Principaux acteurs de la peste de Marseille (1720-1722)

François-Xavier de Belsunce de Castelmoron

François-Xavier de Belsunce (ou de Belzunce) de Castelmoron est un ecclésiastique français né au château de La Force dans le Périgord le 3 décembre 1671 et mort à Marseille le 4 juin 1755.
Evêque de Marseille durant la peste de 1720, il fut ensuite nommé par Louis XV évêque-duc de Laon en 1723 et Pair de France, en remplacement de Charles de Saint-Albin, mais il refusa ce poste et ce fut Etienne-Joseph de La Fare qui fut nommé.
Naissance et études
Henri François-Xavier de Belsunce de Castelmoron était le second fils d’Armand II de Belsunce de Castelmoron, marquis de Castelmoron, baron de Gavaudun, seigneur de Vieille-ville et de Born, grand sénéchal et gouverneur des provinces d’Agenais et de Condomais, et de Anne Nompar de Caumont de Lauzun, sœur de Antonin-Nompar de Caumont, le célèbre duc de Lauzun. Son frère aîné se nommait Armand, il en eut deux autres, Antonin et Charles-Gabriel et une sœur, Marie-Louise, qui fut abbesse de Ronceray.
Élevé dans la religion réformée, , il devint catholique à l’âge de 16 ans. Il fit ses études au collège Louis-le-Grand et entra chez les Jésuites en 1689, et les quitta en 1701 pour des raisons de santé. Il garda toujours de bonnes relations avec eux ce qui fit écrire à Saint-Simon dans ses Mémoires : « Les jésuites le mirent hors de chez eux pour s’en servir plus utilement2 ». Il fut ordonné prêtre en 1703.
En 1706 il perdit sa tante, Susanne-Henriette de Foix de Candalle et écrivit son premier livre sur sa vie.
L’évêque
Après avoir été vicaire général du dioèse d’Agen, , il fut nommé à l’évêché de Marseille par le Roi le 5 avril 1709, décision ratifiée par le pape le 19 février 1710. Il resta évêque de Marseille pendant 45 ans, jusqu’à sa mort en 1755.
La période 1710-1720
En 1713, le pape Clément XI condamne un livre de Pasquier Quesnel de l’Oratoire estimant qu’il renfermait des erreurs : c’est la bulle Unigenitus. Belsunce accepta la bulle et s’opposa vigoureusement à ceux qui protestèrent — les dénommés « Appelants » — notamment aux Oratoriens et à plusieurs chanoines. Il ne se contenta pas d’interdire aux pères de l’Oratoire l’exercice de la prédication mais aussi l’administration des sacrements. Dans ces querelles contre le jansénisme, il se prononça avec force contre ce mouvement et s’attira ainsi des ennuis avec le Parlement d’Aix.
La peste de 1720
L’événement qui marqua l’épiscopat de Mgr de Belsunce fut la grande peste de Marseille de 1720. Son attitude, pendant cette période, fut très courageuse. Beaucoup furent frappés de son dévouement auprès des malades. Il multiplia les gestes spectaculaires en exorcisant le fléau du haut du clocher des Accoules ; ce fait est rapporté ainsi par Chateaubriand dans ses Mémoires d’Outre-tombe : « Quand la contagion commença de se ralentir, M. de Belsunce, à la tête de son clergé, se transporta à l’église des Accoules : monté sur une esplanade d’où l’on découvrait Marseille, les campagnes, les ports et la mer, il donna la bénédiction, comme le pape à Rome, bénit la ville et le monde : quelle main plus courageuse et plus pure pouvait faire descendre sur tant de malheurs les bénédictions du ciel ? ». Il fait des processions et consacre la ville au Sacré-Cœur pendant une messe célébrée le 1er novembre 1720 sur le cours qui porte désormais son nom. Cette dernière démarche lui aurait été suggérée par la visitandine Anne-Marie Rémusat. La basilique du Sacré–Cœur a été construite à l’occasion du bicentenaire de cette consécration.
À cette occasion, Belsunce déclara :
« À Dieu ne plaise que j’abandonne une population dont je suis obligé d’être le père. Je lui dois mes soins et ma vie, puisque je suis son pasteur. »
L’évocation par Albert Camus de l’évêque de Belsunce dans son roman La Peste parait exagérée :
« Ici, le père Paneloux évoqua la haute figure de l’évêque de Belsunce pendant la peste de Marseille. Il rappela que, vers la fin de l’épidémie, l’évêque ayant fait tout ce qu’il devait faire, croyant qu’il n’était plus de remède, s’enferma avec des vivres dans sa maison qu’il fit murer ; que les habitants dont il était l’idole, par un retour de sentiment tel qu’on en trouve dans l’excès des douleurs, se fâchèrent contre lui, entourèrent sa maison de cadavres pour l’infecter et jetèrent même des corps par-dessus les murs, pour le faire périr plus sûrement. Ainsi, l’évêque, dans une dernière faiblesse, avait cru s’isoler dans le monde de la mort et les morts lui tombaient du ciel sur la tête. »


Pincette pour porter l’hostie avec détail, collection MHM
Après la peste (1722-1755)
Après la fin de la contagion, il y eut une grande admiration pour le prélat. Afin de le récompenser de son dévouement et sur les recommandations de son oncle le duc de Lauzun, le Régent le nomma en octobre 1723 à l’évêché de Laon. Il fit part au jeune roi Louis XV de sa renonciation à l’évêché de Laon qui fut attribué à Mgr de La Fare. En effet, il préférait rester à Marseille au milieu de ses ouailles qui avaient connu les terribles épreuves de la peste.
En 1726, Belsunce assista au synode provincial d’Embrun réuni pour condamner les opinions jansénistes de Soanen, évêque de Senez. Après 1730 il procède à une surveillance minutieuse de l’enseignement primaire et secondaire. Il favorise les jésuites et leur nouveau collège qui porte son nom et qui s’installe rue des nobles, rebaptisée rue Belsunce. Cette rue disparaît lors de l’aménagement du quartier de 1911 à 1938.
La présence de la franc-maçonnerie à Marseille est décelée par l’évêque en 1737, qui écrit un mandement daté du 28 septembre à l’intention de l’intendant de police, en ces termes : « Je ne sais, Monsieur, ce que sont les Francmaçons (sic), mais je sais que ces sociétés sont pernicieuses à la religion et à l’État ».
Il a été abbé commendataire non résidant de l’abbaye des Chambons dans le Vivarais. Membre de l’Académie de Marseille, il assiste à plusieurs réunions en particulier à celle du 12 janvier 1746 qui accepte Voltaire comme membre-associé. Il signe le procès-verbal sans réserve ce qui montre de sa part une certaine tolérance inhabituelle dans de nombreuses autres situations.
De 1747 à 1751, furent publiés sous sa signature les trois volumes de L’Antiquité de l’église de Marseille et la succession de ses évêques. Il est actuellement admis que le véritable auteur serait le père jésuite Claude Maire (1694-1761) qui était son conseiller théologique et son principal collaborateur.
Durant les dernières années, il constate avec tristesse un éloignement des pratiques religieuses surtout parmi les classes les plus favorisées.
