Bernadette de Lourdes : comédie musicale
Une Bernadette de Lourdes plus vivante que jamais
Durant quatre mois, la comédie musicale « Bernadette de Lourdes » se joue à Lourdes. Ce spectacle inédit raconte l’histoire de Bernadette Soubirous à partir de la première apparition dont elle est témoin, à la façon des comédies musicales de Broadway. Aleteia y a assisté.
Un brouhaha léger emplit la salle. Les premiers spectateurs s’installent tandis que les suivants parcourent le lieu du regard. Nous ne sommes pas au théâtre Mogador ou à la Comédie Française mais à Lourdes, dans l’espace Robert Hossein. Dans quelques minutes, les lumières s’éteindront et les spectateurs émerveillés découvriront l’histoire de Bernadette Soubirous, celle qui a vu la Vierge « en vrai ». Dans cette salle qui compte 1.500 places, 130 sont dédiées aux personnes en fauteuil roulant ou alitées. Ici, le carré or, ce sont d’abord les malades, installés au pied de la scène. Car ce show de 1h40 « façon Broadway », ainsi qu’aime à le dire Roberto Ciurleo, producteur du spectacle, fait la part belle aux invisibles de la société.
Bernadette Soubirous, fille d’un meunier que l’arrivée des moulins à vapeur a précipité dans l’indigence, n’était-elle pas l’une des leurs ? Dans cette salle de spectacle pas comme les autres, la présence de la Croix-Rouge et de soignants prêts à voler au secours des malades si nécessaire, ainsi qu’un poste de secours situé juste sous les gradins, attestent de l’esprit particulier de cette comédie musicale au budget monumental de 10 millions d’euros qui se joue depuis le 1er juillet et jusqu’au 27 octobre prochain dans la cité pyrénéenne. « Aujourd’hui, nous voulons rester à Lourdes car nous souhaitons y faire venir les gens », insiste le producteur.
De véritables tableaux vivants
Dans cette mise en scène bien ficelée qui réunit tous les ingrédients de la réussite, le dynamisme est de mise. Gilets, bretelles et redingotes pour ces messieurs de la ville, sabots, fichus, tabliers pour Bernadette et les siens… Les costumes des vingt-cinq personnes qui se succèdent sur scène nous font plonger dans l’atmosphère du milieu du XIXe siècle, palpable dans les quelques chorégraphies d’ensemble plutôt réussies. On apprécie la diversité des décors mis en valeurs par les changements à vue et qui permet de passer en un rien de temps de la place du village au bureau du commissaire Jacomet (interprété par Grégory Deck), à la grotte ou encore au beau milieu de la campagne pyrénéenne. Un tableau montre Bernadette discutant aux champs avec Jeanne et Toinette. Tendez l’oreille et peut-être ouïrez-vous le frémissement du vent au milieu des herbes folles, dans ce décor d’une beauté à couper le souffle. Lumières chaudes et contrastes projettent le spectateur dans un imaginaire digne des grands maîtres du clair-obscur.
Au milieu, Bernadette, inébranlable. Ici, point d’adolescente introvertie et craintive, mais une enfant de 14 ans à la détermination sans faille. « Je suis chargée de vous le dire, pas de vous le faire croire », lance-t-elle effrontément à ses détracteurs. Eyma, la chanteuse de 17 ans qui l’interprète, confie à Aleteia avoir été frappée par la ténacité de la sainte : « Elle garde son idée en tête et n’en change pas. Elle a du répondant et nous montre qu’il faut aller jusqu’au bout ». Bien dit.
