DIOCESE D'AIX ET ARLES (France ; Bouches-du-Rhône), EGLISE CATHOLIQUE, EVÊQUE, EVEQUES DE FRANCE, LITURGIE, ORDINATION, ORDINATION EPISCOPALE

Déroulement d’une ordination épiscopale

Déroulement d’une ordination épiscopale

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Ordination et eucharistie :

L’ordination doit être célébrée au cours d’une messe solennelle, de préférence un dimanche (jour de la résurrection), à laquelle les prêtres et les fidèles du diocèse, sont tous invités. Il est important que cette ordination ait lieu au cours de la célébration de l’Eucharistie car c’est le sacrement par lequel le Christ rassemble son peuple et le nourrit de sa vie. On dit que « l’Eucharistie fait l’Église ».

Au début de la cérémonie, le diocèse est présenté puis le futur évêque.

Au moins trois évêques :

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L’évêque est à la tête de son diocèse, mais il est aussi en communion avec tous les autres évêques du monde (le collège épiscopal) unis autour du Pape. Pour marquer cette communion, il faut au moins que trois évêques soient présents pour l’ordination d’un nouvel évêque.

La liturgie de l’ordination est présidée par l’archevêque de la province ecclésiastique dont dépend le diocèse du futur évêque. L’archevêque n’est pas à proprement parler le supérieur hiérarchique des évêques de la province, mais il est chargé d’y veiller à la communion et à ce que la vie de l’Église s’y déroule paisiblement. Deux évêques l’assistent.

Accueil et demande de l’ordination :

Deux prêtres assistent le futur évêque, dont l’un demande à l’archevêque qu’on ordonne le futur évêque, pour la charge de l’épiscopat.

Lecture de la bulle papale :

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On ne peut, dans l’Église catholique, devenir évêque sans avoir été nommé par le successeur de l’apôtre Pierre : le Pape. Après la présentation du diocèse et du futur évêque, l’archevêque demande qu’on lise la lettre apostolique du Pape, nommant le futur évêque. Puis l’assemblée rend grâce en chantant le Gloire à Dieu.

L’engagement :

Avant d’être ordonné, le futur évêque prend devant toute l’assemblée les engagements au bon exercice de sa mission au nom du Christ. Il promet :
 de servir le peuple de Dieu et d’annoncer l’Évangile du Christ
 de garder la pureté et l’intégralité du dépôt de la foi selon la tradition reçue des apôtres
 de construire le corps du Christ qui est l’Église
 d’obéir fidèlement au successeur de Pierre
 de prendre soin du peuple qui lui est confié et de le diriger sur le chemin du salut, avec les prêtres, les diacres et les collaborateurs de son ministère
 d’accueillir au nom du Seigneur, les pauvres, les étrangers et tous ceux qui sont dans le besoin
 de partir à la recherche de ceux qui s’égarent
 d’intercéder sans relâche auprès de Dieu pour le peuple
 de remplir de façon irréprochable la fonction de grand prêtre et de pasteur.

 

Prostration et litanie des saints :

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L’ordinand s’allonge sur le sol alors que l’assemblée chante la litanie des saints. Ce rite signifie l’abandon à Dieu en imitant Jésus-Christ, mort et ressuscité et la confiance dans la communion des saints.

Imposition des mains et prière d’ordination :

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C’est le rite essentiel de l’ordination : l’archevêque impose les mains sur la tête du futur évêque, et à sa suite, tous les évêques présents. Cela fait, l’archevêque proclame la longue prière d’ordination qui redit le sens de l’épiscopat et demande à Dieu la grâce pour celui qui la reçoit. C’est par ce rite (imposition des mains et prière d’ordination) qui fait l’ordination, qu’est transmise la charge que Jésus a confiée aux Apôtres. C’est le geste le plus ancien dans l’Église. Déjà saint Paul pratiquait ainsi, comme il le rappelle dans sa lettre à Timothée : « Ne néglige pas le don de la grâce en toi, qui t’a été donné au moyen d’une parole prophétique, quand le collège des Anciens a imposé les mains sur toi. » (1 Tm 4, 14)

Pendant le temps de la prière d’ordination, on tient ouvert au-dessus de la tête de celui qui est ordonné l’évangéliaire : c’est soumis à la Parole de Dieu que l’Église accomplit sa mission et que le futur évêque devra exercer son ministère d’évêque.

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L’onction :

L’archevêque répand ensuite sur la tête de l’ordonné le Saint Chrême consacré lors de la messe chrismale. Cette onction signifie que l’Esprit Saint le pénètre de sa grâce pour sa nouvelle mission. L’onction marque la configuration au Christ puisque le mot Christ, en grec, signifie celui qui a reçu une onction.

Remise des insignes :

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On remet au nouvel évêque des objets caractéristiques de sa mission :
 L’évangéliaire qu’il aura la charge d’annoncer
 Un anneau qu’il portera en signe de sa fidélité à l’Église
 La mitre : invitation à mener une vie sainte à la tête de la communauté
 La crosse appelée aussi bâton pastoral : signe de la charge pastorale de l’évêque qui prend soin du peuple de Dieu et le dirige sur le chemin du salut comme un berger prend soin et guide son troupeau.

Le nouvel évêque s’assoit sur la cathèdre :

La cathèdre est le siège de l’évêque. Elle est le symbole de sa mission apostolique. En s’asseyant sur la cathèdre, le nouvel évêque est installé officiellement dans sa cathédrale. Le mot cathèdre a donné son nom à la cathédrale, église mère de toutes les églises du diocèse, celle où l’évêque a son siège.

Le baiser de paix :

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Le nouvel évêque échange un baiser de paix avec les évêques présents : ce geste marque l’accueil du nouvel évêque dans le corps épiscopal.

Liturgie eucharistique :

La liturgie eucharistique qui suit est celle de toute messe présidée par l’évêque. Si jusque-là la célébration était présidée par l’archevêque de Paris, c’est maintenant le nouvel évêque qui préside la liturgie eucharistique, comme nouvel évêque de Nanterre. À l’offertoire, le pain et le vin sont apportés par des personnes représentant la diversité des paroisses et du diocèse.

La rencontre de son peuple :

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À la fin de la célébration eucharistique, le nouvel évêque va à la rencontre de son peuple qu’il bénit en parcourant la cathédrale et ses alentours.

CHRISTIANISME, EGLISE CATHOLIQUE, LES SERVANTES DE L'ASSEMBLEE DANS L'EGLISE, LITURGIE, SERVANTES DE L'ASSEMBLEE

Les servantes de l’assemblée dans l’Eglise

Les servantes de l’Assemblée

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Les servantes de l’assemblée, un service à encadrer

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Ces groupes de jeunes filles qui servent la messe, mais pas à l’autel, se développent. Certains remettent en cause leur existence. D’autres y voient un service complémentaire à celui des garçons. Inventaire des questions qui fâchent.

Aux côtés des servants d’autel – une équipe de jeunes garçons formés pour servir et aider le célébrant lors des messes du dimanche – les servantes d’assemblée accueillent les fidèles et les aident à participer à la liturgie.

C’est l’un des sujets les plus brûlants du moment en matière de liturgie. Les groupes de servantes de l’assemblée, nés il y a une quinzaine d’années en France et dont la croissance est exponentielle, sont au cœur d’une vive controverse depuis quelques semaines. Le débat a rejailli en marge du pèlerinage national des servants d’autel à Rome fin août, mais également à l’occasion du Synode sur la synodalité où de nombreuses remarques sur cette particularité liturgique française ont été remontées dans les synthèses locales. L’objet de la controverse ? La séparation des garçons et des filles dans le service de la liturgie. Cette séparation a-t-elle un fondement théologique ? Trouve-t-elle une justification pastorale ? Qu’en pensent Rome et la conférence épiscopale ? Autant de questions qui méritent un développement approfondi et apaisé pour sortir de ce débat par le haut.

 

  1. Le service de l’autel est-il ouvert aux filles?

Depuis Vatican II, et plus précisément le début des années 1990, la question a été définitivement tranchée par Rome. « Plus aucun texte du Magistère n’interdit aux filles de servir à l’autel », assure à Famille Chrétienne Mgr Guy de Kerimel, archevêque de Toulouse et président du Conseil épiscopal pour la liturgie. Cependant, cette accession des filles au service de l’autel s’est faite progressivement et a connu quelques tâtonnements au début. Cette ouverture trouve ses prémices bien avant le Concile, lorsque Pie XII opère une distinction, en 1947, entre les ministères ordonnés et les ministères institués (Sacramentum Ordinis). « Dans l’Église ancienne, il existait des ministères très variés portier, lecteur, acolyte… qui ont fini par devenir des étapes du sacerdoce, ce que l’on a appelé les ordres mineurs», explique Sœur Bénédicte Mariolle, religieuse des Petites Sœurs des pauvres et professeur à l’Institut supérieur de théologie de Paris. Ces ordres, exercés par des clercs, appartenaient-ils à l’essence du sacrement de l’ordre ? Non, précise Pie XII. « Seuls les ministères reçus par imposition des mains sont des ministères ordonnés (diacres, prêtres, évêques), les autres relèvent du baptême», précise la religieuse.

Paul VI poursuit la réflexion de son prédécesseur. En 1972, son motu proprio Ministeria quaedam met fin aux ordres mineurs et ouvre les ministères institués aux laïcs, mais les réserve toujours aux hommes, « conformément à la vénérable Tradition de l’Église ». « Si ces ministères relevaient du baptême, il n’y avait plus aucune raison de les réserver à des hommes», estime Sœur Bénédicte Mariolle. D’autant qu’en 1973, les femmes sont autorisées à devenir ministres extraordinaires de l’Eucharistie, et donc à pénétrer dans le chœur. Différents pays interprètent ces textes comme une autorisation pour les femmes de servir à l’autel. Rome met le holà en 1980 et rappelle que « les fonctions de l’acolyte ne sont pas permises aux femmes » (Instruction Inaestimabile donum). Le revirement a lieu en 1992 lorsque le Conseil pontifical pour l’interprétation des textes législatifs considère que le service de l’autel fait partie des ministères ouverts aux laïcs, hommes et femmes. Deux ans plus tard, la Congrégation pour le culte divin confirme cette décision mais précise qu’elle a un caractère permissif et non prescriptif. En 2004, l’instruction Redemptionis sacramentum confirme la ligne toujours en vigueur aujourd’hui dans l’Église : « Les filles ou les femmes peuvent être admises à ce service de l’autel, au jugement de l’évêque diocésain. » L’ouverture, en janvier, du ministère institué de l’acolytat aux femmes ne semble pas changer la règle en vigueur.

 

  1. Ce service peut-il être réservé aux garçons?

En matière de liturgie, sauf décision contraire de la conférence épiscopale, seul l’évêque diocésain décide. Il peut donc autoriser des filles à servir à l’autel, mais aussi réserver ce service aux garçons. Les différents textes du magistère l’y autorisent en raison de la tradition et de la pastorale des vocations. Ainsi, la congrégation pour le culte divin affirme en 1994 : « Le Saint-Siège rappelle qu’il sera toujours opportun de suivre la noble Tradition du service de l’autel confié à de jeunes garçons. On sait que ce service a permis un développement encourageant des vocations sacerdotales. L’obligation de continuer à favoriser l’existence de ces groupes d’enfants de chœur demeurera donc toujours. » Dans une lettre adressée à un évêque en 2001, cette congrégation va plus loin : même dans le cas où un évêque a accordé l’autorisation aux femmes de servir à l’autel, les prêtres du diocèse peuvent ne pas suivre ladite autorisation, spécialement s’ils fondent cette décision sur la pastorale des vocations. Cette lettre rappelle également qu’il n’est pas permis d’exclure les garçons du service de l’autel.

 

  1. Existe-t-il des raisons théologiques de séparer les garçons et les filles?

Certains ont cru pouvoir utiliser des raisonnements théologiques pour justifier la distinction garçons/filles dans le service de la messe. En vain. « Aucun argument théologique ne peut justifier cela », assure sans hésitation don Pierre Doat, ancien curé de la paroisse Sainte-Suzanne en Mayenne, aujourd’hui vicaire à la paroisse Saint-Pierre au Mont-Saint-Michel. « Même autrefois, quand le service était réservé aux garçons, il ne s’appuyait pas sur des arguments théologiques mais sur des mesures disciplinaires», précise ce prêtre de la Communauté Saint-Martin qui a lancé un groupe de servantes de l’assemblée en 2019. « En théologie, au nom du sacerdoce commun des baptisés, garçons et filles peuvent servir à l’autel », confirme le Père Sébastien de Groulard, vicaire général de Nantes et ancien responsable du service liturgique de son diocèse. « Aucun ministère fondé sur le baptême ne peut s’appuyer sur des critères de genre ou de condition sociale pour opérer des distinctions, insiste Sœur Bénédicte Mariolle. Il n’existe que deux critères pour exercer un ministère: le baptême et la compétence. »

L’allégorie, souvent utilisée, de l’Église-Épouse, qui serait représentée par les servantes de l’assemblée, faisant face au Christ-Époux, représenté par le prêtre et les servants d’autel, est considérée comme inopérante par les théologiens et les spécialistes de la liturgie. « Le prêtre, configuré au Christ-Tête, se situe bien en vis-à-vis de l’assemblée qui est l’Église-Épouse. Mais le garçon qui sert dans le chœur ou la fille dans l’assemblée sont eux, tous les deux, membres de l’Église-Épouse », conteste le Père de Groulard. « La théologie demande que soit prise en compte la multiplicité des figures pour énoncer quelque chose du mystère. Ici, on ne peut pas réduire la signification de l’assemblée liturgique à la seule figure de la relation Époux-Épouse, encore moins la matérialiser par des attributs de sexe », ajoute Sœur Bénédicte Mariolle.

 

  1. Sur quels arguments se fonde la création de ces servantes?

Les servantes de l’assemblée sont nées de cette cohabitation paradoxale au sein du magistère entre la permission accordée aux filles de servir l’autel et l’autorisation de ne réserver ce service qu’aux garçons. Elles ont généralement vu le jour dans des paroisses désireuses de maintenir la tradition d’enfants de chœur masculins, mais soucieuses, dans le même temps, de permettre aux jeunes filles d’avoir un rôle et une formation liturgique.

« Les seuls arguments qui ont de la valeur pour justifier une telle distinction sont d’ordre circonstanciel et pastoral », avance le vicaire général de Nantes, co-auteur en 2015 d’une note donnant des points de repère pastoraux sur le service de l’autel à l’attention des diocèses de la province de Rennes. L’argument vocationnel de la proximité des garçons avec le service de l’autel est le plus souvent avancé et le plus légitime à la lecture des textes romains. « Je serais inquiète si un séminariste venait en me disant qu’il avait trouvé sa vocation simplement en servant l’autel, tempère toutefois Sœur Bénédicte Mariolle. C’est un élément parmi d’autres de l’appel vocationnel.» Un avis que ne partage pas don Pierre Doat. « Je trouve que l’on balaie un peu vite cet argument, alors qu’un grand nombre de prêtres disent aujourd’hui que le service de l’autel a été une étape importante dans leur discernement, rétorque le prêtre de Saint-Martin. Le service de l’autel est-il encore un élément pivot de la pastorale des vocations sacerdotales? J’en suis convaincu. »

Le second argument avancé est celui du souci des familles car ce sont souvent elles qui sont demandeuses d’éduquer leurs enfants à la complémentarité. « Chacun occupe, à sa manière et de façon complémentaire, un rôle et participe à la beauté de la messe », veut croire Sophie Lanchet, ancienne responsable d’un groupe de servants d’autel dans un établissement scolaire du Val-d’Oise. « Si c’est juste pour faire servir les filles pendant une heure pour les occuper séparément des garçons, cela n’a aucun intérêt, met en garde don Pierre Doat. Par contre, s’il y a derrière une solide formation spirituelle et liturgique pour les garçons et les filles de manière séparée, à un âge particulier et charnière, parce que c’est intelligent et que d’autres pédagogies fonctionnent de la même façon, comme le scoutisme, cela se justifie et c’est même une opportunité pastorale. »

 

  1. L’appellation «servantes de l’assemblée» est-elle juste?

C’est le point le plus problématique de la question, estime Sœur Bénédicte Mariolle. « En parlant de « servantes de l’assemblée », on crée une ambiguïté en laissant penser qu’il existerait une séparation entre l’assemblée, constituée des laïcs, et le chœur occupé par les clercs. Or, ce n’est pas du tout la théologie du Concile et du missel romain. La constitution Sacrosanctum concilium insiste sur le fait que l’assemblée liturgique est une, composée des fidèles laïcs et des ministres ordonnés. Le prêtre préside l’assemblée, il n’est pas en dehors de celle-ci.» D’ailleurs, l’autel n’est pas le lieu réservé aux clercs, mais celui de l’assemblée. « L’autel est aussi le lieu de l’offrande de l’assemblée », insiste la religieuse.