Il meurt à Marseille le 4 juin 1755. L’évêché et la ville lui firent des funérailles grandioses. L’oraison funèbre fut prononcée par le jésuite Lenfant. Il institua l’hôpital de la Grande Miséricorde de Marseille, son légataire universel. Il fit quelques donations particulières aux jésuites qui héritèrent de sa bibliothèque, à ses domestiques, aux indigents et à ses parents.
C’est de Mgr de Belsunce que Victor Hugo parle quand il défend l’enseignement laïque et déclare : « L’enseignement religieux véritable, celui devant lequel il faut se prosterner, le voici : c’est le Frère de la Merci rachetant l’esclave, c’est Vincent de Paul ramassant l’enfant trouvé, c’est la sœur de charité au chevet du mourant, c’est l’évêque de Marseille au milieu des pestiférés, c’est l’archevêque de Paris affrontant avec un sourire sublime le faubourg Saint-Honoré révolté, s’inquiétant peu de recevoir la mort pourvu qu’il apporte la paix. »
Millevoye a chanté son dévouement dans le poème de Belsunce. L’abbé de Pontchevron a publié une biographie, en 1854 à Marseille.
Œuvres
Abrégé de la vie de Suzanne-Henriette de Foix de Candale, éd. Guillot, Agen, 1707.
Neuf lettres à M. de Colbert, Évêque de Montpellier, éd. Brébion, Marseille, 1730
Le Livre de Saint Augustin traduit en français, éd. Brébion, Marseille, 1740
L’Antiquité de l’Église de Marseille et la succession de ses évêques, 3 volumes in-quarto, éd. Vve J. P. Brébion, Maseille, 1747-1751
L’Art de bien mourir par le cardinal Robert de Bellarmin, traduit du latin, éd. Brébion, Marseille, 1752
Instructions sur l’incrédulité, éd. Brébion, Marseille, 1753
Œuvres choisies de l’évêque de Marseille, publiées par l’abbé Jauffret, 2 volumes, Metz, 1822
Correspondance
Lettre datée du 22 octobre 1720 qu’il adresse à Louis de La Tour-du-Pin-de-Montauban, évêque de Toulon au sujet de la peste.
Hommages
Statue de Mgr de Belsunce
(cathédrale de la Major, Marseille)
De nos jours, on trouve :
à Marseille :
un quartier à son nom,
une statue à son effigie sculptée par Ramus et placée initialement en 1853 sur le cours qui porte son nom puis déplacée sur le parvis de la cathédrale de la Major en 1892. Pendant l’occupation, les Allemands se livrèrent à une recherche de métaux non ferreux. En avril 1944 des résistants abritèrent les 2 800 kg de bronze de la statue sous des branchages dans un entrepôt du boulevard de Louvain où les Allemands ne la décelèrent jamais. Le jour de la libération de la ville, la statue fut découverte en fanfare et illuminée de lampions9. Cette statue repose sur un socle en pierre de Cassis sur lequel sont fixés deux hauts-reliefs en bronze : à droite « Monseigneur de Belsunce donnant la communion aux malades » et à gauche « Monseigneur de Belsunce en prière intercédant en faveur de Marseille ». Sur le devant du piédestal une dédicace en lettres d’or est gravée : « À Monseigneur de Belsunce pour perpétuer le souvenir de sa charité et de son dévouement durant la peste qui désola Marseille en 1720 »
un Institut Belsunce,
le canton de Marseille-Belsunce ;
à Paris:
la rue de Belzunce dans le 10e arrondissement ;
à Nantes:
la rue de Belsunce, dans le quartier Centre ville.
La position adoptée par sa statue, les bras ouverts avec les paumes vers le haut font ressembler Belsunce à quelqu’un qui a les mains vides, d’où l’expression marseillaise « arriver comme Belsunce » alors qu’on est invité.
Dans l’album Dante d’Abd-al-Malik la chanson Le Marseillais, l’auteur cite « Il est arrivé comme Belsunce dans notre quartier. »
Armoiries
Ses armes sont : « Écartelé, au premier, tranché d’or et d’azur, à la bande de gueules, qui est de Lauzun ; au deuxième, d’azur, à trois léopards couronnés d’or, qui est de La Force ; au troisième, écartelé, d’or et de gueules, qui est de Gontaut-Biron ; au quatrième, de gueules, à trois chevrons d’argent, qui est de Luxe. Sur le tout, écartelé, aux 1er et 4e d’or, à deux vaches de gueules, accornées, colletées et clarinées d’azur, qui est de Béarn ; aux 2e et 3e, d’argent, à l’hydre de sinople, ayant la première tête coupée et pendante, avec le sang qui dégoutte, de gueules, qui est de Belsunce ».
Jean-Baptiste Chataud
Jean-Baptiste Chataud, né à Marseille le 14 octobre 1681 et mort , le 17 novembre le 1728, est le capitaine du navire le Grand Saint–Antoine qui a introduit la peste à Marseille et dans toute la Provence à partir de 1720.
Biographie
Jean-Baptiste Chataud est le fils de Nicolas Chataud et de Mageleine Aubert. Il épouse Louise Chaud, fille d’un des propriétaire de la cargaison du Grand Saint Antoine. Le bateau est en effet armé par Ghilhermy et Chaud, Jean-Bapstiste Estelle, Antoine Bourguet et Jean-Baptiste Chataud, intéressés chacun pour un quart.
En 1719, commandant le Grand Saint Antoine, Chataud était parti de Marseille pour le Proche-Orient. Ayant embarqué des passagers turcs à Tripoli, l’un d’entre eux mourut. Lorsque le chirurgien et trois matelots moururent aussi, Chataud retourna à Chypre , où il prit une patente de santé. II toucha à Livourne , où il déclara que divers de ses gens étaient morts de « fièvres pestilentielles ». Arrivé en rade de Marseille le 25 mai 1720, au lieu de s’arrêter à l’île Jarre, endroit destiné à la désinfection des navires contaminés, il vint mouiller à Pomègues, d’où il se rendit par chaloupe au bureau de la santé où il déclara que divers de ses gens étaient morts « de mauvais aliments ». Une partie des marchandises ayant été débarquées aux infirmeries, lorsque le garde mis à bord et les portefaix moururent, les intendants de santé firent alors passer le navire à l’île de Jarre. Mais il était trop tard et la peste s’était déjà répandue dans la ville.
Tenu pour responsable, Chataud fut emprisonné au château d’If pendant près de trois ans.
Les derniers foyers de peste en Provence ne s’éteignent qu’en janvier 1723, avec un bilan effroyable de 120 000 victimes sur les 400 000 habitants que comptait la région à cette époque, soit près d’un tiers de la population.
De nouvelles analyses révèlent que cette épidémie de peste « marseillaise » ne viendrait pas du Moyen-Orient comme on le pensait, mais pourrai-être une résurgence de la grande peste noire ayant dévasté l’Europe au xive siècle. Lebacille Yersinia pestis, à l’origine de l’épidémie de peste qui a ravagé Marseille et la Provence entre 1720 et 1722, pourrait donc être resté latent 4 siècles
Jean-Baptiste Estelle

Jean-Baptiste Estelle, né à Marseille en janvier 1662 et mort dans la même ville en janvier 1723, est un négociant, diplomate, et homme politique français. Il a été consul de France au Maroc et en Syrie, puis échevin de la ville de Marseille pendant la peste de 1720.
