CHRISTIANISME, CLAUDE LA COLOMBIERE (1641-1682), EGLISE CATHOLIQUE, PRIERE, PRIERES, SAINTETE, SAINTS

Prières de saint Claude La Colombière

Prières de saint Claude La Colombière

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La Prière de « Confiance en Dieu » de Saint Claude la Colombière :

« Mon Dieu, je suis si persuadé que tu veilles sur ceux qui espèrent en toi, et qu’on ne peut manquer de rien quand on attend de toi toutes choses, que j’ai résolu de vivre à l’avenir sans aucun souci, et de me décharger sur toi de toutes mes inquiétudes : « Dans la paix, moi aussi, je me couche et je dors, car tu me donnes d’habiter, Seigneur, seul, dans la confiance » (Ps. 4, 9). Les hommes peuvent me dépouiller et des biens et de l’honneur, les maladies peuvent m’ôter les forces et les moyens de te servir, je puis même perdre ta grâce par le péché; mais jamais je ne perdrai mon espérance, je la conserverai jusqu’au dernier moment de ma vie, et tous les démons de l’enfer feront à ce moment de vains efforts pour me l’arracher : « Dans la paix, moi aussi, je me couche et je dors ». Certains peuvent attendre leur bonheur de leurs richesses ou de leurs talents, d’autres s’appuyer sur l’innocence de leur vie, ou sur la rigueur de leurs pénitences, ou sur le nombre de leurs aumônes, ou sur la ferveur de leurs prières. Pour moi, Seigneur, toute ma confiance, c’est ma confiance même ; cette confiance ne trompa jamais personne. Je suis donc assuré que  je serai éternellement heureux, parce que j’espère fermement de l’être, et que c’est de toi, ô mon Dieu, que je l’espère. Amen.»

« Jésus, Vous êtes le seul et véritable Ami » 

« Jésus, Vous êtes le seul et véritable Ami. Vous prenez part à tous mes maux, Vous Vous en chargez, Vous savez le secret de me les tourner en bien, Vous m’écoutez avec bonté, lorsque je Vous raconte mes afflictions, et Vous ne manquez jamais de les adoucir. Je Vous trouve toujours et en tout lieu ; Vous ne Vous éloignez jamais ; et si je suis obligé de changer de demeure, je ne laisse pas de Vous trouver où je vais. Vous ne Vous ennuyez jamais de m’entendre ; Vous ne Vous lassez jamais de me faire du bien. Je suis assuré d’être aimé, si je Vous aime. Vous n’avez que faire de mes biens, et Vous ne Vous appauvrissez point en me communiquant les Vôtres. Quelque misérable que je sois, un plus noble, un plus bel esprit, un plus saint même ne m’enlèvera point Votre amitié ; et la mort qui nous arrache à tous les autres amis, me doit réunir avec Vous. Toutes les disgrâces de l’âge ou de la fortune ne peuvent Vous détacher de moi ; au contraire, je ne jouis jamais de Vous plus pleinement, Vous ne serez jamais plus proche que lorsque tout me sera le plus contraire. Vous souffrez mes défauts avec une patience admirable ; mes infidélités mêmes, mes ingratitudes ne Vous blessent point tellement que Vous ne soyez toujours prêt à revenir, si je veux. »

Saint Claude La Colombière

Jésuite, confesseur de sainte Marguerite-Marie (+ 1682)

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Né près de Lyon dans une famille bourgeoise, Claude entre à 17 ans dans la Compagnie de Jésus, les Jésuites. Dès sa profession solennelle en 1674, il est affecté au petit collège de Paray-le-Monial où il devient le confesseur du couvent de la Visitation. Il a 34 ans. La supérieure des Visitandines avait alors fort à faire avec une timide religieuse, Marguerite-Marie, qui croyait avoir reçu les confidences du Cœur de Jésus. Elle la confie au père de la Colombière. Le prêtre et la moniale se comprennent tout de suite: « Je t’enverrai mon fidèle serviteur et parfait ami », avait dit Jésus à Marguerite-Marie. C’est ainsi que le jeune jésuite devient l’instrument par lequel le Christ va diffuser dans l’Église le culte de son Cœur transpercé, révélé à sainte Marguerite-Marie. Nommé en 1675 prédicateur de la duchesse d’York, il passe deux ans en Angleterre d’où il est banni à cause de calomnies. Accablé par la tuberculose, il retourne à Paray-le-Monial. Marguerite-Marie l’a prévenu: « Notre-Seigneur m’a dit qu’il voulait le sacrifice de votre vie en ce pays. » C’est là qu’il meurt à 41 ans. Ses écrits expriment une belle harmonie entre la spiritualité de saint Ignace de Loyola et celle de saint François de Sales.

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Désespérance, crise spirituelle

Désespérance, crise spirituelle, rupture des vœux : les tentations du « démon de midi »

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Le « démon de midi » n’est pas seulement ce que l’on croit… Les Pères du Désert nommaient ainsi une tentation qui menace tous les croyants, spécialement les personnes consacrées : l’acédie. Cette tristesse spirituelle, mère de la désespérance, était autrefois le huitième péché capital. C’est le mal de notre époque. Voici pourquoi.

Appelons-le Bernard. Le Père Bernard. Sept ans après les événements, il en frémit encore. « Le diable : Le diable au corps ! » Ce quinquagénaire athlétique, au physique d’acteur américain – Redford un peu enveloppé –, évoque le « démon de midi » avec un mélange d’incompréhension et d’effroi. Il faudra un douloureux combat, deux ans de « retirance », la sollicitude ferme et paternelle de son évêque, pour que le Père Bernard puisse retrouver la paix du cœur. Et son ministère.

Diable au corps ? Le « démon de midi » n’est pas seulement cette vague de chaleur, à l’aura sulfureuse, qui vient arracher, dans la torpeur du milieu de la vie (1), les hommes à leur promesse de fidélité. « Réduire le « démon de midi » à la luxure, c’est occulter sa nature profonde », proteste le Dr Fernand Sanchez, de la Communauté des Béatitudes, l’un des pionniers de l’accompagnement psycho-spirituel.

C’est Évagre le Pontique, au IVe siècle, qui surnomme ainsi l’« acédie » : ce « démon » de la morosité, de la déception, de l’insatisfaction, est le subtil ennemi du moine, l’« Alien » qui tente de le pénétrer et de le ronger de l’intérieur.

Seize siècles plus tard, dans son roman Le Démon de midi, l’écrivain Paul Bourget expliquera : « Pour nos anciens, le dœmonium meridianum était un véritable démon, la tentation du milieu du jour, particulière aux cloîtres. Ils avaient observé que la sixième heure, notre midi, est redoutable au religieux. La fatigue du corps, épuisé par la veille et le jeûne, gagne l’âme qu’un trouble envahit. L’æcedia monte, ce dégoût, cette tristesse des choses de Dieu qui donne au cénobite la nostalgie du siècle quitté, le désir d’une autre existence, une révolte intime et profonde ».