En fait d’apparition mariale, dans la grotte de Massabielle magnifiquement reproduite en 3D à l’image de l’originale, une forme blanche qui ondule légèrement et dont la sobriété permet au spectateur d’imaginer ce qu’il veut, laissant parler son cœur et non ses yeux. Bernadette est bien là, en contemplation, et son regard en dit long. « Madame, Vous qui m’avez choisie un jour, Pour répandre vos mots d’amour, Vous qui un jour m’avez élue, Je vous bénis, je vous salue », lance-t-elle à l’adresse de « Aquero » (c’est-à-dire « Celle-ci » en occitan). À sa voix claire répondent au fil du spectacle celles de David Bán et Sarah Caillibot, qui interprètent ses parents, pauvres gens pris entre la pression sociale qu’ils subissent et leur fille qui appelle à la vérité, plus résolue que jamais. On n’oubliera pas non plus l’abbé Peyramale, auquel Christophe Héraut prête sa carrure de colosse et sa voix grave, particulièrement ovationné par le public à l’issue du show. Les chansons, dans lesquelles on reconnaît la touche de Grégoire, traduisent les doutes, les peurs et les certitudes de chacun des protagonistes.
Noir. Les lumières s’éteignent et un tonnerre d’applaudissements vient saluer ce spectacle. Certains ont les larmes aux yeux, d’autres se lèvent pour saluer la prestation ou tambourinent à qui mieux mieux sur le sol, faisant trembler les gradins. Pas de doute, le spectacle a fait mouche. Le collectif final, « Allez dire », a quasi des allures d’envoi en mission. « Allez dire, Que chacun porte en lui, Enfoui et caché, Ce pourquoi il est là », chantent en chœur les artistes. Dans le fond de la scène, des photos des processions d’hier et d’aujourd’hui attestent de l’actualité permanente du mystère de Lourdes. Roberto Ciurleo cite d’ailleurs volontiers padre Nicolas, ce prêtre qui lui a attrapé le bras à l’issue d’une représentation, lui lançant de son bel accent italien : « Mais elle est vivante, elle est vivante, c’est Bernadette ! ». Ce soir, la foule qui mêle croyants et non-croyants semble partager cet avis, elle qui applaudit au rythme de la chanson finale, affichant des visages bouleversés mais heureux.
« Bernadette de Lourdes »,
dans les coulisses de la comédie musicale événement
Le 1er juillet 2019 sera joué pour la première fois le nouveau spectacle musical « Bernadette de Lourdes ». Une comédie musicale poétique qui revient sur les apparitions mariales de la toute jeune Bernadette Soubirous. La rédaction d’Aleteia a assisté pour vous à son enregistrement et a rencontré son producteur, Roberto Ciurleo. Découverte.
C’est en région parisienne, dans un studio d’enregistrement situé au fond d’une petite cour pavée, que s’élabore en secret — ou presque — ce qui s’annonce être l’un des grands rendez-vous musicaux de 2019 : la comédie musicale Bernadette de Lourdes. « Quand on va à Lourdes, on oublie parfois la simplicité de la toute jeune Bernadette Soubirous », commence Roberto Ciurleo, ex directeur délégué de Virgin Radio et producteur des comédies musicales Robin des Bois et Les 3 mousquetaires. « Ce spectacle est l’occasion de reparler d’elle, de sa jeunesse, de son visage de 14 ans dans son petit village des Pyrénées. Son destin a changé tellement de choses pour des millions de personnes ! », s’enthousiasme Roberto Ciurleo. « Le témoignage qu’offre Bernadette est un cadeau exceptionnel pour un jeune d’aujourd’hui qui n’a pas eu l’occasion de se poser des questions, de s’interroger sur sa spiritualité ».
