Le Chant de la Vierge Marie
MARIE :
Je me hâte, je prépare,
Car nous entrons en Avent,
Le trousseau de mon Enfant.
« Joseph a taillé du hêtre
Pour sa Couchette de bois ;
LES ANGES :
Les Juifs tailleront du hêtre
Pour Lui dresser une Croix.
MARIE :
J’ai fait de beaux points d’épine
Sur Son petit bonnet rond ;
LES ANGES :
Nous avons tressé l’épine
En couronne pour Son front.
MARIE :
J’ai là des drapeaux de toile
Pour L’emmailloter au sec ;
LES ANGES :
Nous avons un drap de toile
Pour L’ensevelir avec.
MARIE :
Un manteau de laine rouge
Pour qu’Il ait bien chaud dehors ;
LES ANGES :
Une robe de sang rouge
Pour Lui couvrir tout le corps.
MARIE :
Pour Ses mains, Ses pieds si tendres,
Des gants, des petits chaussons ;
LES ANGES :
Pour Ses mains, Ses pieds si tendres,
Quatre clous, quatre poinçons.
MARIE :
La plus douce des éponges
Pour laver Son corps si pur ;
LES ANGES :
La plus dure des éponges
Pour L’abreuver de vin sur.
MARIE :
La cuiller qui tourne, tourne,
Dans Sa soupe sur le feu ;
LES ANGES :
La lance qui tourne, tourne
Dans son Cœur. Un rude épieu.
MARIE :
Et, pour Lui donner à boire,
Le lait tiède de mon sein ;
LES ANGES :
Et, pour Lui donner à boire,
Le fiel prêt pour l’assassin.
MARIE :
Au bout de l’Avent nous sommes,
Tout est prêt, Il peut venir…
LES ANGES :
Tout est prêt, Tu peux venir,
Ô Jésus, sauver les hommes »
Ainsi soit-il.
Marie Noël Rouget (1883-1967)