ANCIEN TESTAMENT, BIBLE, EGLISE CATHOLIQUE, JEAN-BAPTISTE NADLER, JUDAÏSME, LITURGIE, LIVRE, LIVRES, LIVRES - RECENSION, MESSE, RELATION ENTRE LE JUDAÏSME ET L'EGLISE CATHOLIQUE, RELIGION

Les racines juives de la messe

Les racines juives de la messe 

Jean-Baptiste Nadler ; préface de Haïm Koria

Editions de l’Emmanuel, 2015. 124 pages.

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Présentation

Ce petit livre est né d’une rencontre de l’auteur, prêtre spécialiste de la liturgie, avec la communauté et la synagogue de Tours. Il y montre l’influence de la liturgie juive du Temple sur les rites de la messe catholique. Il nous aide ainsi à comprendre et à vivre la messe en héritiers de nos frères aînés dans la foi. L’ouvrage du Père Jean-Baptiste Nadler nous rappelle ce que certains auraient malheureusement tendance à oublier, à savoir que tous les premiers Chrétiens étaient juifs, juifs pratiquants. Cette proximité explique cette autre vérité historique : la prenté entre les rites juifs et les rites chrétiens. Ce si grand patrimoine commun aux Chrétiens et aux Juifs n’empêche pas la différenciation entre les deux religions. C’est le propre de l’histoire humaine que chacun trouve son chemin propre. Mais c’est aussi la grandeur de l’homme de savoir trouver les points de convergence et de dépasser les différences afin de trouver l’espérance toujours partagée, comme le rameau sait trouver son ressourcement dans la sève de l’arbre dont il est l’une des ramifications.

Extrait de l’introduction

«Les rites manifesteront une noble simplicité, seront d’une brièveté remarquable et éviteront les répétitions inutiles ; ils seront adaptés à la capacité des fidèles et, en général, il n’y aura pas besoin de nombreuses explications pour les comprendre.»

Ces indications normatives données par le concile Vatican II pour son œuvre  de restauration de la liturgie rappellent que les rites de l’Église nécessitent quelques explications en vue de leur juste compréhension, même si ces rites sont simples et sobres. Car la liturgie est un langage composé de mots, de gestes, d’attitudes et de tout un ensemble de signes et de symboles. Ce langage est l’expression d’une pensée – celle de la foi – et donc d’une culture. Celui qui veut connaître une culture et entrer en dialogue avec elle doit en apprendre la langue. De même, celui qui veut pénétrer dans le vaste monde liturgique doit en apprendre le langage, la signification, l’histoire. Cela demande un effort et un apprentissage, en un mot, une éducation.

Sans cet effort, deux écueils menacent celui qui participe à la liturgie : le ritualisme et Ya-ritualisme. Le ritualisme est une application extrinsèque, vide et creuse des rites liturgiques, ce qui entraine souvent le relativisme («Si je fais tel geste sans en comprendre le sens, je pourrais tout aussi bien faire un autre geste à la place»). Nous trouvons une belle dénonciation de l’attitude ritualiste dans la bouche de Jésus, au début de l’évangile selon saint Matthieu : «Hypocrites ! Isaïe a bien prophétisé à votre sujet quand il a dit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur  est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte» (Mt 15, 6-9). L’a-ritualisme, quant à lui, est le mépris des rites matériels au nom d’une certaine conception de la pureté de la foi. Fruit d’un intellectualisme désincarné, il donne une prière sans chair. C’est précisément pour contrer ces deux erreurs que le concile Vatican II a voulu une réforme liturgique qui soit centrée sur la «participation pleine, consciente et active» des fidèles à la liturgie. Or, pour que notre participation soit «consciente», nous devons connaître la signification de rites qui s’expliquent en grande partie par leurs origines et leur histoire.

Mais une première question se pose : pourquoi avons-nous besoin de rites ? Et même, avons-nous encore besoin de rites ? La foi chrétienne n’est-elle pas un culte «en esprit et en vérité» et donc une libération des vieux réflexes religieux païens ? Bien au contraire ! Dans le christianisme, la prière est et doit être plus liturgique que dans n’importe quelle autre tradition religieuse. À quoi servent en effet les rites, sinon à nous approcher de Dieu ? Lorsqu’Isaïe reçoit la vision du Seigneur dans le Temple de Jérusalem, et que les séraphins se crient l’un à l’autre la terrible sainteté de Dieu : «Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers !», le prophète est désemparé. «Malheur à moi ! s’écrie-t-il, je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures». Avec des instruments liturgiques – la pince et le charbon pris sur l’autel de l’encens -, l’un des séraphins apaise Isaïe (Is 6, 1-7). Cet épisode nous donne tous les éléments pour comprendre l’importance des rites. Dieu est saint, totalement autre, immensément transcendant et inaccessible à nos propres forces. Mais pour notre bonheur, il s’approche de nous, il se rend accessible jusqu’à se faire l’un de nous par l’Incarnation de JésusChrist. En lui, jamais Dieu n’a été aussi proche ! Hélas, à cause de la faiblesse de notre nature, soit nous nous habituons à Dieu au point d’oublier sa sainteté et de le réduire à une idole, une chose, un objet ; soit nous nous réveillons de notre torpeur, comme Isaïe, nous prenons peur face à l’immense majesté de Dieu et nous cherchons à fuir et à nous cacher loin de sa face. C’est précisément à ce moment que les rites de la liturgie prennent tout leur sens. Par leur majesté et leur sacralité, ils nous aident à nous déshabituer de Dieu et entretiennent en nous la «crainte filiale», c’est-à-dire le respect humble et amoureux devant la grandeur de Dieu, tout en nous permettant réellement de nous approcher de lui sans craindre d’offenser sa majesté : «Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce» (He 4, 16).

Pour bien comprendre le sens des rites et y participer d’une manière consciente et active, il est nécessaire d’en connaître l’histoire, particulièrement leur origine. Or la plupart des rites chrétiens, surtout ceux qui composent la célébration du mystère de l’Eucharistie,  s’ancrent dans les rites du peuple juif, tout en les menant à leur accomplissement. Le Christ, venu nom pour abolir mais pour accomplir, a donné son sens plénier à la liturgie de l’Ancienne Alliance, et les premier chrétiens, tous juifs, n’ont pas vécu leur foi nouvelle comme une rupture, mais comme une continuité dans la nouveauté de l’Evangile »

Analyse du Père Patrice Sabatier, c.m.

Il faut revenir en arrière, certainement sous le Pontificat de Pie XII, et les premiers écrits en 1962 de Jules Isaac sur « l’Enseignement du mépris » et de ceux d’André Neher pour vérifier le chemin parcouru par l’Eglise et, dans quelque autre mesure, par le judaïsme lui-même. Le 15 décembre 1959 à la Sorbonne, Jules Isaac prononce une conférence qu’il intitule : « Du redressement nécessaire de l’enseignement chrétien concernant Israël ». Cette dernière sera éditée par les Editions Fasquelle en 1960 sous le titre de « L’antisémitisme a-t-il des racines chrétiennes ? ». En 1948, déjà, le même historien avait publié « Jésus et Israël ». Ce travail long et patient est accompli de façon précise et définitive par Vatican II et les Déclarations conciliaires attachées au grand texte Nostra Aetate. Peu à peu, ce texte ainsi que les Dix points de Seelisberg se sont diffusés tant dans le christianisme que dans le judaïsme. Une nouvelle période de connaissance, de rencontres, de recherches, de débats et d’amitié allaient pouvoir commencer et perdurer.

Le livre du Père Jean-Baptiste NADLER – prêtre de l’Emmanuel -, préfacé par le Grand rabbin de France Haïm KORSIA, se situe justement à ce point de rencontre. L’ouvrage qu’il publie est d’ailleurs le fruit de rencontres multiples avec la communauté juive, et de présences soutenues à la synagogue de Tours. Il est beau de voir comment un homme – un chrétien et un prêtre – avec un cœur ouvert et aimable peut faire monter de cette présence amicale à la synagogue le fruit de son expérience…, et aussi de sa prière d’homme. Sans doute, ici, avons-nous plus qu’un livre sur la liturgie synagogale en ces rites et en ses intentions. En effet, ce serait davantage un témoignage au cœur d’une liturgie, au cœur d’un cheminement qui apprend à contempler et à regarder nos racines chrétiennes là où elles sont nées. Cependant, à aucun moment, le lecteur aura l’impression d’un quelconque syncrétisme ou d’une dilution faisant d’une religion l’antichambre de l’autre ou démontrant que l’une est supérieure à l’autre. L’auteur veut simplement mettre en lumière les traces de la liturgie du Temple dans nos rites chrétiens de la messe; et principalement ceux attachés à la Pâque juive – Pessah. L’auteur nous dit que « Jésus lui-même agit comme un rabbin, en faisant une relecture rabbinique d’interprétation de l’Ancien Testament. » Nous sommes bien là très loin du prêtre Marcion au IIème siècle voulant faire une coupure radicale avec la Première Alliance (Marcionisme) !

Deux grandes parties font le corps de l’étude ici présentée : Les origines juives des rites chrétiens et La liturgie de la messe accomplit les rites juifs. En suivant les Apôtres « assidus au Temple » et en entrant dans le Mystère d’Israël par le biais de la liturgie, le lecteur est appelé à renouveler sa compréhension de la messe, à la revisiter, à la vivre d’une autre manière en s’attachant aux mots, aux rites, aux symboles, aux mouvements et objets servant à la liturgie. On y perçoit, ainsi, l’influence de la liturgie juive du Temple sur les rites de la messe catholique.

Nous l’avons compris, ce livre court est didactique. Il se lit assez rapidement parce qu’il est pédagogique et va à l’essentiel. Les acteurs de la liturgie paroissiale, les catéchistes, les séminaristes, les délégués diocésains au dialogue avec le judaïsme… pourront se servir de ce petit livre au cœur de leurs responsabilités. Il renouvellera, sans aucun doute, aussi les prêtres et les évêques dans leurs pratiques liturgiques et dans la célébration de l’Eucharistie… Il peut être un bel outil de passage et de rencontres avec des communautés juives.

  1. Patrice SABATER, cm
    16 juin 2018

https://www.domuni.eu/fr/recherche/les-ressources-en-ligne/ressource/les-racines-juives-de-la-messe–651/

EGLISE CATHOLIQUE, EUCHARISTIE, LE DEROULEMENT DE LA MESSE, LITURGIE, MESSE

Le déroulement de la Messe

LE DÉROULEMENT DE LA MESSE

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Les deux grands temps forts dans la célébration de la messe, celui de la Parole et celui de l’eucharistie, sont intimement liés et constituent un seul et même acte du culte : la table dressée pour nous dans l’eucharistie est à la fois celle de la Parole de Dieu et celle du corps du Seigneur.

Autour de l’autel, ou à côté, une croix et des cierges. C’est Pâques qui est ainsi représenté : le Christ mort sur la croix est ressuscité, vivant comme la flamme. Avant de retourner à son Père, le Christ a laissé à son Église le mémorial de son sacrifice. « Approchez-vous de lui, déclare saint Pierre, il est la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie, précieuse aux yeux de Dieu… » (1P 2, 4-5).

  1. Accueil par le prêtre

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L’entrée

La messe commence dans les chants, afin de réunir l’assemblée par une prière commune, de faire corps. C’est un acte liturgique essentiellement communautaire auquel chacun participe pour former l’assemblée eucharistique.

 L’accueil par le prêtre

L’entrée des ministres ordonnés

Le rôle du « président », ministre (« serviteur ») ordonné, évêque ou prêtre, est le signe de la présence du Christ à son Église, présence personnelle. Il entre au milieu de cette assemblée soudée par le chant. Par lui, le Christ se rend présent à ceux qui sont là.

 La vénération de l’autel

Après avoir traversé l’assemblée, le prêtre monte à l’autel et le vénère. C’est son premier geste, avant d’adresser aux fidèles la moindre parole. Pourquoi ? Parce que l’autel, tombeau des martyrs dans les premières communautés chrétiennes, rappelant le sacrifice de leur vie dans l’attente de la Résurrection, est en même temps le signe du Christ. Ce geste de vénération, parfois accompagné d’encensement, signifie que tout est référé au Christ, lui l’autel, le prêtre et la victime. Par ce baiser; le prêtre exprime son adhésion au mystère de Dieu. Le fait que le prêtre, et non le diacre, mette habituellement les mains sur l’autel en l’embrassant manifeste son pouvoir d’agir sacramentellement sur lui par son sacerdoce, dans l’offrande du sacrifice.

 L’accueil

Après seulement, le prêtre prend la parole et salue l’assemblée: « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. »

Le signe de croix, pratique chrétienne primitive, exprime notre première profession de foi dans le mystère de Dieu. L’instrument de supplice de Jésus est devenu le symbole de la Rédemption, signe parfait de l’amour de Dieu pour nous et de l’amour de son Fils incarné. L’omniprésence de la croix relève d’un regard pascal, fasciné par le réalisme de l’amour qui nous sauve, non en éliminant la souffrance et la mort, mais en les transfigurant par le mystère pascal.

L’assemblée adhère en répondant « Amen », puis le célébrant poursuit : « Le Seigneur soit avec vous. »

C’est la bénédiction par excellence, l’expression « condensée » de l’Alliance de Dieu avec son peuple. Pensons à la Parole de l’ange à Marie : « Le Seigneur est avec toi. » C’est aussi la promesse du Christ à ses apôtres : « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps. » A ce moment-là, le prêtre parle au nom du Christ, il ne dit pas : « avec nous », mais « avec vous ».

Les premières phrases prononcées par le prêtre situent la messe à son vrai niveau : elle est le rendez-vous de Dieu. Nous sommes là au nom des trois personnes de la Trinité.

  1. La préparation pénitentielle

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La préparation pénitentielle et l’acte pénitentiel

« Préparons-nous à la célébration de l’eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs. » Dès que le prêtre a salué les participants, il les invite à se reconnaitre pécheurs ; le virage peut paraitre un peu sec ! C’est que « Celui qui nous a appelés est saint » (1 P 1, 15). Aussi, cette démarche nous remet-elle à notre place exacte : nous appartenons à un peuple de pécheurs, mais sanctifiés par le Christ.

Depuis l’entrée dans l’église, il est question du baptême : l’eau dans la cuve de l’entrée, le signe de la croix. La mission du baptisé est d’aimer Dieu, mission que nous avons bien du mal à remplir au fil de nos journées. C’est pourquoi nous reconnaissons que nous avons péché, c’est-à-dire manqué à l’appel de notre baptême. Reconnaître son péché n’a de sens que parce que nous le faisons en présence d’un Dieu qui n’est qu’amour et miséricorde.

Après le « je confesse à Dieu », le prêtre conclut en invoquant le pardon de Dieu, en disant « nous », car il s’inclut parmi les pécheurs: « Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde; qu’il nous pardonne nos péchés et nous conduise à la vie éternelle », suivant le pouvoir que le Christ a donné aux apôtres (Mt 16, 19 et Jn 20, 22-23).

Suit une prière de supplication : le Kyrie. Petite litanie entre le célébrant et l’assemblée, conservée depuis les premiers temps de l’Église, le Kyrie nous rappelle que notre liturgie est le fruit de toute une tradition transmise de siècle en siècle. Le terme grec, « Kyrie », est le témoin privilégié de la langue dans laquelle a été rédigé le Nouveau Testament, et prouve la continuité et la catholicité de l’Église à travers les générations.

Après avoir reçu la miséricorde de Dieu, l’assemblée chante la gloire de Dieu.

 Le Gloria, hymne d’action de grâce

C’est une très ancienne prière du IIIème – IVème siècle qui était chantée ou récitée le matin pour saluer le jour nouveau. Ses premiers mots nous font penser à Noël: ils reprennent le message des anges aux bergers dans cette nuit bienheureuse. Dans la suite du texte, nous énumérons les titres de Dieu : Toi seul est saint, Toi seul est Seigneur. Ici, nous ne demandons rien à Dieu : nous lui rendons grâce.

Nous chantons le Gloria tous les dimanches, sauf les dimanches « violets », pour mieux le redécouvrir au temps de Noël et à Pâques.

L’oraison

Après le Gloria, le prêtre reprend la parole pour clôturer la première partie de la célébration : « Prions le Seigneur ». Les jours de fête, il rappelle pourquoi nous nous réjouissons. Cette oraison est adressée au Père, au nom du Christ, dans l’Esprit-Saint. C’est une prière trinitaire. Et nous répondons: « Amen ».

  1. Les lectures et l’Evangile

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Commence alors la liturgie de la Parole proprement dite. « Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, réfuter; redresser; former à la justice : ainsi l’homme de Dieu se trouve-t-il accompli, équipé pour toute œuvre bonne » (2 Tm 3,16-17).

Nous recevons la Parole de Dieu dans l’Écriture, Ancien et Nouveau Testaments.

Le Nouveau éclaire l’Ancien ; l’Ancien donne des racines au Nouveau. Les Juifs aussi, déjà au temps de Jésus, se réunissaient à la synagogue le jour du Shabbat, pour méditer la Parole de Dieu (cf. Lc 4, 16), une Parole « vivante, efficace et plus acérée qu’aucun glaive à deux tranchants » (He 4,12).

A ce moment de l’eucharistie, le lieu principal de l’action est l’ambon, pupitre sur lequel est posé le Livre. La messe du dimanche comporte trois lectures et un psaume.

 

La première lecture

Elle est tirée le plus souvent de l’Ancien Testament, en vue de préparer la lecture de l’Évangile du jour, car le Christ l’a dit :

« N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5,17). Dans le temps de l’Avent, nous lisons, par exemple, les livres des Prophètes qui ont annoncé la venue du Messie.

Pourquoi lire l’Ancien Testament ? Parce que Dieu ne s’est pas révélé d’un coup, mais pendant des années, d’Abraham à Jésus. Nous mettons nos pas dans ceux de nos aînés qui ont cru en la venue Christ.

Un moment de l’année fait exception : le temps pascal (de Pâque à la Pentecôte), pendant lequel nous lisons les Actes des apôtres qui racontent les premiers temps de l’Eglise, comment les apôtres ont annoncé la Bonne Nouvelle du Ressuscité.

 Le psaume

Chants de l’Ancien Testament, les psaumes nous permettent de prier et de méditer. Ils sont le type même de la réponse de l’homme à Dieu dans tous les registres de l’humain. Ils font résonner la joie et la tristesse, la crainte ou le désespoir, le désir ou le refus, la délectation comme la colère. Ils offrent toutes les nuances et combinaisons des sentiments humains. Les psaumes sont les chants de l’homme face à son Dieu, chants que lui-même nous inspire pour lui répondre. Depuis que Jésus les a priés, les psaumes trouvent une nouvelle profondeur : ils sont les chants du Fils à son Père.

 La deuxième lecture

Elle est toujours issue du Nouveau Testament, des lettres des apôtres Pierre, Jacques, Jude et surtout de Paul, ainsi que de l’Apocalypse.

 L’Evangile

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Voici le moment le plus solennel de la liturgie de la Parole. Il ne s’agit plus seulement de la Parole de Dieu écrite, mais de la Parole de Dieu faite chair réellement. De ce fait, l’assemblée se lève, car se lever, c’est se redresser tel le paralysé grabataire remis sur ses pieds par Jésus (Lc 5,25). C’est aussi l’attitude du Christ ressuscité. Nous saluons cette parole par l’Alléluia.

C’est au ministre ordonné (évêque, prêtre, diacre) que revient la proclamation de l’Evangile. Configuré au Christ-Tête par le sacrement de l’ordre, il atteste devant l’assemblée que cette Parole n’est pas ordinaire, mais que, par sa voix, le Christ vivant parle à son Eglise.

D’où les signes de vénération adressés à l’évangéliaire :

l’encensement,

le baiser,

les deux acclamations qui, dans un raccourci saisissant, accompagnent la présentation de l’Évangile : « Gloire à toi, Seigneur » et la reconnaissance finale « Louange à toi, Seigneur Jésus ».

Et nous traçons trois croix sur nous : sur notre front pour que la Parole vienne nourrir notre intelligence, sur notre bouche pour que nous apportions la Parole aux autres et sur notre coeur afin que nous laissions la Parole l’envahir.

