ANCIEN TESTAMENT, AVENT, BIBLE, D'ISAÏE A JEAN BAPTISTE : L'AVENT AUX CÔTES DE SEPT PROPHETESCÔTES DE SEPT, NOËL, PROPHETES

D’Isaïe à Jean-Baptiste : l’Avent aux côtés de sept prophètes

D’Isaïe à Jean Baptiste :  l’Avent aux côtés de sept prophètes

 

Fulgurantes et inspirées, les paroles de nos pères dans la foi ne sont pas caduques. Elles s’adressent encore à nous aujourd’hui, soutenant notre marche vers le Messie qui vient.

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La Nativité avec les prophètes Isaïe et Ézéchiel, vers 1308-1311, par Duccio di Buoninsegna, Galerie nationale d’art, Washington, États-Unis

 

 

Attente unique dans l’Histoire sainte. Celle du Sauveur, qu’espère Israël siècle après siècle. Appelés par Dieu pour parler en son nom, les prophètes ont su garder vivace cette espérance messianique. « Le peuple d’Israël expérimente l’œuvre et la fidélité de Dieu et, en même temps, il voit que ses promesses ne sont pas toutes pleinement réalisées », commente Mgr Rafic Nahra, évêque auxiliaire du patriarcat latin de Jérusalem. Dans le Deuxième Livre de Samuel, Nathan prophétise à David qu’il lui suscitera un successeur et rendra « stable pour toujours son trône ». Prophétie « davidique » fondatrice : le peuple attend désormais un nouveau David. C’est de cette lignée que descendra Jésus, « Rameau issu de la souche de Jessé, Père de David » (Is 11, 1). Par les prophètes, l’Esprit Saint a parlé, confesse le Credo. Leurs paroles résonnent dans les lectures de l’Avent : nous attendons toujours la venue du Christ dans la gloire. 
« Les prophéties, et toute l’histoire du peuple de Dieu, nous aident à mieux connaître le visage du Christ, ajoute Mgr Rafic Nahra. Et c’est la lumière du Christ qui éclaire les Écritures. » Voici sept porte-parole à qui emboîter le pas.

 

 

  1. Isaïe, l’évangéliste de l’Ancien Testament : Il prophétise l’Emmanuel

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« Voici que la Vierge est enceinte, elle enfantera un Fils, et elle Lui donnera le nom d’Emmanuel. De crème et de miel Il se nourrira, jusqu’à ce qu’Il sache rejeter le mal et choisir le bien » (Is 7, 14-15). Huit siècles avant la naissance du Christ, saisissantes sont ces paroles d’Isaïe. Elles esquissent les silhouettes de la Nativité. Elles sont aussi reprises par l’ange du Seigneur lorsqu’il apparaît en songe à Joseph. « Elles annoncent de loin la personne messianique du Christ, résume le Père Jean-Rodolphe Kars, chapelain à Paray-le-Monial. Mais ce n’est qu’à la lumière du Christ et de la tradition de l’Église qu’on a pu interpréter ces versets comme une prophétie annonçant Marie et Jésus. » Les soixante-six chapitres du long Livre d’Isaïe – le plus cité dans le Nouveau Testament – sont à lire dans leur contexte historique. « Les prophètes ont parlé pour leur société et leur temps, ils n’ont pas uniquement annoncé le Christ qui vient », souligne Patrick Pouchelle, bibliste et docteur en théologie. « La parole de Dieu est valable pour le présent, le passé et l’avenir. Les prophéties ne sont pas des annonces terminées. Dieu vient pour nous aujourd’hui ! » Ainsi résonne le chapitre 9 d’Isaïe, éminemment messianique, lu dans la nuit de Noël. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. » Isaïe chante la venue du temps où Dieu sauve et accomplit ses promesses de paix et de justice. Espérance qui se joue dans l’aujourd’hui du prophète, et le nôtre. La musique d’Isaïe continue de tintinnabuler tout au long de l’Évangile de la Nativité. L’Enfant Jésus est couché dans une mangeoire, précise saint Luc à plusieurs reprises. Le terme n’est pas anodin : Isaïe utilise cette image : « Le bœuf connaît son propriétaire, et l’âne la mangeoire de son maître, Israël ne me connaît pas, mon peuple ne comprend pas » (Is 1, 2-3). Le Nouveau Testament évoque des « mages », que la Tradition qualifie de « rois » ? Le prophète évoque des têtes couronnées : « Debout, Jérusalem, resplendis ! […] Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore » (Is 60, 1-3). Poétique et efficace, le souffle du prophète saisit l’âme qui l’entend. Par son nom même, « le Seigneur est salut » en hébreu, Isaïe publie une louange au Dieu fidèle. 

  

  1. Jérémie, héraut malgré lui : Il soutient l’espérance du peuple

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« Ah ! Seigneur mon Dieu ! Vois donc : je ne sais pas parler, je suis un enfant ! » Ainsi débute le Livre de Jérémie. Vers cet homme tremblotant, qui aspire au silence, l’Éternel étend la main : « Voici, je mets dans ta bouche mes paroles. Aujourd’hui, je te donne autorité sur les nations et les royaumes, pour arracher et renverser, pour détruire et démolir, pour bâtir et planter. » Jérémie commence à prophétiser un siècle après Isaïe. « Quand je rencontrais tes paroles, je les dévorais ; elles faisaient ma joie, les délices de mon cœur », s’écrie-t-il au Seigneur. Son ministère, éprouvant, l’amène à entrevoir la catastrophe de la déportation – il meurt peu après la prise de Jérusalem par Babylone, en 587. Pourtant, Jérémie porte son regard plus loin encore, annonçant le retour futur des exilés et le bonheur pour Jérusalem. Alors même que se déroulent des événements dramatiques pour le peuple d’Israël, Dieu fait la promesse d’un jour meilleur. À la lumière du Nouveau Testament, ce jour rappelle étonnamment les troupeaux et leurs bergers, la nuit de la Nativité. Voici la voix de Jérémie qui retentit par-delà les collines de Judée : « Dans les villes de la Montagne, du Bas-Pays et du Néguev, dans le pays de Benjamin, aux alentours de Jérusalem et dans les villes de Juda, les brebis passeront encore sous les mains de celui qui les compte, dit le Seigneur. Voici venir des jours – oracle du Seigneur – où j’accomplirai la parole de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda : En ces jours-là, en ce temps-là, je ferai germer pour David un germe de justice, et il exercera dans le pays le droit et la justice. » 

  

  1. Baruch, scribe fidèle : Il réconforte les exilés

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On attribue à Baruch, secrétaire du prophète Jérémie, le livre éponyme. Celui qui se nomme en hébreu « le béni » écrit pour le peuple juif déporté à Babylone : il l’encourage à prier sans cesse, à demander pardon, à supplier et à toujours espérer. Cette ferme espérance qu’il annonce, Baruch la fonde sur les faveurs que Dieu a promises pour Israël. « Les promesses de Dieu demeurent toujours, le peuple juif a reçu des promesses de plénitude, commente Mgr Rafic Nahra. Nous aussi, chrétiens, nous n’avons pas tout reçu ce que le Seigneur a accompli. Même si Jésus a tout accompli, nous sommes encore en chemin. » Les vibrantes exhortations du prophète parviennent jusqu’à nos oreilles, sans rien avoir perdu de leur acuité. Elles réveillent notre âme de veilleur : « Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours […]. Debout, Jérusalem ! Tiens-toi sur la hauteur, et regarde vers l’Orient : vois tes enfants rassemblés du couchant au levant par la parole du Dieu saint ; ils se réjouissent parce que Dieu se souvient. Car Dieu a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées, et que les vallées seraient comblées : ainsi la terre sera aplanie, afin qu’Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu. »

 

 Ézéchiel,  prêtre du Temple : Il effleure le mystère de l’Incarnation

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« À partir de ce jour, le nom de la ville sera “Le Seigneur-est-là.” » Tel est le dernier verset du Livre d’Ézéchiel, un livre épais de quarante-huit chapitres, qui exprime la confiance du prophète dans la fidélité divine – quelles que soient les circonstances. Prêtre du temple de Jérusalem, en 597 avant Jésus-Christ, il subit l’exil à Babylone avec le peuple d’Israël. Alors que ce temple, abri de la présence divine, est détruit, Ézéchiel transmet ces paroles : « Je placerai mon sanctuaire au milieu d’eux pour toujours. Ma demeure sera parmi eux ; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (Éz 37, 26-27). Et encore : « Mon sanctuaire sera au milieu d’eux pour toujours. » Ici, se profile déjà le mystère de l’Incarnation, certes inconcevable : Dieu, l’Éternel et le Créateur, vient prendre chair de notre chair. Saint Jean y répond en écho : « Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père » (Jn 1, 14). 

