Le Christ de Paul Gaugun
Le Christ au Jardin des Oliviers. Paul Gaugun
Le Christ vert
Calvaire breton
Le Christ vert, ou Calvaire breton, est un tableau que Paul Gauguin réalise en 1889 à Pont-Aven, représentant un calvaire breton, de couleur verte, à proximité de la mer, au-dessus des dunes, avec une Bretonne assise au premier plan. Ce tableau est conservé aux musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, à Bruxelles.
Le Christ vert ou Calvaire breton est réalisé par Paul Gauguin en 1889 pendant son séjour à Pont-Aven, peu avant de peindre le Christ jaune.
Il fait partie des quelques toiles à thématique religieuse de cette période, qui se distinguent et constituent selon Manuel Jover le noyau originel du symbolisme en peinture, comprenant notamment le Christ jaune, le Christ vert, l’Autoportrait au Christ jaune.
Il figure dans la collection de M. Jos (Joseph) Breckpot à Bruxelles en 1922, propriétaire de la galerie Breckpot, lorsqu’il est acquis par les musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.
Description
Le tableau est une huile sur toile, de 92 cm de haut sur 73,5 de large. Il est signé et daté « P Gauguin 89 », en bas sur la gauche.
Il représente un calvaire breton, de couleur verte, plus précisément la pietà ou Vierge de pitié, Marie portant le Christ mort, descendu de la croix, le bras droit pendant verticalement, paume ouverte. La pietà comporte aussi deux autres saintes femmes, de part et d’autre de Marie. Juste derrière Marie est représenté le début du fut portant la croix du calvaire.
Juste devant le calvaire, au premier plan, une Bretonne assise, l’air fatigué, semble sur le point de se lever, un panier à la main.
Derrière le calvaire, et en contrebas, de hautes dunes jaunes sont représentées sur la gauche du tableau. Légèrement verdoyantes, elles s’ouvrent sur la mer d’un vert sombre. Deux petits personnages marchent entre les dunes. Le ciel, nuageux, est d’un bleu grisâtre.
La pietà reproduite est celle qui figure sur le calvaire à côté de l’église de Nizon, près de Pont-Aven. Gauguin a représenté le calvaire transposé devant les dunes du Pouldu, au bord de la mer de couleur entourés d’un cerne (qui les cloisonne), stylisées à la façon de motifs ornementaux, des couleurs pures, bref un type de représentation n’ayant plus qu’un lointain rapport avec les choses représentées.
Leurs sujets sont empruntés à la vie quotidienne des populations locales, un mode de vie apprécié non pour son pittoresque, mais pour son « authenticité » : loin de la vie agitée et corrompue des grandes villes modernes, ignorant la société industrielle, les Bretons mènent une existence régie par leurs traditions ancestrales, ils offrent l’image d’une humanité plus proche des origines, accordée à la nature et pétrie de religiosité.
Symbolisme obscur et subtil
Peintre autodidacte, formé dans l’orbe des impressionnistes, et voyageur toujours en quête d’horizons lointains, Gauguin trouve en Bretagne les conditions propices à l’éclosion de son génie. « J’aime la Bretagne, écrit-il : j’y retrouve le sauvage, le primitif. Quand mes sabots résonnent sur ce sol de granit, j’entends le son sourd, mat et puissant que je cherche en peinture. »
Dans l’abondante production bretonne de Gauguin, une série de toiles à thématique religieuse se distingue, elles conjuguent la recherche formelle très poussée à une dimension « idéelle » qui les a fait percevoir comme le noyau originel du symbolisme en peinture. Ces œuvres sont célèbres, il s’agit du Christ au jardin des Oliviers, de la Vision après le sermon (La Lutte de Jacob avec l’ange), du Christ jaune, du Christ vert, de l’Autoportrait au Christ jaune. La Vision montre les personnages du sermon (Jacob et l’ange) tels que les auditrices peuvent se les figurer mentalement, mais projetés devant leurs yeux ; le Christ vert montre une Bretonne assise au pied d’un calvaire sculpté. Ici, on ne sait exactement quelle est la nature de ce Christ. Est-ce un crucifix avec des Bretonnes en prière ? Est-ce le « vrai » Christ, transposé en Bretagne, avec les saintes femmes à ses pieds ?
