BIBLE, GLOIRE DE DIEU, JESUS-CHRIST

GLOIRE DE DIEU

LA GLOIRE DE DIEU

 

Au sens biblique de l’expression la gloire de Dieu désigne l’Etre même de Dieu, en tant qu’il se manifeste et se communique sans cesser d’être transcendant et de la glorification de Dieu, qui est la confession et la louange, par la créature, de la gloire essentielle de Dieu. Le but de tout le dessein créateur et rédempteur de Dieu est de manifester et de communiquer sa gloire à ses créatures dans son Fils, en retour les créatures lui « rendent gloire » c’est-à-dire proclament la grandeur de son être dans une admiration.  

Dans l’Ecriture

I – Dans l’Ancien Testament :

Les conceptions bibliques de l’être et de la gloire étant étroitement connexés, la gloire ne pourra appartenir en propre qu’au Dieu de l’exode et de la création qui a proclamé : « Je suis celui qui suis » (Exode 3,14). La gloire de Dieu est la splendeur de l’Etre par excellence. Mis en présence de la gloire de Dieu, l’homme ne peut que ressentir un effroi sacré, procédant non seulement de la conscience de son impureté morale, mais aussi du sentiment de sa fragilité radicale, ontologique : « On ne peut voir Dieu sans mourir ». (Exode 33,20). Les séraphins eux-mêmes se voilent la face devant sa gloire. Pourtant si Dieu manifeste sa gloire, c’est en définitive par amour et miséricorde à la créature qui avoue sa pauvreté radicale et se laisse arracher à sa suffisance, au faible et à l’opprimé qui reconnaissent ne rien pouvoir pour eux-mêmes. Dieu communique une stabilité et une puissance qui ne doivent rien à la chair et au sang ; il les consacre en les introduisant en quelque sorte dans sa sphère propre. Malgré les multiples manifestations de la gloire de Yahvé dont elle est jalonnée, l’histoire d’Israël est celle d’une longue infidélité qui aboutira finalement à la catastrophe de l’exil.

La manifestation eschatologique de la gloire de Dieu : Le rétablissement messianique sera la parfaite manifestation de Dieu : sa gloire remplira toute la terre, comme l’entrevoyait par avance Isaïe dans sa vision inaugurale 6,3, Jérusalem restaurée sera elle-même une théophanie parce que Dieu lui aura communiqué quelque chose de sa propre sainteté en la délivrant de ses ennemis, en rassemblant son peuple, en lui assurant la prospérité matérielle, et surtout en y faisant régner la justice qui est comme une participation à sa propre nature. (Isaïe. 1, 26 – 4, 2-3).

 

La glorification de Dieu : La méditation qui s’épanouit en louange est un véritable sacrifice spirituel ; elle est une glorification de Dieu préférable aux sacrifices sanglants ; et elle introduit le fidèle dans une communion savoureuse avec son Dieu mieux que la participation aux viandes immolées. La louange et l’action de grâces sont une manière de reconnaître la seigneurie du Dieu dont on a contemplé les merveilles, elles sont une confession de foi.