« Il ne faut pas employer l’expression « servantes de l’assemblée », mais plutôt celle de « servantes de la liturgie »», suggère le Père Sébastien de Groulard. « C’est maladroit de dire « servants d’autel » et « servantes de l’assemblée », abonde don Pierre Doat. Cette appellation a été donnée sans réfléchir. » Le terme « liturgie » dit bien l’ensemble du service qui est réalisé. Il signifie d’ailleurs en grec « action du peuple ». « Les jeunes ne servent pas qu’à l’autel, fait remarquer Mgr François Touvet, évêque de Châlons et ancien évêque accompagnateur des servants d’autel, mais aussi à l’ambon, au siège du célébrant, ils servent également l’assemblée et puis aussi pour les baptêmes. L’appellation « servant de la liturgie » semble donc plus appropriée. »

 

  1. La conférence épiscopale s’est-elle prononcée?

En 2015, l’ancien directeur du Service national de pastorale liturgique et sacramentelle, le Père Jacques Rideau, avait publié, « à la demande de la conférence épiscopale » précise-t-il à FC, une note mettant en garde contre un risque potentiel de dérive. Mais la conférence épiscopale, elle, ne s’est jamais officiellement prononcée. « Nous sommes dans une phase d’expérimentation pastorale », rappelle Mgr François Touvet.

« Nous devons travailler cette question sereinement et trouver le moyen d’éclairer le choix des pasteurs, confie Mgr Guy de Kerimel. J’ai demandé au Père Laurent Jullien de Pommerol, qui dirige le Service national des servants d’autel, de poursuivre la réflexion. Le danger de la France est d’avancer par cassure. Une réflexion de fond est nécessaire, sinon nous risquons de glisser vers des comportements qui ne sont pas justes sur le plan théologique, ecclésiologique et liturgique.»

« Cette expérimentation mériterait d’être mieux encadrée», concède don Pierre Doat. Outre une appellation plus juste, l’absence des servantes de l’assemblée dans le chœur cristallise les tensions ainsi que la tentation, dans certaines paroisses, d’établir une hiérarchisation, même visuelle, entre les garçons et les filles. « Ces questions sont discutables et doivent être discutées», plaide le prêtre de la Communauté Saint-Martin. Les missions confiées à ces jeunes filles différent d’une paroisse à l’autre et mériteraient donc d’être harmonisées.

 

  1. Et que dit Rome?

À Rome, cette particularité, qui commence à s’exporter aux États-Unis et en Belgique, est vue comme un détail « franco-français ». Si « aucun texte du magistère ne justifie la création d’un ministère de servante de l’assemblée », estime Sœur Bénédicte Mariolle, aucun texte ne l’interdit non plus. En 2010, dans une lettre adressée à Mgr Robert Le Gall, alors responsable de la liturgie à la Conférence des évêques de France, la Congrégation pour le culte divin avait communiqué un ensemble de remarques sur ce service, notamment qu’un « service de l’assemblée ne saurait être réservé aux filles », sans pour autant l’interdire explicitement. « Cette lettre à Mgr Le Gall entrait dans le cadre des échanges entre la Congrégation et les évêques, lorsqu’elle estime devoir les alerter et les inviter à la vigilance sur telle ou telle pratique dont elle a eu connaissance », précise le père Jacques Rideau.

 

  1. Quel choix poser dans sa paroisse?

La décision de créer des servantes de l’assemblée étant une décision pastorale, c’est avec une prudence toute pastorale qu’elle devra être discernée. Les pasteurs pourront s’appuyer sur deux critères : cette distinction garçons/filles est-elle portée par des intentions bonnes, et quelles réactions suscitent-elles dans la communauté ? « Si c’est pour des raisons théologiques erronées ou au prétexte d’une moindre dignité de la femme de pénétrer dans le chœur, ce n’est pas juste », prévient don Pierre Doat. « Toutes les décisions que le curé prend doivent être au service de la communion, ajoute le Père Sébastien de Groulard. S’il pose un acte qui n’est pas reçu par sa communauté, il crée la division. Or, la liturgie est le lieu privilégié de la communion. » « Un prêtre peut, pour des raisons pastorales, réserver le service de l’autel aux garçons, mais peut-être sera-t-il amené, comme pasteur à l’écoute de sa communauté, à remettre en question cette décision s’il y avait des demandes de filles pour servir l’autel», invite Sœur Bénédicte Mariolle. Dans tous les cas, conclut le Père de Groulard, « si on choisit l’une ou l’autre option, il ne faut jamais mépriser les autres manières de faire».

https://www.famillechretienne.fr/38911/article/les-servantes-de-lassemblee-un-service-a-encadrer

DIDIER RIMAUD (1922-2003), JESUS CHRIST, LITURGIE, LITURGIE DES HEURES, LUNDI SAINT, NE DESCEND PAS DANS LE JARDIN, PASSION DE JESUS, SEMAINE SAINTE

Lundi Saint : Hymne Ne descend pas dans le jardin

11 AVRIL 2022

 Lundi Saint —

Agonie-Gethsemani-J-C

HYMNE : NE DESCENDS PAS DANS LE JARDIN

Ne descends pas dans le jardin,
Oh ! Jésus,
Ne descends pas dans le jardin
Avant le jour !
Si je ne descends pas dans le jardin
En pleine nuit,
Qui donc vous mènera vers les soleils
Du Paradis ?
Je descendrai dans le jardin
En pleine nuit.

Ne laisse pas lier tes mains,
Oh ! Jésus,
Ne laisse pas lier tes mains
Sans dire un mot !
Si je ne laisse pas lier mes mains
Comme un voleur,
Qui donc pourra détruire les prisons
Dont vous souffrez ?
Je laisserai lier mes mains
Comme un voleur.

Ne t’étends pas sur cette croix,
Oh ! Jésus,
Ne t’étends pas sur cette croix
Jusqu’à mourir !
Si je ne m’étends pas sur cette croix
Comme un Oiseau,
Qui donc vous gardera contre l’Enfer
Où vous alliez ?
Je m’étendrai sur cette croix
Comme un oiseau.

Ne laisse pas percer ton cœur,
Oh ! Jésus,
Ne laisse pas percer ton cœur
Par tes bourreaux !
Si je ne laisse pas percer mon cœur
Comme un fruit mûr,
Qui donc vous baignera de sang et d’eau
Pour vous guérir ?
Je laisserai percer mon cœur
Comme un fruit mûr.

Ne descends pas dans le tombeau,
Oh ! Jésus,
Ne descends-pas dans le tombeau
Qu’ils ont creusé !
Si je ne descends pas dans le tombeau
Comme un froment,
Qui donc fera lever de vos cercueils
Vos corps sans vie ?
Je descendrai dans le tombeau
Pour y dormir.

  1. Rimaud — CNPL
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Les racines juives de la messe

Les racines juives de la messe 

Jean-Baptiste Nadler ; préface de Haïm Koria

Editions de l’Emmanuel, 2015. 124 pages.

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Présentation

Ce petit livre est né d’une rencontre de l’auteur, prêtre spécialiste de la liturgie, avec la communauté et la synagogue de Tours. Il y montre l’influence de la liturgie juive du Temple sur les rites de la messe catholique. Il nous aide ainsi à comprendre et à vivre la messe en héritiers de nos frères aînés dans la foi. L’ouvrage du Père Jean-Baptiste Nadler nous rappelle ce que certains auraient malheureusement tendance à oublier, à savoir que tous les premiers Chrétiens étaient juifs, juifs pratiquants. Cette proximité explique cette autre vérité historique : la prenté entre les rites juifs et les rites chrétiens. Ce si grand patrimoine commun aux Chrétiens et aux Juifs n’empêche pas la différenciation entre les deux religions. C’est le propre de l’histoire humaine que chacun trouve son chemin propre. Mais c’est aussi la grandeur de l’homme de savoir trouver les points de convergence et de dépasser les différences afin de trouver l’espérance toujours partagée, comme le rameau sait trouver son ressourcement dans la sève de l’arbre dont il est l’une des ramifications.

Extrait de l’introduction

«Les rites manifesteront une noble simplicité, seront d’une brièveté remarquable et éviteront les répétitions inutiles ; ils seront adaptés à la capacité des fidèles et, en général, il n’y aura pas besoin de nombreuses explications pour les comprendre.»

Ces indications normatives données par le concile Vatican II pour son œuvre  de restauration de la liturgie rappellent que les rites de l’Église nécessitent quelques explications en vue de leur juste compréhension, même si ces rites sont simples et sobres. Car la liturgie est un langage composé de mots, de gestes, d’attitudes et de tout un ensemble de signes et de symboles. Ce langage est l’expression d’une pensée – celle de la foi – et donc d’une culture. Celui qui veut connaître une culture et entrer en dialogue avec elle doit en apprendre la langue. De même, celui qui veut pénétrer dans le vaste monde liturgique doit en apprendre le langage, la signification, l’histoire. Cela demande un effort et un apprentissage, en un mot, une éducation.

Sans cet effort, deux écueils menacent celui qui participe à la liturgie : le ritualisme et Ya-ritualisme. Le ritualisme est une application extrinsèque, vide et creuse des rites liturgiques, ce qui entraine souvent le relativisme («Si je fais tel geste sans en comprendre le sens, je pourrais tout aussi bien faire un autre geste à la place»). Nous trouvons une belle dénonciation de l’attitude ritualiste dans la bouche de Jésus, au début de l’évangile selon saint Matthieu : «Hypocrites ! Isaïe a bien prophétisé à votre sujet quand il a dit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur  est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte» (Mt 15, 6-9). L’a-ritualisme, quant à lui, est le mépris des rites matériels au nom d’une certaine conception de la pureté de la foi. Fruit d’un intellectualisme désincarné, il donne une prière sans chair. C’est précisément pour contrer ces deux erreurs que le concile Vatican II a voulu une réforme liturgique qui soit centrée sur la «participation pleine, consciente et active» des fidèles à la liturgie. Or, pour que notre participation soit «consciente», nous devons connaître la signification de rites qui s’expliquent en grande partie par leurs origines et leur histoire.

Mais une première question se pose : pourquoi avons-nous besoin de rites ? Et même, avons-nous encore besoin de rites ? La foi chrétienne n’est-elle pas un culte «en esprit et en vérité» et donc une libération des vieux réflexes religieux païens ? Bien au contraire ! Dans le christianisme, la prière est et doit être plus liturgique que dans n’importe quelle autre tradition religieuse. À quoi servent en effet les rites, sinon à nous approcher de Dieu ? Lorsqu’Isaïe reçoit la vision du Seigneur dans le Temple de Jérusalem, et que les séraphins se crient l’un à l’autre la terrible sainteté de Dieu : «Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers !», le prophète est désemparé. «Malheur à moi ! s’écrie-t-il, je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures». Avec des instruments liturgiques – la pince et le charbon pris sur l’autel de l’encens -, l’un des séraphins apaise Isaïe (Is 6, 1-7). Cet épisode nous donne tous les éléments pour comprendre l’importance des rites. Dieu est saint, totalement autre, immensément transcendant et inaccessible à nos propres forces. Mais pour notre bonheur, il s’approche de nous, il se rend accessible jusqu’à se faire l’un de nous par l’Incarnation de JésusChrist. En lui, jamais Dieu n’a été aussi proche ! Hélas, à cause de la faiblesse de notre nature, soit nous nous habituons à Dieu au point d’oublier sa sainteté et de le réduire à une idole, une chose, un objet ; soit nous nous réveillons de notre torpeur, comme Isaïe, nous prenons peur face à l’immense majesté de Dieu et nous cherchons à fuir et à nous cacher loin de sa face. C’est précisément à ce moment que les rites de la liturgie prennent tout leur sens. Par leur majesté et leur sacralité, ils nous aident à nous déshabituer de Dieu et entretiennent en nous la «crainte filiale», c’est-à-dire le respect humble et amoureux devant la grandeur de Dieu, tout en nous permettant réellement de nous approcher de lui sans craindre d’offenser sa majesté : «Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce» (He 4, 16).

Pour bien comprendre le sens des rites et y participer d’une manière consciente et active, il est nécessaire d’en connaître l’histoire, particulièrement leur origine. Or la plupart des rites chrétiens, surtout ceux qui composent la célébration du mystère de l’Eucharistie,  s’ancrent dans les rites du peuple juif, tout en les menant à leur accomplissement. Le Christ, venu nom pour abolir mais pour accomplir, a donné son sens plénier à la liturgie de l’Ancienne Alliance, et les premier chrétiens, tous juifs, n’ont pas vécu leur foi nouvelle comme une rupture, mais comme une continuité dans la nouveauté de l’Evangile »

Analyse du Père Patrice Sabatier, c.m.

Il faut revenir en arrière, certainement sous le Pontificat de Pie XII, et les premiers écrits en 1962 de Jules Isaac sur « l’Enseignement du mépris » et de ceux d’André Neher pour vérifier le chemin parcouru par l’Eglise et, dans quelque autre mesure, par le judaïsme lui-même. Le 15 décembre 1959 à la Sorbonne, Jules Isaac prononce une conférence qu’il intitule : « Du redressement nécessaire de l’enseignement chrétien concernant Israël ». Cette dernière sera éditée par les Editions Fasquelle en 1960 sous le titre de « L’antisémitisme a-t-il des racines chrétiennes ? ». En 1948, déjà, le même historien avait publié « Jésus et Israël ». Ce travail long et patient est accompli de façon précise et définitive par Vatican II et les Déclarations conciliaires attachées au grand texte Nostra Aetate. Peu à peu, ce texte ainsi que les Dix points de Seelisberg se sont diffusés tant dans le christianisme que dans le judaïsme. Une nouvelle période de connaissance, de rencontres, de recherches, de débats et d’amitié allaient pouvoir commencer et perdurer.

Le livre du Père Jean-Baptiste NADLER – prêtre de l’Emmanuel -, préfacé par le Grand rabbin de France Haïm KORSIA, se situe justement à ce point de rencontre. L’ouvrage qu’il publie est d’ailleurs le fruit de rencontres multiples avec la communauté juive, et de présences soutenues à la synagogue de Tours. Il est beau de voir comment un homme – un chrétien et un prêtre – avec un cœur ouvert et aimable peut faire monter de cette présence amicale à la synagogue le fruit de son expérience…, et aussi de sa prière d’homme. Sans doute, ici, avons-nous plus qu’un livre sur la liturgie synagogale en ces rites et en ses intentions. En effet, ce serait davantage un témoignage au cœur d’une liturgie, au cœur d’un cheminement qui apprend à contempler et à regarder nos racines chrétiennes là où elles sont nées. Cependant, à aucun moment, le lecteur aura l’impression d’un quelconque syncrétisme ou d’une dilution faisant d’une religion l’antichambre de l’autre ou démontrant que l’une est supérieure à l’autre. L’auteur veut simplement mettre en lumière les traces de la liturgie du Temple dans nos rites chrétiens de la messe; et principalement ceux attachés à la Pâque juive – Pessah. L’auteur nous dit que « Jésus lui-même agit comme un rabbin, en faisant une relecture rabbinique d’interprétation de l’Ancien Testament. » Nous sommes bien là très loin du prêtre Marcion au IIème siècle voulant faire une coupure radicale avec la Première Alliance (Marcionisme) !

