Esprit, pour qu’il puisse nous conseiller. Et faire de la place, c’est prier : prier pour qu’il vienne et qu’il nous aide, toujours.

 

  1. Comme tous les autres dons de l’Esprit, celui de conseil constitue aussi un trésor pour toute la communauté chrétienne.
    Le Seigneur ne nous parle pas seulement dans l’intimité de notre cœur, il nous parle, oui, mais pas seulement là, il nous parle aussi à travers la voix et le témoignage de nos frères.
    C’est vraiment un grand don de pouvoir rencontrer des hommes et des femmes de foi qui, surtout dans les passages plus compliqués et importants de notre vie, nous aident à faire la lumière dans notre cœur et à reconnaître la volonté du Seigneur !

Je me souviens, une fois, au sanctuaire de Luján, j’étais dans le confessionnal devant lequel il y avait une longue queue. Il y avait aussi un jeune garçon, très moderne, avec des boucles d’oreille, des tatouages, tout cela… Et il est venu me dire ce qui lui arrivait. C’était un gros problème, difficile. Et il m’a dit : « J’ai raconté tout ça à ma maman et ma maman m’a dit : va voir la Sainte Vierge et elle te dira ce que tu dois faire ».
Voilà une femme qui avait le don de conseil. C’est cela, le don de conseil. Cette femme humble, simple, a donné le conseil le plus vrai à son fils.
En effet, ce garçon m’a dit : « J’ai regardé la Vierge Marie et j’ai senti que je devais faire ceci, ceci et cela… ». Je n’ai pas eu besoin de parler, le jeune garçon et sa maman avaient déjà tout dit.
C’est cela le don de conseil. Vous, les mamans qui avez ce don, demandez-le pour vos enfants !
Le don de conseiller ses enfants est un don de Dieu.

Chers amis, le psaume 16, que nous avons entendu, nous invite à prier avec ces paroles :
« Je bénis le Seigneur qui me conseille : même la nuit mon cœur m’avertit. Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable. » (vv.7-8).
Que l’Esprit puisse toujours mettre cette certitude dans nos cœurs et nous combler ainsi de sa consolation et de sa paix !
Demandez sans cesse le don de conseil !
Pape François, catéchèse du 07/05/2014

 

4 – Le don de Force

« Antidote à la paresse et au découragement »

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans les catéchèses précédentes, nous avons réfléchi aux trois premiers dons de l’Esprit-Saint : sagesse, intelligence et conseil.
Aujourd’hui, pensons à ce que fait le Seigneur : il vient toujours nous soutenir dans notre faiblesse et il le fait par un don spécial : le don de force.

  1. Il y a une parabole, racontée par Jésus,qui nous aide à saisir l’importance de ce don.
    Un semeur sort pour semer ; mais tout le grain qu’il jette ne porte pas toujours de fruit. Celui qui finit sur la route est mangé par les oiseaux ; celui qui tombe sur un terrain pierreux ou au milieu des ronces germe, mais il est rapidement desséché par le soleil ou étouffé par les épines. C’est seulement celui qui arrive sur la bonne terre qui peut pousser et porter du fruit (cf. Mc 4,3-9 ; Mt 13,3-9 ; Lc 8,4-8).

Comme Jésus lui-même l’explique à ses disciples, ce semeur représente le Père qui jette abondamment la semence de sa Parole. Mais la semence rencontre souvent l’aridité de notre cœur et, lorsqu’elle est accueillie, elle risque de rester stérile.
Avec le don de force, en revanche, l’Esprit-Saint libère le terrain de notre cœur, le libère de la torpeur, des incertitudes et de toutes les craintes qui peuvent le freiner, de sorte que la Parole du Seigneur soit mise en pratique de façon authentique et joyeuse.
C’est une véritable aide, ce don de force, il nous donne la force, il nous libère aussi de beaucoup de freins. 

  1. Il y a aussi des moments difficiles et des situations extrêmesdans lesquels le don de force se manifeste d’une manière extraordinaire, exemplaire. C’est le cas des personnes qui doivent affronter des expériences particulièrement dures et douloureuses, qui impliquent leur vie et celle de leurs proches.
    L’Église resplendit du témoignage de tous ces frères et sœurs qui n’ont pas hésité à donner leur vie pour rester fidèles au Seigneur et à son Évangile.

Aujourd’hui aussi, dans bien des parties du monde, il ne manque pas de chrétiens qui continuent de célébrer leur foi et d’en témoigner avec une conviction et une sérénité profondes, et qui résistent même lorsqu’ils savent que cela peut coûter un prix plus élevé.

