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Marie, Mère de l’Eglise : lundi de Pentecôte

Mémoire de Marie, Mère de l’Eglise,

le lundi de Pentecôte

 

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Conformément à la volonté du Pape, la mémoire de Marie Mère de l’Église est désormais obligatoire pour toute l’Église de rite romain, le lundi après la Pentecôte.

La Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements a publié le samedi 3 mars 2018 un décret en ce sens, signé le 11 février 2018, date du cent-soixantième anniversaire de la première apparition de la Vierge à Lourdes.

Décret sur la célébration de la bienheureuse ViergeMarie Mère de l’Eglise dans le Calendrier Romain Général

La joyeuse vénération dédiée à la Mère de Dieu dans l’Eglise contemporaine, à la lumière de la réflexion sur le mystère du Christ et sur sa propre nature, ne pouvait pas oublier cette figure de Femme (cf. Gal 4, 4), la Vierge Marie, qui est à la fois Mère du Christ et Mère de l’Eglise.

Ceci était déjà en quelque sorte présent dans la pensée de l’Eglise à partir des paroles prémonitoires de saint Augustin et de saint Léon le Grand. Le premier, en effet, dit que Marie est la mère des membres du Christ, parce qu’elle a coopéré par sa charité à la renaissance des fidèles dans l’Eglise; puis l’autre, quand il dit que la naissance de la Tête est aussi la naissance du Corps, indique que Marie est en même temps mère du Christ, Fils de Dieu, et mère des membres de son Corps mystique, c’est-à-dire de l’Eglise. Ces considérations dérivent de la maternité de Marie et de son intime union à l’œuvre du Rédempteur, qui a culminé à l’heure de la croix.

La Mère en effet, qui était près de la croix (Jn 19, 25), accepta il testament d’amour de son Fils et accueillit tous les hommes, personnifiés par le disciple bien-aimé, comme les enfants qui doivent renaître à la vie divine, devenant ainsi la tendre mère de l’Eglise que le Christ a générée sur la croix, quand il rendait l’Esprit. A son tour, dans le disciple bien-aimé, le Christ choisit tous les disciples comme vicaires de son amour envers la Mère, la leur confiant afin qu’ils l’accueillent avec affection filiale.

Guide prévoyante de l’Eglise naissante, Marie a donc commencé sa propre mission maternelle déjà au cénacle, priant avec les Apôtres dans l’attente de la venue de l’Esprit Saint (cf. Ac 1,14). Dans ce sentiment, au cours des siècles, la piété chrétienne a honoré Marie avec les titres, en quelque sorte équivalents, de Mère des disciples, des fidèles, des croyants, de tous ceux qui renaissent dans le Christ, et aussi de “Mère de l’Eglise”, comme il apparaît dans les textes d’auteurs spirituels ainsi que dans le Magistère de Benoît XIV et de Léon XIII.

De ce qui précède on voit clairement le fondement sur lequel le bienheureux pape Paul VI, en concluant, le 21 novembre 1964, la troisième session du Concile Vatican II, a déclaré la bienheureuse Vierge Marie “Mère de l’Eglise, c’est-à-dire Mère de tout le peuple chrétien, aussi bien des fidèles que des Pasteurs, qui l’appellent Mère très aimable”, et a établi que “le peuple chrétien tout entier honore toujours et de plus en plus la Mère de Dieu par ce nom très doux”.

Le Siège apostolique a ainsi proposé, à l’occasion de l’Année Sainte de la Réconciliation (1975), une messe votive en l’honneur de la bienheureuse Marie Mère de l’Eglise, insérée par la suite dans le Missel Romain; il a aussi accordé la faculté d’ajouter l’invocation de ce titre dans les Litanies Laurétanes (1980) et il a publié d’autres formules dans le recueil des messes de la bienheureuse Vierge Marie (1986). Pour certaines nations, diocèses et familles religieuses qui en ont fait la demande, il a concédé d’ajouter cette célébration dans leur Calendrier particulier.

Le Souverain Pontife François, considérant avec attention comment la promotion de cette dévotion peut favoriser, chez les Pasteurs, les religieux et les fidèles, la croissance du sens maternel de l’Eglise et de la vraie piété mariale, a décidé que la mémoire de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Eglise, soit inscrite dans le Calendrier Romain le lundi de la Pentecôte, et célébrée chaque année.

Cette célébration nous aidera à nous rappeler que la vie chrétienne, pour croître, doit être ancrée au mystère de la Croix, à l’oblation du Christ dans le banquet eucharistique et à la Vierge offrante, Mère du Rédempteur et de tous les rachetés.

Une telle mémoire devra donc apparaître dans tous les Calendriers et les Livres liturgiques pour la célébration de la Messe et de la Liturgie des Heures; les textes liturgiques nécessaires à ces célébrations sont joints à ce décret et leurs traductions, approuvées par les Conférences Episcopales, seront publiées après la confirmation de ce Dicastère.

Là où la célébration de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Eglise, est déjà célébrée, selon les normes du droit particulier approuvé, à un jour différent avec un degré liturgique supérieur, même dans le futur, peut être célébrée de la même manière.

Nonobstant toutes choses contraires.

Du siège de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, le 11 février 2018, en la mémoire de la bienheureuse Vierge Marie de Lourdes.

Robert Cardinal Sarah
Préfet

+ Arthur Roche
Archevêque Secrétaire

 

LECTURES DE LA MESSE

 

PREMIÈRE LECTURE

« Dieu nous réconforte ; ainsi, nous pouvons réconforter tous ceux qui sont dans la détresse »

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (1, 1-7)

Paul, apôtre du Christ Jésus
par la volonté de Dieu,
et Timothée notre frère,
à l’Église de Dieu qui est à Corinthe
ainsi qu’à tous les fidèles
qui sont par toute la Grèce.
À vous, la grâce et la paix
de la part de Dieu notre Père
et du Seigneur Jésus Christ.

Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ,
le Père plein de tendresse,
le Dieu de qui vient tout réconfort.
Dans toutes nos détresses, il nous réconforte ;
ainsi, nous pouvons réconforter
tous ceux qui sont dans la détresse,
grâce au réconfort que nous recevons nous-mêmes de Dieu.
En effet, de même que nous avons largement part aux souffrances du Christ,
de même, par le Christ, nous sommes largement réconfortés.
Quand nous sommes dans la détresse,
c’est pour que vous obteniez le réconfort et le salut ;
quand nous sommes réconfortés,
c’est encore pour que vous obteniez le réconfort,
et cela vous permet de supporter avec persévérance
les mêmes souffrances que nous.
En ce qui vous concerne, nous avons de solides raisons d’espérer,
car, nous le savons,
de même que vous avez part aux souffrances,
de même vous obtiendrez le réconfort.

 

PSAUME

(33 (34), 2-3, 4-5, 6-7, 8-9)

Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Magnifiez avec moi le Seigneur,
exaltons tous ensemble son nom.
Je cherche le Seigneur, il me répond :
de toutes mes frayeurs, il me délivre.

Qui regarde vers lui resplendira,
sans ombre ni trouble au visage.
Un pauvre crie ; le Seigneur entend :
il le sauve de toutes ses angoisses.

L’ange du Seigneur campe alentour
pour libérer ceux qui le craignent.
Goûtez et voyez : le Seigneur est bon !
Heureux qui trouve en lui son refuge !

 

ÉVANGILE

« Heureux les pauvres de cœur »

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (5, 1-12)

En ce temps-là,
voyant les foules, Jésus gravit la montagne.
Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait.
Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent,
car ils seront consolés.
Heureux les doux,
car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice,
car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux,
car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs,
car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,
car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte,
si l’on vous persécute
et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous,
à cause de moi.
Réjouissez- vous, soyez dans l’allégresse,
car votre récompense est grande dans les cieux !
C’est ainsi qu’on a persécuté
les prophètes qui vous ont précédés. »

 

 

 « Ô Marie, aide notre foi ! »

Dans son encyclique Lumen Fidei parue en juin 2013, le pape François a écrit une prière à Marie, Mère de l’Eglise et Mère de notre foi

 

Prière à Marie, Mère de l’Église et Mère de notre foi*

 

Ô Mère, aide notre foi !

Ouvre notre écoute à la Parole, pour que nous reconnaissions la voix de Dieu et son appel.

Éveille en nous le désir de suivre ses pas, en sortant de notre terre et en accueillant sa promesse.

Aide-nous à nous laisser toucher par son amour, pour que nous puissions le toucher par la foi.

Aide-nous à nous confier pleinement à Lui, à croire en son amour, surtout dans les moments de tribulations et de croix, quand notre foi est appelée à mûrir.

Sème dans notre foi la joie du Ressuscité.

Rappelle-nous que celui qui croit n’est jamais seul.

Enseigne-nous à regarder avec les yeux de Jésus, pour qu’il soit lumière sur notre chemin. Et que cette lumière de la foi grandisse toujours en nous jusqu’à ce qu’arrive ce jour sans couchant, qui est le Christ lui-même, ton Fils, notre Seigneur !

 

*Prière à Marie extraite de l’encyclique Lumen Fidei (29 juin 2013)

 

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE Place Saint-Pierre Mercredi 23 octobre 2013

 

Chers frères et sœurs, bonjour !

En poursuivant les catéchèses sur l’Église, je voudrais aujourd’hui tourner mon regard vers Marie comme image et modèle de l’Église. Je le fais en reprenant une expression du Concile Vatican ii. La constitution Lumen gentium  dit : « De l’Église, comme l’enseignait déjà saint Ambroise, la Mère de Dieu est le modèle dans l’ordre de la foi, de la charité et de la parfaite union au Christ » (n. 63).

 

  1. Partons du premier aspect. Marie comme modèle de foi. De quelle manière Marie représente-t-elle un modèle pour la foi de l’Église ? Pensons à qui était la Vierge Marie : une jeune fille juive, qui attendait de tout son cœur la rédemption de son peuple. Mais dans ce cœur de jeune fille d’Israël, il y avait un secret qu’elle-même ne connaissait pas encore : dans le dessein d’amour de Dieu, elle était destinée à devenir la Mère du Rédempteur. Dans l’Annonciation, le Messager de Dieu l’appelle « pleine de grâce » et lui révèle ce projet. Marie répond « oui » et à partir de ce moment-là, la foi de Marie reçoit une lumière nouvelle : elle se concentre sur Jésus, le Fils de Dieu né de sa chair et dans lequel s’accomplissent les promesses de toute l’histoire du salut. La foi de Marie est l’accomplissement de la foi d’Israël, en elle est vraiment concentré tout le chemin, toute la route de ce peuple qui attendait la rédemption, et en ce sens elle est le modèle de la foi de l’Église, qui a comme centre le Christ, incarnation de l’amour infini de Dieu.

Comment Marie a-t-elle vécu cette foi ? Elle l’a vécue dans la simplicité des mille occupations et préoccupations quotidiennes de toute maman, comment s’occuper de la nourriture, des vêtements, du soin de la maison… C’est précisément cette existence normale de la Vierge qui fut le terrain où se développa une relation singulière et un dialogue profond entre elle et Dieu, entre elle et son Fils. Le « oui » de Marie, déjà parfait au commencement, a grandi jusqu’à l’heure de la Croix. Là, sa maternité s’est élargie pour embrasser chacun de nous, notre vie, pour nous conduire à son Fils. Marie a vécu toujours plongée dans le mystère du Dieu fait homme, comme sa première et parfaite disciple, en méditant toute chose dans son cœur à la lumière du Saint-Esprit, pour comprendre et mettre en pratique toute la volonté de Dieu.

Nous pouvons nous poser une question : nous laissons-nous éclairer par la foi de Marie, qui est notre Mère ? Ou bien pensons-nous qu’elle est lointaine, trop différente de nous ? Dans les moments de difficulté, d’épreuve, d’obscurité, tournons notre regard vers elle comme vers un modèle de confiance en Dieu, qui veut toujours et uniquement notre bien ? Pensons à cela, peut-être cela nous fera-t-il du bien de retrouver Marie comme modèle et figure de l’Église dans cette foi qu’elle avait !

 

  1. Venons au deuxième aspect : Marie modèle de charité. De quelle manière Marie est-elle pour l’Église un exemple vivant d’amour ? Pensons à sa disponibilité à l’égard de sa parente Élisabeth. En lui rendant visite, la Vierge Marie lui a aussi apporté une aide matérielle, mais pas seulement, elle lui a apporté Jésus, qui vivait déjà dans son sein. Apporter Jésus dans cette maison voulait dire apporter la joie, la pleine joie. Élisabeth et Zacharie étaient heureux pour la grossesse qui semblait impossible à leur âge, mais c’est la jeune Marie qui leur apporte la pleine joie, celle qui vient de Jésus et de l’Esprit Saint et s’exprime dans la charité gratuite, dans le partage, dans l’aide mutuelle, dans la compréhension réciproque.

La Vierge veut nous apporter à nous aussi, à nous tous, le grand don qu’est Jésus ; et avec Lui, elle nous apporte son amour, sa paix, sa joie. Ainsi, l’Église est comme Marie : l’Église n’est pas un magasin, ce n’est pas une agence humanitaire, l’Église n’est pas une ong, l’Église est envoyée pour apporter à tous le Christ et son Évangile ; elle ne s’apporte pas elle-même — qu’elle soit petite, qu’elle soit grande, qu’elle soit forte, qu’elle soit faible, l’Église apporte Jésus et doit être comme Marie quand elle est allée rendre visite à Élisabeth. Que lui apportait Marie ? Jésus. L’Église apporte Jésus : tel est le centre de l’Église, apporter Jésus ! Si, par hypothèse, il arrivait une fois que l’Église n’apporte pas Jésus, ce serait une Église morte ! L’Église doit apporter la charité de Jésus, l’amour de Jésus, la charité de Jésus.

Nous avons parlé de Marie, de Jésus. Et nous ? Nous qui sommes l’Église ? Quel est l’amour que nous portons aux autres ? C’est l’amour de Jésus, qui partage, qui pardonne, qui accompagne, ou bien est-ce un amour dilué, comme lorsqu’on allonge du vin qui semble devenir de l’eau ? Est-ce un amour fort, ou faible au point de suivre les sympathies, qui recherche une contre-partie, un amour intéressé ? Une autre question : Jésus aime-t-il l’amour intéressé ? Non, il ne l’aime pas, car l’amour doit être gratuit, comme le sien. Comment sont les rapports dans nos paroisses, dans nos communautés ? Nous traitons-nous en frères et sœurs ? Nous jugeons-nous, parlons-nous mal les uns des autres, nous occupons-nous chacun de notre « petit jardin », ou bien avons-nous soin l’un de l’autre ? Ce sont des questions de charité !

 

  1. Et abordons brièvement un autre aspect : Marie modèle d’union avec le Christ. La vie de la Sainte Vierge a été la vie d’une femme de son peuple : Marie priait, travaillait, allait à la synagogue… Mais chaque action était toujours accomplie en union parfaite avec Jésus. Cette union atteint son sommet sur le Calvaire : là, Marie s’unit à son Fils dans le martyre du cœur et dans l’offrande de la vie au Père pour le salut de l’humanité. La Vierge a fait sienne la douleur de son Fils et a accepté avec Lui la volonté du Père, dans cette obéissance qui porte du fruit, qui donne la véritable victoire sur le mal et sur la mort.

Cette réalité que Marie nous enseigne est très belle : être toujours unis à Jésus. Nous pouvons nous demander : nous rappelons-nous de Jésus seulement quand quelque chose ne va pas et que nous avons besoin, où avons-nous une relation constante, une amitié profonde, même quand il s’agit de le suivre sur le chemin de la croix ?

Demandons au Seigneur qu’il nous donne sa grâce, sa force, afin que dans notre vie et dans la vie de chaque communauté ecclésiale se reflète le modèle de Marie, Mère de l’Église. Ainsi soit-il !