Deux grandes parties font le corps de l’étude ici présentée : Les origines juives des rites chrétiens et La liturgie de la messe accomplit les rites juifs. En suivant les Apôtres « assidus au Temple » et en entrant dans le Mystère d’Israël par le biais de la liturgie, le lecteur est appelé à renouveler sa compréhension de la messe, à la revisiter, à la vivre d’une autre manière en s’attachant aux mots, aux rites, aux symboles, aux mouvements et objets servant à la liturgie. On y perçoit, ainsi, l’influence de la liturgie juive du Temple sur les rites de la messe catholique.

Nous l’avons compris, ce livre court est didactique. Il se lit assez rapidement parce qu’il est pédagogique et va à l’essentiel. Les acteurs de la liturgie paroissiale, les catéchistes, les séminaristes, les délégués diocésains au dialogue avec le judaïsme… pourront se servir de ce petit livre au cœur de leurs responsabilités. Il renouvellera, sans aucun doute, aussi les prêtres et les évêques dans leurs pratiques liturgiques et dans la célébration de l’Eucharistie… Il peut être un bel outil de passage et de rencontres avec des communautés juives.

  1. Patrice SABATER, cm
    16 juin 2018

https://www.domuni.eu/fr/recherche/les-ressources-en-ligne/ressource/les-racines-juives-de-la-messe–651/

EGLISE CATHOLIQUE, EUCHARISTIE, LE DEROULEMENT DE LA MESSE, LITURGIE, MESSE

Le déroulement de la Messe

LE DÉROULEMENT DE LA MESSE

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Les deux grands temps forts dans la célébration de la messe, celui de la Parole et celui de l’eucharistie, sont intimement liés et constituent un seul et même acte du culte : la table dressée pour nous dans l’eucharistie est à la fois celle de la Parole de Dieu et celle du corps du Seigneur.

Autour de l’autel, ou à côté, une croix et des cierges. C’est Pâques qui est ainsi représenté : le Christ mort sur la croix est ressuscité, vivant comme la flamme. Avant de retourner à son Père, le Christ a laissé à son Église le mémorial de son sacrifice. « Approchez-vous de lui, déclare saint Pierre, il est la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie, précieuse aux yeux de Dieu… » (1P 2, 4-5).

  1. Accueil par le prêtre

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L’entrée

La messe commence dans les chants, afin de réunir l’assemblée par une prière commune, de faire corps. C’est un acte liturgique essentiellement communautaire auquel chacun participe pour former l’assemblée eucharistique.

 L’accueil par le prêtre

L’entrée des ministres ordonnés

Le rôle du « président », ministre (« serviteur ») ordonné, évêque ou prêtre, est le signe de la présence du Christ à son Église, présence personnelle. Il entre au milieu de cette assemblée soudée par le chant. Par lui, le Christ se rend présent à ceux qui sont là.

 La vénération de l’autel

Après avoir traversé l’assemblée, le prêtre monte à l’autel et le vénère. C’est son premier geste, avant d’adresser aux fidèles la moindre parole. Pourquoi ? Parce que l’autel, tombeau des martyrs dans les premières communautés chrétiennes, rappelant le sacrifice de leur vie dans l’attente de la Résurrection, est en même temps le signe du Christ. Ce geste de vénération, parfois accompagné d’encensement, signifie que tout est référé au Christ, lui l’autel, le prêtre et la victime. Par ce baiser; le prêtre exprime son adhésion au mystère de Dieu. Le fait que le prêtre, et non le diacre, mette habituellement les mains sur l’autel en l’embrassant manifeste son pouvoir d’agir sacramentellement sur lui par son sacerdoce, dans l’offrande du sacrifice.

 L’accueil

Après seulement, le prêtre prend la parole et salue l’assemblée: « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. »

Le signe de croix, pratique chrétienne primitive, exprime notre première profession de foi dans le mystère de Dieu. L’instrument de supplice de Jésus est devenu le symbole de la Rédemption, signe parfait de l’amour de Dieu pour nous et de l’amour de son Fils incarné. L’omniprésence de la croix relève d’un regard pascal, fasciné par le réalisme de l’amour qui nous sauve, non en éliminant la souffrance et la mort, mais en les transfigurant par le mystère pascal.

L’assemblée adhère en répondant « Amen », puis le célébrant poursuit : « Le Seigneur soit avec vous. »

C’est la bénédiction par excellence, l’expression « condensée » de l’Alliance de Dieu avec son peuple. Pensons à la Parole de l’ange à Marie : « Le Seigneur est avec toi. » C’est aussi la promesse du Christ à ses apôtres : « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps. » A ce moment-là, le prêtre parle au nom du Christ, il ne dit pas : « avec nous », mais « avec vous ».

Les premières phrases prononcées par le prêtre situent la messe à son vrai niveau : elle est le rendez-vous de Dieu. Nous sommes là au nom des trois personnes de la Trinité.

  1. La préparation pénitentielle

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La préparation pénitentielle et l’acte pénitentiel

« Préparons-nous à la célébration de l’eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs. » Dès que le prêtre a salué les participants, il les invite à se reconnaitre pécheurs ; le virage peut paraitre un peu sec ! C’est que « Celui qui nous a appelés est saint » (1 P 1, 15). Aussi, cette démarche nous remet-elle à notre place exacte : nous appartenons à un peuple de pécheurs, mais sanctifiés par le Christ.

Depuis l’entrée dans l’église, il est question du baptême : l’eau dans la cuve de l’entrée, le signe de la croix. La mission du baptisé est d’aimer Dieu, mission que nous avons bien du mal à remplir au fil de nos journées. C’est pourquoi nous reconnaissons que nous avons péché, c’est-à-dire manqué à l’appel de notre baptême. Reconnaître son péché n’a de sens que parce que nous le faisons en présence d’un Dieu qui n’est qu’amour et miséricorde.

Après le « je confesse à Dieu », le prêtre conclut en invoquant le pardon de Dieu, en disant « nous », car il s’inclut parmi les pécheurs: « Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde; qu’il nous pardonne nos péchés et nous conduise à la vie éternelle », suivant le pouvoir que le Christ a donné aux apôtres (Mt 16, 19 et Jn 20, 22-23).

Suit une prière de supplication : le Kyrie. Petite litanie entre le célébrant et l’assemblée, conservée depuis les premiers temps de l’Église, le Kyrie nous rappelle que notre liturgie est le fruit de toute une tradition transmise de siècle en siècle. Le terme grec, « Kyrie », est le témoin privilégié de la langue dans laquelle a été rédigé le Nouveau Testament, et prouve la continuité et la catholicité de l’Église à travers les générations.

Après avoir reçu la miséricorde de Dieu, l’assemblée chante la gloire de Dieu.

 Le Gloria, hymne d’action de grâce

C’est une très ancienne prière du IIIème – IVème siècle qui était chantée ou récitée le matin pour saluer le jour nouveau. Ses premiers mots nous font penser à Noël: ils reprennent le message des anges aux bergers dans cette nuit bienheureuse. Dans la suite du texte, nous énumérons les titres de Dieu : Toi seul est saint, Toi seul est Seigneur. Ici, nous ne demandons rien à Dieu : nous lui rendons grâce.

Nous chantons le Gloria tous les dimanches, sauf les dimanches « violets », pour mieux le redécouvrir au temps de Noël et à Pâques.

L’oraison

Après le Gloria, le prêtre reprend la parole pour clôturer la première partie de la célébration : « Prions le Seigneur ». Les jours de fête, il rappelle pourquoi nous nous réjouissons. Cette oraison est adressée au Père, au nom du Christ, dans l’Esprit-Saint. C’est une prière trinitaire. Et nous répondons: « Amen ».

  1. Les lectures et l’Evangile

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Commence alors la liturgie de la Parole proprement dite. « Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, réfuter; redresser; former à la justice : ainsi l’homme de Dieu se trouve-t-il accompli, équipé pour toute œuvre bonne » (2 Tm 3,16-17).

Nous recevons la Parole de Dieu dans l’Écriture, Ancien et Nouveau Testaments.

Le Nouveau éclaire l’Ancien ; l’Ancien donne des racines au Nouveau. Les Juifs aussi, déjà au temps de Jésus, se réunissaient à la synagogue le jour du Shabbat, pour méditer la Parole de Dieu (cf. Lc 4, 16), une Parole « vivante, efficace et plus acérée qu’aucun glaive à deux tranchants » (He 4,12).

A ce moment de l’eucharistie, le lieu principal de l’action est l’ambon, pupitre sur lequel est posé le Livre. La messe du dimanche comporte trois lectures et un psaume.

 

La première lecture

Elle est tirée le plus souvent de l’Ancien Testament, en vue de préparer la lecture de l’Évangile du jour, car le Christ l’a dit :

« N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5,17). Dans le temps de l’Avent, nous lisons, par exemple, les livres des Prophètes qui ont annoncé la venue du Messie.

Pourquoi lire l’Ancien Testament ? Parce que Dieu ne s’est pas révélé d’un coup, mais pendant des années, d’Abraham à Jésus. Nous mettons nos pas dans ceux de nos aînés qui ont cru en la venue Christ.

Un moment de l’année fait exception : le temps pascal (de Pâque à la Pentecôte), pendant lequel nous lisons les Actes des apôtres qui racontent les premiers temps de l’Eglise, comment les apôtres ont annoncé la Bonne Nouvelle du Ressuscité.

 Le psaume

Chants de l’Ancien Testament, les psaumes nous permettent de prier et de méditer. Ils sont le type même de la réponse de l’homme à Dieu dans tous les registres de l’humain. Ils font résonner la joie et la tristesse, la crainte ou le désespoir, le désir ou le refus, la délectation comme la colère. Ils offrent toutes les nuances et combinaisons des sentiments humains. Les psaumes sont les chants de l’homme face à son Dieu, chants que lui-même nous inspire pour lui répondre. Depuis que Jésus les a priés, les psaumes trouvent une nouvelle profondeur : ils sont les chants du Fils à son Père.

 La deuxième lecture

Elle est toujours issue du Nouveau Testament, des lettres des apôtres Pierre, Jacques, Jude et surtout de Paul, ainsi que de l’Apocalypse.

 L’Evangile

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Voici le moment le plus solennel de la liturgie de la Parole. Il ne s’agit plus seulement de la Parole de Dieu écrite, mais de la Parole de Dieu faite chair réellement. De ce fait, l’assemblée se lève, car se lever, c’est se redresser tel le paralysé grabataire remis sur ses pieds par Jésus (Lc 5,25). C’est aussi l’attitude du Christ ressuscité. Nous saluons cette parole par l’Alléluia.

C’est au ministre ordonné (évêque, prêtre, diacre) que revient la proclamation de l’Evangile. Configuré au Christ-Tête par le sacrement de l’ordre, il atteste devant l’assemblée que cette Parole n’est pas ordinaire, mais que, par sa voix, le Christ vivant parle à son Eglise.

D’où les signes de vénération adressés à l’évangéliaire :

l’encensement,

le baiser,

les deux acclamations qui, dans un raccourci saisissant, accompagnent la présentation de l’Évangile : « Gloire à toi, Seigneur » et la reconnaissance finale « Louange à toi, Seigneur Jésus ».

Et nous traçons trois croix sur nous : sur notre front pour que la Parole vienne nourrir notre intelligence, sur notre bouche pour que nous apportions la Parole aux autres et sur notre coeur afin que nous laissions la Parole l’envahir.

Après l’écoute des trois lectures, le deuxième temps de la liturgie de la Parole se déroule selon trois mouvements :

l’homélie du prêtre,

la profession de foi,

la prière des fidèles.

 

L’homélie

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Elle fait corps avec la proclamation de l’Evangile. C’est vraiment un acte du Christ qui, par la bouche du prêtre, rend présente sa Parole. La mission qui est alors confiée à ce dernier lui commande de rendre actuelle et accessible à l’assemblée la Parole du Christ. Dès lors, ce serait faire erreur que de juger un prédicateur par « il parle bien » ou « il parle mal ». Nous qui écoutons, cherchons-nous à entendre Dieu par son prêtre ? Notre acte de foi importe autant que celui du prêtre ; ce n’est pas lui qui change le cœur des fidèles, mais l’Esprit-Saint auquel chacun doit être disponible.

 

La profession de foi de l’Eglise

L’assemblée récite le Credo (« Je crois », en latin), sous la forme du Symbole de Nicée ou du Symbole des apôtres. Réciter le Credo est un signe de reconnaissance de la foi de tous les chrétiens depuis les débuts de l’Eglise. C’est aussi faire mémoire de notre baptême, moment où nous avons affirmé notre foi, et surtout c’est exprimer l’unité de l’Eglise fondée sur ce sacrement qui fait d’un homme un autre Christ, « oint ».

 

La prière des fidèles

La prière de l’assemblée s’élargit à la mesure de l’Eglise universelle, d’où son nom de prière universelle. Elle est prononcée par les fidèles qui remplissent alors leur fonction sacerdotale en intercédant pour tous les hommes. Elle conclut la liturgie de la Parole et introduit la liturgie eucharistique.

  1. La prière eucharistique

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L’Église se nourrit aux deux tables de la Parole et de l’eucharistie. C’est dans la Parole que nous trouvons le sens de ce que nous réalisons quand nous faisons l’eucharistie. A ce moment de la célébration, notre regard se tourne vers l’autel.

 La présentation des dons

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Le prêtre présente à Dieu le pain et le vin ; les deux sont nécessaires au sacrifice du Christ. Le pain est le symbole de toute nourriture ; en l’offrant à Dieu, nous le remercions de pourvoir à notre subsistance. La liturgie juive utilise déjà le pain et à chaque Shabbat, le père de famille prononce une bénédiction sur le vin, le jour et le pain. Le vin, quant à lui, est un don excellent annoncé par Isaïe pour le festin que le Seigneur prépare à tous les peuples (Is 25, 6). Le Christ promet lui aussi le vin nouveau que ses disciples boiront dans le Royaume de son Père. Le jour de la Cène, Jésus a choisi ces deux aliments, fruits de l’activité commune de Dieu et de l’homme : celui-ci est appelé à collaborer avec le Créateur pour la mise en valeur de la terre (Gn 2, 15).

Avant de présenter à Dieu le pain et le vin, le prêtre verse quelques gouttes d’eau dans le calice, selon une coutume juive et grecque. C’est ainsi qu’a procédé Jésus à la dernière Cène. S’ajoutent le symbolisme de l’union de notre humanité à la divinité de celui qui a pris notre humanité, et celui du sang et de l’eau jaillie du côté du Christ crucifié.

Le prêtre s’approche avec humilité et confiance du sacrement de l’eucharistie. Il s’incline, demandant à Dieu d’accepter ce sacrifice, se lave les mains en prononçant des paroles tirées du Miserere, le grand psaume de la miséricorde (Ps 50, 4).

Au terme de la préparation des offrandes, l’assemblée répond au prêtre qui l’invitait à prier au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Église : « Pour la gloire de Dieu et le salut du monde ». Ce sont les deux finalités de l’eucharistie. Il prononce ensuite la prière sur les offrandes qui conclut la présentation des dons.

Pourquoi la quête intervient-elle à ce moment de la messe ? Elle n’est pas une sorte d’impôt, mais le gage de l’amour fraternel. La participation des fidèles à la vie matérielle de l’Eglise, participation que sollicitait déjà Saint Paul auprès des Eglises qu’il visitait (1 Co 16, 1). La quête s’insère donc dans le geste de la présentation des dons.