Après l’écoute des trois lectures, le deuxième temps de la liturgie de la Parole se déroule selon trois mouvements :

l’homélie du prêtre,

la profession de foi,

la prière des fidèles.

 

L’homélie

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Elle fait corps avec la proclamation de l’Evangile. C’est vraiment un acte du Christ qui, par la bouche du prêtre, rend présente sa Parole. La mission qui est alors confiée à ce dernier lui commande de rendre actuelle et accessible à l’assemblée la Parole du Christ. Dès lors, ce serait faire erreur que de juger un prédicateur par « il parle bien » ou « il parle mal ». Nous qui écoutons, cherchons-nous à entendre Dieu par son prêtre ? Notre acte de foi importe autant que celui du prêtre ; ce n’est pas lui qui change le cœur des fidèles, mais l’Esprit-Saint auquel chacun doit être disponible.

 

La profession de foi de l’Eglise

L’assemblée récite le Credo (« Je crois », en latin), sous la forme du Symbole de Nicée ou du Symbole des apôtres. Réciter le Credo est un signe de reconnaissance de la foi de tous les chrétiens depuis les débuts de l’Eglise. C’est aussi faire mémoire de notre baptême, moment où nous avons affirmé notre foi, et surtout c’est exprimer l’unité de l’Eglise fondée sur ce sacrement qui fait d’un homme un autre Christ, « oint ».

 

La prière des fidèles

La prière de l’assemblée s’élargit à la mesure de l’Eglise universelle, d’où son nom de prière universelle. Elle est prononcée par les fidèles qui remplissent alors leur fonction sacerdotale en intercédant pour tous les hommes. Elle conclut la liturgie de la Parole et introduit la liturgie eucharistique.

  1. La prière eucharistique

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L’Église se nourrit aux deux tables de la Parole et de l’eucharistie. C’est dans la Parole que nous trouvons le sens de ce que nous réalisons quand nous faisons l’eucharistie. A ce moment de la célébration, notre regard se tourne vers l’autel.

 La présentation des dons

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Le prêtre présente à Dieu le pain et le vin ; les deux sont nécessaires au sacrifice du Christ. Le pain est le symbole de toute nourriture ; en l’offrant à Dieu, nous le remercions de pourvoir à notre subsistance. La liturgie juive utilise déjà le pain et à chaque Shabbat, le père de famille prononce une bénédiction sur le vin, le jour et le pain. Le vin, quant à lui, est un don excellent annoncé par Isaïe pour le festin que le Seigneur prépare à tous les peuples (Is 25, 6). Le Christ promet lui aussi le vin nouveau que ses disciples boiront dans le Royaume de son Père. Le jour de la Cène, Jésus a choisi ces deux aliments, fruits de l’activité commune de Dieu et de l’homme : celui-ci est appelé à collaborer avec le Créateur pour la mise en valeur de la terre (Gn 2, 15).

Avant de présenter à Dieu le pain et le vin, le prêtre verse quelques gouttes d’eau dans le calice, selon une coutume juive et grecque. C’est ainsi qu’a procédé Jésus à la dernière Cène. S’ajoutent le symbolisme de l’union de notre humanité à la divinité de celui qui a pris notre humanité, et celui du sang et de l’eau jaillie du côté du Christ crucifié.

Le prêtre s’approche avec humilité et confiance du sacrement de l’eucharistie. Il s’incline, demandant à Dieu d’accepter ce sacrifice, se lave les mains en prononçant des paroles tirées du Miserere, le grand psaume de la miséricorde (Ps 50, 4).

Au terme de la préparation des offrandes, l’assemblée répond au prêtre qui l’invitait à prier au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Église : « Pour la gloire de Dieu et le salut du monde ». Ce sont les deux finalités de l’eucharistie. Il prononce ensuite la prière sur les offrandes qui conclut la présentation des dons.

Pourquoi la quête intervient-elle à ce moment de la messe ? Elle n’est pas une sorte d’impôt, mais le gage de l’amour fraternel. La participation des fidèles à la vie matérielle de l’Eglise, participation que sollicitait déjà Saint Paul auprès des Eglises qu’il visitait (1 Co 16, 1). La quête s’insère donc dans le geste de la présentation des dons.

 

La prière eucharistique A qui est-elle adressée ?

La prière eucharistique est entièrement adressée au Père, par le prêtre qui parle et agit alors au nom du Christ (« par lui, avec lui et en lui ») et dans l’Esprit-Saint. L’action personnelle du ministre ordonné (prêtre ou évêque) rend présent à l’Eglise – corps du Christ – l’action de sa tête, le Christ. Ce rôle singulier du prêtre est rendu manifeste par le récit de l’Institution, où Jésus s’adresse personnellement à son Eglise : « Ceci est mon corps livré pour vous ». C’est le seul moment où le prêtre dit « je » dans la prière eucharistique : il parle au nom de Jésus.

Si le prêtre a la parole durant tout ce temps, l’assemblée prend cependant part à l’offrande par sa foi, son espérance et sa charité. A plusieurs reprises, elle confirme ce que dit un seul, en répondant « Amen ».

 

L’Esprit-Saint à l’œuvre

C’est non seulement le Père qui est à l’œuvre, mais aussi l’Esprit. Dans chacune des prières eucharistiques, nous demandons par deux fois au Père d’envoyer son Esprit dans les épiclèses.

Tout d’abord, sur les offrandes du pain et du vin, pour qu’elles deviennent le corps et le sang du Christ, puis, après la consécration, sur les fidèles pour qu’ils deviennent eux-mêmes « une éternelle offrande à la gloire du Père ». En invoquant l’Esprit-Saint tout d’abord sur les offrandes, puis sur l’assemblée, la liturgie manifeste que le corps eucharistique – la présence réelle – est le gage et le garant de Sa présence au milieu du corps ecclésial ou corps mystique.

 

Le sacrifice du Christ

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En célébrant la dernière Cène avec ses apôtres au cours du repas pascal, Jésus a donné son sens définitif à la Pâque juive, en faisant d’elle sa propre Pâque : il vit dans un rite ce qu’il vivra le lendemain, le don de soi jusqu’à la mort, dans un amour poussé à l’extrême. Dans ce mystère eucharistique, nous sommes appelés à prendre part à ce don en nous configurant au Christ. En effet, « Il s’est offert une seule fois pour enlever le péché de la multitude » (He 9,28) et encore : « Nous avons été sanctifiés par l’offrande du corps de Jésus-Christ une fois pour toutes » (He 10,10). Le mystère de l’eucharistie rend présent cet unique sacrifice et nous rend participants de cette offrande : « Que l’Esprit-Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire ». Le Christ est pour nous l’unique médiateur; aussi le prêtre dit-il : « Par le Christ, notre Seigneur », dès le début de la Préface.

La structure de la prière eucharistique

La prière eucharistique est la plus haute et la plus solennelle de toutes les prières, car en son coeur se réalise la présence sacramentelle du Christ en son corps et en son sang. Quelle que soit la formule choisie (il existe onze prières eucharistiques), elle suit toujours le même mouvement:

La Préface (de praefatio : parole dite publiquement, à haute voix). Elle est une louange, un hommage au Père.

Le Sanctus : la louange de l’Église rejoint celle de tous les anges et des saints. On adore la sainteté de Dieu (Is 6,3). Prière attestée dès le IVème siècle et écho de l’acclamation des enfants d’Israël lorsque Jésus entre à Jérusalem (Mt 21,9). C’est l’hymne toujours nouvelle de la création entière, de l’univers délivré.

La prière eucharistique proprement dite, avec :

L’invocation au Père

L’épiclèse

Le récit de l’institution de l’eucharistie (ou consécration). La consécration est un moment solennel du sacrifice de la messe. Le célébrant fait les gestes et prononce les paroles de Jésus à la dernière Cène (« cena », en latin : « repas du soir », repas pascal qu’il a célébré avec ses apôtres et qu’il a présidé selon le rituel juif), rendant ainsi présent le Christ tout entier; homme et Dieu. Le Christ se fait pain. Dans notre manière de prier et de vivre la messe, nous continuons de prier à l’exemple de Jésus. L’eucharistie instituée par le Christ plonge ses racines dans les bénédictions juives ; elle est l’anticipation du repas des noces de l’Agneau dans la Jérusalem céleste. Enfin, le prêtre adore, en s’agenouillant, le corps puis le sang du Christ, et les propose à l’adoration des fidèles en les élevant au-dessus de lui : « Vous ferez cela en mémoire de moi. »

L’anamnèse (« ana », « en haut », « avant », auquel est joint « mnesis », « acte de se souvenir ». C’est donc se souvenir, faire mémoire). La mort du Christ, qui nous est précieuse, nous fait dire : « Nous proclamons ta mort Seigneur Jésus; Nous célébrons ta résurrection; Nous attendons ta venue dans la gloire. » Cette expression nous permet de nous approprier le mystère célébré.

La nouvelle épiclèse

Les intercessions, qui nous rappellent que l’eucharistie est célébrée en communion avec toute l’Eglise du ciel et de la terre, des vivants et des morts, dans la communion avec les pasteurs : le Pape, les évêques, les prêtres…

La doxologie, qui reprend le mouvement de l’eucharistie dans une formule ramassée et trinitaire : c’est le Christ qui rend gloire à son Père, et nous en lui.

  1. La communion

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Le moment de la communion : « Prenez et mangez-en tous » (Mt 26,26)

Jésus, dans sa grande prière au chapitre 17 de saint Jean, demande : « Qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient parfaits dans l’unité (Jn 17,22-23). L’eucharistie nous fait entrer dans l’unité du Père et du Fils et du Saint-Esprit. La communion accroît notre union au Christ.

 Le Notre Père

Nous venons de rendre gloire à Dieu, nous nous reconnaissons ses fils et lui disons « Notre Père », comme le Fils unique le dit et nous l’a enseigné.

 Le don de la paix

Nous nous tournons alors vers le Fils : « Seigneur Jésus-Christ, tu as dit à tes apôtres : je vous laisse la paix, je vous donne ma paix… » La paix est comme le condensé de tous les biens, le don messianique par excellence, car Jésus, par le mystère pascal, « a fait la paix par le sang de sa croix » (Col 1,20). A Noël, les anges ont annoncé « Paix aux hommes » et cette paix constitue le premier souhait du Ressuscité aux apôtres, le jour de Pâques (Jn 20,19 ; 21 ; 26). Donner la paix est lourd de signification : le Christ nous donne sa paix et nous la partageons. C’est la seule que nous puissions partager…

 La fraction du pain

C’est à ce geste que les disciples reconnurent leur Seigneur après sa résurrection. Elle est l’un des plus anciens noms de l’eucharistie (cf. Ac 2,42). Rompre le pain est signe de convivialité, geste pratique qui devient le symbole d’un partage fraternel capable d’exprimer et de nourrir une communion. Ceux qui mangent un même pain sont « compains », ce qui montre la profondeur originelle du mot très usité de « copain ». Jésus a fait ce geste au cours des deux multiplications des pains (Mt 14,19 ; 15,36).

 L’immixtion

Le fragment de pain consacré que le prêtre laisse tomber dans le calice appartient à un rite très ancien.

 La communion

Après l’Agnus Dei, litanie adressée au Christ, Agneau de Dieu, dans laquelle l’assemblée l’implore d’avoir pitié de son péché et de lui donner la paix, les fidèles s’approchent pour recevoir la communion, selon les coutumes de l’Eglise et leur propre sensibilité : dans la bouche, ou en formant avec les mains « un trône », selon l’expression d’un Père de l’Eglise et dans un geste de mendiant. L’eucharistie fait l’Eglise. Ceux qui reçoivent le corps du Christ sont unis plus étroitement au Christ.

 

L’envoi

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Après un moment de recueillement, la célébration eucharistique finit comme elle a commencé, avec le signe de la croix, mais maintenant sous forme de bénédiction : nous ne nous signons plus, mais recevons la bénédiction que nous donne le prêtre qui, au nom du Christ, nous envoie la porter à tous nos frères. Nous répondons : « Nous rendons grâce à Dieu ». L’assemblée part en mission (messe, de « missio » : envoi).

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Le rassemblement. Liturgie de la parole. Liturgie de l’Eucharistie. Liturgie de l’envoi. ‘’ Le Seigneur. nous invite au repas’’ ‘’ Le Seigneur. nous fait connaître la Bible’’ ‘’ Le Seigneur. nous partage le Pain de Vie’’ ‘’ Le Seigneur. nous fait messagers’’ Lectures. Psaumes. Evangile. Credo. Prière universelle. Offrande. Consécration. Prière eucharistique. Notre Père. communion. Bénédiction final. « Allez dans la paix du Christ » envoi. Accueil. « Seigneur, Prends pitié » Gloire à Dieu. Prière.
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Histoire du Missel romain

L’histoire du Missel romain

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La Messe romaine antique

 

Dès le second siècle, le christianisme s’est répandu dans tout l’Empire romain, au Proche et au Moyen-Orient, en Grèce et en Asie Mineure, en Égypte et en Afrique du Nord, en Italie, en Gaule… la liturgie eucharistique s’est développée et enrichie de mille manières au contact de ces diverses cultures, donnant lieu à plusieurs grandes familles liturgiques distinguées par leur langue, leurs chants, par l’ordonnancement de leurs lectures et de leurs rites, et par maints usages locaux, mais unies toujours par leur noyau central : les paroles et les gestes de Jésus à la Cène.

Nous allons nous contenter d’étudier l’histoire de notre liturgie romaine, une liturgie tout à fait locale au point de départ, mais appelée à s’étendre dans à peu près tout l’Occident chrétien.

1.1. Les grandes caractéristiques de la liturgie romaine antique

Rome, où siègent Pierre et ses successeurs, devient naturellement le centre chrétien de l’Empire romain d’Occident. Comment y célèbre-t-on la Messe, dès avant la fin des persécutions au début du IVème siècle ? Retenons quelques traits originaux.

 

Le passage du grec au latin

À Rome, le nombre des convertis augmente considérablement après 250, en dépit des persécutions épisodiques. À cette date, le latin et le grec, qui était la langue de la communauté primitive originaire d’Orient, arrivent à égalité dans l’usage des chrétiens. La latinisation de la liturgie s’opère tranquillement, sans violence, de 250 à 380, date à laquelle la liturgie romaine est devenue une liturgie latine. La langue latine est la première caractéristique de la liturgie romaine, même s’il existe d’autres liturgies de langue latine qui ne sont pas romaines, à Milan ou dans les Gaules.

 

Les basiliques chrétiennes

Contrairement à ce que l’on croit souvent, il existait partout dans l’Empire romain encore païen de nombreuses églises, qui rivalisaient même avec les plus beaux temples élevés par les romains. À côté des demeures particulières, des « domus ecclesiæ » – riches villas romaines adaptées au culte – s’élèvent bientôt des basiliques chrétiennes construites sur le modèle des païennes. Elles sont constituées d’une nef rectangulaire de taille variable dont la partie haute, l’abside, est surélevée et de forme semi-circulaire. Au fond de cette abside se trouve le siège de l’évêque. À  la jonction de la nef et de l’abside est érigé l’autel fixe, de bois d’abord, puis de pierre. La décoration de la basilique est somptueuse : mosaïques, fresques, tentures, luminaires, ciborium tendu comme un ciel au dessus de l’autel, ambon monumental pour la lecture de l’Évangile…

Avec la paix constantinienne et la tranquillité de l’Église, ces basiliques vont être le lieu du déploiement de la liturgie romaine, au cours du IVème siècle.

 

Les premiers livres liturgiques

Dans cette période d’enrichissement, les textes et les prières liturgiques vont se formaliser et donner naissance à des recueils manuscrits. Si, dans les premiers siècles, les prêtres composaient eux-mêmes les prières du culte en suivant les lignes générales héritées des Apôtres, ils vont vite préférer se conformer aux textes légués par les plus savants d’entre eux, les grands évêques, les papes et les docteurs : saint Basile ou saint Jean Chrysostome en Orient, saint Ambroise, saint Léon le Grand (440-461) ou le pape Gélase (492-496) en Occident.

Au VIème et au VIIème siècles, les prières composées par ces derniers au cours du siècle précédent, dans un latin remarquable, vont être compilées dans des livres qu’on appellera plus tard des « sacramentaires », et qui forment aujourd’hui encore la source principale des prières de la Messe romaine, en particulier les Préfaces et les oraisons du président : la collecte, la prière sur les offrandes et la postcommunion.

 

Le Canon romain

S’il est un monument emblématique de la liturgie romaine, c’est bien sa grande et unique prière eucharistique que l’on appelle, aujourd’hui encore, le Canon Romain. On le trouve cité et commenté en partie déjà par saint Ambroise, vers 390, et il acquiert sa forme définitive dès la fin du Vème siècle. C’est donc cette prière, en partie fixe et en partie variable, au style et à la théologie particulièrement remarquables, que la liturgie romaine a emprunté exclusivement, depuis le IVème siècle, pour accomplir le mystère eucharistique. C’est celle encore qui occupe la place d’honneur dans le Missel romain de notre époque, même si on l’a assorti depuis 1969, et suivant un usage de l’Orient, d’autres prières eucharistiques utilisables en des circonstances moins solennelles.

 

Le chant romain

La liturgie romaine semble, primitivement, assez réfractaire au chant : elle est, nous le verrons, sobre et dépouillée par nature. C’est de l’Afrique chrétienne que lui vient peu à peu l’usage de chanter des psaumes après les lectures (graduel, trait, alléluia), pendant les processions de l’offertoire et de la communion. Le chant initial de l’introït s’ajoute encore un peu plus tard, de sorte que la Messe romaine antique commence en silence. Nous en avons une trace dans la procession silencieuse du Vendredi Saint, qui est le dernier vestige de ce que fut la liturgie de Rome aux IVème et Vème siècles, jusqu’au grand pontificat liturgique de saint Léon le Grand, mort en 461. Essayons, pour achever cette présentation de la liturgie romaine antique, de nous l’imaginer…

 

Idée de la Messe à Rome au IVème siècle

Lire Dom Guy Oury, La Messe romaine et le peuple de Dieu dans l’histoire, Solesmes, 1981, pp. 69-61.

 

1.2. Les problèmes «  de toujours »

Nous sommes là au commencement d’un âge d’or liturgique, alors que, paradoxalement, l’Empire romain d’Occident en butte aux invasions barbares, approche de sa ruine.

On peut parler d’âge d’or liturgique dans la mesure où la liturgie est vraiment le centre et le sommet de toute la vie chrétienne. Lorsque l’Empire devient résolument chrétien, toute l’existence s’achève dans la liturgie : la réflexion des théologiens comme l’expérience religieuse du chrétien le plus modeste, les arts et la musique, la vie publique et les institutions ecclésiastiques…

Cependant, cette période n’est pas exempte des questionnements et des tensions qui parcourront toute l’histoire de la liturgie jusqu’à nos jours. Tension entre la sobriété originelle et l’exubérance croissante du culte (exemple des vêtements mondains passés dans l’usage cultuel, ou de l’usage de la musique), tension entre la tradition reçue et la culture ambiante (exemple de l’encens, suspecté de paganisme), difficultés liées à la compréhension du latin (en pays de langue celtique ou berbère) ou à la participation populaire (spécialisation du ministères, manque de place dans les églises), problèmes liés à la communion eucharistique, dont l’accès est sévèrement réglementé, comme au manque de ferveur des communiants que déplorent maints Pères de l’Église…[1]

La liturgie vécue par les hommes, même en ses périodes les plus fastes, n’atteint jamais la perfection ! Cela est vrai aussi en cette période charnière de l’histoire de la civilisation occidentale, à cheval entre l’Antiquité tardive et le Moyen-Âge, période dont le personnage le plus emblématique, au rôle capital pour l’histoire de la liturgie romaine en cette fin du VIème siècle, fut le pape Grégoire le Grand. Avec lui, nous entrons dans une époque nouvelle, celle de la chrétienté.

 

 La Messe de la Chrétienté

 

2.1. La Messe de saint Grégoire le Grand

 

  1. a) Un pontificat éponyme

On pourrait définir le pontificat très symbolique de saint Grégoire le Grand (590-604) comme celui qui vit briller le faste de la liturgie romaine sur les décombres de l’Empire. La tradition liturgique inaugure avec ce pape sa grande période classique.