 

 

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Les sept dons du Saint-Esprit

 

Les sept dons du Saint-Esprit :

Homélies du Pape François

 

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L’Église en distingue sept :
un nombre qui exprime symboliquement la plénitude, la complétude

1 – Le don de Sagesse
2 – Le don d’Intelligence
3 – Le don de Conseil
4 – Le don de Force
5 – Le don de Science
6 – Le don de Piété
7 – Le don de Crainte de Dieu

 

1 – Le don de Sagesse

« Voir avec les yeux de Dieu, entendre avec les oreilles de Dieu »

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous entamons aujourd’hui un cycle de catéchèse sur les dons de l’Esprit-Saint.
Vous savez que l’Esprit-Saint est l’âme, la sève vitale de l’Église et de tout chrétien : c’est l’amour de Dieu qui fait de notre cœur sa demeure en entrant en communion avec nous.
L’Esprit-Saint est toujours avec nous, il est toujours en nous, dans notre cœur.

L’Esprit-Saint est « le don de Dieu » par excellence (cf. Jn 4,10), un cadeau de Dieu et, à son tour, il communique divers dons spirituels à celui qui l’accueille.
L’Église en distingue sept : un nombre qui exprime symboliquement la plénitude, la complétude ; on les apprend lorsqu’on se prépare au sacrement de la Confirmation et on les invoque dans l’antique prière que l’on appelle « Séquence à l’Esprit-Saint » : sagesse, intelligence, conseil, force, science, piété et crainte de Dieu.

 

1 Le premier don de l’Esprit-Saint, selon cette liste, est donc la sagesse.
Mais il ne s’agit pas simplement de la sagesse humaine, fruit de la connaissance et de l’expérience. La Bible raconte que Salomon, au moment de son couronnement comme roi d’Israël, avait demandé le don de la sagesse (cf. 1 R 3,9).
Et la sagesse est précisément ceci : c’est la grâce de pouvoir voir toute chose avec les yeux de Dieu.
C’est simplement cela : voir le monde, voir les situations, les conjonctures, les problèmes, tout, avec les yeux de Dieu. Voilà la sagesse.
Parfois nous voyons les choses selon ce qui nous plaît ou selon l’état de notre cœur, avec de l’amour ou avec de la haine, avec de l’envie… Non, ce n’est pas l’œil de Dieu.
La sagesse, c’est ce que fait l’Esprit-Saint en nous afin que nous voyions toutes choses avec les yeux de Dieu. C’est cela, le don de la sagesse.

2 Évidemment, cela découle de l’intimité avec Dieu, de la relation intime que nous avons avec Dieu, de cette relation des enfants avec leur Père. Et l’Esprit-Saint, lorsque nous avons cette relation, nous fait le don de la sagesse.
Lorsque nous sommes en communion avec le Seigneur, l’Esprit agit comme s’il transfigurait notre cœur et lui faisait percevoir toute sa chaleur et son amour de prédilection.

3 L’Esprit-Saint rend « sage » le chrétien. Pas dans le sens où il aurait réponse à tout, il saurait tout, mais dans le sens où il « connaît » Dieu, il sait comment Dieu agit, il sait quand quelque chose vient de Dieu ou quand ça ne vient pas de Dieu ; il a cette sagesse que Dieu donne à notre cœur.
Dans ce sens, le cœur de l’homme sage a le goût de Dieu.
Et comme il est important que, dans nos communautés, il y ait des chrétiens comme cela ! En eux, tout parle de Dieu et devient un beau signe vivant de sa présence et de son amour.
Et c’est quelque chose que nous ne pouvons pas improviser, que nous ne pouvons pas nous procurer par nous-mêmes : c’est un don que Dieu fait à ceux qui se rendent dociles à son Esprit. Nous avons l’Esprit-Saint en nous, dans notre cœur ; nous pouvons l’écouter, nous pouvons ne pas l’écouter.
Si nous écoutons l’Esprit-Saint, il nous enseigne cette voie de la sagesse, il nous offre la sagesse qui consiste à voir avec les yeux de Dieu, à entendre avec les oreilles de Dieu, à aimer avec le cœur de Dieu, à juger les choses avec le jugement de Dieu. 
C’est cela, la sagesse que nous offre l’Esprit-Saint, et nous pouvons tous l’avoir. Il faut seulement que nous la demandions à l’Esprit-Saint.

Pensez à une maman, dans sa maison, avec les enfants : quand l’un fait une chose, l’autre pense à une autre et la pauvre maman va d’un côté à l’autre, avec les problèmes des enfants. Et quand les mamans sont fatiguées et qu’elles grondent leurs enfants, est-ce que c’est la sagesse ? Gronder ses enfants, je vous le demande, est-ce que c’est la sagesse ? Qu’est-ce que vous en pensez ? Est-ce que c’est la sagesse ou non ? Non ! En revanche, quand la maman prend l’enfant et le corrige doucement et lui dit : « Ça, ça ne se fait pas… » et qu’elle lui explique avec beaucoup de patience, est-ce que c’est la sagesse de Dieu ? Oui ! C’est cela que l’Esprit-Saint nous donne dans la vie !

Ensuite, dans le mariage, par exemple, les deux époux – le mari et la femme – se disputent et après ils ne se regardent plus, ou s’ils se regardent, ils se regardent de travers : est-ce que c’est la sagesse de Dieu, cela ? Non ! En revanche, s’ils disent : « Bon, la tempête est passée, faisons la paix » et ils repartent dans la paix : est-ce que c’est la sagesse ? [- Oui !].
Et bien, c’est cela le don de la sagesse. Qu’elle vienne dans nos maisons, qu’elle vienne chez les enfants, qu’elle vienne chez chacun de nous !

Et cela ne s’apprend pas : c’est un cadeau de l’Esprit-Saint. C’est pour cela que nous devons demander au Seigneur de nous donner l’Esprit-Saint et de nous faire le don de la sagesse, cette sagesse de Dieu qui nous apprend à regarder avec les yeux de Dieu, à sentir avec le cœur de Dieu, à parler avec les mots de Dieu. Et ainsi, avec cette sagesse, nous avançons, nous construisons notre famille, nous construisons l’Église, et nous nous sanctifions tous. Demandons aujourd’hui la grâce de la sagesse. Et demandons-la à la Vierge Marie, qui est le Trône de la sagesse, de ce don : qu’elle nous donne cette grâce ! Merci.
Pape François, catéchèse du 09/04/2014

 

2 – Le don d’Intelligence

« Comprendre les choses comme Dieu les comprend »

Ô+Esprit+d’Intelligence,

Chers frères et sœurs, bonjour !

Après avoir examiné la sagesse, qui est le premier des sept dons du Saint-Esprit, aujourd’hui, je voudrais attirer notre attention sur le second don, à savoir l’intelligence.
Il ne s’agit pas ici de l’intelligence humaine, de la capacité intellectuelle dont nous pouvons être plus ou moins dotés. C’est au contraire une grâce que seul l’Esprit Saint peut répandre et qui suscite chez le chrétien la capacité d’aller au-delà de l’aspect extérieur de la réalité et de scruter les profondeurs de la pensée de Dieu et de son dessein de salut.

Lorsqu’il s’adresse à la communauté de Corinthe, l’apôtre Paul décrit bien les effets de ce don – c’est-à-dire ce que fait en nous le don de l’intelligence – et Paul dit ceci : « nous annonçons ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment. Car c’est à nous que Dieu l’a révélé par l’Esprit » (I Co 2,9-10).
Cela ne signifie évidemment pas qu’un chrétien peut tout comprendre et avoir une connaissance entière des desseins de Dieu : tout cela demeure dans l’attente de se manifester dans toute sa limpidité quand nous nous trouverons en présence de Dieu et que nous serons vraiment un avec lui. Mais, comme le suggère le mot lui-même, l’intelligence permet de « intus legere », c’est-à-dire de « lire à l’intérieur » : ce don nous fait comprendre les choses comme Dieu les comprend, avec l’intelligence de Dieu.
Parce qu’on peut comprendre une situation avec l’intelligence humaine, avec prudence, et c’est bien. Mais comprendre une situation en profondeur, comme Dieu la comprend, c’est l’effet de ce don. Et Jésus a voulu nous envoyer l’Esprit-Saint pour que nous ayons ce don, pour que nous puissions tous comprendre les choses telles que Dieu les comprend, avec l’intelligence de Dieu. C’est un beau cadeau que le Seigneur nous a fait à tous.
C’est le don par lequel l’Esprit-Saint nous introduit dans l’intimité de Dieu et nous rend participants de son dessein d’amour pour nous.

Il est clair alors que le don de l’intelligence est étroitement lié à la foi. Quand l’Esprit-Saint habite notre cœur et illumine notre esprit, il nous fait grandir jour après jour dans la compréhension de ce que le Seigneur a dit et accompli.
Jésus lui-même l’a dit à ses disciples : je vous enverrai l’Esprit-Saint et il vous fera comprendre tout ce que je vous ai enseigné. Comprendre les enseignements de Jésus, comprendre sa Parole, comprendre l’Évangile, comprendre la Parole de Dieu.
On peut lire l’Évangile et comprendre quelque chose, mais si nous lisons l’Évangile avec ce don de l’Esprit-Saint, nous pouvons comprendre la profondeur des paroles de Dieu.
Et c’est un grand don, un grand don que nous devons tous demander et demander ensemble : Fais-nous, Seigneur, le don de l’intelligence.

Il y a un épisode de l’Évangile de Luc qui exprime très bien la profondeur et la force de ce donAprès avoir assisté à la mort en croix et à la sépulture de Jésus, deux de ses disciples, déçus et accablés, quittent Jérusalem et retournent dans leur village qui s’appelle Emmaüs.
Pendant qu’ils sont en chemin, Jésus ressuscité s’approche et commence à parler avec eux, mais leurs yeux, voilés par la tristesse et le désespoir, ne sont pas capables de le reconnaître.
Jésus marche avec eux, mais ils sont si tristes et si désespérés qu’ils ne le reconnaissent pas.
Mais quand le Seigneur leur explique les Écritures, afin qu’ils comprennent qu’il devait souffrir et mourir pour ensuite ressusciter, leur esprit s’ouvre et, dans leur cœur, l’espérance renaît (cf. Lc 24,13-27).
Et c’est cela que l’Esprit-Saint fait avec nous : il nous ouvre l’esprit, il nous ouvre pour que nous comprenions mieux, pour que nous comprenions mieux les choses de Dieu, les choses humaines, les situations, tout. Le don de l’intelligence est important pour notre vie chrétienne. Demandons-le au Seigneur, qu’il nous donne, qu’il donne à chacun de nous ce don pour que nous comprenions, comme il le comprend, ce qui arrive et surtout pour que nous comprenions la parole de Dieu dans l’Évangile. Merci.
Pape François, catéchèse du 30/04/2014

 

3 – Le don de Conseil

Prier en silence dans le bus, dans la rue : « Seigneur, conseille-moi »

Don+de+conseil+Il+est+nécessaire+que+nous+entendions (1)

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans la lecture de ce passage du livre des Psaumes, nous avons entendu ceci : « Je bénis le Seigneur qui me conseille : même la nuit mon cœur  m’avertit. » (Ps. 16,7).
Et c’est un autre don de l’Esprit-Saint : le don de conseil. Nous savons combien il est important, surtout dans les moments plus délicats, de pouvoir compter sur les suggestions de personnes sages et qui nous aiment.
Maintenant, à travers le don de conseil, c’est Dieu lui-même, par son Esprit, qui éclaire notre cœur en nous faisant comprendre la manière juste de parler et de nous comporter et la voie à suivre. Comment ce don agit-il en nous ?

  1. Lorsque nous l’accueillons et le recevons dans notre cœur, l’Esprit-Saint commence aussitôt à nous rendre sensibles à sa voix et à orienter nos pensées, nos sentiments et nos intentions selon le cœur de Dieu.
    En même temps, il nous pousse de plus en plus à tourner notre regard intérieur vers Jésus, modèle de notre manière d’agir et d’être en relation avec Dieu le Père et avec nos frères.
    Le conseil est donc le don par lequel l’Esprit-Saint rend notre conscience capable de faire un choix concret en communion avec Dieu, selon la logique de Jésus et de son ÉvangileDe cette façon, l’Esprit nous fait grandir intérieurement, il nous fait grandir positivement, il nous fait grandir dans la communauté et nous aide à ne pas être à la merci de notre égoïsme et de nos façons de voir.
    Ainsi, l’Esprit nous aide à grandir et à vivre en communauté.
    La condition essentielle, pour conserver ce don, est la prière.
    Nous revenons toujours au même thème : la prière ! Mais c’est tellement important, la prière.
    Prier avec les prières que nous savons depuis notre enfance, mais aussi prier avec nos propres mots. Prier le Seigneur : « Seigneur, aide-moi, conseille-moi, que dois-je faire maintenant ? ».
    Et nous devons tous le faire. La prière ! Ne jamais oublier la prière. Jamais !
    Personne, personne ne s’en aperçoit quand nous prions dans le bus, dans la rue : prions en silence, dans notre cœur.
    Profitons de ces moments pour prier : prier pour que l’Esprit nous donne le don de conseil.

 

  1. Dans l’intimité avec Dieu et dans l’écoute de sa Parolepetit à petit nous mettons de côté notre logique personnelle, dictée le plus souvent par nos fermetures, nos préjugés et nos ambitions, et nous apprenons au contraire à demander au Seigneur : Quel est ton désir ?
    Quelle est ta volonté ? Qu’est-ce qui te plaît ?
    Ainsi, mûrit en nous une syntonie profonde, presque naturelle dans l’Esprit et l’on expérimente la vérité des paroles de Jésus rapportées dans l’Évangile de Matthieu : « Ne cherchez pas avec inquiétude comment parler ou que dire : ce que vous aurez à dire vous sera donné sur le moment, car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt 10,19-20).

C’est l’Esprit qui nous conseille, mais nous devons faire de la place à l’Esprit, pour qu’il puisse nous conseiller. Et faire de la place, c’est prier : prier pour qu’il vienne et qu’il nous aide, toujours.

 

  1. Comme tous les autres dons de l’Esprit, celui de conseil constitue aussi un trésor pour toute la communauté chrétienne.
    Le Seigneur ne nous parle pas seulement dans l’intimité de notre cœur, il nous parle, oui, mais pas seulement là, il nous parle aussi à travers la voix et le témoignage de nos frères.
    C’est vraiment un grand don de pouvoir rencontrer des hommes et des femmes de foi qui, surtout dans les passages plus compliqués et importants de notre vie, nous aident à faire la lumière dans notre cœur et à reconnaître la volonté du Seigneur !

Je me souviens, une fois, au sanctuaire de Luján, j’étais dans le confessionnal devant lequel il y avait une longue queue. Il y avait aussi un jeune garçon, très moderne, avec des boucles d’oreille, des tatouages, tout cela… Et il est venu me dire ce qui lui arrivait. C’était un gros problème, difficile. Et il m’a dit : « J’ai raconté tout ça à ma maman et ma maman m’a dit : va voir la Sainte Vierge et elle te dira ce que tu dois faire ».
Voilà une femme qui avait le don de conseil. C’est cela, le don de conseil. Cette femme humble, simple, a donné le conseil le plus vrai à son fils.
En effet, ce garçon m’a dit : « J’ai regardé la Vierge Marie et j’ai senti que je devais faire ceci, ceci et cela… ». Je n’ai pas eu besoin de parler, le jeune garçon et sa maman avaient déjà tout dit.
C’est cela le don de conseil. Vous, les mamans qui avez ce don, demandez-le pour vos enfants !
Le don de conseiller ses enfants est un don de Dieu.

Chers amis, le psaume 16, que nous avons entendu, nous invite à prier avec ces paroles :
« Je bénis le Seigneur qui me conseille : même la nuit mon cœur m’avertit. Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable. » (vv.7-8).
Que l’Esprit puisse toujours mettre cette certitude dans nos cœurs et nous combler ainsi de sa consolation et de sa paix !
Demandez sans cesse le don de conseil !
Pape François, catéchèse du 07/05/2014

 

4 – Le don de Force

« Antidote à la paresse et au découragement »

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans les catéchèses précédentes, nous avons réfléchi aux trois premiers dons de l’Esprit-Saint : sagesse, intelligence et conseil.
Aujourd’hui, pensons à ce que fait le Seigneur : il vient toujours nous soutenir dans notre faiblesse et il le fait par un don spécial : le don de force.