Nous aussi, nous tous, nous connaissons des personnes qui ont vécu des situations difficiles, beaucoup de souffrance. Mais pensons à ces hommes, à ces femmes qui mènent une vie difficile, qui luttent pour faire vivre leur famille, éduquer leurs enfants : ils font tout cela parce que l’Esprit de force les aide.
Tous ces hommes et ces femmes – nous ne savons pas leur nom – qui honorent notre peuple, qui honorent notre Église parce qu’ils sont forts : forts pour mener leur vie, leur famille, leur travail, pour vivre leur foi.
Ces frères et sœurs sont des saints, des saints au quotidien, des saints cachés parmi nous : ils ont précisément le don de force pour accomplir leur devoir en tant que personnes, leur devoir de pères, de mères, de frères, de sœurs, de citoyens. Ils sont très nombreux.

Remercions le Seigneur pour ces chrétiens dont la sainteté est cachée : c’est l’Esprit-Saint qui est en eux et qui les pousse. Cela nous fera du bien de penser à ces personnes. S’ils arrivent à faire tout cela, s’ils y arrivent, pourquoi pas moi ?
Et cela nous fera aussi du bien de demander à l’Esprit-Saint le don de force.

Il ne faut pas penser que le don de force n’est nécessaire que dans certaines occasions ou situations particulières. Ce don doit constituer la note de fond de notre être de chrétien, dans l’ordinaire de notre vie quotidienne. Comme je l’ai dit, nous devons être forts tous les jours de notre vie, nous avons besoin de cette force pour mener notre vie, notre famille, pour vivre notre foi.

L’apôtre Paul a dit une phrase qui nous fera du bien :
« Je puis tout en celui qui me rend fort » (Ph 4,13).
Lorsque nous affrontons la vie ordinaire, lorsque surgissent des difficultés, souvenons-nous en  : « Je puis tout en celui qui me rend fort ».
Le Seigneur donne toujours la force, il ne nous en prive pas. Le Seigneur ne nous éprouve pas plus que ce nous pouvons le supporter. Il est toujours avec nous. « Je puis tout en celui qui me rend fort ».

Chers amis, nous pouvons parfois être tentés de nous laisser prendre par la paresse, ou pire, par le découragement, surtout face aux fatigues et aux épreuves de la vie. Dans ces cas-là, ne perdons pas courage, mais invoquons l’Esprit-Saint, pour qu’avec le don de force il puisse soulager notre cœur et communiquer à notre vie à la suite de Jésus une force et un enthousiasme nouveaux. Merci !
Pape François, catéchèse du 14/05/2014

 

 5 – Le don de Science« 

La création n’est pas la propriété d’un petit nombre »

Ô+Esprit+de+Science,+Tu+es+le+Dieu+de+lumière+et+d’amour.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, je voudrais mettre en lumière un autre don de l’Esprit-Saint, le don de science.
Quand on parle de science, on pense immédiatement à la capacité de l’homme à toujours mieux connaître la réalité qui l’entoure et à découvrir les lois qui régissent la nature et l’univers.
Mais la science qui vient de l’Esprit-Saint ne se limite pas à la connaissance humaine : c’est un don particulier, qui nous porte à saisir, à travers la création, la grandeur et l’amour de Dieu et sa relation profonde avec toutes les créatures.

  1. Quand nos yeux sont éclairés par l’Esprit, ils s’ouvrent à la contemplation de Dieu dans la beauté de la nature et dans l’immensité du cosmos et nous poussent à découvrir comment tout nous parle de lui et de son amour. Tout ceci suscite en nous un grand étonnement et un sentiment profond de gratitude !
    C’est aussi la sensation que nous éprouvons lorsque nous admirons une œuvre d’art ou toute autre merveille qui est le fruit de l’esprit et de la créativité de l’homme : devant tout cela, l’Esprit nous pousse à louer le Seigneur du fond du cœur et à reconnaître, en tout ce que nous avons et ce que nous sommes, un don inestimable de Dieu et un signe de son amour infini pour nous.