  

  1. Michée, « qui est comme l’Éternel ? » : Il désigne Bethléem

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À scruter l’Ancien Testament à la recherche d’indices messianiques, difficile de trouver un oracle plus clair ! Michée prophétise la naissance du libérateur d’Israël. « Et toi, Bethléem Éphrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi Celui qui doit gouverner Israël » (Mi 5, 1). Entre ces lignes, apparaît la fameuse promesse faite à David par le prophète Nathan. Bethléem, cité davidique, quitte l’ombre pour la lumière. « Dieu livrera son peuple jusqu’au jour où enfantera celle qui doit enfanter, et ceux de ses frères qui resteront rejoindront les fils d’Israël, poursuit le prophète. Il se dressera et Il sera leur berger par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom du Seigneur, son Dieu. Ils habiteront en sécurité, car désormais Il sera grand jusqu’aux lointains de la terre, et Lui-même, Il sera la paix ! » Dans l’Évangile de saint Matthieu, les grands prêtres et les scribes, interrogés par Hérode sur le lieu de la naissance du Messie, citent littéralement l’oracle de Michée. La figure du Christ Bon Pasteur et Prince de la paix unit les deux Testaments. 

  

  1. La joie de Sophonie : Il exulte pour son Dieu

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Ce prophète, natif du VIIe siècle avant le Christ, se fait souvent compagnon de notre troisième dimanche de l’Avent. Ce dimanche de Gaudete, « Réjouissez-vous » en latin, qui se laisse vêtir de rose et de joie alors que point au loin l’aurore de la Nativité. À un peuple « pauvre et petit », petit reste qui « prendra pour abri le nom du Seigneur », Sophonie s’écrie : « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Éclate en ovations, Israël ! Réjouis-toi, de tout ton cœur bondis de joie, fille de Jérusalem ! Le Seigneur a levé les sentences qui pesaient sur toi, Il a écarté tes ennemis. Le roi d’Israël, le Seigneur, est en toi. Tu n’as plus à craindre le malheur […] Il aura en toi sa joie et son allégresse, Il te renouvellera par son amour » (So 3, 14-17). Cette exultation annonce celle de la Vierge Marie dans son Magnificat : l’âme toute à Dieu, Fille de Sion s’il en est, elle fait mémoire de ses merveilles et justes victoires. À son tour, Marie chante l’allégresse du Salut, inspirée par l’Esprit Saint « qui a parlé par les prophètes »

  

  1. Jean Baptiste, dernier des prophètes : Il s’efface devant le Messie

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Blotti dans le sein de sa mère Élisabeth, il tressaille d’allégresse à la voix de la Vierge Marie. Telle un tabernacle, elle porte en elle le Sauveur. Dès avant sa naissance, Jean Baptiste a reconnu le Messie d’Israël. Pour préparer sa venue, il arpente passages tortueux et chemins rocailleux, accomplissant cet oracle d’Isaïe : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers […]. Et tout être vivant verra le salut de Dieu. » Sa prédication a des accents singuliers, elle est celle du dernier des prophètes et annonce comme imminente la venue du Christ. « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais Il vient, Celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu » (Lc 3, 16). Jean parcourt la région du Jourdain, proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés. « Dans le récit évangélique, cette insistance sur le Jourdain renvoie à un passage précis de l’Ancien Testament, celui de l’entrée en Terre promise, précise le bibliste Patrick Pouchelle. Après sa longue route dans le désert, le peuple d’Israël, mené par Josué, doit traverser le fleuve, portant l’Arche d’alliance. Toute la nation passe à pied sec, et la promesse de Dieu s’accomplit. » Jean Baptiste vit dans une époque agitée. « Es-tu Celui qui doit venir ? », presse-t-on cet homme en qui certains voient un « nouvel Élie ». Le peuple est en attente. « Israël vit, depuis le retour de l’exil, la reconstruction de Jérusalem et de son nouveau Temple, comme une fi èvre messianique », détaille le Père Jean-Rodolphe Kars. Soumis à une succession de dominations, le peuple attend avec anxiété la réalisation des promesses faites à David. À de nombreux endroits dans les Évangiles, se pose la question concernant Jésus : est-Il le Messie promis ? On scrute les Écritures, on se querelle. Au début des Actes des Apôtres, les disciples eux-mêmes n’ont pas encore compris, en présence de Jésus ressuscité, sa véritable vocation. Ils Lui demandent encore si c’est « maintenant [qu’Il va] restaurer la royauté en Israël ». Contemporaine de Jean Baptiste, la Vierge Marie est de ces personnes pieuses qui espèrent le Salut. « Marie, plus que tout Israël, car son désir de Dieu est immense, attend avec ferveur la venue du Messie, commente encore le Père Jean-Rodolphe Kars. Cela devait faire l’objet permanent de sa prière. Déjà, elle devait “conserver dans son cœur” toutes ces prophéties de l’Écriture, sans se douter qu’elle serait ineffablement choisie pour être celle qui mettrait au monde le Messie. » Lors de l’Annonciation, l’ange Gabriel cite un passage de la promesse faite à David. Exultant, Marie comprend alors qu’est venu le temps de l’accomplissement des Écritures.

 

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ANCIEN TESTAMENT, BIBLE, CHRISTIANISME, EGLISE CATHOLIQUE, ISRAËL, JUDAÏSME, LA BIBLE LIVRE PAR LIVRE (5), LIVRE DES PROVERBES, PROPHETES

La Bible livre par livre (5)

LA BIBLE LIVRE PAR LIVRE

L’Ancien Testament :

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Livres prophétiques

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Les prophètes, des porte-parole de Dieu, sont mentionnés tout au long de l’histoire d’Israël, en particulier dès l’instauration de la monarchie. Ils invitent régulièrement le peuple à revenir à Dieu, parfois conseillent les rois. Certains ont laissé des écrits, de sorte que nous avons accès à leurs oracles. Ils nous permettent d’avoir un autre regard sur la période qui va du 9e au 5e siècle av. J.-C.

Grands prophètes

Esaïe

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66 chapitres

Homme du 8e siècle avant J-C , Esaïe avait ses entrées à la cour royale, Il est l’un des plus grands prophètes, par la taille de son livre mais aussi par la conscience qu’il avait à la fois de la sainteté de Dieu et de son amour, de son salut. Il annonce la naissance d’un enfant-roi destiné à s’asseoir sur le trône davidique.
Esaïe annonce l’exil à venir pour le peuple de Juda en raison de l’immoralité, de l’injustice et de la violence qui règnent en son sein. Plusieurs de ses oracles concernent un personnage nommé le «serviteur de l’Eternel». L’un d’eux prédit son œuvre en rapport avec les péchés des hommes et le salut.

