CHRISTIAN BOBIN (1951-2022), ECRIVAIN CHRETIEN, ECRIVAIN FRANÇAIS, LITTERATURE, LITTERATURE CHRETIENNE, LITTERATURE FRANÇAISE, SPIRITUALITE

Christian Bobin (1951-2022)

Christian Bobin (1951-2022)

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Mort de Christian Bobin : écrire l’éphémère éternel

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Portrait 

L’écrivain et poète est décédé à 71 ans. Son œuvre, riche d’une soixantaine d’ouvrages, a su capter la grandeur de la vie dans toute sa simplicité.

e Muguet rouge. C’est le titre que Christian Bobin avait donné à son dernier recueil, paru en octobre dernier. On n’imaginait pas alors que cette fleur rêvée, écarlate et palpitante de vie, serait à déposer sur le cercueil de l’écrivain et poète, décédé le mercredi 23 novembre, à 71 ans. Alors qu’il s’absente, Christian Bobin laisse ce signe de fragilité et de beauté, comme s’il l’avait d’avance préféré aux imposantes couronnes mortuaires qui semblent toujours prendre la mort trop au sérieux.

Christian Bobin avait prévenu ses fidèles lecteurs : il considérait la mort comme un passage. Vivant, il l’était d’autant plus qu’il tenait la main des morts, sans morbidité, mais avec amour et reconnaissance. « Les morts n’ont pas quitté la vie mais ses cloisons prétendument étanches », écrivait-il. Livre après livre, il s’était habitué à l’idée de les suivre. « Un jour, il nous faudra traverser une vitre sans la briser. L’effort sera terrible, qui changera notre cœur en rayon de soleil. »

Ce rayon de soleil, Christian Bobin l’avait perçu pour la première fois le 24 avril 1951, au Creusot (Saône-et-Loire). Il s’était imprimé en lui de manière irréversible, réchauffant cette ville industrielle, « berceau d’acier », marqué par la rudesse de la condition ouvrière et les inégalités sociales. « Je n’ai jamais vu le paradis qu’adossé à l’enfer, en contrepoint, contrechant », notait-il dans Les Différentes Régions du ciel.

Une soif de justice

Plutôt que de pourfendre avec violence un ordre social injuste, Christian Bobin avait refusé d’y consentir. Il avait pris le chemin des mots comme d’autres prennent le large, pour montrer qu’une autre vie est possible, loin des fausses grandeurs. « Il serait temps de remettre au centre nerveux de notre société ceux qui servent la vie, ceux qui remaillent sans fin le tissu de la vie », confiait-il à La Croix, en 2017. « Tout cela peut se faire sans violence, ajoutait-il. Simplement parce qu’on marquerait un désintérêt profond pour ceux qui ont le sourcil froncé sur les budgets et les graphiques ».

Christian Bobin était entré en écriture comme d’autres choisissent la vie monastique, avec conviction et zèle, simplicité et authenticité. Après avoir étudié la philosophie, il avait travaillé un temps pour la bibliothèque municipale d’Autun, l’Écomusée du Creusot, puis comme rédacteur à la revue Milieu(x).

Après avoir publié ses premiers textes chez Brandes et Fata Morgana dans les années 1970, il fit paraître La Part manquante en 1989 chez Gallimard, exprimant dans une écriture pudique les thèmes qui devaient rester les siens : l’attention à la vie, la quête de l’amour, l’errance des humains, leur endurance, leur espérance…

« Entendre, enfin, la voix aimante du Christ »

Cette espérance, Christian Bobin ne faisait pas mystère qu’elle s’enracinait pour lui dans l’Évangile. En 1992, Le Très-bas, sur François d’Assise, avait fait souffler un vent de fraîcheur dans l’édition religieuse. Il s’y faisait l’apôtre de la simplicité évangélique et d’un christianisme prenant au sérieux l’annonce du Christ que « les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers » (Matthieu 20,16).

Sous sa plume, la foi chrétienne retrouvait verdeur et douceur, mais aussi puissance révolutionnaire et salvifique. « Nous sommes, comme jamais, dans des temps bibliques. Les âmes fondent sous le soleil de l’avidité. L’argent remplace les yeux. C’est maintenant que tout est perdu que nous avons une chance d’entendre, enfin, la voix aimante du Christ », confiait-il encore à La Croix.

 Au fil des années, Christian Bobin s’était fait plus soucieux de l’évolution de la société contemporaine, craignant son matérialisme, son efficacité brutale, sa vitesse – « un grand diable » , auquel il préférait le rythme régulier des saisons. Il y opposait une autre manière d’être, au plus proche de la nature, fuyant la notoriété pour la solitude, préférant l’écriture au feutre à l’ordinateur, choyant la présence des livres, dont il partageait l’amour avec sa compagne, la poétesse Lydie Dattas.

Dans une société trop bavarde et impulsive à ses yeux, Christian Bobin cultivait le silence, la retenue et la joie, dans une attitude toute franciscaine. Il choisissait ses mots, comme on compose avec attention un bouquet. « Écrire est un art aussi fragile que vivre. Un rien les fausse. »

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Une vie en mots

24 avril 1951. Naissance au Creusot (Saône-et-Loire) d’un père dessinateur à l’usine Schneider et d’une mère calqueuse.

  1. La Part manquante(Gallimard).
  2. Une petite robe de fête (Gallimard).
  3. Le Très-bas(Gallimard), prix des Deux-Magots en 1993 et grand prix catholique de littérature, en 1996.
  4. L’Homme qui marche(Le temps qu’il fait), méditation sur Jésus de Nazareth.
  5. La Plus que vive(Gallimard), hommage à sa compagne Ghislaine, morte à 44 ans.
  6. La Grande Vie(Gallimard).
  7. Noireclaire (Gallimard).
  8. Prix d’Académie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.
  9. Le Muguet rouge(Gallimard) accompagne la sortie du volume Les Différentes Régions du ciel, qui rassemble une vingtaine de ses œuvres.

https://www.la-croix.com/Culture/Mort-lecrivain-Christian-Bobin-lage-71-ans-2022-11-25-1201243758

 « Les Différentes Régions du ciel » et « Le Muguet rouge » :

Christian Bobin, gardien des mots

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Les Différentes Régions du ciel

de Christian Bobin

Quarto Gallimard, 1 018 p., 26 €

Le Muguet rouge

de Christian Bobin

Gallimard, 80 p., 12,50 €

On aurait aimé commencer cet article en se mettant d’emblée dans les pas de Christian Bobin. Suivre son allure feutrée, se laisser porter par la musique vivifiante de ses mots. Partir observer avec lui les arbres de l’automne ou les pierres humides du Creusot, déceler la vie qui y palpite, prendre en filature les pensées qui y grimpent… Mais la courte biographie de l’écrivain qui ouvre ce recueil d’œuvres choisies oblige à débuter autrement. Et par un soupir…

Ce texte succinct, placé sur le rabat de la couverture, rappelle l’essentiel du parcours de Christian Bobin. Il mentionne à juste titre l’importance du Très-Bas, sans doute l’un des plus beaux textes de l’écrivain, mais pourquoi ajoute-t-il qu’il fut « consacré de façon prémonitoire au poète hérétique François d’Assise ». François d’Assise, « poète hérétique » ? Jusque dans les introductions aux livres de Christian Bobin, les mots sont-ils aujourd’hui en danger de perdre leur sens? On aura compris que François d’Assise ne répond pas aux clichés que certains associent, pour toutes sortes de raisons, au christianisme, alors le plus simple n’est-il pas de l’arracher à son Église ? Être qualifié d’hérétique le rendra fréquentable et intéressant. Et tant pis pour la simple vérité.

Ce recueil de Christian Bobin témoigne heureusement d’un tout autre respect des mots. Lui est de ceux qui reconnaissent leur consistance, s’inclinent devant leur majesté, avant de les manier avec une infinie précaution. « Écrire est un art aussi fragile que vivre. Un rien les fausse », relève-t-il. Et un peu plus loin : « L’écriture tient le cœur comme un verre de grand vin, délicatement, par en dessous, elle y fait tourner la lumière puis l’avale en quelques phrases. »

Un pacte avec la vie

Le petit cabinet de curiosités qui introduit cette anthologie, mêlant photos, textes et objets personnels, est nimbé de cet amour des mots. On y trouve une presse typographique, un manuscrit, une photo de bibliothèque, une lettre, une table de travail en bois, un billet de TGV annoté… Il invite aussi à déchiffrer l’écriture muette des pierres de l’abbaye de Conques ou celle d’un visage aimé…

Chez Bobin, la littérature est un pacte avec la vie. L’écriture est une quête et un étonnement. « Ce que je connais, je ne l’écris pas. Ce que je ne connais pas, je l’écris. » Les pages qui s’écrivent sous cette bannière sont prudentes, lestées. « On ne devrait jamais écrire une seule phrase que l’on ne puisse chuchoter à l’oreille d’un agonisant », pose avec gravité Bobin, en citant le poète Henri Pichette. Ses livres sont un tamis de l’essentiel. Ils disent la vie sans craindre la mort, accueillent la mort sans lâcher la vie. Ce qui les rend anachroniques et précieux en notre temps où la mort n’a plus de mots.