 

  1. Le premier chapitre de la Genèse, au tout début de la Bible, met en évidence le fait que Dieu se complaît dans sa création, soulignant à plusieurs reprises la beauté et la bonté de toute chose.  À la fin de chaque jour, il est écrit : « Dieu vit que cela était bon » (1,12.18.21.25) : si Dieu voit que la création est bonne, est belle, nous aussi nous devons prendre cette attitude et voir que la création est bonne et belle. Voilà le don de science qui nous fait voir cette beauté.
    Par conséquent louons Dieu, remercions-le de nous avoir donné tant de beauté.
    Et quand Dieu a fini de créer l’homme, il n’est pas dit qu’il « vit que cela était bon », mais il est dit que cela était « très bon » (v. 31).
    Aux yeux de Dieu, nous sommes ce qu’il y a de plus beau, de plus grand et de meilleur dans la création : même les anges sont en-dessous de nous, nous sommes plus que les anges, comme nous l’avons entendu dans le livre des psaumes.
    Le Seigneur nous aime ! Nous devons l’en remercier.

Le don de science nous met en harmonie profonde avec le Créateur et nous fait participer à la limpidité de son regard et de son jugement. Et c’est dans cette perspective que nous parvenons à saisir dans l’homme et dans la femme le sommet de la création, comme l’accomplissement d’un dessein d’amour inscrit en chacun de nous et qui fait que nous nous reconnaissons comme frères et sœurs.

  1. Tout ceci est un motif de sérénité et de paix et fait du chrétien un témoin joyeux de Dieu, sur les traces de saint François d’Assise et de tant de saints qui ont su louer et chanter leur amour à travers la contemplation du créé. Mais en même temps, le don de science nous aide à ne pas tomber dans certains comportements excessifs ou erronés.

Le premier réside dans le risque de se considérer propriétaire de la création.
La création n’est pas une propriété à laquelle nous pouvons imposer nos lois selon notre bon vouloir ; et c’est encore moins la propriété de quelques-uns, d’un petit nombre : la création est un don, c’est un don merveilleux que Dieu nous a fait, pour que nous en prenions soin et que nous l’utilisions au profit de tous, toujours avec beaucoup de respect et de gratitude.

Le second comportement erroné se trouve dans la tentation de s’arrêter aux créatures, comme si elles pouvaient offrir la réponse à toutes nos attentes.
Avec le don de science, l’Esprit nous aide à ne pas tomber dans cette erreur.

Mais je voudrais revenir à la première voie erronée : imposer ses lois à la création au lieu d’en prendre soin. Nous devons prendre soin de la création puisque c’est un don que le Seigneur nous a fait, c’est un cadeau de Dieu pour nous ; nous sommes les gardiens de la création.
Quand nous exploitons la création, nous détruisons le signe de l’amour de Dieu. Détruire la création, c’est dire à Dieu : « cela ne me plaît pas ». Et cela, ce n’est pas bon : voilà le péché.

Prendre soin de la création, c’est précisément prendre soin du don de Dieu et c’est dire à Dieu : « Merci, je suis le gardien de la création, mais pour la faire progresser, jamais pour détruire ce don de ta part ».
C’est le comportement que nous devons avoir à l’égard de la création : en prendre soin parce que si nous détruisons la création, la création nous détruira ! N’oubliez pas cela.
Une fois, j’étais à la campagne et j’ai entendu une personne simple, qui aimait beaucoup les fleurs et qui s’en occupait. Elle m’a dit : « Nous devons prendre soin de ces belles choses que Dieu nous a données ; la création est pour nous afin que nous puissions bien en profiter ; ne pas l’exploiter, mais en prendre soin, parce que Dieu pardonne toujours, nous, les hommes, nous pardonnons parfois, mais la création ne pardonne jamais et si tu n’en prends pas soin, elle te détruira ».
Cela doit nous faire réfléchir et demander à l’Esprit-Saint le don de science pour bien comprendre que la création est le plus beau cadeau de Dieu. Il a fait toutes ces bonnes choses pour la meilleure d’entre elles qu’est la personne humaine.
Pape François, catéchèse du 21/05/2014

 

 6 – Le don de Piété

« Le don de piété que nous donne l’Esprit-Saint nous rend doux, nous rend sereins, patients, en Paix avec Dieu, au service des autres avec douceur »

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, nous voulons nous arrêter sur un don de l’Esprit-Saint qui est très souvent mal compris ou considéré de manière superficielle et qui, au contraire, touche le cœur de notre identité et de notre vie chrétienne : il s’agit du don de piété.

Il faut tout de suite préciser que ce don ne s’identifie pas avec le fait d’avoir compassion de quelqu’un, d’avoir pitié de son prochain (en italien « pietà » se traduit par « piété » et « pitié »), mais il indique notre appartenance à Dieu et notre lien profond avec lui, un lien qui donne sens à toute notre vie et qui nous garde fermes, en communion avec lui, même dans les moments plus difficiles et d’épreuve.