  1. Il y a une parabole, racontée par Jésus,qui nous aide à saisir l’importance de ce don.
    Un semeur sort pour semer ; mais tout le grain qu’il jette ne porte pas toujours de fruit. Celui qui finit sur la route est mangé par les oiseaux ; celui qui tombe sur un terrain pierreux ou au milieu des ronces germe, mais il est rapidement desséché par le soleil ou étouffé par les épines. C’est seulement celui qui arrive sur la bonne terre qui peut pousser et porter du fruit (cf. Mc 4,3-9 ; Mt 13,3-9 ; Lc 8,4-8).

Comme Jésus lui-même l’explique à ses disciples, ce semeur représente le Père qui jette abondamment la semence de sa Parole. Mais la semence rencontre souvent l’aridité de notre cœur et, lorsqu’elle est accueillie, elle risque de rester stérile.
Avec le don de force, en revanche, l’Esprit-Saint libère le terrain de notre cœur, le libère de la torpeur, des incertitudes et de toutes les craintes qui peuvent le freiner, de sorte que la Parole du Seigneur soit mise en pratique de façon authentique et joyeuse.
C’est une véritable aide, ce don de force, il nous donne la force, il nous libère aussi de beaucoup de freins. 

  1. Il y a aussi des moments difficiles et des situations extrêmesdans lesquels le don de force se manifeste d’une manière extraordinaire, exemplaire. C’est le cas des personnes qui doivent affronter des expériences particulièrement dures et douloureuses, qui impliquent leur vie et celle de leurs proches.
    L’Église resplendit du témoignage de tous ces frères et sœurs qui n’ont pas hésité à donner leur vie pour rester fidèles au Seigneur et à son Évangile.

Aujourd’hui aussi, dans bien des parties du monde, il ne manque pas de chrétiens qui continuent de célébrer leur foi et d’en témoigner avec une conviction et une sérénité profondes, et qui résistent même lorsqu’ils savent que cela peut coûter un prix plus élevé.

Nous aussi, nous tous, nous connaissons des personnes qui ont vécu des situations difficiles, beaucoup de souffrance. Mais pensons à ces hommes, à ces femmes qui mènent une vie difficile, qui luttent pour faire vivre leur famille, éduquer leurs enfants : ils font tout cela parce que l’Esprit de force les aide.
Tous ces hommes et ces femmes – nous ne savons pas leur nom – qui honorent notre peuple, qui honorent notre Église parce qu’ils sont forts : forts pour mener leur vie, leur famille, leur travail, pour vivre leur foi.
Ces frères et sœurs sont des saints, des saints au quotidien, des saints cachés parmi nous : ils ont précisément le don de force pour accomplir leur devoir en tant que personnes, leur devoir de pères, de mères, de frères, de sœurs, de citoyens. Ils sont très nombreux.

Remercions le Seigneur pour ces chrétiens dont la sainteté est cachée : c’est l’Esprit-Saint qui est en eux et qui les pousse. Cela nous fera du bien de penser à ces personnes. S’ils arrivent à faire tout cela, s’ils y arrivent, pourquoi pas moi ?
Et cela nous fera aussi du bien de demander à l’Esprit-Saint le don de force.

Il ne faut pas penser que le don de force n’est nécessaire que dans certaines occasions ou situations particulières. Ce don doit constituer la note de fond de notre être de chrétien, dans l’ordinaire de notre vie quotidienne. Comme je l’ai dit, nous devons être forts tous les jours de notre vie, nous avons besoin de cette force pour mener notre vie, notre famille, pour vivre notre foi.

L’apôtre Paul a dit une phrase qui nous fera du bien :
« Je puis tout en celui qui me rend fort » (Ph 4,13).
Lorsque nous affrontons la vie ordinaire, lorsque surgissent des difficultés, souvenons-nous en  : « Je puis tout en celui qui me rend fort ».
Le Seigneur donne toujours la force, il ne nous en prive pas. Le Seigneur ne nous éprouve pas plus que ce nous pouvons le supporter. Il est toujours avec nous. « Je puis tout en celui qui me rend fort ».

Chers amis, nous pouvons parfois être tentés de nous laisser prendre par la paresse, ou pire, par le découragement, surtout face aux fatigues et aux épreuves de la vie. Dans ces cas-là, ne perdons pas courage, mais invoquons l’Esprit-Saint, pour qu’avec le don de force il puisse soulager notre cœur et communiquer à notre vie à la suite de Jésus une force et un enthousiasme nouveaux. Merci !
Pape François, catéchèse du 14/05/2014

 

 5 – Le don de Science« 

La création n’est pas la propriété d’un petit nombre »

Ô+Esprit+de+Science,+Tu+es+le+Dieu+de+lumière+et+d’amour.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, je voudrais mettre en lumière un autre don de l’Esprit-Saint, le don de science.
Quand on parle de science, on pense immédiatement à la capacité de l’homme à toujours mieux connaître la réalité qui l’entoure et à découvrir les lois qui régissent la nature et l’univers.
Mais la science qui vient de l’Esprit-Saint ne se limite pas à la connaissance humaine : c’est un don particulier, qui nous porte à saisir, à travers la création, la grandeur et l’amour de Dieu et sa relation profonde avec toutes les créatures.

  1. Quand nos yeux sont éclairés par l’Esprit, ils s’ouvrent à la contemplation de Dieu dans la beauté de la nature et dans l’immensité du cosmos et nous poussent à découvrir comment tout nous parle de lui et de son amour. Tout ceci suscite en nous un grand étonnement et un sentiment profond de gratitude !
    C’est aussi la sensation que nous éprouvons lorsque nous admirons une œuvre d’art ou toute autre merveille qui est le fruit de l’esprit et de la créativité de l’homme : devant tout cela, l’Esprit nous pousse à louer le Seigneur du fond du cœur et à reconnaître, en tout ce que nous avons et ce que nous sommes, un don inestimable de Dieu et un signe de son amour infini pour nous.

 

  1. Le premier chapitre de la Genèse, au tout début de la Bible, met en évidence le fait que Dieu se complaît dans sa création, soulignant à plusieurs reprises la beauté et la bonté de toute chose.  À la fin de chaque jour, il est écrit : « Dieu vit que cela était bon » (1,12.18.21.25) : si Dieu voit que la création est bonne, est belle, nous aussi nous devons prendre cette attitude et voir que la création est bonne et belle. Voilà le don de science qui nous fait voir cette beauté.
    Par conséquent louons Dieu, remercions-le de nous avoir donné tant de beauté.
    Et quand Dieu a fini de créer l’homme, il n’est pas dit qu’il « vit que cela était bon », mais il est dit que cela était « très bon » (v. 31).
    Aux yeux de Dieu, nous sommes ce qu’il y a de plus beau, de plus grand et de meilleur dans la création : même les anges sont en-dessous de nous, nous sommes plus que les anges, comme nous l’avons entendu dans le livre des psaumes.
    Le Seigneur nous aime ! Nous devons l’en remercier.

Le don de science nous met en harmonie profonde avec le Créateur et nous fait participer à la limpidité de son regard et de son jugement. Et c’est dans cette perspective que nous parvenons à saisir dans l’homme et dans la femme le sommet de la création, comme l’accomplissement d’un dessein d’amour inscrit en chacun de nous et qui fait que nous nous reconnaissons comme frères et sœurs.

  1. Tout ceci est un motif de sérénité et de paix et fait du chrétien un témoin joyeux de Dieu, sur les traces de saint François d’Assise et de tant de saints qui ont su louer et chanter leur amour à travers la contemplation du créé. Mais en même temps, le don de science nous aide à ne pas tomber dans certains comportements excessifs ou erronés.

Le premier réside dans le risque de se considérer propriétaire de la création.
La création n’est pas une propriété à laquelle nous pouvons imposer nos lois selon notre bon vouloir ; et c’est encore moins la propriété de quelques-uns, d’un petit nombre : la création est un don, c’est un don merveilleux que Dieu nous a fait, pour que nous en prenions soin et que nous l’utilisions au profit de tous, toujours avec beaucoup de respect et de gratitude.

Le second comportement erroné se trouve dans la tentation de s’arrêter aux créatures, comme si elles pouvaient offrir la réponse à toutes nos attentes.
Avec le don de science, l’Esprit nous aide à ne pas tomber dans cette erreur.

Mais je voudrais revenir à la première voie erronée : imposer ses lois à la création au lieu d’en prendre soin. Nous devons prendre soin de la création puisque c’est un don que le Seigneur nous a fait, c’est un cadeau de Dieu pour nous ; nous sommes les gardiens de la création.
Quand nous exploitons la création, nous détruisons le signe de l’amour de Dieu. Détruire la création, c’est dire à Dieu : « cela ne me plaît pas ». Et cela, ce n’est pas bon : voilà le péché.

Prendre soin de la création, c’est précisément prendre soin du don de Dieu et c’est dire à Dieu : « Merci, je suis le gardien de la création, mais pour la faire progresser, jamais pour détruire ce don de ta part ».
C’est le comportement que nous devons avoir à l’égard de la création : en prendre soin parce que si nous détruisons la création, la création nous détruira ! N’oubliez pas cela.
Une fois, j’étais à la campagne et j’ai entendu une personne simple, qui aimait beaucoup les fleurs et qui s’en occupait. Elle m’a dit : « Nous devons prendre soin de ces belles choses que Dieu nous a données ; la création est pour nous afin que nous puissions bien en profiter ; ne pas l’exploiter, mais en prendre soin, parce que Dieu pardonne toujours, nous, les hommes, nous pardonnons parfois, mais la création ne pardonne jamais et si tu n’en prends pas soin, elle te détruira ».
Cela doit nous faire réfléchir et demander à l’Esprit-Saint le don de science pour bien comprendre que la création est le plus beau cadeau de Dieu. Il a fait toutes ces bonnes choses pour la meilleure d’entre elles qu’est la personne humaine.
Pape François, catéchèse du 21/05/2014

 

 6 – Le don de Piété

« Le don de piété que nous donne l’Esprit-Saint nous rend doux, nous rend sereins, patients, en Paix avec Dieu, au service des autres avec douceur »

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, nous voulons nous arrêter sur un don de l’Esprit-Saint qui est très souvent mal compris ou considéré de manière superficielle et qui, au contraire, touche le cœur de notre identité et de notre vie chrétienne : il s’agit du don de piété.

Il faut tout de suite préciser que ce don ne s’identifie pas avec le fait d’avoir compassion de quelqu’un, d’avoir pitié de son prochain (en italien « pietà » se traduit par « piété » et « pitié »), mais il indique notre appartenance à Dieu et notre lien profond avec lui, un lien qui donne sens à toute notre vie et qui nous garde fermes, en communion avec lui, même dans les moments plus difficiles et d’épreuve.

1.Ce lien avec le Seigneur ne doit pas être compris comme un devoir ou quelque chose d’imposé. C’est un lien qui vient de dedans.
Il s’agit d’une relation vécue avec le cœur : c’est notre amitié avec Dieu, qui nous est donnée par Jésus, une amitié qui change notre vie et nous remplit d’enthousiasme, de joie.
C’est pourquoi le don de piété suscite en nous avant tout la gratitude et la louange. C’est cela, en effet, le motif et le sens le plus authentique de notre culte et de notre adoration. Quand l’Esprit-Saint nous fait percevoir la présence du Seigneur et tout son amour pour nous, il nous réchauffe le cœur et nous pousse presque naturellement à la prière et à la célébration.
La piété est donc synonyme d’un authentique esprit religieux, d’une confiance filiale en Dieu, de cette capacité à le prier avec amour et simplicité qui est propre aux personnes humbles de cœur.

2.Si le don de piété nous fait grandir dans la relation et la communion avec Dieu et nous pousse à vivre comme ses enfants, en même temps, il nous aide à reverser cet amour aussi sur les autres et à les reconnaître comme nos frères.
Et alors, oui, nous sommes mus par des sentiments de pitié – et non de pieuserie ! – à l’égard de celui qui est à côté de nous et de ceux que nous rencontrons tous les jours.
Pourquoi est-ce que dis ‘non de pieuserie’ ?
Parce que certains pensent qu’avoir de la piété, c’est fermer les yeux, faire une tête d’image pieuse, faire semblant d’être un saint.
En piémontais, nous disons ‘faire l’ingénue’. Ce n’est pas cela le don de piété.
Le don de piété signifie être vraiment capable de se réjouir avec celui qui est dans la joie, de pleurer avec celui qui pleure, d’être proche de celui qui est seul ou angoissé, de corriger celui qui est dans l’erreur, de consoler celui qui est affligé, d’accueillir et de secourir celui qui est dans le besoin.
Il y a un rapport très étroit entre le don de piété et la douceur. Le don de piété que nous donne l’Esprit-Saint nous rend doux, nous rend tranquilles, patients, en paix avec Dieu, au service des autres avec douceur.

Chers amis, dans la lettre aux Romains, l’apôtre affirme : « Tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu.
Aussi bien n’avez-vous pas reçu un esprit d’esclaves pour retomber dans la crainte ; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : Abba ! Père ! » (Rm 8,14-15).

Demandons au Seigneur que le don de son Esprit puisse vaincre notre peur, nos incertitudes, notre esprit inquiet, impatient, et qu’il puisse faire de nous des témoins joyeux de Dieu et de son amour, adorant le Seigneur en vérité, également dans le service de notre prochain avec douceur et avec le sourire que l’Esprit-Saint nous donne toujours dans la joie.
Que l’Esprit-Saint nous donne à tous ce don de piété.
Pape François, catéchèse du 28/05/2014

 

 7 – Le don de Crainte de Dieu

« Le don de crainte de Dieu c’est être conquis par le Seigneur »

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Le don de la crainte de Dieu, dont nous parlons aujourd’hui, conclut la série des sept dons de l’Esprit-Saint. Il ne signifie pas avoir peur de Dieu : nous savons bien que Dieu est Père, et qu’il nous aime et veut notre salut, et qu’il pardonne toujours, toujours ; c’est pourquoi il n’y a pas de raison d’avoir peur de lui !
La crainte de Dieu, en revanche, est un don de l’Esprit qui nous rappelle combien nous sommes petits devant Dieu et devant son amour, et que notre bien se trouve dans l’abandon entre ses mains, avec humilité, respect et confiance.
C’est cela la crainte de Dieu : l’abandon dans la bonté de notre Père qui nous aime tellement.

1.Quand l’Esprit-Saint fait sa demeure dans notre cœur, il nous donne la consolation et la paix, et il nous aide à nous sentir tels que nous sommes, c’est-à-dire petits, dans cette attitude, si souvent recommandée par Jésus dans l’Évangile, de celui qui dépose toutes ses préoccupations et ses attentes en Dieu et qui se sent enveloppé et soutenu par sa chaleur et sa protection, exactement comme un petit enfant avec son papa !
C’est ce que fait l’Esprit-Saint dans nos cœurs : il nous fait nous sentir comme des petits enfants dans les bras de notre papa.
En ce sens, nous comprenons bien alors combien la crainte de Dieu vient assumer en nous la forme de la docilité, de la reconnaissance et de la louange, comblant notre cœur d’espérance.
Si souvent, en effet, nous ne réussissons pas à saisir le dessein de Dieu, et nous nous rendons compte que nous ne sommes pas capables de nous assurer par nous-mêmes le bonheur et la vie éternelle.
Toutefois, c’est précisément dans cette expérience de nos limites et de notre pauvreté que l’Esprit nous réconforte et nous fait percevoir que la seule chose importante est de nous laisser conduire par Jésus dans les bras de son Père.