Tout, dans la liturgie, devient « grégorien », et on imputera à saint Grégoire, à tort ou à raison, toutes les richesses de ce temps : le sacramentaire est grégorien, le style de ses prières aussi, le chant romain devient également grégorien, comme aussi les cérémonies de la Messe.

 

  1. b) le « génie du rit romain »

« Grégorien » en vient à désigner ce qui fait le génie propre et permanent du rite romain : une liturgie sobre et décantée, rationnelle et logique, pure dans sa langue et dans ses rites, concise  dans ses énoncés théologiques, sans ajout inutile, somptueuse seulement pour son cadre, son chant et son cérémonial, une cérémonie digne d’un pape qui en est le célébrant de référence… toutes choses qui peuvent nous faire penser au style liturgique du saint Père Benoît XVI.

 

  1. c) Évolution des rites dans la période grégorienne

Au cours des VIIème et VIIIème siècles, la liturgie de la Messe romaine acquiert la plupart des éléments structurants qui ont demeuré jusqu’à nous : le chant d’introït, la procession avec encens en chandeliers, la vénération de l’autel par un baiser, le Kyrie rapporté d’Orient comme le Gloria in excelsis, la prière de collecte, la disparition de la première lecture au profit de la seule Épître, les chants « grégoriens » de la liturgie de la Parole, la disparition de la prière universelle, le Canon romain chanté alors à haute voix, le Notre Père suivi du baiser de paix, la fraction du pain, la prière après la Communion, l’Ite missa est, le baiser à l’autel et la procession solennelle de sortie.

  

2.2. Diffusion de la Messe romaine à l’époque carolingienne

La perfection de cette forme liturgique va entrainer son expansion progressive dans tout l’Occident, à la faveur des missions dans les terres encore païennes du Nord de l’Europe et surtout de la consécration, par les papes romains, de la nouvelle dynastie carolingienne. Pépin le Bref, puis son fils Charlemagne, vont découvrir la beauté de la liturgie et du chant grégoriens, et ils vont s’employer à en faire le ciment de leur nouvel Empire romain. Partout en Europe circulent des clercs et des moines imbus de la liturgie de Rome, qui vont en répandre les usages et les chants.

Mais cela ne se fait pas sans quelques influences réciproques, qui vont atténuer la sobriété du culte de Rome : le chant romain va s’enrichir des traditions plus ornées de Gaule ou d’Espagne ; Rome va recevoir l’usage du pain azyme, par conformité à l’Évangile ; le Canon ne va plus être chanté mais récité à voix basse ; les encensements vont se multiplier ; le Credo de Nicée va être chanté après l’Évangile ; la prière face à l’Orient va se généraliser…

En l’An Mil, la liturgie romaine sera devenue une liturgie « romano-franque », marquée par beaucoup d’usages mystiques d’Orient qui avaient pénétré en Gaule mais pas à Rome, toujours soucieuse de la plus grande simplicité.

 

2.3. La Messe et la piété médiévale

Telle se présente la Messe romaine au passage dans le second millénaire, à l’orée du Moyen-Âge central qui voit l’accomplissement de la chrétienté visible. L’époque de la chrétienté occidentale – on pourrait dire par commodité l’époque romane et surtout gothique – va influer de plusieurs manières sur la liturgie eucharistique. On peut en retenir trois principales.

  1. a) La beauté du culte et l’allégorie au service de la prière

S’il est un lieu qui incarne le déploiement de la liturgie au Moyen-Âge, c’est bien l’abbaye de Cluny. Elle est le plus majestueux de ces lieux innombrables en Occident – monastères, cathédrales, collégiales – où la liturgie est célébrée, quotidiennement, avec faste. On a l’idée en effet, avec Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, que « au dessus de tous biens sur cette terre d’exil, c’est le bien suprême de glorifier Dieu par un culte solennel dans son sanctuaire. »[2]

Au service de la beauté, la musique sacrée se développe, avec les premières polyphonies et la composition d’un immense trésor poétique, souvent écrit dans un latin rimé et facile à comprendre. Le Missel se charge ainsi d’un nombre considérable de séquences et de tropes et, de plus en plus, les églises particulières se dotent de missels particuliers, avec les conséquences que l’on verra.

Dans le même temps, le clergé s’efforce d’expliquer aux fidèles une liturgie devenue en partie insaisissable, du fait de sa complexité et du cloisonnement du sanctuaire. La méthode préférée est celle de l’allégorie, qui consiste à donner à chaque détail de la cérémonie une signification imagée, en lien le plus souvent avec la Passion du Christ : ainsi, quand le prêtre s’incline profondément au « Supplices te rogamus » du Canon, il représente le Christ inclinant la tête sur la Croix et rendant son esprit ; quand le diacre repose la pale sur le calice après le « Per ipsum », il referme le sépulcre de Jésus et, lorsque la pale est de nouveau enlevée, le prêtre met dans le calice une parcelle d’hostie, figurant la Résurrection par l’union du Corps et du Sang du Sauveur.

Il se reproduit en quelques sorte le phénomène du vitrail : toute l’attention du peuple se porte sur ce qu’il voit, non pas sur ce qu’il entend (ou n’entend plus !), avec le risque de faire des rapprochements artificiels, ou peu théologique, et de rendre les fidèles étrangers à la Parole vivante qui accomplit les sacrements.

  1. b) La mise en valeur de la piété du célébrant

Un second trait caractéristique de la Messe médiévale est l’ajout, dans la liturgie, de nombreuses prières de dévotion récitées à voix basse par le prêtre : habillage à la sacristie, Prières au bas de l’autel et Confiteor, formules d’offertoire, prières avant et après la Communion, comme à la fin de la Messe. Ces prières étaient très nombreuses, variables suivant les lieux et les missels, quelquefois de manière un peu anarchique.[3]

De même, des gestes sont ajoutés pour éviter la routine, pour rester bien attentif au mystère célébré.

  1. c) La Messe ou l’adoration de la Présence réelle

Enfin, le phénomène le plus frappant, et le plus lourd de conséquences, qui marque la liturgie médiévale, est assurément la focalisation sur le Mystère de la Présence Réelle.

Un geste est emblématique : l’élévation de l’hostie après la Consécration, que tous, théologiens, historiens et liturgistes, considèrent comme le fait le plus important de l’Histoire de la Messe au Moyen-Âge.

L’origine de ce geste est liée aux nombreuses controverses eucharistiques qui agitent la théologie médiévale dès le XIIème siècle et dont certaines vont jusqu’à contester, avec Bérenger de Tours, la réalité de la présence réelle du Christ.

En outre, l’usage s’était établi de mimer les gestes du Christ à la Cène au point d’élever l’hostie au moment où le prêtre disait : « il prit le pain », et de prononcer les paroles de la Consécration dans cette attitude d’élévation. L’évêque de Paris, Eudes de Sully (1196-1208), intervient en demandant aux prêtres de ne pas montrer l’Hostie au peuple avant qu’elle ne soit consacrée, afin que celui-ci adore seulement la Présence réelle.

En fait, la portée de cette décision est beaucoup plus profonde. Jusque là, depuis l’Antiquité, l’action eucharistique était rectiligne, puisque la Consécration elle-même n’était soulignée que par des gestes très discrets. Elle était moins un aboutissement en soi que la continuation d’une action qui se développait jusqu’à la consommation du sacrifice par la Communion eucharistique.

Désormais, la Messe trouve un nouveau centre de gravité : c’est le miracle de la Transsubstantiation qui devient, pour les fidèles, le sommet du rite eucharistique. Et la contemplation de la Présence Réelle va en quelque sorte se substituer à la manducation du Corps du Christ à la communion, laquelle devient tellement rare que le Concile du Latran de 1215 doit faire obligation aux fidèles de communier au moins une fois l’an !

La Messe, du moins  dans l’esprit des fidèles, n’est plus d’abord la grande représentation sacramentelle de tout le mystère pascal du Christ, auquel on communie physiquement, mais le lieu où s’accomplit le miracle sublime de la Transusbtantiation.

La réaction protestante aura beau jeu de réclamer un retour à la Cène évangélique, avec son leitmotiv : « Il faut changer la Messe en Communion ». C’est tomber dans l’excès inverse, quand il eût mieux valu réaffirmer, comme le fera le Concile de Trente, que la Messe est indissociablement le sacrement du Sacrifice du Christ et le sacrement de son Corps et de son Sang donnés en nourriture.

La Messe médiévale n’avait en rien dénaturé cette vérité de foi, mais l’évolution de ses rites et de sa piété, comme la défense de la foi contre les hérésies du temps, concouraient avant tout à mettre en valeur le mystère de la Présence Réelle.

Le temps des réformes

 

3.1. La Réforme protestante et le Missel de saint Pie V

C’est sur ce terrain doctrinal que la Réforme s’est positionnée. En conséquence de ses affirmations sur les sacrements et sur la nature de la Messe, elle a été amenée à contester la liturgie catholique, le rôle de ses prêtres et la participation passive de ses fidèles. Cette contestation s’est d’abord étendue insidieusement, par l’insertion dans les missels existants de textes incompatibles avec la foi catholique.

C’est pour remédier à ces erreurs diffuses dans les missels très nombreux qui avaient vu le jour dans les siècles précédents que saint Pie V imposa à l’Église universelle l’usage du Missel médiéval de la ville de Rome, imprimé pour la première fois en 1474. L’invention de l’imprimerie quelques décennies auparavant devait permettre la diffusion universelle de ce Missel romain, garant de l’orthodoxie eucharistique.

Ne pouvant pas contrôler l’orthodoxie des missels parus depuis le milieu du XIVème siècle, époque des premières grandes contestations eucharistiques, le pape interdit l’usage des missels n’ayant pas au moins 200 ans d’ancienneté.

La liturgie tridentine traversera exactement quatre siècles, jusqu’au nouveau Missel romain réformé par le Pape Paul VI à la suite du concile Vatican II et publié en 1969.

3.2. La mise en cause utopiste de l’héritage médiéval

Après la Réforme, d’autres courants utopistes se sont attaqués, dans les Temps Modernes, à la liturgie de la Messe. Précédant de peu l’époque des Lumières, certains courants jansénistes ont déprécié le caractère irrationnel et mondain des rites ajoutés par le Moyen-Âge. Ainsi certains prêtres jansénistes, tel Jacques Jubé, curé d’Asnières au début du XVIIIème siècle, entendent dépouiller les églises de toutes leurs images, dire la Messe sur un autel nu en se tournant vers les paroissiens, traduire les prières en français, faire participer les fidèles par la procession des offrandes…

Ce qui est contesté par les Lumières, c’est toute la période médiévale, « gothique » comme on dira de manière péjorative, suspectée d’avoir faussé l’institution évangélique de l’Eucharistie, d’avoir encouragé la superstition en n’éclairant pas la dévotion des fidèles, et de s’être positionnée dans une attitude de défense de la foi et des privilèges ecclésiastiques.

3.3. Le Mouvement liturgique et le nouveau Missel romain de Paul VI

Il est vrai que la surenchère esthétique, allégorique et mystique du Moyen-Âge, et surtout l’individualisme grandissant dans la pratique religieuse, ont pu conduire à une mésestime du mystère liturgique. On s’est éloigné des sources premières, on a perdu le sens sacramentel des rites, les dévotions particulières se sont imposées, en lien avec une conception de plus en plus individuelle et moralisante de la vie chrétienne.

  1. a) Le Mouvement liturgique

Pour retrouver l’esprit des premiers siècles et redonner à la liturgie le caractère englobant de toute la vie chrétienne qui avait été le sien durant le premier millénaire, il fallait un grand mouvement de renouveau catholique.

Ce fut le Mouvement liturgique, dont la figure marquante fut, dans les débuts, l’abbé réformateur de Solesmes, Dom Guéranger (1805-1875). Pour lui, les Institutions liturgiques et l’Année liturgique sont la source de la vie de l’Église, la source de sa spiritualité comme de sa doctrine, la source de sa communion universelle sous l’égide du Pontife romain.

Saint Pie X, au début du XXème siècle, encouragera ce mouvement en rappelant que la liturgie est  « la source authentique du véritable esprit chrétien », et en entreprenant d’importantes réformes dans les livres liturgiques romains.

Ainsi, son idée de rétablir l’usage universel du chant grégorien tend à faire revivre à l’Église l’âge d’or liturgique auquel avait présidé saint Grégoire le Grand à la fin de l’Antiquité.

De nombreuses recherches archéologiques, la redécouverte de la théologie ancienne, celle des Pères de l’Église enracinée dans l’Écriture Sainte et l’expérience communautaire de la prière, vont accompagner ce Mouvement liturgique qui, après les réformes et les enseignements majeurs du pape Pie XII, arrivera à maturité au moment du Concile.

  1. b) Les intentions liturgiques du Concile et leur traduction dans le Missel de Paul VI

Quelles furent les intentions du Concile lorsqu’il s’attaqua à la restauration du Missel romain ? Il les énonce lui-même :

Cette restauration doit consister à organiser les textes et les rites de telle façon qu’ils expriment avec plus de clarté les réalités saintes qu’ils signifient, et que le peuple chrétien, autant qu’il est possible, puisse facilement les saisir et y participer par une célébration pleine, active et communautaire.[4]

Voilà l’esprit qui préside à la refonte du Missel Romain. On vise avant tout à favoriser la participation des fidèles à la liturgie , afin « qu’ils n’assistent pas à ce mystère de la foi comme des spectateurs étrangers et muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et ses prières, ils participent consciemment, pieusement et activement à l’action sacrée, soient formés par la Parole de Dieu, se restaurent à la table du Corps du Seigneur, rendent grâces à Dieu… »[5] 

Pour cela, le rituel de la Messe sera révisé afin de le rendre plus lisible, dans cet esprit de « noble simplicité » et de « brièveté remarquable »[6] si caractéristiques du rite romain ancien :

Aussi, en gardant fidèlement la substance des rites, on les simplifiera on omettra ce qui, au cours des âges, a été redoublé ou a été ajouté sans grande utilité ; on rétablira selon l’ancienne norme des saints Pères, certaines choses qui ont disparu sous les atteintes du temps, dans la mesure où cela apparaîtra opportun ou nécessaire.[7]

Enfin, l’Église réaffirme l’unité des deux tables de la Parole de Dieu et de la Sainte Communion, en demandant que soient ouverts « plus largement les trésors bibliques ».[8]

Il en est résulté le missel romain de Paul VI, publié en 1969, dont nous connaissons la ligne sobre et vraiment romaine, et la richesse du contenu.

Nous y trouvons des nouveautés, qui n’appartiennent certes pas à la tradition romaine, et dont les plus significatives sont à coup sûr les nouvelles prières eucharistiques qui s’ajoutent au Canon Romain, les nouvelles prières d’offertoire inspirées des bénédictions juives du repas pascal, et le nouveau lectionnaire qui permet, en trois ans, de parcourir l’essentiel de la Sainte Écriture.

De nombreux gestes et prières ajoutés au cours du Moyen-Âge ont été supprimés, d’autres, souvent plus anciens, ont été restaurés, en particulier la prière universelle.

Tout ce qui, pour le reste, diffère du Missel Romain de saint Pie V, est puisé aux sources les plus anciennes de la tradition occidentale, en particulier dans les sacramentaires romains du premier millénaire.

D’où vient, alors, l’idée diffuse chez beaucoup depuis quarante ans, ou même revendiquée d’un bord comme de l’autre, que ce Missel ne serait pas dans la continuité de la liturgie antérieure ? Cette question va nous permettre de conclure et de synthétiser ce que notre parcours historique nous aura appris.

En complément

[1] Un exemple, chez saint Jean Chrysostome : « Je vois beaucoup de gens qui participent étourdiment et sans réflexion au Corps du Christ, plutôt par habitude et pour obéir à la loi que par raison et par réflexion. Voient-ils arriver le temps du saint Carême ou celui de l’Épiphanie, en quelque état qu’ils se trouvent, ils prennent part aux sacrements… »

[2] Anonyme, Vita PetriPL CLXXXIX, c. 19.

[3] On cite volontiers saint Vincent de Paul, quelques siècles plus loin, notant : « J’étais une fois à Saint-Germain-en-Laye où je remarquais sept ou huit prêtres qui dirent tous la Messe différemment ; l’un faisait d’une façon, l’autre d’une autre ; c’était une variété digne de larmes. Dieu soit béni de ce qu’il plaît à sa divine Bonté remédier peu à peu à ce grand désordre ! » (Œuvres, éd. P. Coste, t. XII, Entretiens, Paris, 1924, pp. 258-259.)

[4] SC 21.

[5] SC 48.

[6] SC 34.

[7] SC 50.

[8] SC 51.

https://www.communautesaintmartin.org/article/un-regard-historique-sur-la-messe-2-lhistoire-du-missel-romain/

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EGLISE CATHOLIQUE, EUCHARISTIE, LIVRE, LIVRES, LIVRES - RECENSION, LIVRES DE SPIRITUALITE, MESSE, POURQUOI ALLER A L'EGLISE ? : L'EUCHARISTIE, UN DRAME EN TROIS ACTES, TIMOTHY RADCLIFFE

Pourquoi aller à l’église ? : l’Eucharistie, un drame en trois actes

Pourquoi aller à l’église ? :

L’Eucharistie, un drame en trois actes

Timothy Radcliffe

Paris, Le Cerf, 2009, 294 pages,

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Après Pourquoi être chrétien ? (Cerf, 2005), dans cet  ouvrage de Timothy Radcliffe présente le déroulement de la liturgie de la messe, parole et eucharistie, pour en faire émerger le sens, un sens vivant et incarné. T. Radcliffe a l’art d’illustrer son propos d’exemples tirés de la tradition spirituelle ou théologique mais aussi de films ou de romans contemporains. A son invitation, nous voici disposés à mieux accueillir Celui qui vient à notre rencontre dans ce drame en trois actes (La foi, la charité et l’espérance). Notre relation au Christ, sans cesse interrogée, est vivifiée, désencombrée de tout ce qui limite notre accueil de l’amour de Dieu. Ces pages accompagneront tout ceux qui souhaitent nourrir leur foi, lui donner un nouvel élan, l’élan du chemin, un nouvel éclat, l’éclat du témoin. Accordons-nous le temps d’une lecture qui ne manquera pas de saveur. Elle donnera le goût de l’échange et du partage. Nous ne sommes pas chrétiens seuls mais ensemble ; notre foi, partagée, ne sera que plus vivante.

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Le nouveau Missel Romain

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Accueillir la nouvelle traduction, une opportunité pastorale

La sortie prochaine d’une nouvelle traduction du Missel Romain représente une opportunité pastorale pour nos églises diocésaines. Elle est l’occasion de déployer la richesse et le sens de la célébration de l’Eucharistie selon l’ordo missae de 1970 promulgué par le saint Pape Paul VI. Il importe d’accompagner la réception des nouveautés accompagnant cette traduction mais peut-être surtout de l’inscrire dans un projet plus vaste au service de l’édification d’un peuple de louange et d’adoration. Cette édification s’opère de manière privilégiée dans la liturgie « par laquelle, surtout dans le divin sacrifice de l’Eucharistie, “s’exerce l’œuvre de notre rédemption”, (ce qui) contribue au plus haut point à ce que les fidèles, en la vivant, expriment et manifestent aux autres le mystère du Christ et la nature authentique de la véritable Église » (SC 2).

Mgr Guy de Kérimel, Président de la Commission Épiscopale pour la Liturgie et la Pastorale Sacramentelle

Nouvelle traduction du Missel : les dix choses qui changent pour les fidèles

 

Une nouvelle traduction du Missel romain doit entrer en vigueur le 28 novembre prochain, premier dimanche de l’Avent.

Un petit événement dans l’Eglise en France ! A partir du dimanche 28 novembre, tous les catholiques francophones entendront et useront de nouveaux mots pendant la messe tels que « consubstantiel au Père », « C’est pourquoi je supplie la bienheureuse Vierge Marie », « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ! », « Frères et sœurs »… L’entrée en vigueur de la nouvelle traduction du Missel romain – le livre rassemblant toutes les prières récitées pendant la messe – n’apporte pas de grands changements dans la liturgie eucharistique, mais offre « l’occasion d’approfondir notre intelligence de la messe », souligne Mgr Guy de Kerimel, évêque de Grenoble et président de la Commission épiscopale française de liturgie et de pastorale sacramentelle (CELPS).