L’écriture de Bobin porte la couleur du sang et a sa nécessité vitale. « J’ai de l’encre dans les poumons, j’ai de l’encre dans le cœur. J’ai de l’encre dans le sang. Sans écriture, il y a longtemps que j’aurais cessé de respirer. » Ce rouge inonde littéralement l’un de ses premiers textes jusqu’ici inédit, L’Eau des miroirs, lent récit d’un suicide étonnamment rédigé au féminin. Il palpite encore dans le titre de son nouveau livre, Le Muguet rouge : « muguets rouges fraîchement poussés » qui « s’apprêtent à incendier la plaine », comme les poèmes lorsqu’ils enflamment la page blanche. Chez Bobin, la poésie est « le réel absolu » et « don de lire la vie ». C’est dire pourquoi les mots doivent être choyés.

https://www.la-croix.com/Culture/Differentes-Regions-ciel-Le-Muguet-rouge-Christien-Bobin-gardien-mots-2022-10-05-1201236309

ECRIVAIN CHRETIEN, LITTERATURE CHRETIENNE, LIVRE, LIVRES, LIVRES - RECENSION, LUC WEIZMANN (1957-....), SIMONE PACOT (1924-2017), SIMONE PACOT : PASSANTE DE VIE, SPIRITUALITE

Simone Pacot : passante de vie

Simone Pacot : passante de vie

Luc Weizmann

Paris, Salvator, 2022. 306 pages.

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C’est grâce à plusieurs ouvrages de spiritualité, notamment L’évangélisation des profondeurs, que Simone Pacot (1924-2017) a connu la célébrité. Elle a su proposer un trajet de restauration de l’être, lors de sessions assurées par les équipes de l’association Bethasda, toujours très active. Luc Weizmann nous propose de découvrir son parcours de vie et l’essentiel de son message, articulant foi chrétienne et approche psychologique. Avant son engagement dans un domaine où elle a été pionnière, Simone Pacot fut avocate, investie dans le combat contre le racisme et pour les relations entre juifs, chrétiens et musulmans, compagne de la Communauté de l’Arche de Lanza del Vasto, militante à l’Action civique non-violente et juriste spécialisée dans le droit de la famille. Dès sa retraite professionnelle, elle se consacrera entièrement à l’accompagnement spirituel et à la diffusion d’un message fondé sur la parole de Dieu. Profondément oecuménique, elle révélera en filigrane de la Bible cinq « lois de vie » intimement constitutives de la personne humaine. Pour une invitation à la libération intérieure proposée par le Christ. AUTEUR Luc Weizmann est architecte, membre de l’Académie d’architecture et auteur de plusieurs ouvrages. Filleul et ami proche de Simone Pacot, il connaît particulièrement bien sa vie et son enseignement spirituel.

 

 

Critique

 

 « Simone Pacot », de Luc Weizmann : portrait d’une femme des profondeurs 

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Cet ouvrage d’un proche permet de découvrir le parcours de vie et les nombreux engagements d’une femme qui a su articuler foi chrétienne et approche psychologique.

Parue en 1997, L’Évangélisation des profondeurs de Simone Pacot a marqué durablement de nombreux lecteurs. Mais peu savent précisément qui est cette autrice née en 1924 et décédée en 2017. Luc Weizmann, son filleul et ami, comble donc un manque avec cet ouvrage bien informé qui, sans éviter quelques pointes hagiographiques, parvient à dresser un portrait nuancé de sa marraine, présentant toutes les richesses et les complexités d’une forte personnalité qui a été une aide pour de nombreuses personnes tout au long de son existence.

Une jeunesse heureuse

Fille d’un avocat en vue de Casablanca, Simone Pacot, qui resta toujours célibataire, vécut une jeunesse heureuse sous le soleil marocain. Jeune avocate au cabinet de son père, elle quitte le Maroc à la fin du protectorat et, en France à partir de 1957, s’engage à fond (comme tout ce qu’elle fit !) dans la communauté de l’Arche de Lanza del Vasto, à Bollène, puis sur le Larzac, avant de retourner dans le sud de son pays natal, à Tata, dans une petite fraternité au service des plus pauvres, en particulier des femmes berbères.

En 1969, nouvelle rupture dans une longue existence qui en comptera un certain nombre, elle revient en France et s’engage dans le cabinet d’avocats Ornano où le patron « souhaita(it) unifier exercice professionnel et engagement de vie ». C’est durant cette période que sa foi se renouvela complètement, où elle se rapprocha du Christ par une véritable consécration personnelle et vécut une guérison intérieure qui la marqua définitivement.

 Après de gros soucis de santé, qui la handicapèrent à vie, et sa retraite professionnelle en 1987, Simone Pacot s’engage dans la communauté Béthanie, fondée entre autres par le jésuite Étienne Garin et alliant spiritualité ignatienne, psychologie et dynamisme du mouvement charismatique alors naissant. Elle emménagera d’ailleurs à Vanves pour se rapprocher de la Maison de Lazare, installée à proximité depuis 1985 « en vue de l’écoute et de l’accompagnement de détresses manifestes ou secrètes ».

Fondatrice des sessions Bethasda

Mais les choses se gâtèrent pour cette femme que son biographe n’hésite pas à décrire comme « excessive dans les éloges et les critiques », et elle dut quitter Béthanie. Cette rupture lui laissa « une blessure (qui) resta longtemps ouverte », mais lui permit aussi de voler de ses propres ailes et de déployer ses intuitions personnelles, tout en acceptant de se confronter à d’autres, comme le père Xavier Thévenot. Et bien qu’elle s’en défendît souvent, elle fit alors œuvre de fondatrice avec les sessions Bethasda, qui, de plus en plus nombreuses, attirèrent toujours davantage de participants qui y trouvèrent un grand profit.

 L’Évangélisation des profondeurs et les trois autres ouvrages qu’elle écrivit dans la décennie suivante contribuèrent à élargir son audience en France et à l’étranger. « Les écrits de Simone Pacot ouvrent des portes. Ils se sont imposés comme une référence incontournable dans les milieux d’Église, même s’ils demeurent un peu inclassables sur les étagères des librairies et des bibliothèques », explique Luc Weizmann, qui décrit avec précision et nuances la pensée originale et parfois dérangeante de sa chère marraine.

« Ancrée dans l’apport précieux des sciences humaines et dans le terreau de la tradition juive et chrétienne, Simone a découvert la vie psychique, puis cherché pas à pas sa juste articulation avec la vie spirituelle. Elle n’a eu de cesse d’explorer les confins de ses profondeurs en visitant sa vulnérabilité dans l’énergie du Souffle », écrit-il.

Atteinte par l’âge, elle doit quitter son appartement de Vanves. Celle qui avait été marquée plus jeune par la communauté protestante des sœurs de Grandchamp en Suisse et par son amitié avec sœur Minke, termine sa longue existence dans une maison de retraite des sœurs diaconesses de Reuilly. L’auteur, tout en restant pudique, n’occulte pas ces dernières années, marquées à la fois par les difficultés de la dépendance physique de plus en plus grande et le soutien d’une foi toujours plus intériorisée.

https://www.la-croix.com/Culture/Simone-Pacot-Luc-Weizmann-femme-profondeurs-2022-07-06-1201223718

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Simone Pacot

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27 janvier 2004: Simone PACOT, avocate honoraire à la Cour d’appel de Paris, anime depuis de nombreuses années des sessions avec l’équipe de l’association Bethasda, Issy les Moulineaux (92), France.

Simone Pacot, née le 14 novembre 1924 à Casablanca et morte le 28 avril 2017 à Paris, est une ancienne avocate à la cour d’appel de Paris, engagée dans le combat contre le racisme et dans les relations entre musulmans, juifs et chrétiens, qui s’est lancée, une fois retraitée, dans la mise en place d’un parcours de guérison intérieure.

