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La Case de l’Oncle Tom

La Case de l’oncle Tom

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La Case de l’oncle Tom (Uncle Tom’s Cabin) est un roman de l’écrivain américaine Harriet Beecher Stowe. Publié d’abord sous forme de feuilleton en 1852, il vaut le succès immédiat à son auteur. Le roman eut un profond impact sur l’état d’esprit général vis-à-vis des Afro-Américains et de l’esclavage aux États-Unis ; il est un des facteurs de l’exacerbation des tensions qui menèrent à la Guerre de Sécession.

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Harriet Beecher-Stowe (1811-1896)

Stowe, née dans le Connecticut et pasteur à la Hartford Female Academy, était une abolitionniste convaincue. Elle centre son roman sur le personnage de l’oncle Tom, un esclave noir patient et tolérant autour duquel se déroulent les histoires d’autres personnages, aussi bien esclaves que blancs. Ce roman sentimental dépeint la réalité de l’esclavage tout en affirmant que l’amour chrétien peut surmonter une épreuve aussi destructrice que l’esclavage d’êtres humains.

La Case de l’oncle Tom est le roman le plus vendu du xixe siècle et le second livre le plus vendu de ce même siècle, derrière la Bible. On considère qu’il aida à l’émergence de la cause abolitionniste dans les années 1850. Dans l’année suivant sa parution, 300 000 exemplaires furent vendus aux États-Unis. L’impact du roman est tel qu’on attribue à Abraham Lincoln ces mots, prononcés lorsqu’il rencontre Harriet Stowe au début de la guerre de Sécession : « C’est donc cette petite dame qui est responsable de cette grande guerre. »

Le roman, et encore plus les pièces de théâtre qu’il inspira, contribuèrent également à la création de nombreux stéréotypes concernant les Noirs, dont beaucoup persistent encore aujourd’hui. On peut citer l’exemple de la mammy, servante noire placide et affectueuse, des enfants noirs à moitié habillés aux cheveux en bataille, et de l’oncle Tom, serviteur dévoué et endurant, fidèle à son maître ou sa maîtresse blancs. Plus récemment, les associations négatives avec le roman ont, dans une certaine mesure, éclipsé l’impact historique de La Case de l’oncle Tom en tant que livre antiesclavagiste

 

Inspiration et références

Harriet Stowe écrit ce roman en réponse à l’adoption en 1850 du second Fugitive Slave Act, qui entend punir ceux qui aident les esclaves fugitifs en diminuant leurs droits ainsi que ceux des esclaves libérés. La majeure partie du livre est écrite à Brunswick dans le Maine où le mari de Harriet, Calvin Ellis Stowe, enseigne au Bowdoin College.

Pour écrire La Case de l’oncle Tom, Stowe s’inspire en partie de l’autobiographie de Josiah Henson, un Noir qui vécut et travailla dans une plantation de tabac de 15 km² appartenant à Isaac Riley et située à North Bethesda dans le Maryland. Henson échappe à l’esclavage en 1830 en s’enfuyant dans la province du Haut-Canada (à présent l’Ontario), où il aida d’autres esclaves à s’échapper et à devenir autonomes, et où il écrivit ses mémoires, – et probablement encore plus de l’autobiographie de Frederick Douglass. Lorsque l’œuvre de Stowe devint célèbre, Henson publia à nouveau ses mémoires sous le titre Les Mémoires de l’oncle Tom, et voyagea aux États-Unis et en Europe.

Le roman de Stowe a donné son nom à la demeure de Henson, devenue Uncle Tom’s Cabin Historic Site, près de Dresden, en Ontario, et transformée en musée depuis les années 1940. La véritable cabane dans laquelle Henson vécut lorsqu’il était esclave existe toujours dans le comté de Montgomery, dans le Maryland.

American Slavery As It Is: Testimony of a Thousand Witnesses, un livre coécrit par Theodore Dwight Weld et les sœurs Angelina et Sarah Grimké, est également à l’origine d’une partie du contenu du roman. Stowe affirma également avoir fondé son livre sur des entretiens avec des esclaves fugitifs, rencontrés lorsqu’elle vivait à Cincinnati dans l’Ohio, ville proche du Kentucky qui était alors un état esclavagiste. Le chemin de fer clandestin avait des sympathisants abolitionnistes à Cincinnati. Ce réseau aidait activement les esclaves à s’échapper des États du Sud.

Harriet Stowe mentionne une partie des sources d’inspiration utilisées pour son roman dans A Key to Uncle Tom’s Cabin, publié en 1853. Ce livre, qui au contraire de La Case de l’oncle Tom n’est pas une fiction, est écrit pour soutenir les affirmations de Stowe concernant l’esclavage. Cependant, des études ultérieures ont tenté de démontrer que Stowe ne lut la plupart des œuvres mentionnées qu’après la publication de son roman.

Publication

La Case de l’oncle Tom est d’abord publié en feuilleton de 40 épisodes dans le National Era, un journal abolitionniste, à partir du 5 juin 1851. Au vu de la popularité de l’histoire, l’éditeur John Jewett propose à Harriet Stowe de transformer le feuilleton en roman pour une publication en volume. Bien que Stowe n’était pas du tout certaine que La Case de l’oncle Tom serait lu une fois publié en volume, elle consentit finalement à cette requête.

Convaincu que le livre serait aimé par le public, Jewett prend la décision (inhabituelle pour l’époque) de faire graver pour la première édition six illustrations pleine page par Hammatt Billings. Publié en volume le 20 mars 1852, le roman est bientôt épuisé et d’autres éditions sont imprimées peu après (en particulier une édition de luxe en 1853, comptant 117 illustrations de Hammatt Billings).

Pendant sa première année de publication, 300 000 exemplaires de La Case de l’oncle Tom sont vendus. Le livre est traduit dans de nombreuses langues et devient finalement le deuxième livre le plus vendu après la Bible.

La Case de l’oncle Tom se vend également bien en Grande-Bretagne, où la première édition est publiée en mai 1852 et s’écoule à 200 000 exemplaires. En quelques années, plus de 1,5 million d’exemplaires sont mis en circulation en Grande-Bretagne , la plupart étant des copies illégales (le même phénomène eut lieu aux États-Unis). Certaines des premières éditions contiennent une introduction par le révérend James Sherman, ministre du culte protestant londonien, bien connu pour ses convictions abolitionnistes.

Résumé

Elisa s’enfuit avec son fils, Tom est vendu sur le Mississippi

Au xixe siècle, dans le Kentucky, État sudiste, Mr Shelby, riche planteur, et son épouse, Emily, traitent leurs esclaves avec bonté. Mais le couple craint de perdre la plantation pour cause de dettes et décide alors de vendre deux de leurs esclaves : Oncle Tom, un homme d’âge moyen ayant une épouse et des enfants, et Henri , le fils d’Elisa, servante d’Emily. Cette idée répugne à Emily qui avait promis à sa servante que son fils ne serait jamais vendu ; et le mari d’Emily, George Shelby, ne souhaite pas voir partir Tom qu’il considère comme un ami et un mentor.

Lorsqu’Elisa surprend Mr et Mme Shelby en train de discuter de la vente prochaine de Tom et Henri, elle décide de s’enfuir avec son fils. Le roman précise que la décision d’Elisa vient du fait qu’elle craint de perdre son unique enfant survivant (elle a déjà perdu deux enfants en couches). Elisa part le soir même, laissant un mot d’excuse à sa maîtresse.

Pendant ce temps, Oncle Tom est vendu à Augustin St. Clare et embarque sur un bateau qui s’apprête à descendre le Mississippi. À bord, Tom rencontre une jeune fille blanche nommée Evangeline, qui est la fille de son maître, et se lie d’amitié avec elle. Lorsque Eva tombe à l’eau, Tom la sauve. Pour le remercier, le père d’Eva lui donne des biscuits.

La famille d’Elisa est pourchassée, tandis que Tom vit chez les St. Clare

Au cours de sa fuite, Elisa retrouve son mari Georges Harris, qui s’était échappé de sa plantation auparavant. Ils décident d’essayer de gagner le Canada. Ils sont cependant poursuivis par un chasseur d’esclaves nommé Tom Loker. Loker finit par piéger Elisa et sa famille, ce qui conduit Georges à tirer sur Loker. Ne souhaitant pas que Loker meure, Elisa convainc George d’amener le chasseur d’esclaves jusqu’à un village quaker proche pour qu’il y soit soigné.

De retour à La Nouvelle-Orléans, Augustin St. Clare discute de l’esclavage avec sa cousine nordiste Ophelia qui, bien qu’opposée à l’esclavage, a cependant des préjugés contre les Noirs. St. Clare considère que lui n’a pas de préjugés, bien que possédant des esclaves. Dans une tentative pour montrer à Ophelia que ses idées concernant les Noirs sont erronées, il achète Topsy, une jeune esclave noire, et demande à Ophelia de l’éduquer.

Deux ans après que Tom fut arrivé chez les St. Clare, Eva tombe gravement malade. Avant de mourir, elle a une vision du paradis, qu’elle partage avec les personnes qui l’entourent. En conséquence de cette vision et de la mort d’Eva, les autres personnages décident de modifier leur manière de vivre : Ophelia promet de se débarrasser de ses préjugés contre les Noirs, Topsy de s’améliorer et Augustin St. Clare d’affranchir (libérer) l’oncle Tom.

Tom est vendu à Simon Legree

Augustin St. Clare est poignardé en entrant dans une taverne de La Nouvelle-Orléans et meurt avant de pouvoir tenir sa promesse. Sa femme revient sur la promesse de son mari décédé et vend Tom aux enchères à un propriétaire malveillant nommé Simon Legree. Legree, originaire du nord, emmène Tom dans une région rurale de la Louisiane, où Tom fait la connaissance des autres esclaves de Legree, et en particulier d’Emmeline, que Legree a achetée en même temps que Tom. La haine de Legree pour Tom naît lorsque celui-ci refuse son ordre de fouetter un autre esclave. Legree bat sauvagement Tom, et décide de broyer la foi en Dieu de son nouvel esclave. Cependant, malgré la cruauté de Legree, Tom refuse de cesser de lire sa Bible et de réconforter les autres esclaves. À la plantation, Tom rencontre Cassy, une autre esclave de Legree, qui a été séparée de son fils et de sa fille lorsque ceux-ci ont été vendus ; incapable de supporter la vente d’un autre de ses enfants, elle a tué son troisième.

Tom Loker fait à ce moment sa réapparition dans l’histoire ; à la suite de sa guérison par les quakers, il a profondément changé. George, Elisa et Henry ont obtenu leur liberté après être parvenus au Canada. En Louisiane, l’oncle Tom succombe presque au désespoir alors que sa foi en Dieu est mise à l’épreuve par les rigueurs de la plantation. Il a cependant deux visions, une de Jésus et une d’Eva, qui renouvellent sa détermination à rester un chrétien fidèle, même si sa vie est en jeu. Il encourage Cassy à s’enfuir, ce qu’elle fait en emmenant Emmeline avec elle. Lorsque Tom refuse de révéler à Legree leur destination, ce dernier ordonne à ses employés de tuer Tom. Alors qu’il est mourant, Tom pardonne aux employés de l’avoir battu. Impressionnés par la personnalité de l’homme qu’ils ont tué, les deux hommes deviennent chrétiens. Juste avant la mort de Tom, Georges Shelby, le fils d’Arthur Shelby (le maître original de Tom), apparaît pour acheter la liberté de Tom, mais se rend compte qu’il arrive trop tard.