« La liturgie s’inscrit dans la tradition vivante de l’Eglise, l’Eglise est un corps vivant », ajoute-t-il. D’où la volonté de l’Eglise de faire évoluer le langage de sa prière, en ajustant les gestes et les formules, pour permettre la participation de tous. Pour Bernadette Mélois, directrice du Service national pour la pastorale liturgique et sacramentelle (SNPLS), cette nouvelle traduction invite à « vivre la messe de manière renouvelée, peut-être avec un peu plus d’intensité et d’attention ».

La nouvelle traduction du Missel romain émane de l’instruction du Vatican Liturgiam authenticam de 2001. La Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements a demandé aux conférences épiscopales de revoir la traduction dans un souci d’uniformisation pour « manifester l’unité du rite romain », explique David Gabillet, rédacteur en chef de la revue Magnificat. L’objectif était, entre autres, de se rapprocher du texte original latin. Un travail de traduction a donc été mené pendant quinze ans sous l’autorité de la Commission épiscopale francophone pour les traductions liturgiques (CEFTL). Il a réuni des experts de France, Belgique, Luxembourg, Suisse, Canada, Afrique du nord et Monaco. Un travail soumis à la triple fidélité dont parle le pape François dans son motu proprio Magnum principium (2017) : fidélité au texte original, fidélité à la langue dans laquelle le texte est traduit, et fidélité à l’intelligibilité du texte par nos contemporains.

La version initiale du Missel romain a été publiée en latin le 3 avril 1969. Elle est suivie de deux autres versions parues en 1975 et 2002. C’est cette dernière, désignée comme 3ème édition typique, qui est en vigueur aujourd’hui dans l’Eglise et qui a été traduite à nouveau. A partir du 28 novembre, les fidèles entendront et réciteront les textes de la nouvelle traduction. En plus de la révision d’un certain nombre de prières, préfaces et dialogues rituels, une plus grande place est donnée au silence et à la gestuelle. Autre évolution, les adresses sont désormais inclusives : « frères et sœurs » au lieu de « frères » auparavant – une volonté chère aux Eglises suisse et canadienne, et qui correspond au texte latin. Enfin, l’accent est mis sur l’eucharistie en tant que mystère. Vous trouverez ici en rouge les ajouts ou les modifications effectués.

1 SALUTATION DU PRÊTRE

Au début de la célébration, le prêtre accueille les fidèles en leur souhaitant la présence du Ressuscité. La nouvelle traduction souligne cela en utilisant le mot « Christ ».

La grâce de Jésus, le Christ, notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père, et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous.

2 ACTE PÉNITENTIEL

Le rite pénitentiel démarre désormais avec la mention « Frères et sœurs ». Une mention que l’on retrouvait déjà dans le missel latin. « Nous avons péché » remplace « nous sommes pécheurs », l’accent est donc mis sur l’acte plus que sur la personne. La Vierge Marie gagne le vocable de bienheureuse.

Frères et sœurs, préparons-nous à célébrer le mystère de l’eucharistie, en reconnaissant que nous avons péché.

Je confesse à Dieu tout-puissant, Je reconnais devant vous, frères et sœurs, que j’ai péché en pensée, en parole, par action et par omission. Oui, j’ai vraiment péché. C’est pourquoi je supplie la bienheureuse Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi, frères et sœurs, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu.

3 GLOIRE À DIEU

Attention, dans le Gloire à Dieu, la nouvelle traduction privilégie le pluriel « les péchés » au singulier.

Gloire à Dieu, au plus haut des cieux,
Et paix sur la terre aux hommes qu’il aime.
Nous te louons, nous te bénissons,
nous t’adorons,
Nous te glorifions, nous te rendons grâce,
pour ton immense gloire,
Seigneur Dieu, Roi du ciel,
Dieu le Père tout-puissant.
Seigneur, Fils unique, Jésus Christ,
Seigneur Dieu, Agneau de Dieu,
le Fils du Père.
Toi qui enlèves les péchés du monde,
prends pitié de nous
Toi qui enlèves les péchés du monde,
reçois notre prière ;
Toi qui es assis à la droite du Père,
prends pitié de nous.
Car toi seul es saint,
Toi seul es Seigneur,
Toi seul es le Très-Haut,
Jésus Christ, avec le Saint-Esprit
Dans la gloire de Dieu le Père.

Amen.

4 JE CROIS EN DIEU

Dès les années 1970, le philosophe Jacques Maritain dénonçait déjà la traduction française du Je crois en Dieu qui affirme que le Christ est « de même nature que le Père » : « La traduction française de la messe met dans la bouche des fidèles, au Credo, une formule qui est erronée de soi, et même, à strictement parler, hérétique », critiquait-il. « Je suis de même nature que Monsieur Pompidou, je ne lui suis pas consubstantiel ». Il se serait donc réjoui car désormais, dans le symbole de Nicée-Constantinople, le terme « consubstantiel » remplace « de même nature », exprimant par-là l’identité de substance entre le Père et le Fils. Le symbole des Apôtres n’a quant à lui pas été modifié.

Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant,
créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible,
Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ,
le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles :
Il est Dieu, né de Dieu,
lumière, née de la lumière,
vrai Dieu, né du vrai Dieu
Engendré non pas créé, consubstantiel au Père,
et par lui tout a été fait.
Pour nous les hommes, et pour notre salut,
il descendit du ciel;
Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme.
Crucifié pour nous sous Ponce Pilate,
Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau.
Il ressuscita le troisième jour,
conformément aux Ecritures, et il monta au ciel;
il est assis à la droite du Père.
Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts
et son règne n’aura pas de fin.
Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie;
il procède du Père et du Fils.
Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire;
il a parlé par les prophètes.

Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique.
Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés.
J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir.

Amen

5 LITURGIE EUCHARISTIQUE

Le renouvellement des formules de la préparation des dons et de la prière sur les offrandes manifeste que Dieu est à la source de ce que nous lui offrons sous la forme du pain et du vin.

Préparation des dons

Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers : nous avons reçu de ta bonté le pain que nous te présentons, fruit de la terre et du travail des hommes ; il deviendra pour nous le pain de la vie.

Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers : nous avons reçu de ta bonté le vin que nous te présentons, fruit de la vigne et du travail des hommes ; il deviendra pour nous le vin du Royaume éternel.

Nouvelle prière sur les offrandes

Priez, frères et sœurs : que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre, soit agréable à Dieu le Père tout puissant.

Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice à la louange et à la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute l’Eglise.

Anamnèse

Il est grand, le mystère de la foi : Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamonsta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire.

Acclamons le mystère de la foi: Quand nous mangeons ce pain et buvons à cette coupe, nous annonçons ta mort, Seigneur ressuscité, et nous attendons que tu viennes.

Qu’il soit loué, le mystère de la foi : Sauveur du monde, sauve-nous! Par ta croix et ta résurrection, tu nous as libérés.

6 AGNEAU DE DIEU

Outre le pluriel réitéré des « péchés », l’Agneau de Dieu se clôt désormais par « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau » au lieu de « Heureux les invités au repas du Seigneur ». Une invitation à la communion permettant d’exprimer le mystère de l’Alliance avec Dieu.

Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, prends pitié de nous.
Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, prends pitié de nous.
Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, donne-nous la paix.

Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde.

Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau !

7 RITE DE CONCLUSION

Jusqu’à présent, le prêtre renvoyait les fidèles en disant : « Allez, dans la paix du Christ ». La nouvelle traduction offre trois autres formules possibles (au choix) :

Allez porter l’Evangile du Seigneur.

Allez en paix, glorifiez le Seigneur par votre vie.

Allez en paix.

8 LA PLACE DU SILENCE

« Une des nouveautés de cette traduction est la place importante laissée au silence », remarque Bernadette Mélois. Comme le rappelle la Présentation Générale du Missel Romain (PGMR), « le silence sacré fait partie de la célébration ». « Pendant l’acte pénitentiel et après l’invitation à prier, chacun se recueille; après une lecture ou l’homélie, on médite brièvement ce qu’on a entendu; après la communion, le silence permet la louange et la prière intérieure ». Le silence fait donc partie de l’action liturgique et offre la possibilité d’un accueil de la Parole de Dieu. Le nouveau missel indique ainsi un nouveau temps de silence après le Gloire à Dieu : « Tous prient en silence quelques instants, en même temps que le prêtre. Puis, le prêtre, les mains étendues, dit la prière d’ouverture ou de collecte ».

9 LA MISE EN AVANT DU CHANT

La nouvelle traduction rappelle également que la prière liturgique est une prière chantée. Elle accorde ainsi une certaine place au latin, en proposant de chanter dans cette langue le Gloria, le Credo ou encore le Pater Noster. Les préfaces chantées seront aussi publiées avec la nouvelle traduction.

10 L’IMPORTANCE DE LA GESTUELLE

À plusieurs endroits, le nouveau texte précise les gestes du prêtre et ceux de l’assemblée. Il vient par exemple renforcer l’invitation à s’incliner lors de l’évocation du mystère de l’incarnation dans le Je crois en Dieu, ainsi que dans le symbole de Nicée-Constantinople et le symbole des Apôtres. Dans ce dernier, il est demandé de s’incliner de « Et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur » à « né de la Vierge Marie ». Dans le symbole de Nicée-Constantinople, l’assemblée est priée de s’incliner pendant la phrase : « Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme ». « Dans la liturgie, le corps participe à la prière de l’Église », explique Bernadette Mélois. « Ce n’est pas une prière intellectuelle, elle fait participer tout l’être et les gestes sont donc importants ».

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Motu proprio Traditionis Custodes

Motu proprio “Traditionis Custodes” :

la lettre explicative du pape François aux évêques

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Publié le 16 juillet 2021

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“Chers frères dans l’épiscopat,

Comme mon prédécesseur Benoît XVI l’a fait avec Summorum Pontificum, j’ai moi aussi l’intention d’accompagner le Motu proprio Traditionis custodes d’une lettre, pour illustrer les raisons qui m’ont conduit à cette décision. Je m’adresse à vous avec confiance et franchise (parrhesia, en grec, ndlr), au nom de ce partage du « souci de toute l’Église, qui contribue par excellence au bien de l’Église universelle », comme le rappelle le Concile Vatican II .

Les motifs qui ont poussé saint Jean-Paul II et Benoît XVI à accorder la possibilité d’utiliser le Missel Romain promulgué par saint Pie V, publié par saint Jean XXIII en 1962, pour la célébration du Sacrifice eucharistique sont évidents pour tous. La faculté, accordée par indult de la Congrégation pour le culte divin en 1984 et confirmée par saint Jean-Paul II dans le Motu proprio Ecclesia Dei de 1988 [3], était avant tout motivée par la volonté de favoriser la recomposition du schisme avec le mouvement guidé de Mgr Lefebvre. La demande, adressée aux Évêques, d’accueillir avec générosité les « justes aspirations » des fidèles qui demandaient l’usage de ce Missel, avait donc une raison ecclésiale de recomposition de l’unité de l’Église.

Cette faculté a été interprétée par beaucoup au sein de l’Église comme la possibilité d’utiliser librement le Missel Romain promulgué par saint Pie V, déterminant une utilisation parallèle au Missel Romain promulgué par saint Paul VI. Pour réguler cette situation, Benoît XVI est intervenu sur la question des années plus tard, régulant un fait interne à l’Église, à savoir que de nombreux prêtres et de nombreuses communautés avaient « utilisé avec gratitude la possibilité offerte par le Motu proprio » de saint Jean-Paul II. Soulignant combien cette évolution n’était pas prévisible en 1988, le Motu proprio Summorum Pontificum de 2007 entendait introduire « une réglementation juridique plus claire » [4]. Pour favoriser l’accès à ceux – même jeunes -, « qui découvrent cette forme liturgique, se sentent attirés par elle et y trouvent une forme particulièrement appropriée pour eux, de rencontre avec le Mystère de la Très Sainte Eucharistie » a déclaré Benoît XVI « le Missel promulgué par saint Pie V et de nouveau publié par le bienheureux Jean XXIII comme une expression extraordinaire de la même lex orandi« , accordant une « possibilité plus large d’utiliser le Missel de 1962 ».

A l’appui de son choix il y avait la conviction que cette disposition ne remettrait pas en doute l’une des décisions essentielles du Concile Vatican II, en en minant de cette façon l’autorité : le Motu proprio reconnaissait pleinement que « le Missel promulgué par Paul VI est l’expression ordinaire de la lex orandi de l’Église catholique de rite latin ». La reconnaissance du Missel promulguée par saint Pie V « comme une expression extraordinaire de la lex orandi  elle-même » ne voulait en aucune manière méconnaître la réforme liturgique, mais était dictée par le désir de répondre aux « prières insistantes de ces fidèles », leur permettant de « célébrer le Sacrifice de la Messe selon l’édition typique du Missel Romain promulgué par le bienheureux Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, comme forme extraordinaire de la Liturgie de l’Église ». Il était conforté dans son discernement par le fait que ceux qui désiraient « retrouver la forme, qui leur est chère, de la sainte Liturgie », « acceptaient clairement le caractère contraignant du Concile Vatican II et étaient fidèles au Pape et aux évêques ». Il déclarait également infondée la crainte de scissions dans les communautés paroissiales, parce que « les deux formes de l’usage du Rite Romain auraient pu s’enrichir mutuellement ». C’est pourquoi il invitait les évêques à surmonter les doutes et les peurs et à recevoir les normes, « en veillant à ce que tout se passe dans la paix et la sérénité », avec la promesse que « l’on pouvait chercher des voies pour trouver un remède »,  au cas où « de graves difficultés seraient venues à la lumière » dans l’application de la normative après « l’entrée en vigueur du Motu proprio ».

Treize ans plus tard, j’ai chargé la Congrégation pour la doctrine de la foi de vous adresser un questionnaire sur l’application du Motu proprio Summorum Pontificum. Les réponses parvenues ont révélé une situation douloureuse qui m’inquiète, me confirmant la nécessité d’intervenir. Malheureusement, l’intention pastorale de mes prédécesseurs, qui avaient entendu « faire tous les efforts afin que tous ceux qui ont vraiment le désir de l’unité aient la possibilité rester dans cette unité ou la retrouver », a été souvent gravement négligée. Une possibilité offerte par saint Jean-Paul II et avec une  magnanimité encore plus grande par Benoît XVI afin de recomposer l’unité du corps ecclésial dans le respect des différentes sensibilités liturgiques a été utilisée pour augmenter les distances, durcir les différences, construire des oppositions qui blessent l’Église et en entravent la progression, en l’exposant au risque de divisions.

Je suis également attristé par les abus de part et d’autre dans la célébration de la liturgie. Comme Benoît XVI, je stigmatise moi aussi que « dans de nombreux endroits on ne célèbre pas de façon fidèle aux prescriptions du nouveau Missel, mais qu’il soit même compris comme une autorisation ou jusqu’à une obligation à la créativité, qui conduit souvent à des déformations à la limite de ce qui est supportable » . Mais je ne suis pas moins attristé par une utilisation instrumentale du Missale Romanum de 1962, toujours plus caractérisée par un refus croissant non seulement de la réforme liturgique, mais du Concile Vatican II, avec l’affirmation infondée et insoutenable qu’il aurait trahi la Tradition et la « vraie Église ». S’il est vrai que le chemin de l’Église doit être compris dans le dynamisme de la Tradition, « qui tire son origine des Apôtres et qui progresse dans l’Église sous l’assistance de l’Esprit Saint » (DV 8), le Concile Vatican II, au cours duquel l’épiscopat catholique s’est mis à l’écoute pour discerner le chemin que l’Esprit indiquait à l’Église, constitue l’étape la plus récente de ce dynamisme. Douter du Concile, signifie douter des intentions mêmes des Pères, qui ont exercé leur pouvoir collégial de façon solennelle cum Petro et sub Petro au concile œcuménique, et, en dernière analyse, c’est douter de l’Esprit-Saint lui-même qui guide l’Église.

Le Concile Vatican II lui-même éclaire le sens du choix de revoir la concession permise par mes prédécesseurs. Parmi les vœux  que les évêques ont indiqué avec le plus d’insistance, émerge celui de la participation pleine, consciente et active de tout le Peuple de Dieu à la liturgie , dans la ligne de ce qui a déjà été affirmé par Pie XII dans l’encyclique Mediator Dei sur la renouveau de la liturgie . La constitution Sacrosanctum Concilium a confirmé cette demande, en délibérant sur « la réforme et la croissance de la liturgie », en indiquant les principes qui devraient guider la réforme . En particulier, il a établi que ces principes concernaient le Rite Romain, tandis que pour les autres rites légitimement reconnus, il demandaient qu’ils soient « prudemment révisés de manière intégrale dans l’esprit de la saine tradition et qu’on les dote d’une vigueur nouvelle selon les circonstances et les besoins de le temps ». C’est sur la base de ces principes, que la réforme liturgique s’est faite, sa plus haute expression étant le Missel romain, publié in editio typica par saint Paul VI  et révisé par saint Jean-Paul II . Force est donc de constater que le Rite Romain, adapté plusieurs fois au cours des siècles aux nécessités des époques, a non seulement été conservé, mais renouvelé « dans le fidèle respect de la Tradition » . Quiconque désire célébrer avec dévotion selon la forme liturgique antécédente n’aura aucune difficulté à trouver dans le Missel Romain réformé selon l’esprit du Concile Vatican II, tous les éléments du Rite Romain, en particulier le canon romain, qui constitue un des éléments les plus caractéristiques.

il y a une dernière raison que je veux ajouter au fondement de mon choix : elle est toujours plus évidente dans les paroles et dans les attitudes de beaucoup la relation étroite entre le choix des célébrations selon les livres liturgiques précédant le Concile Vatican II et le rejet de l’Église et de ses institutions au nom de ce qu’ils considèrent comme la « vraie Église ». Il s’agit d’un comportement qui contredit la communion, nourrissant cette incitation à la division – « Je suis à Paul ; Moi, par contre, à Apollos ; Je suis de Céphas ; Je suis du Christ » – contre laquelle l’apôtre Paul a réagi fermement. C’est pour défendre l’unité du Corps du Christ que je suis contraint de révoquer la faculté accordée par mes prédécesseurs. L’usage déformé qui en a été fait est contraire aux raisons qui les ont conduits à leur laisser la liberté de célébrer la messe avec le Missale Romanum de 1962. Puisque « les célébrations liturgiques ne sont pas des actions privées, mais des célébrations de l’Église, qui est » sacrement de l’unité » , elles doivent se faire en communion avec l’Église. Le Concile Vatican II, tout en réaffirmant les liens extérieurs d’incorporation à l’Église – la profession de la foi, des sacrements, de la communion – affirmait avec saint Augustin que c’est une condition pour que le salut que de demeurer dans l’Église non seulement « avec le corps », mais aussi « avec le cœur ».

Chers frères dans l’épiscopat, Sacrosanctum Concilium a expliqué que l’Église comme « sacrement de l’unité » est telle parce qu’elle est le « Peuple saint rassemblé et ordonné sous l’autorité des évêques » [26]. Lumen gentium, tout en rappelant à l’Évêque de Rome d’être « le principe perpétuel et visible et le fondement de l’unité à la fois des évêques et de la multitude des fidèles », dit que vous êtes le « principe visible et le fondement de l’unité dans vos Églises locales, à partir desquelles il existe la seule et unique Église catholique » .