  

L’envie d’aller voir ailleurs

Ce blues de l’âme n’épargne aucun croyant, mais il frappe les consacrés avec prédilection. « Je ne désirais plus qu’une chose : quitter mon monastère, aller voir ailleurs, confie Sœur S., 45 ans, religieuse depuis dix-huit ans. J’avais l’impression d’avoir gâché le meilleur de ma jeunesse, d’avoir sacrifié un mari et des enfants. Tout me paraissait lourd, sans saveur. Le poison du doute était entré en moi. Je ne cessais de me répéter : À quoi bon, dans le fond, à quoi bon ? »

C’est la « bof » tentation. Jean Sulivan l’a surnommée « aquabonite » : non pas une liqueur monastique à consommer avec tempérance, mais une crise spirituelle qui bouleverse sans modération. Qohélet le gémissant pourrait en être le patron : « Vanité des vanités, tout est vanité, soupire-t-il dans le livre de l’Ecclésiaste. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, alors je réfléchis à toutes les œuvres de mes mains et à toute la peine que j’avais prise, eh bien, tout est vanité et poursuite de vent »

 

 Le huitième péché capital

Grosse fatigue ? Lent étouffement. Le « démon de midi » est une chute de tension des forces de l’âme. Une tristesse intérieure s’insinue, qui engendre vide et ennui, abattement et dégoût. Non, rien de rien, l’acédiaque n’attend plus rien de rien.

 « C’est comme une mort qui enserre de tous côtés », précise Alphonse Goettmann, prêtre de l’Église orthodoxe qui anime le Centre Béthanie, avec son épouse Rachel, ils sont les auteurs de Ces passions qui nous tuent (Presses de la Renaissance). « La vie physique et spirituelle est remise en cause. Plus on a axé sa vie en Dieu, plus on prend les moyens de la maintenir dans cet axe, plus on est tenté par l’acédie. »

L’âme en a marre. « L’acédie mêle d’une manière particulière sentiment de frustration et agressivité », souligne le cardinal Christoph Schönborn, dominicain, archevêque de Vienne. Dans son livre Aimer l’Église (Cerf), il met en garde les catholiques déçus par une Église qui ne remplit pas ses promesses humaines contre ce démon et son fiel amer.

« L’acédie a horreur de ce qui est là et joue en rêve avec ce qui manque, écrit-il. Elle est une sorte d’impasse de la vie de l’âme. Cette attitude proche du désespoir nous menace tout particulièrement, nous les ecclésiastiques ; elle met en danger notre vie spirituelle et nous prive de l’élan de l’espérance. » remarque à son tour le prêtre philosophe Pascal Ide, de la Communauté de l’Emmanuel. Flaubert et Bernanos en parlent longuement. C’est la maladie du diabolique « Monsieur Ouine ». Un village sombre : « Cela commence par l’ennui ». Et Monsieur Ouine dit au prêtre : « L’ennui de l’homme vient à bout de tout, Monsieur l’abbé, il amollira la terre ». Tel est aussi l’aveu du Journal d’un curé de campagne, dès la première page : « Ma paroisse est dévorée par l’ennui. Voilà le mot. »

  

La botte secrète de Satan

Attention, danger ! Cet ennui profond est la « tristesse de ce monde » (2 Co 7, 10), dont saint Paul affirme qu’elle conduit à la mort : elle mène au doute de la miséricorde.

C’est pourquoi l’acédie était autrefois considérée comme le huitième péché capital. Pour Thomas d’Aquin, elle est la racine de la désespérance.

Désespérance ? Dans une tour de La Défense, aux portes de Paris, un homme trapu, à la carrure de Lino Ventura, voix râpeuse de fumeur de brunes, pointe du doigt une silhouette invisible sur l’immense paroi de verre du building voisin : « Judas ! Son péché n’est pas d’avoir trahi ce qui est d’une banalité redoutable : qui n’a pas vendu Jésus dans son histoire ? –, mais de ne pas avoir espéré qu’il était pardonnable. Voilà le fond de l’acédie : Je n’ai pas le droit à la miséricorde. C’est le péché contre l’esprit, le père de tous les péchés : celui qui donne la mort ».

Philippe Vaur, psychothérapeute depuis vingt-cinq ans, observe les ravages de la crise du milieu de vie chez les cadres d’entreprise, et propose une démarche de prévention au sein du cabinet « Discerner ». Quel est le rapport entre l’acédie et la dépression du cadre supérieur ? « Il y a souvent à l’origine de la crise un nœud de l’adolescence qui n’a pas été dénoué et qui se rejoue à la maturité de façon amplifiée. S’ajoutent souvent un manque profond d’estime de soi, et ce sentiment récurrent : « Je n’ai pas droit à la miséricorde ». »

Ce « psy » philosophe va plus loin : « L’acédie touche l’humain même s’il n’adhère à aucune croyance. Combien de personnes se balancent par la fenêtre en songeant : « C’est foutu, personne ne peut me comprendre », ou « Je ne suis pas digne d’être aimé » ? De même, l’une des grandes causes des divorces aujourd’hui, c’est moins les fautes accumulées par les conjoints, que de ne pas croire qu’ils puissent se pardonner et être pardonnés. L’acédie, c’est la botte secrète de Satan pour les personnes qui ont un sens à leur vie, et qui ont résisté à l’attrait des autres concupiscences – le désir du pouvoir, notamment ! »

  

Trop beau pour être vrai !

Gustave Thibon l’appelait « désespérance de l’esprit ». Le Tentateur distille ce poison grâce à une arme raffinée : la pseudo-humilité. L’homme « ne veut pas croire que Dieu s’occupe de lui, le connaisse, l’aime, le regarde, soit à côté de lui », note le cardinal Ratzinger dans sa pénétrante analyse de notre société (Regarder le Christ, Fayard, 1992). Une vocation si belle, un bonheur si grand ? C’est trop beau pour être vrai !

Autre source de l’acédie : la volonté de se débarrasser de Dieu. « La fuite de Dieu, première conséquence du péché des origines, est devenue une volonté d’auto-création de l’homme par lui-même », insiste le Père Pascal Ide.

Xavier Emmanuelli, ancien secrétaire d’État à l’Action humanitaire, dénonce ce pacte prométhéen : « Tout se passe comme si, il y a environ deux siècles, nous avions rompu le contrat implicite avec Dieu, et nous avions accepté le pacte du Diable. Satan nous a proposé la puissance, la connaissance du bien et du mal, et le bonheur éternel, à condition que nous renoncions à Dieu. Nous avons renoncé à Dieu, et le Diable nous a exaucés. Mais nous arrivons au terme du pacte, et nous sommes en train de comprendre que c’était un contrat de dupes. Nous possédons tout, mais nous n’avons pas Dieu. Nous avons la puissance, mais nous avons perdu le sens. Notre société qui suinte d’angoisse va disparaître » (3).

Réussir l’épreuve de la durée

Comment se manifeste ce « démon » ? « Sous forme de paresse spirituelle, mais aussi et en même temps au travers d’un activisme trépidant, répond le cardinal Schönborn. La pression€ incite les moines à fuir leur cellule. Mais le démon de midi est aussi présent dans nos vies sous des formes facilement reconnaissables : dans la peur de se retrouver seul face à soi-même, la peur de soi, la peur du silence. Verbositas et curiositas, le goût du verbiage et la curiosité, sont des « filles » de l’acédie.