Dernière partie

Sur le bateau qui les emmène vers la liberté, Cassy et Lucy rencontrent la sœur de Georges Harris et l’accompagnent au Canada. Une fois arrivée, Cassy découvre que Elisa est sa fille, qui avait été vendue enfant et dont elle n’avait pas eu de nouvelles depuis. Leur famille enfin reconstituée, ils partent pour la France puis finalement pour le Liberia, nation africaine créée pour les anciens esclaves d’Amérique, où ils retrouvent le fils de Cassy, également perdu de vue depuis longtemps. Georges Shelby retourne dans sa plantation du Kentucky et libère tous ses esclaves, en leur disant de se souvenir du sacrifice de Tom et de sa foi dans la véritable signification du christianisme.

Personnages principaux

L’oncle Tom

L’oncle Tom, le personnage éponyme, est un esclave chrétien possédant patience et noblesse d’âme. Plus récemment, son nom est cependant devenu une épithète désignant les Afro-Américains accusés de s’être vendus aux Blancs. Pour Stowe, Tom est un héros noble et digne d’éloges. Tout au long du roman, bien loin de se laisser exploiter, Tom défend ses croyances et est même admiré à contrecœur par ses ennemis.

Eva

Eva, dont le véritable nom est Evangeline St. Clare est la fille d’Augustin St.Clare qui, durant une période, est le maître de Tom. Eva est gentille, souriante, généreuse, belle, compatissante et elle se lie d’amitié avec tous les esclaves de son père. Elle devient très vite amie de Tom

Simon Legree

Legree

Simon Legree est un maître cruel, né dans le Nord, dont le nom est devenu synonyme d’avidité. Son but est de démoraliser Tom au point de le faire abandonner sa foi religieuse ; il finit par battre Tom à mort par frustration devant la foi inébranlable de son esclave en Dieu. Le roman révèle qu’il a, dans sa jeunesse, abandonné sa mère malade pour partir en mer, et qu’il a ignoré sa lettre le priant de venir la voir une dernière fois sur son lit de mort. Il exploite sexuellement Cassy, qui le méprise, puis porte son désir sur Emmeline.

Personnages secondaires

La Case de l’oncle Tom met en scène un grand nombre de personnages secondaires. Parmi les plus importants, on peut citer :

Arthur Shelby, le maître de Tom dans le Kentucky. Shelby est présenté comme un « bon » maître, stéréotype du gentleman du Nord.

Emily Shelby, épouse d’Arthur Shelby. C’est une femme profondément croyante qui s’efforce d’exercer une influence bénéfique et morale sur ses esclaves. Elle est scandalisée lorsque son mari vend ses esclaves à un marchand, mais en tant que femme ne possède pas de moyen légal de s’y opposer puisque la propriété appartient à son mari.

Georges Shelby, fils d’Arthur et d’Emily, qui considère Tom comme un ami et comme le chrétien parfait.

Augustin St. Clare, second maître de Tom et père d’Eva. Le plus compréhensif des possesseurs d’esclaves rencontrés dans le roman. St. Clare est un personnage complexe, souvent sarcastique et à l’esprit vif. Après une cour difficile, il a épousé une femme qu’il a fini par mépriser, bien qu’il soit trop poli pour le montrer. St. Clare est conscient du mal que constitue l’esclavage, mais il ne veut pas renoncer à la richesse qu’il lui apporte. Après la mort de sa fille, il devient plus sincère dans ses convictions religieuses et commence à lire la Bible de Tom. Il compte finalement prendre parti contre l’esclavagisme en libérant ses esclaves, mais ses bonnes intentions ne sont pas concrétisées.

Topsy, une jeune esclave un peu vaurien. Lorsqu’on lui demande si elle sait qui l’a créée, elle professe son ignorance de Dieu et de sa mère, en disant : « J’pense que j’ai grandi. J’pense pas que quelqu’un m’ait créée. » Elle est transformée par l’amour de la petite Eva. Pendant la première moitié des années 1900, plusieurs fabricants de poupées créèrent des poupées à l’effigie de Topsy. L’expression « grandir comme Topsy », à présent un peu archaïque, est passée dans la langue anglaise, d’abord avec la notion de croissance imprévue puis juste celle de croissance impressionnante.

Mademoiselle Ophelia, cousine d’Augustin St. Clare venant du Vermont, personnage pieux, travailleur et abolitionniste. Elle met en évidence les sentiments ambigus des Nordistes envers les Afro-américains à l’époque. Elle est opposée à l’esclavage, mais l’idée d’esclave en tant qu’individu lui répugne, du moins au début.

Thèmes abordés

Un thème unique domine La Case de l’oncle Tom : celui du caractère maléfique et immoral de l’esclavage. Bien que Stowe aborde d’autres thèmes mineurs tout au long du roman, comme l’autorité morale de la mère de famille ou encore la possibilité de rédemption offerte par le christianisme, elle donne beaucoup d’importance à leurs liens avec les horreurs de l’esclavage. Elle aborde le thème de l’immoralité de l’esclavage quasiment à chaque page du livre, lui arrivant même parfois de changer de point de vue narratif afin de donner une véritable homélie sur la nature destructrice de l’esclavage (telle cette femme blanche sur le bateau conduisant Tom vers le sud : « La pire des choses dans l’esclavage, à mon avis, est son atrocité envers les sentiments et l’affection – la séparation des familles, par exemple. »). L’une des manières pour Stowe de dénoncer l’esclavage était de montrer comment cette « bizarre institution » forçait les familles à se séparer.

Harriet Stowe considérait le statut de mère comme « le modèle éthique et structurel pour toute l’Amérique » et pensait que seules les femmes avaient l’autorité morale pour sauver les États-Unis du démon de l’esclavage ; c’est pourquoi un autre thème majeur de La Case de l’oncle Tom est le pouvoir moral et le caractère saint de la femme. À travers des personnages comme Eliza, qui fuit l’esclavage pour sauver son jeune fils (et finit par réunir sa famille entière), ou Petite Eva, qui est considérée comme « la chrétienne idéale », Stowe montre de quelle manière elle pense que les femmes peuvent sauver leurs prochains des pires injustices. Bien que des critiques notèrent plus tardivement que les personnages féminins de Stowe constituent souvent des clichés domestiques plutôt que des femmes réalistes, le roman « réaffirma l’importance de l’influence des femmes » et ouvrit la voie aux mouvements pour les droits des femmes qui se manifestèrent dans les décennies suivantes.

Les croyances religieuses puritaines de Stowe se révèlent dans le thème général qui sous-tend le roman, qui n’est autre que l’exploration de la nature du christianisme et de la manière dont Stowe pense qu’il est fondamentalement incompatible avec l’esclavage. Ce thème est fortement présent lorsque Tom exhorte St. Clare à « regarder vers Jésus » après la mort de sa fille bien-aimée Eva. Après la mort de Tom, George Shelby fait l’éloge de Tom en disant : « C’est quelque chose que d’être chrétien ». De par le rôle important joué par les thèmes chrétiens dans La Case de l’oncle Tom – et à cause de l’utilisation répétée dans le roman d’interventions de l’auteur elle-même sur la religion et la foi – le livre prend souvent « la forme d’un sermon ».

Style

La Case de l’oncle Tom est écrit dans le style mélodramatique et sentimental commun aux romans sentimentaux et à la « fiction domestique » (ou fiction féminine) du xixe siècle. Ces genres de récits étaient parmi les plus populaires au temps de Stowe et mettaient en général en scène des personnages principaux féminins, dans un style visant à provoquer compassion et émotion chez le lecteur. Bien que le livre de Stowe diffère des romans sentimentaux en s’intéressant à un thème plus large, l’esclavage, et en ayant un homme comme personnage principal, il cherche cependant à susciter une forte émotion chez ses lecteurs (en provoquant par exemple les larmes lors de la mort de Petite Eva). La force de ce style d’écriture est manifeste lorsqu’on se réfère aux réactions des lecteurs contemporains de Stowe. Georgiana May, une amie de Stowe, écrit dans une lettre à l’auteur : « Je suis restée éveillée la nuit dernière bien après une heure du matin, pour finir La Case de l’oncle Tom. Je ne pouvais pas plus l’abandonner que je n’aurais pu abandonner un enfant mourant ». Un autre lecteur est décrit comme étant obsédé à tout moment par le livre et comme ayant pensé à renommer sa fille Eva. La mort de Petite Eva affecta de manière évidente un grand nombre de personnes à l’époque puisqu’à Boston, au cours de la seule année 1852, ce prénom fut donné à 300 petites filles.

Malgré ces réactions positives de la part des lecteurs, les critiques littéraires méprisèrent durant des années le style dans lequel La Case de l’oncle Tom et d’autres romans sentimentaux étaient écrits, du fait que ces livres étaient rédigés par des femmes et présentaient de manière si évidente un « sentimentalisme féminin ». Un critique littéraire affirma que si le roman n’avait pas abordé le thème de l’esclavage, « il n’aurait été qu’un autre roman sentimental », tandis qu’un autre décrivit le livre comme « l’œuvre d’un écrivaillon ».

Ce n’est pas l’avis de Jane Tompkins, professeur d’anglais à l’université de l’Illinois à Chicago. Dans son livre In Sensational Designs: The Cultural Work of American Fiction (1985). Tompkins fait l’éloge de ce style que tant d’autres critiques avaient méprisé, écrivant que les romans sentimentaux montraient comment les émotions féminines avaient le pouvoir d’améliorer le monde. Elle affirme également que les fictions domestiques populaires du xixe siècle, dont La Case de l’oncle Tom fait partie, étaient remarquables de par leur « complexité intellectuelle, leur ambition et leur ingéniosité » ; et que La Case de l’oncle Tom offrait « une critique de la société américaine bien plus dévastatrice que d’autres effectuées par des auteurs plus connus tels que Hawthorne ou Melville ».

Réactions et critiques

Dès sa publication, le livre a donné lieu à une importante controverse, suscitant des protestations de la part des défenseurs de l’esclavage (qui firent paraître un certain nombre d’autres livres en réponse à celui-ci) et des éloges de la part des abolitionnistesLe roman influença profondément des œuvres protestataires postérieures, telle La Jungle d’Upton Sinclair.

Réactions contemporaines

Dès sa publication, La Case de l’oncle Tom indigne les habitants du Sud américain. Le roman est également violemment critiqué par les partisans de l’esclavage .

L’écrivain sudiste William Gilmore Simms déclara que le livre était entièrement faux, tandis que d’autres qualifièrent le roman de criminel et diffamatoire. Les réactions allèrent d’un libraire de Mobile dans l’Alabama qui fut obligé de quitter la ville parce qu’il avait mis le roman en vent, à des lettres de menace adressées à Stowe elle-même (qui reçut même un paquet contenant une oreille coupée appartenant à un esclave). De nombreux écrivains sudistes, tel Simms, écrivirent peu après leur propre livre en réaction à celui de Stowe (voir la section anti-Tom ci-dessous).