Répondant à vos demandes, je prends la ferme décision d’abroger toutes les normes, instructions, concessions et coutumes antérieures à ce Motu Proprio, et de conserver les livres liturgiques promulgués par les Saints Pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformément aux décrets du Concile Vatican II, comme la seule expression de la lex orandi du Rite Romain. Je suis réconforté dans cette décision par le fait qu’après le Concile de Trente, saint Pie V a également abrogé tous les rites qui ne pouvaient se vanter d’une antiquité prouvée, établissant un seul Missale Romanum pour toute l’Église latine. Pendant quatre siècles, ce Missale Romanum promulgué par saint Pie V fut ainsi l’expression principale de la lex orandi du rite romain, remplissant une fonction unificatrice dans l’Église. Pour ne pas contredire la dignité et la grandeur de ce Rite, les Evêques réunis en concile œcuménique on demandé qu’il soit réformé ; leur intention était que « les fidèles n’assistent pas au mystère de la foi comme des étrangers ou des spectateurs silencieux a mais, qu’avec une pleine compréhension des rites et des prières, ils participent à l’action sacrée consciemment, pieusement et activement » . Saint Paul VI, rappelant que le travail d’adaptation du Missel Romain avait déjà été commencé par Pie XII, déclara que la révision du Missel Romain, menée à la lumière des sources liturgiques les plus anciennes, avait pour but de permettre à l’Église d’élever, dans la variété de langues, « une seule et même prière » qui exprime son unité. J’ai l’intention de rétablir cette unité dans toute l’Église de Rite Romain.

En décrivant la catholicité du Peuple de Dieu, le Concile Vatican II rappelle que « dans la communion ecclésiale il y a des Églises particulières, qui jouissent de leurs propres traditions, sans préjudice de la primauté de la chaire de Pierre qui préside à la communion universelle de charité, garantit les diversités légitimes et en même temps veille à ce que le particulier non seulement ne nuise pas à l’unité, mais qu’il la serve » . Alors qu’en exerçant mon ministère au service de l’unité, je prends la décision de suspendre la faculté accordée par mes prédécesseurs, je vous demande de partager ce poids avec moi comme une forme de participation à la sollicitude pour toute l’Église. Dans le Motu proprio, j’ai voulu affirmer qu’il appartient à l’Evêque, en tant que modérateur, promoteur et gardien de la vie liturgique dans l’Eglise dont il est le principe d’unité, de régler les célébrations liturgiques. Il vous appartient donc d’autoriser dans vos Eglises, en tant qu’Ordinaires locaux, l’usage du Missel Romain de 1962, en appliquant les normes de ce Motu proprio. C’est avant tout à vous de travailler pour revenir à une forme festive unitaire, en vérifiant au cas par cas la réalité des groupes qui célèbrent avec ce Missale Romanum.

Les indications sur la marche à suivre dans les diocèses sont principalement dictées par deux principes : d’une part, pourvoir au bien de ceux qui sont enracinés dans la forme de célébration précédente et ont besoin de temps pour revenir au Rite romain promulgué par les saints Paul VI et Jean-Paul II ; d’autre part, interrompre l’érection de nouvelles paroisses personnelles, liées plus au désir et à la volonté de certains prêtres qu’au besoin réel du « saint peuple de Dieu fidèle ». En même temps, je vous demande de veiller à ce que chaque liturgie soit célébrée avec décorum et avec fidélité aux livres liturgiques promulgués après le Concile Vatican II, sans excentricités qui dégénèrent facilement en abus. Les séminaristes et les nouveaux prêtres doivent être éduqués à cette fidélité aux prescriptions du Missel et aux livres liturgiques, qui reflètent la réforme liturgique souhaitée par le Concile Vatican II.

Pour vous, j’invoque l’Esprit du Seigneur ressuscité, afin qu’il vous rende forts et fermes dans le service du Peuple que le Seigneur vous a confié, afin que, par vos soins et votre vigilance, il exprime la communion même dans l’unité d’un seul Rite, dans lequel est gardée la grande richesse de la tradition liturgique romaine. Je prie pour vous. Vous priez pour moi.”

FRANÇOIS

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Motu proprio

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Pope Francis looks on as he goes into the tomb of St. Peter and St. Paul during a « Short Moment of Prayer, Day of Reflection and Prayer Lebanon » at the Altar of Confession in Saint Peter Basilica in the Vatican on July 1, 2021. (Photo by Andreas SOLARO / AFP)

Qu’est-ce qu’un Motu Proprio ? « motu proprio» signifie « de son propre chef ». c’est un acte législatif pris et promulgué par le Pape, agissant de sa propre initiative, en pleine connaissance de cause et (non pour répondre à une sollicitation). Cet acte équivaut à un décret qui précise des règles d’administration et d’organisation dans l’Eglise.

EGLISE CATHOLIQUE, EUCHARISTIE, MESSE, SACREMENTS

Comprendre l’Eucharistie

Pour mieux comprendre et mieux vivre l’Eucharistie

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« Comprendre l’Eucharistie »: retrouver le goût du sacrement

Bernard Sesboüé

Paris, Salvator, 2020. 186 pages.

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Présentation de l’éditeur

Tout le mystère chrétien est présent dans l’Eucharistie. Mais comment comprendre cette institution en profondeur, sans verser dans un ritualisme formel ? On a souvent dit que le christianisme s’appuyait  d’abord sur un événement fondateur, celui de Jésus de Nazareth, mort et ressuscité. Or, la célébration de l’Eucharistie représente précisément le moment et le lieu où l’événement pascal de Jésus se fait institution, tout en demeurant l’événement personnel de Jésus. Comme lavait souligné naguère le père de Lubac : « Si l’Église fait l’Eucharistie, l’Eucharistie fait l’Église. » Chaque célébration eucharistique a pour but de faire de l’assemblée présente le Corps de l’Église, qui est le Corps du Christ. Il s’agit donc ici d’expliquer ce qui est en jeu dans ce sacrement, afin d’aider les chrétiens qui ne sont pas théologiens de métier à mieux la comprendre, et surtout à mieux en vivre.

Théologien, jésuite, le père Bernard Sesboüé a publié de nombreux ouvrages dont, chez Salvator, L’homme, merveille de Dieu (2015), Jésus, voici l’Homme (2016) et L’Eglise et la liberté (2019).

 

Critique de La Croix (mars 2020)

Théologie. Le théologien Bernard Sesboüé propose une fine relecture de l’histoire et du sens de ce sacrement.

Les sociologues le répètent, enquête après enquête, la crise du christianisme se caractérise en France par une désaffection profonde et désormais installée pour la messe. Mais comment avoir goût pour ce que l’on peine à comprendre, voire ce que l’on ne comprend plus du tout ? C’est avec ce paysage en toile de fond que Bernard Sesboüé, jésuite, théologien aguerri, a rassemblé dans cet essai une présentation du mystère de l’eucharistie en ce qu’il a d’essentiel.

Sans méconnaître le détail des rites auxquels il accorde une juste importance, Bernard Sesboüé ne verse pas dans un ritualisme formel, qui risque toujours d’enfermer dans l’accessoire. Au contraire, il replace l’eucharistie à sa juste place, majeure, celle de nouer le destin de l’homme à celui de Dieu et de construire l’Église. « Si l’Église fait l’Eucharistie, l’Eucharistie fait l’Église », a écrit le père Henri de Lubac. Il insistait sur le fait que chaque célébration eucharistique a pour but de faire de l’assemblée présente le corps de l’Église qui constitue aussi le corps glorieux du Christ.

Déjouer les fausses interprétations

« Sacrement du sacrifice unique de Jésus », « sommet des sacrements », « mémorial » : ces synonymes de l’Eucharistie sont tour à tour présentés par Bernard Sesboüé, qui s’emploie à déjouer les fausses interprétations. Comme, par exemple, l’affirmation que l’Eucharistie serait une « répétition » de la croix. « L’Eucharistie n’est en rien la “répétition” de la croix, dont le “une fois pour toutes” ne peut être répété (…) L’Eucharistie par contre est bien la “répétition” de la Cène », précise-t-il.

Tout au long de l’ouvrage, l’auteur nous fait bénéficier de sa grande connaissance des Écritures, de la tradition, mais aussi de l’histoire des Églises chrétiennes et du dialogue œcuménique, dont les avancées ont été l’occasion d’approfondir le sens de ce sacrement. C’est certainement dans le chapitre consacré à la délicate question de la « présence réelle » que s’expriment le mieux sa finesse et son discernement théologiques.

Contre les lectures matérialistes

Bernard Sesboüé commence par souligner l’importance des paroles de Jésus « Ceci est mon corps ; ceci est la coupe de mon sang », attestées dans les quatre versions de l’institution de l’Eucharistie présentes dans le Nouveau Testament. « L’Eucharistie n’est donc plus une nourriture simplement humaine, elle est confectionnée par la toute-puissance de la parole de Dieu et elle comporte donc un élément proprement divin », souligne le théologien.

Les Pères de l’Église ne s’étaient guère posé de questions sur le « comment » de cette présence, mais nous avons hérité du Moyen Âge tout un langage philosophique, celui de la substance, qui nous est devenu obscur. Avec pédagogie, Bernard Sesboüé en redonne le sens. Contre les lectures matérialiste ou physiciste, il rappelle que chez saint Thomas d’Aquin « la substance n’est pas le substrat, mais la raison d’être d’une chose et son sens »« La substance, en tant que telle, n’est pas visible pour l’œil corporel, ni n’est sujet pour aucun sens (…) En conséquence, à parler de façon propre, le corps du Christ n’est perceptible que par le seul intellect, dit œil spirituel », écrit Thomas d’Aquin.

Présence réelle mais non physique

Si la présence du Christ est réelle – et non symbolique –, elle n’est ni géographique, ni physique, ni locale. « Autrement dit, le corps du Christ n’est pas présent dans le tabernacle de la même manière que le ciboire y est présent », insiste Bernard Sesboüé. Il signale tout autant la force de cette présence spirituelle, invitant à la considérer comme « une présence infiniment plus intime que la présence courante qui passe par nos corps non glorifiés ».

Par-delà ces précisions importantes, Bernard Sesboüé veut tourner nos regards vers l’essentiel : « La visée de l’Eucharistie n’est pas le changement du pain et du vin (…) mais l’accès de toute l’assemblée au statut de corps du Christ par le don de l’Esprit », résume-t-il. Cet aspect a été quelque peu oublié pendant le second millénaire. Retrouver cette visée de communion serait aujourd’hui salutaire.

 

Un autre regard sur l’eucharistie

Maurice Zundel

Paris, Jubilé, 2006. 230 pages. 2006

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Extrait de l’avant-propos de Bernard de Boissière :

Il est très important de se demander, avant d’abor­der la lecture de ce livre, comme pour celle des précédents, si l’on est vraiment capable d’être fidèle à leur esprit. Ce n’est pas évident. Le danger réel serait d’en rester aux idées, si belles soient-elles. Et il ne s’agit pas là d’un enseignement, mais d’une véritable rencontre avec Dieu, à travers le témoignage vibrant d’un saint dont c’était la vie tout entière, en découverte permanente.
Or, c’est grâce aux nombreux enregistrements d’auditeurs enthousiastes, présents aux multiples conférences et homélies de l’abbé Zundel, que purent être édités après sa mort un certain nombre de très beaux livres. Mais de quel droit les publier ?
Il est en effet manifeste que de son vivant l’abbé Zundel n’aurait jamais envisagé, ni encouragé leur publication. Il était incapable de se comporter en pro­fesseur cherchant à vous apprendre quelque chose préalablement construit. Sa prédication était essentiel­lement celle d’un témoignage actuellement et toujours vécu, sans cesse renouvelé et improvisé, extrêmement centré et cependant toujours neuf et varié. Sa parole, comme sortie d’un puits très profond, s’adressait directement et personnellement à son auditoire, à tous et à chacun.
La salle, ou l’église, était parcourue par une flamme contagieuse dans un silence où chacun se sentait concerné, même ceux qui ne comprenaient pas toujours les idées, mais qui venaient néanmoins pour voir, entendre et être saisis.
On comprend alors qu’une communication aussi personnelle, ardente, improvisée et purement prospective ne puisse souffrir de retour en arrière. L’abbé Zundel en fit effectivement la très douloureuse expérience quand Mgr Macchi, secrétaire de Paul VI, lui demanda de publier la retraite qu’il venait de prêcher au Vatican en février 1972, d’où vingt-deux conférences entièrement improvisées, et par ailleurs magnifiques, après un temps de préparation extrêmement court. Une retranscription de leur enregistrement lui fut alors remise en vue d’un livre. L’abbé Zundel était déjà âgé et fatigué. Cette nouvelle tâche consistant à transformer, sur des recommandations extérieures, un style très direct, spontané, personnel et passionné en une prose inévitablement banalisée, l’épuisa et hâta sa mort en août 1975, comme put le constater son médecin. Le livre ne parut finalement qu’en 1976, intitulé Quel Homme et quel Dieu (aux éditions Saint-Augustin), mais fait pâle figure auprès de la réalité enregistrée, qu’accompagnaient à la fin les merveilleux remerciements de Paul VI. On comprendra alors mieux pourquoi, au début de tous les livres posthumes, le lecteur aura été averti comme maintenant que le texte enregistré n’aura pratiquement pas été modifié, malgré certaines lourdeurs ou répétitions.

Présentation de l’éditeur

Offrir à notre regard une présentation de l’Eucharistie sous un autre éclairage, tel est le but de cette anthologie zundélienne. Beaucoup peut-être, mais sans oser l’avouer, voient dans l’Eucharistie, dans le dogme de la Présence réelle tel qu’il est souvent présenté, une pure absurdité : le Bon Dieu dans une miette de pain, cela n’a pas sens !
M. Zundel nous a parlé de cet enseignant qui lui disait : «Je n’examine jamais ma foi parce que je serais prêt d’en douter, alors je crois en bloc et je ne discute plus !» J’ajoute : «Croire en bloc et ne pas discuter, cela ne veut rien dire ! En quoi peut-il être fécond pour l’esprit et glorieux pour le Seigneur que de dire : je n’y comprends rien, mais je crois. Cela ne sert absolument à rien.»
Le comble est atteint quand on en arrive à penser que l’acte de foi est d’autant méritoire que son objet défie de façon plus flagrante le simple bon sens. Plus on pénètre dans la foi chrétienne, plus on s’aperçoit qu’elle est éminemment raisonnable. À condition qu’on veuille bien dépasser les apparences et s’efforcer sans cesse de lire la foi à l’intérieur d’elle-même, c’est à cette lecture éminemment «intelligente» (intus légère) du mystère de l’Eucharistie qu’invite ce livre.

Paul Debains, après trente années de missions en Afrique, exerce son ministère en France. Il est membre de l’association des Amis de Maurice Zundel. Il a déjà réuni et présenté des -ex-es inédits de M Zundel dans Un autre regard sur l’homme. Le problème que nous sommes et Pour toi qui suis-je ? (Sarment – Éditions du Jubilé)

Maurice Zundel (1897-1975), prêtre suisse, mena une vie de prédicateur itinérant – en France et à l’étranger-, pratiquement inconnu de son vivant. Sa vision de l’homme, «libre de soi et de tout, (pouvant) se jeter dans les bras de Dieu qui est liberté», rencontre aujourd’hui l’attente d’un très large public.

 

L’Eucharistie à l’école des Saints (Français) Relié – 1 avril 2000

Nicolas Buttet

Paris, Editions de l’Emmanuel, 2000. 382 pages.

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Description du produit

Avec cet ouvrage, Nicolas Buttet nous offre une véritable somme sur l’Eucharistie. Il nous invite à nous mettre à l’école des saints et de quelques grands témoins. Avec simplicité et profondeur, il les interroge sur leur compréhension du mystère central de la Messe. Réflexions et témoignages se succèdent venant éclairer les principaux aspects théologiques, liturgiques et spirituels de l’Eucharistie,  » source et sommet  » de toute vie chrétienne. Auprès d’un grand nombre, une telle approche fortifiera la foi et stimulera l’amour pour le Christ réellement présent sous les espèces du pain et du vin consacrés. Par toutes les informations qu’il rassemble, l’ouvrage devrait rendre de précieux services aux catéchistes et prédicateurs chargés de préparer jeunes et adultes à la communion eucharistique. Comme l’annonce le préfacier, le Père Nottebaert, o.m.i., on ne trouvera pas d’abord ici une savante étude sur le Saint Sacrement, mais un livre de vie que tout chrétien pourra fréquenter comme un ami

 

L’Eucharistie au cœur des Ecritures

Edouard Cothenet

Paris, Salvator, 2016. 224 pages

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 Il faut sûrement être un peu familier des questions théologiques et de la lecture de la Bible pour tirer tout le sel de ce remarquable ouvrage du P. Cothenet.  Mais il propose une nourriture très solide à tous ceux qui cherchent à faire de leur vie quotidienne une vie « eucharistique », une authentique vie spirituelle à la suite du Christ et en lui. Il abonde en références bibliques et patristiques propres à la réflexion et à la méditation, et des commentaires lumineux enrichissent, élargissent, voire convertissent notre compréhension parfois trop étroite de l’eucharistie. Notamment sur deux points.

L’eucharistie pas seulement mémorial du passage du Fils vers le Père pour nous entraîner à sa suite, elle est aussi le sacrement de la  récapitulation, de la Nouvelle Alliance : Dieu, par le sang de la Croix, a voulu réunir en Christ l’univers entier, ce qui est aux cieux et ce qui est sur la terre (Ep 1, 10). L’eucharistie ne nourrit pas seulement une voie de salut personnel et communautaire, c’est l’univers entier qui est sauvé, réconcilié dans la mort et la résurrection du Christ. (p. 28).

Cela conduit à interroger les textes de l’Ancien Testament qui annoncent et construisent cette perspective, et plus particulièrement une notion difficile à évoquer aujourd’hui, celle de sacrifice, où Dieu se rend présent aux hommes. Mais avec Jésus-Christ, et déjà avec les prophètes et les psaumes,  le sacrifice, loin d’être l’expression d’une perte violente et de la colère divine contre celui qui porte le péché du monde, est « la non-résistance à l’oppresseur  (comme le serviteur souffrant) et la confiance totale au Père, qui font passer du péché à la justice, lors de la résurrection » à laquelle nous participons par le baptême.

Dès lors, faire mémoire de la mort et de la résurrection du Christ pour entrer dans son exode vers le Père revient à s’unir à l’intercession du Christ pour tous ses frères les hommes (p .173). Et participer pleinement à l’eucharistie, c’est offrir le seul sacrifice qui plaise à Dieu : vivre pour la justice à l’image et à la suite de Jésus, dans l’espérance du retour de Celui qu’on aime sans le voir encore. (p. 184).

Bien d’autres choses seraient à souligner dans ce livre qui nous éloigne de deux compréhensions trop étroites de l’eucharistie : celle d’un sacrifice où la  justice de Dieu ne s’obtiendrait qu’en se faisant violence, celle  d’un don de la présence d’un Dieu intime et personnel,  fait  à notre mesure, où la transformation du monde serait oubliée

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COMMUNION, EGLISE CATHOLIQUE, EUCHARISTIE, MESSE

La communion spirituelle

Qu’est-ce qu’une « communion spirituelle » ?

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Lorsque l’on ne peut communier, pour différentes raisons, et qu’on ne peut recevoir ni le Corps, ni le Sang du Christ, on peut néanmoins faire une « communion spirituelle » ou « communion de désir ». De quoi s’agit-il ?

 

La grâce, c’est-à-dire la vie de Dieu, nous est ­communiquée habituellement par les sacrements. Il s’agit d’un « contact direct » avec Jésus, comme lorsque le Christ touchait les yeux de l’aveugle. En effet, ce sont les mains de Jésus qui continuent à nous toucher par les sacrements, tout spécialement lorsque nous recevons le corps du Christ. Cette communion sacramentelle trouve sa per­fection dans la communion spirituelle, qui est une union spirituelle toujours plus intense au Christ par la foi et la charité.

La communion sacramentelle accompagnée de la communion spirituelle constituent ensemble la perfection de la communion eucharistique.

Il se peut qu’une personne en état de péché grave communie sacramentellement ; elle ne recevra cependant pas le fruit spirituel de cette communion puisque, selon saint Paul, elle communie « indignement » (1 Co 11, 29). À l’inverse, une personne pourrait ne pas communier sacramentellement et recevoir le fruit de la communion eucharistique par son désir ardent d’accueillir le corps du Christ. La grâce qui nous vient du Christ en passant par son Corps mystique qu’est l’Église nous est alors communiquée « à distance », comme pour les dix lépreux guéris sur le chemin du retour (cf. Lc 17, 12).