Jérémie

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52 chapitres

Le prophète Jérémie est connu surtout pour ses lamentations (voir le livre qui porte ce nom), d’où le terme de «jérémiades». Après un temps d’influence à la cour de Juda, son ministère (entre 625 et 580 av. J.-C.) est en effet caractérisé par les brimades et le rejet. Il met sans cesse son peuple en garde contre les alliances avec l’Egypte, l’Assyrie et la Babylonie, les grandes puissances de l’époque. Il fustige aussi l’idolâtrie et la déchéance morale de ses compatriotes. Son message le plus original est celui dans lequel il annonce la conclusion d’une nouvelle alliance.
Jérémie connaîtra la chute de Jérusalem en 586 av. J.-C. et sera contraint par plusieurs de ses compatriotes de fuir en Egypte, non sans avoir prédit la venue et la durée de l’exil.

Lamentations

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5 chapitres

Le livre des Lamentations de Jérémie était lu le neuvième jour du mois d’Ab, anniversaire de la destruction du temple de Jérusalem par les Babyloniens. Anonyme, il est attribué au prophète Jérémie par la tradition juive, y compris la version grecque des Septante. Le texte compte 5 élégies qui évoquent le siège de Jérusalem, la famine, la fuite du roi, la destruction du temple et des murailles, les massacres et les déportations, soit des événements survenus lors de la chute de la capitale du royaume de Juda en 586 av. J.-C.

Livre de Baruch

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Le livre de Baruch se présente comme l’œuvre  du secrétaire de Jérémie (début du VIe siècle avant J.-C.), mais il n’a pas été rédigé avant le IIe siècle. Son attribution à Baruch est un procédé littéraire, d’ailleurs fréquent à cette époque.

L’ouvrage comporte quatre parties indépendantes, qui ne sont pas nécessairement du même auteur:

1) une introduction précisant dans quelles conditions ce livre, envoyé de Babylone par les déportés, devait être lu à Jérusalem lors d’une cérémonie de confession des péchés (1.1-14) ;

2) le texte même de cette confession des péchés (1.15-2.10), inspirée par celle de Daniel 9; elle est suivie d’une supplication (2.11-3.8), émaillée de nombreuses citations bibliques;

3) une méditation sur la Sagesse (3.9-4.4);

4) enfin un discours d’encouragement adressé à Jérusalem (4.5-5.9).

Ezéchiel

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48 chapitres

Emmené en exil en Babylonie, Ezéchiel exerce son ministère prophétique de 593 à 571 av. J.-C. Il prononce des oracles de jugement contre les Judéens restés au pays, puis contre les nations qui contribuent à la chute de Jérusalem, avant d’ouvrir des perspectives d’avenir (retour au pays, restauration du temple).

Daniel

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12 chapitres

Membre de l’aristocratie juive emmené en déportation à Babylone en 605 av. J.-C., Daniel y occupe des postes à haute responsabilité. Le livre qui porte son nom contient des récits narrant la vie de Daniel et de ses amis juifs à la cour babylonienne, puis perse, ainsi que des visions prophétiques relatives notamment aux divers Empires mondiaux successifs ou encore au Messie. Les chapitres 2 à 7 présentent la particularité d’être écrits en araméen, et non en hébreu comme le reste de l’Ancien Testament et du livre.

 Petits prophètes

 

Osée

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14 chapitres

Seul prophète né dans le royaume du nord, Osée exerce son ministère entre 786 et 724 av. J.-C. Son message est principalement dirigé contre l’idolâtrie qui accompagnait la prospérité matérielle en Israël. Les cultes païens de Baal et d’Ashéra étaient particulièrement marqués par la corruption: prostitution sacrée, violence, ivrognerie. Osée compare la relation entre Israël et son Dieu à une relation entre un mari et son épouse volage et adultère.

Joël

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4 chapitres (3 dans certaines versions)

Particulièrement difficile à dater (entre les 9e et 4e siècles selon les commentateurs), Joël voit dans un fléau qui s’est abattu sur Juda (invasion de sauterelles et sécheresse) une manifestation de la colère de Dieu, un «jour de l’Eternel». Il annonce le jour où l’Esprit sera répandu sur toute créature.

Amos

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9 chapitres

Paysan de Juda, Amos dénonce avec vigueur les injustices sociales qui voient les riches s’enrichir et les pauvres s’appauvrir dans une période de prospérité (entre 765 et 750 av. J.-C.).

Abdias

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1 chapitre

Située entre les 9e et 6e siècles selon les commentateurs, la prophétie d’Abdias, très courte, porte essentiellement contre les Edomites. Il prononce leur condamnation en raison de l’attitude hostile dont ils ont fait preuve contre les Judéens.

Jonas

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4 chapitres

Peut-être le plus connu des prophètes en raison de son séjour dans le ventre d’un grand poisson, Jonas présente la particularité d’adresser un appel à la repentance à des ennemis des Israélites, les habitants de Ninive, et de le faire de très mauvais gré! Ce livre prophétique contient plus de récits que d’oracles.

Michée

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7 chapitres

Contemporain d’Esaïe et d’Osée (8e siècle), Michée est le seul prophète qui s’adresse à la fois à Israël et à Juda. Il dénonce leur mauvaise situation morale, sociale et spirituelle tout en encourageant les pauvres et les faibles à regarder à Dieu. Il annonce que le lieu de naissance du libérateur à venir, le Messie, sera Bethléhem.

Nahum

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3 chapitres

Prophète du 7e siècle av. J.-C., Nahum nous a laissé un message centré sur l’annonce de la chute de Ninive, la capitale du tyrannique et cruel Empire assyrien. C’est le seul prophète dont le message ne se termine pas sur une parole de consolation ou d’espérance.

Habakuk

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3 chapitres

La courte prophétie contenue dans le livre d’Habakuk semble dater de 609-608 av. J.-C. Elle prend la forme d’un dialogue entre le prophète, perplexe devant l’apparent silence de Dieu face au mal, et ce Dieu qui va utiliser les cruels Babyloniens pour punir son peuple.

Sophonie

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3 chapitres

Sophonie est le premier des prophètes de Juda (vers 626-625 av. J.-C.) à inviter ses compatriotes à se repentir afin de ne pas connaître le même sort que l’Israël du nord. Il annonce le jugement contre Juda, mais aussi contre les autres nations, et les fruits positifs que ce jugement apportera: purification, joie.

Aggée

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2 chapitres

Prononcées entre septembre et décembre 520 av. J.-C., les prophéties d’Aggée sont autant d’invitations adressées aux Judéens de retour d’exil pour qu’ils reprennent la construction du temple de Jérusalem.

Zacharie

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14 chapitres

Probablement né en exil à Babylone, Zacharie commence de prophétiser en novembre 520 av. J.-C., en compagnie d’Aggée. Il rapporte une série de visions pour encourager les Judéens à la reconstruction du temple et les inviter à la purification, mais il annonce surtout la venue du Messie, d’abord dans l’humilité puis en gloire. C’est le prophète le plus souvent cité dans le Nouveau Testament après Esaïe.

Malachie

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3 chapitres (4 dans certaines versions)

La prophétie de Malachie se situe au 5e siècle av. J.-C., à une période où l’Empire perse domine le Proche-Orient. Le temple de Jérusalem a été reconstruit et le culte y a repris, mais Malachie doit dénoncer le formalisme religieux et le relâchement de la moralité régnants. Sa prophétie se présente sous la forme de questions-réponses entre Dieu et son peuple.

ANCIEN TESTAMENT, ISAÏE (personnage biblique), PROPHETES, SAMUEL (personnage biblique)

Samuel et Isaïe : les prophètes de l’Ancien Testament en l’Eglise du Saint-Esprit

Les prophètes Samuel et Isaïe

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Le prophète Isaïe

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LE MARTYRDE D’ISAIAH

[Chapitre 1]

1 Et il arriva la vingt-sixième année du règne d’Ézéchias, roi de Juda, qu’il

2 appelé Manassé son fils. Maintenant, il était le seul. Et il l’appela en présence d’Isaïe, fils d’Amoz, le prophète; et en présence de Josab, fils d’Isaïe.