  1. Voilà pourquoi nous avons tellement besoin de ce don de l’Esprit-Saint.
    La crainte de Dieu nous fait prendre conscience que tout vient de la grâce et que notre véritable force réside uniquement dans le fait de suivre le Seigneur Jésus et de laisser le Père reverser sur nous sa bonté et sa miséricorde.
    Ouvrir notre cœur, pour que la bonté et la miséricorde de Dieu viennent en nous. C’est ce que fait l’Esprit-Saint avec le don de la crainte de Dieu : il ouvre nos cœurs.
    Un cœur ouvert, afin que le pardon, la miséricorde, la bonté et les caresses du Père viennent jusqu’à nous, parce que nous sommes des enfants infiniment aimés.
  2. Lorsque nous sommes envahis par la crainte de Dieu, nous sommes alors poussés à suivre le Seigneur avec humilité, docilité et obéissance.
    Mais il ne s’agit pas d’un comportement résigné, passif, ou même plaintif, mais de l’étonnement et la joie d’un fils qui se reconnaît servi et aimé par son Père.
    La crainte de Dieu ne fait donc pas de nous des chrétiens timides et soumis, mais elle génère en nous le courage et la force !
    C’est un don qui fait de nous des chrétiens convaincus, enthousiastes, qui ne sont pas soumis au Seigneur par peur, mais parce qu’ils sont émus et conquis par son amour !
    Être conquis par l’amour de Dieu ! Et c’est quelque chose de beau.
    Se laisser conquérir par cet amour d’un papa qui nous aime tant, qui nous aime de tout son cœur.

Mais, soyons attentifs, parce que le don de Dieu, le don de la crainte de Dieu est aussi une « alarme » face à la ténacité du péché.
Quand une personne vit dans le mal, quand elle blasphème contre Dieu, quand elle exploite les autres, quand elle les tyrannise, quand elle ne vit que pour l’argent, pour ce qui est vain ou pour le pouvoir, l’orgueil, avec toute sa vanité, elle ne sera pas heureuse.
Personne ne peut emporter avec soi de l’autre côté ni l’argent, ni le pouvoir, ni la vanité, ni l’orgueil. Rien !
Nous pouvons seulement emporter l’amour que Dieu notre Père nous donne, les caresses de Dieu, acceptées et reçues par nous avec amour. 
Et nous pouvons emporter ce que nous avons fait pour les autres.
Attention à ne pas mettre notre espérance dans l’argent, dans l’orgueil, dans le pouvoir, dans la vanité, parce que tout cela ne peut rien nous promettre de bon !
Je pense par exemple aux personnes qui ont des responsabilités sur les autres et qui se laissent corrompre ; pensez-vous qu’une personne corrompue sera heureuse de l’autre côté ?
Non, tout le fruit de sa corruption a corrompu son cœur et il sera difficile d’aller au Seigneur (ndlr, d’être sauvée).
Pensons à ceux qui vivent de la traite des personnes et de l’esclavagisme ; pensez-vous que ces personnes qui vivent de la traite de personnes, par le travail forcé, ont dans leur cœur l’amour de Dieu ? Non, ils n’ont pas la crainte de Dieu et ne sont pas heureux. Ils ne le sont pas.
Je pense à ceux qui fabriquent des armes pour fomenter les guerres ; mais pensez à ce qu’est ce métier ! Je suis certain que si je vous pose maintenant la question : qui parmi vous est fabricant d’armes ?… Personne, personne.
Ces fabricants d’armes ne viennent pas écouter la Parole de Dieu ! Ils fabriquent la mort, ce sont des marchands de mort et ils font commerce de la mort.
Que la crainte de Dieu leur fasse comprendre que tout finit un jour et qu’ils devront rendre compte à Dieu.

Chers amis, le psaume 34 nous fait prier ainsi : « Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses. L’ange du Seigneur campe à l’entour pour libérer ceux qui le craignent. » (vv.7-8).

Demandons au Seigneur la grâce d’unir notre voix à celle des pauvres, pour accueillir le don de la crainte de Dieu et pouvoir nous reconnaître, avec eux, revêtus de la miséricorde et de l’amour de Dieu qui est notre Père, notre papa.
Ainsi soit-il.
Pape François, catéchèse du 04/06/2014

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DOCUMENTS PONTIFICAUX, EGLISE CATHOLIQUE, GAUDETE ET EXSULTATE, GNOSTICISME, PAPE FRANÇOIS, Pape François, SAINTETE

Gaudete et Exsultate : l’appel à la sainteté

Gaudete et Exsultate : sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel

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– Deux ennemis subtils de la Sainteté

 

 

  1. Dans ce cadre, je voudrais attirer l’attention sur deux falsifications de la sainteté qui pourraient nous faire dévier du chemin : le gnosticisme et le pélagianisme. Ce sont deux hérésies apparues au cours des premiers siècles du christianisme mais qui sont encore d’une préoccupante actualité. Même aujourd’hui les cœurs de nombreux chrétiens, peut-être sans qu’ils s’en rendent compte, se laissent séduire par ces propositions trompeuses. En elles s’exprime un immanentisme anthropocentrique déguisé en vérité catholique.[1] Voyons ces deux formes de sécurité, doctrinale ou disciplinaire, qui donnent lieu à « un élitisme narcissique et autoritaire, où, au lieu d’évangéliser, on analyse et classifie les autres, et, au lieu de faciliter l’accès à la grâce, les énergies s’usent dans le contrôle. Dans les deux cas, ni Jésus-Christ ni les autres n’intéressent vraiment ».[2]

 

Le gnosticisme actuel

  1. Le gnosticisme suppose « une foi renfermée dans le subjectivisme, où seule compte une expérience déterminée ou une série de raisonnements et de connaissances que l’on considère comme pouvant réconforter et éclairer, mais où le sujet reste en définitive fermé dans l’immanence de sa propre raison ou de ses sentiments ».[3]

 

Un esprit sans Dieu et sans chair

 

  1. Grâce à Dieu, tout au long de l’histoire de l’Église, il a toujours été très clair que la perfection des personnes se mesure par leur degré de charité et non par la quantité des données et des connaissances qu’elles accumulent. Les ‘‘gnostiques’’ font une confusion sur ce point et jugent les autres par leur capacité à comprendre la profondeur de certaines doctrines. Ils conçoivent un esprit sans incarnation, incapable de toucher la chair souffrante du Christ dans les autres, corseté dans une encyclopédie d’abstractions. En désincarnant le mystère, ils préfèrent finalement « un Dieu sans Christ, un Christ sans Église, une Église sans peuple »[4].

 

  1. En définitive, il s’agit d’une superficialité vaniteuse : beaucoup de mouvement à la surface de l’esprit, mais la profondeur de la pensée ne se meut ni ne s’émeut. Cette superficialité arrive cependant à subjuguer certains par une fascination trompeuse, car l’équilibre gnostique réside dans la forme et semble aseptisé ; et il peut prendre l’aspect d’une certaine harmonie ou d’un ordre qui englobent tout.

 

  1. Mais attention ! Je ne fais pas référence aux rationalistes ennemis de la foi chrétienne. Cela peut se produire dans l’Église, tant chez les laïcs des paroisses que chez ceux qui enseignent la philosophie ou la théologie dans les centres de formation. Car c’est aussi le propre des gnostiques de croire que, par leurs explications, ils peuvent rendre parfaitement compréhensibles toute la foi et tout l’Evangile. Ils absolutisent leurs propres théories et obligent les autres à se soumettre aux raisonnements qu’ils utilisent. Une chose est un sain et humble usage de la raison pour réfléchir sur l’enseignement théologique et moral de l’Evangile ; une autre est de prétendre réduire l’enseignement de Jésus à une logique froide et dure qui cherche à tout dominer.[5]

 

 

Une doctrine sans mystère

 

  1. Le gnosticisme est l’une des pires idéologies puisqu’en même temps qu’il exalte indûment la connaissance ou une expérience déterminée, il considère que sa propre vision de la réalité représente la perfection. Ainsi, peut-être sans s’en rendre compte, cette idéologie se nourrit-elle elle-même et sombre-t-elle d’autant plus dans la cécité. Elle devient parfois particulièrement trompeuse quand elle se déguise en spiritualité désincarnée. Car le gnosticisme « de par sa nature même veut apprivoiser le mystère »,[6] tant le mystère de Dieu et de sa grâce que le mystère  de la vie des autres.

 

  1. Lorsque quelqu’un a réponse à toutes les questions, cela montre qu’il n’est pas sur un chemin sain, et il est possible qu’il soit un faux prophète utilisant la religion à son propre bénéfice, au service de ses élucubrations psychologiques et mentales. Dieu nous dépasse infiniment, il est toujours une surprise et ce n’est pas nous qui décidons dans quelle circonstance historique le rencontrer, puisqu’il ne dépend pas de nous de déterminer le temps, le lieu et la modalité de la rencontre. Celui qui veut que tout soit clair et certain prétend dominer la transcendance de Dieu.

 

  1. On ne peut pas non plus prétendre définir là où Dieu ne se trouve pas, car il est présent mystérieusement dans la vie de toute personne, il est dans la vie de chacun comme il veut, et nous ne pouvons pas le nier par nos supposées certitudes. Même quand l’existence d’une personne a été un désastre, même quand nous la voyons détruite par les vices et les addictions, Dieu est dans sa vie. Si nous nous laissons guider par l’Esprit plus que par nos raisonnements, nous pouvons et nous devons chercher le Seigneur dans toute vie humaine. Cela fait partie du mystère que les mentalités gnostiques finissent par rejeter, parce qu’elles ne peuvent pas le contrôler.

 

 

Les limites de la raison

 

  1. Nous ne parvenons à comprendre que très pauvrement la vérité que nous recevons du Seigneur. Plus difficilement encore nous parvenons à l’exprimer. Nous ne pouvons donc pas prétendre que notre manière de la comprendre nous autorise à exercer une supervision stricte sur la vie des autres. Je voudrais rappeler que dans l’Église cohabitent à bon droit diverses manières d’interpréter de nombreux aspects de la doctrine et de la vie chrétienne qui, dans leur variété, « aident à mieux expliquer le très riche trésor de la Parole ». En réalité « à ceux qui rêvent d’une doctrine monolithique défendue par tous sans nuances, cela peut sembler une dispersion imparfaite ».[7] Précisément, certains courants gnostiques ont déprécié la simplicité si concrète de l’Evangile et ont cherché à remplacer le Dieu trinitaire et incarné par une Unité supérieure où disparaissait la riche multiplicité de notre histoire.

 

  1. En réalité, la doctrine, ou mieux, notre compréhension et expression de celle-ci, « n’est pas un système clos, privé de dynamiques capables d’engendrer des questions, des doutes, des interrogations », et « les questions de notre peuple, ses angoisses, ses combats, ses rêves, ses luttes, ses préoccupations, possèdent une valeur herméneutique que nous ne pouvons ignorer si nous voulons prendre au sérieux le principe de l’Incarnation. Ses questions nous aident à nous interroger, ses interrogations nous interrogent ».[8]

 

  1. Il se produit fréquemment une dangereuse confusion : croire que parce que nous savons quelque chose ou que nous pouvons l’expliquer selon une certaine logique, nous sommes déjà saints, parfaits, meilleurs que la « masse ignorante ». Saint Jean-Paul II mettait en garde ceux qui dans l’Église ont la chance d’une formation plus poussée contre la tentation de nourrir « un certain sentiment de supériorité par rapport aux autres fidèles ».[9] Mais en réalité, ce que nous croyons savoir devrait être toujours un motif pour mieux répondre à l’amour de Dieu, car « on apprend pour vivre : théologie et sainteté sont un binôme inséparable ».[10]

 

  1. Quand saint François d’Assise a vu que certains de ses disciples enseignaient la doctrine, il a voulu éviter la tentation du gnosticisme. Il a donc écrit ceci à saint Antoine de Padoue : « Il me plaît que tu lises la théologie sacrée aux frères, pourvu que, dans l’étude de celle-ci, tu n’éteignes pas l’esprit de sainte oraison et de dévotion ».[11] Il percevait la tentation de transformer l’expérience chrétienne en un ensemble d’élucubrations mentales qui finissent par éloigner de la fraîcheur de l’Evangile. Saint Bonaventure, d’autre part, faisait remarquer que la vraie sagesse chrétienne ne doit pas être séparée de la miséricorde  envers le prochain : « La plus grande sagesse qui puisse exister consiste à diffuser fructueusement ce qu’on a à offrir, ce qui a été précisément donné pour être offert […]
    C’est pourquoi tout comme la miséricorde est amie de la sagesse, l’avarice est son ennemi ».[12] « Il y a une activité qui, en s’unissant à la contemplation ne l’entrave pas, mais la favorise ainsi que les œuvres de miséricorde et de piété ».[13]

 

 

Le pélagianisme actuel

 

  1. Le gnosticisme a donné lieu à une autre vieille hérésie qui est également présente aujourd’hui. A mesure que passait le temps, beaucoup ont commencé à reconnaître que ce n’est pas la connaissance qui nous rend meilleurs ni saints, mais la vie que nous menons. Le problème, c’est que cela a dégénéré subtilement, de sorte que l’erreur même des gnostiques s’est simplement transformée mais n’a pas été surmontée.

 

  1. Car le pouvoir que les gnostiques attribuaient à l’intelligence, certains commencèrent à l’attribuer à la volonté humaine, à l’effort personnel. C’est ainsi que sont apparus les pélagiens et les semi-pélagiens.
    Ce n’était plus l’intelligence qui occupait la place du mystère et de la grâce, mais la volonté. On oubliait qu’« il n’est pas question de l’homme qui veut ou qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde » (Rm 9, 16) et que « lui nous a aimés le premier» (1Jn 4, 19).

 

 

Une volonté sans humilité

 

  1. Ceux qui épousent cette mentalité pélagienne ou semi-pélagienne, bien qu’ils parlent de la grâce de Dieu dans des discours édulcorés, « en définitive font confiance uniquement à leurs propres forces et se sentent supérieurs aux autres parce qu’ils observent des normes déterminées ou parce qu’ils sont inébranlablement fidèles à un certain style catholique ».[14] Quand certains d’entre eux s’adressent aux faibles en leur disant que tout est possible avec la grâce de Dieu, au fond ils font d’habitude passer l’idée que tout est possible par la volonté humaine, comme si celle-ci était quelque chose de pur, de parfait, de tout-puissant, auquel s’ajoute la grâce. On cherche à ignorer que ‘‘tous ne peuvent pas tout’’,[15] et qu’en cette vie les fragilités humaines ne sont pas complètement et définitivement guéries par la grâce.[16] De toute manière, comme l’enseignait saint Augustin, Dieu t’invite à faire ce que tu peux et à demander ce que tu ne peux pas ;[17] ou bien à dire humblement au Seigneur : « Donne ce que tu commandes et commande ce que tu veux ».[18]

 

  1. Au fond, l’absence de la reconnaissance sincère, douloureuse et priante de nos limites est ce qui empêche la grâce de mieux agir en nous, puisqu’on ne lui laisse pas de place pour réaliser ce bien possible qui s’insère dans un cheminement sincère et réel de croissance.[19] La grâce, justement parce qu’elle suppose notre nature, ne fait pas de nous, d’un coup, des surhommes. Le prétendre serait placer trop de confiance en nous-mêmes. Dans ce cas, derrière l’orthodoxie, nos attitudes pourraient ne pas correspondre à ce que nous affirmons sur la nécessité de la grâce, et dans les faits nous finissons par compter peu sur elle. Car si nous ne percevons pas notre réalité concrète et limitée, nous ne pourrons pas voir non plus les pas réels et possibles que le Seigneur nous demande à chaque instant, après nous avoir rendus capables et nous avoir conquis par ses dons. La grâce agit historiquement et, d’ordinaire, elle nous prend et nous transforme de manière progressive.[20] C’est pourquoi si nous rejetons ce caractère historique et progressif, nous pouvons, de fait, arriver à la nier et à la bloquer, bien que nous l’exaltions par nos paroles.