Biographie
Jean Baptiste Estelle est le fils de Pierre Estelle, consul de France, et de Gabrielle de Moustiers. Il épouse Elisabeth de Bonnaud de Roquebrune.
Le consul
En 1680, Jean-Baptiste Estelle est appelé à Alger par son père Pierre Estelle qui y est consul depuis 1670. Après un retour à Marseille en 1683, il suit également son père en 1685 au Maroc à Tanger puis à Tétouan. En 1688, il est chargé par la chambre de commerce de Marseille de favoriser les échanges avec le Maroc. Il fut chargé, discrètement, par Moulay Ismaïl, de mener des négociations commerciales, en favorisant les intérêts du Maroc. Les hauts fonctionnaires et dignitaires dans l’entourage de Moulay Ismaïl lui attribuèrent le quolibet de commerçant ould stilla selon l’historien marocain Abderahmane Ben-Zidane, voulant dire littéralement « fils du petit seau ». Jean-Baptiste Estelle aurait fait fortune grâce aux largesses du monarque.
D’autres missions lui sont également confiées et, en 1690, il est nommé consul de France à Salé, mission au cours de laquelle il développe les relations commerciales entre les deux pays et s’occupe du rachat des prisonniers chrétiens.
En 1699, il est muté au consulat de Seyde en Syrie où il pourra constater les ravages que fait la peste dans ce pays. En 1711, il abandonne ses fonctions pour rentrer à Marseille et se consacrer au négoce.
Le négociant
Il entre en relation avec la maison Guilhermy, Chaud et Cie qu’il avait connue au Levant. Il développe le commerce avec le Proche-Orient, notamment avec Seyde. Il devient un notable de la ville de Marseille et, le 28 octobre 1718, il est élu premier échevin de Marseille.
L’échevin et la peste
Le 25 mai 1720, le voilier Le Grand-Saint-Antoine qui vient d’Orient (Syrie-Chypre) mouille à l’île de Pomègues dans la rade de Marseille. La cargaison de ce navire appartient pour une part à Estelle et ses associés. D’après le règlement, ce bateau qui avait eu à son bord durant sa traversée neuf personnes mortes, aurait dû aller directement en quarantaine à l’île Jarre située à 15 km de la ville. Or il n’en a rien été. Une controverse s’est élevée sur ce qui s’est passé et sur le rôle exact de l’échevin. Les archives de Marseille montrent qu’il a joué de son influence pour que les intendants sanitaires autorisent un débarquement des riches marchandises pour une mise en quarantaine à la Nouvelle Infirmerie, aussi appelée Lazaret qui était située à l’époque au nord de l’agglomération plutôt que de le mettre en quarantaine sur l’île Jarre, comme cela doit être le cas lorsqu’il y a eu des morts à bord du bateau. La peste a été transmise à partir de ces locaux à toute la ville et au-delà. Estelle était au courant, grâce à ses séjours au Proche-Orient (alors appelé le Levant), des risques encourus. Il aurait rencontré le capitaine Chataud, commandant le navire, qui aurait mouillé près de Toulon, et lui aurait conseillé de passer à Livourne en Italie. Il y obtient alors un certificat de mort de fièvre pestilentielle, considéré différent de la peste à cette époque et lui permet ainsi d’éviter de risquer d’abîmer les marchandises sur l’île de Jarre. Un document conservé aux archives nationales de France, une lettre signée par Benoît de Maillet, correspondant attitré du ministère de la Marine, y décrit cette rencontre. Les intendants, également négociants, désignés par les échevins, auraient également fermé les yeux devant le danger. Les registres montrent qu’ils étaient au courant de la peste qui circulait alors en Syrie et Palestine. Cependant, la cargaison était faite de plus de 700 balles de coton et de soie et de toiles très fines provenant de Dama, pour une valeur de 300 000 livres, soit l’équivalent de 9 millions d’euros actuels.
Quoi qu’il en soit, une fois la peste déclarée, après plusieurs jours d’épidémie, Estelle se montre très courageux et à la hauteur de sa tâche, sans doute par remord. Il veille à l’évacuation des cadavres, recherche des médecins et s’inquiète du ravitaillement. C’est finalement le chevalier Roze qui mettra fin à la maladie.
À son époque, Estelle fut diversement jugé. Le gouvernement le croit tout d’abord coupable. La Cour ne tarde pas à revenir sur sa sévérité initiale. Le maréchal de Villard écrit le 6 novembre 1721 : « S.A.R. elle-même m’a dit que le sieur Estelle auquel on avait voulu d’abord attribuer le commencement des malheurs, s’était bien justifié de cette fausse accusation et qu’il avait fort bien servi ainsi que ses confrères. ».
Le 19 janvier 1722, Lebret propose Estelle pour l’octroi de lettres de noblesse et d’une gratification de 6 000 livres. Anobli par le roi au mois de juillet, il meurt peu de temps après en janvier 1723.
Une rue du 1er arrondissement de Marseille porte son nom.
Charles-Claude Arnault de Langeron et Famille Andrault de Langeron

Langeron chef d’escadre, lithographie de Ringué, 19e siècle, MHM 80 3 24 C
La famille Andrault de Langeron olim Andrault est une famille de la noblesse française originaire du Limousin, fixée au début du XVè siècle en Nivernais. Elle a donné trois branches dites de Langeron, de Maulévrier et de Buy. La branche ainée de Langeron est éteinte en ligne légitime depuis 1831, mais a donné une descendance naturelle reconnue, anoblie en 1822, qui continua en Russie, en Belgique puis aux Etats-Unis. La branche de Maulévrier est éteinte depuis le début du XIXè siècle, la branche de Buy s’est éteinte sous ce nom au xviie siècle en Pologne. Cette famille compte parmi ses membres plusieurs officiers généraux qui combattirent en France, en Pologne et en Russie, dont un maréchal de France, un feld-maréchal russe, et plusieurs lieutenants-généraux des armée, ainsi que des hauts fonctionnaires polonais .
Cardin Le Bret de Flacourt (1675-1734)

Cardin Le Bret de Flacourt par Hyacinthe Rigaud en 1712.
Cardin Le Bret, seigneur de Flacourt, comte deSelles, né le 26 octobre 1675 à Flacourt (78) et mort le 16 octobre 1734 à Aix-en-Provence, est un magistrat français.
Biographie
Fils de Pierre-Cardin Lebret de Flacourt et de Marie-Françoise Veydeau de Grandmont, conseiller au parlement de Provence (1694), maître des requêtes ordinaires de l’Hôtel du roi (1696), commissaire du roi de France (1701), il reçoit les pleins pouvoirs pour délimiter les frontières entre la France et l’Espagne.