 

La prière eucharistique A qui est-elle adressée ?

La prière eucharistique est entièrement adressée au Père, par le prêtre qui parle et agit alors au nom du Christ (« par lui, avec lui et en lui ») et dans l’Esprit-Saint. L’action personnelle du ministre ordonné (prêtre ou évêque) rend présent à l’Eglise – corps du Christ – l’action de sa tête, le Christ. Ce rôle singulier du prêtre est rendu manifeste par le récit de l’Institution, où Jésus s’adresse personnellement à son Eglise : « Ceci est mon corps livré pour vous ». C’est le seul moment où le prêtre dit « je » dans la prière eucharistique : il parle au nom de Jésus.

Si le prêtre a la parole durant tout ce temps, l’assemblée prend cependant part à l’offrande par sa foi, son espérance et sa charité. A plusieurs reprises, elle confirme ce que dit un seul, en répondant « Amen ».

 

L’Esprit-Saint à l’œuvre

C’est non seulement le Père qui est à l’œuvre, mais aussi l’Esprit. Dans chacune des prières eucharistiques, nous demandons par deux fois au Père d’envoyer son Esprit dans les épiclèses.

Tout d’abord, sur les offrandes du pain et du vin, pour qu’elles deviennent le corps et le sang du Christ, puis, après la consécration, sur les fidèles pour qu’ils deviennent eux-mêmes « une éternelle offrande à la gloire du Père ». En invoquant l’Esprit-Saint tout d’abord sur les offrandes, puis sur l’assemblée, la liturgie manifeste que le corps eucharistique – la présence réelle – est le gage et le garant de Sa présence au milieu du corps ecclésial ou corps mystique.

 

Le sacrifice du Christ

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En célébrant la dernière Cène avec ses apôtres au cours du repas pascal, Jésus a donné son sens définitif à la Pâque juive, en faisant d’elle sa propre Pâque : il vit dans un rite ce qu’il vivra le lendemain, le don de soi jusqu’à la mort, dans un amour poussé à l’extrême. Dans ce mystère eucharistique, nous sommes appelés à prendre part à ce don en nous configurant au Christ. En effet, « Il s’est offert une seule fois pour enlever le péché de la multitude » (He 9,28) et encore : « Nous avons été sanctifiés par l’offrande du corps de Jésus-Christ une fois pour toutes » (He 10,10). Le mystère de l’eucharistie rend présent cet unique sacrifice et nous rend participants de cette offrande : « Que l’Esprit-Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire ». Le Christ est pour nous l’unique médiateur; aussi le prêtre dit-il : « Par le Christ, notre Seigneur », dès le début de la Préface.

La structure de la prière eucharistique

La prière eucharistique est la plus haute et la plus solennelle de toutes les prières, car en son coeur se réalise la présence sacramentelle du Christ en son corps et en son sang. Quelle que soit la formule choisie (il existe onze prières eucharistiques), elle suit toujours le même mouvement:

La Préface (de praefatio : parole dite publiquement, à haute voix). Elle est une louange, un hommage au Père.

Le Sanctus : la louange de l’Église rejoint celle de tous les anges et des saints. On adore la sainteté de Dieu (Is 6,3). Prière attestée dès le IVème siècle et écho de l’acclamation des enfants d’Israël lorsque Jésus entre à Jérusalem (Mt 21,9). C’est l’hymne toujours nouvelle de la création entière, de l’univers délivré.

La prière eucharistique proprement dite, avec :

L’invocation au Père

L’épiclèse

Le récit de l’institution de l’eucharistie (ou consécration). La consécration est un moment solennel du sacrifice de la messe. Le célébrant fait les gestes et prononce les paroles de Jésus à la dernière Cène (« cena », en latin : « repas du soir », repas pascal qu’il a célébré avec ses apôtres et qu’il a présidé selon le rituel juif), rendant ainsi présent le Christ tout entier; homme et Dieu. Le Christ se fait pain. Dans notre manière de prier et de vivre la messe, nous continuons de prier à l’exemple de Jésus. L’eucharistie instituée par le Christ plonge ses racines dans les bénédictions juives ; elle est l’anticipation du repas des noces de l’Agneau dans la Jérusalem céleste. Enfin, le prêtre adore, en s’agenouillant, le corps puis le sang du Christ, et les propose à l’adoration des fidèles en les élevant au-dessus de lui : « Vous ferez cela en mémoire de moi. »

L’anamnèse (« ana », « en haut », « avant », auquel est joint « mnesis », « acte de se souvenir ». C’est donc se souvenir, faire mémoire). La mort du Christ, qui nous est précieuse, nous fait dire : « Nous proclamons ta mort Seigneur Jésus; Nous célébrons ta résurrection; Nous attendons ta venue dans la gloire. » Cette expression nous permet de nous approprier le mystère célébré.

La nouvelle épiclèse

Les intercessions, qui nous rappellent que l’eucharistie est célébrée en communion avec toute l’Eglise du ciel et de la terre, des vivants et des morts, dans la communion avec les pasteurs : le Pape, les évêques, les prêtres…

La doxologie, qui reprend le mouvement de l’eucharistie dans une formule ramassée et trinitaire : c’est le Christ qui rend gloire à son Père, et nous en lui.

  1. La communion

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Le moment de la communion : « Prenez et mangez-en tous » (Mt 26,26)

Jésus, dans sa grande prière au chapitre 17 de saint Jean, demande : « Qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient parfaits dans l’unité (Jn 17,22-23). L’eucharistie nous fait entrer dans l’unité du Père et du Fils et du Saint-Esprit. La communion accroît notre union au Christ.

 Le Notre Père

Nous venons de rendre gloire à Dieu, nous nous reconnaissons ses fils et lui disons « Notre Père », comme le Fils unique le dit et nous l’a enseigné.

 Le don de la paix

Nous nous tournons alors vers le Fils : « Seigneur Jésus-Christ, tu as dit à tes apôtres : je vous laisse la paix, je vous donne ma paix… » La paix est comme le condensé de tous les biens, le don messianique par excellence, car Jésus, par le mystère pascal, « a fait la paix par le sang de sa croix » (Col 1,20). A Noël, les anges ont annoncé « Paix aux hommes » et cette paix constitue le premier souhait du Ressuscité aux apôtres, le jour de Pâques (Jn 20,19 ; 21 ; 26). Donner la paix est lourd de signification : le Christ nous donne sa paix et nous la partageons. C’est la seule que nous puissions partager…

 La fraction du pain

C’est à ce geste que les disciples reconnurent leur Seigneur après sa résurrection. Elle est l’un des plus anciens noms de l’eucharistie (cf. Ac 2,42). Rompre le pain est signe de convivialité, geste pratique qui devient le symbole d’un partage fraternel capable d’exprimer et de nourrir une communion. Ceux qui mangent un même pain sont « compains », ce qui montre la profondeur originelle du mot très usité de « copain ». Jésus a fait ce geste au cours des deux multiplications des pains (Mt 14,19 ; 15,36).

 L’immixtion

Le fragment de pain consacré que le prêtre laisse tomber dans le calice appartient à un rite très ancien.

 La communion

Après l’Agnus Dei, litanie adressée au Christ, Agneau de Dieu, dans laquelle l’assemblée l’implore d’avoir pitié de son péché et de lui donner la paix, les fidèles s’approchent pour recevoir la communion, selon les coutumes de l’Eglise et leur propre sensibilité : dans la bouche, ou en formant avec les mains « un trône », selon l’expression d’un Père de l’Eglise et dans un geste de mendiant. L’eucharistie fait l’Eglise. Ceux qui reçoivent le corps du Christ sont unis plus étroitement au Christ.

 

L’envoi

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Après un moment de recueillement, la célébration eucharistique finit comme elle a commencé, avec le signe de la croix, mais maintenant sous forme de bénédiction : nous ne nous signons plus, mais recevons la bénédiction que nous donne le prêtre qui, au nom du Christ, nous envoie la porter à tous nos frères. Nous répondons : « Nous rendons grâce à Dieu ». L’assemblée part en mission (messe, de « missio » : envoi).

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Le rassemblement. Liturgie de la parole. Liturgie de l’Eucharistie. Liturgie de l’envoi. ‘’ Le Seigneur. nous invite au repas’’ ‘’ Le Seigneur. nous fait connaître la Bible’’ ‘’ Le Seigneur. nous partage le Pain de Vie’’ ‘’ Le Seigneur. nous fait messagers’’ Lectures. Psaumes. Evangile. Credo. Prière universelle. Offrande. Consécration. Prière eucharistique. Notre Père. communion. Bénédiction final. « Allez dans la paix du Christ » envoi. Accueil. « Seigneur, Prends pitié » Gloire à Dieu. Prière.
EGLISE CATHOLIQUE, HISTOIRE DU MISSEL ROMAIN, LITURGIE, MESSE, MISSEL, MISSEL ROMAIN, MISSEL ROMAIN, NOUVELLE TRADUCTION

Histoire du Missel romain

L’histoire du Missel romain

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La Messe romaine antique

 

Dès le second siècle, le christianisme s’est répandu dans tout l’Empire romain, au Proche et au Moyen-Orient, en Grèce et en Asie Mineure, en Égypte et en Afrique du Nord, en Italie, en Gaule… la liturgie eucharistique s’est développée et enrichie de mille manières au contact de ces diverses cultures, donnant lieu à plusieurs grandes familles liturgiques distinguées par leur langue, leurs chants, par l’ordonnancement de leurs lectures et de leurs rites, et par maints usages locaux, mais unies toujours par leur noyau central : les paroles et les gestes de Jésus à la Cène.

Nous allons nous contenter d’étudier l’histoire de notre liturgie romaine, une liturgie tout à fait locale au point de départ, mais appelée à s’étendre dans à peu près tout l’Occident chrétien.

1.1. Les grandes caractéristiques de la liturgie romaine antique

Rome, où siègent Pierre et ses successeurs, devient naturellement le centre chrétien de l’Empire romain d’Occident. Comment y célèbre-t-on la Messe, dès avant la fin des persécutions au début du IVème siècle ? Retenons quelques traits originaux.

 

Le passage du grec au latin

À Rome, le nombre des convertis augmente considérablement après 250, en dépit des persécutions épisodiques. À cette date, le latin et le grec, qui était la langue de la communauté primitive originaire d’Orient, arrivent à égalité dans l’usage des chrétiens. La latinisation de la liturgie s’opère tranquillement, sans violence, de 250 à 380, date à laquelle la liturgie romaine est devenue une liturgie latine. La langue latine est la première caractéristique de la liturgie romaine, même s’il existe d’autres liturgies de langue latine qui ne sont pas romaines, à Milan ou dans les Gaules.

 

Les basiliques chrétiennes

Contrairement à ce que l’on croit souvent, il existait partout dans l’Empire romain encore païen de nombreuses églises, qui rivalisaient même avec les plus beaux temples élevés par les romains. À côté des demeures particulières, des « domus ecclesiæ » – riches villas romaines adaptées au culte – s’élèvent bientôt des basiliques chrétiennes construites sur le modèle des païennes. Elles sont constituées d’une nef rectangulaire de taille variable dont la partie haute, l’abside, est surélevée et de forme semi-circulaire. Au fond de cette abside se trouve le siège de l’évêque. À  la jonction de la nef et de l’abside est érigé l’autel fixe, de bois d’abord, puis de pierre. La décoration de la basilique est somptueuse : mosaïques, fresques, tentures, luminaires, ciborium tendu comme un ciel au dessus de l’autel, ambon monumental pour la lecture de l’Évangile…

Avec la paix constantinienne et la tranquillité de l’Église, ces basiliques vont être le lieu du déploiement de la liturgie romaine, au cours du IVème siècle.

 

Les premiers livres liturgiques

Dans cette période d’enrichissement, les textes et les prières liturgiques vont se formaliser et donner naissance à des recueils manuscrits. Si, dans les premiers siècles, les prêtres composaient eux-mêmes les prières du culte en suivant les lignes générales héritées des Apôtres, ils vont vite préférer se conformer aux textes légués par les plus savants d’entre eux, les grands évêques, les papes et les docteurs : saint Basile ou saint Jean Chrysostome en Orient, saint Ambroise, saint Léon le Grand (440-461) ou le pape Gélase (492-496) en Occident.

Au VIème et au VIIème siècles, les prières composées par ces derniers au cours du siècle précédent, dans un latin remarquable, vont être compilées dans des livres qu’on appellera plus tard des « sacramentaires », et qui forment aujourd’hui encore la source principale des prières de la Messe romaine, en particulier les Préfaces et les oraisons du président : la collecte, la prière sur les offrandes et la postcommunion.

 

Le Canon romain

S’il est un monument emblématique de la liturgie romaine, c’est bien sa grande et unique prière eucharistique que l’on appelle, aujourd’hui encore, le Canon Romain. On le trouve cité et commenté en partie déjà par saint Ambroise, vers 390, et il acquiert sa forme définitive dès la fin du Vème siècle. C’est donc cette prière, en partie fixe et en partie variable, au style et à la théologie particulièrement remarquables, que la liturgie romaine a emprunté exclusivement, depuis le IVème siècle, pour accomplir le mystère eucharistique. C’est celle encore qui occupe la place d’honneur dans le Missel romain de notre époque, même si on l’a assorti depuis 1969, et suivant un usage de l’Orient, d’autres prières eucharistiques utilisables en des circonstances moins solennelles.

 

Le chant romain

La liturgie romaine semble, primitivement, assez réfractaire au chant : elle est, nous le verrons, sobre et dépouillée par nature. C’est de l’Afrique chrétienne que lui vient peu à peu l’usage de chanter des psaumes après les lectures (graduel, trait, alléluia), pendant les processions de l’offertoire et de la communion. Le chant initial de l’introït s’ajoute encore un peu plus tard, de sorte que la Messe romaine antique commence en silence. Nous en avons une trace dans la procession silencieuse du Vendredi Saint, qui est le dernier vestige de ce que fut la liturgie de Rome aux IVème et Vème siècles, jusqu’au grand pontificat liturgique de saint Léon le Grand, mort en 461. Essayons, pour achever cette présentation de la liturgie romaine antique, de nous l’imaginer…

 

Idée de la Messe à Rome au IVème siècle

Lire Dom Guy Oury, La Messe romaine et le peuple de Dieu dans l’histoire, Solesmes, 1981, pp. 69-61.

 

1.2. Les problèmes «  de toujours »

Nous sommes là au commencement d’un âge d’or liturgique, alors que, paradoxalement, l’Empire romain d’Occident en butte aux invasions barbares, approche de sa ruine.

On peut parler d’âge d’or liturgique dans la mesure où la liturgie est vraiment le centre et le sommet de toute la vie chrétienne. Lorsque l’Empire devient résolument chrétien, toute l’existence s’achève dans la liturgie : la réflexion des théologiens comme l’expérience religieuse du chrétien le plus modeste, les arts et la musique, la vie publique et les institutions ecclésiastiques…

Cependant, cette période n’est pas exempte des questionnements et des tensions qui parcourront toute l’histoire de la liturgie jusqu’à nos jours. Tension entre la sobriété originelle et l’exubérance croissante du culte (exemple des vêtements mondains passés dans l’usage cultuel, ou de l’usage de la musique), tension entre la tradition reçue et la culture ambiante (exemple de l’encens, suspecté de paganisme), difficultés liées à la compréhension du latin (en pays de langue celtique ou berbère) ou à la participation populaire (spécialisation du ministères, manque de place dans les églises), problèmes liés à la communion eucharistique, dont l’accès est sévèrement réglementé, comme au manque de ferveur des communiants que déplorent maints Pères de l’Église…[1]

La liturgie vécue par les hommes, même en ses périodes les plus fastes, n’atteint jamais la perfection ! Cela est vrai aussi en cette période charnière de l’histoire de la civilisation occidentale, à cheval entre l’Antiquité tardive et le Moyen-Âge, période dont le personnage le plus emblématique, au rôle capital pour l’histoire de la liturgie romaine en cette fin du VIème siècle, fut le pape Grégoire le Grand. Avec lui, nous entrons dans une époque nouvelle, celle de la chrétienté.