Certains critiques soulignèrent le manque d’expérience de Stowe concernant la vie du Sud, affirmant que ce manque d’expérience l’avait poussée à produire des descriptions inexactes de la région. Elle n’avait quasiment jamais mis les pieds dans le Sud et n’avait jamais véritablement été dans une plantation sudiste. Stowe affirma cependant toujours qu’elle avait bâti ses personnages sur des récits faits par des esclaves fugitifs lorsqu’elle vivait à Cincinnati, dans l’Ohio. On rapporte que Stowe eut l’occasion d’assister à plusieurs incidents qui la poussèrent à écrire le roman. Des scènes qu’elle observa sur l’Ohio, en particulier un mari et une femme séparés au cours d’une vente, ainsi que des articles de journaux et des entretiens lui fournirent de la matière pour le développement de l’intrigue.

En réponse à ces critiques, Stowe publia en 1853 A Key to Uncle Tom’s Cabin, tentant de montrer la véracité de la description de l’esclavage faite dans La Case de l’oncle Tom à travers des documents historiques. Dans ce livre, Stowe considère chacun des principaux personnages du roman et cite des personnes équivalentes ayant réellement existé, tout en fustigeant à nouveau l’esclavagisme du Sud de manière plus agressive encore que dans le roman lui-même. Tout comme La Case de l’oncle TomA Key to Uncle Tom’s Cabin eut également un grand succès. Il doit cependant être noté que, bien que Harriet Stowe prétendit que A Key to Uncle Tom’s Cabin traitait des sources qu’elle avait consultées au moment d’écrire son roman, elle ne lut une grande partie des œuvres mentionnées qu’après la publication de celui-ci.

D’après le fils de l’auteur, lorsqu’Abraham Lincoln rencontra Stowe en 1862, il déclara : « C’est donc cette petite dame qui est responsable de cette grande guerre. » L’avis des historiens diverge sur la véracité de cette anecdote, et dans une lettre que Stowe écrivit à son mari quelques heures après avoir rencontré Lincoln on ne trouve mention nulle part de cette phrase. Par la suite, de nombreux spécialiste considérèrent que le roman concentra la colère du Nord sur les injustices de l’esclavage et sur le Fugitive Slave Act, et attisa les ardeurs du mouvement abolitionniste. Le général de l’Union et politicien James Baird Weaver affirma que le livre le persuada de devenir actif au sein du mouvement abolitionniste.

La Case de l’oncle Tom souleva également un grand intérêt en Grande-Bretagne. La première édition londonienne parut en mai 1852 et se vendit à 200 000 exemplaires. Une partie de cet intérêt était dû à l’antipathie éprouvée par les britanniques envers les États-Unis. Comme l’expliqua un écrivain de l’époque, « les sentiments que La Case de l’oncle Tom déchaîna en Angleterre n’étaient pas la vengeance ou la haine [de l’esclavage], mais plutôt une jalousie et une fierté nationale. Nous avons longtemps souffert de la suffisance de l’Amérique – nous sommes fatigués de l’entendre se vanter d’être le pays le plus libre et le plus éclairé qu’ait connu le monde. Notre clergé hait son système de volontariat – nos Tories haïssent ses démocrates – nos Whigs haïssent ses parvenus – nos radicaux haïssent ses manières procédurières, son insolence et son ambition. Tous les partis saluèrent Mme Stowe comme une insurgée au sein du camp ennemi ». Charles Francis Adams, ambassadeur des États-Unis en Angleterre durant la guerre, affirma plus tard que « La Case de l’oncle Tom, publié en 1852, exerça, grâce à des circonstances principalement fortuites, une influence sur le monde plus immédiate, plus considérable et plus spectaculaire qu’aucun autre livre jamais imprimé ».

Le livre a été traduit dans plusieurs langues, y compris en chinois (la traduction du roman par le traducteur Lin Shu fut la première traduction en chinois d’un roman américain) et en amharique (la traduction datant de 1930 fut effectuée dans le but de soutenir les efforts de l’Éthiopie visant à atténuer les souffrances des Noirs). Le livre fut lu par tant de personnes que Sigmund Freud rapporta un certain nombre de cas de tendances sado-masochistes chez des patients, qui selon lui avaient été influencés par la lecture de scènes de La Case de l’oncle Tom où des esclaves se faisaient fouetter.

À partir de 1845, l’usage s’établit au Carnaval de Paris de baptiser pour la fête les Bœufs Gras qui défilent à la promenade du Bœuf Gras. Le nom est choisi en fonction des œuvres littéraires à succès du moment, ou en rapport avec des événements importants récents, ou une chanson à la mode. Le premier Bœuf Gras baptisé ainsi s’appelera Le Père Goriot. En 1853, l’immense succès remporté en France par La Case de l’oncle Tom fait que les trois Bœufs Gras qui défilent du 6 au 8 février sont baptisés du nom de héros de ce livre : Père-TomShelby et Saint-Clare

Impact littéraire et critique

La Case de l’oncle Tom fut le premier roman à teneur politique à être lu par un grand nombre de personnes aux États-Unis. À ce titre, il influença grandement le développement non seulement de la littérature américaine mais aussi de la littérature engagée en général. Un certain nombre de livres publiés après La Case de l’oncle Tom doivent beaucoup au roman de Stowe ; on peut citer en particulier La Jungle d’Upton Sinclair et Printemps silencieux de Rachel Carson. (« L’histoire de la quarteronne » – Case de l’Oncle Tom, chap. 34 – a aussi d’étroites ressemblances avec la nouvelle Le Diable, de Léon Tolstoï.)

Malgré son importance incontestable, La Case de l’oncle Tom est perçu par l’opinion populaire comme « un mélange de conte pour enfants et de propagande ». Le roman a également été décrit par nombre de critiques littéraires comme étant « tout juste un roman sentimental » , tandis que le critique George Whicher affirma dans son Histoire littéraire des États-Unis que « Mme Stowe ou son ouvrage ne peuvent justifier du succès considérable du roman ; son talent en tant qu’écrivain amateur n’était en rien remarquable. Elle avait tout au plus une certaine maîtrise des stéréotypes en termes de mélodrame, d’humour et de pathos, et son livre est composé de ces éléments populaires .

D’autres critiques ont cependant fait l’éloge du roman : Edmund Wilson déclara que « démontrer une telle maturité dans l’écriture de La Case de l’oncle Tom prouve une expérience étonnante. » Jane Tompkins affirme que le roman est un classique de la littérature américaine et émet l’hypothèse que de nombreux critiques littéraires ont boudé le livre pour la simple raison qu’il fut extrêmement populaire en son temps

Certains commentateurs  affirment que Stowe considérait que son roman offrait une solution aux dilemmes politiques et moraux qui troublaient de nombreux opposants à l’esclavage. Stowe était une fervente chrétienne, et abolitionniste.

Léon Tolstoï « [citait] comme exemple de l’art religieux le plus élevé, né de l’amour de Dieu et du prochain, en littérature:… La Case de l’oncle Tom, etc. »

Les expertsconsidèrent également que le roman véhicule les valeurs et les idées du Parti du sol libre. Dans cette optique, le personnage de George Harris personnifie le principe du travail libre, tandis que le personnage complexe d’Ophelia représente les nordistes qui toléraient un compromis avec l’esclavage. À l’opposé d’Ophelia est Dinah, qui agit de manière passionnée. Au cours du roman Ophelia se transforme, de la même manière que le Parti Républicain qui proclama trois ans plus tard que le Nord devait se transformer et défendre ses principes antiesclavagistes.

Des théories féministes peuvent également être vues à l’œuvre dans le livre de Stowe, le roman constituant une critique de la nature patriarcale de l’esclavage. Pour l’auteur, les liens formant la famille étaient avant tout les liens du sang plutôt que les relations paternalistes entre maîtres et esclaves. De plus, Stowe considérait la solidarité nationale comme une extension de la famille, le sentiment d’appartenir à une nation ayant donc ses racines dans le fait de partager une race. Par conséquent, elle prêchait la colonisation de l’Afrique pour les esclaves libérés et non leur intégration dans la société américaine.

Le livre a également été considéré comme une tentative de redéfinition de la masculinité en tant qu’étape nécessaire vers l’abolition de l’esclavage. Dans cette optique, les abolitionnistes avaient commencé à rejeter la vision de l’homme agressif et dominant que la conquête et la colonisation du début du xixe siècle avaient mis en avant. Dans le but de modifier la notion de virilité de telle manière que les hommes puissent s’opposer à l’esclavage sans mettre en danger leur image ou leur place dans la société, certains abolitionnistes se rapprochèrent de principes tels que le droit de vote des femmes, la chrétienté ou la non-violence, et firent l’éloge de la compassion, de la coopération et de l’esprit civique. D’autres courants du mouvement abolitionniste prônaient une action masculine plus agressive et plus conventionnelle. Tous les hommes dans le roman de Stowe sont des représentants de l’un ou l’autre de ces courants.

Création et popularisation de stéréotypes

Au cours des dernières décennies, aussi bien lecteurs que spécialistes ont critiqué le roman pour ses descriptions racistes et condescendantes des personnages noirs, en particulier en ce qui concerne leur apparence, leur manière de parler et leur comportement, mais aussi la nature passive de l’oncle Tom face à son destin. L’importance de la création par le roman de nouveaux stéréotypes ainsi que son usage de stéréotypes déjà existants est d’autant plus grande que La Case de l’oncle Tom fut le roman le plus vendu au monde au xixe siècle. En conséquence, le livre (ainsi que les images l’illustrant et les pièces de théâtre associées) contribua grandement à implanter de manière permanente ces stéréotypes dans la mentalité américaine.

Parmi les stéréotypes de Noirs présents dans La Case de l’oncle Tom se trouvent :

Le happy darky, incarné par le personnage paresseux et insouciant de Sam ;

Le mulâtre à la peau claire utilisé comme objet sexuel (personnages d’Eliza, Cassy et Emmeline) ;

La mammy à la peau noire, de nature affectueuse (à travers plusieurs personnages, en particulier Mammy, une cuisinière à la plantation St. Clare) ;

Le stéréotype de l’enfant Noir Pickaninny (personnage de Topsy) ;

L’oncle Tom, ou afro-américain trop désireux de plaire aux Blancs (personnage de l’oncle Tom). Stowe voyait Tom comme un « héros noble. » L’image de Tom représenté comme un « imbécile servile s’inclinant devant les Blancs » provient manifestement des adaptations scéniques du roman, sur lesquelles Stowe n’avait aucun contrôle.

Au cours des décennies récentes, ces associations négatives ont éclipsé de manière importante l’impact historique de La Case de l’oncle Tom en tant que « outil antiesclavagiste vital. » Ces changements dans la perception du roman prennent racine dans un essai de James Baldwin intitulé Everybody’s Protest Novel. Dans cet essai, Baldwin qualifie La Case de l’oncle Tom de « très mauvais roman », racialement stupide et à l’esthétique grossière.

Dans les années 1960 et 1970, les mouvements du Black Power et du Black Arts attaquèrent le roman, affirmant que le personnage de l’oncle Tom se livrait à une « trahison raciale » et que Tom faisait apparaître les esclaves comme étant pires que les maîtres. Les critiques visant les autres stéréotypes présents dans le livre augmentèrent également durant cette période.