En 1704, il est nommé au poste d’Intendant à la place de son père et, fidèle à la couronne, il vend sa vaisselle d’argent afin de faire un emprunt pour payer l’armée et repousser l’invasion du duc de Savoie en Provence. Il se voit récompensé en étant nommé, à la suite de son père, premier président à mortier au parlement de Provence, le 30 juin 1710. Commandant de la force armée (1724), il devient comte de Selles en 1727 et s’éteint paisiblement dans la nuit du 14 octobre 1734. Le Comte de Selles a su se faire aimer du peuple, admirer et respecter par ses pairs : ce magistrat réunissait les postes qui donnent de l’autorité en Province écrit son neveu, le Marquis d’Argenson. Il a su garder la faveur des deux grands rois : « J’ai connaissance de votre zèle pour mon service » (lettre de Louis XIV) ; « Ne doutez pas que je sois toujours très content de vos services » (lettre de Louis XV).
Cardin Le Bret de Flacourt fit quatre mariages :
le 30 juillet 1697 avec Marie-Thérèse de Lubert (1677-1699), fille de Louis Lubert, trésorier général de la marine
le 12 mai 1708 avec Marguerite-Charlotte-Geneviève Le Ferron (morte sans enfants la même année), fille de Jean-Baptiste Le Ferron, seigneur du Plessis-aux-Bois, maître des comptes à Paris et Grand maître des Eaux-et-Forêts de Flandre, Normandie, d’Île-de-France et Soissonnais.´
en 1710 avec Thérèse-Angélique Croisset (morte en 1712), fille de Louis-Alexandre Croisset, marquis d’Estiau, premier président du parlement de Paris
en juillet 1712 avec Marguerite-Henriette de Labriffe, d’où postérité.
Iconographie
Cardin Le Bret de Flacourt commanda un premier portrait à Hyacinthe Rigaud en 1708 puis en 1712 .
Alors qu’il avait souhaité un simple buste lors de sa nomination comme premier président au parlement, Cardin opte cette fois-ci pour une posture plus ostentatoire : « Le comte est représenté debout, en grand costume de premier président, robe rouge, manteau d’hermine ; la main droite levée, la gauche appuyée sur son mortier […] tout est admirable dans ce tableau qui est un chef d’œuvre du maître »
On retrouve en contrepartie la même expression du visage dans la gravure de Cundier, que Henri Van Hulst et Pierre Hulsr et Pierre-Jean Mariette disaient « inspiré sans aucun changement [d’un] portrait jusqu’aux genoux ».
On sait par divers témoignages qu’au moins deux portraits de Cardin étaient encore conservés, à la fin du xviiie siècle, en Provence. En 1790, Fauris de Saint-Vincens mentionnait également, « à l’hôtel de ville d’Aix, dans une salle à côté de celle ditte du conseil […] le portrait de M. Lebret peint par Rigaud ». Ce dernier portrait semble avoir été détruit en 1792.
Charles Peyssonnel
Charles Peyssonnel, né à Marseille vers 1640 et mort de la peste à Marseille le 20 septembre 1720, est un médecin marseillais.
Biographie
Charles Peyssonnel issu d’une famille de médecins est lui-même médecin. Il a deux fils : Jean-André Peyssonnel (1694-1759) médecin et naturaliste et Charles de Peyssonnel (1700-1757) avocat et diplomate.
Ancien élève des Oratoriens, il reste fidèle à ses maîtres et sera poursuivi comme Janséniste et condamné par l’intendant de Provence le 12 février 1689à sept ans de bannissement hors du royaume et à 1 500 livres d’amende. Il s’exile au Caire en Egypte où il exerce la médecine. Il séjourne également en Tunisie de 1697 à 1699. Rentré à Marseille, il est en 1720 le doyen des médecins. Il exerce les fonctions de médecin chef de l’Hôtel-Dieu. Durant lla peste de 1720 il est le premier à diagnostiquer officiellement la peste le 9 juillet 1720 en examinant un enfant malade rue Jean-Galant et alerte les échevins. Il aura une attitude admirable et décédera de la peste, victime de son dévouement.
Jean-André Peyssonnel

Jean-André Peyssonnel, gravure Étienne Fessard.
Jean-André Peyssonnel, né le 19 juin 1694 à Marseille et mort le 24 décembre 1759 à Saint-Bertrand de l’Isle Grande-Terre en Guadeloupe, est un médecin et naturiste français.
Biographie
Son père Charles Peysonnel, né en 1640, était un médecin renommé qui succomba à 80 ans à la peste de 1720, victime de son dévouement aux malades de l’Hôtel-Dieu. Son frère, Charles de Peyssonnel, prénommé Charles comme son père, né à Marseille le 17 décembre 1700, était avocat à Aix-en-Provence et fut chargé du consulat de Smyrne où il décéda le 16 juin 1757.
Il effectua des études au Collège des Oratoriens de Marseille, particulièrement attentifs à l’histoire des sciences, puis à l’Université d’Aix-en-Provence où il obtint le grade de docteur en médecine en 1718. Avant de commencer sa carrière de naturaliste, il débuta comme médecin, son dévouement aux malades lors de l’épidémie de peste de Marseille en 1720 lui valant une rente annuelle du roi. La proximité de la mer et sa curiosité scientifique le poussèrent progressivement vers une recherche sur des « productions marines » comme le corail, les éponges, les algues
Le comte Luigi-Ferdinando Marsigli (1658-1730), fondateur de l’Institut de Bologne, l’initia à l’histoire naturel. Il entreprit divers voyages sur les côtes méditerranéennes pour étudier la nature du corail. L’Académie des sciences le nomma correspondant en 1723 d’Etienne-François Geoffroy (1672-1731) et à compter de 1731 d’Antoine de Jussieu (1686-1758).
Il alla en Afrique du Nord en 1724. Il rédigea un mémoire, Voyage dans les régions de Tunis et d’Alger. De retour à Marseille, il participa à la fondation de l’Académie de Marseille (1726).
Nommé médecin royal à la Guadeloupe en 1727, il partit pour cette destination où il poursuivit une investigation méthodique de l’archipel, notamment de la Soufrière dont il donnait à l’Académie de Marseille, le 1er juillet 1733, une remarquable description. Il continua ses recherches sur le corail. Il montra en 1750 que le corail appartenait au règne animal et élabora à ce sujet un ouvrage qu’il envoya à l’Académie des sciences et à l’Académie royale de Londres. Cet ouvrage ne parut que sous forme d’analyse dans les transactions philosophiques de la Société royale de Londres. Le 7 mai 1752, un résumé de ses travaux fut présenté à la Société par William Watson, qui souligna la haute qualité du travail de Peyssonnel. C’est peut-être cela qui le poussa à s’exiler en Angleterre, alors qu’en France tous lui donnaient tort. Pour qu’on donne raison à Jean-André Peyssonnel, il fallut attendre la découverte de l’hydre d’eau douce par le Suisse Abraham Trembley (1710-1784).
Son décès, survenu le 24 décembre 1759, resta longtemps ignoré des membres de l’Académie de Marseille. Il ne lui fut rendu hommage qu’en 1778 par M. Collé dans son discours de réception ; il confirme la découverte par l’analyse chimique et proteste énergiquement contre un article de Michel Adanson (1727-1806) paru dans le supplément de L’Encyclopédie.
Pour sa part, René-Antoine Ferchault de Réamur 1683-1757) douta d’abord de cette découverte, mais il est vrai que personne ne la proclama ensuite plus noblement.