 

 La Messe de la Chrétienté

 

2.1. La Messe de saint Grégoire le Grand

 

  1. a) Un pontificat éponyme

On pourrait définir le pontificat très symbolique de saint Grégoire le Grand (590-604) comme celui qui vit briller le faste de la liturgie romaine sur les décombres de l’Empire. La tradition liturgique inaugure avec ce pape sa grande période classique.

Tout, dans la liturgie, devient « grégorien », et on imputera à saint Grégoire, à tort ou à raison, toutes les richesses de ce temps : le sacramentaire est grégorien, le style de ses prières aussi, le chant romain devient également grégorien, comme aussi les cérémonies de la Messe.

 

  1. b) le « génie du rit romain »

« Grégorien » en vient à désigner ce qui fait le génie propre et permanent du rite romain : une liturgie sobre et décantée, rationnelle et logique, pure dans sa langue et dans ses rites, concise  dans ses énoncés théologiques, sans ajout inutile, somptueuse seulement pour son cadre, son chant et son cérémonial, une cérémonie digne d’un pape qui en est le célébrant de référence… toutes choses qui peuvent nous faire penser au style liturgique du saint Père Benoît XVI.

 

  1. c) Évolution des rites dans la période grégorienne

Au cours des VIIème et VIIIème siècles, la liturgie de la Messe romaine acquiert la plupart des éléments structurants qui ont demeuré jusqu’à nous : le chant d’introït, la procession avec encens en chandeliers, la vénération de l’autel par un baiser, le Kyrie rapporté d’Orient comme le Gloria in excelsis, la prière de collecte, la disparition de la première lecture au profit de la seule Épître, les chants « grégoriens » de la liturgie de la Parole, la disparition de la prière universelle, le Canon romain chanté alors à haute voix, le Notre Père suivi du baiser de paix, la fraction du pain, la prière après la Communion, l’Ite missa est, le baiser à l’autel et la procession solennelle de sortie.

  

2.2. Diffusion de la Messe romaine à l’époque carolingienne

La perfection de cette forme liturgique va entrainer son expansion progressive dans tout l’Occident, à la faveur des missions dans les terres encore païennes du Nord de l’Europe et surtout de la consécration, par les papes romains, de la nouvelle dynastie carolingienne. Pépin le Bref, puis son fils Charlemagne, vont découvrir la beauté de la liturgie et du chant grégoriens, et ils vont s’employer à en faire le ciment de leur nouvel Empire romain. Partout en Europe circulent des clercs et des moines imbus de la liturgie de Rome, qui vont en répandre les usages et les chants.

Mais cela ne se fait pas sans quelques influences réciproques, qui vont atténuer la sobriété du culte de Rome : le chant romain va s’enrichir des traditions plus ornées de Gaule ou d’Espagne ; Rome va recevoir l’usage du pain azyme, par conformité à l’Évangile ; le Canon ne va plus être chanté mais récité à voix basse ; les encensements vont se multiplier ; le Credo de Nicée va être chanté après l’Évangile ; la prière face à l’Orient va se généraliser…

En l’An Mil, la liturgie romaine sera devenue une liturgie « romano-franque », marquée par beaucoup d’usages mystiques d’Orient qui avaient pénétré en Gaule mais pas à Rome, toujours soucieuse de la plus grande simplicité.

 

2.3. La Messe et la piété médiévale

Telle se présente la Messe romaine au passage dans le second millénaire, à l’orée du Moyen-Âge central qui voit l’accomplissement de la chrétienté visible. L’époque de la chrétienté occidentale – on pourrait dire par commodité l’époque romane et surtout gothique – va influer de plusieurs manières sur la liturgie eucharistique. On peut en retenir trois principales.

  1. a) La beauté du culte et l’allégorie au service de la prière

S’il est un lieu qui incarne le déploiement de la liturgie au Moyen-Âge, c’est bien l’abbaye de Cluny. Elle est le plus majestueux de ces lieux innombrables en Occident – monastères, cathédrales, collégiales – où la liturgie est célébrée, quotidiennement, avec faste. On a l’idée en effet, avec Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, que « au dessus de tous biens sur cette terre d’exil, c’est le bien suprême de glorifier Dieu par un culte solennel dans son sanctuaire. »[2]

Au service de la beauté, la musique sacrée se développe, avec les premières polyphonies et la composition d’un immense trésor poétique, souvent écrit dans un latin rimé et facile à comprendre. Le Missel se charge ainsi d’un nombre considérable de séquences et de tropes et, de plus en plus, les églises particulières se dotent de missels particuliers, avec les conséquences que l’on verra.

Dans le même temps, le clergé s’efforce d’expliquer aux fidèles une liturgie devenue en partie insaisissable, du fait de sa complexité et du cloisonnement du sanctuaire. La méthode préférée est celle de l’allégorie, qui consiste à donner à chaque détail de la cérémonie une signification imagée, en lien le plus souvent avec la Passion du Christ : ainsi, quand le prêtre s’incline profondément au « Supplices te rogamus » du Canon, il représente le Christ inclinant la tête sur la Croix et rendant son esprit ; quand le diacre repose la pale sur le calice après le « Per ipsum », il referme le sépulcre de Jésus et, lorsque la pale est de nouveau enlevée, le prêtre met dans le calice une parcelle d’hostie, figurant la Résurrection par l’union du Corps et du Sang du Sauveur.

Il se reproduit en quelques sorte le phénomène du vitrail : toute l’attention du peuple se porte sur ce qu’il voit, non pas sur ce qu’il entend (ou n’entend plus !), avec le risque de faire des rapprochements artificiels, ou peu théologique, et de rendre les fidèles étrangers à la Parole vivante qui accomplit les sacrements.

  1. b) La mise en valeur de la piété du célébrant

Un second trait caractéristique de la Messe médiévale est l’ajout, dans la liturgie, de nombreuses prières de dévotion récitées à voix basse par le prêtre : habillage à la sacristie, Prières au bas de l’autel et Confiteor, formules d’offertoire, prières avant et après la Communion, comme à la fin de la Messe. Ces prières étaient très nombreuses, variables suivant les lieux et les missels, quelquefois de manière un peu anarchique.[3]

De même, des gestes sont ajoutés pour éviter la routine, pour rester bien attentif au mystère célébré.

  1. c) La Messe ou l’adoration de la Présence réelle

Enfin, le phénomène le plus frappant, et le plus lourd de conséquences, qui marque la liturgie médiévale, est assurément la focalisation sur le Mystère de la Présence Réelle.

Un geste est emblématique : l’élévation de l’hostie après la Consécration, que tous, théologiens, historiens et liturgistes, considèrent comme le fait le plus important de l’Histoire de la Messe au Moyen-Âge.

L’origine de ce geste est liée aux nombreuses controverses eucharistiques qui agitent la théologie médiévale dès le XIIème siècle et dont certaines vont jusqu’à contester, avec Bérenger de Tours, la réalité de la présence réelle du Christ.

En outre, l’usage s’était établi de mimer les gestes du Christ à la Cène au point d’élever l’hostie au moment où le prêtre disait : « il prit le pain », et de prononcer les paroles de la Consécration dans cette attitude d’élévation. L’évêque de Paris, Eudes de Sully (1196-1208), intervient en demandant aux prêtres de ne pas montrer l’Hostie au peuple avant qu’elle ne soit consacrée, afin que celui-ci adore seulement la Présence réelle.

En fait, la portée de cette décision est beaucoup plus profonde. Jusque là, depuis l’Antiquité, l’action eucharistique était rectiligne, puisque la Consécration elle-même n’était soulignée que par des gestes très discrets. Elle était moins un aboutissement en soi que la continuation d’une action qui se développait jusqu’à la consommation du sacrifice par la Communion eucharistique.

Désormais, la Messe trouve un nouveau centre de gravité : c’est le miracle de la Transsubstantiation qui devient, pour les fidèles, le sommet du rite eucharistique. Et la contemplation de la Présence Réelle va en quelque sorte se substituer à la manducation du Corps du Christ à la communion, laquelle devient tellement rare que le Concile du Latran de 1215 doit faire obligation aux fidèles de communier au moins une fois l’an !

La Messe, du moins  dans l’esprit des fidèles, n’est plus d’abord la grande représentation sacramentelle de tout le mystère pascal du Christ, auquel on communie physiquement, mais le lieu où s’accomplit le miracle sublime de la Transusbtantiation.

La réaction protestante aura beau jeu de réclamer un retour à la Cène évangélique, avec son leitmotiv : « Il faut changer la Messe en Communion ». C’est tomber dans l’excès inverse, quand il eût mieux valu réaffirmer, comme le fera le Concile de Trente, que la Messe est indissociablement le sacrement du Sacrifice du Christ et le sacrement de son Corps et de son Sang donnés en nourriture.

La Messe médiévale n’avait en rien dénaturé cette vérité de foi, mais l’évolution de ses rites et de sa piété, comme la défense de la foi contre les hérésies du temps, concouraient avant tout à mettre en valeur le mystère de la Présence Réelle.

Le temps des réformes

 

3.1. La Réforme protestante et le Missel de saint Pie V

C’est sur ce terrain doctrinal que la Réforme s’est positionnée. En conséquence de ses affirmations sur les sacrements et sur la nature de la Messe, elle a été amenée à contester la liturgie catholique, le rôle de ses prêtres et la participation passive de ses fidèles. Cette contestation s’est d’abord étendue insidieusement, par l’insertion dans les missels existants de textes incompatibles avec la foi catholique.

C’est pour remédier à ces erreurs diffuses dans les missels très nombreux qui avaient vu le jour dans les siècles précédents que saint Pie V imposa à l’Église universelle l’usage du Missel médiéval de la ville de Rome, imprimé pour la première fois en 1474. L’invention de l’imprimerie quelques décennies auparavant devait permettre la diffusion universelle de ce Missel romain, garant de l’orthodoxie eucharistique.

Ne pouvant pas contrôler l’orthodoxie des missels parus depuis le milieu du XIVème siècle, époque des premières grandes contestations eucharistiques, le pape interdit l’usage des missels n’ayant pas au moins 200 ans d’ancienneté.

La liturgie tridentine traversera exactement quatre siècles, jusqu’au nouveau Missel romain réformé par le Pape Paul VI à la suite du concile Vatican II et publié en 1969.

3.2. La mise en cause utopiste de l’héritage médiéval

Après la Réforme, d’autres courants utopistes se sont attaqués, dans les Temps Modernes, à la liturgie de la Messe. Précédant de peu l’époque des Lumières, certains courants jansénistes ont déprécié le caractère irrationnel et mondain des rites ajoutés par le Moyen-Âge. Ainsi certains prêtres jansénistes, tel Jacques Jubé, curé d’Asnières au début du XVIIIème siècle, entendent dépouiller les églises de toutes leurs images, dire la Messe sur un autel nu en se tournant vers les paroissiens, traduire les prières en français, faire participer les fidèles par la procession des offrandes…

Ce qui est contesté par les Lumières, c’est toute la période médiévale, « gothique » comme on dira de manière péjorative, suspectée d’avoir faussé l’institution évangélique de l’Eucharistie, d’avoir encouragé la superstition en n’éclairant pas la dévotion des fidèles, et de s’être positionnée dans une attitude de défense de la foi et des privilèges ecclésiastiques.

3.3. Le Mouvement liturgique et le nouveau Missel romain de Paul VI

Il est vrai que la surenchère esthétique, allégorique et mystique du Moyen-Âge, et surtout l’individualisme grandissant dans la pratique religieuse, ont pu conduire à une mésestime du mystère liturgique. On s’est éloigné des sources premières, on a perdu le sens sacramentel des rites, les dévotions particulières se sont imposées, en lien avec une conception de plus en plus individuelle et moralisante de la vie chrétienne.

  1. a) Le Mouvement liturgique

Pour retrouver l’esprit des premiers siècles et redonner à la liturgie le caractère englobant de toute la vie chrétienne qui avait été le sien durant le premier millénaire, il fallait un grand mouvement de renouveau catholique.

Ce fut le Mouvement liturgique, dont la figure marquante fut, dans les débuts, l’abbé réformateur de Solesmes, Dom Guéranger (1805-1875). Pour lui, les Institutions liturgiques et l’Année liturgique sont la source de la vie de l’Église, la source de sa spiritualité comme de sa doctrine, la source de sa communion universelle sous l’égide du Pontife romain.

Saint Pie X, au début du XXème siècle, encouragera ce mouvement en rappelant que la liturgie est  « la source authentique du véritable esprit chrétien », et en entreprenant d’importantes réformes dans les livres liturgiques romains.

Ainsi, son idée de rétablir l’usage universel du chant grégorien tend à faire revivre à l’Église l’âge d’or liturgique auquel avait présidé saint Grégoire le Grand à la fin de l’Antiquité.

De nombreuses recherches archéologiques, la redécouverte de la théologie ancienne, celle des Pères de l’Église enracinée dans l’Écriture Sainte et l’expérience communautaire de la prière, vont accompagner ce Mouvement liturgique qui, après les réformes et les enseignements majeurs du pape Pie XII, arrivera à maturité au moment du Concile.

  1. b) Les intentions liturgiques du Concile et leur traduction dans le Missel de Paul VI

Quelles furent les intentions du Concile lorsqu’il s’attaqua à la restauration du Missel romain ? Il les énonce lui-même :

Cette restauration doit consister à organiser les textes et les rites de telle façon qu’ils expriment avec plus de clarté les réalités saintes qu’ils signifient, et que le peuple chrétien, autant qu’il est possible, puisse facilement les saisir et y participer par une célébration pleine, active et communautaire.[4]

Voilà l’esprit qui préside à la refonte du Missel Romain. On vise avant tout à favoriser la participation des fidèles à la liturgie , afin « qu’ils n’assistent pas à ce mystère de la foi comme des spectateurs étrangers et muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et ses prières, ils participent consciemment, pieusement et activement à l’action sacrée, soient formés par la Parole de Dieu, se restaurent à la table du Corps du Seigneur, rendent grâces à Dieu… »[5] 

Pour cela, le rituel de la Messe sera révisé afin de le rendre plus lisible, dans cet esprit de « noble simplicité » et de « brièveté remarquable »[6] si caractéristiques du rite romain ancien :

Aussi, en gardant fidèlement la substance des rites, on les simplifiera on omettra ce qui, au cours des âges, a été redoublé ou a été ajouté sans grande utilité ; on rétablira selon l’ancienne norme des saints Pères, certaines choses qui ont disparu sous les atteintes du temps, dans la mesure où cela apparaîtra opportun ou nécessaire.[7]

Enfin, l’Église réaffirme l’unité des deux tables de la Parole de Dieu et de la Sainte Communion, en demandant que soient ouverts « plus largement les trésors bibliques ».[8]

Il en est résulté le missel romain de Paul VI, publié en 1969, dont nous connaissons la ligne sobre et vraiment romaine, et la richesse du contenu.

Nous y trouvons des nouveautés, qui n’appartiennent certes pas à la tradition romaine, et dont les plus significatives sont à coup sûr les nouvelles prières eucharistiques qui s’ajoutent au Canon Romain, les nouvelles prières d’offertoire inspirées des bénédictions juives du repas pascal, et le nouveau lectionnaire qui permet, en trois ans, de parcourir l’essentiel de la Sainte Écriture.

De nombreux gestes et prières ajoutés au cours du Moyen-Âge ont été supprimés, d’autres, souvent plus anciens, ont été restaurés, en particulier la prière universelle.

Tout ce qui, pour le reste, diffère du Missel Romain de saint Pie V, est puisé aux sources les plus anciennes de la tradition occidentale, en particulier dans les sacramentaires romains du premier millénaire.

