FAMILLE BORGIA, HISTOIRE, ITALIE, JEAN-YVES BORIAUD, LES BORGIA, LES BORGIA PAR JEAN-YVES BOORIAUD, LIVRE, LIVRES, LIVRES - RECENSION, RENAISSANCE, VATICAN

Les Borgia par Jean-Yves Boriaud

Les Borgia : le sang et la pourpre

Jean-Yves Boriaud

Paris, Perrin, 2017. 300 pages

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résumé

Mythes et réalités d’une des plus fascinantes familles de la Renaissance, du fondateur Alonso au rédempteur Francesco.
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Frappés par une sombre légende que chaque époque vient enrichir, les trois grands acteurs de la saga Borgia – Alexandre, César et Lucrèce – ne seraient qu’un empoisonneur, un assassin et une débauchée. Exceptionnellement romanesque, l’histoire d’une des plus fascinantes familles de la Renaissance est en réalité bien plus riche et plus nuancée.
D’origine catalane, ces  » Borja  » vont réussir à imposer en trois générations deux papes à la chrétienté : en 1455, Calixte III, grand diplomate obsédé par le danger turc, puis en 1492, Alexandre VI, qui compromet sa fonction dans plusieurs scandales, sans néanmoins oublier sa haute mission : tailler à l’Eglise, par la force, un territoire comparable à ceux des Etats-nations contemporains. Son fils César, hidalgo flamboyant un moment égaré dans l’Eglise, lui en ménage donc un en Romagne, où sa politique expéditive lui vaut de devenir le modèle de Machiavel. A Rome, coupe-gorge où continuent à s’affronter les clans médiévaux, les rugueux Borgia rendent coup pour coup, jusqu’à l’effondrement final. C’est alors le temps de la revanche de la belle Lucrèce, plusieurs fois mariée selon les ambitions du clan. Devenue duchesse de Ferrare et l’une des plus belles figures féminines de l’époque, elle inaugure le temps de la repentance des Borgia, bientôt marqué par la personnalité torturée du jésuite Francesco, le saint de la famille.
La saga des Borgia se lit ainsi comme l’aventure exemplaire et tragique d’une ambitieuse dynastie de gens d’Eglise, bien loin de l’image trop répandue d’une brillante et douceâtre Renaissance italienne.

Biographie de l’auteur

Jean-Yves Boriaud, professeur émérite de langue et littérature latines à l’université de Nantes, spécialiste de la Rome renaissante, a publié Galilée et Histoire de Rome , et traduit des grands textes humanistes, dont les Lettres de vieillesse de Pétrarque, Le Prince et L’Art de la guerre de Machiavel. En 2015, il reçoit le prix Provins Moyen Age pour sa biographie de Machiavel.

Famille Borgia

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Originaire du Royaume de Valence (Couronne d’Aragon), qui exerce une grande influence politique dans l’Italie du xve et xvie siècles. Cette dynastie aragonaise de Naples qui a régné pendant un siècle sur Rome, fournit deux papes, plusieurs cardinaux, des militaires, tous princes de la Renaissance, dont quelques-uns acquièrent une fâcheuse renommée, et sont à l’origine d’une légende noire construite par l’Église dès le xvie siècle. Plusieurs membres de la famille Borgia pâtissent ainsi d’une sinistre réputation en partie forgée par leurs ennemis politiques qui les accusent pêle-mêle d’empoisonnements, de fratricides, de simonie, d’incestes, de luxure, d’acédie… Cette légende, qui contribue à faire des Borgia le symbole de la décadence de l’Église catholique romaine à la Renaissance italienne, doit cependant être nuancée. Au contraire de son arrière-grand-père le pape Alexandre VI, la vie édifiante de Saint François Borgia, supérieur général des Jésuites, apparaît de son côté très vite comme un modèle de vertu, de sagesse et de piété.

  

Histoire de la famille

Origines

Les Borgia trouvent probablement leur origine dans la ville de Borja en Aragon, toponyme qui vient de borg, « tour » en arabe, et est devenu au xiie siècle un patronyme d’où est issu leur nom. La longue élaboration légendaire familiale, initiée par Rodrigo de Borja, futur pape Alexandre VI, préfère oublier cette étymologie et s’en forger une plus honorable, celle de boarius, le « taureau » présent sur leurs armoiries1. Ce taureau symbolise, à partir d’un rapport métonymique, la puissance et la fécondité, tandis que Alonso de Borja, futur pape Calixte III fait rajouter sur le bord de l’écu un orle chargé de huit flammes représentant les huit chevaliers Borgia qui, selon la légende familiale, auraient accompagné le roi d’Aragon Jacques Ier lors de la conquête du royaume de Valence en 1238.

Plusieurs membres de cette famille parfaitement inconnue au xiiie siècle, quittent la cité de Borja à cette époque, afin de participer à la Reconquista de la ville de Xàtiva (royaume de Valence), où ils s’établissent une fois celle-ci prise. Roi héréditaire de Sicile, le protecteur des Borgia, Alphonse d’Aragon, est fasciné par la civilisation de la Péninsule. Il dispute la Sardaigne aux Génois, puis se lance à la conquête du royaume de Naples où il demeure sans discontinuer de 1442 jusqu’à sa mort. Pour gérer ce royaume, il fait appel à Alonso de Borja, juriste confirmé. Naples étant de jure sous l’égide de la Papauté, son suzerain l’envoie prêter allégeance devant le pape Eugène IV ; ce dernier loue les talents de diplomate d’Alonso de Borja et l’élève au rang de cardinal en mai 1444. Il voit son nom latinisé en Alfonso Borgia par la bulle du pape Martin V et trouve en Italie un terrain digne des ambitions et des mérites de sa famille.