Dans ce cas, on distingue deux situations. Première situation, la communion spirituelle au sens classique, c’est-à-dire celle qui accroît l’amour, et que l’on peut appeler la « communion de désir ». Cette communion exige les mêmes conditions personnelles que celles requises pour la réception de la communion sacramentelle. Tel est le cas d’une personne désireuse de recevoir le corps du Christ mais qui est empêchée de participer à la messe. C’est aussi ce que l’on peut vivre au cours de l’adoration eucharistique. Jean-Paul II affirme en effet que l’adoration eucharistique est aussi une communion de désir.

La communion spirituelle nécessite trois actes : 1/ la foi en la présence réelle de Jésus au Saint-Sacrement ; 2/ l’acte de désir par lequel on s’approche de l’autel en esprit comme si on recevait l’hostie des mains du prêtre ; 3/ enfin, l’action de grâce vécue de la même manière que si l’on avait communié sacramentellement.

La seconde situation sera celle d’une personne qui, en raison d’un péché grave ou d’une situation de vie particulière, ne peut pas accéder à la communion sacramentelle. Dans ce cas, elle peut vivre une communion spirituelle comme une tension vers le pardon du péché et vers la conversion de vie. On appelle alors cette communion spirituelle au sens large le « désir de la communion »

 

(1) Cf. Frère Benoît-Dominique de La Soujeole, o.p., « Communion sacramentelle et communion spirituelle », in Nova et Vetera (février 2011), p. 147 ss.

 

Y a-t-il des actes spéciaux qu’il est nécessaire de produire ? La plupart des auteurs recommandent de faire les mêmes actes que ceux qui sont indiqués avant et après la Communion, que l’on peut résumer ainsi :
1/- Acte de contrition (ou le « Confiteor », le « Domine non sum dignus », … )
2/- Acte de foi vive, qui nous représente Jésus-Christ victime immolée pour nous.
3/- Acte de désir, désir ardent de nous unir à Jésus dans le Sacrement si c’était possible.
4/- Acte de demande, qui nous fait implorer les Grâces qui sont promises à ceux qui se nourrissent de l’Eucharistie (par exemple le pardon pour nos fautes vénielles).
5/- Acte d’action de grâces. Saint Léonard n’hésite pas à nous engager a adorer notre Sauveur au dedans de nous, comme si nous avions communié réellement, à Le remercier etc …

Cependant, comme pour l’oraison, il ne faut pas qu’une méthode devienne un carcan qui charge l’âme, plutôt qu’elle la dilate. S’il est permis, à la suite de Saint Alphonse de Liguori, de citer des révélations privées, voici un conseil de Notre-Seigneur à Sœur Marie Lataste (en 1843) :

« Ma fille, la préparation pour la Communion Spirituelle n’est pas bien difficile ; il n’est pas nécessaire que vous fassiez tous les actes de la Communion Sacramentelle ; recueillez-vous un instant, présentez-vous en esprit devant mon Tabernacle, et dites-moi : « Seigneur Jésus, descendez dans mon cœur ! » Cela suffit. Mais vous devez, dans chaque Communion Spirituelle, vous proposer un but, par exemple d’obtenir une grâce ou une vertu en particulier ; vous pouvez aussi communier spirituellement dans l’intention que je vous ai suggérée pour vos Communions Sacramentelles, qui est d’obtenir de Dieu, mon Père, par mes mérites et la Communion que vous faites, les Grâces nécessaires pour connaître et accomplir parfaitement Sa sainte Volonté. Quand vous n’auriez jamais que cette intention, Elle me serait toujours agréable ».

Pour terminer, retenons cette instante recommandation de Sainte Thérèse d’Avila : « Si, dans le principe, vous ne vous trouvez pas bien de cette pratique, sachez que le démon en peut être la cause ; voyant quel grand dommage il en reçoit, pour vous en détourner, il vous fera éprouver je ne sais quel trouble et quelle angoisse de cœur et il cherchera à vous persuader que vous trouvez plus de dévotion en d’autres exercices de piété. Malgré ses insinuations, tenez ferme, n’abandonnez pas une si salutaire pratique, et prouvez ainsi à Notre-Seigneur que vous L’aimez véritablement ».

Ainsi soit-il.

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EGLISE CATHOLIQUE, EUCHARISTIE, LITURGIE, MESSE, OBJETS LITURGIQUES, VÊTEMENTS LITURGIQUES

La messe : objets et vêtements liturgiques

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LA MESSE : CONNAÎTRE LES OBJETS LITURGIQUES

Encensoir, corporal, ciboire, manuterge… Connaissez-vous le nom et le sens des différents objets utilisés dans la liturgie ? Savez-vous ce qui distingue le missel d’un lectionnaire ou d’un évangéliaire ? Pourriez-vous reconnaître, à la couleur de l’étole du prêtre, le « climat » liturgique de la fête célébrée ?
Vous trouverez ici quelques explications qui vous en rendront plus familiers.

 

 

CHASUBLE – AUBE – ÉTOLE

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L’aube est une grande tunique blanche. C’est l’habit principal de tous ceux qui exercent une fonction dans la liturgie. Seul le ministre ordonné met une étole (le diacre la met en diagonale sur l’épaule). Le célébrant principal de la messe porte la chasuble par dessus l’aube et l’étole. La couleur de la chasuble et de l’étole varie en fonction de la fête liturgique célébrée : vert pour un dimanche ordinaire, violet pour le carême, rouge pour une fête de martyr, etc.

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HOSTIES

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C’est du pain fabriqué sans levain, c’est-à-dire avec pour seuls ingrédients de la farine et de l’eau. Ce sont en général des monastères qui les fabriquent. Jésus a célébré la Cène avec le pain que les Juifs utilisaient pour la grande fête de la Pâque : du pain sans levain pour signifier la nouveauté de la délivrance du peuple de Dieu et la pureté du cœur.

Et pourquoi pas de levain ?

D’où vient cette tradition juive du pain sans levain que l’Eglise, à la suite de Jésus, a adoptée ?
Ce pain est utilisé dans l’Ancien Testament, au moment de l’Exode : « Yahvé dit à Moïse et à Aaron au pays d’Egypte : « Pendant sept jours, vous mangerez des azymes. Dès le premier jour vous ferez disparaître le levain de vos maisons car quiconque, du premier au septième jour, mangera du pain levé, celui-là sera retranché d’Israël. » (Ex 12,15)

En fait, le levain est un signe d’impureté. Aussi, on comprend mieux ces paroles du Nouveau Testament : « Jésus dit à ses disciples : « Méfiez-vous du levain – c’est à dire de l’hypocrisie – des pharisiens. Rien en effet n’est voilé qui ne sera révélé, rien de caché qui ne sera connu. C’est pourquoi, tout ce que vous aurez dit dans les ténèbres sera entendu au grand jour, et ce que vous aurez dit à l’oreille dans les pièces les plus retirées sera proclamé sur les toits. » (Lc 12,1-3)
« Purifiez-vous du vieux levain pour être une pâte nouvelle, puisque vous êtes des azymes. Car notre pâque, le Christ, a été immolée. Ainsi donc, célébrons la fête, non pas avec du vieux levain, ni un levain de malice et de méchanceté, mais avec des azymes de pureté et de vérité. » (I Cor 5,6-7)

 

GOUPILLON – BENITIER

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Le bénitier contient l’eau qui a été ou va être bénie par le prêtre. Le goupillon sert à asperger, mais on utilise aussi parfois un rameau de buis béni aux Rameaux. Ce rite signifie la demande de pardon, le désir d’être purifié, la foi dans la vie éternelle. On asperge l’assemblée au début de la messe, ou lors de la grande vigile de la nuit pascale, et le défunt lors d’un enterrement.

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ENCENS – NAVETTE – ENCENSOIR

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L’encensoir permet de brûler l’encens : il s’en dégage un parfum agréable, la fumée symbolise la prière qui monte vers le ciel. Plusieurs fois au cours de la messe, le servant de messe présente la navette (qui contient l’encens) au prêtre pour ranimer l’encensoir, puis le prêtre encense :

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Au début de la messe : l’autel et le cierge pascal (durant le temps de Pâques),

Au début de l’Évangile : la Parole de Dieu,

A l’offertoire : les offrandes (oblats) apportées sur l’autel qui vont être consacrées, puis l’assemblée des fidèles. Le thuriféraire encense alors aussi le prêtre.

Au moment de la consécration : le corps et le sang du Christ. Dans les églises d’Orient, on encense aussi les icônes peintes car elles portent le mystère du Christ.

BURETTES – PLATEAU – MANUTERGE

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Les deux burettes contiennent l’eau et le vin nécessaires à la célébration de la messe. Les servants de messe l’apportent au prêtre à l’autel au moment de l’offertoire : le vin est versé dans le calice, une goutte d’eau y est ajoutée symbolisant l’humanité qui est unie au Christ. En semaine, on utilise aussi la burette d’eau pour le  » lavabo  » : le servant verse de l’eau sur les mains du prêtre, au dessus du plateau ; le prêtre s’essuie les mains avec le manuterge. Pour des cérémonies plus solennelles, on utilise l’aiguière et le bassin.
Attention à ne pas se tromper : en général, la plus petite burette contient l’eau, la plus grande contient le vin !

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A propos du lavabo… 
Avant le Concile Vatican II, le prêtre faisait ce geste en récitant le début du psaume 25 :  » Lavabo inter innocentes manus meas, et circumdabo altare tuum, Domine. » « Je laverai mes mains pour être compté parmi les innocents et je me tiendrai auprès de l’autel du Seigneur. »
Aujourd’hui, le prêtre dit le début du psaume 50 : « Lave-moi de mes fautes, Seigneur, et purifie moi de mes péchés », mais ce geste a gardé son nom de… lavabo ! (passé dans le langage courant…)

 

PALE – PURIFICATOIRE

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La pale est un carré de toile cartonnée qui peut couvrir le calice pendant le messe et éviter ainsi que des impuretés tombent dans le vin qui deviendra le sang du Christ. Le purificatoire est un tissu blanc qui sert à purifier, à nettoyer les vases sacrés après usage.

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OSTENSOIR

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L’ostensoir est un vase sacré en forme de grand soleil pour présenter à l’adoration, l’hostie consacrée. Il ne sert pas pendant la messe, mais à la fin de la messe quand celle-ci se poursuit dans un temps d’adoration du Saint Sacrement.

Le « Tabernacle » , dans l’Ancien Testament, était une tente portative qui abritait l’Arche de l’Alliance. Il était considéré comme la demeure de Dieu parmi son peuple.

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Ce mot a été repris par l’Eglise pour désigner la petite armoire dans laquelle on place la « réserve eucharistique », c’est-à-dire, les hosties consacrées, destinées à être portées aux malades, ou à être distribuées lors d’une assemblée dominicale en l’absence de prêtre, ou proposées à l’adoration des fidèles dans une liturgie du Saint Sacrement.
Une lampe signale aux fidèles la présence de la réserve eucharistiqueau tabernacle, et les invite au respect et à la prière : Jésus Christ est présent.

 

CIERGE – CHANDELIER

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La liturgie a toujours beaucoup utilisé les cierges. Aux premiers siècles, c’était même le seul moyen d’éclairer. Aujourd’hui, cela signifie la solennité de l’action liturgique : il y a toujours un cierge allumé près de l’autel pendant la messe. La nuit pascale, on allume pour la première fois un grand cierge, symbole du Christ illuminant tous les hommes et on le garde allumé pour toutes les célébrations jusqu’à la Pentecôte (50 jours). Deux servants de messe, les céroféraires, portent des cierges lors des processions, et entourent l’autel au moment de la consécration.

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CALICE – PATENE – COUPE – CIBOIRE

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Ce sont les vases sacrés. Le calice reçoit le sang du Christ. Sur la patène, on dépose l’hostie consacrée durant la messe. Quand l’assemblée est nombreuse, on utilise aussi une coupe pour les petites hosties. Le ciboire est une grande coupe couverte pour contenir la réserve eucharistique au tabernacle.

 

AUTEL – CORPORAL

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Aux premiers siècles, l’autel où se célébrait l’eucharistie était de forme carrée pour signifier l’offrande de toute l’humanité avec ses quatre éléments définis par les anciens (eau, terre, feu, air) appelée à être divinisée (ce que symbolisait le cercle de la coupole en certains lieux). Aujourd’hui, le corporal est carré et l’hostie est ronde… C’est sur le corporal que sont déposés le calice et la patène.

 

MISSEL – LECTIONNAIRE

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Ce sont les deux livres nécessaires pour célébrer la messe. Le missel contient les prières : le servant de messe qui a la charge du missel le présente au prêtre pour les prières d’ouverture (le kyrie, le gloria, l’oraison), pour les prières de la liturgie de la Parole (credo, introduction et conclusion de la prière universelle), et vers la fin de la messe pour la prière après la communion. Pendant la prière eucharistique (la grande prière centrale de la messe) le missel est posé sur l’autel de manière à ce que le prêtre puisse lire.
Le lectionnaire est le livre qui contient les lectures de la parole de Dieu qui conviennent au jour de la célébration : première lecture dans l’Ancien Testament, deuxième lecture dans le Nouveau Testament et Évangile. A la sacristie, il y a plusieurs livres : lectionnaire du dimanche, lectionnaire de semaine, pour les saints… Parfois on utilise un Évangéliaire pour la lecture de l’Évangile : l’Évangéliaire est apporté solennellement en procession. Quand nous venons à la messe avec notre missel de l’assemblée, c’est un livre qui contient à la fois les lectures et quelques-unes des prières. Il nous aide à mieux suivre la messe ou à nous y préparer chez nous.

 

https://www.aiderpretres.fr/catecheses/messe

 

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Les objets liturgiques de la messe

De nombreux objets servent ou ont servi à la liturgie.

Le calice est un vase en forme de coupe, habituellement porté par un pied, avec une tige comportant un nœud, et dans lequel le prêtre consacre le vin lors de l’eucharistie.

La patène est un récipient en forme d’assiette servant à l’offrande et à la consécration des hosties durant l’eucharistie. Ces objets sont en métal noble, et généralement dorés à l’intérieur, pour honorer le corps et le sang du Christ présent après la consécration.

Les burettes et le plateau sont deux petites cruches recevant le vin et l’eau offerts dans le calice.

Le ciboire est une coupe munie d’un couvercle où l’on conserve les hosties consacrées que l’on distribue aux fidèles au moment de la communion.

Les plus anciens calices exposés sont de la forme « tulipe ». Le premier date du XVIIIe siècle, de forme très simple, il est accompagné de sa patène, le second est un calice historique : il a servi pour la dernière messe à laquelle a assisté Louis XVI. Il est conservé à Notre-Dame des Victoires, le troisième est aussi un calice du XVIIIe siècle venant de Saint-Louis en l’Île.

Comme l’ensemble de l’orfèvrerie de la Chambre des Pairs, un coffret contient un ensemble intéressant du XIXe siècle (CDAS) orné d’inscriptions en latin, sur fond bleu :
Le calice : Hic est enim calix singuinis mei qui pro nobis offenditur in remissionem peccatorum. Ceci est le calice de mon sang qui est offert pour nous en rémission des péchés.
La patène, très simple, porte uniquement une croix
Le ciboire porte plusieurs inscriptions en latin :

ego sum panis vivus qui de coelo descendi. Voici, je suis le pain vivant descendu du ciel. Qui manducavit hanc panem vivat in aeternum.

Celui qui mange ce pain vivra éternellement.

Qui manducat meum carnem in me manet et ego in illo. Celui qui mange ma chair demeure en moi et moi en lui.

Les burettes et le plateau portent également des inscriptions en latin.

Puis on observe un changement de formes, avec des calices plus évasés en forme de coupes : un calice et une patène en argent martelé, un calice et une patène signé Puiforcat.

Un magnifique ciboire du XIXe siècle recouvert d’émaux, provient de Saint-Sulpice, un autre de Saint-Etienne du Mont.

Enfin, pour l’église Saint François de Molitor, un calice et une patène ont été réalisés dans le style de l’édifice par l’architecte.

Sur l’autel, face au prêtre se trouve un crucifix, de petite taille, et depuis le Concile Vatican II, il est souvent couché pour ne pas gêner la vue des fidèles. (Saint-Jean-Bosco).

 

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Glossaire de la liturgie

Définitions de termes techniques.

Burettes :
Flacons posés sur un plateau en verre ou en métal, contenant l’eau et le vin destinés à être versés dans le calice lors de l’eucharistie. Ils portent la lettre A (aqua) ou des joncs pour l’eau, V (vinum) ou de la vigne pour le vin.

Calice :
Vase sacré dans lequel le prêtre consacre le vin lors de l’eucharistie. Il est formé d’un pied, d’une tige comportant un nœud, d’une coupe quelquefois tenue dans une fausse coupe ornée.

Chandelier :
Généralement métallique, il peut être de forme simple avec pied, tige et bobèche, ou bien compose d’un décor à motif végétal parfois à multiples bobèches. Au XIXe s, ils étaient garnis de faux cierges de tôle peinte appelés souches.

Ciboire :
Vase sacré sur pied en forme de coupe, muni d’un couvercle surmonté d’une petite croix, servant à conserver les hosties consacrées.

Clochette ou sonnette liturgique :
Clochette (à manche) ou sonnette (3 ou 4 clochettes formant carillon) en bronze. Elle marque les temps forts de la consécration.

Croix de procession : croix en métal ou en bois doré portant un crucifix, montée sur une tige appelée hampe.

Custode :
Ciboire de petites dimensions servant à porter l’eucharistie aux malades ayant la forme d’une boîte plate.

Encensoir :
Récipient servant à brûler l’encens sur des braises incandescentes. Il se compose d’une cassolette suspendue à trois chaînes et d’une cheminée, qu on lève à l’aide d’une quatrième chaîne. II sert principalement au moment de l’offertoire et pour les obsèques.

Garniture d’autel :
Elle se compose d’une croix sur pied portant un crucifix et de six chandeliers décorés de manière identique.

Lampe de sanctuaire :
Lampe de différentes formes, souvent en métal portant une coupe en verre ronge suspendue. Elle signifie la présence eucharistique.

Lunule :
Réceptacle ouvrant placé au centre de l’ostensoir, en verre cerclé d’or, qui contient et préserve l’hostie consacrée.

Navette :
Petit récipient en forme de navire sur pied, dans lequel est conservé l’encens destiné à être brûlé. Elle est accompagnée d’une cuillère.

Ostensoir :
Il sert à exposer l’hostie consacrée à l’adoration des fidèles. Il se compose d’un pied, d’une tige comportant un nœud et d’une lunette circulaire en verre entourée de rayons (ostensoir-soleil) à l’intérieur de laquelle est placée la lunule.

Patène : Petit plat circulaire posé sur le calice servant à l’offrande et à la consécration des hosties. L’intérieur est plan et lisse, l’extérieur porte un monogramme ou un symbole eucharistique.

Pyxide :
Ciboire de petites dimensions servant à porter l’eucharistie aux malades ayant la forme d’une simple coupe sur une petite base.

Thabor :
Petite estrade en métal ou bois doré servant à surélever l’ostensoir lorsqu’il n’est pas présenté sous un trône d’exposition (sorte de dais à colonnettes placé au-dessus du tabernacle).

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Calendrier liturgique

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Les couleurs du temps liturgique

Afin de permettre aux fidèles de mieux comprendre et de mieux participer aux célébrations, l’Église depuis plusieurs siècles a choisi de symboliser la signification de la célébration au travers des couleurs des ornements du prêtre. Dans l’ancienne liturgie on les retrouvait sur l’étole, le manipule, la chasuble, le voile du calice, la bourse et parfois le cordon de l’aube (aujourd’hui essentiellement sur l’étole et la chasuble).
Chaque jour une couleur particulière est liée à la fête célébrée. Plus largement au cours de l’année liturgique qui débute par l’Avent, période précédant Noël, une couleur est associée à chaque grande période.

 Violet  : Couleur des périodes d’attente et de pénitence que sont les temps de l’Avent et du Carême mais aussi de deuil comme le Vendredi Saint, le 2 novembre (fidèles défunts) et généralement pour la célébration des obsèques. Le noir n’est plus utilisé dans la nouvelle liturgie.