D’où vient, alors, l’idée diffuse chez beaucoup depuis quarante ans, ou même revendiquée d’un bord comme de l’autre, que ce Missel ne serait pas dans la continuité de la liturgie antérieure ? Cette question va nous permettre de conclure et de synthétiser ce que notre parcours historique nous aura appris.

En complément

[1] Un exemple, chez saint Jean Chrysostome : « Je vois beaucoup de gens qui participent étourdiment et sans réflexion au Corps du Christ, plutôt par habitude et pour obéir à la loi que par raison et par réflexion. Voient-ils arriver le temps du saint Carême ou celui de l’Épiphanie, en quelque état qu’ils se trouvent, ils prennent part aux sacrements… »

[2] Anonyme, Vita PetriPL CLXXXIX, c. 19.

[3] On cite volontiers saint Vincent de Paul, quelques siècles plus loin, notant : « J’étais une fois à Saint-Germain-en-Laye où je remarquais sept ou huit prêtres qui dirent tous la Messe différemment ; l’un faisait d’une façon, l’autre d’une autre ; c’était une variété digne de larmes. Dieu soit béni de ce qu’il plaît à sa divine Bonté remédier peu à peu à ce grand désordre ! » (Œuvres, éd. P. Coste, t. XII, Entretiens, Paris, 1924, pp. 258-259.)

[4] SC 21.

[5] SC 48.

[6] SC 34.

[7] SC 50.

[8] SC 51.

https://www.communautesaintmartin.org/article/un-regard-historique-sur-la-messe-2-lhistoire-du-missel-romain/

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MISSEL ROMAIN, NOUVELLE TRADUCTION

Le nouveau Missel Romain

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Accueillir la nouvelle traduction, une opportunité pastorale

La sortie prochaine d’une nouvelle traduction du Missel Romain représente une opportunité pastorale pour nos églises diocésaines. Elle est l’occasion de déployer la richesse et le sens de la célébration de l’Eucharistie selon l’ordo missae de 1970 promulgué par le saint Pape Paul VI. Il importe d’accompagner la réception des nouveautés accompagnant cette traduction mais peut-être surtout de l’inscrire dans un projet plus vaste au service de l’édification d’un peuple de louange et d’adoration. Cette édification s’opère de manière privilégiée dans la liturgie « par laquelle, surtout dans le divin sacrifice de l’Eucharistie, “s’exerce l’œuvre de notre rédemption”, (ce qui) contribue au plus haut point à ce que les fidèles, en la vivant, expriment et manifestent aux autres le mystère du Christ et la nature authentique de la véritable Église » (SC 2).

Mgr Guy de Kérimel, Président de la Commission Épiscopale pour la Liturgie et la Pastorale Sacramentelle

Nouvelle traduction du Missel : les dix choses qui changent pour les fidèles

 

Une nouvelle traduction du Missel romain doit entrer en vigueur le 28 novembre prochain, premier dimanche de l’Avent.

Un petit événement dans l’Eglise en France ! A partir du dimanche 28 novembre, tous les catholiques francophones entendront et useront de nouveaux mots pendant la messe tels que « consubstantiel au Père », « C’est pourquoi je supplie la bienheureuse Vierge Marie », « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ! », « Frères et sœurs »… L’entrée en vigueur de la nouvelle traduction du Missel romain – le livre rassemblant toutes les prières récitées pendant la messe – n’apporte pas de grands changements dans la liturgie eucharistique, mais offre « l’occasion d’approfondir notre intelligence de la messe », souligne Mgr Guy de Kerimel, évêque de Grenoble et président de la Commission épiscopale française de liturgie et de pastorale sacramentelle (CELPS).

« La liturgie s’inscrit dans la tradition vivante de l’Eglise, l’Eglise est un corps vivant », ajoute-t-il. D’où la volonté de l’Eglise de faire évoluer le langage de sa prière, en ajustant les gestes et les formules, pour permettre la participation de tous. Pour Bernadette Mélois, directrice du Service national pour la pastorale liturgique et sacramentelle (SNPLS), cette nouvelle traduction invite à « vivre la messe de manière renouvelée, peut-être avec un peu plus d’intensité et d’attention ».

La nouvelle traduction du Missel romain émane de l’instruction du Vatican Liturgiam authenticam de 2001. La Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements a demandé aux conférences épiscopales de revoir la traduction dans un souci d’uniformisation pour « manifester l’unité du rite romain », explique David Gabillet, rédacteur en chef de la revue Magnificat. L’objectif était, entre autres, de se rapprocher du texte original latin. Un travail de traduction a donc été mené pendant quinze ans sous l’autorité de la Commission épiscopale francophone pour les traductions liturgiques (CEFTL). Il a réuni des experts de France, Belgique, Luxembourg, Suisse, Canada, Afrique du nord et Monaco. Un travail soumis à la triple fidélité dont parle le pape François dans son motu proprio Magnum principium (2017) : fidélité au texte original, fidélité à la langue dans laquelle le texte est traduit, et fidélité à l’intelligibilité du texte par nos contemporains.

La version initiale du Missel romain a été publiée en latin le 3 avril 1969. Elle est suivie de deux autres versions parues en 1975 et 2002. C’est cette dernière, désignée comme 3ème édition typique, qui est en vigueur aujourd’hui dans l’Eglise et qui a été traduite à nouveau. A partir du 28 novembre, les fidèles entendront et réciteront les textes de la nouvelle traduction. En plus de la révision d’un certain nombre de prières, préfaces et dialogues rituels, une plus grande place est donnée au silence et à la gestuelle. Autre évolution, les adresses sont désormais inclusives : « frères et sœurs » au lieu de « frères » auparavant – une volonté chère aux Eglises suisse et canadienne, et qui correspond au texte latin. Enfin, l’accent est mis sur l’eucharistie en tant que mystère. Vous trouverez ici en rouge les ajouts ou les modifications effectués.

1 SALUTATION DU PRÊTRE

Au début de la célébration, le prêtre accueille les fidèles en leur souhaitant la présence du Ressuscité. La nouvelle traduction souligne cela en utilisant le mot « Christ ».

La grâce de Jésus, le Christ, notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père, et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous.

2 ACTE PÉNITENTIEL

Le rite pénitentiel démarre désormais avec la mention « Frères et sœurs ». Une mention que l’on retrouvait déjà dans le missel latin. « Nous avons péché » remplace « nous sommes pécheurs », l’accent est donc mis sur l’acte plus que sur la personne. La Vierge Marie gagne le vocable de bienheureuse.

Frères et sœurs, préparons-nous à célébrer le mystère de l’eucharistie, en reconnaissant que nous avons péché.

Je confesse à Dieu tout-puissant, Je reconnais devant vous, frères et sœurs, que j’ai péché en pensée, en parole, par action et par omission. Oui, j’ai vraiment péché. C’est pourquoi je supplie la bienheureuse Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi, frères et sœurs, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu.

3 GLOIRE À DIEU

Attention, dans le Gloire à Dieu, la nouvelle traduction privilégie le pluriel « les péchés » au singulier.

Gloire à Dieu, au plus haut des cieux,
Et paix sur la terre aux hommes qu’il aime.
Nous te louons, nous te bénissons,
nous t’adorons,
Nous te glorifions, nous te rendons grâce,
pour ton immense gloire,
Seigneur Dieu, Roi du ciel,
Dieu le Père tout-puissant.
Seigneur, Fils unique, Jésus Christ,
Seigneur Dieu, Agneau de Dieu,
le Fils du Père.
Toi qui enlèves les péchés du monde,
prends pitié de nous
Toi qui enlèves les péchés du monde,
reçois notre prière ;
Toi qui es assis à la droite du Père,
prends pitié de nous.
Car toi seul es saint,
Toi seul es Seigneur,
Toi seul es le Très-Haut,
Jésus Christ, avec le Saint-Esprit
Dans la gloire de Dieu le Père.

Amen.

4 JE CROIS EN DIEU

Dès les années 1970, le philosophe Jacques Maritain dénonçait déjà la traduction française du Je crois en Dieu qui affirme que le Christ est « de même nature que le Père » : « La traduction française de la messe met dans la bouche des fidèles, au Credo, une formule qui est erronée de soi, et même, à strictement parler, hérétique », critiquait-il. « Je suis de même nature que Monsieur Pompidou, je ne lui suis pas consubstantiel ». Il se serait donc réjoui car désormais, dans le symbole de Nicée-Constantinople, le terme « consubstantiel » remplace « de même nature », exprimant par-là l’identité de substance entre le Père et le Fils. Le symbole des Apôtres n’a quant à lui pas été modifié.

Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant,
créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible,
Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ,
le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles :
Il est Dieu, né de Dieu,
lumière, née de la lumière,
vrai Dieu, né du vrai Dieu
Engendré non pas créé, consubstantiel au Père,
et par lui tout a été fait.
Pour nous les hommes, et pour notre salut,
il descendit du ciel;
Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme.
Crucifié pour nous sous Ponce Pilate,
Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau.
Il ressuscita le troisième jour,
conformément aux Ecritures, et il monta au ciel;
il est assis à la droite du Père.
Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts
et son règne n’aura pas de fin.
Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie;
il procède du Père et du Fils.
Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire;
il a parlé par les prophètes.

Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique.
Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés.
J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir.

Amen

5 LITURGIE EUCHARISTIQUE

Le renouvellement des formules de la préparation des dons et de la prière sur les offrandes manifeste que Dieu est à la source de ce que nous lui offrons sous la forme du pain et du vin.

Préparation des dons

Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers : nous avons reçu de ta bonté le pain que nous te présentons, fruit de la terre et du travail des hommes ; il deviendra pour nous le pain de la vie.

Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers : nous avons reçu de ta bonté le vin que nous te présentons, fruit de la vigne et du travail des hommes ; il deviendra pour nous le vin du Royaume éternel.

Nouvelle prière sur les offrandes

Priez, frères et sœurs : que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre, soit agréable à Dieu le Père tout puissant.

Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice à la louange et à la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute l’Eglise.

Anamnèse

Il est grand, le mystère de la foi : Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamonsta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire.

Acclamons le mystère de la foi: Quand nous mangeons ce pain et buvons à cette coupe, nous annonçons ta mort, Seigneur ressuscité, et nous attendons que tu viennes.

Qu’il soit loué, le mystère de la foi : Sauveur du monde, sauve-nous! Par ta croix et ta résurrection, tu nous as libérés.

6 AGNEAU DE DIEU

Outre le pluriel réitéré des « péchés », l’Agneau de Dieu se clôt désormais par « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau » au lieu de « Heureux les invités au repas du Seigneur ». Une invitation à la communion permettant d’exprimer le mystère de l’Alliance avec Dieu.

Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, prends pitié de nous.
Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, prends pitié de nous.
Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, donne-nous la paix.

Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde.

Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau !

7 RITE DE CONCLUSION

Jusqu’à présent, le prêtre renvoyait les fidèles en disant : « Allez, dans la paix du Christ ». La nouvelle traduction offre trois autres formules possibles (au choix) :

Allez porter l’Evangile du Seigneur.

Allez en paix, glorifiez le Seigneur par votre vie.

Allez en paix.

8 LA PLACE DU SILENCE

« Une des nouveautés de cette traduction est la place importante laissée au silence », remarque Bernadette Mélois. Comme le rappelle la Présentation Générale du Missel Romain (PGMR), « le silence sacré fait partie de la célébration ». « Pendant l’acte pénitentiel et après l’invitation à prier, chacun se recueille; après une lecture ou l’homélie, on médite brièvement ce qu’on a entendu; après la communion, le silence permet la louange et la prière intérieure ». Le silence fait donc partie de l’action liturgique et offre la possibilité d’un accueil de la Parole de Dieu. Le nouveau missel indique ainsi un nouveau temps de silence après le Gloire à Dieu : « Tous prient en silence quelques instants, en même temps que le prêtre. Puis, le prêtre, les mains étendues, dit la prière d’ouverture ou de collecte ».

9 LA MISE EN AVANT DU CHANT

La nouvelle traduction rappelle également que la prière liturgique est une prière chantée. Elle accorde ainsi une certaine place au latin, en proposant de chanter dans cette langue le Gloria, le Credo ou encore le Pater Noster. Les préfaces chantées seront aussi publiées avec la nouvelle traduction.

10 L’IMPORTANCE DE LA GESTUELLE

À plusieurs endroits, le nouveau texte précise les gestes du prêtre et ceux de l’assemblée. Il vient par exemple renforcer l’invitation à s’incliner lors de l’évocation du mystère de l’incarnation dans le Je crois en Dieu, ainsi que dans le symbole de Nicée-Constantinople et le symbole des Apôtres. Dans ce dernier, il est demandé de s’incliner de « Et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur » à « né de la Vierge Marie ». Dans le symbole de Nicée-Constantinople, l’assemblée est priée de s’incliner pendant la phrase : « Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme ». « Dans la liturgie, le corps participe à la prière de l’Église », explique Bernadette Mélois. « Ce n’est pas une prière intellectuelle, elle fait participer tout l’être et les gestes sont donc importants ».

DOCUMENTS PONTIFICAUX, EGLISE CATHOLIQUE, FRANÇOIS (pape ; 1936-....), FRANÇOIS (pape), LITURGIE, MESSE, MOTU PROPRIO TRADITIONIS CUSTODES

Motu proprio Traditionis Custodes

Motu proprio “Traditionis Custodes” :

la lettre explicative du pape François aux évêques

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Publié le 16 juillet 2021

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“Chers frères dans l’épiscopat,

Comme mon prédécesseur Benoît XVI l’a fait avec Summorum Pontificum, j’ai moi aussi l’intention d’accompagner le Motu proprio Traditionis custodes d’une lettre, pour illustrer les raisons qui m’ont conduit à cette décision. Je m’adresse à vous avec confiance et franchise (parrhesia, en grec, ndlr), au nom de ce partage du « souci de toute l’Église, qui contribue par excellence au bien de l’Église universelle », comme le rappelle le Concile Vatican II .

Les motifs qui ont poussé saint Jean-Paul II et Benoît XVI à accorder la possibilité d’utiliser le Missel Romain promulgué par saint Pie V, publié par saint Jean XXIII en 1962, pour la célébration du Sacrifice eucharistique sont évidents pour tous. La faculté, accordée par indult de la Congrégation pour le culte divin en 1984 et confirmée par saint Jean-Paul II dans le Motu proprio Ecclesia Dei de 1988 [3], était avant tout motivée par la volonté de favoriser la recomposition du schisme avec le mouvement guidé de Mgr Lefebvre. La demande, adressée aux Évêques, d’accueillir avec générosité les « justes aspirations » des fidèles qui demandaient l’usage de ce Missel, avait donc une raison ecclésiale de recomposition de l’unité de l’Église.

Cette faculté a été interprétée par beaucoup au sein de l’Église comme la possibilité d’utiliser librement le Missel Romain promulgué par saint Pie V, déterminant une utilisation parallèle au Missel Romain promulgué par saint Paul VI. Pour réguler cette situation, Benoît XVI est intervenu sur la question des années plus tard, régulant un fait interne à l’Église, à savoir que de nombreux prêtres et de nombreuses communautés avaient « utilisé avec gratitude la possibilité offerte par le Motu proprio » de saint Jean-Paul II. Soulignant combien cette évolution n’était pas prévisible en 1988, le Motu proprio Summorum Pontificum de 2007 entendait introduire « une réglementation juridique plus claire » [4]. Pour favoriser l’accès à ceux – même jeunes -, « qui découvrent cette forme liturgique, se sentent attirés par elle et y trouvent une forme particulièrement appropriée pour eux, de rencontre avec le Mystère de la Très Sainte Eucharistie » a déclaré Benoît XVI « le Missel promulgué par saint Pie V et de nouveau publié par le bienheureux Jean XXIII comme une expression extraordinaire de la même lex orandi« , accordant une « possibilité plus large d’utiliser le Missel de 1962 ».