En voici d’autres : l’agitation intérieure, la quête perpétuelle de la nouveauté comme succédané de l’amour de Dieu et de la joie de servir ; l’inconstance, le manque de fermeté dans ses résolutions, à quoi s’ajoutent l’indifférence face aux choses de la foi et à la présence du Seigneur, la pusillanimité, la rancœur, si présentes parmi nous aujourd’hui dans l’Église, et jusqu’à la méchanceté délibérée. »

L’acédie rend la vie intérieure aride et sans saveur. Surtout la prière. La messe rebute, l’oraison dégoûte. Ce qui faisait la joie du consacré devient son supplice. On bâille, on soupire, on se tortille dans sa stalle ; les offices n’en finissent plus. « La première étape de la vie religieuse se vit ordinairement tout en élan, confirme le Père Amédée, 88 ans, cistercien à l’abbaye de Bricquebec (Manche) depuis 1945 (4) : noviciat, études, profession monastique, peut-être ordination sacerdotale… Bref, c’est une sorte de course avec des obstacles successifs à franchir. Mais après ? Cette première étape étant accomplie, quelle promotion peut-on espérer dans un monastère ? Aucune, sinon celle de réussir l’épreuve de la durée et de la patience dans la monotonie d’un quotidien qu’il faut emplir d’amour. Comment s’étonner alors que des moines puissent ressentir la tentation de l’“à quoi bon” et se dire : “J’ai gâché ma vie dans une quête inutile” ?»

L’acédie n’est pas un virus poussiéreux réservé aux antiques congrégations. Les communautés nouvelles, qui fêtent leur vingtième ou vingt-cinquième anniversaire en entrant dans ce IIIe millénaire, sont des proies mûres pour ce démon. L’enthousiasme des origines s’est apaisé, parfois enfui. Ces jeunes congrégations entament leur course de fond et doivent passer au creuset aride de la persévérance.

« Plus la conversion est forte, plus la personne s’est investie dans cette vie avec intensité et générosité, plus il peut être difficile de retomber dans la monotonie du sacrifice et la fidélité au quotidien », dit le Dr Fernand Sanchez. « Vingt ans de vie religieuse, ça use, ça use », murmure le démon de midi au cœur du consacré.

L’habit ne fait pas le moine, mais l’habitude peut le défaire.

  

Désillusion et découragement

Le Père Plé évoque, avec finesse, les désillusions de ceux et celles qui ont « misé leur vie sur la foi » : « Autour de la quarantaine, il leur faut souvent constater que l’amour de Dieu ne leur remplit pas le cœur, au moins de la manière qu’ils avaient pu naïvement espérer aux premiers jours de leurs engagements. Ils connaissent les épreuves d’un jeûne affectif qu’ils n’avaient pas prévu ; leurs généreux efforts pour vivre – selon l’Évangile – se heurtent à des défauts de caractère qu’ils n’espèrent plus corriger ; l’aide de la grâce de Dieu leur paraît inefficace ; Dieu, qu’il leur faut pourtant continuer à « représenter » parmi les hommes, leur semble lointain, déroutant, inaccessible.

Leur zèle apostolique est mis en question par les difficultés et les échecs qui les découragent. Ils souffrent des insuffisances de leur formation, qui ne les a pas préparés à faire face aux problèmes de leur vie. Ils s’impatientent ou désespèrent devant la lourdeur de l’Église comme institution et devant les défauts des hommes qui la gouvernent. Pour tous ces « consacrés à Dieu » comme pour les autres membres de l’Église, trop d’appuis bougent, sur quoi ils avaient bâti leur foi et leur vie ; leur crise quadragénaire se trouve aggravée par la crise de l’Église » (5).

La bourrasque fut particulièrement violente dans les années 1960-1970. Cette crise de l’Église ressemble à la tempête de l’hiver 1999 : venues de loin, souffles puissants, la crise des mœurs, la crise des institutions, la crise de la foi se conjuguèrent comme des courants furieux, pour ne former qu’un seul galop de vent. La dépression se précipita sur sa proie avec une rage brutale. Elle traversa congrégations et presbytères. De nombreux prêtres, religieux et religieuses, furent ébranlés. La plupart avaient entre 40 et 50 ans. Fragilisés par leur propre crise du milieu de vie, ils ne discernèrent pas le démon de l’acédie qui s’y cachait.

Celui-ci susurra des doutes sur l’authenticité de l’appel, empoisonna ce qui restait de certitudes. La crise-tempête fit voler en éclat les vœux les plus résolus, bouscula les vocations les plus solides en apparence. Des milliers de consacrés quittèrent l’Église. Beaucoup se marièrent. L’embrasement d’une sexualité réveillée à la quarantaine, exaltée par l’ivresse libertaire, acheva souvent un vœu de chasteté battu en brèche par l’ouragan d’affranchissement.

Une voix au fond de soi : « Tu t’es trompé… »

 

« La crise est favorisée par une baisse de la garde spirituelle, soutient le Dr Fernand Sanchez : moins de zèle dans la prière, un don de soi dilué au fil des années Le doute apparaît sur les choix fondamentaux. On entend une voix au fond de soi : Tu t’es trompé, mais il n’est pas trop tard pour rattraper le temps perdu et vivre comme tout le monde pour que ta vie ne soit pas gâchée. On est alors au cœur d’un grand combat spirituel. »

Le « démon de midi » est un « esprit de destruction », d’autodestruction.

Il frappe l’homme à la racine même de sa mission, ébranle sa vocation, mine son appel : « Une force ennemie l’attire hors de sa ligne, dans la voie où il doit périr, écrit Paul Bourget. Cet étrange vertige va du spirituel au temporel ».

Crise du milieu de vocation ? Philippe Vaur pompe une bouffée de cigarette et lâche, mystérieux, dans un nuage de Gitane : « L’acédie, c’est le cul-de-sac d’une vocation, qu’on soit clerc, professionnel, époux, père. Faute d’en discerner l’origine avec un tiers pour s’en sortir  un père “spi”, un “psy”… , la personne risque de se rendre dépendante d’un nouvel activisme ».

« Cette crise peut remettre en question non seulement la vocation mais Dieu lui-même, ajoute, dans son cabinet parisien, le Dr Allen D. Caso, 65 ans, psychanalyste psychothérapeute américain. Cela dépend parfois des facteurs de maturité psychique et spirituelle du sujet, de ses blessures antérieures, de la structure de sa personnalité. »

Cet homme cultivé, au français policé, – il vit à Paris – et à l’accent charmant, fut baptisé à l’âge de 18 ans après une conversion subite lors d’un voyage à Rome. Il revendique dans sa profession « une écoute de croyant », refuse d’exclure la dimension spirituelle de l’accompagnement psychologique, et tente d’exercer un délicat discernement entre ces différents ordres et leur interpénétration.

 « Le risque est de trop “psychologiser” cette crise spirituelle, assure-t-il. Combien de psys sont passés complètement à côté, et ont cru bien faire en prescrivant des antidépresseurs et des neuroleptiques sans se soucier de ce que cachaient ces manifestations névrotiques et même psychotiques ? Croyant à une simple décompensation, combien de ces psychologues ont conseillé à des prêtres et des religieuses : « Arrêtez de prier », « Surtout n’allez plus à la messe », « L’oraison est en train de vous détruire », « Quittez votre congrégation, et réalisez votre désir profond » ? Alors qu’il fallait leur dire le contraire ! Combien de prêtres ont de ce fait quitté le sacerdoce, qui était cependant leur vocation ? A mon avis, 90 % le regrettent secrètement aujourd’hui. Car il ont fui une insatisfaction au lieu de l’affronter. Elle est demeurée au plus profond d’eux-mêmes »

Le Dr Caso reprend, après un soupir : « Heureusement, la majorité des prêtres et des consacrés ne remettent pas aujourd’hui leur vocation en cause, même s’ils ressentent une insatisfaction de façon parfois très douloureuse. Celle-ci est un appel à aller plus loin. La fuite risque de court-circuiter un processus de maturation ».