Georges-Louis Lelerc, comte de Buffon (1707-1788), dans l’article VII du premier discours de son histoire naturelle indique bien que « Peyssonnel avait observé et reconnu le premier que les coraux devaient leur origine à des animaux ».
Œuvres
La Contagion de la peste et les moyens de s’en préserver, Marseille, 1722.
Voyage dans les régences de Tunis et d’Alger, Paris, 1838 ; réédition, Paris, La Découverte, 1987, avec une présentation et des notes de Lucette Valence.
Ouvrage manuscrit, Traité du corail, (Bibliothèque du Muséum)
Ouvrage manuscrit, Observation faite sur la montagne dite la Soufrière, dans l’île de la Guadeloupe 1732, Académie de Marseille, sciences physiques.
Hommages
Une rue de Marseille et une rue d’Aix-en-Provence portent son nom.
Le nom générique d’une algue rouge, Peyssonnelia, a été donné en sa mémoire
Anne-Madeleine Rémusat

Madeleine Rémusat (Marseille, le 29 novembre 1696 – Marseille le 15 février 1730 ), en religion sœur Anne-Madeleine, est une religieuse visitandine, morte à 33 ans. Elle est considérée comme le successeur de sainte Marguerite-Marie Alacoque, et appelée à ce titre « l’apôtre du Sacré-Cœur ». Elle a été la propagatrice de la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus et a été déclarée vénérable. Stigmatisée, « morte en odeur de sainteté”, elle avait reçu des messages de miséricorde du Sacré-Cœur. Elle fit consacrer le diocèse et la ville de Marseille au Cœur Sacré de Jésus par Mgr de Belsunce le 1er novembre 1720,
Un boulevard Madeleine Rémusat porte son nom dans le 13è arrondissement de Marseille.
Biographie
Anne-Madeleine Rémusat est la fille de Hyacinthe de Rémusat, un négociant marseillais, et d’Anne Constans
Fondatrice
Après en avoir reçu l’approbation dans un bref du pape Clément XI en date du 30 août 1717 Anne-Madeleine Rémusat fonde l’ Association de l’Adoration perpétuelle du Sacré-Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ. À l’invitation de Mgr de Belsunce, elle en rédige elle-même les statuts qui, joints aux prières, litanies et exercices qu’elle modifie considérablement par rapport aux documents dont elle s’inspire, sont publiés le 30 mars en un petit livret ayant pour titre Manuel de l’Adoration perpétuelle du Sacré-Cœur. À sa mort, l’association comptera soixante mille membres, et elle sera élevée au rang d’archiconfrérie par le pape Léon XIII le 31 août 1880.
La peste à Marseille

« La Vble A M Remuzat inspire à Mgr de Belsunce en 1720 de consacrer Marseille au Sacré-Coeur pour obtenir la cessation de la peste » (Vitrail de la basilique du Sacré-Coeur à Marseille)
La célèbre peste de Marseille se déclare en juillet 1720. En octobre, alors qu’elle est en adoration, le Christ lui fait entendre qu’à la faveur de ce fléau elle verra se réaliser l’institution d’une fête en l’honneur de son Cœur sacré. Le message est transmis à Mgr de Belsunce, qui décide le 1er novembre 1720 de consacrer Marseille et son dioèse au Sacré-Cœur de Jésus. Elle répandit alors des scapulaires du Sacré-Cœur portant le nom de sauvegarde, « petites pièces de drap rouge, sur lesquelles le divin Cœur est imprimé en noir sur une pièce d’étoffe blanche cousue sur la première. Il y est parfois écrit : Ô Cœur de Jésus, abîme d’amour et de miséricorde, je mets en vous toute ma confiance et j’espère tout de votre bonté. »
Procès en béatification
Joseph-Hyacinthe Albanès, docteur en théologie, historien de la Provence, fut chargé d’instruire la cause de béatification d’Anne-Madeleine Rémuzat après avoir instruit celle du pape Urbain V..
La cause de beatification a été introduite le 24 décembre 1891, puis reprise en 1921 sans aboutir, les preuves des miracles effectués par elle ayant été brûlées.
Le 9 avril 2009, Mgr Georges Pontier, archevêque métropolitain de Marseille, a nommé Mgr Jean-Pierre Ellul postulateur de la cause en béatification. Mgr Ellul est recteur de la basilique du Sacré-Coeur de Marseille, lieu où est conservé le cœur d’Anne-Madeleine Rémuzat.
En février 2011, Mgr Ellul a été reçu au Vatican, à la Congrégation pour la cause des saints.. Il a pu rencontrer le Père Daniel OLS, O.P., rapporteur pour les causes françaises et celle au Monastère Mater Ecclesiae des Visitandines de Rome à qui il a remis un dossier, transmis au Saint-Père Benoît XVI.
En parallèle, Mgr Ellul travaille à faire connaître la vie et l’œuvre de la vénérable Anne-Madeleine Rémuzat sur Internet, à travers un site qu’il met à jour régulièrement et même d’une page sur un réseau social bien connu. Il espère ainsi permettre l’accélération de cette cause, notamment, grâce à l’aide des internautes, par la découverte de documents disparus depuis le XIXè siècle.
Avec l’accord et la présence de Mgr Georges Ponier, la session d’ouverture de l’Enquête du procès en béatification et canonisation se tient dans la basilique du Sacré-Coeur de Marseille le samedi 15 février 2014.
Œuvres
Manuel de l’Adoration perpétuelle du Sacré-Cœur (1718)9, dans lequel elle inclut des litanies. Ce sont ces litanies (connues sous le nom de Litanies de Marseille) qui seront approuvées par le pape Léon XIII pape en 1899.
Nicolas Roze (chevalier)

Nicolas Roze, plus connu sous le nom de Chevalier Roze, est né en 1675 et mort en 1733 à Marseille. Il se distingue en 1720 lors de l’épidémie de peste à Marseille.
Biographie
Nicolas Roze est issu d’une famille de cultivateurs de Solliès. L’un de ses ancêtres, Antoine Roze, viendra s’établir à Marseille comme hôtelier en 1580. Ses descendants s’intéressent au domaine maritime, notamment comme charpentiers constructeurs de galères et pateons de barque. La rue du Petit Chantier perpétue le souvenir de l’emplacement de ce chantier, connu à l’époque sous le nom de l’« Isle de Roze ». Nicolas Roze est le fils de Firmin Roze et de Virginie Barthélémy.
Devenu armateur, il pratique à partir de 1695 le « nolis », c’est-à-dire l’affrètement, le courtage, l’armement de navire à partir d’un comptoir en Espagne, à Alicante fondé et dirigé par son frère aîné, Claude Roze, de toute évidence aussi doué pour les affaires que son frère cadet était aventureux. La même année, Nicolas Roze se marie avec Claire Amiel. Le couple aura trois enfants, une fille, Virginie, née le 5 juin 1696 qui deviendra religieuse, et deux garçons qui mourront jeunes.
