EUCHARISTIE, LA MADONE A L'EUCHARISTIE, LA MADONE A L'EUCHARISTIE PAR BOTTICELLI, LA VIERGE A L'ENFANT, PEINTRE ITIALIEN, PEINTRES, PEINTURE, SAINT SACREMENT, SANDRO BOTTICELLI (1444/1445 - 1510)

La Madone de l’Eucharistie par Botticelli

La Vierge à l’enfant par Botticelli

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Le fruit de la terre et du travail des hommes

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Alessandro Filipepi (1445-1510), surnommé Botticelli, commence à travailler comme orfèvre dans l’atelier de son frère aîné, Antonio. Il en gardera l’art du dessin net et précis, comme ciselé. À 22 ans, il entre dans l’atelier de Filippo Lippi (1406-1469). Là, pour nourrir la dévotion privée des nobles familles de Florence, il se spécialise bientôt dans la production de Vierges à l’Enfant. Son talent déjà exceptionnel est repéré par Laurent de Médicis, dit le Magnifique. En 1470, à 25 ans, il crée son propre atelier.

La Vierge à l’Enfant est particulièrement intéressante parce qu’elle manifeste l’éclosion du style Botticelli. Datée du début des années 1470, cette œuvre se situe encore dans l’esprit des productions « commerciales » de l’atelier Lippi ; cependant s’y révèle déjà un style beaucoup plus personnel, celui qui fera de Botticelli l’une des étoiles les plus brillantes de la constellation des génies florentins.

L’évolution la plus frappante réside dans la mise en valeur de la beauté des personnages. Leurs visages se détachent comme des portraits. Et pour cause : l’ange vêtu comme un jeune prince est sans doute un autoportrait ; le modèle de la Vierge Marie est Simonetta Vespucci. Considérée comme la plus belle femme du monde, adulée par les Médicis, elle incarnait l’idéal féminin pour les artistes de la cour. Elle mourut en 1476, à l’âge de 23 ans. Botticelli en fut l’amoureux platonique, au point qu’il inscrivit dans son testament sa volonté d’être « enterré à ses pieds ». Lorsqu’il mourut ­ – trente-quatre ans après la belle –, sa volonté fut scrupuleusement respectée. On peut encore aujourd’hui visiter leurs tombes dans l’église franciscaine di Ognissanti, à Florence.

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Sandro Botticelli

Ce « portrait » de la Vierge Marie révèle donc la première manifestation de ce qui demeurera la marque originale du génie de Botticelli : la beauté transcendante des visages de ses personnages qui, comme absorbés dans une mystérieuse contemplation, expriment une sorte de mélancolie. Cette expression mélancolique est d’autant plus émouvante qu’elle suggère plus la profondeur des sentiments qu’une réelle tristesse. On remarquera aussi la sublime transparence des auréoles de poussière d’or – cruciformée de rubis pour celle de l’enfant Jésus –, qui marque la perméabilité qui s’est instaurée entre la vie divine et la vie humaine.

 

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Mystère incomparable de ce Très-Saint-Sacrement

L’ange présente à l’enfant Jésus un vase Médicis d’étain contenant des grappes de raisin – signes du sang versé –, dans lesquelles sont fichés des épis de blé – signes du corps livré. D’un geste de la main, l’enfant Jésus bénit le présent, fruit de la terre et du travail des hommes, et le reconnaît comme sien. Cependant, Marie, sa mère, se saisit d’un épi de blé, signifiant par ce geste qu’elle accepte de communier à l’eucharistie que va faire de sa vie son divin fils.

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En arrière-plan des scènes de la Nativité, les peintres de la première Renaissance font volontiers figurer des ruines de bâtiments altiers, pour figurer l’obsolescence prochaine du monde antique aussi bien que du Temple de Jérusalem. Pour structurer le fond de sa représentation de la Vierge à l’Enfant, Botticelli inaugure une ère nouvelle de l’histoire du salut en érigeant une sorte de portique de marbre, qui signifie le monde chrétien déjà en construction. Avec en perspective, se dessinant dans ses ouvertures, un paysage qui évoque la réalité actuelle de ce nouveau monde : le cours de l’Arno qui porte sur sa rive une église, et dont les flots courent irriguer la Florence des Médicis.

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Vierge à l’Enfant avec un ange (1470-1474), Sandro Botticelli (1444/5-1510), Isabella Stewart Gardner Museum, Boston, MA, USA. © Isabella Stewart Gardner Museum / Bridgeman Images.

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ANCIEN TESTAMENT, EUCHARISTIE, EVANGILE SELON SAINT LUC, FETE DIEU, LIVRE DE LA GENESE, NOUVEAU TESTAMENT, PREMIERE LETTRE AUX CORINTHIENS, PSAUME 109, SAINT SACREMENT

Dimanche 19 juin 2022 : Solennité du Saint-Sacrement : lectures et commentaires

Dimanche 19 juin 2022 : Solennité du Saint-Sacrement

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Commentaires de Marie-Noëlle Thabut,

1ère lecture

Psaume

2ème lecture

Evangile

 

PREMIERE LECTURE – Livre de la Genèse 14, 18-20

En ces jours-là,
18 Melkisédek, roi de Salem,
fit apporter du pain et du vin :
il était prêtre du Dieu très-haut.
19 Il bénit Abram en disant :
« Béni soit Abram par le Dieu très-haut,
qui a fait le ciel et la terre ;
20 et béni soit le Dieu très-haut,
qui a livré tes ennemis entre tes mains. »
Et Abram lui donna le dixième de tout ce qu’il avait pris.

LA RENCONTRE D’ABRAHAM ET MELKISEDEK
Melkisédek est nommé deux fois seulement dans l’Ancien Testament : ici dans le livre de la Genèse et dans le psaume 109/110 que nous lisons également ce dimanche. Deux fois, c’est peu, mais, curieusement, ce personnage devait jouer plus tard un grand rôle dans l’esprit de ceux qui attendaient le Messie et, un rôle bien plus grand encore chez les Chrétiens. La preuve, il est même cité dans une prière eucharistique !  Il nous intéresse donc au plus haut point.
Nous savons qu’Abraham revenait d’une expédition victorieuse quand il a rencontré Melkisédek. A vrai dire, les festivités après une victoire militaire étaient certainement chose courante et la Bible nous les raconte rarement. Pourquoi celle-ci nous est-elle racontée ? Certainement parce que plus tard, peut-être même très longtemps après les événements, on a trouvé à cette histoire un intérêt particulier.
Je commence par vous rappeler l’histoire :   une guerre vient d’éclater dans la région ; deux petites coalitions s’affrontent, cinq rois d’un côté, quatre de l’autre. Chacun des belligérants s’est évidemment entouré pour la bataille du meilleur de ses troupes. Le roi de Sodome fait partie des combattants. Précisons tout de suite que ni Melkisédek ni Abraham ne sont directement concernés au début.
Mais les choses vont changer : à l’issue de la bataille, le roi de Sodome est vaincu ; or, parmi ses sujets, il y avait Lot, le neveu d’Abraham, qui est fait prisonnier. Abraham, prévenu, vole au secours de son neveu et délivre Lot et en même temps le roi de Sodome et ses sujets. Conformément aux usages de l’époque, le roi de Sodome va désormais devenir allié d’Abraham.
C’est alors qu’intervient Melkisédek (dont le nom signifie « roi de justice ») probablement pour un repas d’Alliance, mais l’auteur de notre texte ne le précise pas, car, à partir de ce moment, il change de sujet : il focalise son récit sur le personnage de Melkisédek et sa relation avec Abraham.
Et que nous dit-il de Melkisédek ? Des choses assez inhabituelles dans la Bible :
Premièrement, il n’a pas de généalogie ; deuxièmement, il est à la fois roi et prêtre, alors que pendant de nombreux siècles de l’histoire d’Israël, c’est une chose qui ne devait pas se produire ; troisièmement, il est roi de Salem : on pense qu’il s’agit peut-être de la ville qui sera plus tard Jérusalem quand David l’aura conquise pour en faire sa capitale ; quatrièmement, l’offrande apportée par Melkisédek se compose de pain et de vin et non pas d’animaux comme le sacrifice qu’offrira Abraham et qui nous sera raconté au chapitre 15 ; cinquièmement, Melkisédek bénit le Dieu très-Haut et bénit Abraham en son nom ; enfin, sixièmement, Abraham verse la dîme (c’est-à-dire le dixième de son butin de guerre) à Melkisédek ; cela signifie qu’il reconnaît son sacerdoce.

LE MESSIE RESSEMBLERA-T-IL A MELKISEDEK ?
Toutes ces précisions ont certainement un grand intérêt pour notre auteur qui s’attache visiblement aux relations entre le pouvoir royal et le sacerdoce : par exemple, c’est la première fois que le mot « prêtre » apparaît dans la Bible ; et, clairement, Melchisédech a toutes les caractéristiques des prêtres puisqu’il offre un sacrifice, qu’il prononce une bénédiction de la part du « Dieu Très-Haut qui crée ciel et terre » et qu’Abraham lui offre la dîme, c’est-à-dire le dixième de ses biens.
On notera le silence absolu du texte sur les origines de Melkisédek : alors que, généralement, la Bible attache une très grande importance à la généalogie, surtout celle des prêtres, ce prêtre-là, Melkisédek, le premier de la liste, nous ne savons rien de lui… comme s’il était hors du temps…
Voici donc un prêtre reconnu comme tel ; cela veut dire qu’il existait un sacerdoce bien avant l’institution légale du sacerdoce dans la loi juive, avant qu’on ne décide que tous les prêtres devaient être pris dans la tribu de Lévi, lequel est le fils de Jacob et donc l’arrière petit-fils d’Abraham. A certaines époques, quand on était mécontent du pouvoir des prêtres, on était peut-être bien content de leur rappeler qu’il peut y avoir des prêtres qui ne descendent pas de Lévi, c’est ce qu’on appelait « être prêtre selon l’ordre de Melkisédek » (c’est-à-dire à la manière de Melkisédek).
Actuellement, aucun exégète ne sait dire de façon certaine ni par qui, ni quand ni dans quel but ce texte a été écrit. S’agissait-il de légitimer un sacerdoce différent, et lequel ? Ce texte pourrait dater de l’époque où la dynastie de David semblait éteinte à tout jamais et où l’on a commencé à entrevoir un Messie différent : non plus un roi descendant de David, mais un prêtre, capable d’apporter aux descendants d’Abraham la bénédiction du Dieu Très-Haut. On comprend alors ses titres : « roi de justice et roi de paix ».
Plus tard, je vous le disais en commençant, le personnage de Melkisédek a été considéré comme un ancêtre du Messie. Nous le verrons mieux dans le psaume 109/110 que cette même fête du Corps et du Sang du Christ nous propose.
Enfin, on ne se privera pas dans l’avenir de faire remarquer que Abraham n’était pas encore circoncis quand il a été béni par Melkisédek : puisque le rite de la circoncision ne sera donné à Abraham que plus tard, d’après le livre de la Genèse. Les Chrétiens, en particulier, en déduiront qu’il n’est pas nécessaire d’être circoncis pour être béni de Dieu. (On se souvient que c’était une question qui se posait dans les premières communautés chrétiennes composées de Juifs circoncis et de non-Juifs).
Bien sûr, une offrande de pain et de vin, scellant un repas d’Alliance, offerte par les mains du roi de justice et de paix, vrai roi, vrai prêtre du Dieu Très-Haut… nous, Chrétiens, nous y reconnaissons le geste du Christ : et nous y découvrons la continuité du projet de Dieu. A chaque Eucharistie, nous refaisons le geste de Melkisédek accompagnant l’offrande de pain et de vin des mots « Tu es béni, Dieu de l’univers, nous avons reçu de ta bonté le pain (le vin) que nous te présentons… »
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Compléments
Nous sommes au chapitre 14 du livre de la Genèse : le Dieu de Melkisédek s’appelle le Dieu Très-haut, exactement comme le Dieu d’Abraham. Mais les chapitres 12-13 et 15 qui sont des chapitres majeurs de l’histoire d’Abraham n’emploient pas le même nom de Dieu ! Ils l’appellent « le SEIGNEUR » (c’est-à-dire le Tétragramme YHVH). Le chapitre 14 est-il donc d’une autre venue que les chapitres qui l’entourent ?

 

PSAUME – 109 (110), 1 – 4

1 Oracle du SEIGNEUR à mon seigneur :
« Siège à ma droite,
et je ferai de tes ennemis
le marchepied de ton trône. »

2 De Sion, le SEIGNEUR te présente
le sceptre de ta force :
« Domine jusqu’au cœur  de l’ennemi. »

3 Le jour où paraît ta puissance,
tu es prince, éblouissant de sainteté :
« Comme la rosée qui naît de l’aurore,
je t’ai engendré. »

4 Le SEIGNEUR l’a juré
dans un serment irrévocable :
« Tu es prêtre à jamais
selon l’ordre du roi Melkisédek. »

LE SACRE DU ROI DE JERUSALEM
Certaines de ces phrases sont adressées au nouveau roi de Jérusalem le jour de son sacre ; je commence donc par vous raconter la cérémonie du sacre ; ce rituel s’explique si l’on sait que, en filigrane, derrière toute cérémonie de sacre d’un roi à Jérusalem se profilait l’attente du Messie : Dieu, rappelez-vous, a promis à David que sa dynastie serait éternelle, et depuis cette promesse, on attend le roi idéal qui ne manquera pas de venir, celui qu’on appelle le Messie. A chaque sacre d’un nouveau roi, à Jérusalem, donc, on espérait qu’il serait ce Messie attendu.
La cérémonie se déroulait en deux temps, au Temple de Jérusalem, d’abord, puis à l’intérieur du palais royal dans la salle du trône.
Au Temple, d’abord : le roi arrive, escorté de la garde royale ; puis un prophète pose le diadème sur sa tête (le terme technique, c’est il lui « impose » le diadème). Il lui remet également un rouleau (qu’on appelle « les témoignages ») et qui est la charte de l’Alliance conclue par Dieu avec la descendance de David ; cette charte contient des formules qui s’appliquent à chaque roi : « Tu es mon fils, aujourd’hui je t’ai engendré »… et encore « Demande-moi et je te donnerai les nations comme héritage » : cette charte lui fait également connaître son nouveau nom (cf Isaïe 9,5). Toujours au Temple, le prêtre lui confère « l’onction ». La cérémonie au Temple s’achève par une acclamation, une clameur immense qu’on appelle la « Terouah » : tous ceux qui assistent à la cérémonie crient « un tel est roi » dans un concert d’applaudissements, au son du cor et des trompettes. La « Terouah », en réalité, c’est un cri de guerre qui s’est transformé en ovation pour le nouveau roi : c’est le roi-chef de guerre qu’on acclame.
Puis on se rend en cortège, ou plutôt en procession au Palais. Le cortège pousse des clameurs « à fendre la terre » comme on dit. Au passage, le roi s’arrêtera pour boire à une source, symbole de la vie nouvelle qui lui est donnée et de la force dont il est revêtu désormais pour triompher de ses ennemis.
Au Palais, dans la salle du trône, se déroule la deuxième partie de la cérémonie : le cortège royal, venant du Temple, pénètre dans la salle du trône. Le psaume d’aujourd’hui commence ici : le prophète prend la parole au nom de Dieu, en employant la formule solennelle : « Oracle du SEIGNEUR » ; il invite le nouveau roi à gravir les marches du trône et à s’asseoir. Dans la Bible, on rencontre l’expression « s’asseoir sur le trône des rois » qui signifie « régner ». Sur les marches du trône, sont sculptés ou gravés des guerriers ennemis enchaînés : donc, en gravissant les marches, le roi posera le pied sur la nuque de ces soldats ; ce geste de victoire est le présage de ses victoires futures ; c’est le sens de la première strophe : « Oracle du SEIGNEUR à mon seigneur » (il faut lire « parole de Dieu pour le nouveau roi ») : « Siège à ma droite, et je ferai de tes ennemis le marchepied de ton trône ».
PRETRE COMME LE ROI MELKISEDEK
Reste l’expression « à ma droite »… or c’est Dieu qui parle par la bouche du prophète : au départ, cela correspond à une donnée très concrète, topographique : à Jérusalem, le palais de Salomon est situé au Sud du Temple (donc à droite du Temple, si vous êtes tournés vers l’Est) ; tout s’explique : Dieu trône invisiblement au-dessus de l’Arche dans le Temple et le roi siégeant sur son trône sera donc à sa droite.
Puis le prophète remet le sceptre au nouveau roi ; et c’est la deuxième strophe : « De Sion, le SEIGNEUR te présente le sceptre de ta force ; domine jusqu’au cœur  de l’ennemi ». Cette remise du sceptre est symbolique de la mission confiée au roi. Il dominera ses ennemis, pour protéger son peuple.
Désormais il s’inscrit dans la longue chaîne des rois descendants de David : il est à son tour porteur de la promesse faite à David ; on n’oublie pas qu’il n’est qu’un homme mortel, mais il devient porteur d’un destin éternel parce que le projet de Dieu est éternel. C’est probablement le sens de la strophe suivante, un peu obscure : « Le jour où paraît ta puissance » (c’est-à-dire le jour du sacre) « tu es prince, éblouissant de sainteté » (tu es revêtu de la sainteté de Dieu et donc de son immortalité)… « Comme la rosée qui naît de l’aurore, je t’ai engendré » : manière de dire qu’il est prévu par Dieu depuis l’aurore du monde. Le roi homme reste mortel mais, dans la foi d’Israël, la lignée de David, prévue de toute éternité, est immortelle.
Dans le même sens, la strophe suivante emploie l’expression « à jamais » : « Tu es prêtre à jamais »… le roi futur (c’est-à-dire le Messie) sera donc à la fois roi et prêtre comme l’était Melkisédek ; il sera prêtre, c’est-à-dire médiateur entre Dieu et son peuple. On a ici la preuve que, dans les derniers siècles de l’histoire biblique, on pensait que le Messie serait prêtre. Enfin le psaume précise : prêtre « selon l’ordre de Melkisédek » ; c’est qu’il y avait réellement un problème : on ne peut pas être prêtre si on ne descend pas de Lévi ; c’est la Loi ; mais comment concilier cette Loi avec la promesse que le Messie sera un roi descendant de David, qui, est de la tribu de Juda et non de Lévi ? Le psaume 109/110 donne la réponse : il sera prêtre, oui, mais à la manière de Melkisédek, ce roi de Salem, à la fois roi et prêtre bien avant que n’existe la tribu de Lévi.
Soit dit en passant, le psaume 109/110 raconte un sacre, mais cela ne veut pas dire qu’il ait été chanté pour un sacre réel : ce qui est sûr, c’est qu’il a été chanté à Jérusalem, pendant la fameuse Fête des Tentes pour rappeler les promesses messianiques de Dieu. En évoquant une scène d’intronisation, ce sont ces promesses, en réalité, qu’on évoque pour maintenir l’espérance du peuple.
En relisant ce psaume, le Nouveau Testament y a découvert une profondeur nouvelle : Jésus-Christ est bien ce prêtre « à jamais », conçu de toute éternité, médiateur de l’Alliance définitive, et surtout il  est victorieux du pire ennemi de l’homme, la mort, par sa résurrection. Saint Paul le dit dans la première lettre aux Corinthiens : « Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds. »
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Complément
On peut reconstituer le déroulement du sacre des rois à partir des descriptions qu’en donnent plusieurs livres de la Bible, en particulier les livres des Rois et des Chroniques, à propos des sacres de Salomon et de Joas.