II – Dans le Nouveau Testament : La manifestation de la gloire de Dieu dans le Christ. La gloire de Jésus Christ et la Parousie : Saint Mathieu et saint Marc parlent de cette gloire : « Alors on verra le Fils de l’homme venir dans des nuées avec grande puissance et gloire ». La vie chrétienne est essentiellement une attente de cet achèvement. C’est alors seulement que Jésus transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps glorieux (2 Thessaloniciens 1,10) que nous verrons face à face et que nous connaîtrons comme nous sommes connus. La gloire pascale de Jésus Christ et la gloire présente du Chrétien : L’humanité de Jésus Christ, qui durant sa vie terrestre était passible et mortelle, marquée par les suites du péché d’Adam, a été ressuscitée par la gloire du Père, elle est maintenant entièrement spiritualisée c’est-à-dire vivifiée par la puissance divine (pneuma) et non plus par un principe vital naturel (psyché). La gloire dont Jésus Christ ressuscité est revêtu le constitue Image de Dieu ; elle le manifeste pleinement dans ses prérogatives de Fils de Dieu; il possède alors le Nom au – dessus de tout nom, c’est-à-dire qu’il participe même dans son humanité à l’Etre Divin (Romains 1,4..) Jésus Christ Ressuscité est ainsi l’Adam céleste qui inaugure une création nouvelle, spirituelle et incorruptible, pénétrée de cette gloire divine, que le 1er Adam avait perdue pour toute sa descendance. (Romains 3,23). Le chrétien connaît Dieu à travers l’action que Jésus Christ exerce sur lui pour le configurer à son image par son Esprit. Éprouver cette transformation intérieure, c’est faire la rencontre intime et personnelle de Jésus Christ qui vit en nous (Galates. 2,20). La gloire dans la vie terrestre de Jésus : « Nul n’a jamais vu Dieu » (Jean 1,18) mais Dieu s’est rendu accessible dans le Christ qui nous révèle le Père. Parlant du Verbe incarné, Jean pourra écrire : «Nous avons vu sa gloire » et voir la gloire de Jésus, c’est voir le Père. (12,45). La gloire de Dieu est pour Jean comme pour toute la tradition, la manifestation de l’Etre Intime de Dieu. La Passion est pour Jean la manifestation de l’amour de Jésus pour les hommes et de l’amour du Père pour Jésus. En même temps, par sa Passion, Jésus glorifie le Père et nous manifeste son nom parce qu’elle révèle l’amour du Père pour les hommes. La gloire de Jésus Christ dans sa préexistence: Paul attribue clairement à Jésus Christ la préexistence, en vertu de laquelle il possède la gloire de droit. C’est en vertu de cette préexistence que Jésus Christ, vraie Sagesse de Dieu, qui remplit toutes choses, a pu jouer un rôle d’intermédiaire dans la création.

La glorification de Dieu : Selon le Nouveau Testament, tout le dessein du salut trouve son accomplissement dans la glorification de Dieu par les hommes, devenues ses fils adoptifs en Jésus-Christ. La louange émerveillée et joyeuse des créatures qui découvrent le visage de Dieu, qui est Amour, à travers les dons de sa grâce, est le but ultime de toute l’économie rédemptrice. En s’incarnant, le Verbe a communiqué radicalement sa gloire à toute la masse humaine ; mais pour que cette gloire puisse se répandre effectivement en chacun des membres du Christ, il faut q’un contact s’établisse entre eux et l’humanité glorieuse du Seigneur par les Sacrements. C’est seulement sur la base de la restauration de l’image divine dans l’âme par l’illumination baptismale et de l’union corporelle contractée par le chrétien avec Jésus Christ dans la communion eucharistique, que pourra se développer la vie spirituelle, moyennant la synergie de la grâce et de la liberté.

La gloire de Dieu et la fin de la création : Irénée écrivait : « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme c’est la vision de Dieu ». Saint Grégoire de Nazianze : « Lorsque le Fils immortel pour se faire une nouvelle gloire eut créé l’homme, il lui donna pour fin d’être lui même Dieu. » Saint Grégoire de Nysse : « Ce qui glorifie Dieu c’est de faire des participants de sa gloire. Le Créateur de la nature humaine n’a été amené par aucune nécessité à créer l’homme, mais il a ménagé la naissance d’un tel être, dans la surabondance de son amour. Sa lumière ne devait pas rester invisible, ni sa gloire sans témoin, ni sa bonté sans profit, ni non plus inactives toutes les autres choses dont s’entoure à nos yeux la nature divine. L’homme est donc appelé à la vie pour prendre part aux biens de Dieu. »

 

Article du Dictionnaire de spiritualitéchrist en gloire