 

  1. Quand Dieu s’adresse à Abraham, il lui dit : « Je suis Dieu tout-puissant. Marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17, 1). Pour que nous soyons parfaits comme il le désire, nous devons vivre humblement en sa présence, enveloppés de sa gloire ; il nous faut marcher en union avec lui en reconnaissant son amour constant dans nos vies.
    Il ne faut plus avoir peur de cette présence qui ne peut que nous faire du bien. Il est le Père qui nous a donné la vie et qui nous aime tant. Une fois que nous l’acceptons et que nous cessons de penser notre vie sans lui, l’angoisse de la solitude disparaît (cf. Ps 139, 7). Et si nous n’éloignons plus Dieu de nous et que nous vivons en sa présence, nous pourrons lui permettre d’examiner nos cœurs pour qu’il voie s’ils sont sur le bon chemin (cf. Ps 139, 23-24). Ainsi, nous connaîtrons la volonté du Seigneur, ce qui lui plaît et ce qui est parfait (cf. Rm 12, 1-2) et nous le laisserons nous modeler comme un potier (cf. Is 29, 16). Nous avons souvent dit que Dieu habite en nous, mais il est mieux de dire que nous habitons en lui, qu’il nous permet de vivre dans sa lumière et dans son amour. Il est notre temple : « La chose que je cherche, c’est d’habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie » (cf. Ps 27, 4). « Mieux vaut un jour dans tes parvis que mille à ma guise » (Ps 84, 11). C’est en lui que nous sommes sanctifiés.

 

 

Un enseignement de l’Église souvent oublié

 

  1. L’Église catholique a maintes fois enseigné que nous ne sommes pas justifiés par nos œuvres ni par nos efforts mais par la grâce du Seigneur qui prend l’initiative. Les Pères de l’Église, même avant saint Augustin, exprimaient clairement cette conviction primordiale. Saint Jean Chrysostome disait que Dieu verse en nous la source même de tous les dons avant même que nous n’entrions dans le combat[21] Saint Basile le Grand faisait remarquer que le fidèle se glorifie seulement en Dieu, car il sait qu’il « est dépourvu de vraie justice et ne [trouve] sa justice que dans la foi au Christ ».[22]

 

  1. Le deuxième Synode d’Orange a enseigné avec grande autorité que nul homme peut exiger, mériter ou acheter le don de la grâce divine et que toute coopération avec elle est d’abord un don de la grâce elle-même : « Même notre volonté de purification est un effet de l’infusion et de l’opération du Saint Esprit en nous ».[23] Plus tard, même quand le Concile de Trente souligne l’importance de notre coopération pour la croissance spirituelle, il réaffirme cet enseignement dogmatique : on dit que nous sommes « justifiés gratuitement parce que rien de ce qui précède la justification, que ce soit la foi ou les œuvres, ne mérite cette grâce de la justification. En effet, si c’est une grâce, elle ne vient pas des œuvres ; autrement, la grâce n’est plus la grâce (Rm 11, 6)».[24]

 

  1. Le Catéchisme de l’Église catholique aussi nous rappelle que le don de la grâce « surpasse les capacités de l’intelligence et les forces de la volonté humaine »,[25] et qu’« à l’égard de Dieu, il n’y a pas, au sens d’un droit strict, de mérite de la part de l’homme. Entre Lui et nous l’inégalité est sans mesure ».[26] Son amitié nous dépasse infiniment, nous ne pouvons pas l’acheter par nos œuvres et elle ne peut être qu’un don de son initiative d’amour.
    Cela nous invite à vivre dans une joyeuse gratitude pour ce don que nous ne mériterons jamais, puisque « quand [quelqu’un] possède déjà la grâce, il ne peut mériter cette grâce déjà reçue ».[27] Les saints évitent de mettre leur confiance dans leurs propres actions : « Au soir de cette vie, je paraîtrai devant vous les mains vides, car je ne vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux ».[28]

 

  1. C’est l’une des grandes convictions définitivement acquises par l’Église, et cela est si clairement exprimé dans la Parole de Dieu que c’est hors de toute discussion. Tout comme le commandement suprême de l’amour, cette vérité devrait marquer notre style de vie, parce qu’elle s’abreuve au cœur de l’Evangile et elle demande non seulement à être accueillie par notre esprit, mais aussi à être transformée en une joie contagieuse. Cependant nous ne pourrons pas célébrer avec gratitude le don gratuit de l’amitié avec le Seigneur si nous ne reconnaissons pas que même notre existence terrestre et nos capacités naturelles sont un don. Il nous faut « accepter joyeusement que notre être soit un don, et accepter même notre liberté comme une grâce.
    C’est ce qui est difficile aujourd’hui dans un monde qui croit avoir quelque chose par lui-même, fruit de sa propre originalité ou de sa liberté ».[29]

 

  1. C’est seulement à partir du don de Dieu, librement accueilli et humblement reçu, que nous pouvons coopérer par nos efforts à nous laisser transformer de plus en plus.[30] Il faut d’abord appartenir à Dieu. Il s’agit de nous offrir à celui qui nous devance, de lui remettre nos capacités, notre engagement, notre lutte contre le mal et notre créativité, pour que son don gratuit grandisse et se développe en nous : « Je vous exhorte, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu » (Rm 12, 1). D’autre part, l’Église a toujours enseigné que seule la charité rend possible la croissance dans la vie de la grâce car « si je n’ai pas la charité, je ne suis rien » (1Co 13, 2).

 

 

Les nouveaux pélagiens

 

  1. Il y a encore des chrétiens qui s’emploient à suivre un autre chemin : celui de la justification par leurs propres forces, celui de l’adoration de la volonté humaine et de ses propres capacités, ce qui se traduit par une autosatisfaction égocentrique et élitiste dépourvue de l’amour vrai. Cela se manifeste par de nombreuses attitudes apparemment différentes : l’obsession pour la loi, la fascination de pouvoir montrer des conquêtes sociales et politiques, l’ostentation dans le soin de la liturgie, de la doctrine et du prestige de l’Église, la vaine gloire liée à la gestion d’affaires pratiques, l’enthousiasme pour les dynamiques d’autonomie et de réalisation autoréférentielle. Certains chrétiens consacrent leurs énergies et leur temps à cela, au lieu de se laisser porter par l’Esprit sur le chemin de l’amour, de brûler du désir de communiquer la beauté et la joie de l’Evangile, et de chercher ceux qui sont perdus parmi ces immenses multitudes assoiffées du Christ.[31]

 

  1. Souvent, contre l’impulsion de l’Esprit, la vie de l’Église se transforme en pièce de musée ou devient la propriété d’un petit nombre. Cela se produit quand certains groupes chrétiens accordent une importance excessive à l’accomplissement de normes, de coutumes ou de styles déterminés.
    De cette manière, on a l’habitude de réduire et de mettre l’Evangile dans un carcan en lui retirant sa simplicité captivante et sa saveur. C’est peut-être une forme subtile de pélagianisme, parce que cela semble soumettre la vie de la grâce à quelques structures humaines. Cela touche des groupes, des mouvements et des communautés, et c’est ce qui explique que, très souvent, ils commencent par une vie intense dans l’Esprit mais finissent fossilisés…ou corrompus.

 

  1. Sans nous en rendre compte, en pensant que tout dépend de l’effort humain canalisé par des normes et des structures ecclésiales, nous compliquons l’Evangile et nous devenons esclaves d’un schéma qui laisse peu de place pour que la grâce agisse. Saint Thomas d’Aquin nous rappelait que les préceptes ajoutés à l’Evangile par l’Église doivent s’exiger avec modération « de peur que la vie des fidèles en devienne pénible » et qu’ainsi notre religion ne se transforme en « un fardeau asservissant ».[32]

 

 

Le résumé de la Loi

 

  1. Pour éviter cela, il est bon de rappeler fréquemment qu’il y a une hiérarchie des vertus qui nous invite à rechercher l’essentiel. Le primat revient aux vertus théologales qui ont Dieu pour objet et cause. Et au centre se trouve la charité. Saint Paul affirme que ce qui compte vraiment, c’est la « la foi opérant par la charité » (Ga 5, 6). Nous sommes appelés à préserver plus soigneusement la charité: « Celui qui aime autrui a de ce fait accompli la loi […]. La charité est donc la loi dans sa plénitude » (Rm 13, 8.10). « Car une seule formule contient toute la Loi en sa plénitude : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” » (Ga 5, 14).

 

  1. En d’autres termes : dans l’épaisse forêt de préceptes et de prescriptions, Jésus ouvre une brèche qui permet de distinguer deux visages : celui du Père et celui du frère. Il ne nous offre pas deux formules ou deux préceptes de plus. Il nous offre deux visages, ou mieux, un seul, celui de Dieu qui se reflète dans beaucoup d’autres. Car en chaque frère, spécialement le plus petit, fragile, sans défense et en celui qui est dans le besoin, se trouve présente l’image même de Dieu. En effet, avec cette humanité vulnérable considérée comme déchet, à la fin des temps, le Seigneur façonnera sa dernière œuvre d’art. Car « qu’est-ce qui reste, qu’est-ce qui a de la valeur dans la vie, quelles richesses ne s’évanouissent pas ? Sûrement deux : le Seigneur et le prochain. Ces deux richesses ne s’évanouissent pas ».[33]
  2. Que le Seigneur délivre l’Église des nouvelles formes de gnosticisme et de pélagianisme qui l’affublent et l’entravent sur le chemin de la sainteté ! Ces déviations s’expriment de diverses manières, selon le tempérament et des caractéristiques propres à chacun. C’est pourquoi j’exhorte chacun à se demander et à discerner devant Dieu de quelle manière elles peuvent être en train de se manifester dans sa vie.

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[1] Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lett. Placuit Deo sur certains aspects du salut chrétien (22 février 2018), n. 4 : L’Osservatore Romano (2 mars 2018), pp.4-5 : « L’individualisme néo-pélagien et le mépris néo-gnostique du corps défigurent la confession de foi au Christ, Sauveur unique et universel ». Dans ce document, se trouvent les bases doctrinales pour la compréhension du salut chrétien en référence aux dérives néo-gnostiques et néo-pélagiennes actuelles.

[2] Exhort. ap. Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 94 : AAS 105 (2013), p. 1060.

[3] Ibid : AAS 105 (2013), p. 1059.

[4] Homélie lors de la Messe à la Résidence Sainte-Marthe (11 novembre 2016) : L’Osservatore Romano, éd. en langue française (1er décembre 2016), p. 8.

[5] 37 Comme l’enseigne saint Bonaventure, on doit « laisser en arrière toutes les opérations de l’intelligence, puis transporter et transformer en Dieu le foyer de toutes nos affections […] Il faut accorder peu à la recherche et beaucoup à l’onction ; peu à la langue et le plus possible à la joie intérieure ; peu aux discours et aux livres, et tout au don de Dieu, c’est-à-dire au saint Esprit ; peu ou rien à la créature et tout à l’Être créateur : Père, Fils et saint Esprit » (Itinerarium mentis in Deum, VII, 4-5 [Texte latin de Quaracchi traduit par H. Dumery], Paris 2001, pp. 103.105).

[6] Lettre au Grand Chancelier de l’Université Pontificale Catholique d’Argentine pour le centenaire de la Faculté de théologie (3 mars 2015) : L’Osservatore Romano (9-10 mars 2015), p. 6

[7] Exhort. ap. Evangelii gaudium (24 novembre 2013),n. 40 : AAS 105 (2013), p. 1037.

[8] Vidéo-message au congrès international de théologie de l’Université Pontificale Catholique d’Argentine (1-3 septembre 2015) : AAS 107 (2015), p. 980.

[9] Exhort. ap. post-synodale Vita consecrata (25 mars 1996), n. 38 : AAS 88 (1996), p. 412.

[10] Lettre au Grand Chancelier de l’Université Pontificale Catholique d’Argentine pour le centenaire de la Faculté de théologie (3 mars 2015) : L’Osservatore Romano (9-10 mars 2015), p. 6.

[11] Lettre à Frère Antoine, 2 (Ecrits, vies, témoignages, Ed. du 8ème centenaire vol. 1, Paris 2010, p. 383).

[12]  Les sept dons de l’Esprit Saint, 9, 15.

[13] Id, Commentaire sur le Livre IV des Sentences 37, 1, 3, ad 6.

[14]  46 Exhort. ap. Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 94 : AAS 105 (2013), p. 1059.

[15] Cf. Bonaventure de Bagnoregio, De sex alis Seraphim 3, 8 : « Non omnes omnia possunt ». Il faut le comprendre dans la ligne du Catéchisme de l’Église catholique, n. 1735.

[16]  Cf. Thomas d’Aquin, Somme Théologique I-II, q. 109, a. 9, ad 1. « La grâce est de quelque manière imparfaite en ce qu’elle ne guérit pas totalement l’homme ».

[17] Cf. La nature et la grâce XLIII, 50 : PL 44, p. 271.

[18] Confessions X, XXIX, 40 (Paris 1962, Livres VIII-XIII, p. 213).

[19] Cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n.44 : AAS 105 (2013), p. 1038.

[20] Dans la compréhension de la foi chrétienne, la grâce est prévenante, concomitante et subséquente à tout notre agir. (Cf. Conc. oecum. de Trente, Sess. VI, Decr. de iustificatione, ch. 5, in DH, n. 1525)

[21] Cf. Homélie sur la Lettre aux Romains IX, 11 : PG 60, p. 470

[22] Homélie sur l’humilité : PG 31, p. 530

[23] Canon 4, DH 374 (H. Denziger, Symboles et définitions de la foi catholique, Paris 2010, p. 137).

[24] Ses. 6ème, Decretum de iustificatione, chap. 8, DH 1532 (H. Denziger, Symboles et définitions de la foi catholique, Paris 2010, p. 422)

[25] N. 1998

[26] Ibid., n. 2007

[27] Thomas d’Aquin, Somme Théologique I-II, q. 114, art. 5

[28] Thérèse de Lisieux, ‘‘Acte d’offrande à l’Amour miséricordieux’’(Prières, 6), (Œuvres complètes, Paris 1996, p. 963)

[29] Liucio Gera, Sobre el misterio del pobre, dans P. Grelot- L. Gera-A. Dumas, El Pobre, Buenos Aires 1962, p. 103.

[30] 62 C’est, en définitive, la doctrine catholique du “mérite” postérieur à la justification. Il s’agit de la coopération du justifié à l’accroissement de la vie de la grâce (cf. Catéchisme de l’Église Catholique, n. 2010). Mais cette coopération ne fait en aucune manière que la justification elle-même et l’amitié de Dieu deviennent l’objet d’un mérite humain

[31] Cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n.95 : AAS 105 (2013), p. 1060

[32] Somme Théologique I-II, q. 107, art. 4.

[33] Homélie de la Sainte Messe à l’occasion du Jubilé des personnes socialement exclues (13 novembre 2016) : L’Osservatore Romano, éd. en langue française (17 novembre 2016), p. 7.

FRANÇOIS (pape ; 1936-....), MEDITATIONS, PAPE FRANÇOIS, Pape François, PRIERES

Les Béatitudes du Pape François

Les Béatitudes du Pape François

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 Être pauvre de cœur, 
c’est cela la sainteté.
Réagir avec douceur, 
c’est cela la sainteté.
Savoir pleurer avec les autres, 
c’est cela la sainteté.
Rechercher la justice avec faim et soif, 
c’est cela la sainteté.
Regarder et agir avec miséricorde
c’est cela la sainteté.
Garder le cœur pur de tout ce qui souille l’amour, 
c’est cela la sainteté.
Semer la paix autour de nous, 
c’est cela la sainteté.
Accepter chaque jour le chemin de l’Évangile 
même s’il nous crée des problèmes, c’est cela la sainteté.

 

Pape François,
Gaudete et exultate (2018), 63 à 95, passim.

CARÊME 2019, CAREME, DOCUMENTS PONTIFICAUX, FRANÇOIS (pape), PAPE FRANÇOIS, Pape François

Message du Pape François pour le Carême 2019

  «La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu» (Rm 8,19)

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Message du Pape François pour le Carême 2019. 

Chers frères et sœurs,

 

Chaque année, Dieu, avec le secours de notre Mère l’Eglise, «accorde aux chrétiens de se préparer aux fêtes pascales dans la joie d’un cœur purifié» (Préface de Carême 1) pour qu’ils puissent puiser aux mystères de la rédemption, la plénitude offerte par la vie nouvelle dans le Christ. Ainsi nous pourrons cheminer de Pâques en Pâques jusqu’à la plénitude du salut que nous avons déjà reçue grâce au mystère pascal du Christ: «Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance» (Rm 8,24). Ce mystère de salut, déjà à l’œuvre en nous en cette vie terrestre, se présente comme un processus dynamique qui embrasse également l’Histoire et la création tout entière. Saint Paul le dit : «La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu» (Rm8,19). C’est dans cette perspective que je souhaiterais offrir quelques points de réflexion pour accompagner notre chemin de conversion pendant le prochain carême.