 

Biographie

En 1961, alors militante de l’Action civique non-violente et secrétaire de son journal, elle est condamnée à une peine de six mois de prison avec sursis pour « provocation de militaires à la désobéissance ».

Elle est cofondatrice avec une équipe œcuménique de l’association « Bethasda » qui organise depuis plusieurs années des sessions intitulées « Évangélisation des profondeurs »  dans différentes villes de France, en Suisse, en Belgique et au Canada.

Elle a également fait partie d’une équipe de juristes bénévoles au sein du groupe d’information et de soutien des immigrés, une association à but non lucratif de défense et d’aide juridique des étrangers en France.

 

Approche spirituelle

Simone Pacot identifie cinq paroles de Dieu qui sont, selon elle « lois de vies »  : Il faut renoncer à la connivence avec la mort (« Choisis la vie », Dt 30,19), il faut accepter sa condition humaine (« interdiction de manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal », Gn 2, 16)7, il faut rechercher l’unité de son être (« tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, de tout ton esprit », Dt 6, 5), il faut déployer son identité propre (« va vers toi », Gn 12, 1), et il faut accueillir sa fécondité (« soyez féconds », Gn 1, 28).

 

Parcours « Bethasda »

Le nom du parcours, « Bethasda », est tiré du nom de la piscine de Bethesda, où Jésus guérit un paralysé (Jn 5, 1-18). Il articule foi chrétienne et approche psychologique et s’appuie sur les propres expériences de Simone Pacot.

Simone Pacot forma divers laïcs, prêtres catholiques et pasteurs protestants à sa pédagogie et coanima avec eux les sessions « Bethasda ». Lors de celles-ci, on repérait la transgression de ces cinq lois qui conduisent vers des chemins de mort, en travaillant successivement sur l’événement blessant (que m’est-il arrivé ?), la racine de la fausse route (comment ai-je réagi ?), la Parole de Dieu (que me dit-elle ?), la repentance issue de cette Parole (à quel mouvement intérieur m’amène-t-elle ?) et la conversion (quel pas puis-je poser ?).

 

Ouvrages

Elle a écrit une trilogie, publiée aux éditions du Cerf, sur le thème de l’évangélisation des profondeurs :

L’Évangélisation des profondeurs, 1997

Reviens à la vie !, 2002

Ose la vie nouvelle! 2003

Ouvrir la porte à l’Esprit, 2007

Elle a coécrit :

Itinéraires : Des chrétiens témoignent (2000) en collaboration avec Jean Boissonnat, Jacques Poujol et Frédéric de Coninck, éd. Empreinte Temps Présent

 

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Les Saints Innocents de Paul Verlaine

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Cruel Hérode, noir Péché,
De tes sept glaives tu poursuis
Les innocents, lesquels je suis
Dans mes cinq sens, — et, qu’empêché
Me voici pour, las ! me défendre !

L’argile dont Dieu les forma,
Leur faiblesse à ces tristes sens
Par quoi je suis les innocents
Que l’on immole dans Rama,
Trahissent leur âge trop tendre.

Nulle fuite. Mais mon Sauveur,
Assumant mon sort et ma mort,
Vit en Égypte dont il sort
À temps pour l’insigne faveur
Qu’il me fait de donner sa vie

Et sa pensée à mon bonheur
Éternel, et, par l’action
Sûre de l’absolution
De son prêtre à lui, le Seigneur,
Ressuscite ma chair ravie.

Paul Verlaine (1844-1896)

Recueil : Liturgies intimes (1892).

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Nouvelle biographie de Georges Bernanos

Georges Bernanos – La colère et la grâce

François Angelier

Paris, Le Seuil, 2021. 576 pages

 

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“Georges Bernanos fut, de 1926 où il fit se lever le Soleil de Satan sur la France des années folles à l’ultime Dialogue des Carmélites en 1948, un romancier de la sainteté et de l’enfance autant qu’un écrivain de combat. De L’Action française à L’Intransigeant, il emboucha la presse comme une trompette de l’Apocalypse, et ses innombrables articles se confrontèrent sans répit à la ploutocratie démocratique et à la bien-pensance bourgeoise. Son engagement, mené seul au nom du Christ pauvre et de la vocation religieuse de la France de Jeanne d’Arc et de Péguy, le conduisit du tableau d’honneur des Camelots du roi aux rangs de la France libre. Véritable lanceur d’alertes politiques, il donna aussi l’assaut à l’Europe fasciste comme aux États-empires de la guerre froide et à leurs contingents d’hommes-machines. Monarchiste et catholique, nourri de Drumont et de Balzac, de Bloy
et d’Hello, celui qui déclarait en 1935 :  » le bon Dieu ne m’a pas mis une plume entre les mains pour rigoler « , a vécu sans filet ni garde-fou, dans la main de Dieu. Père d’une famille chimérique, accompagné d’une élite d’amis fervents, il mena, entre la Picardie, Majorque, la Provence
et le Brésil, une vie d’errance et d’écriture, de clameurs et d’espérance. C’est cette vie que nous entreprenons de raconteur”.
F. A.

 

L’auteur

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François Angelier est producteur à France Culture de la fameuse émission Mauvais Genres et collaborateur du Monde des Livres. Passionné par les expériences spirituelles les plus radicales et les figures atypiques, il a publié plusieurs ouvrages et articles sur les francs-tireurs du catholicisme de plume : Hello, Huysmans, Claudel, Louis Massignon, Simone Weil et Léon Bloy (au Seuil : Bloy
ou la fureur du juste
, 2015).

CHRISTIANISME, EGLISE CATHOLIQUE, JOSEPH MOINGT (1915-2020), L'ESPRIT DU CHRISTIANISME, LITTERATURE CHRETIENNE, LIVRE, LIVRES, LIVRES - RECENSION, THEOLOGIE, THEOLOGIEN

L’esprit du christianisme par Joseph Moingt

L’esprit du christianisme 

Joseph Moingt

Paris, Temps Présent, 2018. 282 pages.

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Théologien jésuite de réputation mondiale, Joseph Moingt est, à 102 ans, une voix libre et très écoutée du monde catholique. Face au constat d’une Eglise en difficulté, qui doit affronter les scandales à répétition et le recul des vocations, Joseph Moingt se demande comment maintenir vivants son héritage et son message. La solution, selon lui, passe par l’émancipation de la foi et par le maintien du lien entre christianisme et raison. Il développe ses arguments autour de trois grandes questions fondamentales qui structurent son livre : la religion, la révélation et le salut. Un thème très actuel surgit au coeur de ces réflexions, celui du rapport aux autres. Comment, en tant que croyant, peut-on être habité parla foi en l’Autre, habillé d’une majuscule sacrée, et rejeter les autres, devenus ennemis parce que différents d’origine, de culture ou de religion ? Pour Joseph Moingt, on ne peut dissocier l’identité de l’Autre et celle des autres. Elles sont une seule et même question qui rebondit de majuscule en minuscule, et inversement, puisque l’Esprit de Dieu se découvre dans l’esprit de l’homme, et réciproquement. Dans cet ouvrage exceptionnellement écrit à la première personne, qu’il présente comme son « livre-testament », l’auteur n’hésite pas à interroger sa propre foi. Si Joseph Moingt, dont le nom est inscrit dans la liste des « dossiers sensibles » du Vatican, prend à nouveau le risque de bousculer son Eglise, c’est avant tout pour l’aider et la rendre audible du plus grand nombre. En quoi il se rapproche de son frère jésuite et lecteur attentif, le pape François.

 

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 « L’Esprit du christianisme » par Joseph Moingt

Le théologien jésuite Joseph Moingt prolonge sa réflexion sur la foi chrétienne face à l’incroyance et au doute, en questionnant certaines formulations du dogme chrétien. Un ouvrage qui met la foi au travail.

 

Le théologien Joseph Moingt a aujourd’hui 103 ans et, pour la première fois, il prend la plume à la première personne du singulier. Ce « je » est essentiel à la compréhension de ce livre, qu’il présente comme son ultime écrit, où il poursuit et approfondit le projet qui est le sien depuis plusieurs décennies : repenser la foi chrétienne dans la situation de déclin et la menace d’effacement qu’elle affronte aujourd’hui, pour lui redonner un avenir.