 

DEUXIEME LECTURE –

première lettre de Saint Paul apôtre aux Corinthiens 11, 23-26

Frères
23 j’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur,
et je vous l’ai transmis :
la nuit où il était livré,
le Seigneur Jésus prit du pain,
24 puis, ayant rendu grâce,
il le rompit, et dit :
« Ceci est mon corps, qui est pour vous.
Faites cela en mémoire de moi. »
25 Après le repas, il fit de même avec la coupe,
en disant :
« Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang.
Chaque fois que vous en boirez,
Faites cela en mémoire de moi. »
26 Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain
et que vous buvez cette coupe,
vous proclamez la mort du Seigneur,
jusqu’à ce qu’il vienne.

 

LE DEPOT PRECIEUX DE LA FOI
« Je vous ai transmis ce que j’ai reçu de la tradition. » Saint Paul nous dit ici le véritable sens du mot « tradition » : non pas seulement une habitude qu’il faut respecter, mais un dépôt précieux que nous nous transmettons fidèlement de génération en génération… Si nous sommes croyants aujourd’hui, c’est parce que depuis deux mille ans, les Chrétiens, à toute époque, ont fidèlement transmis le trésor qu’ils portaient ; comme dans une course de relais, on se transmet ce qu’on appelle le « témoin ». Et si la transmission est fidèle, on peut dire que la tradition nous vient du Seigneur : « J’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur et je vous l’ai transmis ». Quand nous transmettons à notre tour le dépôt précieux de la foi, nous avons le devoir de vérifier qu’il vient bien du Seigneur et non pas de nos petites idées personnelles.
C’est cette transmission fidèle qui construit progressivement le Corps du Christ au long de l’histoire de l’humanité ; cette transmission n’est pas un savoir intellectuel, elle est l’entrée dans le mystère du Christ et notre fidélité se mesure à notre manière de vivre : or justement, Paul s’inquiète des mauvaises habitudes que sont en train de prendre les Corinthiens ; et les quelques versets que nous lisons ici s’inscrivent dans un chapitre où il leur rappelle les exigences de la vie fraternelle. « Je n’ai pas à vous féliciter : lorsque vous vous réunissez en assemblée, il y a parmi vous des divisions… » On peut se demander ce qu’il dirait aujourd’hui en voyant tant de schismes et de divisions parmi les Chrétiens du vingt-et-unième siècle ? Pour lui l’exigence de vivre en communion les uns avec les autres découle directement du mystère de l’Eucharistie.
« La nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain » : Paul fait un lien direct entre la Passion du Christ et ce geste ; « il était livré » : là Jésus est passif, il est le jouet d’une trahison, de l’incompréhension, de la haine des hommes… il est livré entre nos mains… Dans les phrases suivantes « il prit du pain… il rendit grâce, il le rompit, il dit… », au contraire, il est actif, il prend l’initiative, il donne un sens à tout ce qui va se passer : il retourne la situation ; de cette conduite de malheur, il va faire le geste suprême de l’Alliance entre Dieu et les hommes. Et, là, on entend en écho la phrase de Jésus lui-même rapportée par Saint Jean : « Ma vie, on ne me la prend pas, je la donne » (Jn 10,18). De ce contexte de haine et d’aveuglement, il va faire le lieu de l’amour et du partage : « mon corps est pour vous » ; « cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang »…Voilà ce qu’est le « pardon » au vrai sens du terme : le don parfait, au  sens de parachevé, par-delà la haine… Et par là même, il montre la puissance de l’amour, qui est seul capable de transformer des conduites de mort en source de vie. Seul le pardon est capable de ce miracle. « Il est vraiment grand le mystère de la foi » comme nous le disons à chaque Eucharistie.
JUSQU’A CE QU’IL VIENNE
Quand il lit le mystère de la foi à ce niveau-là, Paul ne peut qu’être scandalisé de l’écart entre la profondeur de ce mystère et la mesquinerie de la conduite des Corinthiens. Je vous rappelle le reproche que leur faisait Paul : « Quand vous vous réunissez en commun, ce n’est pas le repas du Seigneur que vous prenez. Car, au moment de manger, chacun se hâte de prendre son propre repas, en sorte que l’un a faim, tandis que l’autre est ivre. » (1 Co 11, 20). On ne s’étonne pas que ce texte nous soit proposé justement le jour de la fête du Corps du Christ : nous sommes aujourd’hui ce Corps du Christ en train de grandir.

« Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur. » Nous proclamons sa mort : c’est-à-dire que nous proclamons son témoignage d’amour jusqu’au bout ; comme le dit la très belle prière eucharistique de la Réconciliation, nous proclamons que « ses deux bras étendus dessinent entre ciel et terre le signe indélébile de l’Alliance » (entre Dieu et l’humanité). Quand nous « proclamons sa mort », nous nous engageons donc résolument dans la grande œuvre  de réconciliation et d’Alliance inaugurée par Jésus.
Saint Paul termine par cette phrase : « Vous proclamez sa mort jusqu’à ce qu’il vienne ». Ce « jusque-là » dit notre impatience. Le peuple chrétien est tendu vers la venue du Christ ; nous sommes le peuple de l’attente. Cette attente, nous la disons à chaque Eucharistie : « Viens, Seigneur Jésus », c’est la dernière phrase de l’acclamation après la Consécration. Mais aussi dans le Notre Père : « Que ton règne vienne ». Et si Jésus nous invite à redire si souvent cette prière, c’est pour nous éduquer à l’espérance : pour que nous devenions des impatients de son Règne, de sa venue.
Dernière remarque : Paul dit « jusqu’à ce qu’il vienne » et non pas « jusqu’à ce qu’il revienne ». Nous n’attendons pas le retour du Christ comme s’il était parti quelque part loin de nous et qu’il devait revenir. Il n’est pas parti quelque part loin de nous ! Il est avec nous « tous les jours jusqu’à la fin des temps » comme il nous l’a promis (Mt 28, 20). Mais nous attendons sa VENUE au sens où l’on dit « Le Dieu qui est, qui était et qui vient » : il ne cesse de venir au sens où sa Présence agissante accomplit peu à peu le grand projet prévu dès avant la création du monde, pour peu que nous acceptions d’y collaborer.
Le dernier mot de la Bible, dans l’Apocalypse, c’est justement « Viens, Seigneur Jésus ». Le début du livre de la Genèse nous disait la vocation de l’humanité appelée à être l’image et la ressemblance de Dieu, donc destinée à vivre d’amour, de dialogue, de partage comme Dieu lui-même dans sa Trinité. Le dernier mot de la Bible nous dit que le projet se réalise en Jésus-Christ. Quand nous disons « Viens Seigneur Jésus », nous appelons de toutes nos forces le jour où il nous rassemblera tous des quatre coins du monde pour ne faire qu’un seul Corps.

 

EVANGILE – selon Saint Luc 9, 11-17

En ce temps-là,
11 Jésus parlait aux foules du règne de Dieu,
et guérissait ceux qui en avaient besoin.
12 Le jour commençait à baisser.
Alors les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent :
« Renvoie cette foule :
qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs
afin d’y loger et de trouver des vivres ;
ici nous sommes dans un endroit désert. »
13 Mais il leur dit :
« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
Ils répondirent :
« Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons.
À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture
pour tout ce peuple. »
14 Il y avait environ cinq mille hommes.
Jésus dit à ses disciples :
« Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. »
15 Ils exécutèrent cette demande
et firent asseoir tout le monde.
16 Jésus prit les cinq pains et les deux poissons,
et, levant les yeux au ciel,
il prononça la bénédiction sur eux,
les rompit
et les donna à ses disciples
pour qu’ils les distribuent à la foule.
17 Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ;
puis on ramassa les morceaux qui leur restaient :
cela faisait douze paniers.

« DONNEZ-LEUR VOUS-MEMES A MANGER »
Pour la fête du Corps et du Sang du Christ, nous lisons un récit de miracle et plus exactement de multiplication des pains : ce choix peut nous surprendre ; Corps et du Sang du Christ, nous pensons aussitôt à l’Eucharistie… et, à première vue, quel lien y a-t-il entre l’Eucharistie et un miracle de multiplication des pains ? Saint Luc, lui-même, pourtant, a très certainement voulu marquer ce lien car il décrit les gestes de Jésus avec les termes mêmes de la liturgie eucharistique : « Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il les bénit, les rompit et les donna à ses disciples. »
Reprenons le texte en le suivant tout simplement : la première phrase, d’abord, « Jésus parlait du règne de Dieu et il guérissait ceux qui en avaient besoin ». Il annonce le règne de Dieu par ses paroles et par ses actes. La multiplication des pains intervient tout de suite après : c’est donc qu’elle s’inscrit dans ce contexte : la multiplication des pains, aussi, c’est le règne de Dieu en actes ; nourrir ceux qui ont faim, c’est faire naître le règne de Dieu. (On sait à quel point Luc aime insister sur la nécessaire cohérence entre les paroles et les actes).
« Le jour commençait à baisser » : les disciples ont souci de ces gens qui vont se laisser surprendre par la nuit ; très sagement ils suggèrent la solution : il faut disperser cette foule, renvoyer tout le monde ; chacun pourra régler son problème de logement et de nourriture ; on trouvera bien le nécessaire dans les environs… apparemment, à en croire le texte de Luc, c’était envisageable. Mais Jésus ne retient pas cette solution de dispersion : on peut se demander pourquoi ? Peut-être le Règne de Dieu qu’il annonce ne cadre-t-il pas avec des solutions de dispersion ? Le Royaume de Dieu est un mystère de rassemblement, nous le savons ; il ne s’accommode pas du « chacun pour soi ».
Et Jésus dit sa solution à lui : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » ; les disciples ont dû être un peu surpris ! Sa solution, elle est facile à dire, mais comment faire ? Ils sont réalistes, eux : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons » ; cela pourrait aller pour une famille, peut-être, mais pour cinq mille hommes, c’est dérisoire. Ils ont raison, cent fois raison… à vues humaines. Mais pourtant, si Jésus leur dit cette phrase plutôt surprenante, ce n’est pas pour les mettre dans l’embarras ; jamais Jésus ne cherche à mettre quiconque dans l’embarras : ils le savent bien ; s’il leur dit de nourrir eux-mêmes la foule, c’est qu’ils en ont les moyens.
Alors ils ont l’idée d’une deuxième solution : nous pourrions « aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce monde ». C’est déjà beaucoup mieux ; ce n’est pas une solution de dispersion ; les disciples sont prêts à jouer les intendants, à se mettre au service de cette foule. Mais apparemment, cela ne convient pas encore : Jésus ne les laisse pas partir faire les courses. Visiblement, il a une autre solution ; il ne leur fait pas de reproche, il leur dit simplement : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante ». Il choisit donc la solution du rassemblement ; on peut remarquer cependant que si le règne de Dieu est un rassemblement, ce n’est pas une foule indistincte, c’est un rassemblement organisé ; une communauté de communautés, un rassemblement de communautés distinctes, si l’on préfère.
INTENDANTS DES DONS DE DIEU
Il « bénit » les pains : ce n’est pas un rite magique sur le pain ; c’est reconnaître le pain comme don de Dieu et lui demander de savoir l’utiliser pour le service des affamés. Reconnaître le pain comme don de Dieu, c’est tout un programme ; c’est très exactement le sens de la démarche de la préparation des dons à la Messe : ce que l’on appelait autrefois l’offertoire ; si la Réforme liturgique engagée au Concile Vatican II a remplacé le mot « offertoire » par cette expression « Préparation des dons », c’est pour nous aider à mieux comprendre de quoi il s’agit : ce n’est pas nous qui donnons quelque chose. Dans la formule « Préparation des dons », il faut entendre « Préparation des dons de Dieu ». Quand nous apportons à l’autel du pain et du vin qui sont symboliques de tout le cosmos et de tout le travail de l’humanité, nous reconnaissons que tout est don de Dieu : que nous ne sommes pas propriétaires de tout ce qu’il nous a donné (que ce soit notre avoir matériel, ou nos richesses de toute sorte, physiques, intellectuelles, spirituelles…) ; nous n’en sommes pas propriétaires, nous en sommes intendants : et ce geste répété à chaque Eucharistie va peu à peu nous transformer, et faire de nous réellement des intendants de nos richesses pour le bien de tous. C’est peut-être bien dans ce geste de dépossession que nous pourrions puiser l’audace des miracles : en disant à ses disciples « Donnez-leur vous-mêmes à manger », Jésus voulait leur faire découvrir qu’ils ont des ressources insoupçonnées… mais à condition de tout reconnaître comme don de Dieu.
Encore une fois, quand Jésus dit « Donnez-leur vous-mêmes à manger », ce n’est pas pour les mettre dans l’embarras : ils en sont capables, mais ils ne le savent pas, ou ils n’osent pas le croire. Si ce texte nous est proposé à nous, aujourd’hui, à notre tour, c’est que Jésus, devant les affamés du monde entier, nous dit aujourd’hui : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Et nous aussi, comme les disciples, avons des ressources que nous ignorons. A condition de reconnaître nos richesses de toute sorte comme don de Dieu et de nous considérer, nous, comme de simples intendants. Encore faut-il nous souvenir d’une chose, nous l’avons vu un peu plus haut : en refusant la solution de dispersion de la foule imaginée par les disciples, Jésus nous montre que le Règne de Dieu ne s’accommode pas du « chacun pour soi ».
Alors le lien entre cette multiplication des pains et la Fête du Corps et du Sang du Christ s’éclaire ; c’est l’évangile de Jean qui nous donne la clé : tandis que les trois évangiles synoptiques rapportent l’institution de l’Eucharistie, le soir du Jeudi Saint, avec, chez Luc, l’ordre du Seigneur « Vous ferez cela en mémoire de moi », Saint Jean, lui, raconte le lavement des pieds et la recommandation de Jésus : « Ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi. » Ce qui veut dire qu’il y a deux manières indissociables de célébrer le mémorial de Jésus-Christ : non seulement partager l’Eucharistie mais aussi nous mettre au service des autres (service symbolisé par le lavement des pieds), c’est-à-dire, très concrètement, multiplier les richesses du monde pour les partager à tous les hommes.

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Le déroulement de la Messe

LE DÉROULEMENT DE LA MESSE

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Les deux grands temps forts dans la célébration de la messe, celui de la Parole et celui de l’eucharistie, sont intimement liés et constituent un seul et même acte du culte : la table dressée pour nous dans l’eucharistie est à la fois celle de la Parole de Dieu et celle du corps du Seigneur.

Autour de l’autel, ou à côté, une croix et des cierges. C’est Pâques qui est ainsi représenté : le Christ mort sur la croix est ressuscité, vivant comme la flamme. Avant de retourner à son Père, le Christ a laissé à son Église le mémorial de son sacrifice. « Approchez-vous de lui, déclare saint Pierre, il est la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie, précieuse aux yeux de Dieu… » (1P 2, 4-5).

  1. Accueil par le prêtre

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L’entrée

La messe commence dans les chants, afin de réunir l’assemblée par une prière commune, de faire corps. C’est un acte liturgique essentiellement communautaire auquel chacun participe pour former l’assemblée eucharistique.

 L’accueil par le prêtre

L’entrée des ministres ordonnés

Le rôle du « président », ministre (« serviteur ») ordonné, évêque ou prêtre, est le signe de la présence du Christ à son Église, présence personnelle. Il entre au milieu de cette assemblée soudée par le chant. Par lui, le Christ se rend présent à ceux qui sont là.

 La vénération de l’autel

Après avoir traversé l’assemblée, le prêtre monte à l’autel et le vénère. C’est son premier geste, avant d’adresser aux fidèles la moindre parole. Pourquoi ? Parce que l’autel, tombeau des martyrs dans les premières communautés chrétiennes, rappelant le sacrifice de leur vie dans l’attente de la Résurrection, est en même temps le signe du Christ. Ce geste de vénération, parfois accompagné d’encensement, signifie que tout est référé au Christ, lui l’autel, le prêtre et la victime. Par ce baiser; le prêtre exprime son adhésion au mystère de Dieu. Le fait que le prêtre, et non le diacre, mette habituellement les mains sur l’autel en l’embrassant manifeste son pouvoir d’agir sacramentellement sur lui par son sacerdoce, dans l’offrande du sacrifice.

 L’accueil

Après seulement, le prêtre prend la parole et salue l’assemblée: « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. »

Le signe de croix, pratique chrétienne primitive, exprime notre première profession de foi dans le mystère de Dieu. L’instrument de supplice de Jésus est devenu le symbole de la Rédemption, signe parfait de l’amour de Dieu pour nous et de l’amour de son Fils incarné. L’omniprésence de la croix relève d’un regard pascal, fasciné par le réalisme de l’amour qui nous sauve, non en éliminant la souffrance et la mort, mais en les transfigurant par le mystère pascal.

L’assemblée adhère en répondant « Amen », puis le célébrant poursuit : « Le Seigneur soit avec vous. »

C’est la bénédiction par excellence, l’expression « condensée » de l’Alliance de Dieu avec son peuple. Pensons à la Parole de l’ange à Marie : « Le Seigneur est avec toi. » C’est aussi la promesse du Christ à ses apôtres : « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps. » A ce moment-là, le prêtre parle au nom du Christ, il ne dit pas : « avec nous », mais « avec vous ».

Les premières phrases prononcées par le prêtre situent la messe à son vrai niveau : elle est le rendez-vous de Dieu. Nous sommes là au nom des trois personnes de la Trinité.

  1. La préparation pénitentielle

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La préparation pénitentielle et l’acte pénitentiel

« Préparons-nous à la célébration de l’eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs. » Dès que le prêtre a salué les participants, il les invite à se reconnaitre pécheurs ; le virage peut paraitre un peu sec ! C’est que « Celui qui nous a appelés est saint » (1 P 1, 15). Aussi, cette démarche nous remet-elle à notre place exacte : nous appartenons à un peuple de pécheurs, mais sanctifiés par le Christ.

Depuis l’entrée dans l’église, il est question du baptême : l’eau dans la cuve de l’entrée, le signe de la croix. La mission du baptisé est d’aimer Dieu, mission que nous avons bien du mal à remplir au fil de nos journées. C’est pourquoi nous reconnaissons que nous avons péché, c’est-à-dire manqué à l’appel de notre baptême. Reconnaître son péché n’a de sens que parce que nous le faisons en présence d’un Dieu qui n’est qu’amour et miséricorde.