 

 

  1. La rédemption de la Création

 La célébration du Triduum pascal de la passion, mort et résurrection du Christ, sommet de l’année liturgique, nous appelle, chaque fois, à nous engager sur un chemin de préparation, conscients que notre conformation au Christ (cf. Rm 8,29) est un don inestimable de la miséricorde de Dieu.

Si l’homme vit comme fils de Dieu, s’il vit comme une personne sauvée qui se laisse guider par l’Esprit Saint (cf. Rm 8,14) et sait reconnaître et mettre en œuvre la loi de Dieu, en commençant par celle qui est inscrite en son cœur et dans la nature, alors il fait également du bien à la Création, en coopérant à sa rédemption. C’est pourquoi la création, nous dit Saint Paul, a comme un désir ardent que les fils de Dieu se manifestent, à savoir que ceux qui jouissent de la grâce du mystère pascal de Jésus vivent pleinement de ses fruits, lesquels sont destinés à atteindre leur pleine maturation dans la rédemption du corps humain. Quand la charité du Christ transfigure la vie des saints – esprit, âme et corps –, ceux-ci deviennent une louange à Dieu et, par la prière, la contemplation et l’art, ils intègrent aussi toutes les autres créatures, comme le confesse admirablement le «Cantique des créatures» de saint François d’Assise (cf. Enc. Laudato Sì, n. 87). En ce monde, cependant, l’harmonie produite par la rédemption, est encore et toujours menacée par la force négative du péché et de la mort.

  

  1. La force destructrice du péché

En effet, lorsque nous ne vivons pas en tant que fils de Dieu, nous mettons souvent en acte des comportements destructeurs envers le prochain et les autres créatures, mais également envers nous-mêmes, en considérant plus ou moins consciemment que nous pouvons les utiliser selon notre bon plaisir. L’intempérance prend alors le dessus et nous conduit à un style de vie qui viole les limites que notre condition humaine et la nature nous demandent de respecter. Nous suivons alors des désirs incontrôlés que le Livre de la Sagesse attribue aux impies, c’est-à-dire à ceux qui n’ont pas Dieu comme référence dans leur agir, et sont dépourvus d’espérance pour l’avenir (cf. 2,1-11). Si nous ne tendons pas continuellement vers la Pâque, vers l’horizon de la Résurrection, il devient clair que la logique du «tout et tout de suite», du «posséder toujours davantage» finit par s’imposer.

La cause de tous les maux, nous le savons, est le péché qui, depuis son apparition au milieu des hommes, a brisé la communion avec Dieu, avec les autres et avec la création à laquelle nous sommes liés avant tout à travers notre corps. La rupture de cette communion avec Dieu a également détérioré les rapports harmonieux entre les êtres humains et l’environnement où ils sont appelés à vivre, de sorte que le jardin s’est transformé en un désert (cf. Gn 3,17-18). Il s’agit là du péché qui pousse l’homme à se tenir pour le dieu de la création, à s’en considérer le chef absolu et à en user non pas pour la finalité voulue par le Créateur mais pour son propre intérêt, au détriment des créatures et des autres.

Quand on abandonne la loi de Dieu, la loi de l’amour, c’est la loi du plus fort sur le plus faible qui finit par s’imposer. Le péché qui habite dans le cœur de l’homme (cf. Mc 7, 20-23) – et se manifeste sous les traits de l’avidité, du désir véhément pour le bien-être excessif, du désintérêt pour le bien d’autrui, et même souvent pour le bien propre – conduit à l’exploitation de la création, des personnes et de l’environnement, sous la motion de cette cupidité insatiable qui considère tout désir comme un droit, et qui tôt ou tard, finira par détruire même celui qui se laisse dominer par elle.

  

  1. La force de guérison du repentir et du pardon

 C’est pourquoi la création a un urgent besoin que se révèlent les fils de Dieu, ceux qui sont devenus “une nouvelle création” : «Si donc quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né» (2 Co 5,17). En effet, grâce à leur manifestation, la création peut elle aussi «vivre» la Pâque: s’ouvrir aux cieux nouveaux et à la terre nouvelle (cf. Ap 21,1). Le chemin vers Pâques nous appelle justement à renouveler notre visage et notre cœur de chrétiens à travers le repentir, la conversion et le pardon afin de pouvoir vivre toute la richesse de la grâce du mystère pascal.

Cette “impatience”, cette attente de la création, s’achèvera lors de la manifestation des fils de Dieu, à savoir quand les chrétiens et tous les hommes entreront de façon décisive dans ce “labeur” qu’est la conversion. Toute la création est appelée, avec nous, à sortir «de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu» (Rm 8,21). Le carême est un signe sacramentel de cette conversion. Elle appelle les chrétiens à incarner de façon plus intense et concrète le mystère pascal dans leur vie personnelle, familiale et sociale en particulier en pratiquant le jeûne, la prière et l’aumône.

Jeûner, c’est-à-dire apprendre à changer d’attitude à l’égard des autres et des créatures: de la tentation de tout “dévorer” pour assouvir notre cupidité, à la capacité de souffrir par amour, laquelle est capable de combler le vide de notre cœur. Prier afin de savoir renoncer à l’idolâtrie et à l’autosuffisance de notre moi, et reconnaître qu’on a besoin du Seigneur et de sa miséricorde. Pratiquer l’aumône pour se libérer de la sottise de vivre en accumulant toute chose pour soi dans l’illusion de s’assurer un avenir qui ne nous appartient pas. Il s’agit ainsi de retrouver la joie du dessein de Dieu sur la création et sur notre cœur, celui de L’aimer, d’aimer nos frères et le monde entier, et de trouver dans cet amour le vrai bonheur.

Chers frères et sœurs, le «carême» du Fils de Dieu a consisté à entrer dans le désert de la création pour qu’il redevienne le jardin de la communion avec Dieu, celui qui existait avant le péché originel (cf. Mc 1,12-13; Is 51,3). Que notre Carême puisse reparcourir le même chemin pour porter aussi l’espérance du Christ à la création, afin qu’«elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, puisse connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu» (cf. Rm 8,21). Ne laissons pas passer en vain ce temps favorable! Demandons à Dieu de nous aider à mettre en œuvre un chemin de vraie conversion. Abandonnons l’égoïsme, le regard centré sur nous-mêmes et tournons-nous vers la Pâque de Jésus: faisons-nous proches de nos frères et sœurs en difficulté en partageant avec eux nos biens spirituels et matériels. Ainsi, en accueillant dans le concret de notre vie la victoire du Christ sur le péché et sur la mort, nous attirerons également sur la création sa force transformante.

  

Du Vatican, le 4 octobre 2018,

Fête de Saint François d’Assise.

FRANÇOIS

DOMINQIUE WOLTON (1947-....), LIVRES, LIVRES - RECENSION, PAPE FRANÇOIS, Pape François

Politique et société : le pape François avec Dominique Wolton

Politique et société

Pape François, rencontre avec Dominique Wolton

Paris, Editions de l’Observatoire, 2017. 417 pages.

 

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Quatrième de couverture

LE 1ER LIVRE DU PAPE FRANÇOIS SUR SA VISION DE LA POLITIQUE ET DE LA SOCIÉTÉ

Pendant un an, le pape François a accordé douze entretiens à l’intellectuel français Dominique Wolton. Fruit de ces rencontres humaines et chaleureuses, ce dialogue exceptionnel et inédit aborde en toute liberté les grands sujets de notre temps et de l’existence humaine : la paix et la guerre, la politique et les religions, la mondialisation et la diversité culturelle, les fondamentalismes et la laïcité, l’Europe et les migrants, l’écologie, les inégalités dans le monde, l’oecuménisme et le dialogue interreligieux, l’individu, la famille, l’altérité, le temps, la confiance et la joie.
Sans conformisme ni langue de bois, ce livre illustre la vision du pape pour l’Église et la société : abattre les murs et construire des ponts.

 

Biographie de l’auteur

Jorge Mario BERGOGLIO, archevêque de Buenos Aires, a été élu pape sous le nom de François le 11 mars 2013. Il est le premier pape jésuite et latino-américain de l’histoire de l’Église.

Dominique WOLTON est directeur de recherche au CNRS. Il est le fondateur et le directeur de la revue internationale Hermès (CNRS Éditions) depuis 1988. Dans la communication, il privilégie l’homme et la politique par rapport à la technique et à l’économie. Il est l’auteur d une trentaine d ouvrages, traduits en vingt langues.

 

 

Le pape François se confie dans un livre inédit

 

Entre février 2016 et février 2017, le pape François a accordé douze entretiens de deux heures au sociologue français Dominique Wolton qu’il a reçu à la résidence Sainte-Marthe au Vatican.

Plus que des révélations, l’ouvrage offre l’occasion de saisir en profondeur la vision que le pape porte sur le monde et sur l’homme.

Douze tête-à-tête avec le pape François, dans l’intimité de la résidence Sainte-Marthe au Vatican… C’est évidemment un magnifique « coup » éditorial qu’a réussi le sociologue Dominique Wolton en parvenant à obtenir un tel privilège, trente ans après avoir recueilli les confidences du cardinal Jean-Marie Lustiger, dans un livre (Le choix de Dieu) qui a fait date. De ce point de vue, le livre, sobrement intitulé Politique et société, qu’il a tiré de ses rencontres, est un événement.

Dominique Wolton le sait et le lecteur n’ignore rien des émotions de l’intervieweur : chacun des huit chapitres retranscrivant ses dialogues avec le pape est précédé d’un récit dans lequel le directeur de recherches au CNRS raconte le temps qu’il faisait, ce jour-là, à Rome ou le vertige qui le saisit à l’idée qu’il doit être à la hauteur de son illustre interlocuteur. De même, l’on pourra s’étonner de la longueur de certaines interventions de Dominique Wolton, parfois plus fournies que celles du pape… L’originalité du projet passe par ce léger travers. De fait, le pape ne répond pas ici à une interview, au sens journalistique du terme – comme il en a accordé une à La Croix en mai 2016 –, il a accepté le principe d’une libre conversation. Or c’est bien cette liberté qui fait tout l’intérêt de l’ouvrage. La valeur de l’échange n’est pas à chercher dans quelque dimension littéraire – l’oralité de la discussion est clairement préservée – ou dans l’agencement sans faille du raisonnement – le propos est parfois décousu.

 

François s’exprime en vérité et y prend un plaisir manifeste

Les entretiens, accompagnés d’extraits de ses interventions majeures, permettent d’envisager en profondeur la personnalité du pape et les fondements de sa vision du monde et de l’homme. Sur les grands sujets relatifs à l’état du monde – le fondamentalisme, les migrants, l’écologie, la paix et la guerre, l’Europe, les inégalités –, sur la vie de l’Église – les divorcés remariés, l’idéologie traditionaliste, la pédophilie –, comme sur les aspects plus personnels de sa vie – son enfance, sa relation avec les femmes, son rapport à l’Argentine –, François s’exprime en vérité et y prend un plaisir manifeste. Cela vaut sans doute toutes les « révélations » que certains attendront sur les coulisses de la papauté et de la Curie, mais qui ne figurent pas dans l’ouvrage.

Ces conversations, ponctuées de francs éclats de rire et de traits d’esprit pleins d’humour, en donnent une preuve supplémentaire : Jorge Mario Bergoglio ne cherche pas à jouer un personnage, reconnaissant même une propension tout argentine à cultiver son « ego » ! Il est pape comme il était provincial des jésuites en Argentine, saisissant l’instant, assumant au présent la charge qui lui est confiée. Il reconnaît certaines erreurs, notamment dans les conférences de presse au retour de ses voyages, avec la même liberté qu’il raconte avoir, à l’âge de 42 ans, consulté une psychanalyste à Buenos Aires, une fois par semaine pendant six mois.

 

« Je me sens libre » 

Ennemi juré de la rigidité intellectuelle comme de la synthèse qui affadit, il assume ses convictions – l’argent est le pire mal qui ronge la société ; il faut construire des ponts plutôt que des murs – et envoie des messages. À l’Europe, qui se referme sur elle-même et « peut perdre le sens de sa culture, de sa tradition »; aux catholiques qui envisagent la morale comme une longue suite de préceptes et d’interdits ; aux prêtres qui ne savent pas se rendre disponibles…

Car, au fond, le pape ne cherche ni à plaire ni à déplaire. Les critiques peuvent-elles vraiment ébranler celui qui dit clairement : « À moi, rien ne me fait peur » ? Peuvent-elles aussi entamer la nature profonde de celui qui n’aime rien tant que la rencontre avec l’autre ? « Je suis libre, dit-il, résumant le sentiment qui parcourt les pages. Je me sens libre. Ça ne veut pas dire que je fais ce que je veux, non. Mais je ne me sens pas emprisonné, en cage. En cage ici, au Vatican, oui, mais pas spirituellement. (…) Les choses viennent comme ça, on fait ce qu’on peut, on prend les choses comme elles viennent, on évite de faire des choses, certaines marchent, d’autres pas. Ça peut-être de la superficialité, je ne sais pas. Je ne sais pas comment l’appeler. Je me sens comme un poisson dans l’eau. »

 

https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Pape/Le-pape-Francois-confie-livre-inedit-2017-09-01-1200873733

DOCUMENTS PONTIFICAUX, EGLISE CATHOLIQUE, EXHORTATION APOSTOLIQUE GAUDETE ET EXSULTATE, FRANÇOIS (pape), PAPE FRANÇOIS, Pape François

Exhortation Gaudete et Exsultate : extraits

Exhortation « Gaudete et Exsultate » :

Le pape nous donne un texte lumineux et joyeux. Voici ses dix conseils pour être saint…

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1 –  NE TE DÉFILE PAS !  

« Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuses ou religieux. (…) Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. » 14 

« J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, je vois la sainteté de l’Eglise militante. C’est cela, souvent, la sainteté « de la porte d’à côté », de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, « la classe moyenne de la sainteté ». 7.

 2 – TON GUIDE POUR LA ROUTE : LES BÉATITUDES. 

« Les Béatitudes ne sont nullement quelque chose de léger ou de superficiel, bien au contraire ; car nous ne pouvons les vivre que si l’Esprit Saint nous envahit avec toute sa puissance et nous libère de la faiblesse de l’égoïsme, du confort, de l’orgueil. » 65 

« Etre pauvre de cœur, c’est cela la sainteté ! » 70 ; « Réagir avec une humble douceur, c’est cela la sainteté ! » 74 ; « Savoir pleurer avec les autres, c’est cela la sainteté ! »76 ; « Rechercher la justice avec faim et soif, c’est cela la sainteté ! » 79 ; « Regarder et agir avec miséricorde, c’est cela la sainteté ! » 82 ; « Garder le cœur pur de tout ce qui souille l’amour, c’est cela la sainteté ! » 86 ; « Semer la paix autour de nous, c’est cela la sainteté ! » 89 

 3 – TU VEUX AIMER ? AGIS.  

« Celui qui veut vraiment rendre gloire à Dieu par sa vie, celui qui désire réellement se sanctifier pour que son existence glorifie le Saint, est appelé à se consacrer, à s’employer, et à s’évertuer à essayer de vivre les œuvres de miséricorde. » 107 

« Quand je rencontre une personne dormant exposée aux intempéries, dans une nuit froide, je peux considérer que ce « paquet » est un imprévu qui m’arrête, un délinquant désœuvré, un obstacle sur mon chemin, un aiguillon gênant pour ma conscience, un problème que doivent résoudre les hommes politiques, et peut-être même un déchet qui pollue l’espace public. Ou bien je peux réagir à partir de la foi et de la charité, et reconnaître en elle un être humain doté de la même dignité que moi, une créature infiniment aimée par le Père, une image de Dieu, un frère racheté par Jésus-Christ. C’est cela être chrétien ! » 98

 4 – CULTIVE L’HUMILITÉ. 