1.Ce lien avec le Seigneur ne doit pas être compris comme un devoir ou quelque chose d’imposé. C’est un lien qui vient de dedans.
Il s’agit d’une relation vécue avec le cœur : c’est notre amitié avec Dieu, qui nous est donnée par Jésus, une amitié qui change notre vie et nous remplit d’enthousiasme, de joie.
C’est pourquoi le don de piété suscite en nous avant tout la gratitude et la louange. C’est cela, en effet, le motif et le sens le plus authentique de notre culte et de notre adoration. Quand l’Esprit-Saint nous fait percevoir la présence du Seigneur et tout son amour pour nous, il nous réchauffe le cœur et nous pousse presque naturellement à la prière et à la célébration.
La piété est donc synonyme d’un authentique esprit religieux, d’une confiance filiale en Dieu, de cette capacité à le prier avec amour et simplicité qui est propre aux personnes humbles de cœur.

2.Si le don de piété nous fait grandir dans la relation et la communion avec Dieu et nous pousse à vivre comme ses enfants, en même temps, il nous aide à reverser cet amour aussi sur les autres et à les reconnaître comme nos frères.
Et alors, oui, nous sommes mus par des sentiments de pitié – et non de pieuserie ! – à l’égard de celui qui est à côté de nous et de ceux que nous rencontrons tous les jours.
Pourquoi est-ce que dis ‘non de pieuserie’ ?
Parce que certains pensent qu’avoir de la piété, c’est fermer les yeux, faire une tête d’image pieuse, faire semblant d’être un saint.
En piémontais, nous disons ‘faire l’ingénue’. Ce n’est pas cela le don de piété.
Le don de piété signifie être vraiment capable de se réjouir avec celui qui est dans la joie, de pleurer avec celui qui pleure, d’être proche de celui qui est seul ou angoissé, de corriger celui qui est dans l’erreur, de consoler celui qui est affligé, d’accueillir et de secourir celui qui est dans le besoin.
Il y a un rapport très étroit entre le don de piété et la douceur. Le don de piété que nous donne l’Esprit-Saint nous rend doux, nous rend tranquilles, patients, en paix avec Dieu, au service des autres avec douceur.

Chers amis, dans la lettre aux Romains, l’apôtre affirme : « Tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu.
Aussi bien n’avez-vous pas reçu un esprit d’esclaves pour retomber dans la crainte ; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : Abba ! Père ! » (Rm 8,14-15).

Demandons au Seigneur que le don de son Esprit puisse vaincre notre peur, nos incertitudes, notre esprit inquiet, impatient, et qu’il puisse faire de nous des témoins joyeux de Dieu et de son amour, adorant le Seigneur en vérité, également dans le service de notre prochain avec douceur et avec le sourire que l’Esprit-Saint nous donne toujours dans la joie.
Que l’Esprit-Saint nous donne à tous ce don de piété.
Pape François, catéchèse du 28/05/2014

 

 7 – Le don de Crainte de Dieu

« Le don de crainte de Dieu c’est être conquis par le Seigneur »

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Le don de la crainte de Dieu, dont nous parlons aujourd’hui, conclut la série des sept dons de l’Esprit-Saint. Il ne signifie pas avoir peur de Dieu : nous savons bien que Dieu est Père, et qu’il nous aime et veut notre salut, et qu’il pardonne toujours, toujours ; c’est pourquoi il n’y a pas de raison d’avoir peur de lui !
La crainte de Dieu, en revanche, est un don de l’Esprit qui nous rappelle combien nous sommes petits devant Dieu et devant son amour, et que notre bien se trouve dans l’abandon entre ses mains, avec humilité, respect et confiance.
C’est cela la crainte de Dieu : l’abandon dans la bonté de notre Père qui nous aime tellement.

1.Quand l’Esprit-Saint fait sa demeure dans notre cœur, il nous donne la consolation et la paix, et il nous aide à nous sentir tels que nous sommes, c’est-à-dire petits, dans cette attitude, si souvent recommandée par Jésus dans l’Évangile, de celui qui dépose toutes ses préoccupations et ses attentes en Dieu et qui se sent enveloppé et soutenu par sa chaleur et sa protection, exactement comme un petit enfant avec son papa !
C’est ce que fait l’Esprit-Saint dans nos cœurs : il nous fait nous sentir comme des petits enfants dans les bras de notre papa.
En ce sens, nous comprenons bien alors combien la crainte de Dieu vient assumer en nous la forme de la docilité, de la reconnaissance et de la louange, comblant notre cœur d’espérance.
Si souvent, en effet, nous ne réussissons pas à saisir le dessein de Dieu, et nous nous rendons compte que nous ne sommes pas capables de nous assurer par nous-mêmes le bonheur et la vie éternelle.
Toutefois, c’est précisément dans cette expérience de nos limites et de notre pauvreté que l’Esprit nous réconforte et nous fait percevoir que la seule chose importante est de nous laisser conduire par Jésus dans les bras de son Père.