Ces dernières années cependant, des spécialistes tels que Henry Louis Gates Jr. ont commencé à réévaluer La Case de l’oncle Tom, affirmant que le livre est « un document central dans les relations interraciales en Amérique et une importante exploration morale et politique des caractéristiques de ces relations. »

Littérature anti-Tom

En réponse à La Case de l’oncle Tom, certains écrivains du Sud des États-Unis produisirent des livres destinés à combattre le roman de Stowe. Cette littérature, ainsi appelée littérature anti-Tom, était en général pro-esclavagiste, soutenant que les questions portant sur l’esclavagisme telles qu’elles étaient posées dans le livre de Stowe étaient trop sentencieuses et incorrectes. Les romans de ce genre présentaient généralement un maître blanc patriarcal et bienveillant et une épouse à l’âme pure, gouvernant tous deux des esclaves semblables à des enfants au sein d’une plantation à l’atmosphère familiale et bienveillante. Les romans sous-entendaient ou affirmaient ouvertement que les Afro-Américains étaient semblables à des enfants, incapables de vivre sans être directement supervisés par des Blancs.

Parmi les plus célèbres livres anti-Tom se trouvent The Sword and the Distaff de William Gilmore Simms, Aunt Phillis’s Cabin de Mary Henderson Eastman et The Planter’s Northern Bride de Caroline Lee Hentz, cette dernière ayant été une amie proche de Stowe lorsqu’elles vivaient toutes deux à Cincinnati. Le livre de Simms fut publié quelques mois après le roman de Stowe et contient un certain nombre de discussions contestant le livre de Stowe et sa vision de l’esclavage. Le roman de Caroline Lee Hentz, paru en 1854, lu par de nombreuses personnes à l’époque mais à présent largement oublié, présente une défense de l’esclavage à travers les yeux d’une femme du Nord, fille d’un abolitionniste, qui épouse un propriétaire d’esclaves du Sud.

Durant la décennie s’étendant entre la publication de La Case de l’oncle Tom et le début de la guerre de Sécession, entre vingt et trente livres anti-Tom furent publiés. Parmi ces romans se trouvent deux livres intitulés Uncle Tom’s Cabin As It Is, l’un de W.L. Smith et l’autre de C.H. Wiley. Plus de la moitié de ces œuvres anti-Tom furent écrits par des femmes blanches, ce que Simms commenta en parlant de « l’apparente justice poétique du fait qu’une femme du Sud réponde à la femme du Nord (Stowe). »

Traductions et adaptations

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Nègres marrons surpris par des chiens (1893) aussi connu comme Esclaves repris par les chiens, est une œuvre de Louis Samain, sise à Bruxelles, qui évoque un épisode du roman La Case de l’oncle Tom.

La case de l’oncle Tom a été traduit en français, pour la première parution, par Émile de La Bédollière (La Case du père Tom ou Vie des nègres en Amérique, Barba, 1852) ; entre 1852 et 1856 La Case de l’Oncle Tom n’eut pas moins de huit traductions différentes en français et dix-neuf éditions. Louis Carion, Léon Pilatte, Léon de Wally et Edmond Auguste Texier… sont quelques-uns des traducteurs. En 1861, traduction de Louis Barré. (B. Renault, 1861) ; en 1862 (Michel Lévy) la traduction de Léon Pilatte est « augmentée d’une préface de l’auteur et d’une introduction par George Sand » ; en 1872, Harriet Beecher Stowe écrivit à Louise Swanton Belloc et Adélaïde de Montgolfier : « Je suis très-flattée, mesdames, que mon humble ami, Oncle Tom, ait des interprètes tels que vous pour le présenter aux lecteurs français. J’ai lu une traduction de mon livre en votre langue, et quoique assez peu familiarisée avec le français, j’ai pu voir qu’elle laissait beaucoup à désirer ; mais j’ai remarqué aussi dans la gracieuse et sociable flexibilité de la langue française une aptitude toute particulière à exprimer les sentiments variés de l’ouvrage, et je suis de plus convaincue qu’un esprit féminin prendra plus aisément l’empreinte du mien. »

Les Tom shows

Même si La Case de l’oncle Tom fut le livre le plus vendu du xixe siècle, à cette époque un nombre beaucoup plus important d’américains virent l’histoire sous forme de pièce de théâtre ou de comédie musicale que sous forme de livre. Eric Lott, dans son livre Uncle Tomitudes: Racial Melodrama and Modes of Production, estime qu’au moins 3 millions de personnes assistèrent à ces spectacles, ce qui représente dix fois les ventes du livre durant sa première année de parution.

Les lois de l’époque sur le copyright étant peu restrictives, des pièces de théâtre basées sur La Case de l’oncle Tom, appelées aussi Tom shows, commencèrent à apparaître alors que le roman n’était pas encore entièrement publié. Stowe refusa d’autoriser l’adaptation de son œuvre à cause de sa méfiance puritaine envers le théâtre (bien qu’elle finisse cependant par assister à la version de George Aiken et, selon Francis Underwood, fut charmée par l’interprétation par Caroline Howard du personnage de Topsy). Le refus de Stowe laissa le champ libre à nombre d’adaptations, certaines créées pour des raisons politiques et d’autres uniquement pour des raisons commerciales.

Il n’y avait à l’époque aucune loi sur le copyright international. Le livre et les pièces de théâtre furent traduits dans plusieurs langages ; Stowe ne reçut que peu d’argent et fut privée des trois quarts de ses revenus légitimes.

Tous les Tom shows semblent avoir incorporé des éléments de mélodrame et de minstrel show. Ces pièces variaient beaucoup dans leurs opinions politiques : certaines reflétaient de manière fidèle les vues antiesclavagistes de Stowe, tandis que d’autres étaient plus modérées, voire pro-esclavagistes. Beaucoup de productions présentaient des caricatures racistes et humiliantes des Noirs, tandis qu’un grand nombre d’entre elles utilisaient également des chansons de Stephen Foster (en particulier My Old Kentucky HomeOld Folks at Home, et Massa’s in the Cold Ground). Les Tom shows les plus connus furent ceux de George Aiken et H.J. Conway.

Les nombreuses variantes théâtrales de La Case de l’oncle Tom « dominèrent la culture populaire du Nord pendant plusieurs années » au cours du xixe siècle et les pièces étaient toujours jouées au début du xxe siècle.

L’une des variantes les plus originales et controversées fut Mickey’s Mellerdrammer de Walt Disney, un film distribué par United Artists sorti en 1933. Le titre est une corruption du mot melodrama (mélodrame), destiné à évoquer les premiers minstrel shows, et le film est un court métrage mettant en scène les personnages de Disney, Mickey Mouse et ses amis, montant leur propre adaptation de La Case de l’oncle Tom.

Mickey était déjà de couleur noire, mais l’affiche du film le montre habillé et maquillé en blackface avec des lèvres orange proéminentes, des rouflaquettes blanches et abondantes faites en coton et des gants blancs, qui font à présent partie de son costume habituel.

Les adaptations :

Cinéma

La Case de l’oncle Tom a été adapté de nombreuses fois au cinéma. La plupart des adaptations cinématographiques furent réalisées à l’ère du cinéma muet (La Case de l’oncle Tom est d’ailleurs l’histoire la plus souvent filmée durant cette période). Ceci était dû à la popularité toujours grande à la fois du roman et des Tom shows, ce qui signifiait que le public était déjà familier avec les personnages et l’histoire, rendant ainsi les films sans paroles plus compréhensibles.

La première version de La Case de l’oncle Tom fut l’un des premiers longs métrages (bien que le terme long métrage désignait à l’époque une durée comprise entre 10 et 14 minutes). Sorti en 1903 et réalisé par Edwin S. Porter, le film était joué par des acteurs blancs déguisés en Noirs pour les rôles principaux et n’utilisait des acteurs Noirs qu’en tant que figurants. Cette version était similaire à beaucoup des premiers Tom shows et faisait figurer un grand nombre de stéréotypes sur les Noirs (en faisant par exemple danser les esclaves dans n’importe quel contexte, en particulier à une vente d’esclaves).

En 1910, la Vitagraph Company of America produisit une adaptation réalisée par J. Stuart Blackton et adaptée par Eugene Mullin. Selon le Dramatic Mirror, ce film était une « innovation marquée » dans le domaine du cinéma et « la première fois qu’une compagnie américaine » faisait sortir un film en trois bobines. Jusque-là, les longs métrages de l’époque ne faisaient que 15 minutes de long et contenaient une seule bobine de film. Le film était joué par Clara Kimball Young, Marie Eline, Florence Turner, Mary Fuller, Charles Kent, Edwin R. Phillips, Flora Finch, Genevieve Tobin et Carlyle Blackwell.[80]

Au cours des deux décennies suivantes, plusieurs autres adaptations cinématographiques virent le jour :

en 1910 : Uncle Tom’s Cabin, film muet réalisé par Barry O’Neil, avec Frank Hall Crane et Anna Rosemond.

en 1913 : Uncle Tom’s Cabin, film muet réalisé par Sidney Olcott, avec Miriam Cooper.

en 1913 : Uncle Tom’s Cabin, film muet réalisé par Otis Turner, avec Margarita Fischer.

en 1914 : Uncle Tom’s Cabin, film muet réalisé par William Robert Daly, avec Paul Scardon.

en 1918 : Uncle Tom’s Cabin, film muet réalisé par J. Searle Dawley.

La dernière version muette est sortie en 1927. Réalisée par Harry A. Pollard (qui avait joué l’oncle Tom dans la version de 1913), ce film long de deux heures mit plus d’un an à être réalisé et fut le troisième film le plus cher de l’ère du cinéma muet (avec un budget de 1,8 million de dollars). L’acteur noir Charles Gilpin, d’abord choisi pour le rôle-titre, fut renvoyé lorsque le studio trouva sa performance « trop agressive ». Le rôle de Tom échut ensuite à James B. Lowe. Une différence entre ce film et le roman est qu’après la mort de Tom, celui-ci revient sous la forme d’un esprit vengeur et affronte Simon Legree, avant de le mener à la mort. Les médias Noirs de l’époque firent l’éloge du film, mais le studio, craignant une réaction de la part du public blanc et sudiste, finit par couper au montage les scènes prêtant à controverse, en particulier la séquence d’ouverture du film où une mère est arrachée à son enfant lors d’une vente d’esclaves. L’histoire fut adaptée par Pollard, Harvey F. Thew et A. P. Younger, avec des titres de Walter Anthony. Le film était joué par James B. Lowe, Stymie Beard, Raymond Massey, Virginia Grey, George Siegmann, Margarita Fischer, Mona Ray et Madame Sul-Te-Wan.[81]

Pendant plusieurs décennies après la fin du cinéma muet, la matière du roman de Stowe fut jugée trop sensible pour être à nouveau l’objet d’adaptations cinématographiques. En 1946, la Metro-Goldwyn-Mayer envisage de filmer l’histoire, mais arrête la production après des protestations de la part de la National Association for the Advancement of Colored People.

Une adaptation en allemand, Onkel Toms Hütte, réalisée par le hongrois Géza von Radványi, sort en 1965, avec Mylène Demongeot, O. W. Fischer, Herbert Lom. Elle fut distribuée aux États-Unis par Kroger Babb. Une version française de ce film existe : La Case de l’oncle Tom qui a été éditée en cassette VHS par René Chateau.

Télévision

En 1987 est diffusé Uncle Tom’s Cabin, un téléfilm réalisé par Stan Lathan, avec Avery Brooks, Phylicia Rashad, Edward Woodward, Jenny Lewis, Samuel L. Jackson et Endyia Kinney.