Après le « je confesse à Dieu », le prêtre conclut en invoquant le pardon de Dieu, en disant « nous », car il s’inclut parmi les pécheurs: « Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde; qu’il nous pardonne nos péchés et nous conduise à la vie éternelle », suivant le pouvoir que le Christ a donné aux apôtres (Mt 16, 19 et Jn 20, 22-23).

Suit une prière de supplication : le Kyrie. Petite litanie entre le célébrant et l’assemblée, conservée depuis les premiers temps de l’Église, le Kyrie nous rappelle que notre liturgie est le fruit de toute une tradition transmise de siècle en siècle. Le terme grec, « Kyrie », est le témoin privilégié de la langue dans laquelle a été rédigé le Nouveau Testament, et prouve la continuité et la catholicité de l’Église à travers les générations.

Après avoir reçu la miséricorde de Dieu, l’assemblée chante la gloire de Dieu.

 Le Gloria, hymne d’action de grâce

C’est une très ancienne prière du IIIème – IVème siècle qui était chantée ou récitée le matin pour saluer le jour nouveau. Ses premiers mots nous font penser à Noël: ils reprennent le message des anges aux bergers dans cette nuit bienheureuse. Dans la suite du texte, nous énumérons les titres de Dieu : Toi seul est saint, Toi seul est Seigneur. Ici, nous ne demandons rien à Dieu : nous lui rendons grâce.

Nous chantons le Gloria tous les dimanches, sauf les dimanches « violets », pour mieux le redécouvrir au temps de Noël et à Pâques.

L’oraison

Après le Gloria, le prêtre reprend la parole pour clôturer la première partie de la célébration : « Prions le Seigneur ». Les jours de fête, il rappelle pourquoi nous nous réjouissons. Cette oraison est adressée au Père, au nom du Christ, dans l’Esprit-Saint. C’est une prière trinitaire. Et nous répondons: « Amen ».

  1. Les lectures et l’Evangile

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Commence alors la liturgie de la Parole proprement dite. « Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, réfuter; redresser; former à la justice : ainsi l’homme de Dieu se trouve-t-il accompli, équipé pour toute œuvre bonne » (2 Tm 3,16-17).

Nous recevons la Parole de Dieu dans l’Écriture, Ancien et Nouveau Testaments.

Le Nouveau éclaire l’Ancien ; l’Ancien donne des racines au Nouveau. Les Juifs aussi, déjà au temps de Jésus, se réunissaient à la synagogue le jour du Shabbat, pour méditer la Parole de Dieu (cf. Lc 4, 16), une Parole « vivante, efficace et plus acérée qu’aucun glaive à deux tranchants » (He 4,12).

A ce moment de l’eucharistie, le lieu principal de l’action est l’ambon, pupitre sur lequel est posé le Livre. La messe du dimanche comporte trois lectures et un psaume.

 

La première lecture

Elle est tirée le plus souvent de l’Ancien Testament, en vue de préparer la lecture de l’Évangile du jour, car le Christ l’a dit :

« N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5,17). Dans le temps de l’Avent, nous lisons, par exemple, les livres des Prophètes qui ont annoncé la venue du Messie.

Pourquoi lire l’Ancien Testament ? Parce que Dieu ne s’est pas révélé d’un coup, mais pendant des années, d’Abraham à Jésus. Nous mettons nos pas dans ceux de nos aînés qui ont cru en la venue Christ.

Un moment de l’année fait exception : le temps pascal (de Pâque à la Pentecôte), pendant lequel nous lisons les Actes des apôtres qui racontent les premiers temps de l’Eglise, comment les apôtres ont annoncé la Bonne Nouvelle du Ressuscité.

 Le psaume

Chants de l’Ancien Testament, les psaumes nous permettent de prier et de méditer. Ils sont le type même de la réponse de l’homme à Dieu dans tous les registres de l’humain. Ils font résonner la joie et la tristesse, la crainte ou le désespoir, le désir ou le refus, la délectation comme la colère. Ils offrent toutes les nuances et combinaisons des sentiments humains. Les psaumes sont les chants de l’homme face à son Dieu, chants que lui-même nous inspire pour lui répondre. Depuis que Jésus les a priés, les psaumes trouvent une nouvelle profondeur : ils sont les chants du Fils à son Père.

 La deuxième lecture

Elle est toujours issue du Nouveau Testament, des lettres des apôtres Pierre, Jacques, Jude et surtout de Paul, ainsi que de l’Apocalypse.

 L’Evangile

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Voici le moment le plus solennel de la liturgie de la Parole. Il ne s’agit plus seulement de la Parole de Dieu écrite, mais de la Parole de Dieu faite chair réellement. De ce fait, l’assemblée se lève, car se lever, c’est se redresser tel le paralysé grabataire remis sur ses pieds par Jésus (Lc 5,25). C’est aussi l’attitude du Christ ressuscité. Nous saluons cette parole par l’Alléluia.

C’est au ministre ordonné (évêque, prêtre, diacre) que revient la proclamation de l’Evangile. Configuré au Christ-Tête par le sacrement de l’ordre, il atteste devant l’assemblée que cette Parole n’est pas ordinaire, mais que, par sa voix, le Christ vivant parle à son Eglise.

D’où les signes de vénération adressés à l’évangéliaire :

l’encensement,

le baiser,

les deux acclamations qui, dans un raccourci saisissant, accompagnent la présentation de l’Évangile : « Gloire à toi, Seigneur » et la reconnaissance finale « Louange à toi, Seigneur Jésus ».

Et nous traçons trois croix sur nous : sur notre front pour que la Parole vienne nourrir notre intelligence, sur notre bouche pour que nous apportions la Parole aux autres et sur notre coeur afin que nous laissions la Parole l’envahir.

Après l’écoute des trois lectures, le deuxième temps de la liturgie de la Parole se déroule selon trois mouvements :

l’homélie du prêtre,

la profession de foi,

la prière des fidèles.

 

L’homélie

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Elle fait corps avec la proclamation de l’Evangile. C’est vraiment un acte du Christ qui, par la bouche du prêtre, rend présente sa Parole. La mission qui est alors confiée à ce dernier lui commande de rendre actuelle et accessible à l’assemblée la Parole du Christ. Dès lors, ce serait faire erreur que de juger un prédicateur par « il parle bien » ou « il parle mal ». Nous qui écoutons, cherchons-nous à entendre Dieu par son prêtre ? Notre acte de foi importe autant que celui du prêtre ; ce n’est pas lui qui change le cœur des fidèles, mais l’Esprit-Saint auquel chacun doit être disponible.

 

La profession de foi de l’Eglise

L’assemblée récite le Credo (« Je crois », en latin), sous la forme du Symbole de Nicée ou du Symbole des apôtres. Réciter le Credo est un signe de reconnaissance de la foi de tous les chrétiens depuis les débuts de l’Eglise. C’est aussi faire mémoire de notre baptême, moment où nous avons affirmé notre foi, et surtout c’est exprimer l’unité de l’Eglise fondée sur ce sacrement qui fait d’un homme un autre Christ, « oint ».

 

La prière des fidèles

La prière de l’assemblée s’élargit à la mesure de l’Eglise universelle, d’où son nom de prière universelle. Elle est prononcée par les fidèles qui remplissent alors leur fonction sacerdotale en intercédant pour tous les hommes. Elle conclut la liturgie de la Parole et introduit la liturgie eucharistique.

  1. La prière eucharistique

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L’Église se nourrit aux deux tables de la Parole et de l’eucharistie. C’est dans la Parole que nous trouvons le sens de ce que nous réalisons quand nous faisons l’eucharistie. A ce moment de la célébration, notre regard se tourne vers l’autel.

 La présentation des dons

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Le prêtre présente à Dieu le pain et le vin ; les deux sont nécessaires au sacrifice du Christ. Le pain est le symbole de toute nourriture ; en l’offrant à Dieu, nous le remercions de pourvoir à notre subsistance. La liturgie juive utilise déjà le pain et à chaque Shabbat, le père de famille prononce une bénédiction sur le vin, le jour et le pain. Le vin, quant à lui, est un don excellent annoncé par Isaïe pour le festin que le Seigneur prépare à tous les peuples (Is 25, 6). Le Christ promet lui aussi le vin nouveau que ses disciples boiront dans le Royaume de son Père. Le jour de la Cène, Jésus a choisi ces deux aliments, fruits de l’activité commune de Dieu et de l’homme : celui-ci est appelé à collaborer avec le Créateur pour la mise en valeur de la terre (Gn 2, 15).

Avant de présenter à Dieu le pain et le vin, le prêtre verse quelques gouttes d’eau dans le calice, selon une coutume juive et grecque. C’est ainsi qu’a procédé Jésus à la dernière Cène. S’ajoutent le symbolisme de l’union de notre humanité à la divinité de celui qui a pris notre humanité, et celui du sang et de l’eau jaillie du côté du Christ crucifié.

Le prêtre s’approche avec humilité et confiance du sacrement de l’eucharistie. Il s’incline, demandant à Dieu d’accepter ce sacrifice, se lave les mains en prononçant des paroles tirées du Miserere, le grand psaume de la miséricorde (Ps 50, 4).

Au terme de la préparation des offrandes, l’assemblée répond au prêtre qui l’invitait à prier au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Église : « Pour la gloire de Dieu et le salut du monde ». Ce sont les deux finalités de l’eucharistie. Il prononce ensuite la prière sur les offrandes qui conclut la présentation des dons.

Pourquoi la quête intervient-elle à ce moment de la messe ? Elle n’est pas une sorte d’impôt, mais le gage de l’amour fraternel. La participation des fidèles à la vie matérielle de l’Eglise, participation que sollicitait déjà Saint Paul auprès des Eglises qu’il visitait (1 Co 16, 1). La quête s’insère donc dans le geste de la présentation des dons.

 

La prière eucharistique A qui est-elle adressée ?

La prière eucharistique est entièrement adressée au Père, par le prêtre qui parle et agit alors au nom du Christ (« par lui, avec lui et en lui ») et dans l’Esprit-Saint. L’action personnelle du ministre ordonné (prêtre ou évêque) rend présent à l’Eglise – corps du Christ – l’action de sa tête, le Christ. Ce rôle singulier du prêtre est rendu manifeste par le récit de l’Institution, où Jésus s’adresse personnellement à son Eglise : « Ceci est mon corps livré pour vous ». C’est le seul moment où le prêtre dit « je » dans la prière eucharistique : il parle au nom de Jésus.

Si le prêtre a la parole durant tout ce temps, l’assemblée prend cependant part à l’offrande par sa foi, son espérance et sa charité. A plusieurs reprises, elle confirme ce que dit un seul, en répondant « Amen ».

 

L’Esprit-Saint à l’œuvre

C’est non seulement le Père qui est à l’œuvre, mais aussi l’Esprit. Dans chacune des prières eucharistiques, nous demandons par deux fois au Père d’envoyer son Esprit dans les épiclèses.

Tout d’abord, sur les offrandes du pain et du vin, pour qu’elles deviennent le corps et le sang du Christ, puis, après la consécration, sur les fidèles pour qu’ils deviennent eux-mêmes « une éternelle offrande à la gloire du Père ». En invoquant l’Esprit-Saint tout d’abord sur les offrandes, puis sur l’assemblée, la liturgie manifeste que le corps eucharistique – la présence réelle – est le gage et le garant de Sa présence au milieu du corps ecclésial ou corps mystique.

 

Le sacrifice du Christ

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En célébrant la dernière Cène avec ses apôtres au cours du repas pascal, Jésus a donné son sens définitif à la Pâque juive, en faisant d’elle sa propre Pâque : il vit dans un rite ce qu’il vivra le lendemain, le don de soi jusqu’à la mort, dans un amour poussé à l’extrême. Dans ce mystère eucharistique, nous sommes appelés à prendre part à ce don en nous configurant au Christ. En effet, « Il s’est offert une seule fois pour enlever le péché de la multitude » (He 9,28) et encore : « Nous avons été sanctifiés par l’offrande du corps de Jésus-Christ une fois pour toutes » (He 10,10). Le mystère de l’eucharistie rend présent cet unique sacrifice et nous rend participants de cette offrande : « Que l’Esprit-Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire ». Le Christ est pour nous l’unique médiateur; aussi le prêtre dit-il : « Par le Christ, notre Seigneur », dès le début de la Préface.

La structure de la prière eucharistique

La prière eucharistique est la plus haute et la plus solennelle de toutes les prières, car en son coeur se réalise la présence sacramentelle du Christ en son corps et en son sang. Quelle que soit la formule choisie (il existe onze prières eucharistiques), elle suit toujours le même mouvement:

La Préface (de praefatio : parole dite publiquement, à haute voix). Elle est une louange, un hommage au Père.

Le Sanctus : la louange de l’Église rejoint celle de tous les anges et des saints. On adore la sainteté de Dieu (Is 6,3). Prière attestée dès le IVème siècle et écho de l’acclamation des enfants d’Israël lorsque Jésus entre à Jérusalem (Mt 21,9). C’est l’hymne toujours nouvelle de la création entière, de l’univers délivré.

La prière eucharistique proprement dite, avec :

L’invocation au Père

L’épiclèse

Le récit de l’institution de l’eucharistie (ou consécration). La consécration est un moment solennel du sacrifice de la messe. Le célébrant fait les gestes et prononce les paroles de Jésus à la dernière Cène (« cena », en latin : « repas du soir », repas pascal qu’il a célébré avec ses apôtres et qu’il a présidé selon le rituel juif), rendant ainsi présent le Christ tout entier; homme et Dieu. Le Christ se fait pain. Dans notre manière de prier et de vivre la messe, nous continuons de prier à l’exemple de Jésus. L’eucharistie instituée par le Christ plonge ses racines dans les bénédictions juives ; elle est l’anticipation du repas des noces de l’Agneau dans la Jérusalem céleste. Enfin, le prêtre adore, en s’agenouillant, le corps puis le sang du Christ, et les propose à l’adoration des fidèles en les élevant au-dessus de lui : « Vous ferez cela en mémoire de moi. »

L’anamnèse (« ana », « en haut », « avant », auquel est joint « mnesis », « acte de se souvenir ». C’est donc se souvenir, faire mémoire). La mort du Christ, qui nous est précieuse, nous fait dire : « Nous proclamons ta mort Seigneur Jésus; Nous célébrons ta résurrection; Nous attendons ta venue dans la gloire. » Cette expression nous permet de nous approprier le mystère célébré.

La nouvelle épiclèse

Les intercessions, qui nous rappellent que l’eucharistie est célébrée en communion avec toute l’Eglise du ciel et de la terre, des vivants et des morts, dans la communion avec les pasteurs : le Pape, les évêques, les prêtres…

La doxologie, qui reprend le mouvement de l’eucharistie dans une formule ramassée et trinitaire : c’est le Christ qui rend gloire à son Père, et nous en lui.

  1. La communion

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Le moment de la communion : « Prenez et mangez-en tous » (Mt 26,26)

Jésus, dans sa grande prière au chapitre 17 de saint Jean, demande : « Qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient parfaits dans l’unité (Jn 17,22-23). L’eucharistie nous fait entrer dans l’unité du Père et du Fils et du Saint-Esprit. La communion accroît notre union au Christ.

 Le Notre Père

Nous venons de rendre gloire à Dieu, nous nous reconnaissons ses fils et lui disons « Notre Père », comme le Fils unique le dit et nous l’a enseigné.

 Le don de la paix

Nous nous tournons alors vers le Fils : « Seigneur Jésus-Christ, tu as dit à tes apôtres : je vous laisse la paix, je vous donne ma paix… » La paix est comme le condensé de tous les biens, le don messianique par excellence, car Jésus, par le mystère pascal, « a fait la paix par le sang de sa croix » (Col 1,20). A Noël, les anges ont annoncé « Paix aux hommes » et cette paix constitue le premier souhait du Ressuscité aux apôtres, le jour de Pâques (Jn 20,19 ; 21 ; 26). Donner la paix est lourd de signification : le Christ nous donne sa paix et nous la partageons. C’est la seule que nous puissions partager…

 La fraction du pain

C’est à ce geste que les disciples reconnurent leur Seigneur après sa résurrection. Elle est l’un des plus anciens noms de l’eucharistie (cf. Ac 2,42). Rompre le pain est signe de convivialité, geste pratique qui devient le symbole d’un partage fraternel capable d’exprimer et de nourrir une communion. Ceux qui mangent un même pain sont « compains », ce qui montre la profondeur originelle du mot très usité de « copain ». Jésus a fait ce geste au cours des deux multiplications des pains (Mt 14,19 ; 15,36).

 L’immixtion

Le fragment de pain consacré que le prêtre laisse tomber dans le calice appartient à un rite très ancien.

 La communion

Après l’Agnus Dei, litanie adressée au Christ, Agneau de Dieu, dans laquelle l’assemblée l’implore d’avoir pitié de son péché et de lui donner la paix, les fidèles s’approchent pour recevoir la communion, selon les coutumes de l’Eglise et leur propre sensibilité : dans la bouche, ou en formant avec les mains « un trône », selon l’expression d’un Père de l’Eglise et dans un geste de mendiant. L’eucharistie fait l’Eglise. Ceux qui reçoivent le corps du Christ sont unis plus étroitement au Christ.

 

L’envoi

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Après un moment de recueillement, la célébration eucharistique finit comme elle a commencé, avec le signe de la croix, mais maintenant sous forme de bénédiction : nous ne nous signons plus, mais recevons la bénédiction que nous donne le prêtre qui, au nom du Christ, nous envoie la porter à tous nos frères. Nous répondons : « Nous rendons grâce à Dieu ». L’assemblée part en mission (messe, de « missio » : envoi).

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Le rassemblement. Liturgie de la parole. Liturgie de l’Eucharistie. Liturgie de l’envoi. ‘’ Le Seigneur. nous invite au repas’’ ‘’ Le Seigneur. nous fait connaître la Bible’’ ‘’ Le Seigneur. nous partage le Pain de Vie’’ ‘’ Le Seigneur. nous fait messagers’’ Lectures. Psaumes. Evangile. Credo. Prière universelle. Offrande. Consécration. Prière eucharistique. Notre Père. communion. Bénédiction final. « Allez dans la paix du Christ » envoi. Accueil. « Seigneur, Prends pitié » Gloire à Dieu. Prière.