Le jésuite a consacré sa vie à l’intelligence de la foi chrétienne, comme enseignant à l’Institut catholique de Paris et au Centre Sèvres, comme directeur de la revue Recherches de sciences religieuses (RSR) et, depuis trente ans, comme auteur de sommes théologiques essentielles (L’Homme qui venait de DieuDieu qui vient à l’homme…). S’il emploie dans cet ouvrage un ton plus personnel, c’est parce qu’il a conscience que ce livre est plus audacieux, plus risqué aussi, que les précédents dans son effort de concilier la foi et la raison.

Porter la foi vers demain

Le travail théologique de Joseph Moingt est marqué par une constante : le refus de surmonter les obstacles que l’intelligence rencontre dans l’acte de croire en glissant du côté de l’irrationnel ou en cédant à un sens du « mystère » frelaté. Son honnêteté intellectuelle est totale, parce qu’il prend en charge, pour lui-même d’abord, la question de l’incroyance et le défi que pose la perte du sens de la foi. L’importance qu’il confère à la raison humaine n’est pas une concession au rationalisme. Elle est un témoignage rendu au Dieu de Jésus-Christ qui jamais n’humilie l’homme qu’Il a créé à son image.

C’est avec cet arrière-plan qu’il convient d’aborder cet ouvrage où l’auteur confie chercher « à exprimer l’essentiel de ma foi et de ma vie religieuse dans un langage pleinement accessible à ma raison naturelle ». Pour répondre à une crise profonde où l’Église est interrogée sur « la question de sa propre vérité », Joseph Moingt recherche les « outres neuves », qui pourront porter la foi vers demain.

Retrouver « l’esprit du christianisme »

Pour cela, le théologien puise aux sources de la tradition apostolique, méditant essentiellement saint Paul et saint Jean pour retrouver « l’esprit du christianisme » et le libérer de la gangue religieuse qu’il a revêtue au tournant du IIIe siècle, pour faire face à la grave crise gnostique. Tournant qui le conduisit à adopter une théologie du sacrifice et de la rédemption, une Église hiérarchique et un corps de prêtres, un culte et un ritualisme que l’auteur juge étrangers aux sources scripturaires qu’il privilégie et qu’il veut nous faire entendre.

Cette lecture dessine clairement un avant et un après, une rupture nette sur laquelle historiens et théologiens auront matière à débattre. Toutefois, en différenciant la prédication apostolique de la tradition de l’Église qui lui succède, Joseph Moingt prend soin de ne pas les opposer. À ses yeux, cette dernière a conservé « l’essentiel » de la prédication apostolique. Il écrit aussi qu’elle l’a « recouvert » mais « pas au point de l’effacer ». En sorte que le théologien se voit « fondé à penser qu’il (lui) sera possible de dénoncer et d’amender les écarts de son discours par rapport à sa source apostolique en [se] recommandant de la même foi ».

 

Peu de théologiens font entendre aussi nettement la voix du Dieu

« Dénoncer et amender les écarts », Joseph Moingt le fait en revisitant vigoureusement les principaux dogmes de la foi (Incarnation, Trinité, Salut…), sans se soucier d’abord d’orthodoxie. Il questionne les héritages religieux, mythologiques et philosophiques qu’ils contiennent à la recherche d’un sens universellement partageable du salut chrétien. On pourra le lui reprocher, juger certaines propositions téméraires, contestables.

Prévenons le lecteur catholique : chacun d’entre nous trouvera dans ces pages une raison (ou plusieurs) d’être questionné, déplacé et/ou choqué. On pourra donc discuter cet ouvrage, le critiquer, l’amender, le prolonger, mais on aurait tort de le pourfendre ou de l’ignorer, car peu de théologiens font entendre aussi nettement la voix du Dieu qui « a tant aimé le monde » (Jean 3, 16).

 

https://www.la-croix.com/Culture/Livres-et-idees/LEsprit-christianisme-Joseph-Moingt-2019-01-17-1200996078

 

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Mort de Joseph Moingt, la foi en perpétuel questionnement

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Joseph Moingt, jésuite, est né en 1915 à Salbris (Loir-et-Cher). Après les études habituelles de philosophie et de théologie à la Compagnie de Jésus, il a suivi l’École Pratique des Hautes Études et a soutenu une thèse de théologie à l’Institut Catholique de Paris. Il a enseigné la théologie successivement à la Faculté jésuite de Lyon-Fourvière, à l’Institut Catholique de Paris et aux Facultés de Philosophie et de Théologie de la Compagnie de Jésus à Paris (Centre Sèvres). Il a dirigé la revue Recherches de Science religieuse de 1968 à 1997. Auteur d’un grand nombre d’articles et de divers livres, il a produit un remarquable travail de synthèse portant sur Jésus-Christ et qui s’intitule L’homme qui venait de Dieu (725 p., Cerf, 1993, plusieurs fois réimprimé). Le grand public connaît surtout J. Moingt par un livre de vulgarisation qui a connu un vif succès, La plus belle histoire de Dieu (Seuil, 1997, en collaboration avec J. Bottéro et M.-A. Ouaknin, réédité en format de poche), ainsi que par Les Trois Visiteurs (Desclée de Brouwer, 1999).

Le théologien jésuite, décédé mardi 28 juillet à 104 ans, a consacré toute sa vie à l’intelligence de la foi chrétienne, comme enseignant de théologie et comme auteur d’ouvrages essentiels. Sa pensée s’est toujours voulue libre, assumant sa puissance corrosive, quitte à choquer au sein même de l’Église.

À 103 ans, Joseph Moingt avait encore puisé dans son inaltérable vigueur intellectuelle pour définir « L’esprit du christianisme » dans ce que son éditeur présentait alors comme son livre testament (1). Écrit de manière inédite à la première personne, l’ouvrage résumait les questionnements d’une vie d’un théologien dont la liberté fut toujours le maître mot. Quitte à remettre en question des dogmes, à développer des théses qui contribuaient à la réflexion mais rarement à l’unanimité.

« Chacun d’entre nous trouvera dans ces pages une raison (ou plusieurs) d’être questionné, déplacé et/ou choqué, écrivait à cette occasion Élodie Maurot dans La Croix le 17 janvier 2019. On pourra donc discuter cet ouvrage, le critiquer, l’amender, le prolonger, mais on aurait tort de le pourfendre ou de l’ignorer, car peu de théologiens font entendre aussi nettement la voix du Dieu qui « a tant aimé le monde » (Jean 3, 16). »

C’est ce monde que le père Joseph Moingt a quitté, mardi 28 juillet, à l’âge de 104 ans. Ses obsèques seront célébrées samedi 1er août à 10 h 30 en l’église Saint François d’Assise de Vanves (Hauts-de-Seine).

 Il réconfortait les chrétiens ébranlés

Il y a tout juste dix ans, le théologien jésuite sillonnait encore la France, toujours vif et plein d’humour pour évoquer « Croire quand même » (2) publié sous le pontificat de Benoît XVI à une époque où de nombreux fidèles se sentaient mal à l’aise avec « l’option choisie par Rome d’un retour au passé », selon le vieux jésuite. Multipliant les conférences, il s’employait à fortifier des chrétiens ébranlés dans leur foi et parfois tentés de quitter l’Église. « Restez », leur disait-il.

Il pouvait se permettre d’aborder sans fard la crise du christianisme, s’appuyant sur la légitimité que confèrent des décennies de travail et d’engagement théologique. Né en 1915, à Salbris (Loir-et-Cher), et entré fin 1938, à 23 ans, dans la Compagnie de Jésus, le père Moingt aura consacré toute sa vie à l’intelligence de la foi chrétienne.

Il enseigna la théologie à partir de 1956, à la Faculté jésuite de Fourvière, à Lyon, puis à partir de 1968, à l’Institut catholique de Paris (ICP). En 1970, il fut engagé pour donner des cours de christologie dans le cadre du Cycle C (formation pour les laïcs en cours du soir à l’ICP), ainsi qu’au scolasticat jésuite de Chantilly (Oise). À partir de 1974, il livre sa pensée au Centre Sèvres, ne s’interrompant qu’en 2002, à 87 ans…

 

Rendre accessibles les sujets doctrinaux

Ayant pris sa retraite de la Catho de Paris à 65 ans, le jésuite continua ses recherches théologiques et la publication d’ouvrages importants, en particulier « Croire au Dieu qui vient » (2 tomes, Gallimard, 2014 et 2016) dans lequel il tentait de rendre accessibles les sujets doctrinaux sur lesquels il travaillait depuis plus de soixante ans : Comment dire l’humanité du Christ s’il est né d’une femme vierge ? Comment expliquer la Trinité si on ne peut différencier l’Esprit du Père de celui du Fils ?