Blessé pendant la Guerre de Succession d’Espagne , au cours de laquelle il avait levé une armée à ses frais pour défendre ses intérêts comme ceux de la France, Nicolas Roze rentre à Marseille. Louis XIV le nommait chevalier de l’ordre de Saint-Lazare, et lui attribue une pension de dix mille livres. Ce titre lui vaudra son surnom de « Chevalier Roze ».
À partir de 1716, il est vice-consul d’un comptoir sur la côte ouest du Péloponèse aux côtés du consul Joseph Maillet. Il est chargé de la surveillance et de l’entretien des installations portuaires, du contrôle et de la protection du commerce mais aussi de faire face aux épidémies récurrentes.
Après le décès de Joseph Maillet, il ne s’entend pas avec son fils et successeur, Pierre Maillet. Les autorités de Marseille les rapatrient tous deux, notamment en vue de demander quelques explications à Pierre Maillet sur ses comptes, et au Chevalier Roze, d’éclaircir certains rachats de prisonniers pas toujours sujets du Roi de France. Pierre Maillet et Nicolas Roze embarquent tous deux sur l’ « l’Hirondelle », pilotée par le Capitaine Segond, et arrivent à Marseille le 20 mai 1720. Cinq jours plus tard le « Grand-Saint-Antoine » piloté par le Capitaine Chataud, arrive en rade de Marseille porteur du bacille de la peste qui coûtera la vie à quelque 50 000 personnes, soit la moitié de la population en quatre ans.
Devant l’épidémie de peste de 1720, Roze propose immédiatement son aide aux échevins. Du fait de l’expérience qu’il a acquise au Levant, , il est nomme commissaire général pour le quartier de Rive-Neuve. Il boucle le secteur dont il a la charge en élaborant des postes de contrôle, fait même dresser une potence en vue de dissuader les pillards, fait creuser cinq grandes fosses destinées à recevoir les cadavres, convertit les voûtes de la Corderie en un hôpital pour abriter les malades atteints de la contagion, et procédera à la distribution des secours. Il organise aussi le ravitaillement de la ville.
Le 16 septembre 1720, Roze dirige une compagnie d’environ 150 soldats et forçats, les « corbeaux », équipés de tombereaux, de pinces et de râteaux, à enlever plus de mille deux cents cadavres amoncelés sur l’esplanade de la Tourette, un quartier pauvre du port. Les plus récents de ces cadavres sont vieux de trois semaines et les sources contemporaines les décrivent comme « présent[ant] à peine la forme humaine et dont les vers mettent les membres en mouvement ». En une demi-heure, les cadavres sont jetés dans les excavations des deux bastions, tout de suite comblées de chaux vive et de terre jusqu’au niveau de l’esplanade.
Sur le total de 1 200 volontaires et forçats chargés de combattre la peste, il n’y eut que trois survivants. Le chevalier Roze fut lui-même atteint de la peste, mais il en réchappa (les chances de survie de la peste étant de 20 à 40 % en l’absence de traitement moderne).
Il fut nommé gouverneur de Brignoles en 1723.
Veuf après l’épidémie, le chevalier Roze se remarie à 47 ans avec Magdeleine Rose Labasset, 17 ans. Ils résident dans un immeuble, rue Poids de la Farine, à deux pas de la Canebière. C’est là que Nicolas Roze s’éteignit le 2 septembre 1733.
Commémoration

Buste du chevalier Roze à Marseille
Son nom a été donné :
sur une rue du 2è arrondissement de Marseille ;
au virage sud du stade Vélodrome, à Marseille.
Un buste en bronze signé Jean-Baptiste Hugues (1849-1930) avait été inauguré en 1886 sur l’Esplanade de la Tourette où le Chevalier Roze s’illustra. Ce buste fut déplacé derrière le Vieux-Port rue de la Loge en 1936, transféré après la 2e guerre mondiale sur place Fontaine-Rouvier puis sur l’île de Ratonneau, dans la cour de l’ancien Hôpital Caroline, ce dernier visant à accueillir les voyageurs mis en quarantaine. Depuis mars 2017, le buste a retrouvé sa place initiale sur l’esplanade de la Tourette.
Il est cité dans le roman de Victor Hugo Les Misérables..
Michel Serre

Autoportrait de Michel Serre peignant les ravages de la peste devant l’hôtel de ville.
Michel Serre, né à Tarragone (Espagne) le 10 janvier 1658 et mort à Marseille le 10 octobre 1733, est un peintre baroque français. Il est connu pour ses tableaux religieux et surtout pour ses représentations de la peste à Marseille en 1720.
Biographie
Sa jeunesse
Michel Serre, quatrième enfant de Jacques Serres, marchand ambulant, et de Marie Barbos est né à Tarragone le 10 janvier 1658. Orphelin très tôt, il est accueilli à la chartreuse de Scala Dei, située à une quarantaine de kilomètres de Tarragone. En 1670, il se rend en Italie où il apprend la peinture dans différents ateliers à Rome, Naples et Gènes.
En 1675, il quitte l’Italie pour s’installer définitivement à Marseille.
Ses débuts
Peu de temps après son arrivée à Marseille, il obtient une importante commande pour l’église des Dominicains, Le martyre de Saint Pierre Vérone (musée des beaux-arts de Marseille). En 1684, il peint pour les Chartreux l’immense toile de Madeleine enlevée par des anges conservée dans le chœur de l’église des Chartreux à Marseille.
Le 1er mai 1685, à Notre-Dame-des-Accoules, il épouse Florie Régimonde, fille de Jean Régimonde et de Jeanne Montaignon. En juin 1688, il achète un terrain à Suzanne de Marle et André Venture, puis y fait construire une grande maison dans la future rue Venture. L’emplacement exact de cette habitation n’a pu être trouvé.
Le 10 maiu 1685, il obtient des échevins une lettre de citadinage et accepte de peindre pour l’hôtel de ville une toile, actuellement disparue, représentant le Christ mourant sur la croix.
Pour le récompenser de ses succès, Louis XIV le nomme peintre des galères et maître à dessiner des officiers et pilotes. Il travaille aux ouvrages de peinture des galères et enseigne aux jeunes officiers. Il exécute plusieurs portraits de chefs d’escadre, dont celui de Louis de Montolieu (musée des beaux-arts de Marseille).
Les années de maturité
Le 27 février 1704, il donne procuration à sa femme pour régir ses biens et se rend à Paris. C’est là qu’il rencontre Jean-Baptiste Oudry qui devient son élève pendant quelque temps. Il se fait connaître par l’exécution de diverses toiles dont celle du Christ chassant les vendeurs du temple (Versailles, , église Saint-Symphorien). Il envoie un tableau représentant Bacchus et Ariane à l’Académie de Paris qui l’admet au nombre de ses adhérents le 6 décembre 1704 (musée des Beaux-Arts de Caen, œuvre détruite en 1944).
Ayant acquis une certaine fortune, il achète les charges de lieutenant du roi de la ville de Salon-de-Provence et de major de la ville de Gardanne. Louis XIV signe les lettres patentes correspondantes respectivement le 22 janvier 1712 et le 22 ocrobre 1712.. Ses armes sont d’azur à trois serres d’aigles d’or posées l’une sur l’autre.