EGLISE CATHOLIQUE, EUCHARISTIE, LIVRE, LIVRES, LIVRES - RECENSION, LIVRES DE SPIRITUALITE, MESSE, POURQUOI ALLER A L'EGLISE ? : L'EUCHARISTIE, UN DRAME EN TROIS ACTES, TIMOTHY RADCLIFFE

Pourquoi aller à l’église ? : l’Eucharistie, un drame en trois actes

Pourquoi aller à l’église ? :

L’Eucharistie, un drame en trois actes

Timothy Radcliffe

Paris, Le Cerf, 2009, 294 pages,

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Après Pourquoi être chrétien ? (Cerf, 2005), dans cet  ouvrage de Timothy Radcliffe présente le déroulement de la liturgie de la messe, parole et eucharistie, pour en faire émerger le sens, un sens vivant et incarné. T. Radcliffe a l’art d’illustrer son propos d’exemples tirés de la tradition spirituelle ou théologique mais aussi de films ou de romans contemporains. A son invitation, nous voici disposés à mieux accueillir Celui qui vient à notre rencontre dans ce drame en trois actes (La foi, la charité et l’espérance). Notre relation au Christ, sans cesse interrogée, est vivifiée, désencombrée de tout ce qui limite notre accueil de l’amour de Dieu. Ces pages accompagneront tout ceux qui souhaitent nourrir leur foi, lui donner un nouvel élan, l’élan du chemin, un nouvel éclat, l’éclat du témoin. Accordons-nous le temps d’une lecture qui ne manquera pas de saveur. Elle donnera le goût de l’échange et du partage. Nous ne sommes pas chrétiens seuls mais ensemble ; notre foi, partagée, ne sera que plus vivante.

COMMUNION, EGLISE CATHOLIQUE, EUCHARISTIE, SACREMENTS

DECOUVRIR LA BEAUTE DE LA COMMUNION DANS LA MAIN

Carmel de la Paix à  Mazille, Saône-et-Loire

Pour redécouvrir la beauté de la communion dans la main

(Extrait de Famille chrétienne du 2 juin 2020)

Pour des raisons sanitaires, nous avons été amenés à redécouvrir le si beau rite de la communion dans la main. Voici quelques clés qui nous conduisent au cœur du mystère de l’Incarnation prolongée dans l’eucharistie.

Saint Jean Chrysostome († 407), Père et docteur de l’Église, écrivait : « Combien y en a-t-il qui disent aujourd’hui : “Comme j’aimerais voir le corps du Seigneur, son visage, ses habits, ses chaussures !”… Le voici Lui-même qui se laisse non seulement voir, mais encore toucher, manger et recevoir au-dedans de vous. »

La raison même de la communion dans la main était justement ce contact direct, corporel avec Jésus dans l’esprit de ce que saint Jean nous partage : « Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de Vie, nous vous l’annonçons » (1 Jn 1,1).

Saint Cyrille de Jérusalem († 387), un autre docteur de l’Église, explique comment communier : « Quand donc tu t’approches, ne t’avance pas les paumes des mains étendues, ni les doigts disjoints ; mais fais de ta main gauche un trône pour ta main droite, puisque celle-ci doit recevoir le Roi et, dans le creux de ta main, reçois le Corps du Christ, disant : “Amen !” »

Une tradition résumée par saint Narsaï († 502) présente un autre symbolisme : « Le communiant joint ses mains en forme de croix ; et ainsi il reçoit le corps de notre Seigneur sur une croix. »

La sanctification entière de l’être humain

Le souci de tous les Pères fut la sanctification entière de l’être humain : « Avec soin, sanctifie tes yeux par le contact du Saint Corps, puis prends-Le et veille à n’en rien perdre », dit Jean Chrysostome.

Saint Aphraate († 345) et saint Augustin († 430) confirment cette pratique du regard posé sur le Corps du Christ : « Que personne ne mange cette Chair qu’il ne L’ait auparavant adorée. Non seulement ce n’est pas péché de L’adorer, mais ce serait un péché de ne pas L’adorer. »

Saint Théodore de Mopsueste († 428) enseigne : « Avec un amour grand et sincère, tu y attaches tes yeux et tu Le baises. » Le baiser au Corps du Christ est attesté par saint Éphrem le Syrien († 373), surnommé la « harpe du Saint-Esprit ».

Philoxène de Mabboug († 523) nous invite à parler à Jésus qui repose dans nos mains : « Tu adores le Corps vivant que tu portes dans tes mains. Ensuite parle-Lui à voix basse : “Je Te porte, Ô Dieu vivant, je Te tiens dans le creux de mes mains, Dieu des mondes que les mondes ne sauraient contenir… et vois comme mes mains T’enserrent avec confiance, rends-moi digne Seigneur de Te manger de façon sainte et de goûter à la nourriture de ton Corps comme à la Saveur de ta vie.” »

 Père Nicolas Buttet

ANCIEN TESTAMENT, CORPS ET SANG DU CHRIST, EUCHARISTIE, EVANGILE SELON SAINT JEAN, FÊTE-DIEU, FÊTES LITURGIQUES, LIVRE DU DEUTERONOME, PREMIERE LETTRE DE SAINT PAUL AUX CORINTHIENS, PSAUME 147

Fête du Corps et du Sang du Christ : dimanche 14 juin 2020 : lectures et commentaires

Dimanche 14 juin 2020 : 

Fête du Corps et du Sang du Christ

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Commentaires de Marie-Noëlle Thabut,

 

1ère lecture

Psaume

2ème lecture

Evangile

 

PREMIERE LECTURE – livre du Deutéronome 8, 2 …16

Moïse disait au peuple d’Israël :
2 « Souviens-toi de la longue marche que tu as faite
pendant quarante années dans le désert ;
le SEIGNEUR ton Dieu te l’a imposée
pour te faire passer par la pauvreté ;
il voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le cœur :
allais-tu garder ses commandements, oui ou non ?
3 Il t’a fait passer par la pauvreté, il t’a fait sentir la faim,
et il t’a donné à manger la manne
– cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue –
pour que tu saches que l’homme
ne vit pas seulement de pain,
mais de tout ce qui vient de la bouche du SEIGNEUR.
14 N’oublie pas le SEIGNEUR ton Dieu
qui t’a fait sortir du pays d’Égypte,
de la maison d’esclavage.
15 C’est lui qui t’a fait traverser ce désert,
vaste et terrifiant,
pays des serpents brûlants et des scorpions,
pays de la sécheresse et de la soif.
C’est lui qui, pour toi, a fait jaillir l’eau
de la roche la plus dure.
16 C’est lui qui, dans le désert, t’a donné la manne
– cette nourriture inconnue de tes pères. »

« Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert » … il s’agit de l’Exode, bien sûr. Moïse rappelle ici toutes les épreuves de cette longue traversée et de la vie au désert : « la pauvreté… la faim… le désert lui-même vaste et terrifiant, inhospitalier pays des serpents brûlants et des scorpions, pays de la sécheresse et de la soif ». Ailleurs, dans ce même livre du Deutéronome, Moïse décrit le désert comme « les solitudes remplies de hurlements sauvages ».
Mais il ne rappelle pas les épreuves pour elles-mêmes : ce qu’il rappelle ici, c’est la sollicitude de Dieu pour son peuple au coeur même de ces épreuves. Plus que tout le reste, l’expérience la plus marquante du désert, c’est l’Alliance conclue au Sinaï. Et cette Alliance a été vécue au jour le jour dans des événements extrêmement concrets.
Dieu avait promis d’être auprès de son peuple et c’est ce qu’il a accompli au long des jours, permettant ainsi à son peuple de surmonter toutes ces difficultés : « Il t’a donné à manger la manne, cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue », « c’est lui qui t’a fait traverser ce désert… c’est lui qui, pour toi, a fait jaillir l’eau de la roche la plus dure »… On reconnaît là au passage, tous les épisodes de la traversée du Sinaï, racontés par le livre de l’Exode et par celui des Nombres. Et tout cela, on sait que c’était le prix à payer pour la liberté.
Mais le plus curieux, ici, c’est que Moïse présente ces épreuves comme un temps d’apprentissage imposé par Dieu : « Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert ; le SEIGNEUR ton Dieu te l’a imposée pour te faire passer par la pauvreté ; il voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le coeur… »
Ces épreuves sont un lieu de vérité, et doublement : vérité de notre pauvreté et vérité de la sollicitude constante de Dieu. Sans ces interventions répétées de Dieu, le peuple serait mort à petit feu : mort de faim d’abord, et de soif ; et ceux qui ne seraient pas morts de faim ou de soif auraient succombé aux morsures des serpents et des scorpions… mais Dieu était là. Il était chaque fois intervenu ; et notre texte insiste bien sur le caractère miraculeux de chacune de ces interventions : la manne est une nourriture inconnue jusque-là « Le SEIGNEUR t’a donné à manger la manne, cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue » ; quant à l’eau « C’est lui qui, pour toi, a fait jaillir l’eau de la roche la plus dure »… « C’est lui qui t’a fait traverser, (sous-entendu sain et sauf), ce désert, vaste et terrifiant, pays des serpents brûlants et des scorpions, pays de la sécheresse et de la soif ».
Et tout cela, donc, était une pédagogie de Dieu : un autre verset de ce même chapitre dit « Tu reconnais, à la réflexion, que le SEIGNEUR ton Dieu faisait ton éducation comme un homme fait celle de son fils » (Dt 8, 5). Et le même livre du Deutéronome dit encore : « Le SEIGNEUR ton Dieu t’a porté tout au long de la route, comme un homme porte son fils. » Toute cette pédagogie avait un seul but : il fallait qu’on acquière le réflexe de dire « C’est Lui » : « N’oublie pas le SEIGNEUR ton Dieu qui t’a fait sortir du pays d’Egypte, de la maison d’esclavage ».
Mais pourquoi tout cet apprentissage ? Pour le bénéfice de qui ? Dieu a-t-il besoin de nos remerciements ? Serait-il comme ces bienfaiteurs qui attendent une reconnaissance éternelle ?
Non, bien sûr ; penser une chose pareille, ce serait encore une fois nous fabriquer un dieu à notre image ; en réalité, si Dieu veut que nous reconnaissions notre dépendance à son égard, c’est qu’elle est vitale pour nous. Le livre de la Genèse dit de manière imagée que nous sommes suspendus à son souffle ; le livre du Deutéronome le dit à sa manière : « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du SEIGNEUR » : son Souffle, sa Parole …
Dieu veut son peuple libre ; il ne veut donc pas faire de nous ses esclaves ; mais reconnaître notre dépendance à son égard est le seul moyen de ne pas devenir esclaves de quelqu’un d’autre. Or on sait que ce texte, comme tout le livre du Deutéronome, n’est pas de Moïse ; il a été écrit bien longtemps après lui : à une époque justement où l’on peut craindre que, peu à peu, le peuple élu ne tombe dans l’amnésie. Installés en Canaan, on ne risque plus la faim, la soif, ni tous les dangers du désert, serpents et autres scorpions… mais il faut résister à un nouveau danger, autrement sérieux : l’idolâtrie des Cananéens. Contre cette contamination, un seul vaccin, la fidélité du peuple à l’Alliance, c’est-à-dire très concrètement l’obéissance aux commandements.
Visiblement, c’est là l’enjeu : pour commencer, notre texte le dit clairement : « Le SEIGNEUR voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le coeur : est-ce que tu allais garder ses commandements, oui ou non ? » Et d’autre part, le verset qui précède tout juste ceux que nous avons lus aujourd’hui, dit : « Tout le commandement que je te donne aujourd’hui, vous veillerez à le pratiquer afin que vous viviez, que vous deveniez nombreux, et que vous entriez en possession du pays que le SEIGNEUR a promis par serment à vos pères »…
« Il t’a fait passer par la pauvreté » : rappel salutaire au moment où on risque d’être trop bien installé et de reléguer au musée des antiquités les commandements de l’Alliance…
D’autre part, la reconnaissance de notre pauvreté fondamentale est le préalable à toute rencontre de Dieu en vérité : quand nous nous abandonnons à son action, alors il peut nous combler. Si nous cessons de croire que nous avons des forces par nous-mêmes, alors nous découvrons des forces insoupçonnées, qui sont les siennes. L’Esprit Saint nous a été donné pour cela. Et la fête du Corps et du Sang du Christ nous rappelle que Jésus nous propose beaucoup mieux, c’est d’habiter en nous.
———————-
Complément
La mémoire d’un peuple (ou d’une communauté, d’un couple), c’est un peu comme les racines d’un arbre : aujourd’hui, on voit l’arbre, on ne voit pas ses racines… n’empêche qu’il ne vit que grâce à elles, il leur doit tout en quelque sorte. Imaginez un arbre qui dirait « je me sépare de mes racines », elles m’empêchent de me déplacer, pire, elles m’empêchent de voler… on devine la suite, c’est la mort de l’arbre. Au vrai sens du terme, l’avenir de l’arbre est dans ses racines.
Quand Moïse dit à son peuple « Souviens-toi » ou « n’oublie pas », c’est comme s’il lui disait « ne te coupe pas de tes racines », « ton avenir est dans ta fidélité à tes racines ». Moïse ne se retourne pas vers le passé par sentiment ; mais c’est parce qu’il est tout entier tourné vers l’avenir qu’il se préoccupe de la fidélité aux racines. Il dit quelque chose comme « Si tu veux être encore debout demain, n’oublie pas aujourd’hui, ce que tu es et grâce à qui tu l’es ».
De siècle en siècle, Israël s’est construit en restant fidèle à ses racines ; Jésus, à son tour, pour résister au tentateur, a repris simplement les mots du Deutéronome : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur ».

 

PSAUME 147 (147 B)

12 Glorifie le SEIGNEUR, Jérusalem !
Célèbre ton Dieu, ô Sion !
13 Il a consolidé les barres de tes portes,
dans tes murs il a béni tes enfants.

14 Il fait régner la paix à tes frontières
et d’un pain de froment te rassasie.
15 Il envoie sa parole sur la terre :
rapide, son verbe la parcourt.

19 Il révèle sa parole à Jacob,
ses volontés et ses lois à Israël.
20 Pas un peuple qu’il ait ainsi traité ;
nul autre n’a connu ses volontés.

« Glorifie le SEIGNEUR, Jérusalem ! Célèbre ton Dieu, ô Sion ! » Il faut entendre ce parallélisme : Sion et Jérusalem, c’est la même chose. Et, d’ailleurs, quand on parle de Sion ou de Jérusalem, ici, plutôt que de la ville, il s’agit des habitants, c’est-à-dire du peuple d’Israël, en définitive.
Je reviens à cette phrase : « Glorifie le SEIGNEUR, Jérusalem ! » On peut la dater facilement : nous sommes au retour de l’exil à Babylone, donc à la fin du sixième siècle ; il a fallu reconstruire la ville et redresser le Temple. Sans l’aide de Dieu rien de tout cela n’aurait été possible : « Il a consolidé les barres des portes de Jérusalem ».
Dans le psaume précédent, Dieu est appelé le « bâtisseur de Jérusalem » et le « rassembleur des dispersés d’Israël » (Ps 146/147 A, 2). Mais ce n’est pas seulement un travail d’architecte que Dieu a fait : ce retour au pays est une véritable restauration du peuple, une vie nouvelle va commencer ; une vie dans la paix et la sécurité : « Il fait régner la paix à tes frontières et d’un pain de froment te rassasie. » En Exil, on a mangé le pain des larmes, le pain d’amertume ; le retour au pays, c’est le temps de l’abondance, le pain de froment qui rassasie.
Le deuxième accent très fort de ce psaume, c’est la conscience aiguë du privilège que représente l’élection d’Israël : « Pas un peuple qu’il ait ainsi traité, nul autre n’a connu ses volontés ».
Voici ce qu’en dit le livre du Deutéronome : « Tu es un peuple consacré au SEIGNEUR ton Dieu : c’est toi qu’il a choisi pour être son peuple, son domaine particulier parmi tous les peuples de la terre… C’est uniquement à tes pères que le SEIGNEUR ton Dieu s’est attaché par amour. Après eux, entre tous les peuples, c’est leur descendance qu’il a choisie, ce qu’il fait encore aujourd’hui avec vous » (Dt 7,6 ; 10,15). Il s’agit d’un choix libre et inexpliqué de Dieu, un choix dont on ne cesse de s’émerveiller et de rendre grâce.
Voici un autre passage du livre du Deutéronome : « Interroge donc les temps anciens qui t’ont précédé, depuis le jour où Dieu créa l’homme sur la terre : d’un bout du monde à l’autre, est-il arrivé quelque chose d’aussi grand, a-t-on jamais connu rien de pareil ? Est-il un peuple qui ait entendu comme toi la voix de Dieu parlant du milieu du feu, et qui soit resté en vie ? Est-il un dieu qui ait entrepris de se choisir une nation, de venir la prendre au milieu d’une autre, à travers des épreuves, des signes, des prodiges et des combats, à main forte et à bras étendu, et par des exploits terrifiants – comme tu as vu le SEIGNEUR ton Dieu le faire pour toi en Égypte ? Il t’a été donné de voir tout cela pour que tu saches que c’est le SEIGNEUR qui est Dieu, il n’y en a pas d’autre. Du haut du ciel, il t’a fait entendre sa voix pour t’instruire ; sur la terre, il t’a fait voir son feu impressionnant, et tu as entendu ce qu’il te disait du milieu du feu. » (Dt 4,32-36). A vues humaines, ce choix ne s’explique pas ; la seule explication que Moïse ait trouvée est celle-ci : « Parce qu’il a aimé tes pères et qu’il a choisi leur descendance, en personne il t’a fait sortir d’Égypte. » (Dt 4,37). C’est donc tout simplement une histoire d’amour, il n’y a pas d’autre explication. Et tout l’Ancien Testament déroule cette histoire d’amour bien étonnante entre un tout petit peuple souvent infidèle et le Dieu de l’univers qui, pour autant, ne l’abandonne jamais.
Si le peuple élu est heureux et fier de ce choix de Dieu, il sait qu’il n’y a pas là matière à s’enorgueillir : Moïse leur disait : « Si le SEIGNEUR s’est attaché à vous, s’il vous a choisis, ce n’est pas que vous soyez le plus nombreux de tous les peuples, car vous êtes le plus petit de tous. C’est par amour. »
À l’origine, dans la pensée d’Israël, la conscience de vivre une Alliance avec le Dieu du Sinaï n’excluait pas que d’autres peuples aient leurs propres dieux protecteurs. Israël n’était pas encore monothéiste : il était « monolâtre » (on dit également « hénothéiste ») c’est-à-dire qu’il ne rendait de culte qu’à un seul Dieu, le Dieu du Sinaï, celui qui l’avait libéré d’Égypte. Il ne devint réellement « monothéiste » que pendant l’Exil à Babylone (au sixième siècle avant notre ère). Ce fut alors un nouveau saut dans la foi, la découverte de l’universalisme : si Dieu était le Dieu unique, alors, il était également celui de tous les peuples.
L’élection d’Israël n’était pas dénoncée pour autant et l’on trouve sous la plume du prophète Isaïe des phrases magnifiques en ce sens : « Toi, Israël, mon serviteur, Jacob que j’ai choisi, descendance d’Abraham mon ami : aux extrémités de la terre je t’ai saisi, du bout du monde je t’ai appelé ; je t’ai dit : Tu es mon serviteur, je t’ai choisi, je ne t’ai pas rejeté. Ne crains pas : je suis avec toi ; ne sois pas troublé : je suis ton Dieu. Je t’affermis ; oui, je t’aide, je te soutiens de ma main victorieuse. » (Is 41,8-10). C’est le même Isaïe qui sut faire comprendre à ses contemporains que leur élection prenait désormais un autre visage, celui d’une vocation au service des autres peuples : être auprès d’eux le témoin de Dieu. C’est le sens, entre autres des quatre textes que l’on appelle « Les Chants du Serviteur » : « Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. » (Is 49,6).