6b, 7 Et pendant qu’il (Ézéchias) donnait des ordres, Josab, fils d’Ésaïe, debout, Ésaïe dit au roi Ézéchias, mais il ne lui dit pas seulement en présence de Manassé: «  Comme le Seigneur est vivant, dont le nom a pas été envoyé dans ce monde, [et comme le Bien-Aimé de mon Seigneur vit], et comme l’Esprit qui parle en moi est vivant, tous ces commandements et ces paroles seront sans effet par Manassé, ton fils, et par l’intermédiaire de ses mains je partirai au milieu de la torture de

8 mon corps. Et Sammael Malchira servira Manassé et exécutera tout son désir, et il

9 devenir un disciple de Beliar plutôt que de moi. Et beaucoup à Jérusalem et en Judée, il fera abandonner la vraie foi, et Beliar habitera à Manassé, et par ses mains je serai

10 scié en morceaux. ‘ Et quand Ézéchias entendit ces paroles, il pleura très amèrement et déchira ses vêtements,

11 et plaça de la terre sur sa tête, et tomba sur son visage. Et Isaïe lui dit: «Le conseil de

12 Sammaël contre Manassé est consommé: rien ne te servira. Et ce jour-là, Ézéchias

13 décida dans son cœur de tuer Manassé son fils. Et Ésaïe dit à Ézéchias: [‘Le Bien-aimé n’a fait aucun effet à ton dessein, et] le dessein de ton cœur ne sera pas accompli, car avec cet appel j’ai été appelé [et j’hériterai de l’héritage du Bien-aimé]. « 

[Chapitre 2]

1 Et il arriva après qu’Ézéchias mourut et que Manassé devint roi, qu’il ne se souvint pas des commandements d’Ézéchias, son père, mais qu’il les pardonna, et que Sammaël demeura à Manassé.

2 et s’est accroché à lui. Et Manassé abandonna le service du Dieu de son père, et il servit

3 Satan et ses anges et ses pouvoirs. Et il détourna la maison de son père qui avait été

4 devant la face d’Ezéchias les paroles de sagesse et du service de Dieu. Et Manassé détourna son cœur pour servir Beliar; car l’ange de l’anarchie, qui est le chef de ce monde, est Beliar, dont le nom est Matanbuchus. Et il se réjouit de Jérusalem à cause de Manassé, et il le rendit fort en apostasiant (Israël) et en l’anarchie qui se répandit à l’étranger à Jérusalem

5 Et la sorcellerie et la magie augmentèrent et la divination et l’augulation, et la fornication, [et l’adultère], et la persécution des justes par Manassé et [Belachira, et] Tobia la Cananéenne, et Jean

6 d’Anathoth, et par (Zadok> le chef des travaux. Et le reste des actes, voici ils sont écrits

7 dans le livre des rois de Juda et d’Israël. Et quand Ésaïe, le soll d’Amoz, a vu l’anarchie qui se perpétuait à Jérusalem et l’adoration de Satan et de son impudicité, il

8 se retirèrent de Jérusalem et s’installèrent à Bethléem de Juda. Et là aussi il y avait beaucoup

9 l’anarchie, et se retirant de Bethléem, il s’installa sur une montagne dans un endroit désertique. [Et Michée, le prophète, et le vieil Ananias, et Joël et Habacuc, et son fils Josab, et beaucoup de fidèles qui croyaient en l’ascension au ciel, se retirèrent et s’installèrent sur la montagne.]

10 Ils étaient tous vêtus de cheveux et ils étaient tous des prophètes. Et ils n’avaient rien avec eux mais étaient nus, et ils se sont tous lamentés d’une grande lamentation à cause de

11 égaré d’Israël. Et ceux-ci ne mangent que des herbes sauvages qu’ils ont cueillies sur les montagnes, et les ayant cuites, ils y ont vécu avec Isaïe le prophète. Et ils ont passé deux ans

12 jours sur les montagnes et les collines. [Et après cela, alors qu’ils étaient dans le désert, il y avait un certain homme à Samarie nommé Belchlra, de la famille de Sédécias, le fils de Chenaan, un faux prophète dont la résidence était à Bethléem. Or Ézéchias, fils de Chanani, qui était le frère de son père, et du temps d’Achab, roi d’Israël, avait été l’enseignant des 400 prophètes de Baal,

13 avait lui-même frappé et réprimandé Michée, fils d’Amada, le prophète. Et lui, Michée, avait été réprimandé par Achab et jeté en prison. (Et il était) avec Sédécias le prophète: ils étaient

14 avec Achazia, fils d’Achab, roi de Samarie. Et Élie, le prophète de Tébon de Galaad, réprimandait Achazia et Samarie, et prophétisa concernant Achazia qu’il mourrait sur son lit de maladie, et que Samarie soit livrée entre les mains de Leba Nasr parce qu’il avait tué

15 les prophètes de Dieu. Et quand les faux prophètes, qui étaient avec Achazia, fils d’Achab et

16 leur maître Gemarias du mont Joël avait entendu – maintenant qu’il était frère de Sédécias – lorsqu’ils eurent entendu, ils persuadèrent Achazia, roi d’Aguaron, et tuèrent Michée.

[Chapitre 3]

1 Belchlra reconnut et vit la place d’Isaïe et des prophètes qui étaient avec lui; car il habitait dans la région de Bethléem, et était un adhérent de Manassé. Et il prophétisa faussement à Jérusalem, et beaucoup appartenant à Jérusalem étaient confédérés avec lui, et il était un Samaritain.

2 Et il arriva qu’Alagar Zagar, roi d’Assyrie, vint capturer la Samarie et prit en captivité les neuf tribus (et demie), et les conduisit vers les montagnes des Mèdes et la

3 rivières de Tazon; ce (Belchira), encore jeune, s’était échappé et était venu à Jérusalem au temps d’Ezéchias, roi de Juda, mais il n’avait pas marché dans les voies de son père de Samarie; car il craignait

4 Ézéchias. Et il a été trouvé au temps d’Ezéchias disant des paroles d’anarchie à Jérusalem.

5 Les serviteurs d’Ezéchias l’accusèrent, et il s’enfuit dans la région de Bethléem.

6 Et ils ont persuadé. . . Et Belchlra accusa Ésaïe et les prophètes qui étaient avec lui, disant: ‘Ésaïe et ceux qui sont avec lui prophétisent contre Jérusalem et contre les villes de Juda qu’ils seront détruits et (contre les enfants de Juda et) Benjamin aussi qu’ils ira en captivité, et aussi contre toi, ô seigneur le roi, que tu iras (lié) avec des crochets

8 et des chaînes de fer. Mais ils prophétisent faussement contre Israël et Juda. Et Isaïe lui-même a

9 dit: ‘Je vois plus que M.oïse le prophète.’ Mais Moïse a dit: ‘Aucun homme ne peut voir Dieu et vivre’:

10 et Ésaïe a dit: « J’ai vu Dieu et voici, je vis. » Sache donc, ô roi, qu’il ment. Il a aussi appelé Jérusalem Sodome, et il a déclaré les chefs de Juda et de Jérusalem le peuple de Gomorrhe. Et il a porté de nombreuses accusations contre Ésaïe et le

11 prophètes avant Manassé. Mais Beliar habitait au cœur de Manassé et au cœur de la

12 princes de Juda et de Benjamin et des eunuques et des conseillers du roi. Et les paroles de Belchira lui plaisaient [extrêmement], et il envoya et saisit Ésaïe