Des questions qu’il approfondissait pour repenser certaines formulations du dogme chrétien. Lui qui, pendant ses expériences paroissiales à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), puis à Poissy (Yvelines) et Sarcelles (Val-d’Oise), avait mis en place « des groupes de laïcs fréquentant l’Eucharistie mais ayant besoin de se retrouver pour des partages d’Évangile ou des relectures de vie », annonçait une « Église en diaspora », fondée sur des chrétiens, certes bien moins nombreux, mais mieux formés et vivant une vie spirituelle et apostolique réelle.

Car pour Joseph Moingt, ce n’est pas en se focalisant sur l’institution ecclésiale que l’on pourra mener une réforme radicale du catholicisme, mais en revenant à l’Évangile. « Il y a urgence à repenser toute la foi chrétienne pour dire “Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme” dans le langage d’aujourd’hui et en continuité avec la Tradition », répétait-il en puisant sur son immense culture théologique et biblique pour confirmer que l’Église ne peut s’imaginer un avenir avec des réponses dogmatiques et qu’il faut qu’en son sein des théologiens « fassent du neuf sans être menacés d’excommunication ». En ce qui le concerne, sa plume n’a jamais été motivée par la peur d’une sanction ecclésiale, mais plutôt par le désir d’écrire en accord avec sa foi. Et puis, « à mon âge, on ne risque plus grand-chose ! ».

La liberté, toujours. Dans « Croire quand même », il disait : l’Église a un avenir, mais celui-ci n’est pas à chercher ailleurs que « dans la liberté que l’Évangile lui ouvre ».

 

(1) L’Esprit du christianisme, 2018, Temps présent, 282 p., 22 €

(2) Croire quand même, Libres entretiens sur le présent et le futur du catholicisme, avec Karim Mahmoud-Vintam et Lucienne Gouguenheim, Temps Présent, coll. « Semeurs d’avenir », 2010, 245 p., 19 €

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Seul l’amour est digne de foi

L’amour seul est digne de foi

Hans-Urs von Balthasar

Saint-Maur, Parole et Silence, 1999. 125 pages

 

Résumé

 » Quel est, dans le christianisme, l’élément spécifiquement chrétien ? Le christianisme, dans sa réflexion sur lui-même, ne peut être considéré ni comme une doctrine de sagesse surélevant la sagesse religieuse de l’humanité grâce à un enseignement divin, ni comme un avènement définitif de l’homme personnel et social grâce à la révélation et à la rédemption. Il ne peut être compris que comme l’amour divin se glorifiant lui-même. Dans l’Ancien Testament, cette gloire est la présence de la majesté souveraine de Yahvé dans son Alliance ; dans le Nouveau Testament, cette gloire sacrée se manifeste comme le geste de Dieu qui dans le Christ aime « jusqu’à la fin », c’est-à-dire s’abaisse jusque dans la mort et dans les ténèbres. Cet amour qui va jusqu’à l’extrême et que le monde et l’homme ne peuvent même soupçonner, ne peut être perçu que s’il est reçu comme le « tout Autre ».  » Hans-Urs von Balthasar

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Hans Urs von Balthasar

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LE COEUR DU MONDE DE HANS URS VON BALTHASAR

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Beaucoup de livres dits «de spiritualité» déçoivent et laissent le lecteur sur sa faim. Il y a, bien sûr, quelques exceptions. Le « Cœur du Monde », de Hans Urs von Balthasar en est une. C’est un des quelques livres de spiritualité chrétienne qu’il m’ait été donné de découvrir récemment et que l’on aime reprendre…

Que dire de ce chef d’œuvre? C’est une œuvre «de jeunesse» du grand théologien suisse, sans doute très différente de ses grands ouvrages, en particulier de sa trilogie (esthétique, dramatique et théologique). Celui que le P. Henri de Lubac présentait comme l’homme «sans doute le plus cultivé de son temps» y médite le mystère chrétien sur un ton lyrique et poétique, qui emporte le lecteur comme un flot au-delà de lui-même !

En voici un extrait glané au cours de cette lecture…. mais dès les premières lignes on se laisse prendre au piège

«En quelle prison gémit tout être fini ! C’est en prison que l’homme, comme tout être, est né: son âme, son corps, sa pensée, sa volonté, ses aspirations, tout en lui est entouré d’une frontière, constitue même une frontière palpable, tout le sépare et l’isole. Par les ouvertures grillagées des sens, chacun regarde au-dehors vers une réalité étrangère à lui qu’il ne sera jamais. Et son esprit s’élancerait-il, comme l’oiseau, à travers les espaces du monde: lui-même n’est pas cet espace qu’il parcourt, et de son passage il ne subsiste aucune trace durable. D’un être à l’autre, quelle distance! Et même lorsqu’ils s’aiment et se font signe mutuellement de l’îlot qui leur sert de prison, même lorsqu’ils tentent de faire communiquer leurs solitudes et de se donner une illusoire unité, bien vite les surprend, d’autant plus douloureuse, la désillusion, lorsqu’ils retrouvent les barreaux invisibles, la froide paroi de verre contre laquelle ils viennent buter, pauvres oiseaux captifs… (p. 21).

Tu restes seul. Tu es tout en tous. Même si ton amour nous veut pour se déployer en nous et pour célébrer en nous le mystère de la génération et de la fécondité, c’est pourtant ici et là ton amour qui donne et qui est donné, qui est à la fois semence et terre féconde. Et l’enfant mis au monde, c’est toi encore. Lorsque l’amour a besoin de deux pieds pour marcher, celui qui marche est unique, et c’est toi. Et lorsque l’amour a besoin de deux êtres qui aiment, un amant et un aimé, alors il n’y a qu’un seul amour, et c’est toi qui es l’amour. Tout est ordonné à ton cœur qui bat éternellement. Maintenant encore, le temps et la durée battent la mesure de la création et, à grands coups douloureux, poussent en avant le monde et son histoire. C’est l’inquiétude de l’horloge, et ton cœur est inquiet jusqu’à ce que nous reposions en toi, et toi en nous, temps et éternité absorbés l’un dans l’autre. Mais soyez tranquilles: j’ai vaincu le monde. Le fracas du péché a disparu dans le silence de l’amour. Celui-ci en est devenu plus sombre, plus flamboyant, plus ardent, à cause de l’expérience de ce qu’est le monde. Mais l’abîme moins profond de la révolte a été englouti par la miséricorde insondable, et en battements majestueux règne paisiblement le Cœur divin» (p. 196-197).

Voilà, il ne vous reste plus qu’à lire les 175 pages qui séparent le début de la fin et découvrir comment nous sommes conduits de notre prison au Cœur du Christ

(*) Editions Saint-Paul, réédition 2014, 208

 

L’amour seul est digne de foi

Urs von Balthasar

Saint-Maur, Parole et Silence, 1999. 125 pages.

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Résumé

 » Quel est, dans le christianisme, l’élément spécifiquement chrétien ? Le christianisme, dans sa réflexion sur lui-même, ne peut être considéré ni comme une doctrine de sagesse surélevant la sagesse religieuse de l’humanité grâce à un enseignement divin, ni comme un avènement définitif de l’homme personnel et social grâce à la révélation et à la rédemption. Il ne peut être compris que comme l’amour divin se glorifiant lui-même. Dans l’Ancien Testament, cette gloire est la présence de la majesté souveraine de Yahvé dans son Alliance ; dans le Nouveau Testament, cette gloire sacrée se manifeste comme le geste de Dieu qui dans le Christ aime « jusqu’à la fin », c’est-à-dire s’abaisse jusque dans la mort et dans les ténèbres. Cet amour qui va jusqu’à l’extrême et que le monde et l’homme ne peuvent même soupçonner, ne peut être perçu que s’il est reçu comme le « tout Autre ».  » Hans-Urs von Balthasar.

 

La Prière contemplative 

Hans Urs von Balthasar

Paris, Parole et Silence, 2002. 280 pages.