 

DEUXIEME LECTURE – première lettre de Paul aux Corinthiens 10, 16-17

Frères,
16 La coupe d’action de grâce que nous bénissons,
n’est-elle pas communion au sang du Christ ?
Le pain que nous rompons,
n’est-il pas communion au corps du Christ ?
17 Puisqu’il y a un seul pain,
la multitude que nous sommes est un seul corps,
car nous avons tous part à un seul pain.

Dans la lettre de Paul aux Corinthiens, le passage que nous venons de lire est encadré par une double recommandation dont il faut entendre toute la gravité ; cela commence par « Mes bien-aimés, fuyez l’idolâtrie » et la fin du passage, c’est « voulez-vous exciter la jalousie du Seigneur ? », ce qui veut dire exactement la même chose ; quand la Bible parle de la jalousie du Seigneur, c’est toujours pour mettre mise en garde contre l’idolâtrie.
Ici, Paul vise un problème bien précis, et notre passage d’aujourd’hui ne peut pas se comprendre hors de ce contexte : dans la religion chrétienne, on ne pratique pas de sacrifices d’animaux ; mais la religion juive en pratiquait et elle n’était pas la seule, les autres religions en faisaient autant ; et dans toutes les religions, que ce soit la religion juive ou une autre, le sacrifice était souvent suivi d’un repas qui avait lieu dans le temple même et au cours duquel on mangeait l’animal sacrifié, dans l’intention d’entrer en communion avec la divinité.
Et donc, parmi les Corinthiens fraîchement convertis au Christianisme, il y avait des gens qui jusqu’à leur conversion avaient participé aux sacrifices d’animaux de la religion grecque et aux repas qui suivaient ces cérémonies. Il semble bien, d’après le contexte de notre lettre, que certains d’entre eux avaient encore la tentation de continuer à participer à ces repas dans les temples des idoles ; là Paul est très ferme, il faut choisir : ou entrer en communion avec le Dieu vivant ou rechercher une autre communion. Il n’est pas question, dit-il, de participer à la fois à la table du Seigneur et à celle des idoles.
Une autre question, plus difficile, se posait : les surplus de viande des animaux sacrifiés dans les temples des idoles étaient vendus en boucherie ; un Chrétien pouvait-il en acheter et en consommer sans se faire complice de l’idolâtrie ? Cette question a empoisonné les débuts de l’Eglise, elle prend une grande place dans les Actes des Apôtres (chapitre 15), dans la lettre de Paul aux Romains (chapitres 14 et 15) et dans cette lettre aux Corinthiens (chapitres 8 à 10).
Pour certains, les choses étaient claires : puisque les idoles n’existent pas, on peut bien acheter au marché et manger dans nos maisons la viande des sacrifices, c’est de la viande tout simplement ; Paul n’y voit pas d’inconvénient à condition que l’on ne risque pas de scandaliser des Chrétiens plus scrupuleux ou des non-Chrétiens qui seraient surpris de voir les Chrétiens se rendre complices de l’idolâtrie. Son raisonnement s’appuie toujours sur le même fondement : l’Eucharistie nous fait entrer en communion avec le Dieu de Jésus-Christ.
On comprend mieux du coup pourquoi Paul insiste sur le sens du repas de la liturgie chrétienne : « La coupe d’action de grâce que nous bénissons est communion au sang du Christ ; le pain que nous rompons est communion au corps du Christ. » Le mot que Paul emploie, « koinônia » en grec, évoque un lien d’intimité, d’appartenance, une solidarité profonde.
Le Christ l’a dit en d’autres termes en employant le mot « Alliance » : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang versé pour vous » (Luc 22,20). L’alliance au sens biblique, c’est bien une appartenance réciproque, un engagement mutuel : la grande formule de l’alliance c’était : « Vous serez mon peuple et je serai votre Dieu. »
En Jésus, c’est Dieu qui accomplit son Alliance avec l’humanité ; mais en Jésus aussi, c’est l’humanité qui accueille ce projet de Dieu et y répond ; il est celui qui entretient avec Dieu le dialogue sans ombre proposé à Adam, c’est-à-dire à l’humanité tout entière. C’est tout le mystère de Jésus à la fois homme et Dieu : en Lui, Dieu propose son amour, en lui, l’humanité répond par l’action de grâce. En Lui Dieu parle, se révèle (il est le Verbe, la Parole du Père) ; en Lui l’humanité répond à la Parole. En Lui, Dieu se donne ; en Lui l’humanité accueille le don de Dieu. Vous avez reconnu là le schéma de toute célébration liturgique qui est justement le lieu de l’accomplissement de l’alliance. Et la Prière Eucharistique se conclut par cette phrase magnifique : « Par Lui, avec Lui et en Lui, à toi, Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint Esprit tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles. Amen. »
Ce qui fut la grande découverte d’Israël (le Dieu tout-autre se fait le tout proche) est vrai au plus haut point dans l’Eucharistie : elle demeure pour nous le mystère du Dieu tout-autre et en même temps elle nous fait participer à son intimité, à sa vie divine : ce n’est pas l’homme qui atteint Dieu, c’est Dieu qui se fait proche.
L’Eucharistie est donc repas de communion comme toutes les religions en connaissaient, mais c’est le sacrifice lui-même qui a changé : le sacrifice que Dieu attend, ce n’est pas l’égorgement d’un animal, c’est le don de nos vies. Comme le disait déjà le psaume 39/40, « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu ne voulais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit voici je viens. » C’est ce qu’a fait le Christ. Sa vie tout entière a été offerte et mise au service de ses frères. Et quand nous participons au repas de communion de l’Eucharistie, nous unissons nos vies à la sienne pour les offrir au Père.
Cela va très loin : Paul ose dire que nous faisons partie du même corps que le Christ « Le pain que nous rompons est communion au corps du Christ. » Et si nous faisons réellement un seul corps avec lui, il nous rend capables de mener désormais la même vie que lui. Quand Saint Augustin dit à ceux qui communient « Devenez ce que vous recevez, recevez ce que vous êtes », il dit bien que nous devenons corps et sang de Jésus-Christ, c’est-à-dire à notre tour, vies offertes pour la naissance de l’humanité nouvelle.
Car effectivement, quand nous participons à l’Eucharistie, nous ne sommes pas seuls concernés : Jésus a bien dit qu’il donnait sa vie pour la multitude, et quand il se donne en nourriture, c’est bien aussi en vue de la multitude.
Et c’est bien à la multitude que nous sommes envoyés. « Oui, vraiment, il est grand le mystère de la foi ! »

 

EVANGILE – selon Saint Jean 6, 51-58

En ce temps-là,
Jésus disait aux foules des Juifs :
51 « Moi, je suis le pain vivant,
qui est descendu du ciel :
si quelqu’un mange de ce pain,
il vivra éternellement.
Le pain que je donnerai, c’est ma chair,
donnée pour la vie du monde. »
52 Les Juifs se querellaient entre eux :
« Comment celui-là
peut-il nous donner sa chair à manger ? »
53 Jésus leur dit alors :
« Amen, amen, je vous le dis :
si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme,
et si vous ne buvez pas son sang,
vous n’avez pas la vie en vous.
54 Celui qui mange ma chair et boit mon sang
a la vie éternelle ;
et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
55 En effet, ma chair est la vraie nourriture,
et mon sang est la vraie boisson.
56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang
demeure en moi,
et moi, je demeure en lui.
57 De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé,
et que moi je vis par le Père,
de même celui qui me mange,
lui aussi vivra par moi.
58 Tel est le pain qui est descendu du ciel :
il n’est pas comme celui que les pères ont mangé.
Eux, ils sont morts ;
celui qui mange ce pain
vivra éternellement. »

A la suite de ce discours, des quantités de gens ont cessé de suivre Jésus : ce qu’il disait était inacceptable ; alors il s’est retourné vers les Douze et il leur a demandé : « Et vous, ne voulez-vous pas partir ? » C’est là que Pierre a répondu « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle ».
Voilà le paradoxe de la foi : ces paroles sont humainement incompréhensibles et pourtant elles nous font vivre. Il nous faut suivre le chemin de Pierre : vivre de ces paroles, les laisser nous nourrir et nous pénétrer, sans prétendre les expliquer. Il y a là déjà une grande leçon : ce n’est pas dans les livres qu’il faut chercher l’explication de l’Eucharistie ; mieux vaut y participer, laisser le Christ nous entraîner dans son mystère de vie.
Le mot qui revient le plus souvent dans ce texte, c’est la vie : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair, (c’est-à-dire ma vie) donnée pour que le monde ait la vie. » La lettre aux Hébreux le dit bien : « En entrant dans le monde, le Christ dit : Voici je suis venu faire ta volonté » et la volonté de Dieu, on le sait, c’est que le monde ait la vie. Une vie qui est cadeau : « le pain que je donnerai » ; tout est cadeau : Isaïe l’avait déjà annoncé « O vous qui êtes assoiffés, venez vers les eaux, même celui qui n’a pas d’argent, venez ! Demandez du grain et mangez ; venez et buvez – sans argent, sans paiement – du vin et du lait. A quoi bon dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, votre labeur pour ce qui ne rassasie pas ? Ecoutez donc, écoutez-moi, et mangez ce qui est bon ; que vous trouviez votre jouissance dans des mets savoureux : tendez l’oreille, venez vers moi, écoutez et vous vivrez. » (Is 55,1-3).
Et ce qui nous fait vivre, c’est le don de la vie du Christ, ce que nous appelons son sacrifice ; mais il ne faut pas nous méprendre sur le sens du mot « sacrifice ». Tout au long de l’histoire biblique, on a assisté à une transformation, une véritable conversion de la notion de sacrifice ; on peut déceler plusieurs étapes dans cette pédagogie qui a pris des siècles.
Au début de l’histoire biblique, le peuple hébreu pratiquait, comme beaucoup d’autres peuples, des sacrifices sanglants, d’humains et d’animaux. Spontanément, pour s’approcher de Dieu, pour entrer en communion avec Lui (c’est le sens du mot « sacrifier » – « sacrum facere »- faire du sacré), on croyait devoir tuer. Au fond pour entrer dans le monde du Dieu de la vie, on lui rendait ce qui lui appartient, la vie, donc on tuait.
La première étape de la pédagogie biblique a été l’interdiction formelle des sacrifices humains ; et ce dès la première rencontre entre Dieu et le peuple qu’il s’est choisi ; puisque c’est à Abraham que cette interdiction a été faite « Ne lève pas la main sur l’enfant » (Gn 22). Et depuis Abraham, cette interdiction ne s’est jamais démentie ; chaque fois qu’il l’a fallu, les prophètes l’ont rappelée en disant que les sacrifices humains sont une abomination aux yeux de Dieu. Et déjà, dès le temps d’Abraham, la Bible ouvre des horizons nouveaux (avec le sacrifice de Melchisédek) en présentant comme un modèle de sacrifice au Dieu très-haut une simple offrande de pain et de vin (Gn 14).
On a pourtant continué quand même à pratiquer des sacrifices sanglants pendant encore des siècles. Dieu use de patience envers nous ; comme dit Pierre, « Pour lui, mille ans sont comme un jour » …
La deuxième étape, c’est Moïse qui l’a fait franchir à son peuple : il a gardé les rites ancestraux, les sacrifices d’animaux, mais il leur a donné un sens nouveau. Désormais, ce qui comptait, c’était l’alliance avec le Dieu libérateur.
Puis est venue toute la pédagogie des prophètes : pour eux, l’important, bien plus que l’offrande elle-même, c’est le coeur de celui qui offre, un coeur qui aime. Et ils n’ont pas de mots trop sévères pour ceux qui maltraitent leurs frères et se présentent devant Dieu, les mains chargées d’offrandes. « Vos mains sont pleines de sang » dit Isaïe (sous-entendu « le sang des animaux sacrifiés ne cache pas aux yeux de Dieu le sang de vos frères maltraités ») (Is 1,15). Et Osée a cette phrase superbe que Jésus lui-même a rappelée « C’est la miséricorde que je veux et non les sacrifices » (Os 6,6). Michée résume magnifiquement cette leçon : « On t’a fait savoir, ô homme, ce qui est bien, ce que le SEIGNEUR réclame de toi. Rien d’autre que de respecter le droit et la justice et de marcher humblement avec ton Dieu » (Mi 6,8).
L’étape finale de cette pédagogie, ce sont les fameux chants du Serviteur du deuxième Isaïe : à travers ces quatre textes, on découvre ce qu’est le véritable sacrifice que Dieu attend de nous ; sacrifier (faire du sacré), entrer en communion avec le Dieu de la vie, ce n’est pas tuer ; c’est faire vivre les autres, c’est-à-dire mettre nos vies au service de nos frères. Le Nouveau Testament présente souvent Jésus comme ce Serviteur annoncé par Isaïe ; sa vie est tout entière donnée pour les hommes. Elle est le sacrifice parfait tel que la Bible a essayé de l’inculquer à l’humanité. « Le pain que je donnerai ; c’est ma chair1 donnée pour que le monde ait la vie ». Et désormais, dans la vie donnée du Christ, nous accueillons la vie même de Dieu : « De même que le Père qui est vivant m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi ».
——————–
Note
1 – Le mot « chair » ici, dans la bouche de Jésus est équivalent de vie : nous pouvons donc lire « ma vie donnée pour que le monde ait la vie ». Et nous comprenons bien que Jésus fait allusion à sa Passion et à ce mystère.
Complément à propos des sacrifices
La dernière conversion qui nous reste à faire, c’est de ne plus chercher à « faire » du sacré, mais à accueillir la Vie que Dieu nous donne.

EGLISE CATHOLIQUE, EUCHARISTIE, MESSE, SACREMENTS

Comprendre l’Eucharistie

Pour mieux comprendre et mieux vivre l’Eucharistie

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« Comprendre l’Eucharistie »: retrouver le goût du sacrement

Bernard Sesboüé

Paris, Salvator, 2020. 186 pages.

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Présentation de l’éditeur

Tout le mystère chrétien est présent dans l’Eucharistie. Mais comment comprendre cette institution en profondeur, sans verser dans un ritualisme formel ? On a souvent dit que le christianisme s’appuyait  d’abord sur un événement fondateur, celui de Jésus de Nazareth, mort et ressuscité. Or, la célébration de l’Eucharistie représente précisément le moment et le lieu où l’événement pascal de Jésus se fait institution, tout en demeurant l’événement personnel de Jésus. Comme lavait souligné naguère le père de Lubac : « Si l’Église fait l’Eucharistie, l’Eucharistie fait l’Église. » Chaque célébration eucharistique a pour but de faire de l’assemblée présente le Corps de l’Église, qui est le Corps du Christ. Il s’agit donc ici d’expliquer ce qui est en jeu dans ce sacrement, afin d’aider les chrétiens qui ne sont pas théologiens de métier à mieux la comprendre, et surtout à mieux en vivre.

Théologien, jésuite, le père Bernard Sesboüé a publié de nombreux ouvrages dont, chez Salvator, L’homme, merveille de Dieu (2015), Jésus, voici l’Homme (2016) et L’Eglise et la liberté (2019).

 

Critique de La Croix (mars 2020)

Théologie. Le théologien Bernard Sesboüé propose une fine relecture de l’histoire et du sens de ce sacrement.

Les sociologues le répètent, enquête après enquête, la crise du christianisme se caractérise en France par une désaffection profonde et désormais installée pour la messe. Mais comment avoir goût pour ce que l’on peine à comprendre, voire ce que l’on ne comprend plus du tout ? C’est avec ce paysage en toile de fond que Bernard Sesboüé, jésuite, théologien aguerri, a rassemblé dans cet essai une présentation du mystère de l’eucharistie en ce qu’il a d’essentiel.

Sans méconnaître le détail des rites auxquels il accorde une juste importance, Bernard Sesboüé ne verse pas dans un ritualisme formel, qui risque toujours d’enfermer dans l’accessoire. Au contraire, il replace l’eucharistie à sa juste place, majeure, celle de nouer le destin de l’homme à celui de Dieu et de construire l’Église. « Si l’Église fait l’Eucharistie, l’Eucharistie fait l’Église », a écrit le père Henri de Lubac. Il insistait sur le fait que chaque célébration eucharistique a pour but de faire de l’assemblée présente le corps de l’Église qui constitue aussi le corps glorieux du Christ.

Déjouer les fausses interprétations

« Sacrement du sacrifice unique de Jésus », « sommet des sacrements », « mémorial » : ces synonymes de l’Eucharistie sont tour à tour présentés par Bernard Sesboüé, qui s’emploie à déjouer les fausses interprétations. Comme, par exemple, l’affirmation que l’Eucharistie serait une « répétition » de la croix. « L’Eucharistie n’est en rien la “répétition” de la croix, dont le “une fois pour toutes” ne peut être répété (…) L’Eucharistie par contre est bien la “répétition” de la Cène », précise-t-il.

Tout au long de l’ouvrage, l’auteur nous fait bénéficier de sa grande connaissance des Écritures, de la tradition, mais aussi de l’histoire des Églises chrétiennes et du dialogue œcuménique, dont les avancées ont été l’occasion d’approfondir le sens de ce sacrement. C’est certainement dans le chapitre consacré à la délicate question de la « présence réelle » que s’expriment le mieux sa finesse et son discernement théologiques.

Contre les lectures matérialistes

Bernard Sesboüé commence par souligner l’importance des paroles de Jésus « Ceci est mon corps ; ceci est la coupe de mon sang », attestées dans les quatre versions de l’institution de l’Eucharistie présentes dans le Nouveau Testament. « L’Eucharistie n’est donc plus une nourriture simplement humaine, elle est confectionnée par la toute-puissance de la parole de Dieu et elle comporte donc un élément proprement divin », souligne le théologien.

Les Pères de l’Église ne s’étaient guère posé de questions sur le « comment » de cette présence, mais nous avons hérité du Moyen Âge tout un langage philosophique, celui de la substance, qui nous est devenu obscur. Avec pédagogie, Bernard Sesboüé en redonne le sens. Contre les lectures matérialiste ou physiciste, il rappelle que chez saint Thomas d’Aquin « la substance n’est pas le substrat, mais la raison d’être d’une chose et son sens »« La substance, en tant que telle, n’est pas visible pour l’œil corporel, ni n’est sujet pour aucun sens (…) En conséquence, à parler de façon propre, le corps du Christ n’est perceptible que par le seul intellect, dit œil spirituel », écrit Thomas d’Aquin.