[Chapitre 5]

1b, 2 Et il le vit en morceaux avec une scie à bois. Et quand Isaïe était scié dans le soleil, Balchlra se leva, l’accusant, et tous les faux prophètes se levèrent, riant et se réjouissant parce que

3 d’Isaïe. Et Balchlra, avec l’aide de Mechembechus, se leva devant Isaïe, [riant]

4 moquerie; Et Belchlra dit à Ésaïe: ‘Dis: « J’ai menti dans tout ce que j’ai dit, et de même

5 les voies de Manassé sont bonnes et justes. Et les manières aussi de Balchlra et de ses associés sont

6, 7 bon. « ‘Et cela, il lui dit quand il commença à être scié dans le soleil. Mais Isaïe était (absorbé)

8 dans une vision du Seigneur, et bien que ses yeux étaient ouverts, il les vit . Et Balchlra parla ainsi à Ésaïe: «Dis ce que je te dis et je tournerai leur cœur, et j’obligerai Manassé

9 et les princes de Juda, le peuple et tout Jérusalem, pour te révérer. Et Ésaïe répondit et dit: «  Pour autant que je le dise (je dis): Maudit et maudit soient toi et tous tes pouvoirs et

10, 11 toute ta maison. Car tu ne peux pas (prendre de moi) sauver la peau de mon corps. Et ils

12 saisit et scia dans le soleil Isaïe, fils d’Amoz, avec une scie à bois. Et Manassé et

13 Balchlra et les faux prophètes et les princes et le peuple [et] tous regardaient. Et aux prophètes qui étaient avec lui, il a dit avant d’avoir été scié à Sunder: «  Allez dans la région

14 de Tyr et Sidon; car pour moi seul Dieu a mêlé la coupe. Et quand Isaïe était scié au soleil, il ne pleurait ni ne pleurait, mais ses lèvres parlaient du Saint-Esprit jusqu’à ce qu’il soit scié en deux.

D’après The Apocrypha and Pseudepigrapha of the Old Testament
de RH Charles, Oxford: Clarendon Press, 1913
Scanné et édité par Joshua Williams, Northwest Nazarene College, 1995

Biographie

Figure biblique, Ésaïe aurait vécu à Jérusalem au viiie siècle av. J.-C., approximativement entre 766 et 701. Son époque est marquée par la montée en puissance de l’Assyrie face au royaume de Juda qui voit toutefois une période de prospérité. Isaïe dénonce le relâchement des mœurs de ses concitoyens, ce qui attire la colère de Dieu.

Le roi Manassé, fils d’Ézéchias, fit persécuter plusieurs contemporains d’Ésaïe. Selon l’Ascension d’Isaïe (écrit apocryphe), torturé sur ordre de Manassé, Ésaïe fut scié en deux, mais son âme fut ravie au ciel juste avant cette torture, de manière qu’il ne souffre pas.

C’est donc dans la seconde moité du VIIIe siècle avant notre ère qu’Isaïe exerça son ministère prophétique, dans le royaume de Juda. Il vécut dans l’entourage royal et ses oracles ont une portée politique très caractérisée. Parmi ceux-ci, les prophéties sur l’Emmanuel ont une très grande importance, en raison de leur sens messianique et leur influence sur la révélation chrétienne. En plus des oracles d’Isaïe, conservés en majorité dans les chapitres 1 à 39, le livre contient des oracles d’un prophète contemporain de l’Exil (chap. 40-55) et même d’autre oracles de l’époque après l’Exil (chap. 56-66). Ces ajouts au recueil contenant les oracles du grand prophète montrent l’importance qu’on attribuait au Livre d’Isaïe, qui conservait ses paroles.

Le livre d’Isaïe, « Des catastrophes présentes à la gloire à venir »

Le livre d’Isaïe est très particulier : en réalité, sous l’apparence d’un livre unique de 66 chapitres, il s’agit d’une véritable « bibliothèque » réunissant trois livres distincts.

 

Le premier Isaïe
(appelé « primo-Isaïe »)
Le deuxième Isaïe
(appelé « deutéro-Isaïe »)
Le troisième Isaïe
(appelé « trito-Isaïe »)
Chapitres 1-39 Chapitres 40-55 Chapitres 56-66
Contexte historique : la montée en puissance de l’Assyrie jusqu’à la tentative de prise de Jérusalem par Sennachérib Contexte historique : la montée en puissance de Cyrus, le roi de Perse, annonçant la fin de l’Exil à Babylone Contexte historique: la situation à Jérusalem peu de temps après le retour d’Exil.
Rédigé vers : 740-701 avant J.-C. Rédigé vers: 550-539 avant J.-C. Rédigé vers: 538-450 avant J.-C.

  

Sens du livre d’Isaïe
Les trois parties du livre d’Isaïe.

Le premier Isaïe (Is 1-39)

La première partie du livre d’Isaïe se déroule alors que l’Assyrie devient de plus en plus puissante.

Isaïe exerce sa mission de prophète en tant que conseiller royal. Sous plusieurs rois, mais avec un succès inégal, Isaïe va s’impliquer activement dans les affaires politiques du Royaume de Juda.
Isaïe critique vivement la politique des alliances avec les grandes puissances de l’époque. Ce qui sous-tend ces critiques, c’est l’idée de la confiance. Pour lui, la seule puissance digne de confiance, c’est le Seigneur. Toute alliance étrangère apparaît comme un manque de confiance en Dieu.

Le thème de la sainteté de Dieu va revenir régulièrement, avec une très haute idée de la grandeur divine. Le Dieu d’Isaïe est un Dieu qui agit et exerce son autorité sur toute la création. Il accomplit une œuvre avec un plan précis.

A la sainteté de Dieu s’oppose le péché de son peuple. Comme ces prédécesseurs Amos ou Osée, Isaïe dénonce vigoureusement ce péché. Le principal reproche concerne le manque de foi qui se traduit par la recherche d’alliances étrangères. Mais Isaïe dénonce aussi les maux qui frappent continuellement Israël : hypocrisie religieuse, orgueil des puissants, oppression des plus faibles.

Avec Isaïe apparaît aussi un thème nouveau dans la littérature prophétique : Sion, la montagne sur laquelle est bâtie Jérusalem. Cette montagne a été choisie par le Seigneur pour y faire sa demeure. Elle devient un second Sinaï.

En plus du thème de Sion, Isaïe va introduire dans la théologie d’Israël un autre concept le « messiannisme ». Isaïe dresse ainsi le portrait d’un personnage qui va récapituler tout ce que l’on attendra ultérieurement du messie davidique.
Son autorité repose sur une multitude de charismes. C’est avant tout un médiateur dont la mission est de faire triompher le droit de Dieu en prenant soin des plus faibles.

Le deuxième Isaïe (Is 40-55)

Le contexte historique du deuxième Isaïe est radicalement différent de celui du premier. On se situe ici vers la fin de l’Exil à Babylone, entre 550 et 539.
Une analyse fine du texte révèle qu’il y a deux grandes sections dans cet ouvrage, correspondant probablement à deux périodes de rédaction :

Les chapitres 40-48

Ils appartiennent à la première phase du ministère du prophète. On y trouve quatre préoccupations:

• Les exilés sont tentés de céder au découragement, et le prophète va réconforter les déportés, en rappelant que leur Dieu est le Dieu créateur. Il rappelle aussi qu’Israël a été élu par le Seigneur et que cela lui confère un statut unique au sein de la création.

• Certains exilés accusent le Seigneur d’ingratitude envers son peuple. Le prophète réagit vigoureusement à ces accusations et les retourne contre eux, en rappelant le péché du peuple.

•  Nombreux sont les exilés séduits par les dieux babyloniens. Le prophète va donc fortement insister sur ce péril en dénonçant l’impuissance des idoles et l’inutilité du culte qui leur est rendu.