Le peintre définissait son tableau comme « un mélange inquiétant et savoureux de splendeur barbare, de liturgie catholique, de rêverie hindoue, d’imagerie gothique, de symbolisme obscur et subtil ». Le charme pénétrant de l’œuvre tient en partie à l’ambiguïté du sujet. Il tient au travail de la couleur, ce bain chromatique de jaunes et d’orangés. Il tient au cadrage inhabituel, le patibulum de la croix rivé au bord supérieur de la toile. Et il tient au détail : la minuscule silhouette du Breton enjambant le muret dans les champs. Cette amusante note de quotidienneté, de chose vue, épinglée dans l’instant, rehausse par contraste le grand geste éternel du Crucifié embrassant tout l’espace, le silence des prières sanctifiant le paysage entier. On a l’impression d’un monde, d’un « pays » littéralement infusé par le sentiment religieux.
Le Christ Jaune
En 1889, Paul Gauguin (1848-1903) est à Pont-Aven, petite ville bretonne du Finistère, où s’est installée une colonie d’artistes. Il y avait séjourné plusieurs fois, depuis 1886, formant, avec ses camarades Émile Bernard, Paul Sérusier et quelques autres, ce que les historiens ont depuis appelé l’« école de Pont-Aven » : un style de peinture, fondé sur le cloisonnisme de Bernard et le synthétisme de Gauguin, qui privilégie les formes traitées en aplats
Paul Gauguin, Le Christ jaune, 1889 (92 × 73 cm), Buffalo, Albright-Knox Art Gallery.LA COLLECTION
En 1889, Paul Gauguin (1848-1903) est à Pont-Aven, petite ville bretonne du Finistère, où s’est installée une colonie d’artistes. Il y avait séjourné plusieurs fois, depuis 1886, formant, avec ses camarades Émile Bernard, Paul Sérusier et quelques autres, ce que les historiens ont depuis appelé l’« école de Pont-Aven » : un style de peinture, fondé sur le cloisonnisme de Bernard et le synthétisme de Gauguin, qui privilégie les formes traitées en aplats
htps://www.la-croix.com/Journal/Christ-jaune-2017-05-26-1100850446
Portrait de l’artiste au Christ jaune
Réalisé à la veille de son premier départ pour Tahiti, le Portrait de l’artiste au Christ jaune constitue un véritable manifeste. Il s’agit en réalité d’un portrait au triple visage, dans lequel l’artiste révèle différentes facettes de sa personnalité. Alors méconnu, incompris, abandonné par sa femme qui est rentrée au Danemark avec leurs enfants, Gauguin peine à obtenir une mission officielle pour s’établir dans les colonies.
Dans la figure centrale, le regard fixe que Gauguin adresse au spectateur exprime le poids de ses difficultés, mais également toute sa détermination à poursuivre son combat artistique. Il représente derrière lui deux autres de ses œuvres , réalisées l’année précédente, qui se confrontent d’un point de vue esthétique et symbolique.
A gauche se trouve Le Christ jaune, image de la souffrance sublimée, auquel Gauguin prête ses propres traits. Mais le bras étendu par le Christ au-dessus de la tête du peintre évoque également un geste protecteur. Le jaune de ce tableau, couleur fétiche de l’artiste, s’oppose au rouge du Pot autoportrait en forme de tête de grotesque, posé à droite, sur une étagère. Ce pot anthropomorphe que Gauguin décrivait lui-même comme une « tête de Gauguin le sauvage » porte la trace du grand feu qui en a pétrifié la matière. Avec son masque grimaçant et sa facture primitive, il incarne les souffrances et le caractère sauvage de la personnalité de Gauguin.
Entre l’ange et la bête, entre synthétisme et primitivisme, Gauguin anticipe l’importance et la gravité de la grande aventure artistique et humaine qu’il s’apprête à vivre.