Dessins animés

En plus des adaptations en film, des versions de La Case de l’oncle Tom virent le jour sous forme de dessins animés : Mellerdrammer (1933) de Walt Disney, où Mickey Mouse joue la pièce de théâtre déguisé en Noir ; Southern Fried Rabbit (1953) avec Bugs Bunny, où Bugs se déguise en oncle Tom et chante My Old Kentucky Home afin de traverser la ligne Mason-Dixon ; Uncle Tom’s Bungalow (1937), un dessin animé des Warner Brothers supervisé par Tex Avery ; Eliza on Ice (1944), l’un des premiers dessins animés mettant en scène Mighty Mouse, produit par Paul Terry ; et Uncle Tom’s Cabaña (1947), un dessin animé de 8 minutes réalisé par Tex Avery.

Héritage et influence au cinéma

La Case de l’oncle Tom a également influencé un grand nombre de films, en particulier Naissance d’une nation. Cette œuvre controversée, sortie en 1915, utilisait une cabane similaire à la maison de l’oncle Tom pour le point culminant de l’action, où des Sudistes blancs s’unissent à leurs anciens ennemis (des soldats Yankees) pour défendre ce que la légende du film décrit comme leur « origine caucasienne ». Selon les experts, cette réutilisation d’une cabane familière aurait trouvé un écho auprès du public de l’époque.

Parmi les autres films influencés par La Case de l’oncle Tom ou utilisant le roman se trouvent Dimples (un film de 1936 avec Shirley Temple), Uncle Tom’s Uncle (un épisode des Petites Canailles de 1926), son remake de 1932 intitulé Spanky, la comédie musicale de Rodgers et Hammerstein Le Roi et moi (dans laquelle un ballet intitulé Small House of Uncle Thomas est joué dans le style traditionnel du Siam) et Gangs of New York (où les personnages de Leonardo DiCaprio et Daniel Day-Lewis assistent à une adaptation imaginaire de La Case de l’oncle Tom).

 

Harriet Beecher Stowe (1811-1896)

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Elizabeth Harriet (ou Henriette) Beecher Stowe, née le 14 juin 1811 à Litchfield et morte le 1er juillet 1896 à Hartford, est une femme de lettres américaine, philanthrope, militante abolitionniste et féministe. Son roman d’inspiration chrétienne, humaniste et féministe, La Case de l’oncle Tom (1852), vendu à des millions d’exemplaires est reçu comme un électrochoc pour la conscience publique américaine, il dénonçait le commerce et l’institution de l’esclavage au moment où les tensions légales et sociales entre esclavagistes du Sud et abolitionnistes du Nord devenaient de plus en plus tendues. Elizabeth Harriet Beecher Stowe a écrit plus de vingt livres, dont des romans, trois mémoires de voyage et des collections d’articles et de lettres.

 

Biographie

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Portrait par David d’Angers

Jeunesse et formation

Elizabeth Harriet est septième de onze enfants de la fille de Lyman Beecher, un pasteur presbytérien, et de Roxana Foote Beecher Parmi les onze enfants, sept fils deviendront des pasteurs, dont Henry Ward Beecher, figure majeure de l’émancipation des Afro-Américains. Sa soeur aînée Catherine Beecher sera une pionnière du droit des femmes à l’éducation, et sa soeur cadette Isabella Beecher Hooker sera une des fondatrices de la National Women’s Suffrage Association

Bien que sa famille soit puritaine, elle est ouverte aux problèmes sociaux et à la réforme de la société. Sa mère meurt quand elle a cinq ans, son père se remarie avec Harriet Porter Beecher. Dès son enfance, elle est invitée à participer aux débats lors des repas, ce qui lui donne un maniement de l’argumentation, de la rhétorique.

En 1832, son père fonde un séminaire de théologie à Cincinnati dans l’Ohio. Elizabeth devient alors professeure et se lance dans l’écriture avec les Scènes et types descendant des pèlerins qu’elle publiera en 1843 sous le titre de The Mayflower (Fleur de mai, du nom du navire anglais (Mayflower) d’émigrants arrivé en Amérique du Nord en 1620).

Carrière

En 1833, elle publie son premier livre Primary Geography où elle célèbre les diverses cultures qu’elle pu connaître.

Avec son mari Calvin Stowe, collègue de son père, elle s’engage dans le combat abolitionniste. Leurs opinions anti-esclavagistes ouvertement déclarées font qu’ils doivent quitter la ville de Cincinnati pour se réfugier à Brunswick dans le Maine. La parution de La Case de l’oncle Tom en 1852 se vend la première année à 300 000 exemplaires, durcissant les tensions entre le Sud et le Nord en fustigeant la civilisation sudiste et enflamme les abolitionnistes.

Selon Wendell Phillips, Stowe a récolté une audience que les abolitionnistes avaient semé ; cependant, si après son succès littéraire Stowe est restée à l’écart des activités publiques des groupes abolitionnistes, elle a aussi développé une amitié réelle empreinte de respect et de confiance avec le célèbre abolitionniste William Lloyd Garrison.

Elle avait auparavant publié quelques contes ou nouvelles. Forte de ce succès, elle tente de publier une suite en 1856, Dred, histoire du grand marais maudit. Mais le titre ne rencontre pas la même ferveur populaire que La Case de L’oncle Tom qui restera son ouvrage incontournable, et qui connut un immense succès en Amérique et en Europe et fut traduit dans de nombreuses langues.

Avec son frère le révérend Henry Ward Beecher, elle soutient moralement et financièrement Myrtilla Miner qui a ouvert à Washington une académie d’enseignement supérieur pour former des jeunes femmes afro-américaines au métier d’institutrice malgré les vives oppositions rencontrées

Vie personnelle

En 1836, elle épouse un pasteur, le révérend Calvin Stowe, prenant ainsi le nom d’Harriet Beecher Stowe.

Elle repose au Phillips Academy Cemetrey d’Andover (Massachussetts)  aux côtés de son époux

 

Œuvres (sélections)

 Éditions contemporaines

Traductions françaises

Dès sa parution en 1852 La case de l’oncle Tom va être traduit en français

La case du Père Tom, ou Vie des nègres en Amérique (trad. Emile de La Bédollière), G. Barba (Paris), 1852, 112 p. (

traduction abrégée qui sera suivi en 1853 par une traduction en deux volumes :

La case de l’oncle Tom, ou Sort des nègres esclaves. (trad. Louis Carion), Dentu (Paris), 1853, volume 1 : 245 p, volume 2 : 220 p.

Ses oeuvres majeures seront régulièrement traduites et rééditées durant le XIX° siècle et début du XX° siècle dont la sélection suivante :

Fleur de mai, nouvelles américaines, par Henriette Beecher Stowe (trad. La Bédollière, ill. Janet-Lange), G. Barba, 1852, 32 p. 

La Clef de la « Case de l’oncle Tom », contenant les faits et les documents originaux sur lesquels le roman est fondé (trad. Adolphe Joanne et Émile Daurand Forgues), Bureaux du Magasin pittoresque, 1853, 399 p. 

Nouvelles américaines, (trad. Alphonse Viollet), Charpentier, 1853, 330 p.

Noirs et blancs, scènes d’esclavage, Lebrun, 1856, 104 p. 

Souvenirs heureux : voyage en angleterre, en France et en Suisse (trad. Eugène Forçade), Michel Lévy Frères, 1857, 288 p. 

Dred, Histoire du grand marais maudit (2 volumes), Librairie centrale des publications illustrées, 1857

La fiancée du ministre (trad. H. de L’Espine), Hachette, 1864, 316 p.

Les petits renards ou les petites fautes qui troublent le bonheur domestique (trad. Fanny Duval), Société des haités religieux, 1870 (

A propos d’un tapis, ou, La science du foyer domestique, Neuchâtel, J. Sandoz, 1870, 202 p

nie domestique [« Pink and white tyranny »], Lausanne, Payot, 1870, 226 p. (

Une poignée de contes (trad. Léontine Rousseau), Bazin et Girardot, 1870, 102 p

Pussy Willow, ou, Fleur des champs et fleur de serre : histoire pour les jeunes filles, Neuchatel, Sandoz, 1871, 109 p. ),

Ma femme et moi (3 volumes) (trad. Hélène Janin), Sandoz et Fischbache, 1872-1877

Marion Jones : nouvelle américaine (trad. Émile de La Bédollière), Limoges, C. Barbou, 1882, 72 p. 

La rose thé : nouvelle américaine (trad. Émile de La Bédollière), Limoges, C. Barbou, 1882, 124 p. 

Les fleurs sous la neige : nouvelles américaines, Limoges, C. Barbou, 1882, 167 p. 

Le Petit Édouard, nouvelle américaine, Limoges, E. Ardant,, 1885, 63 p. 

Evangéline, Paris, A. Méricant, 1902, 128 p.

Marchands et chasseurs d’esclaves, Paris, A. Méricant, 1902, 128 p. 

 

 

 

 

AUTANT EN EMPORTE LE VENT, ETATS-UNIS, FILMS, HISTOIRE DE L'AMERIQUE, LITTERATURE, LITTERATURE AMERICAINE, LIVRE, LIVRES, LIVRES - RECENSION, MARGARET MITCHELL (1900-1949)

Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell

Autant en emporte le vent

Autant en emporte le vent (titre original en anglais Gone with the Wind) est un roman écrit par Margaret Mitchell au début du XXè siècle. Il est paru en 1936 et a reçu le prix Pulitzer en 1937.

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L’auteur

Durant son enfance, Margaret Mitchell a été bercée par des récits sur la Guerre de Sécession et sur les héros du Sud. Elle a vécu les conséquences de la guerre et a voulu transmettre ce que la Géorgie avait affronté. Le livre traduit aussi l’état d’esprit de l’auteur et de bon nombre de ses compatriotes sudistes : les Noirs sont présentés comme des êtres inférieurs.

 

L’histoire

Au printemps de l’année 1861, la vie s’écoule paisiblement en Géorgie. Des rumeurs de guerre circulent, car l’État de Géorgie a quitté l’Union pour devenir un État confédéré. Les Sudistes veulent garder leurs esclaves et ils sont sûrs d’être dans leur droit. Fiers et vaillants, ils ne se préoccupent de la guerre que pour alimenter leurs conversations. Ils sont persuadés que même si un conflit éclate, ils battront les Yankees en quelques mois. Malheureusement pour eux, la victoire n’aura existé que dans leurs rêves. Et la réalité, autant désastreuse pour les hommes sur le champ de bataille que pour les femmes, les enfants et les vieillards restés chez eux, ne tarde pas à se faire connaître.

À travers ce roman, nous partageons toute la désillusion de Scarlett O’Hara, jeune fille issue d’une riche famille de planteurs de coton.

Elle a 16 ans, elle est pleine de vie et de gaieté, et elle a plus de charme qu’aucune jeune fille du comté. Elle a toujours eu ce qu’elle voulait et les jeunes hommes qu’elle fréquente sont tous fous d’elle. Mais elle aime en secret Ashley Wilkes, le rêveur invétéré, passionné de littérature, de poésie et de musique. Lorsqu’elle apprend qu’il va épouser Mélanie Hamilton, elle est bouleversée et connaît son premier chagrin.