•  Enfin, beaucoup de Juifs sont choqués par le choix de Cyrus par le Seigneur, un roi païen, pour libérer son peuple. Cette partie du livre veut leur montrer que Cyrus est bien le serviteur et le messie du Seigneur.

Les chapitres 49-55

A partir du chapitre 49, le ton change et on entre dans une seconde phase du ministère du prophète. Les thèmes polémiques du début du livre ne sont pas repris. Le deuxième Isaïe semble maintenant s’adresser à des fidèles du Seigneur, à des convaincus.

La dominante est la promesse de restauration, de retour au pays, de salut imminent. Il s’agit d’encourager une minorité souvent persécutée par les autres exilés qui n’entrent pas dans cette façon de voir.

L’auteur développe aussi le thème de l’universalité du salut. Les nations ne sont plus présentées comme les ennemis de Dieu, mais comme des peuples en attente de conversion. Le rôle d’Israël va être d’amener ces peuples à reconnaître le seul vrai Dieu, le Seigneur.

 

L’exil avait profondément fait douter Israël sur la capacité de son Dieu à conduire l’histoire et à sauver son peuple. Le prophète répond à ces interrogations :

  • L’unicité de Dieu est clairement et systématiquement affirmée.
  • A l’inverse, la preuve de l’inexistence des autres dieux est leur incapacité à prévoir ce qui va arriver et à faire advenir quoi que ce soit. La preuve que le Seigneur est ce qu’il prétend être, c’est qu’il annonce à l’avance ce qu’il va réaliser et qu’il le réalise effectivement.
  • Puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, il faut repenser la place d’Israël parmi les nations. Israël reste le peuple de Dieu mais sa mission prend un contour nouveau. Le salut d’Israël – qui prend concrètement la forme de la libération d’exil et du retour sur sa terre – ne saurait être un simple retour à la situation antérieure. Israël devient le peuple chargé d’annoncer aux hommes ce Dieu unique qui est aussi leur Dieu. C’est une mission d’évangélisation, une bonne nouvelle qui commence par l’annonce de la libération d’Israël et qui culmine avec la venue des peuples à Jérusalem pour reconnaître l’unique Dieu créateur et sauveur de tous les hommes.

Cette annonce du salut d’Israël et des nations trouvera son aboutissement en Jésus-Christ. Le deuxième Isaïe est le prophète qui anticipe le plus les changements de perspectives apportés par le Nouveau Testament.

Le troisième Isaïe (Is 56– 66)

Ces chapitres ne semblent pas avoir été rédigés par un auteur unique. Toutefois, il ne s’agit pas d’une simple compilation, car les différentes prophéties sont organisées de manière assez précise.

Le livre cherche d’abord à expliquer pourquoi le salut tarde à venir, malgré le retour d’exil. On trouve ici un écho de la déception créée par ce retour d’exil dont les réalisations paraissent bien modestes comparées aux annonces des prophètes antérieurs. Le prophète réaffirme que la faute n’en incombe pas à Dieu, mais aux hommes.

Le prophète estime nécessaire d’entreprendre une réforme en profondeur de la communauté revenue d’exil. L’injustice sociale l’amène à s’adresser aux pauvres à qui la nouvelle du salut est destinée en priorité.
Alors que la reconstruction du Temple et la reprise du culte sacrificiel occupent les esprits, il met l’accent sur le culte spirituel. Celui-ci doit faire droit à la justice.

 

L’art et le livre d’Isaïe
Les peintures et sculptures représentant le livre d’Isaïe.

Peintures et sculptures du 8ème au 21ème siècle

Le-prophète-Isaie

Le prophète Isaïe – de Kyr Manuel Evgenikos (1384 – 1396), Fresque de l’Eglise du Saint Sauveur (Géorgie)

 

Larbre-de-Jessé.jpg

L’arbre de Jessé – Enluminure du Psautier d’Ingeburge de Danemark – début XIIIème siècle, Musée Condé (Chantilly)

 

Le-prophète-Isaie-2

Le prophète Isaïe (1496 – 1498), Le Pérugin

 

  Plan du livre d’Isaïe:

 

I – Premier Isaïe

1 – Oracles contre Juda et Jérusalem (1-5)

  • En-tête (1,1)
    • L’oracle contre Juda (1,2-31)
    • Jérusalem au centre du monde (2,1-5)
    • Le jour du Seigneur (2,6-22)
    • Le désordre à Jérusalem (3,1-15)
    • Les frivoles de Jérusalem (3,16-4,1)
    • Les rescapés de Sion (4,2-6)
    • Le chant de la vigne (5,1-7)
    • La malédiction (5,8-25)
    • La venue des Assyriens (5,26-30)

2 – Le cycle de l’Emmanuel (6-12)

  • La vocation du prophète (6,1-13)
    • Le livret de l’Emmanuel (7,1-9,6)
    • Le jugement du royaume du Nord et de sa capitale Samarie (9,7-20)
    • Les mauvais juges (10,1-4)
    • Les oracles contre l’Assyrie (10,5-34)
    • Les perspectives d’avenir (11,1 – 12,6)

3 – Oracles sur les nations païennes (13-23)

  • Babel (13,1-14,23)
    • Assur (14,24-27)
    • La Philistie (14,28-32)
    • Moab (15,1-16,14)
    • Damas et Ephraïm (17,1-6)
    • Contre les pratiques idolâtriques (17,7-14)
    • Koush (18,1-7)
    • L’Egypte (19,1-20,6)
    • Babel (21,1-10)
    • Douma (21,11-12)
    • Les tribus arabes (21,13-17)
    • La « vallée de la vision » (22)
    • Tyr (23,1-18)

4 – Grande apocalypse d’Isaïe (24-27)

  • Le Seigneur ravage la terre (24,1-23)
    • Le chant d’action de grâce (25,1-5)
    • Le festin de la fin des temps et la chute de Moab (25,6-12)
    • La louange et l’action de grâce (26,1-19)
    • Le châtiment des habitants de la terre (26,20-21)
    • Le châtiment de Léviathan (27,1)
    • Le chant de la vigne (27,2-5)
    • Le rétablissement du peuple (27,6-13)

5 – Oracles variés (28-33)

  • La fin de Samarie (28,1-6)
    • Contre les prêtres et les prophètes (28,7-13)
    • Contre les alliances (28,14-22)
    • L’exemple du laboureur (28,23-29)
    • Le siège et le salut d’Ariél (29,1-8)
    • Le peuple aveugle (29,9-12)
    • La religion hypocrite (29,13-14)
    • Les politiciens (29,15-16)
    • Les perspectives de salut (29,17-24)
    • L’Egypte qui ne peut sauver (30,1-7)
    • Le châtiment des coupables (30,8-17)
    • Le pardon de Dieu (30,18-26)
    • Le jugement des nations (30,27-33)
    • L’illusion d’une alliance avec l’Egypte (31,1-3)
    • Le Seigneur entre en guerre contre l’Assyrie (31,4-9)
    • Le roi juste (32,1-5)
    • Le fou et le noble (32,6-8)
    • Les insouciantes (32,9-14)
    • Le futur règne de justice et de paix (32,15-20)
    • La prière dans la détresse (33,1-6)
    • Le secours du Seigneur (33,7-16)
    • La future gloire de Sion (33,17-24)

6 – Petite apocalypse d’Isaïe (34-35)

  • Le châtiment de Moab et des nations (34,1-17)
    • La délivrance d’Israël (35,1-10)

7 – Autour du siège de Jérusalem en – 701 (36-39)

  • La campagne de Sennachérib (36,1 – 37,38)
    • La maladie et la guérison du roi Ezéchias (38,1-22)
    • L’ambassade babylonienne (39,1-8)