Présence réelle mais non physique

Si la présence du Christ est réelle – et non symbolique –, elle n’est ni géographique, ni physique, ni locale. « Autrement dit, le corps du Christ n’est pas présent dans le tabernacle de la même manière que le ciboire y est présent », insiste Bernard Sesboüé. Il signale tout autant la force de cette présence spirituelle, invitant à la considérer comme « une présence infiniment plus intime que la présence courante qui passe par nos corps non glorifiés ».

Par-delà ces précisions importantes, Bernard Sesboüé veut tourner nos regards vers l’essentiel : « La visée de l’Eucharistie n’est pas le changement du pain et du vin (…) mais l’accès de toute l’assemblée au statut de corps du Christ par le don de l’Esprit », résume-t-il. Cet aspect a été quelque peu oublié pendant le second millénaire. Retrouver cette visée de communion serait aujourd’hui salutaire.

 

Un autre regard sur l’eucharistie

Maurice Zundel

Paris, Jubilé, 2006. 230 pages. 2006

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Extrait de l’avant-propos de Bernard de Boissière :

Il est très important de se demander, avant d’abor­der la lecture de ce livre, comme pour celle des précédents, si l’on est vraiment capable d’être fidèle à leur esprit. Ce n’est pas évident. Le danger réel serait d’en rester aux idées, si belles soient-elles. Et il ne s’agit pas là d’un enseignement, mais d’une véritable rencontre avec Dieu, à travers le témoignage vibrant d’un saint dont c’était la vie tout entière, en découverte permanente.
Or, c’est grâce aux nombreux enregistrements d’auditeurs enthousiastes, présents aux multiples conférences et homélies de l’abbé Zundel, que purent être édités après sa mort un certain nombre de très beaux livres. Mais de quel droit les publier ?
Il est en effet manifeste que de son vivant l’abbé Zundel n’aurait jamais envisagé, ni encouragé leur publication. Il était incapable de se comporter en pro­fesseur cherchant à vous apprendre quelque chose préalablement construit. Sa prédication était essentiel­lement celle d’un témoignage actuellement et toujours vécu, sans cesse renouvelé et improvisé, extrêmement centré et cependant toujours neuf et varié. Sa parole, comme sortie d’un puits très profond, s’adressait directement et personnellement à son auditoire, à tous et à chacun.
La salle, ou l’église, était parcourue par une flamme contagieuse dans un silence où chacun se sentait concerné, même ceux qui ne comprenaient pas toujours les idées, mais qui venaient néanmoins pour voir, entendre et être saisis.
On comprend alors qu’une communication aussi personnelle, ardente, improvisée et purement prospective ne puisse souffrir de retour en arrière. L’abbé Zundel en fit effectivement la très douloureuse expérience quand Mgr Macchi, secrétaire de Paul VI, lui demanda de publier la retraite qu’il venait de prêcher au Vatican en février 1972, d’où vingt-deux conférences entièrement improvisées, et par ailleurs magnifiques, après un temps de préparation extrêmement court. Une retranscription de leur enregistrement lui fut alors remise en vue d’un livre. L’abbé Zundel était déjà âgé et fatigué. Cette nouvelle tâche consistant à transformer, sur des recommandations extérieures, un style très direct, spontané, personnel et passionné en une prose inévitablement banalisée, l’épuisa et hâta sa mort en août 1975, comme put le constater son médecin. Le livre ne parut finalement qu’en 1976, intitulé Quel Homme et quel Dieu (aux éditions Saint-Augustin), mais fait pâle figure auprès de la réalité enregistrée, qu’accompagnaient à la fin les merveilleux remerciements de Paul VI. On comprendra alors mieux pourquoi, au début de tous les livres posthumes, le lecteur aura été averti comme maintenant que le texte enregistré n’aura pratiquement pas été modifié, malgré certaines lourdeurs ou répétitions.

Présentation de l’éditeur

Offrir à notre regard une présentation de l’Eucharistie sous un autre éclairage, tel est le but de cette anthologie zundélienne. Beaucoup peut-être, mais sans oser l’avouer, voient dans l’Eucharistie, dans le dogme de la Présence réelle tel qu’il est souvent présenté, une pure absurdité : le Bon Dieu dans une miette de pain, cela n’a pas sens !
M. Zundel nous a parlé de cet enseignant qui lui disait : «Je n’examine jamais ma foi parce que je serais prêt d’en douter, alors je crois en bloc et je ne discute plus !» J’ajoute : «Croire en bloc et ne pas discuter, cela ne veut rien dire ! En quoi peut-il être fécond pour l’esprit et glorieux pour le Seigneur que de dire : je n’y comprends rien, mais je crois. Cela ne sert absolument à rien.»
Le comble est atteint quand on en arrive à penser que l’acte de foi est d’autant méritoire que son objet défie de façon plus flagrante le simple bon sens. Plus on pénètre dans la foi chrétienne, plus on s’aperçoit qu’elle est éminemment raisonnable. À condition qu’on veuille bien dépasser les apparences et s’efforcer sans cesse de lire la foi à l’intérieur d’elle-même, c’est à cette lecture éminemment «intelligente» (intus légère) du mystère de l’Eucharistie qu’invite ce livre.

Paul Debains, après trente années de missions en Afrique, exerce son ministère en France. Il est membre de l’association des Amis de Maurice Zundel. Il a déjà réuni et présenté des -ex-es inédits de M Zundel dans Un autre regard sur l’homme. Le problème que nous sommes et Pour toi qui suis-je ? (Sarment – Éditions du Jubilé)

Maurice Zundel (1897-1975), prêtre suisse, mena une vie de prédicateur itinérant – en France et à l’étranger-, pratiquement inconnu de son vivant. Sa vision de l’homme, «libre de soi et de tout, (pouvant) se jeter dans les bras de Dieu qui est liberté», rencontre aujourd’hui l’attente d’un très large public.

 

L’Eucharistie à l’école des Saints (Français) Relié – 1 avril 2000

Nicolas Buttet

Paris, Editions de l’Emmanuel, 2000. 382 pages.

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Description du produit

Avec cet ouvrage, Nicolas Buttet nous offre une véritable somme sur l’Eucharistie. Il nous invite à nous mettre à l’école des saints et de quelques grands témoins. Avec simplicité et profondeur, il les interroge sur leur compréhension du mystère central de la Messe. Réflexions et témoignages se succèdent venant éclairer les principaux aspects théologiques, liturgiques et spirituels de l’Eucharistie,  » source et sommet  » de toute vie chrétienne. Auprès d’un grand nombre, une telle approche fortifiera la foi et stimulera l’amour pour le Christ réellement présent sous les espèces du pain et du vin consacrés. Par toutes les informations qu’il rassemble, l’ouvrage devrait rendre de précieux services aux catéchistes et prédicateurs chargés de préparer jeunes et adultes à la communion eucharistique. Comme l’annonce le préfacier, le Père Nottebaert, o.m.i., on ne trouvera pas d’abord ici une savante étude sur le Saint Sacrement, mais un livre de vie que tout chrétien pourra fréquenter comme un ami

 

L’Eucharistie au cœur des Ecritures

Edouard Cothenet

Paris, Salvator, 2016. 224 pages

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 Il faut sûrement être un peu familier des questions théologiques et de la lecture de la Bible pour tirer tout le sel de ce remarquable ouvrage du P. Cothenet.  Mais il propose une nourriture très solide à tous ceux qui cherchent à faire de leur vie quotidienne une vie « eucharistique », une authentique vie spirituelle à la suite du Christ et en lui. Il abonde en références bibliques et patristiques propres à la réflexion et à la méditation, et des commentaires lumineux enrichissent, élargissent, voire convertissent notre compréhension parfois trop étroite de l’eucharistie. Notamment sur deux points.

L’eucharistie pas seulement mémorial du passage du Fils vers le Père pour nous entraîner à sa suite, elle est aussi le sacrement de la  récapitulation, de la Nouvelle Alliance : Dieu, par le sang de la Croix, a voulu réunir en Christ l’univers entier, ce qui est aux cieux et ce qui est sur la terre (Ep 1, 10). L’eucharistie ne nourrit pas seulement une voie de salut personnel et communautaire, c’est l’univers entier qui est sauvé, réconcilié dans la mort et la résurrection du Christ. (p. 28).

Cela conduit à interroger les textes de l’Ancien Testament qui annoncent et construisent cette perspective, et plus particulièrement une notion difficile à évoquer aujourd’hui, celle de sacrifice, où Dieu se rend présent aux hommes. Mais avec Jésus-Christ, et déjà avec les prophètes et les psaumes,  le sacrifice, loin d’être l’expression d’une perte violente et de la colère divine contre celui qui porte le péché du monde, est « la non-résistance à l’oppresseur  (comme le serviteur souffrant) et la confiance totale au Père, qui font passer du péché à la justice, lors de la résurrection » à laquelle nous participons par le baptême.

Dès lors, faire mémoire de la mort et de la résurrection du Christ pour entrer dans son exode vers le Père revient à s’unir à l’intercession du Christ pour tous ses frères les hommes (p .173). Et participer pleinement à l’eucharistie, c’est offrir le seul sacrifice qui plaise à Dieu : vivre pour la justice à l’image et à la suite de Jésus, dans l’espérance du retour de Celui qu’on aime sans le voir encore. (p. 184).

Bien d’autres choses seraient à souligner dans ce livre qui nous éloigne de deux compréhensions trop étroites de l’eucharistie : celle d’un sacrifice où la  justice de Dieu ne s’obtiendrait qu’en se faisant violence, celle  d’un don de la présence d’un Dieu intime et personnel,  fait  à notre mesure, où la transformation du monde serait oubliée

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COMMUNION, EGLISE CATHOLIQUE, EUCHARISTIE, MESSE

La communion spirituelle

Qu’est-ce qu’une « communion spirituelle » ?

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Lorsque l’on ne peut communier, pour différentes raisons, et qu’on ne peut recevoir ni le Corps, ni le Sang du Christ, on peut néanmoins faire une « communion spirituelle » ou « communion de désir ». De quoi s’agit-il ?

 

La grâce, c’est-à-dire la vie de Dieu, nous est ­communiquée habituellement par les sacrements. Il s’agit d’un « contact direct » avec Jésus, comme lorsque le Christ touchait les yeux de l’aveugle. En effet, ce sont les mains de Jésus qui continuent à nous toucher par les sacrements, tout spécialement lorsque nous recevons le corps du Christ. Cette communion sacramentelle trouve sa per­fection dans la communion spirituelle, qui est une union spirituelle toujours plus intense au Christ par la foi et la charité.

La communion sacramentelle accompagnée de la communion spirituelle constituent ensemble la perfection de la communion eucharistique.

Il se peut qu’une personne en état de péché grave communie sacramentellement ; elle ne recevra cependant pas le fruit spirituel de cette communion puisque, selon saint Paul, elle communie « indignement » (1 Co 11, 29). À l’inverse, une personne pourrait ne pas communier sacramentellement et recevoir le fruit de la communion eucharistique par son désir ardent d’accueillir le corps du Christ. La grâce qui nous vient du Christ en passant par son Corps mystique qu’est l’Église nous est alors communiquée « à distance », comme pour les dix lépreux guéris sur le chemin du retour (cf. Lc 17, 12).

Dans ce cas, on distingue deux situations. Première situation, la communion spirituelle au sens classique, c’est-à-dire celle qui accroît l’amour, et que l’on peut appeler la « communion de désir ». Cette communion exige les mêmes conditions personnelles que celles requises pour la réception de la communion sacramentelle. Tel est le cas d’une personne désireuse de recevoir le corps du Christ mais qui est empêchée de participer à la messe. C’est aussi ce que l’on peut vivre au cours de l’adoration eucharistique. Jean-Paul II affirme en effet que l’adoration eucharistique est aussi une communion de désir.

La communion spirituelle nécessite trois actes : 1/ la foi en la présence réelle de Jésus au Saint-Sacrement ; 2/ l’acte de désir par lequel on s’approche de l’autel en esprit comme si on recevait l’hostie des mains du prêtre ; 3/ enfin, l’action de grâce vécue de la même manière que si l’on avait communié sacramentellement.

La seconde situation sera celle d’une personne qui, en raison d’un péché grave ou d’une situation de vie particulière, ne peut pas accéder à la communion sacramentelle. Dans ce cas, elle peut vivre une communion spirituelle comme une tension vers le pardon du péché et vers la conversion de vie. On appelle alors cette communion spirituelle au sens large le « désir de la communion »

 

(1) Cf. Frère Benoît-Dominique de La Soujeole, o.p., « Communion sacramentelle et communion spirituelle », in Nova et Vetera (février 2011), p. 147 ss.

 

Y a-t-il des actes spéciaux qu’il est nécessaire de produire ? La plupart des auteurs recommandent de faire les mêmes actes que ceux qui sont indiqués avant et après la Communion, que l’on peut résumer ainsi :
1/- Acte de contrition (ou le « Confiteor », le « Domine non sum dignus », … )
2/- Acte de foi vive, qui nous représente Jésus-Christ victime immolée pour nous.
3/- Acte de désir, désir ardent de nous unir à Jésus dans le Sacrement si c’était possible.
4/- Acte de demande, qui nous fait implorer les Grâces qui sont promises à ceux qui se nourrissent de l’Eucharistie (par exemple le pardon pour nos fautes vénielles).
5/- Acte d’action de grâces. Saint Léonard n’hésite pas à nous engager a adorer notre Sauveur au dedans de nous, comme si nous avions communié réellement, à Le remercier etc …

Cependant, comme pour l’oraison, il ne faut pas qu’une méthode devienne un carcan qui charge l’âme, plutôt qu’elle la dilate. S’il est permis, à la suite de Saint Alphonse de Liguori, de citer des révélations privées, voici un conseil de Notre-Seigneur à Sœur Marie Lataste (en 1843) :

« Ma fille, la préparation pour la Communion Spirituelle n’est pas bien difficile ; il n’est pas nécessaire que vous fassiez tous les actes de la Communion Sacramentelle ; recueillez-vous un instant, présentez-vous en esprit devant mon Tabernacle, et dites-moi : « Seigneur Jésus, descendez dans mon cœur ! » Cela suffit. Mais vous devez, dans chaque Communion Spirituelle, vous proposer un but, par exemple d’obtenir une grâce ou une vertu en particulier ; vous pouvez aussi communier spirituellement dans l’intention que je vous ai suggérée pour vos Communions Sacramentelles, qui est d’obtenir de Dieu, mon Père, par mes mérites et la Communion que vous faites, les Grâces nécessaires pour connaître et accomplir parfaitement Sa sainte Volonté. Quand vous n’auriez jamais que cette intention, Elle me serait toujours agréable ».

Pour terminer, retenons cette instante recommandation de Sainte Thérèse d’Avila : « Si, dans le principe, vous ne vous trouvez pas bien de cette pratique, sachez que le démon en peut être la cause ; voyant quel grand dommage il en reçoit, pour vous en détourner, il vous fera éprouver je ne sais quel trouble et quelle angoisse de cœur et il cherchera à vous persuader que vous trouvez plus de dévotion en d’autres exercices de piété. Malgré ses insinuations, tenez ferme, n’abandonnez pas une si salutaire pratique, et prouvez ainsi à Notre-Seigneur que vous L’aimez véritablement ».

Ainsi soit-il.

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CORPS ET SANG DU CHRIST, EUCHARISTIE, FETE DU CORPS ET DU SANG DU CHRIST, JESUS-CHRIST, Non classé, SACREMENTS, THOMAS D'AQUIN

L’Eucharistie expliquée par saint Thomas d’Aquin

 

Ceci est mon Corps, par saint Thomas d’Aquin

Père Cantalamessa, Ceci est mon Corps
Dans son commentaire sur la première épître aux Corinthiens, saint Thomas d’Aquin nous donne l’interprétation juste des paroles de Jésus à la dernière Cène lorsqu’il a dit à ses disciples en tenant le pain qu’il venait de rompre : « Ceci est mon Corps ». Écoutons-le :

Sur ces paroles, nous avons trois choses à considérer :

A) ce qui est exprimé par ces paroles, à savoir que le corps de Jésus-Christ s’y trouve ;
B) la vérité de cette manière de parler ;
C) si cette forme est convenable pour ce sacrement.