 Blanc  : Couleur associée à la joie des grandes fêtes : temps de Noël, Jeudi Saint, temps de Pâques, Christ Roi, Présentation, Saint Jean-Baptiste, Transfiguration, Assomption de la Sainte Vierge, Toussaint, Dédicace de Saint Jean de Latran. Le blanc est également utilisée pour les fêtes des saints non martyrs.

 Rouge  : Couleur du sang, du feu et de la royauté, le rouge est utilisé le jour des Rameaux, pour la fête de Saint Pierre et Saint Paul, l’exaltation de Sainte Croix, la Pentecôte et tous les saints martyrs.

 Vert  : Couleur de la vie et de l’espérance, le vert correspond au temps ordinaire (c’est-à-dire en dehors des autres temps énumérés ci-dessus).

 

La chasuble

La chasuble, casula (appelée encore suivant les pays et les époques casubla, planeta, mantel), vêtement de dessus dont le prêtre se revêt pour offrir le Saint-Sacrifice, est cette paenula gréco-romaine que nous venons de voir figurer dans la loi de 382, vaste manteau de laine de forme ronde ou conique, percé en son milieu d’un trou pour y passer la tête et souvent muni d’un capuchon. Elle fut dès l’origine le vêtement de tous les Chrétiens, elle resta par excellence celui des clercs qui la portèrent indistinctement dans les fonctions liturgiques jusqu’au IXe siècle, époque où prévalut l’usage de la dalmatique pour le diacre, de la tunique pour le sous-diacre.

Les mosaïques de Rome et de Ravenne (VIe et VIIe siècles) nous ont conservé de remarquables types de ces paenulae ou casulae primitives si graves dans leur simplicité, si symboliques dans leur ampleur.

Aux lainages souples, dont la plupart de ces chasubles étaient faites, succédèrent au IXe siècle les somptueuses soieries byzantines ; à l’ornementation sobre, composée d’étroits galons, destinés d’abord moins à décorer la chasuble qu’à en cacher les coutures, furent substitués les riches orfrois, chefs d’œuvre de peinture à l’aiguille, que remplacèrent à leur tour, à la Renaissance, et jusque dans nos temps actuels, les lourdes broderies en bosse ; aussi tant pour la commodité des mouvements que pour diminuer le poids du vêtement, la vaste planète primitive perdit sa forme circulaire pour devenir successivement elliptique, rectangulaire.

D’autre part la décoration, constituée d’abord par deux galons ou étroites colonnes posées sur chaque face de la chasuble, aux coutures principales prenait suivant la fantaisie de l’artiste, la forme d’une fourche à deux ou trois branches, d’un arbre de vie ou d’une croix véritable.

Depuis trois quarts de siècle la grande chasuble toujours en vigueur aux jours d’Avent et de Carême dans plusieurs métropoles et dans certains ordres religieux réapparaît sur de très multiples points. À Rome on s’en sert particulièrement pour la célébration du culte des martyrs aux Catacombes ; elle est d’un usage courant en Belgique, et tend de plus en plus à prévaloir en France, en Allemagne, en Angleterre.

« Seigneur, dit le prêtre en revêtant la chasuble, vous qui avez dit : mon joug est suave et mon fardeau léger, accordez-moi de le porter de manière à obtenir votre grâce ». Symbole du Joug du Seigneur, elle l’est encore et surtout de la charité. « Recevez, dit l’évêque au nouvel ordonné, ce vêtement sacerdotal qui signifie la charité, Dieu est assez puissant pour développer en vous l’amour et la perfection de votre activité ».

La chasuble sacerdotale sert essentiellement au Saint-Sacrifice. En dehors de cette fonction le prêtre la revêt aux processions solennelles du Saint-Sacrement et à la Messe pontificale. Le diacre et le sous-diacre en font usage aux Messes de l’Avent et du Carême, à la bénédiction des cierges le 2 février, à la cérémonie du matin, le Vendredi-Saint. La chasuble doit être bénite.

 

Le manipule

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Le manipule, appelé encore au moyen âge sudarium, mappula, fanon, ne se distinguait pas à l’origine de cette mappa ou mouchoir de cérémonie dont les Romains avaient accoutumé de se servir pour essuyer la sueur du visage ou se garantir la tête du soleil. Porté d’abord par les diacres de l’Église romaine, l’usage s’en étendit aux évêques, aux prêtres, aux sous-diacres et même aux clercs inférieurs. Au XIe siècle il fut attribué aux seuls ordres majeurs et devint comme tel, l’insigne particulier du sous-diaconat.

L’habitude prise de plisser la mappula lui fit donner le nom de manipulus, manipule, petite gerbe. Vers le IXe siècle la mappula de lin se transforme en bande étroite décorée de broderies, aux deux extrémités de laquelle on ajouta quelquefois de petites pièces plus riches en forme de carré ou de trapèze. Des franges ou des glands achevaient d’orner ce parement.

L’Église aime voir dans le manipule le symbole du travail et de la pénitence d’ici-bas que couronnera une joie éternelle. L’évêque, l’imposant au nouveau sous-diacre, l’invite à le recevoir comme une exhortation aux bonnes œuvres, et le prêtre, s’en revêtant, demande à Dieu la grâce « de porter le manipule des larmes et des douleurs afin de recevoir dans l’allégresse la récompense de son labeur ».
Le manipule doit être béni.

L’évêque, le prêtre, le diacre et le sous-diacre font usage du manipule à la Messe seulement. Par exception les ministres sacrés prennent leur manipule pour la bénédiction des Rameaux ; mais ils le déposent pour la procession qui suit.

 

L’étole

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À l’orarium romain correspond l’orarium ou stola liturgique, primitivement simple voile de lin en usage d’abord chez les diacres orientaux, à qui semble en revenir l’innovation dans les fonctions liturgiques, puis importé en Occident et enfin adopté à Rome.

Comme la mappula ou manipule, l’orarium de toile ne tarda pas à devenir parement, riche bande ornée que les diacres portaient sur l’épaule gauche. La similitude qu’il offrait alors avec la précieuse bordure du vêtement romain nommé stola fut sans doute la raison pour laquelle on lui imposa ce dernier nom.

L’Orarium fut dès l’origine l’insigne caractéristique des diacres. Cependant, à Rome, il resta jusqu’au Xe siècle une partie accessoire du vêtement liturgique de tous les clercs, tant des ordres mineurs que des ordres majeurs. Ce n’est qu’à cette époque qu’il y devint, comme ailleurs, l’insigne réservé au diacre.

La forme de l’étole évolua parallèlement à celle du manipule. Comme ce dernier, l’étole fut dès sa transformation et resta jusqu’à nos jours, essentiellement une longue bande qui, tantôt rétrécie dans sa partie médiane et évasée à ses extrémités, tantôt uniformément étroite, était munie de une ou plusieurs croix et décorée sur toute sa longueur de riches broderies, parfois même de personnages.

L’étole sacerdotale est portée sur les deux épaules et s’impose sur le cou du prêtre, comme un signe de ce joug très doux et de ce fardeau des âmes que Notre-Seigneur veut rendre léger. L’Église aime encore à la présenter à ses ministres comme le symbole de la justice et de l’immortalité : « Rendez-moi, Seigneur, l’étole que la prévarication des premiers parents me fit perdre, puissé-je obtenir la joie éternelle, bien que je sois indigne de m’approcher de vos saints mystères ».

D’une façon générale, l’étole sert au prêtre et au diacre dans toutes les fonctions qui ressortissent de l’ordre sacré qu’ils ont reçu : Saint Sacrifice, administration des sacrements, bénédiction, exposition du Très Saint-Sacrement, etc.

L’étole sacerdotale se porte sur l’aube, croisée sur la poitrine ; l’évêque la laisse pendre sur les deux côtés sans la croiser, ce que fait aussi le prêtre lorsque portant l’étole sur le surplis, il ne peut la lier par le cordon d’aube. Le diacre la porte sur l’épaule gauche, les deux extrémités réunies sur le côté droit.

Suivant les ministres et les fonctions auxquelles sert l’étole, on distingue :
L’étole sacerdotale qui accompagne la chasuble et qui sert au prêtre pour la célébration du Saint-Sacrifice.
L’étole pastorale réservée pour l’administration des sacrements, la prédication, la communion du prêtre et lorsque en surplis il touche le Saint-Sacrement.
L’étole diaconale dont le diacre se revêt à la Grand’Messe, lorsqu il reçoit la Sainte-Communion, quand il doit toucher les vases sacrés qui contiennent l’Eucharistie et aux processions du Saint-Sacrement.
L’étole d’administration qui sert pour l’administration des sacrements aux malades.

Les étoles doivent être bénites.

 

Dalmatique et tunique

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Les plus anciens textes connus relatifs à la dalmatique datent de l’époque impériale et semblent lui donner pour origine la Dalmatie. Il est difficile de la distinguer à ses débuts de la tunica interiorqu’elle devait plus tard recouvrir ; elle se portait sous la toge ou la paenula, Commode et Héliogabale la mirent à la mode comme vêtement de dessus.

Il est certain qu’avant le VIe siècle, elle était déjà adoptée par le Pape et formait le vêtement distinctif des diacres romains. Dans la suite nous voyons le Souverain Pontife l’accorder en signe d’honneur à certains évêques et archidiacres ; au IXe siècle elle est portée par les évêques et les diacres, partout où s’est introduit le rit romain. C’est un vêtement blanc, ample, à larges manches, orné de bandes couleur pourpre, disposées verticalement et appelées clavi.

Le costume des sous-diacres se fixa plus lentement, c’est au VIIe siècle selon les uns, au IXe seulement selon les autres qu’ils paraissent définitivement revêtus de la tunica linea ou stricta, appelée aussi dalmatica minor, tunicella. C’est un vêtement talaire fait de lin blanc, à manches longues et étroites, sans clavi, ni ornements.

L’apparition du canon des couleurs vers l’an 1000, et sa fixation au XIIe siècle, inaugure pour les deux vêtements la série des transformations. Du XIIIe au XVe siècle, on hésite sur le mode de leur décoration, les clavi jugés inséparables de la dalmatique blanche disparaissent, puis reparaissent sous forme d’orfrois, auxquels on ajoute une ou deux bandes transversales. Les siècles qui suivirent ont déformé comme à plaisir les deux vêtements et les ont complètement identifiés, au mépris de la tradition et des prescriptions du cérémonial des évêques.

Le symbolisme de la dalmatique et de la tunique – l’innocence et la joie – leur vient de celui que l’Église attribue à la couleur blanche qui, longtemps, fut obligatoirement la leur. « Que le Seigneur, dit l’évêque au diacre en lui imposant la dalmatique, vous revête de l’habit de la félicité et de la robe de la joie et qu’il vous environne toujours de la dalmatique de la justice ».

Vêtements de joie, la dalmatique diaconale et la tunique sous-diaconale n’apparaissent qu’aux fonctions et aux bénédictions solennelles. Aux temps de pénitence, Avent et Carême, elles sont remplacées par l’antique casula. Cependant à certains jours où prévaut l’allégresse, les ministres peuvent s’en revêtir, tels les dimanches de Gaudete et Laetare, la Vigile de Noël, le Samedi Saint, la Vigile et les Quatre Temps de la Pentecôte.

Il n’est pas obligatoire mais il est convenable que la dalmatique et la tunique soient bénites avec la formule pour les ornements in genere.

 

La chape

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Il est admis généralement que la chape liturgique, grand manteau semi-circulaire que le prêtre revêt dans les fonctions solennelles en dehors du Saint-Sacrifice, n’est qu’un doublet de la chasuble et dérive comme elle de l’antique paenula. Ce vêtement appelé suivant les pays casulaplaneta, cappa, devait sous ce dernier nom évoluer parallèlement à la chasuble et garder pendant longtemps avec cette dernière, dans la coupe et l’ornementation, des traces d’une si étroite parenté.

En effet les deux vêtements, après s’être confondus longtemps dans une même forme, se distinguèrent d’abord par une ouverture antérieure qui, pratiquée à certaines cappae, fut toujours absente à la casula en usage pour le St-Sacrifice, puis par le capuchon qui, supprimé à la casula, fut maintenu sur la cappa. Cependant de même que plusieurs chasubles gardèrent un vestige de ce capuchon dans la disposition de l’orfroi dorsal, telle celle de Saint Thomas Becket (trésor de la cathédrale de Sens), de même plusieurs chapes prirent de la chasuble ses formes d’ornementation, telle la chape conservée au musée de Lyon. Quelques chapes gardèrent leur capuchon, un plus grand nombre le perdirent. Il ne devait réapparaître, transformé en chaperon qu’au XVe siècle et, sous cette forme, prévaloir jusqu’à nos jours.

Les chapes du Moyen-Âge qui nous sont restées sont pour la plupart couvertes de peintures à l’aiguille où sont retracées la vie de Notre-Seigneur, de la Sainte Vierge et des saints.

On voit, dès le VIe siècle (Ravenne, mosaïque de Saint Apollinaire), la chape munie d’un fermail que le moyen âge devait enrichir d’émaux et de pierreries. Aujourd’hui, ces sortes de boucles précieuses sont réservées aux évêques officiants dans leur diocèse.

Vêtement de cérémonie pour l’évêque et le prêtre, la chape est, sous une forme plus simple, accordée aux chantres et aux ministres inférieurs. Le célébrant, évêque ou prêtre, s’en revêt dans les offices solennels autres que la célébration de la Messe, et dans les fonctions où l’étole est prescrite, pour en rehausser la solennité.

Les liturgistes du moyen âge s’accordent à voir figurées dans ce vêtement festival la résurrection à venir et la joie du ciel. Par son ampleur, on peut ajouter que, comme la chasuble, elle symbolise la charité. La chape ne reçoit pas de bénédiction.

 

EGLISE CATHOLIQUE, EUCHARISTIE, L'EUCHARISTIE, LITURGIE, MESSE

Le déroulement de la messe

Le déroulement de la messe 

pourquoi la messe est-elle appelée « Eucharistie » ? Que signifie le mot « Eucharistie ». C’est un mot grec. Un mot tout simple d’ailleurs puisqu’il veut dire : « merci » ! De nos jours encore, en Grèce, on entend ce mot prononcé dans la rue, dans les conversations courantes. Pour un service rendu, on dit « eucharisto poli » (merci beaucoup). Il n’est certainement pas inutile de rappeler que célébrer la messe, c’est d’abord et avant tout dire merci. C’est une action de grâce ! « Vraiment il est juste et bon de te rendre grâce…  ».
En partant à l’église le dimanche, il est bon de se demander : de quoi puis-je rendre grâce à Dieu ? L’apôtre Paul écrit aux Ephésiens : « chantez et célébrez le Seigneur de tout votre cœur, remerciant (eucharistiant) Dieu le Père en tout temps et à tout propos au nom de notre Seigneur Jésus Christ » (Eph 5,19-20).
C’est certainement le motif le plus profond que nous avons de venir à la messe. Nous venons comme le lépreux de l’évangile (cf. Luc 17) remercier le Seigneur. Déjà Origène au 3ème siècle s’exprimait ainsi : «  nous célébrons l’eucharistie car nous ne sommes pas des ingrats ».

  

Procession et chant d’entrée. 

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La première action de la sainte messe est le chant d’entrée qui accompagne la procession du prêtre et des servants de messe.
Cette procession d’entrée symbolise le chemin de Croix qu’a suivi le Christ avant de mourir. L’autel est le Calvaire où le prêtre “in persona Christi” va offrir le sacrifice de la Croix pour notre salut. Cette procession prépare le cœur du prêtre et des fidèles à monter par la pensée au Calvaire et à s’offrir en sacrifice avec Jésus au Père.

Le chant d’entrée a une double fonction : rendre visible l’unité de l’assemblée chrétienne en unissant nos voix et aussi nous aider à comprendre le sens de la célébration, selon le temps liturgique ou la fête du jour. Le chant a en même temps le rôle de préparer à l’Eucharistie, en priant doublement selon ce que disait saint Augustin : «  Chanter, c’est prier deux fois  ».

Baiser de l’autel – encensement.

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L’autel, point central de l’église symbolise le Christ, pierre d’angle rejetée par les bâtisseurs (Ac, 4,11). Ainsi, l’autel est le lieu où s’accomplit le sacrifice parfait dont on retrouve les préfigurations dans l’Ancien Testament. Il est aussi le centre de l’action de grâce, la table où se célèbre le repas du Christ et, en même temps, le signe du Christ Jésus au milieu de la communauté. Il symbolise aussi le tombeau des martyrs sur lequel les premiers chrétiens célébraient l’Eucharistie.
Avec le temps, l’Eglise a pris l’habitude de sceller les reliques d’un saint dans une pierre encastrée dans l’autel : c’est la pierre d’autel : “Ara” Sur cette pierre sont gravées cinq croix en souvenir des cinq plaies de Jésus crucifié.
Le baiser que le prêtre fait sur l’autel au début de la célébration et l’encensement sont de gestes de vénération et de respect envers le Christ.
Ayons donc du respect pour l’autel, saluons-le avec dignité lorsque nous passons devant lui, car il est l’endroit où se renouvelle quotidiennement le sacrifice de Jésus au Calvaire.

 Le signe de croix. 
C’est le signe des chrétiens qui se rappellent que Jésus est mort sur la croix par amour pour tous les humains. Au début de la messe, avec tous ceux qui sont rassemblés, nous traçons ce signe sur nous.
Il doit être ample pour nous envelopper comme s’il était un vêtement ; le vêtement du chrétien, sa véritable dimension. Toutes les prières du chrétien devraient débuter et s’achever par ce signe de foi en Dieu Père, Fils et Saint-Esprit.
Il nous rappelle aussi que la messe est une prière à toute la Trinité : le Fils qui s’offre au Père par la puissance de l’Esprit Saint.
L’assemblée adhère à cette profession de foi qui manifeste son identité chrétienne en répondant « amen », c’est-à-dire « oui, nous y croyons ».

Salutation au peuple. 
Après le signe de croix, le célébrant fait une salutation au peuple. Il y a trois formules possibles :
« Le Seigneur soit avec vous  » (2 Th 3,16).
« La grâce de Jésus notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous » (2 Co 13,13).
« Que Dieu, notre Père et Jésus-Christ notre Seigneur vous donnent la grâce et la paix  » (1 Co 1,3 ; Ep 6,23).
Ces formules de salutation au peuple de Dieu sont les formules utilisées par les apôtres dans leurs lettres destinées aux premières communautés chrétiennes. Elles expriment la même certitude de foi qui anime l’assemblée chrétienne : Dieu est au milieu de nous et c’est Lui qui nous rassemble. « Lorsque deux ou trois seront réunis en mon nom, je serai là au milieu d’eux » (Mt 18,20).

Rite pénitentiel.

Le prêtre invite l’assemblée à « se reconnaître pécheur », c’est-à-dire à demander la grâce de ses péchés d’un cœur contrit. Le rite pénitentiel est une excellente préparation pour accueillir la parole de Dieu et pour communier en vérité au Corps et au Sang du Christ. Cela nous remet à notre juste place. En effet, nous appartenons à un peuple de pécheurs pardonné et sanctifié par le Christ. Il s’agit de demander et d’accueillir la grâce de Dieu pour nous reconnaître pécheur : de nommer dans le secret de notre cœur tous ces manquements qui sont éloignements de Dieu et dont nous serons purifiés par la grâce de l’Eucharistie ou, s’il s’agit de fautes graves, par la confession.

Le Kyrie Eleison. 
C’est une prière (en grec) héritée des origines de l’Eglise. Ce rite litanique reprend la demande de miséricorde adressée à Jésus par les aveugles et d’autres malades : « Seigneur, prends pitié, O Christ, …  » (Mt 15,22 ; Mt 20,30 ; Mc 10,47)

Gloire à Dieu.
Dieu est bon ! Il est grand ! Il fait des merveilles et nous sommes heureux de savoir qu’Il nous aime.
C’est pourquoi nous le chantons : « Gloire à Dieu ………  ». C’est un des plus vieux hymnes de l’Église. Il commence par l’annonce des anges aux bergers : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime  » (Luc 2,14).
C’est une prière de louange, d’action de grâce, une acclamation à Dieu qui par la naissance du Messie, vient sauver son peuple et lui fait don de son amour.
De nos jours, le Gloria est proclamé à chaque messe dominicale, à l’exception des dimanches appartenant aux temps de pénitence, Avent et Carême.