Grâce à une longue expérience de l’accompagnement, le Dr Fernand Sanchez diagnostique : « Selon les blessures prédominantes de la personne, la crise touchera plus ou moins l’un des trois préceptes évangéliques : la pauvreté, la chasteté ou l’obéissance. Elle peut déclencher des recherches de compensation, de possession, de convoitise ; la vérification de la capacité de séduction ; l’autoritarisme et la domination »

 

 Le démon à toute heure

Le démon ne jaillit pas de sa boîte comme un coucou quand sonne le premier coup de midi. L’acédie frappe à toute heure. Il y a le démon de la fin de matinée : « Nous observons souvent une première crise trois ou quatre ans après l’ordination sacerdotale », témoigne un directeur de séminaire. Et le démon du crépuscule : « C’est la tentation des prêtres de 60-70 ans, assure le Père Amédée. Ils se sont dévoués aux autres toute leur vie. À l’âge où les laïcs prennent leur retraite, eux sont écrasés de travail, peu entourés, rarement gratifiés. Certains finissent par se dire : « À quoi bon ? » Quand on leur répond : « Mais si, continuez, regardez tout le bien que vous faites ! », ils vous répondent : « Bof, je ne vois pas grand-chose », ou bien : « Qu’est-ce, comparé à tout ce qu’il reste à faire ? Une goutte d’eau dans l’océan À quoi bon ? » »

Assez dit ? Sans jouer sur les mots, l’acédie, on n’en parle pas assez. « Or, c’est un passage fréquent de la vie spirituelle, quoique très méconnu, remarque le Dr Caso. Nous avons perdu la mémoire de deux mille ans de mysticisme et bien plus, si on intègre la mystique juive. Les novices et les séminaristes doivent être préparés par la lecture des Pères du Désert et d’autres grands mystiques chrétiens, et choisir un homme d’expérience et de prière comme père spirituel. »

« La règle d’or de la sagesse monastique, depuis plus de quinze siècles, prescrit l’ouverture du cœur à un maître pertinent, inspiré par Dieu », prévient le Père Amédée. « Les Pères du désert avaient leur“abba”, et les Sœurs leur “ama”. L’arme indispensable dans ce combat, c’est un accompagnateur, confirme le Dr Fernand Sanchez (6)Il va aider à comprendre qu’il y a, derrière cette frénésie vitale, cette tentation d’aller voir ailleurs, un désir de plénitude, sain, qui correspond à une vocation profonde. Mais ce désir est mal orienté et passe à côté du but. C’est une ruse du démon que de faire voir la rive d’en face comme meilleure et plus heureuse. »

Certains accompagnateurs préconisent des traitements de choc, comme les Trente Jours de saint Ignace, ou l’Anamnèse animée par le Chemin Neuf. « Quand la personne est trop bouleversée et risque des expériences aux conséquences irréversibles, une phase de rupture avec la vie communautaire, en milieu sécurisé et étroitement accompagné, peut être souhaitable », estime le Dr Fernand Sanchez.

Le Père Amédée, inspiré par ces vents d’ouest qui viennent ébranler sa Trappe de granit du Cotentin, conseille fermement : « Dans la tempête, pas de coup de barre intempestif ! Surtout, pas de décision radicale, elle risquerait d’être fatale. Accroche-toi en attendant que ça se passe ; et surtout, prie, prie comme tu veux, mais prie ! Qui prie, vit ! », assure ce sage facétieux qui s’accroche obstinément au rosaire dans ses heures de désert…

 « Dans certains cas, il faut simplement laisser agir le Seigneur, et persévérer, recommande le Dr Caso. Dieu nous décape pour prendre la place de notre moi. Faire face au sentiment de vide, d’absence et d’absurde peut permettre de déboucher sur une rencontre du Dieu vivant. »

  

Le remède ? Rester sous le joug

Persévérer ? Contre ce démon de la désespérance, les vieux maîtres suggèrent le remède de l’hypomonè : littéralement, rester sous le joug. C’est goûteux comme l’huile de foie de morue, mais on n’a rien inventé de plus efficace.

L’ermite saint Antoine se fâcha un jour contre le Seigneur alors qu’il n’en finissait pas de batailler contre le Tentateur dans la tourmente d’une nuit obscure : « Eh bien, Seigneur, où étais-tu durant ces interminables tentations ? » Silence du Ciel. Antoine reprend : « Pourquoi ne t’es-tu pas manifesté plus tôt pour faire cesser mes tourments ? » Réponse de Dieu : « J’étais là, Antoine. Mais j’attendais, pour te voir combattre » (7).

« En ces heures cruciales, il nous faut patienter, accepter, consentir jusqu’à l’abandon sans condition, et persévérer », assure le Père Amédée. Et du parvis de sa Trappe de toujours, le vieux cistercien lance, joyeux : « Heureux qui passe par ce feu, car après il “fait” Dieu ! »

  

« La tristesse de ce monde »

 Le cardinal Ratzinger, dans Regarder le Christ (Fayard), réfléchit sur cette expression de saint Paul.

« Maintenant que l’on a pleinement savouré les promesses de la liberté illimitée, nous commençons à comprendre à nouveau l’expression “Tristesse de ce monde”. Les plaisirs interdits perdirent leur attrait dès l’instant où ils ne furent plus interdits. Même poussés à l’extrême et indéfiniment renouvelés, ils semblent fades, parce qu’ils sont tous finis et qu’il y a en nous une faim d’infini.

Aussi voyons-nous aujourd’hui précisément dans les visages des jeunes gens une étrange amertume. [Surtout,] la racine la plus profonde de cette tristesse, c’est l’absence d’une grande espérance et l’inaccessibilité du grand Amour : tout ce qu’on peut espérer est connu, et tous les amours sont l’objet d’une déception due à la finitude d’un monde où les formidables succédanés ne sont que le piètre masque d’un désespoir abyssal. »

(1) Nous renvoyons nos lecteurs au dossier sur la crise du milieu de vie (CMV) paru dans les n° 1177 et 1178, dont cet article est une sorte de prolongement. Une crise peut en cacher une autre : si on ne peut réduire l’acédie à la CMV, la crise spirituelle s’intègre parfois dans cette vaste crise existentielle déclenchée par le sentiment plus ou moins conscient de notre finitude.

(2) Ces passions qui nous tuent – Diagnostic et remèdes, par Alphonse et Rachel Goettmann, Presses de la Renaissance, 247 p., 99 F. Un excellent ouvrage de vulgarisation sur les huit péchés capitaux (dont l’acédie).

(3) Cf. FC n° 1052. Cité par le Père Pascal Ide dans un article publié dans Sources Vives n° 80 sur « Pourquoi désespérer ? ».

(4) Le Père Amédée est le co-auteur, avec le Dr Dominique Megglé, de l’ouvrage Le Moine et le psychiatre. Un ouvrage roboratif, avec un chapitre sur l’« aquabonite ».

(5) « Les déserts de la foi », dans L’Homme de 40 ans, Janus 14. Cité par Lucien Millet dans La Crise du milieu de la vie, Masson, 1993.

(6) Lire le dossier sur l’accompagnement spirituel dans FC n° 1196.