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Présentation de l’éditeur

Bien des chrétiens connaissent la nécessité et la beauté de la prière contemplative et y aspirent sincèrement. Mais peu, en dehors d’essais tâtonnants, bientôt abandonnés, restent fidèles à cette prière, et moins nombreux encore sont ceux qui sont convaincus et satisfaits de leurs efforts propres en cette matière. Une atmosphère de découragement et de pusillanimité entoure, dans l’Eglise, la contemplation. Nous voudrions bien, mais nous n’y arrivons pas. L’heure de méditation projetée s’écoule dans la distraction et dans l’incohérence et, parce qu’elle ne produit aucun fruit visible, nous sommes tentés d’abandonner. Le présent livre tente, en partant d’une vue d’ensemble de la révélation chrétienne, de décrire la profondeur et la splendeur de cette forme de prière. Il cherche à éveiller la joie qu’elle fait naître, à faire éprouver sa nécessité, à affirmer son caractère indispensable pour la vie. La prière contemplative nous découvre et exalte cette dimension verticale de la vie chrétienne. Rien de critique ni de négatif en ces pages, mais la plus constructive, la plus belle, la plus stimulante des ascensions spirituelles.

Quatrième de couverture

Bien des chrétiens connaissent la nécessité et la beauté de la prière contemplative et y aspirent sincèrement. Mais peu, en dehors d’essais tâtonnants, bientôt abandonnés, restent fidèles à cette prière, et moins nombreux encore sont ceux qui sont convaincus et satisfaits de leurs efforts propres en cette matière. Une atmosphère de découragement et de pusillanimité entoure, dans l’Église, la contemplation. Nous voudrions bien, mais nous n’y arrivons pas. L’heure de méditation projetée s’écoule dans la distraction et dans l’incohérence et, parce qu’elle ne produit aucun fruit visible, nous sommes tentés d’abandonner.

Le présent livre tente, en partant d’une vue d’ensemble de la révélation chrétienne, de décrire la profondeur et la splendeur de cette forme de prière. Il cherche à éveiller la joie qu’elle fait naître, à faire éprouver sa nécessité, à affirmer son caractère indispensable pour la vie. La prière contemplative nous découvre et exalte cette dimension verticale de la vie chrétienne. Rien de critique ni de négatif en ces pages, mais la plus constructive, la plus belle, la plus stimulante des ascensions spirituelles.

 

 

L'EVANGILE INTERIEUR, LITTERATURE CHRETIENNE, LIVRES - RECENSION, LIVRES DE SPIRITUALITE, MAURIE ZUNDEL (1877-1975), MEDITATIONS, SPIRITUALITE

L’Evangile intérieur de Maurice Zundel

L’Evangile intérieur

Maurice Zundel

Editions Saint-Augustin, 2007. 151 pages

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Résumé :

« L’humanité n’a Jamais éprouvé plus tragiquement le besoin de Dieu. Elle ne semble repousser le plus souvent que pour avoir mis sous son nom des choses incompatibles avec l’idée que toute âme droite est appelée à s’en faire… Dieu n’est pas une invention, c’est une découverte. » Maurice Zundel situe le message chrétien dans la perspective intérieure qui fait saisir son rapport avec la vie spirituelle. L’Évangile intérieur relate les entretiens du Père Zundel diffusés sur Radio-Luxembourg en 1935. Le fruit de ces méditations lumineuses et prophétiques reçut un accueil unanime qui ne s’est jamais démenti.

Extrait

À la recherche de l’âme

Vous vous rappelez cette inscription que les pèlerins de la Grèce antique lisaient à Delphes sur le fron­ton du temple d’Apollon :
ΓΝΩΘΙ ΣΑΥΤΟΝ
«Connais-toi toi-même.»

Elle signifiait : connais-toi mortel, et non point dieu.
Les Sages y virent une invitation à philosopher. Ils pensaient avec raison que la vie intérieure de l’homme est le premier sanctuaire de la divinité, et ils inscrivaient dans leur âme les mots qu’ils avaient lus sur la pierre :

ΓΝΩΘΙ ΣΑΥΤΟΝ
«Connais-toi toi-même.»

C’est là que commence la découverte de la vie, et rien n’est plus passionnant que cette recherche : savez-vous qui vous êtes et quel est votre vrai nom ?
Quand vous vous poserez sérieusement cette question, vous sentirez soudain tout ce qu’elle soulève de mystère.
Une mère ne peut oublier l’instant où, pour la première fois, son petit enfant a dit : Maman. Une voix enfin répondait à la sienne. Après tant de sourires, où silencieusement déjà s’épanchait la lumière de l’esprit, cet appel soudain jaillissait comme l’explosion de l’âme : le dedans venait au jour. Elle ne cessera plus d’écouter cette révélation. Elle voudra connaître ce cœur  qu’elle s’applique à former. Elle n’aura pourtant jamais fini de le découvrir : son secret est à lui, et peut-être un jour sera-t-elle atrocement meurtrie d’y demeurer étrangère : jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’on ne rencontre une âme qu’en baissant les yeux.
Nous ne savons pas qui nous sommes, et chaque jour, nous voyons surgir en nous des régions inexplorées, des terres inconnues, des continents en dérive, des cités qui s’élèvent ou s’écroulent : tout un univers en perpétuelle gestation.
Et le mystère de notre vie : nos espoirs et nos rêves, nos douleurs et nos faiblesses, notre grandeur et notre misère, tout cela chacun de nos semblables, à sa manière, le vit.
Voici notre ami le plus cher ; nous lui serrons la main pour lui donner le bonjour. À peine réalisons-nous le contact matériel qui s’établit entre nous par ce geste : sa main n’est dans la nôtre que le symbole et le gage de son amitié. Notre intention se porte au-delà, c’est son cœur  que nous cherchons. Non point évidemment ce muscle de chair qui bat dans sa poitrine, mais ce cœur spirituel avec lequel il nous aime : ce cœur , qu’on ne peut situer nulle part, et que les mains ne saisiront jamais, ce cœur  qui est l’être même en sa source : toute sa vie intérieure et tout le mystère de sa personne.
Combien de tragédies d’amour s’exaspèrent dans cette impuissance à saisir ce dedans qu’on ne peut atteindre qu’en renonçant à le posséder, car il est infini comme le rêve d’une pensée libre.
Personne ne pourra jamais forcer notre estime, contraindre notre jugement ou violer notre cœur .

 

Maurice Zundel (1897-1975).

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Maurice Zundel est un prêtre et théologien catholique suisse.

Ordonné prêtre pour le diocèse de Lausanne-Genève en 1919, il passe quelques années à Rome pour y obtenir un doctorat en théologie. Il s’initie aux recherches de la science, de la littérature et des arts. En 1920 sa rencontre avec le philosophe Pascal Goofy le bouleversera.

Il mène ensuite une vie itinérante de conférencier qui le conduit de Suisse en France, en Israël, en Égypte et au Liban. C’est à Paris, en 1926, qu’il fait la connaissance de l’abbé Jean-Baptiste Montini qui deviendra le pape Paul VI. Une profonde amitié liera les deux hommes tout au long de leur vie. Paul VI invite Maurice Zundel à prêcher la retraite au Vatican en 1972.

Publiée sous le titre de « Quel homme et quel Dieu? » (1986), cette retraite est la synthèse de sa recherche personnelle.
Écrivain, poète, mystique et conférencier, Maurice Zundel a publié une trentaine de livres.

site : http://www.mauricezundel.com/fr/
Source : Wikipedia

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Ecrits spirituels du Moyen Âge

Ecrits spirituels du Moyen Âge

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La Pléiade publie un volume rassemblant des écrits spirituels médiévaux, témoignage de la quête de Dieu du XIau XVe siècle.

 

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Saint Bernard de Clairvaux écrivant à son bureau alors que près de lui, un démon s’agite. Miniature extraite du Livre d’heures du maître de Dunois, vers 1439-1450. / British Library/Leemage

  • Écrits spirituels du Moyen Âge, Textes traduits, présentés et annotés par Cédric Giraud, La Pléiade, 1 210 p., 58 € jusqu’au 31 mars 2020, 63 € ensuite

Un voyage intérieur et ascendant, voilà ce que proposent les quinze auteurs rassemblés dans le nouveau volume de la Pléiade, Écrits spirituels du Moyen Âge. Il rassemble une série de grands textes parmi ceux qui ont le plus compté dans la vie spirituelle médiévale de langue latine, entre le XIe et le XVe siècle.

Pour établir cette sélection, Cédric Giraud, ancien élève de l’École des chartes et professeur à l’université de Lorraine, s’est intéressé aux habitudes de lecture médiévale en croisant les listes de lecture recommandées aux moines et la diffusion des manuscrits dans les bibliothèques de l’époque.