« L’humilité ne peut s’enraciner dans le cœur qu’à travers les humiliations. Sans elles, il n’y a ni humilité ni sainteté. Si tu n’es pas capable de supporter et de souffrir quelques humiliations, tu n’es pas humble et tu n’es pas sur le chemin de la sainteté. La sainteté que Dieu offre à son Eglise vient à travers l’humiliation de son Fils. Voilà le chemin ! » 118 

« Je ne dis pas que l’humiliation soit quelque chose d’agréable, car ce serait du masochisme, mais je dis qu’il s’agit d’un chemin pour imiter Jésus et grandir dans l’union avec lui. » 120 

 5 – SOIS DANS LA JOIE. 

« Le saint est capable de vivre joyeux et avec le sens de l’humour. Tout en demeurant réaliste, il éclaire les autres avec un esprit positif et rempli d’espérance. » 122 

« Je ne parle pas de la joie consumériste et individualiste si répandue dans certaines expériences culturelles d’aujourd’hui. Car le consumérisme ne fait que surcharger le cœur ; il peut offrir des plaisirs occasionnels et éphémères, mais pas la joie. » 128 

 6 – OSE ÉVANGÉLISER. 

« En même temps, la sainteté est parresia: elle est audace, elle est une incitation à l’évangélisation qui laisse une marque dans ce monde. » 129 

« Dieu est toujours une nouveauté, qui nous pousse à partir sans relâche et à nous déplacer pour aller au-delà de ce qui est connu, vers les périphéries et les frontières. Il nous conduit là où l’humanité est la plus blessée et là où les êtres humains, sous l’apparence de la superficialité et du conformisme, continuent à chercher la réponse à la question du sens de la vie. » 135

 

7 – NE TE RÉSIGNE JAMAIS !  

« A causer de l’accoutumance, nous n’affrontons plus le mal et nous permettons que les choses « soient ce qu’elles sont », ou que certains ont décidé qu’elles soient. Mais laissons le Seigneur venir nous réveiller, nous secouer dans notre sommeil, nous libérer de l’inertie. Affrontons l’accoutumance, ouvrons bien les yeux et les oreilles, et surtout le cœur, pour nous laisser émouvoir par ce qui se passe autour de nous et par le cri de la Parole vivante et efficace du Ressuscité. » 137 

  

8 – PRIE CHAQUE JOUR. ET RECOMMENCE.  

« Je ne crois pas dans la sainteté sans prière, bien qu’il ne s’agisse pas nécessairement de longs moments ou de sentiments intenses. » 147 

« Je voudrais insister sur le fait que ce n’est pas seulement pour quelques privilégiés, mais pour tous, car ‘nous avons tous besoin de ce silence chargé de présence adorée.’* La prière confiante est une réaction du cœur qui s’ouvre à Dieu face à face, où on fait taire tous les bruits pour écouter la voix suave du Seigneur qui résonne dans le silence. »149 

« J’ose donc te demander : Y a-t-il des moments où tu te mets en sa présence en silence, où tu restes avec lui sans hâte, et tu te laisses regarder par lui ? Est-ce que tu laisses son feu embraser ton cœur ? Si tu ne lui permets pas d’alimenter la chaleur de son amour et de sa tendresse, tu n’auras pas de feu, et ainsi comment pourras-tu enflammer le cœur des autres par ton témoignage et par tes paroles ? » 151 

 

9 – PRÉPARE-TOI AU COMBAT. 

« La vie chrétienne est un combat permanent. Il faut de la force et du courage pour résister aux tentations du diable et annoncer l’Evangile. Cette lutte est très belle, car elle nous permet de célébrer chaque fois le Seigneur vainqueur dans notre vie. » 158 

« Nous n’admettrons pas l’existence du diable si nous nous évertuons à regarder la vie seulement avec des critères empiriques et sans le sens du surnaturel. Précisément, la conviction que ce pouvoir malin est parmi nous est ce qui nous permet de comprendre pourquoi le mal a parfois tant de force destructrice. » 160 

« Ne pensons donc pas que c’est un mythe, une représentation, un symbole, une figure ou une idée. Cette erreur nous conduit à baisser les bras, à relâcher l’attention et à être plus exposés. » 161 

« Nous avons pour le combat les armes puissantes que le Seigneur nous donne : la foi qui s’exprime dans la prière, la méditation de la Parole de Dieu, la célébration de la Messe, l’adoration eucharistique, la réconciliation sacramentelle, les œuvres de charité, la vie communautaire et l’engagement missionnaire. » 162

 

 10 – APPRENDS À DISCERNER CE QUE DIEU VEUT POUR TOI. 

« Comment savoir si une chose vient de l’Esprit Saint ou si elle a son origine dans l’esprit du monde ou dans l’esprit du diable ? Le seul moyen, c’est le discernement qui ne requiert pas seulement une bonne capacité à raisonner ou le sens commun. C’est aussi un don qu’il faut demander. » 166 

« Souvent, cela se joue dans les petites choses, dans ce qui parait négligeable, parce que la grandeur se montre dans ce qui est simple et quotidien. » 169 

« Ce qui est en jeu, c’est le sens de ma vie devant le Père qui me connaît et qui m’aime, le vrai sens de mon existence que personne ne connait mieux que lui. » 170 

 

QUELQUES EXTRAITS

 

  • 1Le Seigneur demande tout ; et ce qu’il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance.

 

  • 4. Les saints qui sont déjà parvenus en la présence de Dieu gardent avec nous des liens d’amour et de communion. … nous nous savons entourés, conduits et guidés par les amis de Dieu.

 

  • 6. Ne pensons pas uniquement à ceux qui sont déjà béatifiés ou canonisés. L’Esprit Saint répand la sainteté partout.

 

  • 10 – Ce que je voudrais rappeler par la présente Exhortation, c’est surtout l’appel à la sainteté que le Seigneur adresse à chacun d’entre nous, cet appel qu’il t’adresse à toi aussi : « Vous êtes devenus saints car je suis saint ».

 

  • 11. Il y a des témoins qui sont utiles pour nous encourager et pour nous motiver, mais non pour que nous les copiions, car cela pourrait même nous éloigner de la route unique et spécifique que le Seigneur veut pour nous. Ce qui importe, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui (cf. 1 Co 12, 7).

 

  • 13. Cela devrait enthousiasmer chacun et l’encourager à tout donner pour progresser vers ce projet unique et inimitable que Dieu a voulu pour lui de toute éternité.

 

  • 14 – Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieuse ou religieux. Bien des fois, nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires, afin de consacrer beaucoup de temps à la prière. Il n’en est pas ainsi.

 

  • 19. Pour un chrétien, il n’est pas possible de penser à sa propre mission sur terre sans la concevoir comme un chemin de sainteté … Chaque saint est une mission ; il est un projet du Père pour refléter et incarner, à un moment déterminé de l’histoire, un aspect de l’Évangile.

 

  • 20. La sainteté, c’est vivre les mystères de sa vie en union avec lui.

 

  • 21. Chaque saint est un message que l’Esprit Saint puise dans la richesse de Jésus-Christ et offre à son peuple.

 

  • 22. Pour reconnaître quelle est cette parole que le Seigneur veut dire à travers un saint, il ne faut pas s’arrêter aux détails, car là aussi il peut y avoir des erreurs et des chutes. Tout ce que dit un saint n’est pas forcément fidèle à l’Évangile, tout ce qu’il fait n’est pas nécessairement authentique et parfait …

Toi aussi, tu as besoin de percevoir la totalité de ta vie comme une mission.

 

  • 24. Le Seigneur l’accomplira même au milieu de tes erreurs et de tes mauvaises passes, pourvu que tu n’abandonnes pas le chemin de l’amour et que tu sois toujours ouvert à son action surnaturelle qui purifie et illumine.

 

  • 26. Il n’est pas sain d’aimer le silence et de fuir la rencontre avec l’autre, de souhaiter le repos et d’éviter l’activité, de chercher la prière et de mépriser le service. Tout peut être accepté et être intégré.

 

  • 32. N’aie pas peur de la sainteté. Elle ne t’enlèvera pas les forces, ni la vie ni la joie. C’est tout le contraire, car tu arriveras à être ce que le Père a pensé quand il t’a créé et tu seras fidèle à ton propre être.

 

  • 34. La sainteté… c’est la rencontre de ta faiblesse avec la force de la grâce.

 

  • 39 – Une chose est un sain et humble usage de la raison pour réfléchir sur l’enseignement théologique et moral de l’Evangile ; une autre est de prétendre réduire l’enseignement de Jésus à une logique froide et dure qui cherche à tout dominer.

 

  • 41. Celui qui veut que tout soit clair et certain prétend dominer la transcendance de Dieu.

 

  • 43 – Dans l’Église cohabitent à bon droit diverses manières d’interpréter de nombreux aspects de la doctrine et de la vie chrétiennequi, dans leur variété, « aident à mieux expliquer le très riche trésor de la Parole ». En réalité « à ceux qui rêvent d’une doctrine monolithique défendue par tous sans nuances, cela peut sembler une dispersion imparfaite ».

 

  • 44 – En réalité, la doctrine, ou mieux, notre compréhension et expression de celle-ci, « n’est pas un système clos, privé de dynamiques capables d’engendrer des questions, des doutes, des interrogations », et « les questions de notre peuple, ses angoisses, ses combats, ses rêves, ses luttes, ses préoccupations, possèdent une valeur herméneutique que nous ne pouvons ignorer si nous voulons prendre au sérieux le principe de l’incarnation. Ses questions nous aident à nous interroger, ses interrogations nous interrogent ».

 

  • 49 – Ceux qui épousent cette mentalité pélagienne ou semi-pélagienne, bien qu’ils parlent de la grâce de Dieu dans des discours édulcorés, « en définitive font confiance uniquement à leurs propres forces et se sentent supérieurs aux autres parce qu’ils observent des normes déterminées ou parce qu’ils sont inébranlablement fidèles à un certain style catholique.

 

  • 52. L’Église catholique a maintes fois enseigné que nous ne sommes pas justifiés par nos œuvres ni par nos efforts mais par la grâce du Seigneur qui prend l’initiative.

 

  • 58 – Souvent, contre l’impulsion de l’Esprit, la vie de l’Église se transforme en pièce de musée ou devient la propriété d’un petit nombre. Cela se produit quand certains groupes chrétiens accordent une importance excessive à l’accomplissement de normes, de coutumes ou de styles déterminés.

 

  • 59. Les préceptes ajoutés à l’Evangile par l’Église doivent s’exiger avec modération « de peur que la vie des fidèles en devienne pénible » et qu’ainsi notre religion ne se transforme en « un fardeau asservissant »..

 

  • 72. Face aux autres, … si nous regardons leurs limites et leurs défauts avec tendresse et douceur, sans nous sentir meilleurs qu’eux, nous pouvons les aider et nous évitons d’user nos énergies en lamentations inutiles.

 

  • 74. La douceur est une autre expression de la pauvreté intérieure de celui qui place sa confiance seulement en Dieu.

 

  • 94 – Les persécutions ne sont pas une réalité du passé, parce qu’aujourd’hui également, nous en subissons, que ce soit d’une manière sanglante, comme tant de martyrs contemporains, ou d’une façon plus subtile, à travers des calomnies et des mensonges.

 

  • 101 – La défense de l’innocent qui n’est pas encore né, par exemple, doit être sans équivoque, ferme et passionnée, parce que là est en jeu la dignité de la vie humaine, toujours sacrée, et l’amour de chaque personne indépendamment de son développement exige cela. Mais est également sacrée la vie des pauvres qui sont déjà nés, de ceux qui se débattent dans la misère, l’abandon, le mépris, la traite des personnes, l’euthanasie cachée des malades et des personnes âgées privées d’attention, dans les nouvelles formes d’esclavage, et dans tout genre de marginalisation.

Le christianisme est principalement fait pour être pratiqué.

 

  • 109 – Le christianisme est principalement fait pour être pratiqué, et s’il est objet de réflexion, ceci n’est valable que quand il nous aide à incarner l’Évangile dans la vie quotidienne. Je recommande de nouveau de relire fréquemment ces grands textes bibliques, de se les rappeler, de prier en s’en servant, d’essayer de les faire chair. Ils nous feront du bien, ils nous rendront vraiment heureux.

 

  • 125. Il y a des moments difficiles, des temps de croix, mais rien ne peut détruire la joie surnaturelle qui « s’adapte et se transforme, et elle demeure toujours au moins comme un rayon de lumière qui naît de la certitude personnelle d’être infiniment aimé, au-delà de tout ». C’est une assurance intérieure, une sérénité remplie d’espérance qui donne une satisfaction spirituelle incompréhensible selon les critères du monde.

 

  • 126. Ordinairement, la joie chrétienne est accompagnée du sens de l’humour,

[Note 101] Je recommande de dire la prière attribuée à saint Thomas More : « …Ne permets pas que je me fasse trop de souci pour cette chose encombrante que j’appelle ‘‘moi’’. Seigneur, donne-moi l’humour pour que je tire quelque bonheur de cette vie et en fasse profiter les autres. Ainsi soit-il ».

 

  • 135 – Dieu est toujours une nouveauté, qui nous pousse à partir sans relâche et à nous déplacer pour aller au-delà de ce qui est connu, vers les périphéries et les frontières. Il nous conduit là où l’humanité est la plus blessée et là où les êtres humains, sous l’apparence de la superficialité et du conformisme, continuent à chercher la réponse à la question du sens de la vie. Dieu n’a pas peur ! Il n’a pas peur ! Il va toujours au-delà de nos schémas et ne craint pas les périphéries.

 

  • 138 – L’Église n’a pas tant besoin de bureaucrates et de fonctionnaires, que de missionnaires passionnés, dévorés par l’enthousiasme de transmettre la vraie vie. Les saints surprennent, dérangent, parce que leurs vies nous invitent à sortir de la médiocrité tranquille et anesthésiante.

 

  • 140. Si nous sommes trop seuls, nous perdons facilement le sens de la réalité, la clairvoyance intérieure, et nous succombons.

 

  • 141. La sanctification est un cheminement communautaire, à faire deux à deux. Il y a … beaucoup de couples saints au sein desquels chacun a été un instrument du Christ pour la sanctification de l’autre époux.

 

  • 147. La sainteté est faite d’une ouverture habituelle à la transcendance, qui s’exprime dans la prière … bien qu’il ne s’agisse pas nécessairement de longs moments ou de sentiments intenses.

 

  • 151 – Y a-t-il des moments où tu te mets en sa présence en silence, où tu restes avec lui sans hâte, et tu te laisses regarder par lui ? Est-ce que tu laisses son feu embraser ton cœur ? Si tu ne lui permets pas d’alimenter la chaleur de son amour et de sa tendresse, tu n’auras pas de feu, et ainsi comment pourras-tu enflammer le cœur des autres par ton témoignage et par tes paroles ? Et si devant le visage du Christ tu ne parviens pas à te laisser guérir et transformer, pénètre donc les entrailles du Seigneur, entre dans ses plaies, car c’est là que la miséricorde divine a son siège.

 

  • 156. La lecture priante de la Parole de Dieu, « plus douce que le miel » (Ps 119, 103) et « plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants » (He 4, 12) nous permet de nous arrêter pour écouter le Maître afin qu’il soit lampe sur nos pas, lumière sur notre route (cf. Ps 119, 105).

 

  • 159. C’est aussi une lutte permanente contre le diable qui est le prince du mal.

 

  • 160. De fait, quand Jésus nous a enseigné le Notre Père, il a demandé que nous terminions en demandant au Père de nous délivrer du Mal. Le terme utilisé ici ne se réfère pas au mal abstrait et sa traduction plus précise est “le Malin”. Il désigne un être personnel qui nous harcèle. Jésus nous a enseigné à demander tous les jours cette délivrance pour que son pouvoir ne nous domine pas.

 

  • 161. Ne pensons donc pas que c’est un mythe, une représentation, un symbole, une figure ou une idée,… car il rôde « comme un lion rugissant cherchant qui dévorer » (1P 5, 8).

 

  • 166 – Comment savoir si une chose vient de l’Esprit Saint ou si elle a son origine dans l’esprit du monde ou dans l’esprit du diable ? Le seul moyen, c’est le discernement qui ne requiert pas seulement une bonne capacité à raisonner ou le sens commun. C’est aussi un don qu’il faut demander.