A l’appui de son choix il y avait la conviction que cette disposition ne remettrait pas en doute l’une des décisions essentielles du Concile Vatican II, en en minant de cette façon l’autorité : le Motu proprio reconnaissait pleinement que « le Missel promulgué par Paul VI est l’expression ordinaire de la lex orandi de l’Église catholique de rite latin ». La reconnaissance du Missel promulguée par saint Pie V « comme une expression extraordinaire de la lex orandi  elle-même » ne voulait en aucune manière méconnaître la réforme liturgique, mais était dictée par le désir de répondre aux « prières insistantes de ces fidèles », leur permettant de « célébrer le Sacrifice de la Messe selon l’édition typique du Missel Romain promulgué par le bienheureux Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, comme forme extraordinaire de la Liturgie de l’Église ». Il était conforté dans son discernement par le fait que ceux qui désiraient « retrouver la forme, qui leur est chère, de la sainte Liturgie », « acceptaient clairement le caractère contraignant du Concile Vatican II et étaient fidèles au Pape et aux évêques ». Il déclarait également infondée la crainte de scissions dans les communautés paroissiales, parce que « les deux formes de l’usage du Rite Romain auraient pu s’enrichir mutuellement ». C’est pourquoi il invitait les évêques à surmonter les doutes et les peurs et à recevoir les normes, « en veillant à ce que tout se passe dans la paix et la sérénité », avec la promesse que « l’on pouvait chercher des voies pour trouver un remède »,  au cas où « de graves difficultés seraient venues à la lumière » dans l’application de la normative après « l’entrée en vigueur du Motu proprio ».

Treize ans plus tard, j’ai chargé la Congrégation pour la doctrine de la foi de vous adresser un questionnaire sur l’application du Motu proprio Summorum Pontificum. Les réponses parvenues ont révélé une situation douloureuse qui m’inquiète, me confirmant la nécessité d’intervenir. Malheureusement, l’intention pastorale de mes prédécesseurs, qui avaient entendu « faire tous les efforts afin que tous ceux qui ont vraiment le désir de l’unité aient la possibilité rester dans cette unité ou la retrouver », a été souvent gravement négligée. Une possibilité offerte par saint Jean-Paul II et avec une  magnanimité encore plus grande par Benoît XVI afin de recomposer l’unité du corps ecclésial dans le respect des différentes sensibilités liturgiques a été utilisée pour augmenter les distances, durcir les différences, construire des oppositions qui blessent l’Église et en entravent la progression, en l’exposant au risque de divisions.

Je suis également attristé par les abus de part et d’autre dans la célébration de la liturgie. Comme Benoît XVI, je stigmatise moi aussi que « dans de nombreux endroits on ne célèbre pas de façon fidèle aux prescriptions du nouveau Missel, mais qu’il soit même compris comme une autorisation ou jusqu’à une obligation à la créativité, qui conduit souvent à des déformations à la limite de ce qui est supportable » . Mais je ne suis pas moins attristé par une utilisation instrumentale du Missale Romanum de 1962, toujours plus caractérisée par un refus croissant non seulement de la réforme liturgique, mais du Concile Vatican II, avec l’affirmation infondée et insoutenable qu’il aurait trahi la Tradition et la « vraie Église ». S’il est vrai que le chemin de l’Église doit être compris dans le dynamisme de la Tradition, « qui tire son origine des Apôtres et qui progresse dans l’Église sous l’assistance de l’Esprit Saint » (DV 8), le Concile Vatican II, au cours duquel l’épiscopat catholique s’est mis à l’écoute pour discerner le chemin que l’Esprit indiquait à l’Église, constitue l’étape la plus récente de ce dynamisme. Douter du Concile, signifie douter des intentions mêmes des Pères, qui ont exercé leur pouvoir collégial de façon solennelle cum Petro et sub Petro au concile œcuménique, et, en dernière analyse, c’est douter de l’Esprit-Saint lui-même qui guide l’Église.

Le Concile Vatican II lui-même éclaire le sens du choix de revoir la concession permise par mes prédécesseurs. Parmi les vœux  que les évêques ont indiqué avec le plus d’insistance, émerge celui de la participation pleine, consciente et active de tout le Peuple de Dieu à la liturgie , dans la ligne de ce qui a déjà été affirmé par Pie XII dans l’encyclique Mediator Dei sur la renouveau de la liturgie . La constitution Sacrosanctum Concilium a confirmé cette demande, en délibérant sur « la réforme et la croissance de la liturgie », en indiquant les principes qui devraient guider la réforme . En particulier, il a établi que ces principes concernaient le Rite Romain, tandis que pour les autres rites légitimement reconnus, il demandaient qu’ils soient « prudemment révisés de manière intégrale dans l’esprit de la saine tradition et qu’on les dote d’une vigueur nouvelle selon les circonstances et les besoins de le temps ». C’est sur la base de ces principes, que la réforme liturgique s’est faite, sa plus haute expression étant le Missel romain, publié in editio typica par saint Paul VI  et révisé par saint Jean-Paul II . Force est donc de constater que le Rite Romain, adapté plusieurs fois au cours des siècles aux nécessités des époques, a non seulement été conservé, mais renouvelé « dans le fidèle respect de la Tradition » . Quiconque désire célébrer avec dévotion selon la forme liturgique antécédente n’aura aucune difficulté à trouver dans le Missel Romain réformé selon l’esprit du Concile Vatican II, tous les éléments du Rite Romain, en particulier le canon romain, qui constitue un des éléments les plus caractéristiques.

il y a une dernière raison que je veux ajouter au fondement de mon choix : elle est toujours plus évidente dans les paroles et dans les attitudes de beaucoup la relation étroite entre le choix des célébrations selon les livres liturgiques précédant le Concile Vatican II et le rejet de l’Église et de ses institutions au nom de ce qu’ils considèrent comme la « vraie Église ». Il s’agit d’un comportement qui contredit la communion, nourrissant cette incitation à la division – « Je suis à Paul ; Moi, par contre, à Apollos ; Je suis de Céphas ; Je suis du Christ » – contre laquelle l’apôtre Paul a réagi fermement. C’est pour défendre l’unité du Corps du Christ que je suis contraint de révoquer la faculté accordée par mes prédécesseurs. L’usage déformé qui en a été fait est contraire aux raisons qui les ont conduits à leur laisser la liberté de célébrer la messe avec le Missale Romanum de 1962. Puisque « les célébrations liturgiques ne sont pas des actions privées, mais des célébrations de l’Église, qui est » sacrement de l’unité » , elles doivent se faire en communion avec l’Église. Le Concile Vatican II, tout en réaffirmant les liens extérieurs d’incorporation à l’Église – la profession de la foi, des sacrements, de la communion – affirmait avec saint Augustin que c’est une condition pour que le salut que de demeurer dans l’Église non seulement « avec le corps », mais aussi « avec le cœur ».

Chers frères dans l’épiscopat, Sacrosanctum Concilium a expliqué que l’Église comme « sacrement de l’unité » est telle parce qu’elle est le « Peuple saint rassemblé et ordonné sous l’autorité des évêques » [26]. Lumen gentium, tout en rappelant à l’Évêque de Rome d’être « le principe perpétuel et visible et le fondement de l’unité à la fois des évêques et de la multitude des fidèles », dit que vous êtes le « principe visible et le fondement de l’unité dans vos Églises locales, à partir desquelles il existe la seule et unique Église catholique » .

Répondant à vos demandes, je prends la ferme décision d’abroger toutes les normes, instructions, concessions et coutumes antérieures à ce Motu Proprio, et de conserver les livres liturgiques promulgués par les Saints Pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformément aux décrets du Concile Vatican II, comme la seule expression de la lex orandi du Rite Romain. Je suis réconforté dans cette décision par le fait qu’après le Concile de Trente, saint Pie V a également abrogé tous les rites qui ne pouvaient se vanter d’une antiquité prouvée, établissant un seul Missale Romanum pour toute l’Église latine. Pendant quatre siècles, ce Missale Romanum promulgué par saint Pie V fut ainsi l’expression principale de la lex orandi du rite romain, remplissant une fonction unificatrice dans l’Église. Pour ne pas contredire la dignité et la grandeur de ce Rite, les Evêques réunis en concile œcuménique on demandé qu’il soit réformé ; leur intention était que « les fidèles n’assistent pas au mystère de la foi comme des étrangers ou des spectateurs silencieux a mais, qu’avec une pleine compréhension des rites et des prières, ils participent à l’action sacrée consciemment, pieusement et activement » . Saint Paul VI, rappelant que le travail d’adaptation du Missel Romain avait déjà été commencé par Pie XII, déclara que la révision du Missel Romain, menée à la lumière des sources liturgiques les plus anciennes, avait pour but de permettre à l’Église d’élever, dans la variété de langues, « une seule et même prière » qui exprime son unité. J’ai l’intention de rétablir cette unité dans toute l’Église de Rite Romain.

En décrivant la catholicité du Peuple de Dieu, le Concile Vatican II rappelle que « dans la communion ecclésiale il y a des Églises particulières, qui jouissent de leurs propres traditions, sans préjudice de la primauté de la chaire de Pierre qui préside à la communion universelle de charité, garantit les diversités légitimes et en même temps veille à ce que le particulier non seulement ne nuise pas à l’unité, mais qu’il la serve » . Alors qu’en exerçant mon ministère au service de l’unité, je prends la décision de suspendre la faculté accordée par mes prédécesseurs, je vous demande de partager ce poids avec moi comme une forme de participation à la sollicitude pour toute l’Église. Dans le Motu proprio, j’ai voulu affirmer qu’il appartient à l’Evêque, en tant que modérateur, promoteur et gardien de la vie liturgique dans l’Eglise dont il est le principe d’unité, de régler les célébrations liturgiques. Il vous appartient donc d’autoriser dans vos Eglises, en tant qu’Ordinaires locaux, l’usage du Missel Romain de 1962, en appliquant les normes de ce Motu proprio. C’est avant tout à vous de travailler pour revenir à une forme festive unitaire, en vérifiant au cas par cas la réalité des groupes qui célèbrent avec ce Missale Romanum.

Les indications sur la marche à suivre dans les diocèses sont principalement dictées par deux principes : d’une part, pourvoir au bien de ceux qui sont enracinés dans la forme de célébration précédente et ont besoin de temps pour revenir au Rite romain promulgué par les saints Paul VI et Jean-Paul II ; d’autre part, interrompre l’érection de nouvelles paroisses personnelles, liées plus au désir et à la volonté de certains prêtres qu’au besoin réel du « saint peuple de Dieu fidèle ». En même temps, je vous demande de veiller à ce que chaque liturgie soit célébrée avec décorum et avec fidélité aux livres liturgiques promulgués après le Concile Vatican II, sans excentricités qui dégénèrent facilement en abus. Les séminaristes et les nouveaux prêtres doivent être éduqués à cette fidélité aux prescriptions du Missel et aux livres liturgiques, qui reflètent la réforme liturgique souhaitée par le Concile Vatican II.

Pour vous, j’invoque l’Esprit du Seigneur ressuscité, afin qu’il vous rende forts et fermes dans le service du Peuple que le Seigneur vous a confié, afin que, par vos soins et votre vigilance, il exprime la communion même dans l’unité d’un seul Rite, dans lequel est gardée la grande richesse de la tradition liturgique romaine. Je prie pour vous. Vous priez pour moi.”

FRANÇOIS

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Motu proprio

VATICAN-LEBANON-RELIGION-POPE-PRAYER
Pope Francis looks on as he goes into the tomb of St. Peter and St. Paul during a « Short Moment of Prayer, Day of Reflection and Prayer Lebanon » at the Altar of Confession in Saint Peter Basilica in the Vatican on July 1, 2021. (Photo by Andreas SOLARO / AFP)

Qu’est-ce qu’un Motu Proprio ? « motu proprio» signifie « de son propre chef ». c’est un acte législatif pris et promulgué par le Pape, agissant de sa propre initiative, en pleine connaissance de cause et (non pour répondre à une sollicitation). Cet acte équivaut à un décret qui précise des règles d’administration et d’organisation dans l’Eglise.

CHRIST ROI, FETE DU CHRIST ROI, HOMELIES, JEAN CHRYSOSTOME (saint ; 344/349-407), LE BON LARRON, LITURGIE, SERMONS

Fête du Christ-Roi : homélie de saint Jean Chrysostome

Sur la Croix, Jésus est Roi, homélie de St Jean Chrysostome

dimas

 

Seigneur, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne (Lc 23, 42). Le larron n’a pas osé faire cette Prière avant d’avoir déposé par son aveu le fardeau de ses péchés. Tu vois, chrétien, quelle est la puissance de la Confession!
Il a avoué ses péchés et le Paradis s’est ouvert.
Il a avoué ses péchés et il a eu assez d’assurance pour demander le Royaume après ses brigandages.

Songes-tu à tous les bienfaits que la Croix nous procure? Tu veux connaître le Royaume? Dis-moi: Que vois-tu donc ici qui y ressemble?
Tu as sous les yeux les clous et une croix, mais cette Croix même, disait Jésus, est bien le signe du Royaume.
Et moi, en le voyant sur la Croix, je le proclame Roi.
Ne revient-il pas à un roi de mourir pour ses sujets? Lui-même l’a dit: Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis (Jn 10, 11).
C’est également vrai pour un bon roi: lui aussi donne sa vie pour ses sujets. Je le proclamerai donc Roi à cause du don qu’il a fait de sa vie. Seigneur, souviens-toi de moi quand tu seras dans ton Royaume.

Comprends-tu maintenant comment la Croix est le signe du Royaume? Si tu le veux, voici encore une autre preuve.
Le Christ n’a pas laissé sa Croix sur la Terre, mais il l’a soulevée et emportée avec lui dans le Ciel.
Nous le savons parce qu’il l’aura près de Lui quand il reviendra dans la Gloire. Tout cela pour t’apprendre combien est vénérable la Croix qu’il a appelée sa Gloire.

Lorsque le Fils de l’homme viendra, le soleil s’obscurcira et la lune perdra son éclat (Mt 24, 29). Il régnera alors une clarté si vive que même les étoiles les plus brillantes seront éclipsées. Les étoiles tomberont du Ciel. Alors paraîtra dans le Ciel le signe du Fils de l’homme (Mt 24, 29-30).

Tu vois quelle est la puissance du signe de la Croix ! Quand un roi entre dans une ville, les soldats prennent les étendards, les hissent sur leurs épaules et marchent devant lui pour annoncer son arrivée.
C’est ainsi que des légions d’Anges et d’Archanges précéderont Le Christ, lorsqu’Il descendra du Ciel.
Ils porteront sur leurs épaules ce signe annonciateur de la venue de notre Roi.

Source: Homélie de Saint Jean Chrysostome (+ 407) 
Homélie sur la Croix et le larron, 1,3-4, PG 49, 403-404. 

EGLISE CATHOLIQUE, FETE DE LA PRESENTATION DE MARIE AU TEMPLE, FETES, LITURGIE, PRESENTATION DE MARIE AU TEMPLE, VIERGE MARIE

Fête de la Présentation de la Vierge Marie au Temple

Présentation de la Vierge Marie
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DE LA PRÉSENTATION DE MARIE 

L’offrande que Marie fit d’elle-même à Dieu fut prompte sans retard, entière sans réserve.

Il n’y a jamais eu, et il n’y aura jamais d’offrande de pure créature, plus grande et plus parfaite que celle que Marie fit à Dieu à l’âge de trois ans, lorsqu’elle se présenta au temple pour offrir, non des aromates, des animaux, des talents d’or, mais toute sa personne en parfait holocauste, se consacrant comme une victime perpétuelle en son honneur. Elle entendit la voix de Dieu qui dès lors l’invitait à se dévouer toute à son amour (Cant. 2), elle vola donc vers son Seigneur, oubliant sa patrie, ses parents, tout en un mot, pour ne s’attacher qu’à l’aimer et à lui complaire (Ps. 4). Sur le champ, elle obéit à la voix divine. Considérons donc combien fut agréable à Dieu cette offrande que Marie lui fit d’elle-même, puisqu’elle s’offrit à lui promptement et entièrement : promptement sans retard, entièrement sans réserve, sujets de deux points distincts.