Telle une enfant gâtée, Scarlett va essayer de récupérer Ashley coûte que coûte, et elle prend en horreur Mélanie, la gentille Mélanie qui ne peut voir que ce qu’il y a de bien chez les gens. Le jour où elle apprend qu’Ashley va se marier, elle fait une rencontre peu commune. Dans ce monde où tout le monde respecte si bien les conventions, la voici face à face avec le ténébreux capitaine Rhett Butler : un homme qui se vante de ne pas être un gentleman, un homme que plus personne ne reçoit. Par dépit, ce même jour, elle accepte d’épouser Charles, frère de Mélanie.

Le mariage est de courte durée, son mari mourant de maladie, laissant Scarlett enceinte. Elle accouche d’un garçon (Wade) pour lequel elle n’éprouve guère de sentiments maternels. Écœurée de savoir sa vie de jeune femme joyeuse finie, elle est désespérée. Sa mère lui propose alors de rejoindre sa belle-sœur Mélanie à Atlanta. Elle accepte car c’est en vivant auprès de Mélanie qu’elle a le plus de chance de revoir Ashley, qu’elle espère toujours conquérir. Elle découvre là-bas les privations et doit participer aux soins aux blessés, ce qu’elle a en horreur. Ashley vient passer quelques jours de permission, et lorsqu’elle arrive enfin à passer un instant seule avec lui et espère qu’enfin il l’embrassera et se déclarera, celui-ci lui demande une faveur : prendre soin de Mélanie pendant son absence. En raison de la promesse qu’elle lui a faite ce jour-là, elle ne peut fuir lors du siège de la ville d’Atlanta car Mélanie est enceinte. L’accouchant dans des conditions pénibles, elle sollicite Rhett (qui en profite pour lui demander d’être sa maîtresse) pour l’aider à fuir la ville et regagner Tara. Elle a appris que sa mère était gravement malade et n’en peut plus d’être éloignée d’elle.

Scarlett revient chez elle pour découvrir sa mère morte et son père sombrant dans une folie douce. Le domaine a été ravagé et la famine guette. Scarlett se promet de sortir sa famille de cet état et devient déterminée, froide, calculatrice. Elle se bat pour sa survie et celle de sa famille. Sa plus fidèle alliée est Mélanie et Scarlett est impressionnée par son courage.

Pour être en mesure de payer les impôts démesurés qu’on lui demande pour Tara, elle retourne à Atlanta et sollicite en vain Rhett pour l’aider financièrement. Elle rencontre alors le fiancé de sa sœur Suellen, et découvrant qu’il a un peu d’argent de côté, lui ment en disant que sa sœur ne veut plus de lui et l’épouse. Ainsi elle sauve Tara sans se soucier des sentiments de sa sœur. Elle gère d’une main de fer les affaires de son mari tout en mettant au monde une petite fille (Ella) à laquelle elle n’accorde pas plus d’importance qu’à son frère. Bien qu’elle tente de le nier, elle éprouve de plus en plus de respect pour sa rivale Mélanie qui a partagé sa détresse à Tara. Parce qu’elle a été agressée physiquement, le mari de Scarlett, appartenant au Ku Klux Klan, organise une expédition punitive dans laquelle il perd la vie.

Bien que n’éprouvant aucun chagrin de ce nouveau veuvage, Scarlett a tendance à consommer de plus en plus d’alcool. Rhett la demande en mariage, et la perspective d’une vie à l’abri du besoin, et les plaisirs que pourront lui apporter la richesse la décident à dire oui. Elle met au monde Bonnie, pour laquelle elle éprouve plus de sentiments maternels que pour ses autres enfants et que Rhett adore. Cependant Ashley occupe encore trop souvent ses pensées, et elle fait comprendre à Rhett qu’elle ne veut plus de relations conjugales. Offensé, Rhett est contraint d’accepter. Scarlett, par avidité, accepte de commercer avec les profiteurs de guerre en anglais : les « carpetbaggers » et se met la bonne société d’Atlanta à dos. Lors d’évocations de moments du passé avec Ashley, celui-ci prend innocemment Scarlett dans ses bras, mais deux commères présentes répandent la rumeur de l’adultère. Le soir même, Rhett force Scarlett à se rendre chez Ashley et Mélanie pour une fête, dans l’intention de la voir affronter toute la société d’Atlanta qui la déteste déjà. Mélanie, candide et toujours prête à défendre Scarlett, quoi qu’il lui en coûte, se refuse à rien croire de tout ce qui lui a été rapporté et se pose comme un rempart entre Scarlett et la bonne société.

Scarlett rentre pour trouver son mari ivre qui l’entraîne dans la chambre conjugale. Scarlett se réveille métamorphosée et décidée à mener une vie familiale sereine (il faut lire entre les lignes de l’ouvrage écrit à une époque pudibonde : il est manifeste que Scarlett n’avait jamais éprouvé avant cette nuit de plaisir physique). Mais Rhett n’est pas du même avis et reproche à Scarlett d’être une mauvaise mère : il part plusieurs mois en voyage avec leur fille. La petite réclame malgré tout sa mère et quand il rentre, il trouve Scarlett enceinte. Goujat, il dit à Scarlett, furieuse de cette nouvelle grossesse, que des accidents arrivent, et qu’elle perdra peut-être l’enfant. Outrée, Scarlett veut le frapper mais elle tombe dans l’escalier. Elle fait une fausse couche et dans un délire plus ou moins conscient, réclame l’affection de Rhett. N’étant pas à ses côtés, il n’en sait rien. Lors de sa convalescence, Rhett effrayé d’avoir failli perdre Scarlett lui propose de reprendre le cours de leur vie conjugale : Scarlett accepte mais au même moment leur fille Bonnie fait une chute mortelle à cheval.

Rhett est anéanti et Scarlett l’accuse d’être responsable de la mort de Bonnie. Dès lors, aucune réconciliation n’est plus possible. Mélanie, enceinte, tombe gravement malade à la suite d’une fausse couche et agonise. Elle réclame la présence de Scarlett et lui recommande sur son lit de mort de prendre bien soin de Rhett, qui l’aime tant. C’est une révélation pour Scarlett : elle découvre enfin les sentiments qu’elle éprouve pour Mélanie sa rivale ainsi que son amour pour Rhett. Elle s’aperçoit aussi que ses sentiments pour Ashley ont disparu depuis longtemps. Comprenant qu’elle aime Rhett, elle se met à sa recherche, mais il a quitté la demeure des Wilkes car le spectacle de Mélanie, agonisante, lui est insupportable : Mélanie est la seule grande dame qu’il ait jamais connue, et il a beaucoup d’admiration et d’affection pour elle. Le retrouvant chez eux, Scarlett lui déclare enfin son amour mais il est trop tard. Rhett la quitte, lui signifiant clairement qu’il ne veut plus avoir affaire à elle. Conforme à son caractère, Scarlett n’accepte pas ce sort, et poussée par son nouvel amour, se promet de le reconquérir.

 

Personnages

Gérald O’Hara : père de Scarlett. Irlandais arriviste, il parvint à épouser Ellen Robillard. Sa fille préférée est sans aucun doute Scarlett qui lui ressemble le plus par son caractère. Personnage colérique mais qui a en fait bon cœur, il se plaît à croire qu’il mène tout à la baguette. Il meurt à la suite d’une longue folie après la mort de sa femme, se brisant le cou en sautant à cheval par-dessus une clôture (sa petite fille, Bonnie, mourra de la même façon).

Ellen O’Hara : mère de Scarlett. C’est une femme douce et une grande dame, qui n’hésite pas à venir en aide à ses voisins et aux Noirs malades. Elle a vécu un grand chagrin d’amour lorsque son cousin Philippe Robillard, qu’elle aimait, est forcé de quitter le pays. Par dépit, elle épouse à la surprise de tous Gerald O’Hara.

Mélanie Hamilton : épouse et cousine d’Ashley. Elle est incapable de voir le mal en quelqu’un et est toujours prête à aider son prochain. Toute la bonne société d’Atlanta s’arrache son amitié. Elle aime sincèrement Scarlett et l’a toujours soutenue malgré les rumeurs.

Ashley Wilkes : amour secret de Scarlett et mari de Mélanie, il vit dans un monde « imaginaire » et n’arrive pas à accepter la mort du Sud. C’est un grand rêveur. Il repousse Scarlett car celle-ci est trop réelle. À la mort de Mélanie, il s’aperçoit que c’est celle-ci qu’il a toujours aimée et que Scarlett n’était qu’un désir charnel. Par cette révélation, Scarlett s’aperçoit à son tour qu’elle ne l’a jamais aimé.

Charles Hamilton : Frère de Mélanie Hamilton et premier mari de Scarlett. C’est un homme affectueux et assez gauche avec les femmes. Il meurt dans un camp d’entraînement de pneumonie, sans connaître son fils et sans vraiment connaître sa femme.

Frank Kennedy : 2e mari de Scarlett, ancien fiancé de Suellen. Croyant que celle-ci était déjà mariée, et devant la douceur de Scarlett, il épouse celle-ci et sera toujours déconcerté par le sens des affaires de Scarlett qu’il trouve mauvais pour une femme. Présenté comme nerveux et toujours malade, nous découvrons en même temps que Scarlett qu’il est apparenté au Ku Klux Klan. C’est au cours d’une descente du Klan pour défendre l’honneur de Scarlett que Frank sera tué d’une balle dans la tête.

Suellen O’Hara : sœur cadette de Scarlett, elle est jalouse d’elle et finit par la détester définitivement lorsque celle-ci se marie avec son fiancé, Frank Kennedy, usant pour ceci d’un mensonge. Elle se marie avec Will Benteen, un homme issu d’une famille pauvre mais qui a aidé Scarlett à relever Tara. Ils gèrent ensuite la plantation.

Carreen O’Hara : plus jeune sœur de Scarlett, elle est d’un tempérament docile et très doux, contrairement à Suellen. Après la mort de son soupirant lors de la guerre, elle se réfugie dans un couvent à Charleston, incapable de revenir au monde réel. Elle est très croyante et c’est sûrement ce qui la sauvera avec son entrée au couvent.

 

La famille Butler

Scarlett O’Hara : jeune fille populaire, gâtée et volontaire. Scarlett fera tout pour garder sa terre et obtenir ce qu’elle veut. Elle épousera successivement Charles Hamilton, Frank Kennedy et Rhett Butler. Ce n’est qu’à la fin du roman qu’elle prendra conscience que son inclination pour Ashley n’est qu’une chimère et que son véritable amour est Rhett.

Rhett Butler : éternel amoureux de Scarlett, il deviendra son troisième mari. Il est souvent critiqué pour son comportement malséant en société, mais son charme fait oublier cela. C’est un homme très rusé en matière de finances. Pendant longtemps, il aime tendrement Scarlett.

Wade Hampton Hamilton : le timide fils de Scarlett et Charles.

Ella Lorena Kennedy : la fille frivole et sans charme de Scarlett et Frank Kennedy.

Eugenie Victoria « Bonnie Blue » Butler : la fille de Scarlett et Rhett ; celui-ci l’adule. Comme sa mère, elle est très gâtée par son père qui comble le manque affectif entre lui et Scarlett avec elle. Elle meurt tragiquement d’une chute de poney, en sautant une haie trop haute, de la même façon que son grand-père à qui elle ressemble beaucoup du reste. Ceci plonge ses parents dans un immense chaos affectif.