 

II – Deuxième Isaïe

1 – La toute-puissance du Dieu créateur

  • L’annonce de la consolation d’Israël (40,1-2)
    • Les chemins du Seigneur (40,3-5)
    • La parole de Dieu (40,6-8)
    • La bonne nouvelle annoncée à Sion (40,9-11)
    • Yahvé, le seul grand Dieu (40,12-17)
    • L’inconsistance des idoles (40,18-20)
    • Yahvé, l’unique grand Dieu (40,21-26)
    • L’appel à la confiance (40,27-31)

2 – Présentation de Cyrus

  • La vocation de Cyrus (41,1-5)
    • L’inutilité des idoles (41,6-7)
    • Rassurer Israël (41,8-16)
    • Le retour au pays (41,17-20)
    • Yahvé maître des événements (41,21-24)
    • Yahvé prédit la victoire de Cyrus (41,25-29)
    • Premier cantique du serviteur (42,1-7)

3 – L’annonce de la chute de Babylone et du retour d’exil

  • L’histoire contrôlée par Dieu (42,8-9)
    • Le chant de victoire (42,10-12)
    • L’action de Dieu (42,13-17)
    • La critique contre Israël sourd et aveugle (42,18-25)
    • Le retour d’Israël sous la protection de Dieu (43,1-7)
    • Yahvé toujours maître des événements (43,8-13)
    • L’annonce de la chute de Babel (43,14-15)
    • Le retour d’exil comme un nouvel Exode (43,16-21)
    • La critique contre l’ingratitude d’Israël (43,22-28)
    • La venue de l’Esprit de Dieu (44,1-5)
    • Yahvé est le seul Dieu (44,6-8) et les idoles ne sont rien (44,9-20)
    • L’appel à la conversion et au repentir (44,21-22) débouchant sur un chant de joie des rachetés (44,23)
    • Cyrus, instrument de salut suscité par Yahvé (44,24-45,13)
    • Les ennemis soumis (45,14-17)
    • Seul Yahvé annonce à l’avance ce qui va se passer (45,18-19)
    • La future conversion des peuples (45,20-25)
    • La chute de Babylone et de ses dieux (46,1-47,15)
    • L’accomplissement de ce qui avait été annoncé par le Seigneur (48,1-11)
    • Cyrus mandaté par le Seigneur (48,12-15)
    • L’évocation des événements passés (48,16-19)
    • L’invitation à sortir de Babylone (48,20-22)
    • Le deuxième cantique du serviteur (49,1-6+7-9)

4 – Le retour d’exil

  • Le retour des exilés (49,10-13)
    • La reconstruction de Sion (49,14-21)
    • Les nations au service d’Israël (49,22-23)
    • Le butin du tyran (49,24-26)
    • Yahvé a rejeté mais la répudiation n’est pas définitive (50,1-3)
    • Le troisième cantique du serviteur (50,4-11)
    • La certitude de la délivrance (51,1-8)
    • Le bras de Yahvé va se réveiller (51,9-11)
    • Inutile dès lors d’avoir peur des hommes (51,12-16)
    • Après Sion, la colère de Dieu passe sur d’autres peuples (51,17-23)
    • Le peuple de Dieu va être libéré très bientôt (52,1-12)
    • Le quatrième cantique du serviteur (52,13-53,12)
    • La Jérusalem future (54,1-17)
    • Le salut offert (55,1-13)

 

III – Troisième Isaïe

1 – Les questions essentielles (56-58)

  • Les promesses à ceux qui pourraient se sentir exclus (56,1-8)
    • La question des mauvais pasteurs (56,9-12)
    • La raréfaction des justes (57,1-2)
    • L’idolâtrie (57,3-13)
    • La consolation des affligés (57,14-21)
    • La question du jeûne (58,1-14)

2 – Le retard du jugement à cause du péché des hommes (59)

3 – Le cœur du livre (60-62)

  • La gloire de la future Jérusalem (60,1-22)
    • Le Messie et l’annonce de la bonne nouvelle (61,1-11)
    • La nouvelle Sion (62,1-12)

4 – Le jugement de Dieu (63,1-6)

5 – La lamentation (63,7-64,11)

6 – La venue du salut (65-66)

  • Le rejet de l’idolâtrie (65,1-7)
    • La destinée des bons et des méchants (65,8-16)
    • Les cieux nouveaux et la terre nouvelle (65,17-25)
    • Le culte spirituel (66,1-4)
    • La venue du salut (66,5-9)
    • La joie du peuple élu (66,10-17)
    • Le rassemblement de toutes les nations (66,18-24)

 

 

Samuel

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Samuel est un personnage biblique dont l’histoire fait l’objet du Premier et du Deuxième livre de Samuel dans la Bible hébraïque ou Ancien Testament. Il est qualifié de prophète dans la Bible bien que son rôle soit plus proche de celui d’un juge, c’est-à-dire un chef guerrier au sens biblique. C’est lui qui désigne les deux premiers rois d’Israël, Saül, puis David.

Présentation

Selon la littérature rabbinique et néo-testamentaire, il est considéré comme le dernier des Juges d’Israël (voir Actes des Apôtres 13.20) et comme le premier des prophètes prophétisant aux Israélites (Actes des Apôtres 3.24). Une partie du monde chrétien, dont l’Église orthodoxe et l’Église catholique, le fête le 20 août.

Étymologie

Ce prénom signifie « nom (šem) de Dieu (‘El, Elohim) » ou « son nom (šm.ō) est Dieu (‘El) ». L’explication donnée en 1 Sam 1:20, כִּי מֵיְהוָה שְׁאִלְתִּיו (kī me-yhwah šə’iltiyō) : « car je l’ai demandé au Seigneur (‘YHWH’) », dérivée du verbe ša’al : « demander », s’applique plutôt à Saül ou à Salathiel, prince de la fin du royaume de Juda. Quant à l’hypothèse šamaʕ ‘El : « Dieu (Elohim) a entendu » (avec un ʿAyin), elle se rapporte à Ismaël.

Selon la Bible

Samuel est né à Rama.

Enfant, il est consacré au Seigneur par sa mère Anne, qui le reçoit comme un cadeau de Dieu, alors qu’elle est stérile. Celle-ci l’emmène vivre chez le grand-prêtre Eli alors qu’il est enfant. Après avoir grandi à Silo, il vit à Rama (1 Samuel 7:17) où il officie en tant que juge et c’est là que se trouve sa tombe (1 Samuel 25:1). Samuel est appelé à jouer un rôle exceptionnel pendant une période de crise et de transition.

Plus tard, alors que Samuel est un vieux prophète déjà renommé en Israël, il désigne le premier roi des Hébreux, Saül, que Dieu lui a montré. Les Hébreux veulent absolument un roi et malgré ses réticences, Samuel finit par leur en accorder un sur l’ordre de Dieu : « Écoute la voix de ce peuple ; car ce n’est pas toi, mais c’est moi qu’il rejette, afin que je ne règne plus sur eux. »

Lorsque Saül déplaît à Dieu, celui-ci demande à Samuel de consacrer comme roi une autre personne : c’est David, qui n’est alors qu’un berger. Après sa victoire contre Goliath, le jeune berger doit, avec l’aide de Samuel, s’imposer face à Saül pour gagner la couronne et l’onction.

Saül, à la veille de la bataille au mont Gelboé contre les Philistins qui va lui coûter la vie et celles de ses fils (dont Jonathan), demande à la sorcière d’Endor d’invoquer l’âme défunte de Samuel pour le conseiller, selon 1 Samuel 28:13. Ce dernier lui prédit sa mort.

 Livres des Juges et de Samuel

Selon la tradition juive, Samuel aurait été l’auteur du livre des Juges et d’une partie de celui qui porte son nom. Ce livre de Samuel aurait été achevé par le prophète Gad.