(7) Vie d’Antoine, par Athanase d’Alexandrie, Cerf. Cité par Mgr Schönborn dans Aimer l’Église (Cerf).

https://www.famillechretienne.fr/foi-chretienne/vivre-en-chretien/desesperance-crise-spirituelle-rupture-des-voeux-les-tentations-du-demon-de-midi-36163

FRANÇOIS COPPEE (1842-1908), MEDITATIONS, POEMES, POESIES, POETE FRANÇAIS, PRIERE, UN EVANGILE, UN EVANGILE DE FRANCOIS COPPEE

Un évangile de François Copée

Un évangile

curzon

En ce temps-là, Jésus, seul avec Pierre, errait
Sur la rive du lac, près de Génésareth,
À l’heure où le brûlant soleil de midi plane,
Quand ils virent, devant une pauvre cabane,
La veuve d’un pêcheur, en longs voiles de deuil,
Qui s’était tristement assise sur le seuil,
Retenant dans ses yeux la larme qui les mouille,
Pour bercer son enfant et filer sa quenouille.
Non loin d’elle, cachés par des figuiers touffus,
Le Maître et son ami voyaient sans être vus.

Soudain, un de ces vieux dont le tombeau s’apprête,
Un mendiant, portant un vase sur sa tête,
Vint à passer et dit à celle qui filait:
« Femme, je dois porter ce vase plein de lait
Chez un homme logé dans le prochain village;
Mais tu le vois, je suis faible et brisé par l’âge,
Les maisons sont encore à plus de mille pas,
Et je sens bien que, seul, je n’accomplirai pas
Ce travail, que l’on doit me payer une obole. »

La femme se leva sans dire une parole,
Laissa, sans hésiter, sa quenouille de lin,
Et le berceau d’osier où pleurait l’orphelin,
Prit le vase, et s’en fut avec le misérable.
Et Pierre dit:
« Il faut se montrer secourable,
Maître! mais cette femme a bien peu de raison
D’abandonner ainsi son fils et sa maison,
Pour le premier venu qui s’en va sur la route.
À ce vieux mendiant, non loin d’ici, sans doute,
Quelque passant eût pris son vase et l’eût porté. »

Mais Jésus répondit à Pierre:
« En vérité,
Quand un pauvre a pitié d’un plus pauvre, mon père
Veille sur sa demeure et veut qu’elle prospère.
Cette femme a bien fait de partir sans surseoir. »

Quand il eut dit ces mots, le Seigneur vint s’asseoir
Sur le vieux banc de bois, devant la pauvre hutte.
De ses divines mains, pendant une minute,
Il fila la quenouille et berça le petit;
Puis se levant, il fit signe à Pierre et partit.

Et, quand elle revint à son logis, la veuve,
À qui de sa bonté Dieu donnait cette preuve,
Trouva sans deviner jamais par quel ami,
Sa quenouille filée et son fils endormi.

paul-chabas-francois-coppee-1895

François Coppée, Les récits et les élégies (1878)

EPHREM LE SYRIEN (saint ; 306-373), HYMNE A LA TRINITE, HYMNE A LA TRINITE DE SAINT EPRHREM LE SYRIEN, MEDITATIONS, PRIERE, TRINITE

L’hymne à la Trinité de saint Ephrem le Syrien

 Hymne à la Trinité de saint Ephrem le Syrien

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1 Vois comme il t’étonne,
Le soleil, ta lampe,
Faible que tu es !
Et tu ne sais pas
Comment le scruter !

 

2 Et le Créateur ?
Comment Le scruter
En humain ? Connais
Ton humanité,
Ô toi le fils d’homme !

 

3 Elle est impalpable,
La subtilité
De ce luminaire
Non caché, pourtant,
De qui le saisit.

 

4 Elle est invisible
Aussi, la chaleur
Issue du rayon ;
L’œil ne la voit point :
C’est chose filtrée !

 

5 Le rayon vainc l’œil,
De par sa chaleur ;
Et l’oreille aussi,
Tant il est ténu.
Ni toucher, ni vue !

 

6 La bouche, l’oreille,
Et le nez aussi
(trinité de sens)
Ne perçoivent pas
Le triple soleil.

 

7 Cet astre, en effet,
La bouche jamais
Ne l’a consommé ;
Son orient, jamais
Nez ne l’a flairé !

 

8 Oreille non plus
Jamais n’entendit
Lumière parler :
Elle court pourtant
Sur tout le créé.

 

9 Vois : face au soleil,
Au petit soleil
Dans le firmament ,
Trois sens à la fois
Sont bien impuissants !

 

10 Quand ton corps entier
Ne serait que sens,
Il n’atteindrait point
La Divinité
À nous tous cachée.

 

11 Vois comme trois sens
Rendent tablier
Devant les symboles
De ce « trois » caché
Dans le soleil même ;

 

12 Bien plus clament-ils
Qu’ils n’ont rien à faire
Avec l’examen
Du Père et du Fils
Et du Saint-Esprit !

 

13 Tiens ! Face au soleil
Expose de l’eau,
Et tu verras là
Chose qui évoque
Du Saint la Naissance.

 

14 Sans séparation,
Sans émanation,
Il enfante un feu,
Un enfant splendide
Comme son parent.

 

15 Sans séparation
D’avec le soleil,
Et sans particule
Au milieu de l’eau :
Symbole de taille !

 

16 Quoique restent intègres
L’eau et le soleil,
Un enfant est là,
Dans lequel on voit
La Noël du Fils.

 

17 Pour nous, faibles gens,
Il a figuré
L’ardu dans le simple,
Pour que nous sachions
En clair qu’Il est Fils.

 

18 De tous les exemples
Le Tendre Se sert
Pour nous approcher
En notre langueur :
C’est pour la guérir.

 

19 Que si le Seigneur,
Qui est Dieu aussi,
N’a point approché
Notre humanité
Sans user d’images,

 

20 Que l’homme lui-même,
Étant si infirme,
Recherche des voies
Pour que sa faiblesse
Accède au Très-Haut.

 

21 Ne paresse pas,
Ô esprit de l’homme !
Construis des ponts
Spirituels et passe
Vers ton Créateur !

 

22 Ô fils de l’esclave,
Fais toi un pennage
Des Écrits sacrés,
Et cherche à atteindre
Le Fils de ton Maître !

 

23 Et que l’âme aussi
Se déploie et cherche
Par tous les moyens
Comment parvenir
Jusqu’au Saint-Esprit.

 

24 Et toi aussi, corps,
Secoue la mollesse !
Vole comme un aigle
Jusqu’au Corps qui donne
Au monde la Vie !

 

25 Et puisque de l’homme
Les sens sont trop faibles
Pour inventorier
La Divinité,
Ne chancelle pas !

 

26 Vois : même les sens
Des fils de Là-haut,
Bien que très subtils,
Bien que spirituels,
Sont dans l’impuissance.

 

27 Cesse, cesse donc
Cette inquisition !
Obtus sont les sens
Et grossier le corps,
Dégouttant de pus !

 

28 Laisse de côté
Ces choses trop pures
Et fais nous discours
Sur les saletés
Des démons infects !

 

29 Ah ça, qu’ils nous parlent,
Les sens de ton corps,
Au sujet des sens,
Des sens spirituels
Des démons fétides !

 

30 Avec quels naseaux
Renifle « Légion » ?
Et avec quels pieds
Le Mauvais circule
Par la création ?

Saint Éphrem le Syrien, « la harpe du Saint-Esprit »

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Surnommé « la harpe du Saint-Esprit », le théologien-poète saint Éphrem le Syrien reste une figure emblématique pour l’Église latine comme pour les Églises orientales.