Il a ainsi reconstitué un corpus représentatif de la spiritualité du Moyen Âge, où figurent de grands noms comme Bernard de Clairvaux, Bonaventure et Thomas d’Aquin et d’autres, moins lus aujourd’hui, comme Anselme de Cantorbéry et Hugues de Saint-Victor, le Pseudo-Bernard de Clairvaux et le Pseudo-Augustin, Jean Gerson et Thomas a Kempis. Tous jouèrent un rôle clé dans une spiritualité médiévale qui se pratiqua d’abord à l’abri des cloîtres, puis se diffusa au monde laïc à partir du XIIIe siècle.

Le témoignage d’une «civilisation du livre»

En proposant cette sélection, Cédric Giraud fait œuvre utile, car ce volume sort de l’ombre une culture à la fois intellectuelle et pratique souvent négligée ou oubliée. Il témoigne d’un art d’exister où religion et quête spirituelle, effort intellectuel et travail sur soi s’entrelacent et se nourrissent mutuellement.

Bien loin des clichés, encore tenaces, sur le sombre Moyen Âge, cet ouvrage montre que «le développement de la spiritualité médiévale, inséparable de l’essor d’une civilisation du livre, fit du texte le moyen privilégié pour comprendre le monde extérieur et se déchiffrer soi-même», souligne le médiéviste.

Grâce à une traduction très fluide, ces auteurs nous reviennent avec toute leur vitalité. Ils nous livrent le vibrant témoignage de leurs vies aimantées par le Très-Haut, en attente de «savourer Dieu» (Bernard de Clairvaux), dans une quête mystique infinie mais sans cesse renouvelée : «Toujours rassasié, toujours tu bois, car toujours il te plaît de boire et jamais tu ne t’en lasses. (…) Toujours en effet tu désires ce que toujours tu as et ce que tu es toujours assuré de toujours avoir. (…) Ô rassasiante béatitude et bienheureux rassasiement», décrit Anselme de Cantorbéry.

Pour atteindre ce but rayonnant, le spirituel médiéval est prêt à être émondé par un travail intérieur exigeant, à multiplier les exercices, à consentir aux sacrifices. Il est prêt à l’abandon du monde, voire au mépris de l’existence. «Plus nous vivons, plus nous péchons. Plus la vie est longue, plus la faute grandit», juge ainsi, très pessimiste, le Pseudo-Bernard de Clairvaux. «Pourquoi t’enorgueillir, poussière et cendre, toi dont la conception est une faute, la naissance un malheur, la vie une peine, la mort une angoisse?»

Les tréfonds de l’humanité

À la lecture de ce volume, on ressent combien les spirituels médiévaux sont parfois piégés par un imaginaire hiérarchique qui les conduit à opposer l’homme et Dieu alors même qu’ils souhaiteraient les réunir. La Renaissance, puis la Réforme et la modernité donneront heureusement d’autres nuances à la spiritualité chrétienne. Mais leur quête, radicale et parfois excessive, leur donne d’oser s’enfoncer dans les tréfonds de l’humanité, traversant ses doutes et ses angoisses, assumant ses espérances.

Ils cherchent à évaluer ce qui semble juste et porte à la croissance, jaugent les progrès, soutiennent un effort d’introspection parmi les plus puissants que l’histoire ait vu surgir. «Efforce-toi de te connaître: tu es bien meilleur et plus louable en te connaissant que si, en te négligeant, tu connaissais le cours des astres, les propriétés des herbes, la complexion humaine, la nature des êtres vivants et que si tu avais la science de tous les êtes célestes et terrestres», conseille ainsi le Pseudo-Bernard de Clairvaux.

 

ECRIVAIN CHRETIEN, ECRIVAIN FRANÇAIS, JEAN-PIERRE DE CAUSSADE (1675-1751), LITTERATURE CHRETIENNE, LITTERATURE FRANÇAISE, LIVRE, LIVRES, LIVRES - RECENSION, LIVRES DE SPIRITUALITE

L’Abandon à la divine providence : traité de spiritualité attribué à Jean-Pierre de Caussade

L’abandon à la divine providence

Autrefois attribué à Jean-Pierre de Caussade

Ed. et introd. D. Salin.

Paris, Desclée de Brouwer, coll. « Christus », 2005,202 pages

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Présentation de l’éditeur

Depuis un siècle et demi, ce petit traité est un des best-sellers de la littérature spirituelle.  » C’est un des livres dont je vis le plus « , disait Charles de Foucauld. Le théologien Urs von Balthasar voyait en lui un résumé de la mystique européenne,  » depuis les Rhénans jusqu’aux Français en passant par jean de la Croix, dans une unité d’une simplicité confondante « . Il est l’équivalent moderne de ce que fut, et demeure, l’Imitation de Jésus-Christ. La collection  » Christus  » en donne une édition entièrement nouvelle. L’introduction fait le point sur l’histoire mouvementée de ce texte, à la lumière des études récentes. Composé dans la première moitié du XVIIIe siècle, il ne peut plus être attribué au jésuite Jean-Pierre de Caussade, mais à une plume anonyme, disciple de Madame Guyon. L’introduction présente également la grande caractéristique de cette spiritualité de l’abandon dans  » le moment présent « , lorsque s’obscurcit le ciel de la foi. La lecture du texte est facilitée par une ponctuation moderne, qui en souligne la vigueur. Il s’agit aussi d’une édition critique : la leçon du manuscrit est indiquée en note lorsque le texte est corrigé.

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C’est en réalité une femme qui l’a écrit

 

  • «L’abandon à la Providence divine» a été pendant des années attribué au jésuite Jean-Pierre de Caussade. ·

2 mai 2012 L’Observatore Romano

Amantine Lucie Aurore Dupin publie ses romans, mais, pour qu’ils soient acceptés, elle les signe George Sand; Mary Ann Evans devient George Eliot. Currer Bell, Ellis Bell et Acton Bell ne sont autres que les pseudonymes masculins de Charlotte, Emily et Anna Brontë, obligées de les utiliser pour publier leurs romans. Ce n’est qu’après la mort de Maria Alphonsina Ghattas que l’on découvrit qu’elle était la véritable fondatrice, à Bethléem en 1880, de la Congrégation du Rosaire, dont l’aumônier de la communauté avait toujours été  considéré comme le fondateur. Et cela a été le cas pour de nombreux autres instituts religieux féminins.

Récemment, l’historien français Jacques Gagey a révélé que cela s’est produit également pour l’un des plus célèbres livres de spiritualité  catholique, L’abandon à la Providence divine, l’œuvre spirituelle la plus importante du XVIIIè siècle français, rédigée vers 1740 et publiée en 1861. Urs von Balthasar la considérait  «le livre charnière qui recueillait l’épopée mystique tout entière», un classique de la spiritualité et un livre à l’aspect unique qui accompagne constamment de nombreuses personnes spirituelles. Ces pages si célèbres et sans cesse rééditées ne sont donc pas l’œuvre du jésuite Jean-Pierre de Caussade, mais d’une femme. Gagey sait que, à cette époque, l’attribution de l’auteur n’avait pas d’importance. Mais faire aujourd’hui la lumière est un devoir de vérité historique, surtout lorsque tous pensent que l’auteur est un homme, et que cela rend plus difficile de découvrir qu’il s’agit en revanche d’une femme.

Il s’agit d’une autobiographie spirituelle, inscrite dans la culture spirituelle du siècle comme un texte cohérent, l’œuvre d’une seule main: «Seuls ceux qui ne connaissent pas suffisamment la littérature mystique peuvent mettre en doute que l’auteur est une femme». Egalement parce cet auteur parle souvent au féminin : «C’est à vous à tout régler: la sainteté, la perfection, le salut, la direction, la mortification, c’est votre affaire; la mienne est d’être contente de vous et de ne m’approprier aucune action ni passion, mais laisser tout à votre bon plaisir». L’auteure est une femme originaire de Lorraine, dirigée par le père de Caussade dont on ignore encore le nom, mais assurément d’une condition sociale élevée et proche de la Visitation de Nancy.

Appelons-la Dame Abandon, en absence d’un nom précis. Tout d’abord confidente, puis protectrice du père de Caussade, elle hérite de la grande tradition mystique mais elle connaît également, et elle fait sienne, la philosophie des Lumières, dans une acception positive. Précisément en assumant la responsabilité d’utiliser courageusement sa propre intelligence et de ne pas déléguer passivement sa vie intérieure à un livre ou à un directeur spirituel, l’auteure révèle son choix de liberté. Non pas en s’attardant sur des théories ou des abstractions, mais en allant directement, comme cela avait déjà été le cas de sainte Thérèse d’Avila, à sa propre expérience concrète.