Il achète de nombreuses maisons de rapport et des terrains à bâtir dans les quartiers de Mazargues et de Saint-Giniez.
La peste et les années de vieillesse
Pendant la grande peste qui sévit à Marseille en 1720, Michel Serre se distingue par sa conduite. Il se révèle un homme de cœur et d’action. Il accepte la responsabilité de commissaire général de son quartier Saint-Ferréol et préside aux opérations de déblaiement du quartier. Il s’attira l’attention de l’intendant Lebret qui écrit aux échevins le 18 décembre 1721 : « Comme j’espère aller dans peu à Marseille, je verrai avec vous ce qui pourra se faire pour le tableau du sieur Serre dont je connais le mérite ».
Il distribue sa fortune pour soulager la misère des survivants. Son nom figure sur la stèle élevée en 1802 et placée actuellement au square du palais des Arts. Ayant été un très proche témoin de cette terrible épidémie, il peindra trois toiles qui sont ses œuvres majeures.
En 1726 il acquiert une chapelle qu’il dédie à Saint Jean de la Croix dans l’église des Carmes déchaussés.
Deux tableaux représentent la peste dans l’église paroissiale de La Ciotat. L’un des deux est du peintre Michel Serre. Il représente Le grand Saint Antoine, le bateau qui apporta la peste en Provence, en 1720, quittant sans secours la baie de La Ciotat.
Il meurt à Marseille le 10 octobre 1733, veuf et ruiné, mais entouré du respect de tous. Il est enseveli à la paroisse Saint-Ferréol.
Une rue du 16è arrondissement de Marseille porte son nom.
Son œuvre
La virtuosité de Michel Serre lui a permis de réaliser un très grand nombre de peintures dont plusieurs ont disparu. Il a surtout peint des scènes bibliques ou de la vie de la Vierge et du Christ. Il a également exécuté des tableaux relatifs à la mythologie et des représentations historiques, ainsi que des portraits. Ses tableaux sont conservés au musée des beaux-arts de Marseille et dans des églises de Marseille et de sa région.
Tableaux religieux
Sainte Marguerite, église des Augustins de Marseille.
Musée des beaux-arts de Marseille.:
La Madeleine pénitente
Éducation de la Vierge
Présentation de la Vierge au temple
La Visitation
Présentation de Jésus au temple
Jésus parmi les docteurs
Saint-Benoît ressuscite un jeune moine mort
Cycle de La Vie de Saint-François (quatorze toiles, dont deux ont disparu)
Le martyre de Saint-Pierre de Vérone, provenant de l’église des prêcheurs. Une copie a été faite par Joseph Coste qui remporte avec elle le prix d’encouragement
Le Miracle de Saint Hyacinthe
La Vierge à l’enfant, Saint-François de Sales et Sainte Jeanne de Chantal
Eglise des Augustins de Marseille :
Sainte Marguerite
La Vierge à l’enfant apparaissant à Saint Pierre et Saint Paul. Ce tableau se trouve à l’intérieur d’un retable placé au-dessus de l’autel dit des portefaix dans l’église des Augustins à Marseille. Ce retable est couronné par un fronton animé de putti situés de part et d’autre d’une gloire qui rayonne autour d’une tiare et des clefs qui sont le symbole de l’apôtre Pierre, premier Pape de l’Église. L’attribution de cette œuvre peinte en 1692 pour la confrérie des portefaix à Michel Serre a été remise en question par l’historienne de l’art Marie Claude Homet.
Le Repos pendant la fuite en Égypte
La Vierge à l’enfant apparaissant à Saint Pierre et Saint Paul, église des Augustins de Marseille..
Marseille, église des chartreux: Madeleine enlevée par les anges
Marseille, église Saint-Matthieu de Château-Gombert :
Le Christ roi, la Vierge et Saint-Joseph, ou Le Purgatoire
L’Agonie de la Madeleine (attribution).
Franciscains devant la Vierge ou Apothéose de saint François (attribution)
Abbaye Saint-Victor de Marseille : La Vierge en prière dans l’atelier de Nazareth
Marseille, église Saint-Cannat :
La Vierge à l’enfant et le purgatoire
La Purification de la Vierge
Marseille, église des Grands-Carmes : cycle de La Vie de la Vierge, six toiles classées en 1911
Apothéose de saint Roch, Marseille, église de Mazargues.
Marseille, église de Mazargues : Apothéose de saint Roch. L’église actuelle de Mazargues construite de 1849 à 1851 est dédiée à saint Roch, patron des pestiférés. Sur l’emplacement de cette église était érigée une chapelle dédiée au même saint. En effet lors de la peste de 1387 qui fit mourir le tiers de la population marseillaise, Mazargues reçut un afflux considérable de Marseillais qui fuyaient le fléau. Saint Roch fut tellement invoqué dans la vieille église que son nom y primât tous les autres. la présence dans cette église du tableau de Michel Serre représentant ce saint peut s’expliquer par le fait que l’artiste possédait une maison de campagne dans ce quartier, mais aucun document n’a fait explicitement mention de cette œuvre, pas même au début du xixe siècle. Ainsi l’abbé Marius Ganay précise seulement dans son livre La poétique histoire de Mazargues « derrière le maître-autel il y a une grande peinture qui représente l’apothéose de saint Roch ». Ce tableau d’un format remarquable (320 x220 cm) cintré à deux « oreilles » a été daté de la fin du xviie siècle. Sa forme particulière semble indiquer que cette œuvre devait venir s’encastrer dans le plafond d’un monument : église conventuelle ou chapelle d’hôpital. Au cours du xviiie siècle eut lieu sa transformation en toile encadrée pour orner un espace réduit par exemple un autel de chapelle ou d’église. Cette apothéose de saint Roch a fait l’objet de 2004 à 2008 d’une minutieuse restauration par le Centre Interrégional de Conservation et Restauration du Patrimoine à Marseille. Cette restauration a permis de constater que le châssis en bois résineux présentait la particularité d’être pliant suivant son axe vertical : des marques de pliage ont été constatées sur la couche picturale. L’étude des singularités du châssis indique que le tableau n’est probablement pas dans son format d’origine. Saint Roch contracta la peste au cours d’un pèlerinage qu’il fit en Italie et fut sauvé grâce à un chien qui venait le nourrir. Il est donc traditionnellement représenté revêtu du costume de pèlerin avec un bâton et une coquille cousue sur le manteau, un bubon pesteux sur la cuisse et accompagné d’un chien. Une statue placée dans la même église de Mazargues représente bien ainsi saint Roch. Or dans le tableau le saint montant au ciel ne présente pas le symptôme de la peste et n’est pas accompagné d’un chien : on peut donc supposer que le tableau représenterait en fait saint Jacques lui-même qui est le patron de l’Espagne, patrie originelle du peintre. Ce tableau fait partie des décors baroques plafonnants réalisés en Provence à la fin du xviie siècle pour des églises conventuelles ou des hôtels particuliers et dont Michel Serre a réalisé un certain nombre, aujourd’hui tous disparus.
Annonciation, saint Jean-Baptiste et saint Étienne, Marseille, église de la Pomme.