Saint Éphrem le Syrien (306-373) de Nisibe, une ville du sud-est de la Turquie, est un des grands théologiens des premiers siècles du christianisme. Il fut diacre et le resta par amour du service et par humilité. Surnommé « la harpe du Saint-Esprit », en raison de la beauté de ses poèmes composés en syriaque, il composait des hymnes pour instruire les chrétiens qui ne savaient pas lire et pour entretenir leur foi. Il est à l’origine de la pratique du chant liturgique, expression de la prière de l’assemblée pendant la messe. Et auteur d’un nombre considérable d’ouvrages, rédigés en langue syriaque puis traduits en plusieurs langues, qui lui ont valu le titre de docteur de l’Église, proclamé par le pape Benoît XVI, en 1920.

De Nisibe à Edesse

Éphrem s’est converti au christianisme à l’âge de 18 ans. Lancé dans la prédication et l’enseignement de la doctrine sacrée par l’évêque local qui l’avait pris sous son aile, il mit très vite à profit ses talents de poète et musicien en composant des hymnes et commentaires bibliques qui gagnèrent les cœurs et les esprits du peuple. Puis il y a eu l’invasion perse et, en 363, lui et son école théologique tout juste fondée sont partis s’installer à Edesse dans l’Empire romain. Se heurtant à un grand nombre de philosophies et de religions rivales qui se proclamaient chacune comme la vraie Église. La confusion était grande, mais, Ephrem le théologien poète a eu l’idée d’écrire d’autres hymnes qui séduisent les chrétiens. Il les a adaptés aux mélodies populaires syriaques. Le succès fut immédiat, de même que pour toutes les homélies et les commentaires bibliques qu’il rédigeait en même temps.

L’art de saint Éphrem est d’avoir réussi à « concilier d’une manière unique la vocation du théologien et celle du poète », explique Benoît XVI, dans une catéchèse qu’il lui a consacrée tout spécialement en 2007. Entre ses œuvres polémiques, ses commentaires bibliques, ses œuvres en prose poétique, ses homélies en vers, et enfin ses hymnes — son œuvre probablement la plus vaste — ce docteur de l’Église est aux yeux du Saint-Père « le plus grand poète de l’époque patristique » qui a su approfondir la réflexion théologique, en se servant de paradoxes et d’images. Et en grand compositeur et musicien qu’il était, sa théologie est devenue liturgie et musique. Chez lui, théologie, réflexion sur la foi, poésie, chant, louange de Dieu. « Tout cela va de pair », relève Benoît XVI. Et si Éphrem suit « le chemin du paradoxe et du symbole », c’est pour mieux « souligner le mystère de Dieu ». Tout comme il se sert de ses hymnes pour diffuser la doctrine de l’Église, à l’occasion des fêtes liturgiques. Et, au fil du temps, ceux-ci deviennent un moyen de catéchèse extrêmement efficace pour la communauté chrétienne.

Un serviteur toute sa vie

Quant au fait qu’Éphrem n’ait jamais voulu aller jusqu’au sacerdoce, mais rester diacre toute sa vie, Benoît XVI y voit « un choix emblématique », révélateur de son désir de « servir, dans les offices liturgiques comme dans l’amour du Christ qu’il chantait… mais aussi dans la charité envers les frères qu’il ouvrait avec grande maîtrise à la connaissance de la Révélation ». Éphrem menait en effet, au sein du monde, une vie marquée par l’ascétisme, la contemplation et la charité. C’est d’ailleurs en se dévouant auprès de pestiférés, lors d’une épidémie, qu’il contracta la maladie et en mourut en l’an 373.

Saint Éphrem est également connu pour être le premier chantre de Marie, et pour être resté l’un des plus grands. On lui reconnait un recours humble, douloureux, tendre et confiant à Marie, que nul autre n’aura avant longtemps. Aujourd’hui encore résonnent ses paroles : « Le jour où Marie accepta la volonté de Dieu, elle est devenue le ciel qui porte Dieu. En elle, se sont établies toutes les paroles des prophètes et des justes. Elle est le cep de vigne qui a porté la grappe ».

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La dernière prière des martyrs chrétiens

La Dernière Prière des martyrs chrétiens,

Poème de Louis Veuillot (extrait des Satires – 1864)

Peinture de Jean-Léon Gérôme, 1883

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Rome régnait sans lutte. Esclave souveraine,

Enchaînée et tenant le monde sous sa chaîne,

Redoutable et soumise à ses maîtres pervers,

Rome aux pieds de César dévorait l’univers.

Elle dévorait tout, les biens, les corps, les âmes!

En ses horribles jeux, en ses festins infâmes,

Elle voulait du sang : le monde en fournissait;

Sur l’appétit romain l’empereur le taxait.

Quand le peuple ennuyé couvait quelque tempête,

Dix mille hommes mouraient en un seul jour de fête;

Et la Bête repue alors battait des mains

A César, intendant du plaisir des Romains;

Puis l’on recommençait. Sinon, plus affamée,

Rome contre César criait avec l’armée,

Et l’empereur tombait, atteint d’un coup d’épieu;

Mais en l’assassinant, Rome le faisait dieu.

Elle donnait au ciel de tels dieux en grand nombre;

Plus encore à la terre humiliée et sombre.

Agents inassouvis du monstre turbulent,

Et faisant son pouvoir toujours plus insolent,

Les rudes proconsuls, parcourant ses royaumes,

Taxaient tout, prenaient tout, arrachaient jusqu’aux chaumes:

Il fallait obéir. Il fallut adorer,

Quand Rome aux fils du Christ ordonna d’abjurer.

Alors l’espèce humaine à cette frénésie

Dut payer un tribut nouveau, l’apostasie.

La Bête, prévoyante en ses corruptions,

Ne voulait pas laisser le Christ aux nations:

Le règne de Jésus sapait son propre empire;

Elle impose ses dieux sous peine de martyre.

Les chrétiens meurent. Rome, ayant goûté ce sang,

En devint plus avide : il était innocent!

Or, des enfants du Christ la troupe clairsemée

N’apportait pas au monde une parole aimée:

Ils étaient étrangers, sans art et sans esprit;

Ils adoraient un juif, moins qu’un juif, un proscrit!

Un Dieu jadis traîné dans un obscur prétoire,

Muet, battu, pendu, pour finir son histoire!

Devant sa croix de bois chacun d’eux, se courbait.

Cette croix, qui n’était encore qu’un gibet,

On la devait porter dans l’âme! Leur doctrine

Surpassait tout le reste en âpreté chagrine;

Ses règles entravaient l’homme de tous côtés:

Dédain de la richesse, horreur des voluptés,

Amour des ennemis remplaçant la vengeance;

Enfin, pour dernier trait, pour comble de démence,

Dans un monde où la gloire était chose sans prix,

Ces chrétiens prétendaient faire aimer les mépris.

Docteurs extravagants et rudes ! Leur caprice

Ôtait la verge au maître, à l’esclave le vice.

Enfermant tout le coeur dans un cercle cruel,

Ils ne lui laissaient plus d’essor que vers leur ciel!

Aussi quelle fureur et quelle ample risée

A l’aspect des chrétiens couraient le Colysée,

Insultant, flagellant ces malfaiteurs têtus

Qui dans Rome apportaient la peste des vertus!