PREMIER POINT. Entrons en matière. Marie s’offrit promptement à Dieu. Dès le premier moment où cette céleste enfant fut sanctifiée dans le sein de sa mère, et ce fut le premier de son immaculée conception, elle reçut le parfait usage de la raison, pour pouvoir commencer dès lors à mériter, suivant l’opinion commune des docteurs, d’accord avec le P. Suarez ce Père dit que la manière la plus parfaite dont Dieu se sert pour sanctifier une âme, étant de la sanctifier par son propre mérite, suivant ce qu’enseigne saint Thomas, on doit croire que la bienheureuse Vierge a été sanctifiée de cette manière. Si ce privilège a été accordé aux anges et à Adam, comme le dit le docteur angélique, il faut admettre à bien plus forte raison qu’il a été accordé à la divine Mère ; car, Dieu ayant daigné la choisir pour la Mère, on doit supposer certainement qu’il lui a conféré de plus grands dons qu’à toutes les autres créatures. En sa qualité de Mère, dit Suarez, elle a en quelque sorte un droit particulier à tous les dons de son Fils. Comme, à raison de l’union hypostatique, Jésus dut avoir la plénitude de toutes les grâces, il convint aussi, à raison de la divine maternité de Marie, que Jésus, en retour de l’obligation naturelle qu’il lui avait, lui conférât des grâces plus grandes que celles qui étaient accordées à tous les anges et aux autres saints.

C’est pourquoi, des le premier instant de sa vie, Marie connut Dieu, et le connut si bien, qu’aucune langue, dit l’ange à sainte Brigitte, ne saurait expliquer combien l’intelligence de la sainte Vierge réussit à pénétrer Dieu des le premier moment qu’elle le connut. Et des lors aussi, éclairée des premiers rayons de la divine lumière, elle s’offrit toute entière au Seigneur, se dévouant sans réserve à son amour et à sa gloire, comme l’ange continua à le dire à sainte Brigitte : Aussitôt notre Reine se détermina à sacrifier a Dieu sa volonté avec tout son amour pour le temps de sa vie. Et nul ne peut comprendre combien sa volonté se soumit alors a embrasser toutes les choses qui plaisaient au Seigneur.

Mais cette enfant immaculée, apprenant ensuite que ses parents, saint Joachim et sainte Anne, avaient promis a Dieu, même avec voeu, que, s’il leur accordait un rejeton, ils le consacreraient à son service dans le temple, et les Juifs ayant l’antique coutume de placer leurs filles dans des cellules, autour de cet édifice, pour y être élevées, comme le rapportent Baronius, Nicéphore, Cedranus et Suarez, d’après l’historien Josèphe et le témoignage de saint Jean Damascène, de saint Grégoire de Nicomédie, de saint Anselme, de saint Ambroise ; et comme cela est d’ailleurs établi clairement par un passage du livre 2e des Macchabées (3, 20), relatif à Héliodore, qui voulut pénétrer dans le temple pour s’emparer du trésor ; Marie apprenant cela, dirons-nous, lorsqu’elle avait à peine trois ans, ainsi que l’attestent saint Germain et saint Epiphane, c’est-à-dire à l’âge où les jeunes filles ont un plus grand désir et un plus grand besoin de l’assistance de leurs parents, voulut être solennellement offerte et consacrée à Dieu, en se présentant dans le temple ; aussi fut-elle la première à prier ses parents avec instance de l’y conduire pour accomplir leur voeu. Et sa sainte Mère, dit saint Grégoire de Nysse, s’empressa de le faire. Saint Joachim et sainte Anne, sacrifiant généreusement à Dieu ce que leur coeur chérissait le plus sur la terre, parlent de Nazareth, portant tour à tour dans leurs bras leur fille bien-aimée, car elle n’aurait pu franchir a pied la longue distance de 80 milles qui sépare Nazareth de Jérusalem. Ils voyageaient accompagnés d’un petit nombre de parents ; mais des légions d’ange, dit saint Grégoire de Nicomédie, formaient leur cortège, et servaient durant ce voyage la Vierge immaculée qui allait se consacrer à la majesté divine. Oh ! qu’ils sont beaux, devaient alors chanter les anges, qu’ils sont agréables à Dieu, les pas que vous faites pour aller vous offrir à lui, ô Fille bien-aimée de notre commun Seigneur (Cant. 7, 1). Dieu, dit saint Bernardin, fit en ce jour une grande fête avec toute la cour céleste, en voyant conduire son Épouse au temple, car il ne vit jamais de créature plus sainte et plus aimable s’offrir à lui. Allez donc, s’écrie saint Germain, archevêque de Constantinople, allez, ô Reine du monde, ô Mère de Dieu, allez avec joie à la maison du Seigneur, attendre la venue du divin Esprit qui vous rendra Mère du Verbe éternel.

Lorsque cette sainte société arriva au temple, l’aimable enfant se tourna vers ses parents, s’agenouilla en baisant leurs mains, et leur demanda leur bénédiction ; puis, sans jeter aucun regard en arrière, elle franchit les quinze marches du temple (comme le rapporte Arias Montanus d’après Josèphe), et se présenta au prêtre saint Zacharie, dit saint Germain. Renonçant alors au monde, renonçant à tous les biens qu’il promet à ses serviteurs, elle s’offrit et se consacra à son Créateur.

Au temps du déluge, le corbeau, envoyé par Noé hors de l’arche, s’y arrêta pour se repaître de cadavres ; mais la colombe, sans même poser le pied, retourna aussitôt a l’arche. Bien des hommes envoyés par Dieu en ce monde s’y arrêtent aussi malheureusement à se nourrir des biens terrestres. Il n’en fut pas de même de Marie, notre céleste colombe ; elle connut que Dieu doit être notre unique bien, notre unique espérance, notre unique amour ; elle connut que le monde est plein de périls, et que plus tôt on le quitte, plus tôt on est délivré de ses pièges ; aussi voulut-elle le fuir dès sa plus tendre enfance, et alla-t-elle s’enfermer dans la sainte retraite du temple, pour y mieux entendre la voix du Seigneur, pour l’honorer et l’aimer davantage. Ainsi la sainte Vierge, des ses premières actions, se rendit chère et agréable à son Dieu, comme l’Église le lui fait dire. C’est pourquoi on la compare à la lune ; car, de même que la lune achève son cours plus vite que les autres planètes, de même Marie atteignit la perfection plus vite que tous les saints, en se donnant a Dieu promptement, sans délai, et entièrement sans réserve. Passons à ce second point, qui prête à de longs développements.

DEUXIEME POINT. Eclairée d’en haut, cette enfant savait bien que Dieu n’accepte pas un coeur divisé, mais qu’il veut qu’on le consacre tout entier à son amour, suivant le précepte qu’il en a donné. Aussi, dès le premier instant de sa vie, commença-t-elle à aimer Dieu de toutes ses forces, et se donna-t-elle à lui toute entière. Mais son âme très sainte soupirait avec ardeur après le moment de se consacrer tout à fait à lui en effet, et d’une manière publique et solennelle. Considérons donc avec quelle ferveur cette Vierge aimante, se voyant enfermée dans le saint lieu, se prosterna pour en baiser le parvis, comme celui de la maison du Seigneur, puis elle adora son infinie majesté, et le remercia d’avoir daigné l’admettre à habiter pendant quelque temps sa maison ; ensuite elle s’offrit toute entière à son Dieu, sans réserve d’aucune chose, lui offrant toutes ses facultés et tous ses sens, tout son esprit et tout son coeur, toute son âme et tout son corps ; car ce fut alors, comme on le croit, que pour plaire a Dieu elle fit le voeu de virginité, voeu que Marie forma la première, suivant l’abbé Rupert. Et elle s’offrit, sans limitation du temps, comme l’affirme Bernardin de Busto. Car elle avait alors l’intention de se dévouer à servir la divine majesté dans le temple, durant toute sa vie, si Dieu l’avait ainsi voulu, et sans jamais sortir du lieu saint. Oh ! avec quel amour dut-elle s’écrier alors : Mon Seigneur et mon Dieu, je ne suis venue que pour vous plaire et pour vous rendre tout l’honneur que je puis ; je ne veux vivre et mourir que pour vous, si vous l’agréez ; acceptez le sacrifice que vous fait votre pauvre servante, et aidez-moi a vous être fidèle.

Considérons combien fut sainte la vie de Marie dans le temple ; en l’y voyant croître en perfection, comme l’aurore en lumière, qui pourrait expliquer comment resplendissaient en elle, et plus belles de jour en jour, toutes les vertus, la charité, la modestie, l’humilité, le silence, la mortification, la mansuétude ? Planté dans la maison de Dieu, ce bel olivier, dit saint Jean Damascène, arrosé par l’Esprit saint, devint le séjour de toutes les vertus. Le même saint dit ailleurs : Le visage de la Vierge était modeste, son esprit humble, et ses paroles, expression d’une âme recueillie, étaient douces et pleines de charmes ; il ajoute autre part : La Vierge éloignait la pensée de toutes les choses terrestres, pour embrasser toutes les vertus ; s’occupant ainsi de la perfection, elle y fit en peu de temps de si grands progrès qu’elle mérita de devenir le temple de Dieu.

Saint Anselme, traitant de la vie de la sainte Vierge dans le temple, dit que Marie était docile, parlait peu, demeurait recueillie, sans rire ni se troubler jamais. Elle persévérait dans l’oraison, dans la lecture des Livres saints, dans le jeûne et dans toutes les pratiques de vertu. Saint Jérôme entre dans de plus grands détails : Marie réglait ainsi sa journée : depuis le matin jusqu’a Tierce, elle restait en oraison ; de Tierce jusqu’à None, elle s’occupait de quelque travail ; à None reprenait l’oraison jusqu’à ce que l’ange lui apportât sa nourriture comme de coutume. Elle était la première dans les veilles, la plus exacte à accomplir la loi divine, la plus profonde en humilité, la plus parfaite dans chaque vertu. On ne la vit jamais en colère : toutes ses paroles respiraient tant de douceur qu’on reconnaissait l’Esprit de Dieu a son langage.

La divine Mère révéla elle-même à sainte Elisabeth vierge, de l’ordre de saint Benoît, que, lorsque ses parents l’eurent laissée dans le temple, elle résolut de n’avoir que Dieu pour père, et elle songeait à ce qu’elle pouvait faire pour lui être agréable. Elle se détermina à lui consacrer sa virginité, et à ne posséder quoi que ce fut au monde, soumettant toute sa volonté au Seigneur. Entre tous les préceptes, elle se proposait surtout d’observer celui de l’amour de Dieu ; elle allait, au milieu de la nuit, prier le Seigneur, à l’autel du temple, de lui accorder la grâce de pratiquer ses commandements, et de lui faire voir en ce monde la Mère du Rédempteur, le suppliant de lui conserver les yeux pour la contempler, la langue pour la louer, les mains et les pieds pour la servir, et les genoux pour adorer dans son sein son divin Fils. Sainte Elisabeth, à ces mots de Marie, lui dit : Mais, ô ma souveraine, n’étiez-vous pas pleine de grâce et de vertu ? Et Marie répondit : Sachez que je me regardais comme la plus vile des créatures, et comme indigne de la grâce de Dieu ; c’est pourquoi je demandais ainsi la grâce et la vertu. Enfin, pour nous convaincre de la nécessité absolue où nous sommes tous de demander à Dieu les grâces dont nous avons besoin, Marie ajouta : Pensez-vous que j’aie obtenu la grâce et la vertu sans peine ? Sachez que je n’ai reçu de Dieu aucune grâce sans une grande peine, sans de continuelles oraisons, des désirs ardents, et beaucoup de larmes et de pénitences.

Mais on doit s’attacher surtout aux révélations faite à sainte Brigitte, touchant les vertus et les exercices pratiques par la sainte Vierge dans son enfance. Dès son bas âge, y est-il dit, Marie fut remplie de l’Esprit saint, et à mesure qu’elle croissait en années, elle croissait aussi en grâce. Des lors, elle résolut d’aimer Dieu de tout son coeur, de manière a ne l’offenser ni par ses paroles, ni par ses actions, aussi méprisait-elle tous les biens de la terre. Elle donnait aux pauvres tout ce qu’elle pouvait. Elle était si sobre qu’elle ne prenait que la nourriture absolument nécessaire pour soutenir son corps. Ayant appris, dans l’Ecriture Sainte, que Dieu devait naître d’une vierge afin de racheter le monde, elle s’enflamma tellement du divin amour, qu’elle ne désirait que Dieu et ne pensait qu’à lui, se plaisant que dans le Seigneur, elle fuyait la conversation même de ses parents, pour n’être point détournée du souvenir de Dieu. Enfin, elle souhaitait de se trouver au temps de la venue du Messie, afin d’être la servante de l’heureuse Vierge qui aurait mérite de devenir sa Mère. Voila ce que contiennent les révélations faites à sainte Brigitte (Livre 1 et 3, ch. 8).

Ah! c’est pour l’amour de cette sublime enfant que le Rédempteur hâta sa venue au monde ; tandis que, dans son humilité, elle ne se croyait pas digne d’être la servante de la divine Mère, elle fut choisie pour la devenir elle-même ; par l’odeur de ses vertus, par la puissance de ses prières, elle attira dans son sein virginal le Fils de Dieu. Voila pourquoi Marie a reçu du divin Époux le nom de tourterelle (Cant. 2, 12), non seulement parce qu’à l’exemple de la tourterelle elle aimait la solitude, vivant en ce monde comme dans un désert, mais parce que, comme la tourterelle fait retentir les campagnes de ses gémissements, ainsi Marie gémissait dans le temple, en compatissant aux misères du monde perdu et en demandant a Dieu notre commune Rédemption. Oh! avec quel amour, avec quelle ferveur, elle répétait a Dieu dans le temps les supplications et les soupirs des prophètes, pour qu’il envoyât le Rédempteur (Isaïe 16, 1 ; 45. 8).

Enfin Dieu se plaisait à voir cette Vierge s’élever de plus en plus vers le sommet de la perfection, semblable à une colonne de parfums, qui exhalait les odeurs de toutes les vertus, comme l’Esprit saint le dit dans les cantiques (Cant. 3, 6). En vérité, déclare saint Sophrone, cette enfant était le jardin de délices du Seigneur, parce qu’il y trouvait toutes les sortes de fleurs, et toutes les odeurs de vertus. Aussi saint Jean Chrysostome affirme-t-il que Dieu choisit Marie pour sa Mère sur la terre, parce qu’il n’y trouva point de Vierge plus sainte et plus parfaite, ni de lieu plus digne de sa demeure, que son sein très sacré, parole confirmée par saint Bernard ; et saint Antonin assure que la Bienheureuse Vierge, pour être élue et destinée à la dignité de Mère de Dieu, dut posséder une perfection si grande et si consommée qu’elle surpassât en perfection toutes les autres créatures.

Comme cette sainte enfant se présenta et s’offrit à Dieu dans le temple promptement et sans réserve, ainsi présentons-nous en ce jour à Marie entièrement et sans délai, et prions-la de nous offrir à Dieu, qui ne nous repoussera pas, en nous voyant présentés par la main de celle qui fut le temple vivant du Saint-Esprit, les délices du Seigneur, et la Mère destinée au Verbe éternel. Mettons tout notre espoir en cette sublime et excellente souveraine, qui récompense avec tant d’amour les honneurs que lui rendent ses serviteurs.

Extraits des Vertus de Marie de saint Alphonse de Liguori