A) Sur le premier de ces points, il faut observer qu’il a été dit par quelques auteurs que le corps de Jésus-Christ ne se trouve point en vérité dans ce sacrement, mais seulement que ce sacrement en est le signe. Ils font dire à ces paroles : « Ceci est mon corps » ceci : c’est le signe et la figure de mon corps ; ainsi qu’il a été dit ci-dessus (X, 4) : Or cette pierre était le Christ, c’est-à-dire la figure du Christ. Mais cette interprétation est hérétique, puisque le Sauveur dit expressément (Jean VI, 56) : « Ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage. » D’autres auteurs ont dit qu’il y a dans le Sacrement véritablement le corps de Jésus-Christ, mais qu’il y est conjointement avec la substance du pain ; ce qui est impossible, comme il a été dit plus haut. D’autres encore ont prétendu qu’il y a seulement dans le Sacrement le corps de Jésus-Christ, la substance du pain ne demeurant pas, soit parce qu’elle serait anéantie, soit parce qu’elle serait absorbée par la matière qui reste ; mais cela ne peut être, parce que, comme dit saint Augustin (livre des 83 Questions) : Dieu n’est pas l’auteur de ce qui tend à n’être pas. D’ailleurs, cette supposition détruirait encore ceci que la substance du pain est changée au corps de Jésus-Christ. Ainsi, le corps de Jésus-Christ ne commençant pas à être dans le Sacrement par le changement d’une autre substance en la sienne, il faut admettre qu’il commence à s’y trouver par un changement de lieu, ce qui est impossible, comme il a été dit. Il faut donc dire que le corps de Jésus-Christ est dans le Sacrement par le changement du pain en Lui-même. Toutefois il faut remarquer que ce changement diffère de tous ceux qu’on voit dans la nature, car l’action de la nature présuppose la matière, et par conséquent son action ne peut aller au-delà d’un changement partiel quant à la forme substantielle ou accidentelle : aussi tout changement naturel s’appelle-t-il un changement de formeMais Dieu, qui opère le changement dont nous parlons, est l’auteur de la matière et de la forme ; par conséquent, la substance entière du pain, la matière ne subsistant plus, peut être changée en la substance entière du corps de Jésus-Christ. Et parce que la matière est le principe de l’individualisation des êtres, ce tout individuel et déterminé, qui est une substance particulière, est en entier changé en une autre substance particulière : c’est de là que ce changement est appelé substantiel ou transsubstantiation. Il arrive donc dans ce changement le contraire de ce qui a lieu dans les changements naturels : dans ceux-ci le sujet demeure, et la transmutation se fait parfois quant aux accidents ; mais dans l’Eucharistie la substance subit la transmutation, et les accidents demeurent sans sujet, par un effet de la puissance divine, qui, en tant que cause première, les soutient sans cause matérielle. Elle devient substance à cette fin que le corps et le sang de Jésus-Christ puissent être reçus sous deux espèces pour les raisons exposées ci-dessus. Mais parce que, dans un certain ordre, les accidents se rapportent à la substance, les dimensions, pour ce motif, demeurent sans sujet, et les autres accidents demeurent dans les dimensions elles-mêmes qui leur servent de sujet. Si cependant, sous ces dimensions, il ne se trouve aucune autre substance que le corps du Christ, on peut élever une difficulté à l’occasion de la fraction de l’hostie consacrée, attendu que le corps de Jésus-Christ est glorifié, et par conséquent ne saurait être rompu. Il ne pourrait donc se trouver sous cette fraction ; d’ailleurs, on ne peut supposer que quel qu’autre sujet s’y trouve, parce que nulle fiction ne saurait être compatible avec le Sacrement de vérité. Rien donc n’est perçu par les sens dans ce sacrement qui n’y soit en vérité ; car ce qui est en soi sensible, ce sont les qualités, qui demeurent dans ce sacrement telles qu’elles étaient auparavant, ainsi qu’il a été dit. C’est ce qui a fait dire à d’autres auteurs qu’il y a véritablement fraction, mais sans sujet, et qu’ainsi rien n’est rompu dans le Sacrement. Mais cela n’est pas admissible, car, la fraction supposant l’état passif, état inférieur à la qualité, elle ne peut pas plus se trouver dans ce sacrement sans sujet, que la qualitéIl reste donc à dire que la fraction porte sur les dimensions du pain et du vin, qui demeurent là comme sujet, mais qu’elle n’atteint pas le corps de Jésus-Christ, parce qu’il réside sous chaque partie des dimensions après la division. On peut expliquer ainsi ce point : le corps de Jésus-Christ réside dans le sacrement de l’Eucharistie par le changement de la substance du pain en sa propre substance ; or ce changement ne se fait pas à raison des dimensions, puis- qu’elles demeurent, mais seulement à raison de la substance ; donc le corps de Jésus-Christ y est présent, à raison de sa propre substance, et non à raison de ses dimensions, bien que ces dimensions s’y trouvent par voie de conséquence, en tant qu’elles ne sont pas séparées de la substance de Jésus-Christ. Mais, pour ce qui est de la nature de la substance, elle est tout entière sous chaque partie des dimensionsAinsi, de même qu’avant la consécration toute la vérité de la substance et la nature du pain subsistent sous chaque partie des dimensions, ainsi, après la consécration, tout le corps de Jésus-Christ est sous chaque partie du pain divisé. La division de l’hostie consacrée marque : premièrement, la passion de Jésus-Christ, dans laquelle son corps fut brisé par ses blessures, suivant cette parole (Psaume XXI, 17) : « Ils ont percé mes mains et mes pieds » ; deuxièmement, la distribution des dons de Jésus-Christ, qui sortent de lui comme de leur source, suivant ce qui est dit (ci-après, XII, 4) : Il y a diversité de grâces ; troisièmement, les diverses parties de l’Eglise : car parmi ceux qui sont les membres de Jésus-Christ, les uns sont encore en pèlerinage dans ce monde ; les autres vivent déjà dans la gloire avec Jésus-Christ, et quant à l’âme et quant au corps ; d’autres, enfin, attendent à la fin du monde la résurrection dernière : c’est ce que signifie la division de l’hostie en trois parties.

B) Il faut examiner la vérité de ce qui précède, car cette façon de parler (verset 24) : Ceci est mon corps, ne parait pas être vraie. En effet, le changement du pain au corps de Jésus-Christ se fait au moment même où ces paroles sont proférées, car alors se complète la signification de ces termes, la forme des sacrements opérant suivant sa signification ; il s’ensuit donc qu’au commencement de cette phrase, quand on dit que là n’est pas le corps Jésus-Christ, mais la seule substance du pain désignée par ce pronom « ceci » qui est alors démonstratif de la substance, ce pronom « ceci » signifie, dans ces paroles Ceci est mon corps, que la substance du pain est mon corps : ce qui est faux manifestement. Quelques auteurs disent que le prêtre prononce ces paroles matériellement, et en forme de récit, au nom de Jésus-Christ, et par conséquent, ce pronom, en tant qu’il est démonstratif, ne se rapporte pas à. la matière présente : ce serait une manière de parler fausse, qui favoriserait l’objection formulée plus haut. Mais cette explication ne peut se soutenir. D’abord, si cette locution ne s’applique pas à la matière présente, elle ne s’y rapportera en aucune façon : ce qui est faux. En effet, saint Augustin dit (Traité sur Jean, LXXX) : « La parole vient se joindre à l’élément, et le sacrement a lieu. » Il faut donc reconnaître que ces paroles sont prises dans leur sens formel, et qu’il les faut rapporter à la matière présente. Or le prêtre les profère au nom du Christ, de qui elles tiennent leur efficacité, afin de montrer qu’elles ont encore maintenant la vertu qu’elles avaient alors que Jésus-Christ les a prononcées. Car la puissance qui leur a été donnée ne s’évanouit ni par la diversité des temps ni par la différence des ministres. D’ailleurs, la même difficulté reste sur la première fois où Jésus a prononcé ces paroles. Voilà pourquoi d’autres auteurs ont dit que ces mots : Ceci est mon corps, signifient : ce pain désigne mon corps, en sorte que cette expression « Ceci » désigne ce qui est indiqué au commencement de la phrase. Mais cette explication n’est pas non plus admissible, car, les sacrements effectuant réellement ce qu’ils figurent, ces paroles ne peuvent produire que ce qu’elles signifient. De plus, il s’ensuivrait que ces paroles n’opéreraient rien autre chose que de rendre le corps de Jésus-Christ présent comme sous un signe, ce à quoi il a été répondu plus haut. On a dit encore que cette expression : « Ceci » est une démonstration pour l’intelligence, et exprime ce qui sera à la fin de la phrase, à savoir le corps de Jésus-Christ. Mais cette explication ne parait pas non plus convenable, car alors tel serait le sens : Mon corps est mon corps : ce qui ne se réalise pas par ces paroles, attendu que cela était vrai avant les paroles de la consécrationIl faut donc répondre autrement et dire que la forme du sacrement est non seulement significative, mais encore effective, car en signifiant elle opère. Or, dans toute opération active, il est nécessaire de reconnaître quelque chose de commun et comme un principe. Ce qui est commun dans le changement qui nous occupe, ce n’est pas une substance, ce sont les accidents qui subsistaient auparavant et subsistent après : voilà pourquoi, du côté du sujet, dans cette phrase, le nom n’est pas exprimé, parce qu’il marque une espèce de substance déterminée, mais le pronom seulement, qui marque la substance indéterminée et sans désignation spécifique. Le sens est donc : Ceci, à savoir ce qui est contenu sous ces accidents, est mon corps. C’est ce qui s’opère par les paroles de la consécration ; car, avant la consécration, ce qui était contenu sous les accidents n’était pas le corps de Jésus-Christ, mais il devient le corps de Jésus-Christ par la consécration.

C) Il faut examiner la convenance de cette forme du sacrement. Ce sacrement consiste, comme il a été dit, non dans l’usage de la matière, mais dans sa consécration. Or cette consécration ne s’opère pas en ce sens que la matière consacrée reçoit seulement une vertu spirituelle, mais en ce que la transsubstantiation de la matière se réalise, quant à son être, au corps de Jésus-Christ, en sorte qu’il n’a pas été possible de se servir d’aucun autre mot que de l’expression substantive pour dire : Ceci est mon corps. En effet, on marque par là ce qui est la fin, ce qui s’opère au même instant qu’en est donnée la signification.

Saint Thomas d’Aquin, Commentaire de la première épître de saint Paul aux Corinthiens, 1 Corinthiens XI, 23-24 — L’eucharistie

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EGLISE CATHOLIQUE, EUCHARISTIE, LITURGIE, MESSE, OBJETS LITURGIQUES, VÊTEMENTS LITURGIQUES

La messe : objets et vêtements liturgiques

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LA MESSE : CONNAÎTRE LES OBJETS LITURGIQUES

Encensoir, corporal, ciboire, manuterge… Connaissez-vous le nom et le sens des différents objets utilisés dans la liturgie ? Savez-vous ce qui distingue le missel d’un lectionnaire ou d’un évangéliaire ? Pourriez-vous reconnaître, à la couleur de l’étole du prêtre, le « climat » liturgique de la fête célébrée ?
Vous trouverez ici quelques explications qui vous en rendront plus familiers.

 

 

CHASUBLE – AUBE – ÉTOLE

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L’aube est une grande tunique blanche. C’est l’habit principal de tous ceux qui exercent une fonction dans la liturgie. Seul le ministre ordonné met une étole (le diacre la met en diagonale sur l’épaule). Le célébrant principal de la messe porte la chasuble par dessus l’aube et l’étole. La couleur de la chasuble et de l’étole varie en fonction de la fête liturgique célébrée : vert pour un dimanche ordinaire, violet pour le carême, rouge pour une fête de martyr, etc.

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HOSTIES

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C’est du pain fabriqué sans levain, c’est-à-dire avec pour seuls ingrédients de la farine et de l’eau. Ce sont en général des monastères qui les fabriquent. Jésus a célébré la Cène avec le pain que les Juifs utilisaient pour la grande fête de la Pâque : du pain sans levain pour signifier la nouveauté de la délivrance du peuple de Dieu et la pureté du cœur.

Et pourquoi pas de levain ?

D’où vient cette tradition juive du pain sans levain que l’Eglise, à la suite de Jésus, a adoptée ?
Ce pain est utilisé dans l’Ancien Testament, au moment de l’Exode : « Yahvé dit à Moïse et à Aaron au pays d’Egypte : « Pendant sept jours, vous mangerez des azymes. Dès le premier jour vous ferez disparaître le levain de vos maisons car quiconque, du premier au septième jour, mangera du pain levé, celui-là sera retranché d’Israël. » (Ex 12,15)

En fait, le levain est un signe d’impureté. Aussi, on comprend mieux ces paroles du Nouveau Testament : « Jésus dit à ses disciples : « Méfiez-vous du levain – c’est à dire de l’hypocrisie – des pharisiens. Rien en effet n’est voilé qui ne sera révélé, rien de caché qui ne sera connu. C’est pourquoi, tout ce que vous aurez dit dans les ténèbres sera entendu au grand jour, et ce que vous aurez dit à l’oreille dans les pièces les plus retirées sera proclamé sur les toits. » (Lc 12,1-3)
« Purifiez-vous du vieux levain pour être une pâte nouvelle, puisque vous êtes des azymes. Car notre pâque, le Christ, a été immolée. Ainsi donc, célébrons la fête, non pas avec du vieux levain, ni un levain de malice et de méchanceté, mais avec des azymes de pureté et de vérité. » (I Cor 5,6-7)

 

GOUPILLON – BENITIER

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Le bénitier contient l’eau qui a été ou va être bénie par le prêtre. Le goupillon sert à asperger, mais on utilise aussi parfois un rameau de buis béni aux Rameaux. Ce rite signifie la demande de pardon, le désir d’être purifié, la foi dans la vie éternelle. On asperge l’assemblée au début de la messe, ou lors de la grande vigile de la nuit pascale, et le défunt lors d’un enterrement.

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ENCENS – NAVETTE – ENCENSOIR

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L’encensoir permet de brûler l’encens : il s’en dégage un parfum agréable, la fumée symbolise la prière qui monte vers le ciel. Plusieurs fois au cours de la messe, le servant de messe présente la navette (qui contient l’encens) au prêtre pour ranimer l’encensoir, puis le prêtre encense :

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Au début de la messe : l’autel et le cierge pascal (durant le temps de Pâques),

Au début de l’Évangile : la Parole de Dieu,

A l’offertoire : les offrandes (oblats) apportées sur l’autel qui vont être consacrées, puis l’assemblée des fidèles. Le thuriféraire encense alors aussi le prêtre.

Au moment de la consécration : le corps et le sang du Christ. Dans les églises d’Orient, on encense aussi les icônes peintes car elles portent le mystère du Christ.

BURETTES – PLATEAU – MANUTERGE

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Les deux burettes contiennent l’eau et le vin nécessaires à la célébration de la messe. Les servants de messe l’apportent au prêtre à l’autel au moment de l’offertoire : le vin est versé dans le calice, une goutte d’eau y est ajoutée symbolisant l’humanité qui est unie au Christ. En semaine, on utilise aussi la burette d’eau pour le  » lavabo  » : le servant verse de l’eau sur les mains du prêtre, au dessus du plateau ; le prêtre s’essuie les mains avec le manuterge. Pour des cérémonies plus solennelles, on utilise l’aiguière et le bassin.
Attention à ne pas se tromper : en général, la plus petite burette contient l’eau, la plus grande contient le vin !

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A propos du lavabo… 
Avant le Concile Vatican II, le prêtre faisait ce geste en récitant le début du psaume 25 :  » Lavabo inter innocentes manus meas, et circumdabo altare tuum, Domine. » « Je laverai mes mains pour être compté parmi les innocents et je me tiendrai auprès de l’autel du Seigneur. »
Aujourd’hui, le prêtre dit le début du psaume 50 : « Lave-moi de mes fautes, Seigneur, et purifie moi de mes péchés », mais ce geste a gardé son nom de… lavabo ! (passé dans le langage courant…)

 

PALE – PURIFICATOIRE

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La pale est un carré de toile cartonnée qui peut couvrir le calice pendant le messe et éviter ainsi que des impuretés tombent dans le vin qui deviendra le sang du Christ. Le purificatoire est un tissu blanc qui sert à purifier, à nettoyer les vases sacrés après usage.

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OSTENSOIR

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L’ostensoir est un vase sacré en forme de grand soleil pour présenter à l’adoration, l’hostie consacrée. Il ne sert pas pendant la messe, mais à la fin de la messe quand celle-ci se poursuit dans un temps d’adoration du Saint Sacrement.

Le « Tabernacle » , dans l’Ancien Testament, était une tente portative qui abritait l’Arche de l’Alliance. Il était considéré comme la demeure de Dieu parmi son peuple.

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Ce mot a été repris par l’Eglise pour désigner la petite armoire dans laquelle on place la « réserve eucharistique », c’est-à-dire, les hosties consacrées, destinées à être portées aux malades, ou à être distribuées lors d’une assemblée dominicale en l’absence de prêtre, ou proposées à l’adoration des fidèles dans une liturgie du Saint Sacrement.
Une lampe signale aux fidèles la présence de la réserve eucharistiqueau tabernacle, et les invite au respect et à la prière : Jésus Christ est présent.

 

CIERGE – CHANDELIER

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La liturgie a toujours beaucoup utilisé les cierges. Aux premiers siècles, c’était même le seul moyen d’éclairer. Aujourd’hui, cela signifie la solennité de l’action liturgique : il y a toujours un cierge allumé près de l’autel pendant la messe. La nuit pascale, on allume pour la première fois un grand cierge, symbole du Christ illuminant tous les hommes et on le garde allumé pour toutes les célébrations jusqu’à la Pentecôte (50 jours). Deux servants de messe, les céroféraires, portent des cierges lors des processions, et entourent l’autel au moment de la consécration.

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CALICE – PATENE – COUPE – CIBOIRE

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Ce sont les vases sacrés. Le calice reçoit le sang du Christ. Sur la patène, on dépose l’hostie consacrée durant la messe. Quand l’assemblée est nombreuse, on utilise aussi une coupe pour les petites hosties. Le ciboire est une grande coupe couverte pour contenir la réserve eucharistique au tabernacle.

 

AUTEL – CORPORAL

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Aux premiers siècles, l’autel où se célébrait l’eucharistie était de forme carrée pour signifier l’offrande de toute l’humanité avec ses quatre éléments définis par les anciens (eau, terre, feu, air) appelée à être divinisée (ce que symbolisait le cercle de la coupole en certains lieux). Aujourd’hui, le corporal est carré et l’hostie est ronde… C’est sur le corporal que sont déposés le calice et la patène.

 

MISSEL – LECTIONNAIRE

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Ce sont les deux livres nécessaires pour célébrer la messe. Le missel contient les prières : le servant de messe qui a la charge du missel le présente au prêtre pour les prières d’ouverture (le kyrie, le gloria, l’oraison), pour les prières de la liturgie de la Parole (credo, introduction et conclusion de la prière universelle), et vers la fin de la messe pour la prière après la communion. Pendant la prière eucharistique (la grande prière centrale de la messe) le missel est posé sur l’autel de manière à ce que le prêtre puisse lire.
Le lectionnaire est le livre qui contient les lectures de la parole de Dieu qui conviennent au jour de la célébration : première lecture dans l’Ancien Testament, deuxième lecture dans le Nouveau Testament et Évangile. A la sacristie, il y a plusieurs livres : lectionnaire du dimanche, lectionnaire de semaine, pour les saints… Parfois on utilise un Évangéliaire pour la lecture de l’Évangile : l’Évangéliaire est apporté solennellement en procession. Quand nous venons à la messe avec notre missel de l’assemblée, c’est un livre qui contient à la fois les lectures et quelques-unes des prières. Il nous aide à mieux suivre la messe ou à nous y préparer chez nous.

 

https://www.aiderpretres.fr/catecheses/messe

 

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Les objets liturgiques de la messe

De nombreux objets servent ou ont servi à la liturgie.

Le calice est un vase en forme de coupe, habituellement porté par un pied, avec une tige comportant un nœud, et dans lequel le prêtre consacre le vin lors de l’eucharistie.

La patène est un récipient en forme d’assiette servant à l’offrande et à la consécration des hosties durant l’eucharistie. Ces objets sont en métal noble, et généralement dorés à l’intérieur, pour honorer le corps et le sang du Christ présent après la consécration.

Les burettes et le plateau sont deux petites cruches recevant le vin et l’eau offerts dans le calice.

Le ciboire est une coupe munie d’un couvercle où l’on conserve les hosties consacrées que l’on distribue aux fidèles au moment de la communion.

Les plus anciens calices exposés sont de la forme « tulipe ». Le premier date du XVIIIe siècle, de forme très simple, il est accompagné de sa patène, le second est un calice historique : il a servi pour la dernière messe à laquelle a assisté Louis XVI. Il est conservé à Notre-Dame des Victoires, le troisième est aussi un calice du XVIIIe siècle venant de Saint-Louis en l’Île.