On aimait leur supplice, et la joie inhumaine

En ce plaisir de choix se doublait par la haine.

On a vu quelquefois les tigres attendris,

Mais le peuple romain, jamais. Les beaux esprits.

Chevaliers, sénateurs, qui disaient avec grâce

Dans l’entracte de sang quelque couplet d’Horace,

Les femmes, dont le coeur semblait moins endurci,

Les vestales, César, nul ne faisait merci.

« Les chrétiens aux lions ! » ainsi criait la Bête.

Partout les proconsuls donnaient semblable fête.

Rome, en cela, c’était le monde. Point de lieu

Qui ne fût enivré de la haine de Dieu!

Les peuples asservis, les plus bas tributaires,

Ceux à qui l’on prenait leurs champs héréditaires,

Ceux qui voyaient leurs fils, battus par les licteurs, 

Devenir histrions, mimes, gladiateurs,

Et ces derniers enfin, ces malheureux eux-mêmes,

Tous appuyaient l’enfer dans ses efforts suprêmes.

Rome semblait divine à leurs yeux fascinés.

Du Christ libérateur ennemis forcenés,

Ils donnaient contre lui la main à tous les crimes;

Et sur leurs fronts abjects, révoltantes victimes, 

Ils maintenaient ainsi ce joug deux fois fatal,

Et l’empire de Rome et l’empire du mal.

Cependant les chrétiens souriaient aux supplices.

Dieu leur avait promis de nouvelles délices;

Il les leur envoyait par les mains de la mort.

César et ses bourreaux en vain faisaient effort:

Le spectre d’autrefois, la parque, était un ange.

Dans la flamme enchaînés ou noyés dans la fange,

Liés aux chevalets ou jetés aux lions,

Abandonnés à l’art des bourreaux histrions

Qui savaient insulter en déchirant la proie,

Les doux martyrs du Christ ne perdaient point leur joie.

Couronné de lumière et d’immortelles fleurs,

L’ange envoyé du ciel l’ouvrait à leurs douleurs,

Et des cirques sanglants, et des bouges infâmes,

Dans sa main rayonnante il emportait les âmes.

O belles morts des saints, ô trépas enviés!

O fécondes ardeurs de ces suppliciés!

O puissance du Christ, ô divine victoire!

Il parle maintenant, le muet du prétoire;

Il ordonne à la mort, et, comme il a dicté,

Elle enfante la vie et l’immortalité.

Le sang se change en fleurs, et sous la faux jalouse

On voit naître la vierge et se former l’épouse;

L’orgueil vient trébucher au tombeau triomphant,

Le sage s’interroge à la voix de l’enfant;

Dans la noire prison, où chante la parole,

Le geôlier, du captif épelant le symbole,

Reconnaît en pleurant cet homme garrotté:

C’est son Dieu, c’est son frère, et c’est la liberté!

Un sentiment nouveau remplit son coeur, il aime;

De la main qu’il délie il reçoit le baptême,

Et demain, à son tour expirant sur la croix,

Il verra ses bourreaux se dire entre eux : Je crois!

Ainsi combat le Christ, ainsi Rome étonnée

Devant la Croix un jour se trouve prosternée.

Le sceptre avec le glaive est tombé de ses mains.

Dieu veut une autre Rome et fait d’autres Romains;

Il chasse de ce lieu le démon de l’empire,

Le Vatican s’élève et le monde respire.

Le mal n’est plus stérile en ses convulsions,

De l’empire broyé naissent les nations;

A ces enfantements le Vatican préside:

Les peuples nouveau-nés, placés sous son égide,

Y grandissent vainqueurs assurés de leurs droits;

Le vicaire du Christ est le premier des rois;

Les princes ont un juge et les peuples un père.

Mais, protecteur aussi du pouvoir qu’il tempère,

Le pontife romain, successeur des Césars,

Aux rois comme aux sujets fait d’équitables parts;

Il veut devant le droit que la force fléchisse.

Empereur de la paix, gardien de la justice,

Pour remplir ce devoir, seul et sans légions,

Il brave les tyrans et les séditions;

Il dit non à l’injure, au poignard, à l’épée,

A l’erreur insolente, à la candeur trompée;

Et, même renversé, poursuivant ces combats,

Il résiste, et le droit lésé ne périt pas;

Et ce vieux nom romain, jadis plein d’épouvante,

Du faible est le rempart et l’armure vivante;

Et proclamant le Dieu qui brise tous les fers,

Rome aux pieds de la Croix affranchit l’univers.

Et moi, j’ai de mes yeux vu dans le Colysée

La Loi du Christ honnie et sa Croix méprisée!

Et je sais une vieille à l’effronté maintien

Qui vint là clabauder contre le nom chrétien,

Et qui fit applaudir ses gloussements sinistres!

Et le monde est rempli d’histrions et de cuistres

Dont la noble espérance attend quelque soudard

Qui leur ôte le Christ et leur rende César !…

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CLAUDE TRICOIRE (1951-...), JESUS CHRIST, L'HUMBLE SUPPICATION DE DIEU OU LA DOULEUR DE DIEU, MEDITATIONS, PASSION DE JESUS, PRIERE, PRIERES, VENDREDI SAINT

L’humble supplication de Dieu ou la douleur de Dieu

L’humble supplication de Dieu

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O mon peuple que t’ai-je fait ?
En quoi t’ai-je contristé ?
Réponds-moi !

Au commencement

Je t’ai façonné de mes mains

Je t’ai fais un peu moindre qu’un dieu

Te couronnant de gloire et de beauté

Et tu Me livres au bourreau par un baiser

Depuis l’aube des temps

Je t’arrache des mains de tes oppresseurs

Je voile tes crimes du manteau de la miséricorde

Je ne fais souvenir d’aucune de tes trahisons

Et tu couvre Mon visage de crachats

Depuis longtemps

Je t’ai appelé par ton  nom

Je t’ai planté dans mon jardin

Je t’ai établi sur la montagne de Sion

Et tu Me rejettes  hors des murs de Jérusalem

Au long des siècles

Je t’ai accompagné dans tous tes exils

Je t’ai enseigné par les  prophètes

Pour te rappeler mon Alliance éternelle

Et tu dresses un Croix à ton Sauveur

Pour toi j’ai fait jaillir l’eau du rocher dans le désert

Je t’ai donné un pays où coulent le lait et le miel

J’ai protégé tes villes de hautes fortifications contre tes ennemis

Et tu Me donnes le fiel de l’amertume

Et du vinaigre pour étancher ma soif

A main levé et bras étendus

J’ai englouti dans la mer Pharaon et ses chars

J’ai combattu à tes côtés contre les Philistins et contre Babylone

Et tu Me livres aux mains des grands prêtres et Pilate M’a fait flageller

Pour toi j’ai ouvert les eaux de la mer et du Jourdain

Toi d’un coup de lance tu ouvres Mon Cœur

Des abîmes de la mer Je t’ai arraché

E toi tu Me  précipites au fonds des abîmes de la mort

Au long des siècles

Tu as  contemplé ma Gloire dans la colonne de feu

Et tu Me revêts du manteau de pourpre par pure dérision

J’ai fait de toi Mon peuple parmi toutes les nations

J’ai fait de toi un peuple de rois

Et tu Me couronnes de la couronne d’épines

J’ai fait de toi un peuple choisi entre tous

J’ai fait éclater ta magnificence aux yeux des nations

Et tu M’élève sur la Croix comme un bandit

O mon peuple que t’ai-je fait ?
En quoi t’ai-je contristé ?
Réponds-moi !