Marseille, église de la Pomme : Annonciation, saint Jean-Baptiste et saint Étienne. Ce tableau orne le chevet plat du chœur de l’église. Cette toile a été peinte au début du xviiiesiècle pour orner le maître-autel de la chapelle des Comtes située traverse des Comtes à Marseille, placée alors sous le vocable de l’Annonciation. Très usé, le tableau a fait l’objet d’une restauration en 1978 pour l’exposition l’âge d’or de la peinture provençale et a été ensuite placé dans l’église de la Pomme. Michel Serre réalise ici une mise en abyme peignant un tableau dans un autre tableau : l’Annonciation est réalisée dans un cadre semblant flotter dans les airs devant saint Jean-Baptiste à gauche portant un agneau et saint Étienne à droite en habit de diacre. Les rideaux qui bordent la composition créent un élément d’illusion propre au théâtre.
Église d’Allauch (Bouches-du-Rhône) :
Mort de Saint-Joseph. Ce tableau a appartenu à Julie Pellizzone.
La Fuite en Égypte
Eglise Saint-Jean-de-Malte, Aix-en-Provence : Apothéose de Saint-Augustin
Eglise de la Madeline, Aix-en-Provence :
Le Christ et sainte Madeleine chez Simon le lépreux
Ex-voto offert pour la peste de 1720
Église du Bausset (Var) : Le Vœu de Mgr de Belsunce
Saint-Maximin, la Sainte-Baume (Var), basilique Sainte-Marie-Madeleine :
Michel Serre peint pour cette basilique quatre toiles de dimension à peu près identique (190 cm × 140 cm) encastrées dans les boiseries du pourtour du chœur. Elles ont été réalisées très probablement en même temps que ces boiseries c’est-à-dire entre 1689 et 1692, et sont malheureusement en mauvais état. Elles ne constituent pas à proprement parler un cycle car elles ne traitent pas d’un même sujet ; elles représentent les scènes suivantes :
L’Enfant Jésus. Ce tableau dont le cadre adopte une forme compliquée est placé au-dessus d’un grand tabernacle en bois sculpté destiné à recevoir une crèche aujourd’hui disparue. L’enfant Jésus, glorieux et triomphant, est représenté vêtu de draperies flottantes autour de lui, le fond lumineux étant peuplé d’anges. Cet ensemble aimable annonce cependant la passion.
Sainte-Anne, la Vierge et l’enfant jésus, Saint-Joseph. Ce tableau représente la Vierge assise tenant sur ses genoux l’enfant Jésus se tournant vers sainte Anne. En arrière est représenté saint Joseph.
La Vierge à l’Enfant et le purgatoire. Ce thème du purgatoire est fréquent à la fin du xviie siècle en raison du changement des mentalités qui se produit après 1660 époque où on prévoit la fin du monde pour le dernier tiers du siècle présent, le temps du nouveau Testament devant égaler celui de l’ancien. Le séjour en purgatoire devient le passage obligé après la mort d’où de nombreuses représentations de ce thème. Dans la partie inférieure du tableau est évoqué le séjour douloureux du purgatoire avec des flammes tandis que la partie supérieure représente l’entrée au ciel facilitée par la sainte Vierge. Ce tableau est à rapprocher de celui qui se trouve dans l’église Saint-Cannat à Marseille.
Saint Thomas d’Aquin foudroyant l’hérésie. Le saint est représenté tenant dans sa main gauche l’ostensoir tandis qu’il brandit de la main droite la foudre pour terrasser l’hérésie qu’il piétine : il s’agit probablement du protestantisme car la toile a été réalisée peu de temps après la révocation de l’édit de Nantes 1685). Derrière saint Thomas d’Aquin, l’artiste a représenté un fond architectural avec à droite une niche contenant une statue représentant un personnage barbu. Le saint est représenté en pleine force de l’âge, c’est l’homme d’action qui triomphe plus par la force que par la persuasion.
Tableaux de la basilique Sainte-Marie-Madeleine
L’Enfant Jésus.
Sainte Anne, la Vierge et l’enfant Jésus et saint Joseph.
La Vierge à l’enfant et le purgatoire.
Saint Thomas d’Aquin foudroyant l’hérésie.
Vierge des grâces et purgatoire, La Ciotat, église Notre-Dame.
La Ciotat église Notre-dame :
Vierge de grâces
Vierge de grâces et purgatoire
Sainte Marie-Magdeleine et Saint Maximin (tableau non visible)
Marseille, musée Grobet-Labadié : Notre-Dame du bon voyage
Marseille, villa Gaby Deslys : La Résurrection de Lazare
Draguignan église Saint-Michel : Vierge donnant le scapulaire à Simon Stock
Aix-en-Provence, musée Granet: La vierge à l’enfant, moine bénédictin, Sainte félicité et Perpétue
Versailles, église Saint-Symphorien : Les Vendeurs chassés du temple
Œuvres de Michel Serre
La Fuite en Égypte, Allauch, église Saint-Sébastien.
La Mort de saint Joseph, Allauch, église Saint-Sébastien.
Agonie de la Madeleine, Marseille, Château-Gombert, église de Saint-Matthieu.
Le Purgatoire, Marseille, Châtau-Gombert, église Saint-Matthieu.
Apothéose de l’ordre de saint François, Marseille, Château-Gombert, église Saint-Matthieu.
Vierge des grâces, La Ciotat, église Notre-Dame.
Apothéose de Saint-Augustin, Aix-en-Provence, église Saint-Jean-de-Malte.
Vierge en prière dans l’atelier de Nazareth, Marseille, abbaye de Saint-Victor.
Vierge à l’enfant et le purgatoire, Marseille, église de Saint-Cannat.
Tableaux historiques
Les trois tableaux peints peu de temps après la peste de 1720 représentant les scènes de cette épidémie sont les plus connus. Ces œuvres qui eurent un très grand retentissement à leur époque, demeurent un témoignage majeur de cet évènement.
Musée des beaux-arts de Marseille :
Vue du Cours pendant la peste, Hauteur = 3,17 m × Largeur = 4,10 m
Vue de l’hôtel de ville pendant la peste, Hauteur = 3.06 × Largeur = 2,77 m
« Ces deux tableaux représentent le déplorable aspect qu’offraient alors les quais et le cours : là on voit les moribonds étendus, ayant près d’eux une cruche et un vase que quelques personnes compatissantes remplissent avec terreur d’eau et de bouillon ; le cours est jonché des cadavres de ceux qui ont cherché l’ombrage de ses arbres ou celui des toiles que les officiers municipaux y ont fait tendre : partout ce sont des scènes déchirantes d’enfants, de femmes, de vieillards expirants. »
Stendhal a apprécié ces deux tableaux : « Je viens de monter au premier étage de la Bourse (à l’époque bâtiment de l’hôtel de ville) pour les tableaux de Michel Serre. Contre mon attente, je les ai trouvés fort bons. »
Montpellier, musée Atger : La Scène de la peste de 1720 : épisode de la tourette, Hauteur = 1,25 m × Largeur = 2,10 m
Tableaux de la peste à Marseille
Vue du Cours pendant la peste de 1720, musée des beaux-arts de Marseille.
Vue de l’hôtel de ville pendant la peste de 1720, musée des beaux-arts de Marseille.
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