  1. Voilà pourquoi nous avons tellement besoin de ce don de l’Esprit-Saint.
    La crainte de Dieu nous fait prendre conscience que tout vient de la grâce et que notre véritable force réside uniquement dans le fait de suivre le Seigneur Jésus et de laisser le Père reverser sur nous sa bonté et sa miséricorde.
    Ouvrir notre cœur, pour que la bonté et la miséricorde de Dieu viennent en nous. C’est ce que fait l’Esprit-Saint avec le don de la crainte de Dieu : il ouvre nos cœurs.
    Un cœur ouvert, afin que le pardon, la miséricorde, la bonté et les caresses du Père viennent jusqu’à nous, parce que nous sommes des enfants infiniment aimés.
  2. Lorsque nous sommes envahis par la crainte de Dieu, nous sommes alors poussés à suivre le Seigneur avec humilité, docilité et obéissance.
    Mais il ne s’agit pas d’un comportement résigné, passif, ou même plaintif, mais de l’étonnement et la joie d’un fils qui se reconnaît servi et aimé par son Père.
    La crainte de Dieu ne fait donc pas de nous des chrétiens timides et soumis, mais elle génère en nous le courage et la force !
    C’est un don qui fait de nous des chrétiens convaincus, enthousiastes, qui ne sont pas soumis au Seigneur par peur, mais parce qu’ils sont émus et conquis par son amour !
    Être conquis par l’amour de Dieu ! Et c’est quelque chose de beau.
    Se laisser conquérir par cet amour d’un papa qui nous aime tant, qui nous aime de tout son cœur.

Mais, soyons attentifs, parce que le don de Dieu, le don de la crainte de Dieu est aussi une « alarme » face à la ténacité du péché.
Quand une personne vit dans le mal, quand elle blasphème contre Dieu, quand elle exploite les autres, quand elle les tyrannise, quand elle ne vit que pour l’argent, pour ce qui est vain ou pour le pouvoir, l’orgueil, avec toute sa vanité, elle ne sera pas heureuse.
Personne ne peut emporter avec soi de l’autre côté ni l’argent, ni le pouvoir, ni la vanité, ni l’orgueil. Rien !
Nous pouvons seulement emporter l’amour que Dieu notre Père nous donne, les caresses de Dieu, acceptées et reçues par nous avec amour. 
Et nous pouvons emporter ce que nous avons fait pour les autres.
Attention à ne pas mettre notre espérance dans l’argent, dans l’orgueil, dans le pouvoir, dans la vanité, parce que tout cela ne peut rien nous promettre de bon !
Je pense par exemple aux personnes qui ont des responsabilités sur les autres et qui se laissent corrompre ; pensez-vous qu’une personne corrompue sera heureuse de l’autre côté ?
Non, tout le fruit de sa corruption a corrompu son cœur et il sera difficile d’aller au Seigneur (ndlr, d’être sauvée).
Pensons à ceux qui vivent de la traite des personnes et de l’esclavagisme ; pensez-vous que ces personnes qui vivent de la traite de personnes, par le travail forcé, ont dans leur cœur l’amour de Dieu ? Non, ils n’ont pas la crainte de Dieu et ne sont pas heureux. Ils ne le sont pas.
Je pense à ceux qui fabriquent des armes pour fomenter les guerres ; mais pensez à ce qu’est ce métier ! Je suis certain que si je vous pose maintenant la question : qui parmi vous est fabricant d’armes ?… Personne, personne.
Ces fabricants d’armes ne viennent pas écouter la Parole de Dieu ! Ils fabriquent la mort, ce sont des marchands de mort et ils font commerce de la mort.
Que la crainte de Dieu leur fasse comprendre que tout finit un jour et qu’ils devront rendre compte à Dieu.

Chers amis, le psaume 34 nous fait prier ainsi : « Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses. L’ange du Seigneur campe à l’entour pour libérer ceux qui le craignent. » (vv.7-8).

Demandons au Seigneur la grâce d’unir notre voix à celle des pauvres, pour accueillir le don de la crainte de Dieu et pouvoir nous reconnaître, avec eux, revêtus de la miséricorde et de l’amour de Dieu qui est notre Père, notre papa.
Ainsi soit-il.
Pape François, catéchèse du 04/06/2014

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