Comme l’ensemble de l’orfèvrerie de la Chambre des Pairs, un coffret contient un ensemble intéressant du XIXe siècle (CDAS) orné d’inscriptions en latin, sur fond bleu :
Le calice : Hic est enim calix singuinis mei qui pro nobis offenditur in remissionem peccatorum. Ceci est le calice de mon sang qui est offert pour nous en rémission des péchés.
La patène, très simple, porte uniquement une croix
Le ciboire porte plusieurs inscriptions en latin :

ego sum panis vivus qui de coelo descendi. Voici, je suis le pain vivant descendu du ciel. Qui manducavit hanc panem vivat in aeternum.

Celui qui mange ce pain vivra éternellement.

Qui manducat meum carnem in me manet et ego in illo. Celui qui mange ma chair demeure en moi et moi en lui.

Les burettes et le plateau portent également des inscriptions en latin.

Puis on observe un changement de formes, avec des calices plus évasés en forme de coupes : un calice et une patène en argent martelé, un calice et une patène signé Puiforcat.

Un magnifique ciboire du XIXe siècle recouvert d’émaux, provient de Saint-Sulpice, un autre de Saint-Etienne du Mont.

Enfin, pour l’église Saint François de Molitor, un calice et une patène ont été réalisés dans le style de l’édifice par l’architecte.

Sur l’autel, face au prêtre se trouve un crucifix, de petite taille, et depuis le Concile Vatican II, il est souvent couché pour ne pas gêner la vue des fidèles. (Saint-Jean-Bosco).

 

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Glossaire de la liturgie

Définitions de termes techniques.

Burettes :
Flacons posés sur un plateau en verre ou en métal, contenant l’eau et le vin destinés à être versés dans le calice lors de l’eucharistie. Ils portent la lettre A (aqua) ou des joncs pour l’eau, V (vinum) ou de la vigne pour le vin.

Calice :
Vase sacré dans lequel le prêtre consacre le vin lors de l’eucharistie. Il est formé d’un pied, d’une tige comportant un nœud, d’une coupe quelquefois tenue dans une fausse coupe ornée.

Chandelier :
Généralement métallique, il peut être de forme simple avec pied, tige et bobèche, ou bien compose d’un décor à motif végétal parfois à multiples bobèches. Au XIXe s, ils étaient garnis de faux cierges de tôle peinte appelés souches.

Ciboire :
Vase sacré sur pied en forme de coupe, muni d’un couvercle surmonté d’une petite croix, servant à conserver les hosties consacrées.

Clochette ou sonnette liturgique :
Clochette (à manche) ou sonnette (3 ou 4 clochettes formant carillon) en bronze. Elle marque les temps forts de la consécration.

Croix de procession : croix en métal ou en bois doré portant un crucifix, montée sur une tige appelée hampe.

Custode :
Ciboire de petites dimensions servant à porter l’eucharistie aux malades ayant la forme d’une boîte plate.

Encensoir :
Récipient servant à brûler l’encens sur des braises incandescentes. Il se compose d’une cassolette suspendue à trois chaînes et d’une cheminée, qu on lève à l’aide d’une quatrième chaîne. II sert principalement au moment de l’offertoire et pour les obsèques.

Garniture d’autel :
Elle se compose d’une croix sur pied portant un crucifix et de six chandeliers décorés de manière identique.

Lampe de sanctuaire :
Lampe de différentes formes, souvent en métal portant une coupe en verre ronge suspendue. Elle signifie la présence eucharistique.

Lunule :
Réceptacle ouvrant placé au centre de l’ostensoir, en verre cerclé d’or, qui contient et préserve l’hostie consacrée.

Navette :
Petit récipient en forme de navire sur pied, dans lequel est conservé l’encens destiné à être brûlé. Elle est accompagnée d’une cuillère.

Ostensoir :
Il sert à exposer l’hostie consacrée à l’adoration des fidèles. Il se compose d’un pied, d’une tige comportant un nœud et d’une lunette circulaire en verre entourée de rayons (ostensoir-soleil) à l’intérieur de laquelle est placée la lunule.

Patène : Petit plat circulaire posé sur le calice servant à l’offrande et à la consécration des hosties. L’intérieur est plan et lisse, l’extérieur porte un monogramme ou un symbole eucharistique.

Pyxide :
Ciboire de petites dimensions servant à porter l’eucharistie aux malades ayant la forme d’une simple coupe sur une petite base.

Thabor :
Petite estrade en métal ou bois doré servant à surélever l’ostensoir lorsqu’il n’est pas présenté sous un trône d’exposition (sorte de dais à colonnettes placé au-dessus du tabernacle).

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Calendrier liturgique

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Les couleurs du temps liturgique

Afin de permettre aux fidèles de mieux comprendre et de mieux participer aux célébrations, l’Église depuis plusieurs siècles a choisi de symboliser la signification de la célébration au travers des couleurs des ornements du prêtre. Dans l’ancienne liturgie on les retrouvait sur l’étole, le manipule, la chasuble, le voile du calice, la bourse et parfois le cordon de l’aube (aujourd’hui essentiellement sur l’étole et la chasuble).
Chaque jour une couleur particulière est liée à la fête célébrée. Plus largement au cours de l’année liturgique qui débute par l’Avent, période précédant Noël, une couleur est associée à chaque grande période.

 Violet  : Couleur des périodes d’attente et de pénitence que sont les temps de l’Avent et du Carême mais aussi de deuil comme le Vendredi Saint, le 2 novembre (fidèles défunts) et généralement pour la célébration des obsèques. Le noir n’est plus utilisé dans la nouvelle liturgie.

 Blanc  : Couleur associée à la joie des grandes fêtes : temps de Noël, Jeudi Saint, temps de Pâques, Christ Roi, Présentation, Saint Jean-Baptiste, Transfiguration, Assomption de la Sainte Vierge, Toussaint, Dédicace de Saint Jean de Latran. Le blanc est également utilisée pour les fêtes des saints non martyrs.

 Rouge  : Couleur du sang, du feu et de la royauté, le rouge est utilisé le jour des Rameaux, pour la fête de Saint Pierre et Saint Paul, l’exaltation de Sainte Croix, la Pentecôte et tous les saints martyrs.

 Vert  : Couleur de la vie et de l’espérance, le vert correspond au temps ordinaire (c’est-à-dire en dehors des autres temps énumérés ci-dessus).

 

La chasuble

La chasuble, casula (appelée encore suivant les pays et les époques casubla, planeta, mantel), vêtement de dessus dont le prêtre se revêt pour offrir le Saint-Sacrifice, est cette paenula gréco-romaine que nous venons de voir figurer dans la loi de 382, vaste manteau de laine de forme ronde ou conique, percé en son milieu d’un trou pour y passer la tête et souvent muni d’un capuchon. Elle fut dès l’origine le vêtement de tous les Chrétiens, elle resta par excellence celui des clercs qui la portèrent indistinctement dans les fonctions liturgiques jusqu’au IXe siècle, époque où prévalut l’usage de la dalmatique pour le diacre, de la tunique pour le sous-diacre.

Les mosaïques de Rome et de Ravenne (VIe et VIIe siècles) nous ont conservé de remarquables types de ces paenulae ou casulae primitives si graves dans leur simplicité, si symboliques dans leur ampleur.

Aux lainages souples, dont la plupart de ces chasubles étaient faites, succédèrent au IXe siècle les somptueuses soieries byzantines ; à l’ornementation sobre, composée d’étroits galons, destinés d’abord moins à décorer la chasuble qu’à en cacher les coutures, furent substitués les riches orfrois, chefs d’œuvre de peinture à l’aiguille, que remplacèrent à leur tour, à la Renaissance, et jusque dans nos temps actuels, les lourdes broderies en bosse ; aussi tant pour la commodité des mouvements que pour diminuer le poids du vêtement, la vaste planète primitive perdit sa forme circulaire pour devenir successivement elliptique, rectangulaire.

D’autre part la décoration, constituée d’abord par deux galons ou étroites colonnes posées sur chaque face de la chasuble, aux coutures principales prenait suivant la fantaisie de l’artiste, la forme d’une fourche à deux ou trois branches, d’un arbre de vie ou d’une croix véritable.

Depuis trois quarts de siècle la grande chasuble toujours en vigueur aux jours d’Avent et de Carême dans plusieurs métropoles et dans certains ordres religieux réapparaît sur de très multiples points. À Rome on s’en sert particulièrement pour la célébration du culte des martyrs aux Catacombes ; elle est d’un usage courant en Belgique, et tend de plus en plus à prévaloir en France, en Allemagne, en Angleterre.

« Seigneur, dit le prêtre en revêtant la chasuble, vous qui avez dit : mon joug est suave et mon fardeau léger, accordez-moi de le porter de manière à obtenir votre grâce ». Symbole du Joug du Seigneur, elle l’est encore et surtout de la charité. « Recevez, dit l’évêque au nouvel ordonné, ce vêtement sacerdotal qui signifie la charité, Dieu est assez puissant pour développer en vous l’amour et la perfection de votre activité ».

La chasuble sacerdotale sert essentiellement au Saint-Sacrifice. En dehors de cette fonction le prêtre la revêt aux processions solennelles du Saint-Sacrement et à la Messe pontificale. Le diacre et le sous-diacre en font usage aux Messes de l’Avent et du Carême, à la bénédiction des cierges le 2 février, à la cérémonie du matin, le Vendredi-Saint. La chasuble doit être bénite.

 

Le manipule

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Le manipule, appelé encore au moyen âge sudarium, mappula, fanon, ne se distinguait pas à l’origine de cette mappa ou mouchoir de cérémonie dont les Romains avaient accoutumé de se servir pour essuyer la sueur du visage ou se garantir la tête du soleil. Porté d’abord par les diacres de l’Église romaine, l’usage s’en étendit aux évêques, aux prêtres, aux sous-diacres et même aux clercs inférieurs. Au XIe siècle il fut attribué aux seuls ordres majeurs et devint comme tel, l’insigne particulier du sous-diaconat.

L’habitude prise de plisser la mappula lui fit donner le nom de manipulus, manipule, petite gerbe. Vers le IXe siècle la mappula de lin se transforme en bande étroite décorée de broderies, aux deux extrémités de laquelle on ajouta quelquefois de petites pièces plus riches en forme de carré ou de trapèze. Des franges ou des glands achevaient d’orner ce parement.

L’Église aime voir dans le manipule le symbole du travail et de la pénitence d’ici-bas que couronnera une joie éternelle. L’évêque, l’imposant au nouveau sous-diacre, l’invite à le recevoir comme une exhortation aux bonnes œuvres, et le prêtre, s’en revêtant, demande à Dieu la grâce « de porter le manipule des larmes et des douleurs afin de recevoir dans l’allégresse la récompense de son labeur ».
Le manipule doit être béni.

L’évêque, le prêtre, le diacre et le sous-diacre font usage du manipule à la Messe seulement. Par exception les ministres sacrés prennent leur manipule pour la bénédiction des Rameaux ; mais ils le déposent pour la procession qui suit.

 

L’étole

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À l’orarium romain correspond l’orarium ou stola liturgique, primitivement simple voile de lin en usage d’abord chez les diacres orientaux, à qui semble en revenir l’innovation dans les fonctions liturgiques, puis importé en Occident et enfin adopté à Rome.

Comme la mappula ou manipule, l’orarium de toile ne tarda pas à devenir parement, riche bande ornée que les diacres portaient sur l’épaule gauche. La similitude qu’il offrait alors avec la précieuse bordure du vêtement romain nommé stola fut sans doute la raison pour laquelle on lui imposa ce dernier nom.

L’Orarium fut dès l’origine l’insigne caractéristique des diacres. Cependant, à Rome, il resta jusqu’au Xe siècle une partie accessoire du vêtement liturgique de tous les clercs, tant des ordres mineurs que des ordres majeurs. Ce n’est qu’à cette époque qu’il y devint, comme ailleurs, l’insigne réservé au diacre.

La forme de l’étole évolua parallèlement à celle du manipule. Comme ce dernier, l’étole fut dès sa transformation et resta jusqu’à nos jours, essentiellement une longue bande qui, tantôt rétrécie dans sa partie médiane et évasée à ses extrémités, tantôt uniformément étroite, était munie de une ou plusieurs croix et décorée sur toute sa longueur de riches broderies, parfois même de personnages.

L’étole sacerdotale est portée sur les deux épaules et s’impose sur le cou du prêtre, comme un signe de ce joug très doux et de ce fardeau des âmes que Notre-Seigneur veut rendre léger. L’Église aime encore à la présenter à ses ministres comme le symbole de la justice et de l’immortalité : « Rendez-moi, Seigneur, l’étole que la prévarication des premiers parents me fit perdre, puissé-je obtenir la joie éternelle, bien que je sois indigne de m’approcher de vos saints mystères ».

D’une façon générale, l’étole sert au prêtre et au diacre dans toutes les fonctions qui ressortissent de l’ordre sacré qu’ils ont reçu : Saint Sacrifice, administration des sacrements, bénédiction, exposition du Très Saint-Sacrement, etc.

L’étole sacerdotale se porte sur l’aube, croisée sur la poitrine ; l’évêque la laisse pendre sur les deux côtés sans la croiser, ce que fait aussi le prêtre lorsque portant l’étole sur le surplis, il ne peut la lier par le cordon d’aube. Le diacre la porte sur l’épaule gauche, les deux extrémités réunies sur le côté droit.

Suivant les ministres et les fonctions auxquelles sert l’étole, on distingue :
L’étole sacerdotale qui accompagne la chasuble et qui sert au prêtre pour la célébration du Saint-Sacrifice.
L’étole pastorale réservée pour l’administration des sacrements, la prédication, la communion du prêtre et lorsque en surplis il touche le Saint-Sacrement.
L’étole diaconale dont le diacre se revêt à la Grand’Messe, lorsqu il reçoit la Sainte-Communion, quand il doit toucher les vases sacrés qui contiennent l’Eucharistie et aux processions du Saint-Sacrement.
L’étole d’administration qui sert pour l’administration des sacrements aux malades.

Les étoles doivent être bénites.

 

Dalmatique et tunique

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Les plus anciens textes connus relatifs à la dalmatique datent de l’époque impériale et semblent lui donner pour origine la Dalmatie. Il est difficile de la distinguer à ses débuts de la tunica interiorqu’elle devait plus tard recouvrir ; elle se portait sous la toge ou la paenula, Commode et Héliogabale la mirent à la mode comme vêtement de dessus.

Il est certain qu’avant le VIe siècle, elle était déjà adoptée par le Pape et formait le vêtement distinctif des diacres romains. Dans la suite nous voyons le Souverain Pontife l’accorder en signe d’honneur à certains évêques et archidiacres ; au IXe siècle elle est portée par les évêques et les diacres, partout où s’est introduit le rit romain. C’est un vêtement blanc, ample, à larges manches, orné de bandes couleur pourpre, disposées verticalement et appelées clavi.

Le costume des sous-diacres se fixa plus lentement, c’est au VIIe siècle selon les uns, au IXe seulement selon les autres qu’ils paraissent définitivement revêtus de la tunica linea ou stricta, appelée aussi dalmatica minor, tunicella. C’est un vêtement talaire fait de lin blanc, à manches longues et étroites, sans clavi, ni ornements.

L’apparition du canon des couleurs vers l’an 1000, et sa fixation au XIIe siècle, inaugure pour les deux vêtements la série des transformations. Du XIIIe au XVe siècle, on hésite sur le mode de leur décoration, les clavi jugés inséparables de la dalmatique blanche disparaissent, puis reparaissent sous forme d’orfrois, auxquels on ajoute une ou deux bandes transversales. Les siècles qui suivirent ont déformé comme à plaisir les deux vêtements et les ont complètement identifiés, au mépris de la tradition et des prescriptions du cérémonial des évêques.

Le symbolisme de la dalmatique et de la tunique – l’innocence et la joie – leur vient de celui que l’Église attribue à la couleur blanche qui, longtemps, fut obligatoirement la leur. « Que le Seigneur, dit l’évêque au diacre en lui imposant la dalmatique, vous revête de l’habit de la félicité et de la robe de la joie et qu’il vous environne toujours de la dalmatique de la justice ».

Vêtements de joie, la dalmatique diaconale et la tunique sous-diaconale n’apparaissent qu’aux fonctions et aux bénédictions solennelles. Aux temps de pénitence, Avent et Carême, elles sont remplacées par l’antique casula. Cependant à certains jours où prévaut l’allégresse, les ministres peuvent s’en revêtir, tels les dimanches de Gaudete et Laetare, la Vigile de Noël, le Samedi Saint, la Vigile et les Quatre Temps de la Pentecôte.

Il n’est pas obligatoire mais il est convenable que la dalmatique et la tunique soient bénites avec la formule pour les ornements in genere.

 

La chape

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Il est admis généralement que la chape liturgique, grand manteau semi-circulaire que le prêtre revêt dans les fonctions solennelles en dehors du Saint-Sacrifice, n’est qu’un doublet de la chasuble et dérive comme elle de l’antique paenula. Ce vêtement appelé suivant les pays casulaplaneta, cappa, devait sous ce dernier nom évoluer parallèlement à la chasuble et garder pendant longtemps avec cette dernière, dans la coupe et l’ornementation, des traces d’une si étroite parenté.

En effet les deux vêtements, après s’être confondus longtemps dans une même forme, se distinguèrent d’abord par une ouverture antérieure qui, pratiquée à certaines cappae, fut toujours absente à la casula en usage pour le St-Sacrifice, puis par le capuchon qui, supprimé à la casula, fut maintenu sur la cappa. Cependant de même que plusieurs chasubles gardèrent un vestige de ce capuchon dans la disposition de l’orfroi dorsal, telle celle de Saint Thomas Becket (trésor de la cathédrale de Sens), de même plusieurs chapes prirent de la chasuble ses formes d’ornementation, telle la chape conservée au musée de Lyon. Quelques chapes gardèrent leur capuchon, un plus grand nombre le perdirent. Il ne devait réapparaître, transformé en chaperon qu’au XVe siècle et, sous cette forme, prévaloir jusqu’à nos jours.

Les chapes du Moyen-Âge qui nous sont restées sont pour la plupart couvertes de peintures à l’aiguille où sont retracées la vie de Notre-Seigneur, de la Sainte Vierge et des saints.

On voit, dès le VIe siècle (Ravenne, mosaïque de Saint Apollinaire), la chape munie d’un fermail que le moyen âge devait enrichir d’émaux et de pierreries. Aujourd’hui, ces sortes de boucles précieuses sont réservées aux évêques officiants dans leur diocèse.

Vêtement de cérémonie pour l’évêque et le prêtre, la chape est, sous une forme plus simple, accordée aux chantres et aux ministres inférieurs. Le célébrant, évêque ou prêtre, s’en revêt dans les offices solennels autres que la célébration de la Messe, et dans les fonctions où l’étole est prescrite, pour en rehausser la solennité.

Les liturgistes du moyen âge s’accordent à voir figurées dans ce vêtement festival la résurrection à venir et la joie du ciel. Par son ampleur, on peut ajouter que, comme la chasuble, elle symbolise la charité. La chape ne reçoit pas de bénédiction.