Les deux livres de Samuel n’en forment en réalité qu’un seul. Ils racontent le passage progressif d’un état d’anarchie des tribus d’Israël à l’organisation d’un État fort regroupé autour de son roi. Au début, Israël se trouve dans la même situation que celle décrite dans le livre des Juges.

Le prophète Samuel rêve cependant de faire des Hébreux un peuple de purs. Pour cela, il a d’abord organisé une réforme religieuse et une certaine unité autour du sanctuaire de Silo. Mais face à la menace des Philistins – et malgré ses réticences car pour lui seul Dieu est le Roi d’Israël – il va désigner un chef de guerre en la personne de Saül. Cependant ce choix se révélera malheureux : si l’œuvre de Saül est importante pour l’unification d’Israël, il entre vite en conflit avec Samuel. Il mourra lors d’une bataille contre les Philistins.

Vient alors le temps du roi David. Après avoir été proche du roi Saül, il en deviendra l’un des ennemis. David prend le pouvoir dans sa propre tribu de Juda puis dans l’ensemble des tribus d’Israël. Il crée l’unité autour d’une nouvelle capitale : Jérusalem qui devient aussi le centre du culte.

David a de grandes capacités. Il a aussi de graves défauts. Mais il sait reconnaitre ses péchés et demander pardon à Dieu. David symbolise ainsi l’homme élu par Dieu. C’est pour cela que dans la Bible, celui qui viendra redonner sa gloire à Israël est appelé « un nouveau David ». Il restera comme celui qui a rédigé une partie des psaumes.

  

Sens des livres de Samuel
L’instauration de la monarchie.

Les livres de Samuel relatent dans le détail une phase critique de l’histoire d’Israël : le passage de la période des Juges à celle des Rois. Il s’agit d’un véritable bouleversement qui s’explique pour une part à cause du passage du nomadisme à la sédentarisation. Installé en montagne, Israël a du mal à s’imposer en plaine, notamment face à la menace des Philistins. Ces derniers constituent une force unie contre laquelle aucune tribu ne peut lutter seule. Israël va faire un pas décisif vers la royauté qui constitue alors la forme de pouvoir centralisé capable d’assurer l’unité des tribus.

 

 Les personnages principaux des livres de Samuel
Samuel, Saül, Jonathan, David, Absalom.

 Samuel : en hébreu, « son nom est El », fils d’Elqana et de sa femme Anne qui était stérile. Consacré à Dieu dès l’enfance, il grandit au temple de Silo. Prophète, on peut également le considérer comme le dernier des juges d’Israël. Lorsque le peuple d’Israël demande un roi, Samuel confère l’onction royale à Saül. Quand ce dernier fut rejeté par Dieu, il choisit David parmi les fils de Jessé.

 Saül : de la tribu de Benjamin, premier roi du royaume unifié d’Israël, vers 1030-1010 av. J.-C. Rejeté par Dieu, le titre de roi passe à David. Il devient très opposé à l’amitié de son fils Jonathan pour David et tentera plusieurs fois de faire mourir celui-ci, en particulier pendant sa nuit de noce avec Mikal, sa propre fille. Il meurt, avec trois de ses fils, au cours de la bataille de Gelboé.

 Jonathan : fils de Saül, ami de David, il a involontairement violé le jeûne qui avait été imposé avant un combat. Il est condamné à mourir, mais le peuple le rachète. Apprenant la mort de Jonathan, tué par les Philistins, David pleure celui dont « l’amitié était plus merveilleuse que l’amour des femmes » (cf. 2 S 2,26). David recueille chez lui Méribaal, le fils de Jonathan, et transfère les ossements de son ami dans le tombeau familial.

 David : de la tribu de Juda, petit-fils de Ruth la Moabite et de Booz, fils de Jessé, ancêtre de Jésus, roi d’Israël de 1010 à 970 av. J.-C.. Il entre au service de Saül comme musicien à la cour. Il tue d’un seul coup de fronde le géant philistin Goliath. Ami de Jonathan, le fils de Saül, et époux de Mikal, la fille de Saül, il devient malgré tout l’objet de la jalousie du roi. Une fois Saül mort, David est reconnu roi à la fois par les tribus du Sud et les tribus du Nord. Il choisit alors Jérusalem comme capitale politique et religieuse où il fait venir l’Arche d’Alliance. David est présenté comme un homme courageux et d’une grande piété. Cependant sa passion adultérine pour Bethsabée lui vaut les reproches du prophète Nathan. A la fin de sa vie, il devra faire face aux révoltes de son fils Absalom. Avant sa mort, il fait sacrer roi son fils Salomon, né de Bethsabée.

 Absalom : troisième fils de David, pour venger le viol de sa sœur Tamar, il fait tuer son demi-frère Amnon. Après avoir conspiré contre son père David, il doit fuir Jérusalem. En fuite, sa chevelure importante se prend dans les branches d’un arbre. Alors qu’il est suspendu par ses cheveux à cet arbre, Joab, son cousin, général de David, le tue, malgré les ordres de ce dernier.

 

 Histoire de la rédaction des livres de Samuel

Ce sont des rédacteurs deutéronomistes qui ont composé les livres de Samuel en reprenant certains ensembles narratifs préexistants comme le « récit de l’arche » (1 S 4,1b-7,1 ; 2 S 6) témoignant de la théologie pro-Sion du VIIe siècle av. J.-C., récit écrit par des scribes de la cour judéenne ; le « récit de l’ascension de David » (1 S 16-2 S 5) écrit à la cour de Jérusalem après la disparition du Royaume du Nord à la fin du VIIIe siècle av. J.-C. et le « récit de la succession de David » (2 S 2,12-4,12 ; 9-20 [+ 1 R 1-2]) composé à la cour de Jérusalem dans le courant du VIIe siècle av. J.-C..

Différentes traditions sur David (2 S 21-24) ont été ajoutées par un éditeur post- deutéronomiste. Les listes des guerriers de David (2 S 21,15-22 ; 23,8-39) proviennent des archives royales de Jérusalem. Le « psaume de David » et sa prière finale (2 S 22 ; 23,1-7) sont postexiliques.
Les traditions pré-dtr sur Saül (1 S 9,1-10,16* ; 11* ; 13-14*) devaient être conservées en Benjamin, peut-être à Miçpa.
L’école deutéronomiste a rassemblé ces différents ensembles narratifs pour constituer un récit cohérent : les livres de Samuel. Elle a également composé des chapitres de transition comme 1 S 3 ; 7 ; 8 ; 10,17-27 ; 12 ; 15 ; 16,1-13 ; 2 S 7.

Aux États-Unis, l’école de Franck Moore Cross situe l’essentiel de la rédaction deutéronomiste à l’époque de Josias (641-609). En Allemagne, l’école de Göttingen (Timo Veijola, Walter Dietrich) repère trois rédacteurs deutéronomistes appelés DtrH (H pour historien) ; DtrN (N pour nomiste) et DtrP (P pour prophétique) qui remontent à l’époque néo-babylonienne. Récemment, Thomas Römer a proposé une hypothèse avec trois rédactions deutéronomistes successives : une rédaction à l’époque assyrienne, une autre rédaction à l’époque néo-babylonienne ; une dernière enfin à l’époque perse. Le débat est complexe et il n’y a pas encore de consensus.

 

Plan des livres de Samuel:

 Le premier livre de Samuel

1 – Récits sur la jeunesse de Samuel (1-7)

2 – Instauration et rejet de Saül (8-15)

3 – La montée en puissance de David (16-31)

 

Le deuxième livre de Samuel

1 – L’intronisation de David (1-4)

2 – La gloire de David (5-10)

3 – Les difficultés de la fin du règne de David (11-20)

4 – Appendices (21-24)