Prière d’ouverture ou collecte. 
Le célébrant prend la parole et invite à la prière en disant : « Prions le Seigneur ». Puis le prêtre dit la prière d’ouverture en collectant les prières personnelles et reprend généralement le thème du dimanche ou de la fête célébrée. C’est important donc que, dans ces instants de silence, nous pensions à nos intentions et demandes particulières pour qu’elles soient présentées à Dieu à travers le prêtre, notre médiateur.
Elle s’achève par « pour les siècles des siècles  », traduction d’une expression hébraïque qui signifie que la souveraineté divine à laquelle nous accédons par la prière dépasse toute durée humaine et nous plonge dans le déploiement de l’histoire jusqu’à son achèvement à la fin des temps quand « l‘univers entier sera réuni sous un seul chef, le Christ » (Ep. 1,10).
L’assemblée adhère à cette prière en répondant « amen  » qui signifie « ainsi soit-il ».

Les lectures.

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La liturgie de la Parole.
A la messe, les chrétiens écoutent la Parole de Dieu. Cette parole transmise dans la Bible, a été écrite par de nombreux auteurs pendant des centaines d’années à travers des récits, des histoires, des poésies, des proverbes, des chants, des cris de douleur et de joie.
L’entendre ne suffit pas, l’écouter ne suffit pas. La Parole doit entrer dans notre cœur comme une nourriture. Elle doit rejoindre notre vie comme une lumière qui lui donne du sens et la fait entrer dans la grande histoire du Peuple de Dieu, dans la grande histoire de l’humanité. C’est un moment de prière où nous écoutons la Voix de Dieu.

Le dimanche, on lit trois textes :
Le premier est tiré d’habitude de l’Ancien Testament qui contient la Loi de Yahvé, les écrits des prophètes, l’histoire du peuple d’Israël et des écrits de sagesse.
Cette lecture est toujours en relation directe avec l’Evangile de manière à ce que le texte de l’Ancien Testament annonce une promesse de Dieu qui sera accomplie par Jésus dans l’Evangile.
Le deuxième est tiré des lettres des apôtres : Pierre, Paul, Jean ou Jacques. Elle se fait en mode de lecture continue afin de nous faire connaître l’enseignement des apôtres qui est à la source de notre vie chrétienne.
Le troisième est un extrait de l’Evangile qui répond à la première lecture dans un dialogue d’Alliance entre Dieu et son Peuple (Matthieu, année A ; Marc, année B ; Luc, année C ou Jean qui est plus particulièrement lu à l’occasion de certaines fêtes ou moments de l’année).
Le psaume. Le psaume, lu après le premier passage d’Ecriture est le lien profond entre les trois lectures. Et il nous offre un moment de louange et prière de préparation pour accueillir l’Evangile.

Alléluia et Evangile.
Alléluia est un mot hébreu qui signifie « louez Dieu ». C’est une invitation à la louange qui a pour fonction de mettre en relief la parole de l’Evangile.
Les trois petites croix que nous traçons sur notre front, sur nos lèvres et notre cœur avant d’écouter l’Evangile est un geste simple pour demander de bien entendre la Parole, de la garder dans notre cœur et de la proclamer par nos lèvres.
Pour l’Evangile nous nous mettons debout. Dans la gestuelle symbolique chrétienne, c’est le respect pour accueillir le Christ qui vient à nous par les paroles de l’Evangile.

L’homélie.

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Comme les apôtres à la suite du Christ, le prêtre explique le message que Dieu veut nous dire par sa Parole. Elle doit montrer comment la Parole peut éclairer notre vie aujourd’hui afin que nous puissions mieux en vivre dans notre quotidien.

Profession de foi. 
En réponse à la Parole de Dieu, nous exprimons notre foi en Dieu comme au jour de notre baptême par le symbole des apôtres ou le symbole de Nicée-Constantinople. Ce sont des textes très anciens dans l’histoire de l’Eglise, des « symboles », ce qui nous fait « tenir ensemble » dans la foi.

Prière universelle ou des fidèles
La prière des fidèles renoue avec une tradition ancestrale. La prière de cette assemblée-ci, limitée à ce lieu, à ce temps, s’élargit à la mesure de l’Eglise universelle, d’où son nom de « prière universelle ». C’est pourquoi une communauté particulière peut se dire catholique : elle ne célèbre pas sa liturgie mais celle de l’Eglise, en communion avec toute l’Eglise catholique.

Liturgie de l’Eucharistie.

Maintenant nous commençons la liturgie de l’Eucharistie, la deuxième grande partie de la sainte messe, dont le cœur est la consécration.

La quête.
La quête se fait à ce moment de la messe parce que c’est le gage concret de l’amour fraternel et de la participation des chrétiens à la vie matérielle et aux besoins de l’Eglise. Autrefois, assez souvent, l’offrande était faite de dons en nature pour un partage des biens comme la collecte faite par saint Paul pour l’Eglise de Jérusalem. L’argent recueilli est le signe matériel de l’offrande que nous faisons de nous-mêmes, de nos forces et de nos énergies.

Offertoire.
Le prêtre, au nom de toute la communauté, présente le pain et le vin. C’est parce que le Christ lui-même a utilisé ces aliments pour nous laisser l’Eucharistie qui est en même temps sacrement pour nourrir notre âme et sacrifice pour pardonner nos péchés.
Le pain demande beaucoup de travail, la plantation du blé, la récolte, la mouture du grain et la cuisson de la pâte. Le pain est donc un excellent symbole du travail patient et méticuleux de l’homme. En plus, des milliers de grains devenant un même pain forme l’image d’une Eglise constituée d’une multitude de membres. De même pour le vin.
En présentant le pain et le vin, le prêtre dit une prière de bénédiction qui a pour but de reconnaître que tout nous vient du Dieu de l’univers. Elle s’inspire directement de la bénédiction juive que le père de famille prononçait au début du repas sur le pain. Elle a été récitée par Jésus au dernier repas avec ses apôtres. Avant de présenter le vin, le prêtre y ajoute une goutte d’eau. Cette eau symbolise notre assemblée ici-présente qui doit s’unir au Christ pour le sacrifice afin de profiter de ses fruits. De même, elle symbolise l’eau et le sang qui ont coulés du côté ouvert du Christ sur la Croix.
Après la présentation du pain et du vin, le prêtre s’incline profondément devant l’autel et dit à voix basse : « Humbles et pauvres, nous te supplions, Seigneur : accueille-nous. Que notre sacrifice, en ce jour, trouve grâce devant Toi  ». Cette courte prière nous montre avec quel esprit et avec quelle disposition de cœur il nous faut porter notre offrande à Dieu : simplicité et pauvreté.

Parfois, le prêtre encense le pain et le vin ainsi que les membres de l’assemblée eucharistique. Ce rite témoigne de l’honneur rendu à une personne ou à un objet. Il est aussi signe de la présence de Dieu et de notre prière qui monte vers Lui comme la fumée monte vers le ciel dans la prière du soir (Ps. I41, 2).
Ensuite le prêtre se lave les mains en disant : « Lave moi de mes fautes, Seigneur, et purifie moi de mon péché ». Ce rite a pris place dans la liturgie en fidélité au geste d’humilité et de purification que Jésus a pratiqué lors de la Cène (lavement des pieds). Et aussi, on purifie les doigts qui vont toucher et offrir le Corps du Christ tout de suite.

 Prière Eucharistique.

La Préface et Sanctus.
Au début de la prière eucharistique, un dialogue inspiré des usages juifs s’instaure entre le président et l’assemblée : « Prions ensemble au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Église ». En effet, la messe nous fait entrer dans l’action de grâce du Christ et de son Église « pour la gloire de Dieu et le salut du monde  » (Vatican II : Lumen gentium, 11). Pour cela, « sursum corda ! », « élevons notre cœur ! », formule déjà attestée dans les catéchèses de Jérusalem. Le prêtre demande que les cœurs se détachent des pensées de la terre pour se diriger vers Dieu seul. Ici commence le sacrifice.
La préface est une prière, ou mieux, un chant d’action de grâces à Dieu pour tous ses bienfaits, surtout pour la Rédemption. Cette prière culmine avec l’hymne du Sanctus, union de la terre et du ciel dans une même louange. L’univers est rempli de la gloire de Dieu qui, en sa plénitude, est présent en toute chose. En Dieu, il n’y a que beauté, amour et perfection, Il est Dieu trois fois saint.
Le sanctus est formé de deux parties : l’acclamation d’Isaïe « Saint ! Saint ! Saint le Seigneur… » le jour où le mystère de Dieu se dévoilait devant lui et où lui était annoncée sa mission de prophète (Is 6, 3). L’acclamation de la foule : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna, au plus haut des cieux  » le jour où Jésus est entré dans Jérusalem.

Canon ou prière Eucharistique.
La suite de la prière eucharistique est appelée « canon » (d’un mot grec qui signifie « règle ») car c’est une partie fixe.
Toute la prière eucharistique est entièrement adressée au Père. Elle est dite et accomplie au nom du Christ pour son Eglise assemblée qui est ainsi unie à son sacrifice rédempteur dans l’Esprit Saint. Elle fait mémoire des gestes et des paroles de Jésus pendant son dernier repas, la Cène.
Avant le concile Vatican II, il n’y avait qu’une seule prière eucharistique, le canon romain. Depuis, l’Eglise donne le choix entre quatre prières eucharistiques.
Chacune des prières suit le schéma général :
L’invocation de l’Esprit Saint sur les dons (épiclèse), afin que par sa puissance soient-ils sanctifiés et transformés dans le corps et le sang du Christ [1] .

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Le récit de l’institution eucharistique (consécration [2] ou anamnèse [3] ). Le cœur de toute la Messe, le renouvellement du sacrifice du Christ sur l’autel : corps livré, sang versé pour nous. A ce moment très solennel on est tous à genoux, pour adorer le Saint Mystère.
La prière de l’anamnèse et l’invocation de l’Esprit Saint sur la communauté (seconde épiclèse).
Les prières d’intercession [4] . Pour appliquer les fruits du Sacrifice du Christ : on prie pour les défunts, pour les vivants, pour l’Église, etc…

Doxologie.
« Doxologie » vient du grec « doxa » =louange ou gloire et « logos » = parole. C’est une prière de louange envers Dieu Un et Trine : «  Il n’y a qu’un seul Dieu et Père de qui tout vient, et un seul Seigneur Jésus-Christ par qui tout existe » (1Co 8, 6). Il est donc juste que toute louange remonte vers le Père par le Christ.
Cette doxologie finale « Par Lui, avec Lui et en Lui  » veut d’abord dire que notre chemin vers le Père est Jésus, seul médiateur entre Dieu et les hommes. C’est effectivement grâce à Jésus que nous sommes sauvés et emportés dans la vie de Dieu son Père.
En ajoutant « dans l’unité de l’Esprit Saint », nous affirmons la puissance unifiante de l’Esprit.
Pendant cette conclusion de la prière eucharistique, le prêtre élève la patène contenant le Corps du Christ et le calice contenant son Sang pour montrer que le Seigneur est bien la victime offerte au Père par le sacrifice de la messe.
L’assemblée répond « Amen » qui est de fait, l’amen le plus solennel de toute la messe car il ratifie toute l’action sacerdotale du Christ renouvelée devant nous par les mains du prêtre.

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Notre Père.

C’est la seule prière que Jésus nous ait demandé de faire ! La proclamation commune du Notre Père est le moment où nous affirmons notre nouvelle identité : Notre Dieu nous offre sa paternité. Il nous adopte et nous fait entrer dans son propre mystère. Quand nous, chrétiens, disons ensemble le Notre Père, nous sommes revêtus d’un respect et d’une dignité qui ne nous appartiennent pas mais qui viennent de Dieu même : «  Reconnais, ô chrétien, ta dignité  » (saint Léon).

Embolisme et Rite de la paix. 
L’embolisme, prière qui suit immédiatement le Notre Père, développe et amplifie la dernière demande de cette prière en suppliant le Seigneur de nous délivrer de toute sorte de mal et de nous donner dès maintenant le bonheur qui sera pleinement le nôtre lorsque Jésus reviendra dans la gloire. C’est là notre « bienheureuse espérance  », l’avènement de Jésus-Christ, notre Seigneur comme le rappelle saint Paul à Tite (Ti 2, 13).
Par le rite de la paix, les fidèles demandent la paix et l’unité pour l’Eglise et toute l’humanité et ils expriment leur amour mutuel avant de participer au même pain. Cette paix, nous la recevons du Christ comme un don infiniment précieux qui nous transforme et nous rend capables de nous accueillir les uns les autres.

Agnus Dei. 
Cette expression est un nom très ancien donné au Seigneur Jésus. Le nom laisse entendre que Jésus s’est laissé faire comme un agneau qui se laisse conduire à l’abattoir « sans ouvrir la bouche » (Is 53, 7) et qui prend sur lui les péchés du monde. Comme saint Jean Baptiste nous adorons le Christ notre Agneau Sauveur.
Pendant le chant de l’« Agnus Dei », après avoir diviser l’hostie en deux, le prêtre laisse tomber dans le calice un troisième petit morceau d’hostie qui symbolise la Résurrection, l’union du corps, sang, âme et divinité du Christ dans l’Eucharistie. Le Christ est tout entier, tel qu’Il est au Ciel, présent dans chaque hostie, dans chaque miette du pain consacré.
Puis, le prêtre récite à voix basse une prière qui le prépare à recevoir la communion : « Seigneur Jésus-Christ, que cette communion à ton corps et à ton sang n’entraîne pour moi ni jugement ni condamnation, mais, qu’elle soutienne mon esprit et mon corps et me donne la guérison  ».

Communion.

Elle a un sens bien connu et très explicite, c’est l’union à Jésus : « si vous ne mangez ma chair et ne buvez mon sang, vous n’aurez pas la vie en vous » (Jn 6).
En recevant le Christ, nous sommes incorporés à Lui. Cette nourriture nous convertit : nous croyons l’assimiler, mais, en réalité, c’est elle qui nous assimile. Nous sommes changés en ce que nous mangeons ou plutôt en celui que nous mangeons.
De plus, en communiant au Christ, nous recevons aussi l’Église qui est son corps mystique. Par ce sacrement, le Christ construit son Église [5] .

 Prière après la communion.
Cette prière nous permet d’exprimer notre action de grâce pour le don reçu et nos demandes pour l’avenir.

Bénédiction et Envoi. 
De « bene dicere » = dire (du) bien : le prêtre demande que Dieu nous fasse du bien.

Liturgiquement, ce geste est le symétrique exact de l’accueil du célébrant au début de la messe. Après avoir accueilli son peuple, le Dieu de Jésus-Christ l’envoie en le bénissant. Cette bénédiction est aussi un des fruits de la participation de la sainte messe.
« Allez dans la paix du Christ » : “Allez”. Cet impératif vient de la finale de l’Evangile de Matthieu « Allez, de toutes les nations, faites des disciples ! »(Mt 28, 19). Ainsi, il y a un lien indissociable entre l’Eucharistie et la mission d’évangélisation qui est rituellement signifiée ici et cet envoi par le Christ est aussi un envoi en Lui et avec Lui. Il nous envoie répandre le bonheur et la paix vécus au cours de la messe. Sa parole nous accompagne, sa vie est en nous, nous pouvons vivre en chrétiens.

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Annexe :

Couleurs des temps liturgiques.

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Violet : couleur austère qui incite à la réflexion et à la pénitence. Cette couleur est utilisée durant le temps de l’Avent pour nous préparer spirituellement à la venue de Jésus à Noël, et durant le Carême, afin de signifier notre désir de pénitence et de conversion.
Vert : couleur de vie. Le vert des vêtements liturgiques symbolise la vie quotidienne qui doit être empreinte d’espérance dans la vie éternelle.

Blanc : couleur de la lumière et de la résurrection, couleur des vêtements du Christ transfiguré qui révèle sa divinité. On l’utilise pour les grandes fêtes : Noël, Pâques, la Toussaint, le Christ-Roi et les fêtes des saints.

Rouge : couleur du sang qui symbolise le martyre et le témoignage de foi et d’amour des apôtres et des saints martyrs, c’est aussi la couleur du feu de l’Esprit Saint qui se répand dans le cœur des apôtres à la Pentecôte.

Rose : couleur employée pour deux dimanches dans l’année, en vertu d’une vieille coutume papale.
Ces deux dimanches ont conservé le nom de Gaudete pendant l’Avent et de Laetare pendant le Carême, car leur chant d’entrée commençait par ces paroles latines : ils sont centrés sur la joie de la proximité du Seigneur et sont une pause au milieu des temps de pénitence.

[1] Dans le haut Moyen-Âge, une célèbre formule disait : « Christus pascit corpus suum ex corpore suo per corpore suum ». Ce qui signifie : « le Christ nourrit son Corps de son Corps et par son Corps » qui peut encore être traduit par « le Christ nourrit l’Église (son corps), à partir de son corps historique (né de Marie et désormais ressuscité) par l’eucharistie (son corps de mystère ou corps mystique) ». Jésus fait grandir son corps ecclésial par son corps sacramentel, ce qui est le message central de la dernière encyclique de Jean-Paul II : « L’Église vit de l’eucharistie ».

[2] Ce deuxième élément de la prière eucharistique est capital. On passe de l’invocation au récit : « la nuit qu’il fut livré… ». Toute prière eucharistique fait référence à l’événement de la dernière Cène que nous vivons dans la grâce de la croix et de la résurrection. Ainsi, au nom du Christ et de son Corps, l’Église, le prêtre reprend les paroles de l’évangile et fait ce que Jésus a commandé de faire : « Faites ceci en mémoire de moi ». Le prêtre agit et parle dans la personne du Christ « in persona Christi ». Mystérieusement et sacramentellement, le pain devient le Corps du Christ et le vin son Sang, non pas seulement symboliquement mais, réellement sous les apparences du pain et du vin. Après la consécration, le prêtre interpelle l’assemblée en disant : « Il est grand le mystère de la foi » (1Tim 3, 9). Nous professons alors le cœur de notre foi : « Nous proclamons ta mort, Jésus ressuscité, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire ! ». C’est l’anamnèse.

[3] Anamnèse signifie « mémoire », mais c’est plus que se souvenir. C’est plus que répéter les paroles et les gestes de quelqu’un. Faire mémoire de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, c’est affirmer qu’ici et maintenant, Jésus-Christ continue de s’offrir pour la vie et le bonheur des hommes. Le prêtre demande à Dieu d’envoyer à nouveau son Esprit sur l’assemblée pour qu’elle devienne Église, c’est-à-dire Corps du Christ. Cela fait penser à la parole de Paul Claudel adressée à André Gide « l’Église, voyez-vous, c’est une espèce d’immense incorporation eucharistique ».

[4] Dans les prières d’intercession qui suivent l’anamnèse, l’Église supplie le Père pour que l’œuvre du Christ se réalise en elle et dans le monde. C’est pourquoi, nous prions l’Église en mentionnant le pape, l’évêque du lieu et tous les autres, les prêtres, les diacres et tous les fidèles. Nous prions aussi pour les fidèles défunts qui nous ont précédés dans la foi et enfin, pour cette communauté célébrante afin qu’elle soit rassemblée avec l’Église du ciel. Ce faisant, l’Église exprime la prière du Christ le Jeudi Saint qui loue son Père et intercède pour toute l’humanité.

[5] Dans le haut Moyen-Âge, une célèbre formule disait : « Christus pascit corpus suum ex corpore suo per corpore suum ». Ce qui signifie : « le Christ nourrit son Corps de son Corps et par son Corps » qui peut encore être traduit par « le Christ nourrit l’Église (son corps), à partir de son corps historique (né de Marie et désormais ressuscité) par l’eucharistie (son corps de mystère ou corps mystique) ». Jésus fait grandir son corps ecclésial par son corps sacramentel, ce qui est le message central de la dernière encyclique de Jean-Paul II : « L’Église vit de l’eucharistie ».

 

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