Lorsqu’une innovation  apparaît dans la spiritualité, voilà alors se présenter des confesseurs ou des directeurs spirituels qui sentent le devoir de s’en approprier, peut-être pour lui faire parcourir  un chemin plus sûr grâce à leur supériorité intellectuelle et théologique. Ils ne considèrent donc la femme que comme la porteuse d’une intuition qui, pour être développée et portée à connaissance, demande l’autorité d’un homme et de ses instruments intellectuels.

A la moitié du XIXè siècle, la visitandine Marie-Cécile Fervel découvrit des fragments de lettres et elle eut la conviction qu’il s’agissait d’une correspondance spirituelle de la supérieure de son monastère, mère de Rottembourg. Elle composa une lettre avec  les différents morceaux, la faisant passer pour une lettre du père de Caussade, et elle fit de même  avec d’autres fragments, trompant ainsi le jésuite Ramière, pour faire en sorte que ces écrits puissent devenir une partie de la préparation spirituelle des monialesRamière, reconnaissant la valeur des textes, leur donna la forme d’un traité  divisé en chapitres, et il y ajouta aussi un titre, L’abandon à la Providence divine, pensé comme le moyen le plus facile de sanctification, œuvre posthume du père de Caussade, jésuite. Les sœurs se concentrèrent sur celui-ci, non pour continuer la tromperie, mais parce qu’il était habituel de présenter un texte de manière à le rendre adapté à un milieu spécifique. Les copistes modifiaient, coupaient et inséraient  en pleine liberté des passages adaptés à la vie du couvent, elles s’échangeaient les lettres et en copiaient  les passages les plus significatifs, laissant de côté le nom de celui qui avait écrit.

L’abandon est une véritable science, qui enseigne la confiance dans la vie et dans l’auteur de la vie. L’intériorité se déploie alors dans le chant de joie de la liberté spirituelle, l’amour pur et l’anéantissement de la propre volonté, car «l’action divine inonde l’univers, pénètre toutes les créatures, les submerge». Dame Abandon ne dit pas des choses nouvelles, ce n’est pas une innovatrice, elle ne se soucie pas des répétitions, mais elle est riche d’annotation psychologiques et, surtout, elle s’inspire d’une expérience vécue. Son principe de devenir spirituel prend le nom d’abandon et est ouvert à l’histoire, aux événements, à l’acceptation de tout ce qui a lieu, et de tout ce que nous devons souffrir. Elle observe que tout se meut selon une orientation providentielle: «Le moment présent est donc comme un désert où l’âme simple ne voit que Dieu seul, dont elle jouit, n’étant occupée que de ce qu’il veut d’elle: tout le reste est laissé, oublié, abandonné à la Providence».

L’auteure affronte le présent sans méthode particulière, mais elle se concentre sur  l’attitude profonde. L’objectif pointe précisément sur l’expérience quotidienne, dans le traumatisme permanent de l’abandon comme suspension de l’amour: dans la douceur transparaît l’audace. L’âme, dans la responsabilité de sa propre liberté, pratique l’intériorité avec la bonne volonté positive et sa conscience s’harmonise. A une époque moderne et avec d’autres connaissances scientifiques, Jung définit ce processus d’intégration de la conscience «le processus d’individuation».

Cristiana Dobner

 

http://www.osservatoreromano.va/fr/news/cest-en-realite-une-femme-qui-la-ecrit

 

L’Abandon à la providence divine d’une dame de Lorraine au 18e siècle, suivi des Lettres spirituelles de Jean-Pierre Caussade à cette dame. Édition critique établie par Jacques Gagey, 2001 

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L’histoire de L’abandon à la Providence divine, composé dans un milieu religieux fortement marqué par cette mystique laïque qu’était Madame Guyon, est extraordinaire Le P. Dominique Salin, jésuite, historien de la spiritualité et collaborateur assidu de Christus, en raconte avec brio, dans son introduction, les multiples péripéties. Comment cet ouvrage du début du XVIIe siècle, écrit juste après la rupture entre Bossuet et Fénelon qui scellera la fin du lien entre mystique et théologie, a-t-il pu connaître un succès jamais démenti depuis sa parution à la fin du XIXe siècle ? D’abord, le style de L’Abandon est résolument moderne et en parfaite adéquation avec son propos : on y voit précisément à l’oeuvre  l’abandon au moment présent constamment renouvelé, presque chaque paragraphe résumant à lui seul tout le livre. Après une première affirmation, l’auteur a coutume de laisser sa phrase s’écouler en de longues périodes, comme s’il l’abandonnait à l’inspiration divine Par instants toutefois, l’insaisissable semble se laisser saisir, et la phrase alors s’écourte, se densifie. 
Surtout, la perception de Dieu, telle que la propose ce petit livre, est très actuelle. L’auteur valorise la prévenance du Père à l’égard de l’homme qui n’a rien à craindre d’un quelconque châtiment divin . mieux vaut suivre l’exemple de la Sainte Famille dépendante du bon plaisir divin Sans doute, cinquante ans auparavant, aurait-on davantage mis en avant l’exemple du Christ. 
Déjà perceptible chez Madame Guyon, l’effacement du Christ comme médiateur, et a fortiori de l’Eglise, est ici extrême, comme chez nombre de nos contemporains. A partir de là, l’auteur n’emploie le terme d’abandon qu’avec circonspection, car lui aussi est devenu suspect. C’est pourquoi il ne l’applique pour l’essentiel qu’à propos de la moins suspecte des créatures : Marie. C’est à travers les mots du Magnificat que Jésus parle avec le plus d’aisance ; c’est par les seuls yeux de Marie que nous voyons Jésus dans la crèche et sur la croix, etc L’expérience intime de l’Esprit Saint, acquise comme à l’aveugle par ces saints cachés que sont, à l’image de Marie, les âmes les plus simples « sanctifie et surnaturalise » les temps que nous vivons. Ainsi, ces âmes complètent l’Ecriture sainte à travers « un livre de vie » où sont inscrits les plus beaux silences de l’humanité, pour peu qu’ils relèvent de l’ordre de Dieu, d’un « déjà là » qui ne souffre plus de « pas encore ». 
On devine aisément pourquoi un Charles de Foucauld et toute une foule de chrétiens anonymes depuis plus d’un siècle ont marqué la lecture de cet ouvrage d’une pierre blanche. Christus est heureuse d’en offrir une nouvelle édition entièrement refondue.

 

CHRISTUS N°210Avril 2006

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Jean-Pierre de Caussade

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Jean-Pierre Caussade, né le 7 mars 1675 à Cahors (France) et mort le 8 décembre 1751 à Toulouse (France) est un prêtre jésuite et maître spirituel.  

 Biographie

Entré dans la Compagnie de Jésus en 1693 et ordonné prêtre en 1704, Caussade fut d’abord enseignant dans différents collèges jésuites avant de consacrer la plus grande partie de son temps à la direction spirituelle. Il fut le recteur du collège de Perpignan (1739) et d’Albi (1743).

C’est comme guide spirituel qu’il trouve sa place dans l’histoire religieuse de la France. Il était directeur des religieuses visitandines et donnait les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola, lorsqu’il était directeur de la maison de retraite de Nancy. Son approche spirituelle, encourageant l’oraison de quiétude et poussant à la passivité dans la vie spirituelle, fit qu’on l’accusa de quiétisme.

Ses écrits authentiques, se ramènent à un certain nombre de Lettres de direction spirituelle et quelques petits textes spirituels. L’Abandon à la Providence divine, le célèbre livre de spiritualité qui a fait connaître le nom de Jean-Pierre de Caussade au public, n’est pas directement de sa plume. Composé dans la première moitié du XVIIIè siècle, possiblement par une femme, il fut lu et copié dans l’entourage de Madame Guyon, et ensuite chez les visitandines. Il ne fut publié qu’en 1860, lorsque le jésuite Henri Ramière en prit connaissance. Ramière fut trompé par des visitandines qui montèrent un stratagème pour le persuader d’attribuer ce livre à Caussade. Les visitandines voulaient mettre Caussade à l’honneur parce qu’il avait laissé un souvenir marquant comme directeur spirituel au couvent des Visitandines de Nancy.

D’autres textes spirituels ont été attribués à Caussade qui ne sont pas de lui ou de façon très lointaine.

 Écrits

Instructions spirituelles en forme de dialogue, Perpignan, 1741

Bossuet, maître d’oraison (édité par Henri Bremond), Paris, 1931

L’Abandon à la providence divine, Paris, Desclée de Brouwer

Traité sur l’oraison du cœur, Paris, 1981

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