 

  • 167. Aujourd’hui, l’aptitude au discernement est redevenue particulièrement nécessaire.

 

  • 170. Il est vrai que le discernement spirituel n’exclut pas les apports des connaissances humaines, existentielles, psychologiques, sociologiques ou morales. Mais il les transcende.

Rappelons-nous toujours que le discernement est une grâce. Bien qu’il inclue la raison et la prudence, il les dépasse parce qu’il s’agit d’entrevoir le mystère du projet unique et inimitable que Dieu a pour chacun,

Il ne requiert pas de capacités spéciales ni n’est réservé aux plus intelligents ou aux plus instruits, et le Père se révèle volontiers aux humbles (cf. Mt 11, 25).

 

  • 172. Seul celui qui est disposé à écouter possède la liberté pour renoncer à son propre point de vue partiel ou insuffisant, à ses habitudes, à ses schémas.

 

  • 173 – Il ne s’agit pas d’appliquer des recettes ni de répéter le passé, puisque les mêmes solutions ne sont pas valables en toutes circonstances, et ce qui sera utile dans un certain contexte peut ne pas l’être dans un autre. Le discernement des esprits nous libère de la rigidité qui n’est pas de mise devant l’éternel aujourd’hui du Ressuscité. Seul l’Esprit sait pénétrer dans les replis les plus sombres de la réalité et prendre en compte toutes ses nuances, pour que, sous un nouveau jour, émerge la nouveauté de l’Evangile.

 

  • 175. Le discernement n’est pas une autoanalyse intimiste, une introspection égoïste, mais une véritable sortie de nous-mêmes vers le mystère de Dieu.

 

ABOLITION DE LA PEINE DE MORT, CATECHISME DE L'EGLISE CATHOLIQUE, EGLISE CATHOLIQUE, FRANÇOIS (pape), PAPE FRANÇOIS, PEINE DE MORT

Le Pape François dit non à la peine de mort !

 Le non catégorique du pape à la peine de mort

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Le pape François a inscrit jeudi 2 août dans le Catéchisme de l’Église catholique une opposition catégorique à la peine de mort, jugée « inadmissible ».

Il souhaite que l’Église s’engage « de façon déterminée » à l’abolir partout dans le monde.

 Nul ne l’ignore, l’Église catholique est résolument « pro vie ». Mais, si elle n’admet aucune exception pour le début de la vie, il demeurait encore, jusqu’à jeudi 2 août, quelques ambiguïtés concernant sa fin. Ainsi, le Catéchisme de l’Église catholique permettait encore le recours à la peine de mort, « si celle-ci est l’unique moyen praticable pour protéger efficacement de l’injuste agresseur la vie d’êtres humains » (article 2267). Dans sa version corrigée de 1997, le Catéchisme précisait néanmoins que ces « cas d’absolue nécessité » sont désormais « assez rares, sinon même pratiquement inexistants ».

 Le pape François est allé plus loin jeudi 2 août, en approuvant une nouvelle modification du Catéchisme qui qualifie d’« inadmissible » la peine de mort. « L’Église enseigne, à la lumière de l’Évangile, que “la peine de mort est une mesure inadmissible qui blesse la dignité personnelle” et elle s’engage de façon déterminée, en vue de son abolition partout dans le monde », peut-on lire dans le texte modifié de l’article 2267.

Annoncée le 11 octobre, lors d’une conférence organisée à Rome pour le 25anniversaire de la première publication du Catéchisme en 1992, cette modification permet de prendre en compte dans la doctrine les efforts répétés de Jean-Paul II puis de Benoît XVI pour faire évoluer la vision de l’Église en la matière. Dans une lettre aux évêques également publiée hier, le cardinal Luis Ladaria Ferrer, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, explique en quoi cette formulation « ne contredit pas les enseignements antérieurs » du Magistère. « Cette décision est encore un exemple que le pape actuel n’a pas peur de faire évoluer la doctrine », note le théologien néerlandais Hendro Munsterman.

 

« C’est une avancée très importante, on l’attendait depuis si longtemps! »

 Ce spécialiste remarque également que la modification de l’article 2267 ne s’appuie pas tant sur des avancées exégétiques ou théologiques que sur « une prise de conscience qui vient de l’intérieur de notre société, et qui n’a pas forcément besoin de Dieu pour se dire humaniste ». On lit en effet dans l’article modifié« Aujourd’hui, on est de plus en plus conscient que la personne ne perd pas sa dignité, même après avoir commis des crimes très graves. » Il est également précisé que des « systèmes de détention plus efficaces » ont été mis en place pour garantir la sécurité des citoyens tout en sauvegardant la vie du coupable.

« C’est une avancée très importante, on l’attendait depuis si longtemps! » se réjouit Bernadette Forhan, présidente de l’Acat France (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture). Ainsi modifié, le Catéchisme pourrait constituer une « autorité morale » offrant davantage de légitimité au discours abolitionniste de son association. « Quand on fait des interventions dans des églises, on entend régulièrement des paroissiens dire qu’il faudrait, dans certains cas, revenir à la peine de mort… Ce type de discours a notamment pris de l’ampleur après les attentats », dit-elle.

En ce qui concerne les autres pays du monde (ils sont encore 57 à appliquer la peine de mort), Bernadette Forhan veut croire qu’un tel changement dans la doctrine catholique pourrait avoir un impact politique. « C’est d’autant plus important aujourd’hui qu’un certain nombre de pays envisagent un retour en arrière sur ce point, explique-t-elle. Aux Philippines, par exemple, le président Rodrigo Duerte  veut rétablir la peine de mort pour les trafiquants de drogue… On pourra désormais lui dire: vous, pays catholique, entrez une fois de plus en contradiction avec le Catéchisme! »

 «  Jésus est celui qui donne toujours une chance à chacun »

 « La peine de mort et sa logique de rétribution ne sont pas compatibles avec l’Évangile, soutenait déjà en octobre Mgr Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg et président de la Comece (Commission des épiscopats de la commission européenne). Jésus est celui qui donne toujours une chance à chacun. Cet amour infini de Dieu donne à chaque homme une dignité que même des crimes ne sauraient enlever. »

Par le passé, l’Église s’est méfiée des mouvements abolitionnistes apparus au XVIIIe siècle. Ceux-ci lui apparaissaient comme une concession à l’esprit des Lumières, opposé à la tradition chrétienne. Mais en 1969, soit douze ans avant la France, l’État du Vatican avait aboli la peine capitale, et toutes les déclarations officielles du Saint-Siège marquent, depuis plus de vingt ans, un refus très net de l’usage de cette sentence.

 

 Peine de mort : l’évolution du « Catéchisme »

 Le Catéchisme de l’Église catholique (CEC) est un ouvrage d’instruction à la doctrine catholique, résumant la foi, l’enseignement et la morale de l’Église catholique. Cette somme de plus de 650 pages a été publiée le 7 décembre 1992 puis rééditée, dans sa version définitive, en août 1997.

► 1992

La première version du Catéchisme n’exclut pas le recours à la peine de mort « dans les cas d’extrême gravité ». Elle la justifie « si celle-ci est l’unique moyen praticable pour protéger efficacement de l’injuste agresseur la vie d’êtres humains » (§2267).

► 1997

Parmi la centaine de modifications que comporte l’édition définitive du Catéchisme par rapport à la version de 1992, la plus notable concerne la peine de mort. Le Catéchisme reprend désormais la position de l’encyclique « Evangelium vitae » de 1995 (§56), qui rend la peine capitale inapplicable en raison du progrès de nos sociétés. « Aujourd’hui, en effet, étant données les possibilités dont l’État dispose pour réprimer efficacement le crime en rendant incapable de nuire celui qui l’a commis, sans lui enlever définitivement la possibilité de se repentir, les cas d’absolue nécessité de supprimer le coupable « sont désormais assez rares, sinon même pratiquement inexistants » (Evangelium vitae, n. 56) »

► 11 octobre 2017

Le pape a estimé mercredi 11 octobre que la doctrine exprimée par le Catéchisme de l’Église catholique n’était pas figée et qu’elle devait pouvoir évoluer, notamment sur la peine
de mort.

 

 Peine de mort, ce qu’en disent les religions et les confessions chrétiennes

 

Le pape François a estimé, mercredi 11 octobre, que la doctrine de l’Église catholique devait pouvoir évoluer, notamment sur la peine de mort.

La question de la peine capitale interroge profondément les religions tant elle touche à la définition même de la vie. Le point sur les positions des confessions chrétiennes et des religions monothéistes sur la peine de mort.

 

Alors que la peine capitale était reconnue par la tradition rabbinique selon quatre modalités (lapidation, bûcher, épée et strangulation), elle a évolué avec le changement des mentalités. « La peine capitale n’a pas été déclarée abolie, mais les conditions de son application sont tellement complexes qu’elle est impossible », explique Jean-Christophe Attias, directeur d’études à l’École pratiques des hautes études et spécialiste du judaïsme. En Israël, la peine capitale est retenue dans le cadre de crime de génocide et d’actes de trahison mais le seul cas d’exécution dans le pays fut celui du criminel nazi Adolph Eichmann en 1962. « Si la peine de mort n’est, en principe, pas jugée illégitime, il y a quand même la volonté de ne pas s’arroger une prérogative divine et un tel respect de la vie humaine qu’on répugne à la retirer. »

  

Islam

Parmi les cinq pays où Amnesty International a recensé le plus grand nombre d’exécutions en 2016, quatre sont majoritairement musulmans: l’Arabie saoudite, l’Iran, l’Irak et le Pakistan. « Et, sauf en droit, ne tuez point la vie qu’Allah a rendue sacrée. Quiconque est tué injustement, alors Nous avons donné pouvoir à son proche [parent]. Que celui-ci ne commette pas d’excès dans le meurtre car il est déjà assisté par la loi », est-il écrit dans le Coran (17,33). « La loi islamique est claire en ce qui concerne le meurtre: la peine capitale est prononcée par l’autorité centrale selon la loi du’un pour un’selon des conditions strictes; de même pour ceux qui prennent les armes contre des innocents à l’image de Daech, explique Tarik Abou Nour, imam et théologien. La loi du talion est faite pour protéger la vie. Il s’agit de faire prendre conscience qu’on risque sa vie en attentant à celle d’autrui. Mais la peine est rarement mise à exécution. »

Au Maghreb par exemple, la peine capitale n’est plus appliquée depuis plus de 20 ans mais demeure très répandue au Moyen-Orient. « La peine de mort fait débat depuis longtemps puisque dans l’islam la vie est sacrée et perçue comme un dépôt de Dieu en nous puisqu’il a créé la vie et la mort », souligne Tarik Abou Nour.

 

 Protestantisme

« La peine de mort a longtemps été admise comme légitime par la tradition éthique protestante (Luther ou Calvin l’approuvent) au nom d’une compréhension littérale du pouvoir de l’autorité politique d’user du « glaive » (Rom. 13, 4) comme anticipation du jugement de Dieu, ou au nom d’une théorie de l’expiation réparatrice. » (Encyclopédie du protestantisme, Cerf/Labor et Fides, 1995). Les débats éthique et théologique ont pris de l’ampleur sur cette question au XIXe et XXe siècle. Un courant abolitionniste gagne les milieux théologiques protestants et de nombreux fidèles s’engagent dans différents mouvements contre la peine de mort. En août 1989, l’Alliance réformée mondiale affirme ainsi clairement sa position: « Là où la peine de mort est préconisée, l’amour rédempteur et réconciliateur de Dieu est violé. »« L’idée d’une incompatibilité entre l’Évangile et l’espérance qui existe pour chaque personne avec la peine capitale s’est imposée, assure le pasteur Louis Schweitzer, ancien membre du Comité consultatif national d’éthique. Seuls une minorité d’évangéliques trouvent qu’elle est bibliquement acceptable. »

  

Orthodoxie

Les Églises orthodoxes n’ont pas de position unifiée sur la question. En mai 1998, Alexis II, patriarche de Moscou, affirmait que « la peine capitale constitue un homicide avec préméditation et une violation du commandement biblique enjoignant de ne pas tuer ». De même, l’Église orthodoxe d’Amérique s’est clairement prononcée contre la peine de mort dans une résolution du Concile de 1989. En Russie, où la dernière exécution remonte à 1999, l’Église orthodoxe russe a assuré, en 2000, qu’elle « croit que la décision d’abolir ou de ne plus appliquer la peine de mort doit être prise librement par la société, en prenant en considération le taux de criminalité et l’état de développement de son système judiciaire et plus encore le besoin de protéger la vie de ses membres. » Certains religieux orthodoxes se sont exprimés pour la suppression du moratoire sur la peine de mort dans le cas d’actes terroristes.

  

Catholicisme

La première version du Catéchisme n’exclut pas le recours à la peine de mort « dans les cas d’extrême gravité ». Elle la justifie « si celle-ci est l’unique moyen praticable pour protéger efficacement de l’injuste agresseur la vie d’êtres humains » (§2267). Mercredi 11 octobre, le pape a estimé que la doctrine exprimée par le Catéchisme de l’Église catholique n’était pas figée et qu’elle devait pouvoir évoluer, notamment sur la peine de mort.

 

https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/France/Peine-mort-levolution-Catechisme-2017-10-12-1200883780

EXHORTATION APOSTOLIQUE, GAUDETE ET EXSULTATE, INTERNET, PAPE FRANÇOIS, Pape François, RESEAUX SOCIAUX

L’Exhortation apostolque Gaudete et Exsultate : les réseaux sociaux

EXHORTATION APOSTOLQIUE GAUDETE ET EXSULTATE

Ce que dit le Pape François sur la façon dont les catholiques usent des réseaux sociaux parfois sans aucune charité.

115 – Les chrétiens peuvent faire partie des réseaux de violence  verbale sur Internet et à travers les différents forums ou espace digital. Même dans les milieux catholiques, on peut dépasser les limites, on a coutume de banaliser la diffamation ou la calomnie, et toute l’éthique ainsi que tout respect de la renommée d’autrui semblent évacués. Ainsi se produit un dangereux dualisme, car sur ces réseaux on dit des choses qu’on qui ne se seraient pas tolérables dans la vie publique, et on cherche à compenser ses propres insatisfactions en faisant déferler avec furie les désirs de vengeance.  Il est significatif que parfois, en prétendant défendre d’autres commandements, on ignore le huitième : « Ne pas porter de faux témoignages, ni mentir », et on détruit l’image sans pitié. Là se manifeste sans contrôle le fait  que la langue « est un monde  du mal et « elle enflamme  le cycle de la création, enflammée qu’elle est par la Géhenne » (Jc 3, 6).

reseaux-sociaux

PAPE FRANÇOIS

François, un pape parmi les hommes

François, un pape parmi les hommes

Christiane Rancé

Paris, Albin Michel, 2014. 285 pages.

 

Qui est le pape François ? Est-il de gauche ou de droite ? Progressiste ou conservateur ? Est-il venu pour détruire le Temple, ou pour révolutionner la doctrine ? On a dit tout, et son contraire, sur ce pape qui tweete, qui sort la nuit dans les rues de Rome et qui n’hésite pas à dire leur quatre vérités aux cardinaux de la Curie comme aux les évêques.

 

Dans ce livre Christiane Rancé qui ne cache pas son admiration et sa ferveur pour le Pape François donne à lire le roman d’un destin exceptionnel, celui d’un fils d’immigré italien, né en Argentine, devenu pape le 13 mars 2013. Depuis Buenos Aires, qu’elle connaît intimement, elle a suivi les pas du père Bergoglio : jésuite qui a connu les remous avec la théologie de la libération, les années noires de la dictature, évêque , les conséquences dramatiques lors du krach financier de 2001, cardinal opposé à la corruption et à l’ultralibéralisme dénonçant le pouvoir en place dans ses homélies, papabile confronté à la calomnie.

 

Cette enquête riche en révélations, menée de Buenos Aires à Rome, éclaire la formidable révolution de la première année du pontificat et le charisme de cet homme de Dieu qui e semble avoir peur de rien.

Voici, en son entier, le portrait d’un pape qui parle à tous la langue de Jésus, qui croit au Diable, à la Sainte Vierge, et en un avenir encore possible pour l’humanité.

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