 

Contexte

Publié en juin 1936, à Noël suivant plus d’un million d’exemplaires était vendu. Il sera traduit en 14 langues et publié à plus de 35 millions d’exemplaires dans le monde. Il fera l’objet d’un film dès1939, devenu lui aussi un film culte, vu par des centaines de millions de spectateurs.

Le succès exceptionnel du roman est dû à ce que pour la première fois depuis la fin de la guerre de Sécession (1865), le drame subi par les populations du Sud est décrit avec beaucoup de passion et de réalisme. En effet, cette guerre est la première guerre totale qui suit la Révolution industrielle, qui multiplie de manière exponentielle les moyens de destruction ; dans un contexte de type « napoléonien », ou de guerre européenne du type xviiie siècle, le Sud aurait dû l’emporter parce que la majorité des cadres de l’armée s’y étaient ralliés et que les sudistes, majoritairement d’origine paysanne, étaient plus habitués que ceux du Nord à la vie rurale et donc à une campagne militaire. Or l’industrie du Nord a produit en masse des quantités énormes d’armements et d’équipements logistiques, comme les chemins de fer, qui ont submergé les armées confédérées, mal équipées ; la prise et le sac d’Atlanta, le 1er septembre 1864, anticipe les batailles de Madrid, pendant la guerre d’Espagne (1936-1939) et celles de Stalingrad et Berlin, pendant la Seconde Guerre mondiale ; les ravages subis par les États du Sud, entre septembre 1864 et la fin de la guerre en avril 1865 anticipent les destructions subies par l’Europe au cours des deux guerres mondiales. Par la publication de ce roman, l’opinion américaine prend conscience de ce que plusieurs dizaines de millions d’américains ont subi et que l’unité de la nation américaine s’est forgée dans une épreuve très dure, loin de l’histoire officielle.

La présentation, très positive, de l’action du Ku Klux Klan dans ce contexte a été l’objet de fortes critiques, alors même que cette organisation met en œuvre une campagne d’actes terroristes sur le sol américain, envers l’organisation syndicale Congrès des organisations industrielles, qu’elle accuse d’être communiste

 

Éditions françaises

La première édition française est sortie en 1938 chez Gallimard, dans une traduction de Pierre-François Caillé récompensée par le Prix Halpérine-Kaminsky. Il y a eu depuis plusieurs rééditions, notamment depuis 1976 dans la collection Folio en trois tomes : t. I, n° 740 t. II, n° 741 t. III, n° 742 en 1989 dans la collection Biblos avec une préface de J. M. G. Le Clézio , ou en 2003 dans la collection Quarto en un volume illustré de 1 248 pages

La traduction du titre du livre a été trouvée par l’éditeur Jean Paulhan dans le refrain de la Ballade en vieil langage Françoys de François Villon.

En 2020, le roman, qui est tombé dans le domaine public, fait l’objet d’une nouvelle traduction en français par Josette Chicheportiche, publiée aux éditions Gallmeister.

 

 

 

Margaret Mitchell

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Margaret Munnerlyn Mitchell (née le 8 novembre 1900 à Atlanta (Etats-Unis) et morte dans la même ville le 16 août 1949) est une écrivaine américaine et l’auteure du célèbre roman Autant en emporte le vent.

Biographie

Margaret Munnerlyn Mitchell, appelée par les siens Peggy Mitchell, est née à Atlanta, Géorgie, le 8 novembre 1900, dans une famille sudiste. La jeune fille grandit dans une famille aisée, bercée par les récits des anciens confédérés sur la guerre de Sécession. Tout le long de son enfance, elle écrivit des nouvelles et des pièces de théâtre. En 1922, elle commença a écrire pour l’Atlanta Journal, où elle écrivit plus de 130 articles. Fortement marquée par l’histoire de ses ancêtres, Margaret Mitchell s’en est inspirée pour l’écriture de son célèbre roman. En 1926, quand elle se cassa la cheville, elle commença à écrire Autant en emporte le vent. Ce livre lui permit de gagner le Prix Pulitzer en 1937. Le livre sera traduit en plus de 27 langues, avec plus de 30 millions de copies vendues. Il fut longtemps considéré comme la seule et unique œuvre de Margaret Mitchell, mais plus récemment, quelques textes de jeunesse furent publiés, dont un bref roman, Lost Laysen, écrit avant ses 20 ans.

Malgré le succès d’Autant en emporte le vent, elle n’a pas écrit d’autres livres.

 

Familles et ancêtres

Son père est Eugene Muse Mitchell, un riche avocat, et sa mère, Mary Isabel Stephens, dite Maybelle, une militante féministe suffragiste.

La famille Mitchell est sudiste de longue date. Un ancêtre de Margaret Mitchell a quitté l’Écosse pour venir s’installer dans le Comté de Wilkes (Géorgie), en 1777. Son grand-père paternel, Russell Crawford Mitchell, s’engage dans l’armée confédérée en juillet 1861 et est sévèrement blessé à la bataille de Sharpsburg. Après la guerre civile, il fait fortune en vendant du bois de construction à Atlanta. Il eut 12 enfants de deux épouses, dont l’ainé est le père de Margaret Mitchell.

Du côté de sa mère, ses grands-parents sont John Stephens, un propriétaire terrien, capitaine dans l’armée confédérée pendant la guerre, ayant investi après la guerre civile dans la construction du tramway d’Atlanta, et Annie Fitzgerald, elle-même fille de Philip Fitzgerald, qui avait émigré d’Irlande et possédait une plantation dans le Comté de Clayton (Géorgie). L’histoire de Scarlett O’Hara semble calquée en partie sur l’histoire de cette grand-mère.

Vie sentimentale et œuvre littéraire

En 1916, âgée d’à peine 16 ans, elle écrit un premier roman, Last Laysen, dont le manuscrit original, récemment retrouvé, a été estimé (par une maison de vente aux enchères) à un montant compris entre 70 000 et 90 000 dollars. Il n’a jamais été publié.

En 1918, elle est bouleversée lorsqu’elle apprend que son fiancé, Clifford Henry, est mort pendant la Première Guerre mondiale. Peu de temps après, en janvier 1919, sa mère Maybelle s’éteint, victime de l’épidémie de grippe espagnole.

En 1922, devenue journaliste pour l’Atlanta Journal Magazine, Margaret Mitchell doit cependant composer avec une vie sentimentale tumultueuse, partagée entre deux hommes qu’elle aime et qu’elle finira par épouser à deux ans d’intervalle. Elle épouse en premières noces Red Upshaw, mais ils divorcent en 1924, et elle se remarie à John Marsh en 1925. Il semble que le personnage de Rhett Butler dans Autant en emporte le vent ait été inspiré par son premier mari qui la maltraitait et la brutalisait. Elle n’a eu aucun enfant de ses deux mariages.

En 1926, elle quitte le journalisme, en raison de problèmes de santé, et s’ennuie chez elle, jusqu’à ce que son époux lui conseille d’écrire un livre pour s’occuper. En 1936, après dix années d’un travail laborieux, dont trois d’écriture, elle met un point final à l’œuvre qui la rendra célèbre dans le monde entier : Gone with the wind, traduite dans l’édition française par Autant en emporte le vent. Récompensée l’année suivante par le prix Pulitzer, l’œuvre est adaptée au cinéma en 1939 par Victor Fleming dans le film homonyme.

Le 11 août 1949, après avoir été percutée par un chauffeur de taxi qui conduisait sa voiture personnelle, elle tombe dans le coma. Elle meurt cinq jours plus tard au Grady Memorial Hospital.

 

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Relire « Autant en emporte le vent »

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Critique 

Le grand roman populaire de Margaret Mitchell reparaît en deux nouvelles éditions, offrant un appui à la réflexion sur la question noire aux États-Unis, et faisant revivre le personnage fascinant et tragique de Scarlett O’Hara.

Autant en emporte le vent

de Margaret Mitchell ; Traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre-François Caillé, Folio, 784 et 832 p.,

Nouvelle traduction de l’anglais (États-Unis) par Josette Chicheportiche, Totem Gallmeister, 704 et 720 p.,

Il serait injuste de disqualifier le grand roman de Margaret Mitchell au prétexte des convictions portées par ses personnages et la société qu’il représente, éclatant théâtre de l’esclavage. Autres temps, autres mentalités que celles de ce monde crépusculaire de la fin de la guerre de Sécession, dont des scènes froissent nos esprits du XXIe siècle. Mais le livre fait précisément écho aux commencements d’une évolution, dont l’actualité présente montre qu’elle demande encore à s’accomplir.

 

Guerre civile américaine et racisme

Décrivant les rapports mêlés d’affection et de domination des familles géorgiennes avec leurs « gens de maison », il souligne par contraste que la guerre civile américaine a révélé une autre forme de racisme. Plus que dans le paternalisme des propriétaires terriens sudistes tels les O’Hara, le racisme d’aujourd’hui ne puise-t-il pas dans celui né à ce moment précis de l’après-1865, exprimé dans la contemption de certains Nordistes envers « les nègres » pour la libération desquels ils s’étaient battus, et dans les premières exactions des Sudistes fondateurs du Ku Klux Klan, en réaction à l’égalité des droits civiques des Afro-Américains ?

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De ce roman captivant dont beaucoup ne connaissent que le film de 1939 de Victor Fleming (avec Vivien Leigh et Clark Gable), on peut découvrir à la faveur de deux nouvelles éditions (1) qu’il est plus qu’une épopée romantique au mitan du XIXe siècle. Il est le tableau documenté d’une époque charnière de l’histoire des États-Unis, dans ses aspects économiques, politiques et sociologiques. Il fait vivre la guerre de Sécession depuis la double arrière-scène de la campagne – la plantation de coton de Tara – et de la ville d’Atlanta, toutes deux dans leurs spectaculaires et haletantes méta­morphoses : florissantes et insouciantes, puis détruites, puis reconstruites.

 

L’aventure d’une femme libre

Mais il s’agit bien sûr aussi et avant tout de la grande aventure d’un personnage fascinant et tragique, Scarlett O’Hara, jeune fille fière et déterminée dont l’intense liberté tranche avec les manières de ses contemporaines. Mariée trois fois, amoureuse d’Ashley Wilkes et de Rhett Butler­, farouche gardienne de Tara, entrepreneuse dans un monde taillé pour les hommes, Scarlett choque et éblouit, autant qu’elle suscite un sentiment de tristesse, dans sa pugnacité et son aveuglement. La brume épaisse de ce cauchemar récurrent qui la hante, dont elle comprendra le sens – son fourvoiement – dans un ultime sursaut.

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La nouvelle traduction (Gallmeister), si elle a le mérite d’offrir une nouvelle vie au roman, se révèle par endroits un peu décevante. La traduction historique de 1938 (Folio) n’a rien perdu de sa fraîcheur, même si certaines ellipses, dont les traducteurs étaient autrefois coutumiers, plaidaient pour une retraduction intégrale du livre.

 

https://www.la-croix.com/Culture/Livres-et-idees/Relire-Autant-emporte-vent-revenir-sources-racisme-Etats-Unis-2020-06-10-1201098537

DROITS DE L'HOMME, HISTOIRE DE L'AMERIQUE, MARTIN LUTHER KING (1929-1968), SEGREGATION RACIALE

Martin Luther King (1929-1968)

Il y a 50 ans, Martin Luther King était assassiné

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Le 4 avril 1968, le pasteur américain était assassiné à Memphis, dans le Tennessee. Son combat pour les droits humains résonne toujours aujourd’hui et a été salué par les Papes.