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© Claude Tricoire

15 avril 2022

J'AI REVE D'UN NOËL, MEDITATIONS, NATIVITE DE JESUS, NOËL, POEME, POEMES, PRIERE, PRIERES, YVES PRINGENT (1934-2014)

J’ai rêvé d’un Noël par Yves Pringent

J’ai rêvé d’un Noël !

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J’ai rêvé d’un Noël, qui serait différent
Dans ce monde troublé, de ce siècle présent
J’ai rêvé d’un Noël, aux décors de l’espoir
Qui bannirait ainsi, les ombres les plus noires.

Dessinez-moi Noël ! Aux multiples couleurs !
Où l’histoire de Jésus, sera mise à l’honneur
Décrivez son amour, sans oublier sa paix
Soulignez sa grâce, qu’il donne désormais.

Effacez de Noël, ce qui masque Jésus !
Que chacun comprenne, qu’il porte le salut
Ôtez ce qui n’est pas, conforme aux Écrits
Gardez tout simplement, ce que la Bible dit.

Mettez au silence ! Tous ces bruits discordants !
Qui montent de la terre, aux accents effrayants
Faites taire la rumeur, que Dieu serait lointain
Alors qu’il vient ce jour, vous prendre par la main.

Écoutez ce qu’il dit, car il s’adresse à vous
Message de Noël, ô ! Mon Dieu qu’il est doux !
Chantez et proclamez, l’enfant nouveau né
Qui a marqué l’histoire de notre humanité.

 

 Lecture : Matthieu 2 v 2 :

Où est le Roi des juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer.

 Demandez à un enfant d’aujourd’hui de représenter Noël par un dessin, et vous comprendrez, le sens que notre société a donné à cette fête. Il vous dessinera un sapin, tout décoré, avec plein de cadeaux à son pied ; puis des bougies, de la lumière, des couleurs. Quelques uns peut-être ayant une certaine connaissance de l’histoire biblique crayonneront une crèche avec des personnages : Les bergers, les mages et l’enfant Jésus. Tout cela lui parlera de Noël. Maintenant demandez à la grande majorité de personnes de dessiner et de commenter Noël, et vous serez stupéfaits de constater qu’il y a un décalage important entre ce qu’ils attendent de cette fête par rapport à sa réalité spirituelle ; car n’oublions jamais qu’il est question de la naissance du Fils de Dieu né d’une femme et venu sur cette terre pour sauver l’humanité condamnée à cause du péché.

Mais si nous mettons la naissance de Jésus au centre de cette fête, nous obtenons un tableau différent, où la joie ne sera pas exclue, bien au contraire car Noël est le sujet d’une grande joie ! Elle sera différente, alimentée par l’espérance que nous procure cette naissance exceptionnelle. J’ai connu des « Noël » où Jésus était absent, comme masqué ou à peine mentionné ; d’autres éléments festifs étaient au premier plan ; mais aujourd’hui pour moi, Noël prend une dimension extraordinaire où la reconnaissance n’est pas liée à une fête ponctuelle une fois l’année, mais chaque jour elle est le sujet de ma joie, de connaître celui qui est venu sur la terre pour me sauver et m’accorder sa paix.

Je vous souhaite ce Noël là ! Il se prolonge dans le cœur de tous ceux qui acceptent Jésus-Christ le Sauveur du monde.

Pour moi Noël n’est plus un rêve, mais une réalité vivante chaque jour.

Yves Pringent

Yves Pringent (1934-2014)

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Yves Prigent était neuropsychiatre, spécialiste de la dépression, du suicide et de la violence. Il a exercé à l’Hôpital de Pont-l’Abbé et en cabinet libéral. Il a également été expert judiciaire, conseiller scientifique de l’Union nationale pour la prévention du suicide (UNPS), et a aussi eu une activité de formateur et de conférencier.

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AVENT, LE CHANT DE LA VIERGE, LE CHANT DE LA VIERGE PAR MARIE NOËL, MARIE-NOËL (1883-1967), MARIE-NOËL ROUGET (1883-1967), MEDITATIONS, NATIVITE DE JESUS, NOEL, PRIERE, PRIERES, VIERGE MARIE, VIERGE MARIE

Le chant de la Vierge par Marie Noël

Le Chant de la Vierge Marie

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MARIE :
Je me hâte, je prépare,
Car nous entrons en Avent,
Le trousseau de mon Enfant.
« Joseph a taillé du hêtre
Pour sa Couchette de bois ;

LES ANGES :
Les Juifs tailleront du hêtre
Pour Lui dresser une Croix.

MARIE :
J’ai fait de beaux points d’épine
Sur Son petit bonnet rond ;

LES ANGES :
Nous avons tressé l’épine
En couronne pour Son front.

MARIE :
J’ai là des drapeaux de toile
Pour L’emmailloter au sec ;

LES ANGES :
Nous avons un drap de toile
Pour L’ensevelir avec.

MARIE :
Un manteau de laine rouge
Pour qu’Il ait bien chaud dehors ;

LES ANGES :
Une robe de sang rouge
Pour Lui couvrir tout le corps.

MARIE :
Pour Ses mains, Ses pieds si tendres,
Des gants, des petits chaussons ;

LES ANGES :
Pour Ses mains, Ses pieds si tendres,
Quatre clous, quatre poinçons.

MARIE :
La plus douce des éponges
Pour laver Son corps si pur ;

LES ANGES :
La plus dure des éponges
Pour L’abreuver de vin sur.

MARIE :
La cuiller qui tourne, tourne,
Dans Sa soupe sur le feu ;

LES ANGES :
La lance qui tourne, tourne
Dans son Cœur. Un rude épieu.

MARIE :
Et, pour Lui donner à boire,
Le lait tiède de mon sein ;

LES ANGES :
Et, pour Lui donner à boire,
Le fiel prêt pour l’assassin.

MARIE :
Au bout de l’Avent nous sommes,
Tout est prêt, Il peut venir…

LES ANGES :
Tout est prêt, Tu peux venir,
Ô Jésus, sauver les hommes »

Ainsi soit-il.

Marie Noël Rouget (1883-1967)

AVENT, MEDITATIONS, PRIERE, PRIERE POUR LE TEMPS DE L'AVENT, PRIERES

Prière pour le temps de l’Avent

Prière pour l’Avent

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Dans le froid de l’hiver
Seigneur, conduis-moi
Conduis-moi vers ce lieu
Où brûle ta lumière

Dans le silence de la nuit
Seigneur, prépare-moi
Prépare-moi à recevoir
L’enfant béni

Dans le désert de ma vie
Seigneur, montre-moi
Montre-moi l’étoile bergère
Qui scintille

Dans la routine de mon chemin
Seigneur, apprends-moi
Apprends-moi à accueillir
Celui qui vient

Dans l’hiver de mes doutes
Seigneur, rassure-moi
Rassure-moi quand j’oublie
Que ton feu ne me quitte pas

 

Dans la nuit de mes pensées
Seigneur, recherche-moi
Recherche-moi lorsque je perd
Le guide de ta lumière

 

Dans la vie de mes errances
Seigneur, rappelle-moi
Rappelle-moi que le pardon
C’est Noël qui revient

 

Dans le chemin vers l’Avent
Seigneur, accompagne-moi
Accompagne-moi à travers les frimas
Vers l’enfant de tout commencement