« Ça sera grâce à Bernadette »
C’est avec des yeux rieurs et un sourire communicatif que Roberto Ciurleo évoque Bernadette Soubirous, sa Bernadette. Il faut remonter à fin novembre 2011 pour comprendre la genèse du projet. « À l’époque nous étions en plein dans Robin des Bois. Lors d’un workshop dans le Gers avec toute l’équipe, j’ai repensé à ma grand-mère Alice qui priait souvent Notre-Dame de Lourdes pour moi. J’ai alors dit à ma collaboratrice Éléonore : “J’en entends parler tout le temps… J’ai envie d’y faire un tour” », raconte l’ancien animateur radio. Finalement toute l’équipe — amis, compositeurs, metteurs en scène… — l’a accompagné. « Nous nous sommes retrouvés devant la grotte, un soir et… personne ne s’attendait à cela. Tout le monde était extrêmement ému, certains se sont mêmes mis à pleurer », raconte-t-il. Il décide alors d’appeler sa grand-mère et lui confie : « J’étais devant la grotte et pour une fois, c’est moi qui ai pu prier pour toi ». Un brin provocant, un brin convaincu Roberto Ciurleo lance alors à Eléonore : « Si Robin des bois est un succès, ça sera grâce à Bernadette ! » Plus de 800.000 spectateurs plus tard, le producteur avoue : « On a une dette immense ».
« Vous avez trouvé les mots justes »
Un ange passe dans le studio d’enregistrement. C’est le moment que choisit le chanteur Grégoire pour faire son entrée. Après avoir salué chaleureusement son équipe, place au sérieux et à la concentration. C’est sur ses musiques et sous sa houlette que les chanteurs de la comédie musicale travaillent. Roberto Ciurleo reprend : « L’une des particularités de ce spectacle est le travail que nous avons mené conjointement avec le sanctuaire de Lourdes et le père Régis-Marie, chapelain au sanctuaire ». En effet, les dialogues de Bernadette sont directement tirées des procès-verbaux. « Le père Régis-Marie, c’est la mémoire de Bernadette. On en avait souvent entendu parler et je dois avouer que j’appréhendais un peu cette rencontre. À notre deuxième rencontre, nous avons diffusé quelques titres du spectacle. Et c’est alors qu’il m’a confié : “J’ai été très ému, vous avez trouvé les mots justes”. À partir de ce moment-là, il a été notre guide et nous a mis en confiance. Plus globalement, je dirais que toutes les personnes rencontrées à Lourdes ont été extrêmement bienveillantes à notre égard ».
Une technologie au service de l’authentique
À titre d’exemple, lors de leur premier showcase à Lourdes en février, Roberto Ciurleo raconte l’histoire de ces religieuses qui ont prié pour l’équipe et qui ont apporté une statue de la Vierge Marie dans la loge des artistes. « Nous avons eu tant d’encouragements que nous ne soupçonnions pas », reconnaît-il avec humilité. » « “On n’a jamais chanté devant un public en pleurs”, m’ont même avoué plusieurs comédiens ! ».
Et quelle place pour la technologie dans un spectacle qui retrace l’histoire même de l’humilité ? « Les technologies d’aujourd’hui nous permettent de recréer la grotte de Lourdes à l’identique… comme à son origine ! Les spectateurs vont se retrouver d’un seul coup à l’époque de Bernadette, il y a 160 ans. Cela va être bouleversant ! Il n’y a pas de jugement dans ce spectacle, c’est quelque chose de très heureux, de très vrai. Quand on est face à la grotte, on imagine cette gamine à genoux mais aujourd’hui tout est aménagé. Grâce aux technologies et à l’utilisation de l’eau, le spectacle est très poétique ; c’est en quelque sorte du théâtre musical. Je pense que ceux qui se rendront à la grotte après avoir vu le spectacle y trouveront quelque chose de différent. Peut -être qu’ils redécouvriront la simplicité et l’humanité qui se dégagent de Lourdes ». En ce dimanche de septembre, c’est aussi la simplicité qui domine le studio d’enregistrement, entre cafés, thés et croissants… Si c’est presque à regret que l’on quitte ce lieu, rendez-vous est pris pour le 11 février 2019, avec la sortie de l’album, et le 1erjuillet prochain avec la comédie musicale qui se jouera à Lourdes jusqu’à fin octobre.
Source : Site Aleteia