Le 4 avril 1968, sur le balcon d’un motel de Memphis, la capitale du Tennesse, une balle atteint Martin Luther King en pleine tête. A 39 ans, sa mort provoque un séisme aux Etats-Unis. Symbole de la lutte pour les droits civiques des Noirs dans son pays, Martin Luther King a incarné la lutte pacifique pour que la minorité noire soit traitée avec une égale considération que les Blancs. 

Le combat du pasteur de l’Alabama a eu un écho qui a dépassé largement les frontières de son pays. Le 10 décembre 1964, Martin Luther King reçoit le Prix Nobel de la Paix. «J’accepte ce prix à un moment ou vingt-deux millions de Noirs, aux États-Unis d’Amérique, sont engagés dans une bataille créatrice pour mettre fin à la longue nuit d’injustice raciale» explique t-il à la tribune d’Oslo.

Une figure inspirante pour les Papes

Sa figure et son combat ont été salué par l’Eglise et par les Papes. Quelques jours après son assassinat, lors de l’angélus place Saint-Pierre, le Pape Paul VI, qui avait rencontré le pasteur en 1964 au Vatican, exprime sa douleur. Le Pape salue «un chrétien impuissant et prophète de l’intégration raciale». La figure de Luther King est aussi une source d’inspiration pour le Pape François qui lors de son discours au Congrès américain le 24 septembre 2015. François salue son héritage, lui qui a su incarner «la liberté dans la pluralité et la non-exclusion». Le 12 mars dernier, le Pape a reçu au Vatican Bernice Albertine King, la dernière fille du pasteur, de passage en Italie pour recevoir un prix pour son engagement des femmes contre les violences. 

Pour Mgr Ivan Jurkovic, l’observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations-Unies à Genève, Martin Luther King reste «un personnage monumental dans l’histoire de la défense des droits humains». Pour le diplomate, le combat du Pape François en faveur des droits de l’homme et de la dignité humaine, rejoint l’inspiration du pasteur américain. « Le Pape croit que l’unique avenir digne de la personne humaine est celui qui inclut chacun. Nous devons poursuivre et défendre cette vision, qui est aussi celle de Martin Luther King: nous pouvons tous être heureux, mais cela advient seulement si chacun se sent inclus, du dernier au plus privilégié, et vice-versa»

Les évêques américains ont également salué la mémoire de Martin Luther King. «Le Dr King faisait ouvertement référence aux menaces qui pesaient sur sa vie, et avait clairement expliqué qu’il souhaitait vivre longtemps, expliquent-ils dans un communiqué. Mais le plus important à ses yeux, disait-il était de simplement faire la volonté de Dieu». «Notre foi nous presse à être courageux, à risquer quelque chose de nous-mêmes, dans la défense de la dignité de notre voisin, qui a été créé à l’image de Dieu». 

https://www.vaticannews.va/fr/monde/news/2018-04/martin-luther-king.html

 

 

Biographie de Martin Luther King

Martin Luther King junior, né à Atlanta, est originaire d’une famille de pasteurs et bénéficie d’un milieu social plutôt favorable. En 1954 il devient pasteur baptiste et exerce à Montgomery, dans l’Alabama. En 1955, il prend la tête du mouvement de soutien à Rosa Parks arrêtée par la police pour avoir refusé de céder sa place à un blanc dans un bus, et lance un appel au boycott de la compagnie de bus de la ville. Malgré les intimidations, le boycott durera un an jusqu’à ce que la Cour Suprême donne tort à la compagnie de bus.

L’impact médiatique de cette victoire amène Martin Luther King à fonder le SCLC (conférence des leaders chrétiens du sud) avec d’autres personnalités noires et à en devenir le président. Partisan de la non-violence, il décide d’étendre la lutte pour les droits civiques des Noirs à l’ensemble des Etats-Unis. 

Inspiré par Henri-David Thoreau (1817-1862), auteur de « La désobéissance civique », et admirateur de Gandhi (1869-1948), Martin Luther King effectue en 1959 un voyage en Inde pour approfondir sa connaissance du Satyagraha, les principes de Gandhi.

En 1963, il est à la tête de grandes campagnes pour les droits civiques, le droit de vote des Noirs, la fin de la ségrégation, une meilleure éducation. Il est arrêté à plusieurs reprises. Dans son discours du 28 août 1963, « I have a dream », devant 250000 personnes, il lance un appel pour un pays où tous les hommes partageraient les mêmes droits dans la justice et la paix. La violence des forces de l’ordre et le harcèlement des ségrégationnistes face aux luttes pacifiques engendrent une vague de sympathie au sein de l’opinion publique pour le mouvement des droits civiques.

En 1964, Martin Luther King reçoit le Prix Nobel de la Paix dont il est le plus jeune lauréat. La plupart des droits pour lesquels il milite sont votés comme lois avec le Civil Rights Act de 1964 et le Voting Rights Act de 1965. 

Après ses succès dans le sud des Etats-Unis, Martin Luther King s’installe à Chicago en 1966 et cherche à étendre le mouvement dans le nord du pays. Les manifestations qu’il organise à Chicago suscitent une réaction encore plus violente que dans le sud.

En 1967, il se déclare contre la guerre au Vietnam, estimant que les Etats-Unis « occupent le pays comme une colonie américaine ». Il s’engage dans la lutte contre la pauvreté et organise la « Campagne des pauvres » pour s’attaquer aux problèmes de justice économique.

Martin Luther King meurt assassiné par un ségrégationniste blanc le 4 avril 1968 à Memphis alors qu’il soutenait une grève d’éboueurs.

 

Citations de Martin Luther King 

 

Sur la justice

« Les tourbillons de la révolte continueront à ébranler les fondations de notre nation jusqu’à ce que le jour éclatant de la justice se lève à l’horizon. » 

« Nous voulons tous nos droits, nous les voulons ici, et nous les voulons maintenant. » 

« C’est l’heure de faire de la justice une réalité pour tous les enfants de Dieu. »

 

Sur la non-violence

« Nous ne devons pas laisser nos revendications créatrices dégénérer en violence physique. » 

« Le sens et la valeur de l’empathie et de la non-violence nous apparaissent réellement lorsqu’elles nous aident à saisir le point de vue de l’ennemi, à entendre ses interrogations, à comprendre de quelle manière il nous perçoit. Car sa vision des choses nous permet de prendre conscience des faiblesses fondamentales de notre condition et, si nous avons la maturité nécessaire, la sagesse des frères que nous appelons “opposition” nous aide à grandir, à apprendre, à nous améliorer. » 

« Chaque personne aux convictions humanistes doit décider de la façon de protester qui lui convient le mieux, mais nous devons tous protester. » 

« Nous avons encore le choix aujourd’hui : coexistence non violente ou coanéantissement violent. Il faut dépasser le stade de l’indécision et agir. » 

« Malgré ces victoires, la violence n’apporte jamais de paix durable. » 

« Nous adoptons la voie de la non-violence parce que notre but est de mettre en place une société réconciliée avec elle-même. Nous tenterons de persuader par nos paroles, mais si nos paroles sont inefficaces, nous tenterons de persuader par nos actes. »

Sur la paix et la révolution

« Les opprimés ne peuvent demeurer dans l’oppression à jamais. Le moment vient toujours où ils proclament leur besoin de liberté. » 

« Avec détermination, patience et fermeté, nous continuerons jusqu’à ce que chaque vallée de désespoir soit sublimée en sommet d’espoir et chaque montagne d’orgueil et d’irrationalité aplanie par l’humilité et la compassion, jusqu’à ce que les terres arides de l’injustice soient transformées en douces plaines d’égalité des chances et les sentiers tortueux des préjugés redressés par la sagesse éclairée. »

« Nous ne devons pas nous concentrer uniquement sur le rejet négatif de la guerre, mais surtout sur l’affirmation positive de la paix. » 

« Le temps est venu pour une guerre totale contre la pauvreté. Les nations riches doivent utiliser leurs vastes ressources pour développer les nations sous-développées, scolariser les déscolarisés et nourrir les dénutris. En fin de compte, une grande nation est une nation empreinte de compassion. »

« Je crois que la vérité désarmée et l’amour désintéressé auront le dernier mot dans le monde des réalités. C’est pourquoi, même s’il est provisoirement bafoué, le bon droit sera plus fort que le mal triomphant. »

« Une vraie révolution des valeurs examinera l’ordre mondial et dira de la guerre : “Cette façon de régler les différends n’est pas juste”. »

« Commençons maintenant. Consacrons-nous de nouveau à la lutte, longue et acharnée mais belle, pour construire un monde nouveau. »

 
Citations spirituelles et philosophiques de Martin Luther King 
A votre force physique, nous imposerons notre force morale. Faites nous ce que vous voudrez, nous continuerons à vous aimer.

Source : Le Discours « I have a dream »   
Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.

Source : Extrait de Discours – 31 Mars 1968   
Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants ; c’est l’indifférence des bons.

 

Dieu a les deux bras étendus. L’un est assez fort pour entourer de justice, l’autre assez doux pour nous entourer de grâce.

Source : Extrait de La force d’aimer   
Rien n’est plus tragique que de rencontrer un individu à bout de souffle, perdu dans le labyrinthe de la vie.

Source : Extrait de The measure of the man   
Ce n’est qu’en aimant nos ennemis que nous pouvons connaître Dieu et faire l’expérience de sa sainteté.

Source : Extrait de La force d’aimer   
La haine trouble la vie ; l’amour la rend harmonieuse. La haine obscurcit la vie ; l’amour la rend lumineuse.

Source : Extrait de The Words of Martin Luther King   
L’obscurité ne peut pas chasser l’obscurité ; seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine ; seul l’amour le peut.

Source : Extrait du journal Wall Street Journal – 13 Novembre 1962   

Rien n’est plus dangereux au monde que la véritable ignorance et la stupidité consciencieuse.

Source : Extrait de La force d’aimer   

Tout ce que nous voyons n’est qu’une ombre projetée par les choses que nous ne voyons pas.

 

« Une loi ne pourra jamais obliger un homme à m’aimer mais il est important qu’elle lui interdise de me lyncher. »
Martin Luther King – 1929-1968 – Wall Street Journal – 13 novembre 1962

« Une injustice commise quelque part est une menace pour la justice dans le monde entier. »
Martin Luther King – 1929-1968 – Lettre, 1963 

« Tant qu’un homme n’a pas découvert quelque chose pour lequel il serait prêt à mourir, il n’est pas à même de vivre. »
Martin Luther King – 1929-1968 – Discours à Detroit – 23 juin 1963

« La non-violence est une arme puissante et juste, qui tranche sans blesser et ennoblit l’homme qui la manie. C’est une épée qui guérit. »
Martin Luther King – 1929-1968 – Why we can’t wait

« Les barricades sont les voix de ceux qu’on n’entend pas. »
Martin Luther King – 1929-1968

« Depuis que je suis en Inde, je suis plus convaincu que jamais que la méthode de résistance non-violente est l’arme la plus puissante disponible pour les peuples opprimés dans leur lutte pour la justice et la dignité humaine. »
Martin Luther King – 1929-1968

 

Diverses sources