La légende familiale des Borgia recherchera une légitimation plus ancienne et plus prestigieuse en se rattachant à une descendance prestigieuse remontant jusqu’au xie siècle, notamment à Ramire Ier d’Aragon et à Pedro de Atarés, seigneur féodal de Borja au xiie siècle, mais les documents historiques montrent que leur notoriété date de leur fulgurante ascension romaine au milieu du xve siècle.

Membres

Branche principale

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Portrait du Pape Alexandre VI (Rodrigo Borgia).

Alfonso Borgia, pape sous le nom de Calixte III de 1455 à 1458 ;

François Borgia (1441 – 1511), fils de Calixte III et cardinal-archevêque de Cosenza ;

Pier Luigi de Borgia (1424 – 1458), capitaine général de l’église et préfet de Rome, neveu de Calixte III et frère d’ Alexandre VI ;

Roderic Llançol i de Borja, neveu de Calixte III le rejoint en Italie où il prend le nom de Rodrigo Borgia. Il devient pape sous le nom d’Alexandre VI de 1492 à 1503. De sa relation avec Vannozza Cattanei naitront plusieurs enfants naturels :

César Borgia (1475 – 1507), cardinal puis capitaine général des armées papales ;

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Giovanni Borgia (1474 ou 1476 – 1497), duc de Gandia ;

Lucrèce Borgia (1480 – 1519), mariée successivement à Giovanni Sforza, Alphonse d’Aragon et Alphonse Ier d’Este. Mécène ;

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Geoffroi Borgia (1481 – 1516), Prince de Squillace ;

Et des enfants de femmes inconnues qui sont :

Isabelle Borgia, fille d’Alexandre VI et de mère inconnue, mariée à Girolamo Matuzzi dont postérité ;

Jeronima Borgia, fille aînée d’Alexandre VI et de mère inconnue, mariée à un membre de la famille Cesarini, sans postérité ;

Pedro Luis de Borja, fils d’Alexandre VI et de mère inconnue, premier duc de Gandia.

Il existe également des branches cousines des Borgia qui ont donné plusieurs cardinaux nommés par Alexandre VI qui sont :

Juan de Borja Llançol de Romaní, cardinal espagnol, petit-neveu du pape Alexandre VI ;

Rodrigo de Borja Llançol de Romani, capitaine des gardes du pape, frère du cardinal Juan de Borja Llançol de Romani et d’Angela de Borja Llançol de Romani ;

Angela de Borja Llançol de Romani, suivante de Lucrèce Borgia, sœur de Juan de Borja Llançol de Romaní et de Rodrigo de Borja Llançol de Romani ;

Hyeronima de Borja, suivante de Lucrèce Borgia ;

Juan de Borja Lanzol de Romaní, el mayor, cardinal, cousin du pape Alexandre VI ;

Pedro Luis de Borja Llançol de Romaní, cardinal espagnol ;

Juan Castellar y de Borja, cardinal ;

Francisco Lloris y de Borja, cardinal.

Les descendants de César Borgia

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Louise Borgia (1500 – 1553), duchesse de Valence (France);

Girolamo Borgia, fils illégitime de César Borgia, marié à Isabelle duchesse de Carpi et auteur de la branche des Borgia-Sulpizi, connu pour être aussi violent et instable que son père.

Les descendants de Giovanni Borgia

Jean II de Gandie, duc de Gandie, fils du précédent ;

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MUSEO DE BELLAS ARTES DE SEVILLA

Saint François Borgia, duc de Gandie, fils du précédent ;

Carlos II de Borja, fils aîné et successeur de François Borgia à la tête du duché de Gandie ;

Francisco Tomàs de Borja, duc de Gandie ;

Gaspar de Borja y Velasco, cardinal espagnol, fils de Francisco Tomàs de Borja ;

Francisco Carlos de Borja, duc de Gandie ;

Francisco Dídac Pasqual de Borja, duc de Gandie ;

Francisco Antonio de Borja-Centelles y Ponce de León, cardinal espagnol, fils de Francisco Dídac Pasqual de Borja ;

Carlos de Borja y Centellas, cardinal espagnol, fils de Francisco Dídac Pasqual de Borja ;

Pasqual de Borja-Centelles, avant-dernier duc de Gandie ;

Juan de Borja y Castro, Comte de Mayalde, 3e fils de Saint-François Borgia ;

Francisco de Borja y Aragón, puissant prince du siècle d’or espagnol, vice-roi du Pérou de 1615 à 1621, poète, fils aîné de Juan de Borja y Castro ;

Fernando de Borja y Aragón, Comte de Mayalde, Prince de Squillace il hérita d’une partie des possessions de son frère à sa mort ;

Rodrigo Luis de Borja y de Castre-Pinós, cardinal espagnol ;

Enrique de Borja y Aragón, cardinal espagnol ;

Pedro Luis Garceran de Borja, marquis de Navarrés, quatorzième et dernier maître de l’Ordre de Montesa ;

Rodrigo Borja Cevallos (1935), ancien président de la République de l’Équateur ;

Les descendants de Geoffroi Borgia

Francesco de Borgia y Mila fils aîné et deuxième prince de Squillace ;

Lucrezia de Borgia y Mila

Antonia Borgia y Mila

Maria Borgia y Mila

Clément Rabou y Mila

Camille Rabou y Mila

  • Cinzia Luisa Maria Muci dei Conti di Corsano Randazzo Borgia, Comtesse Muci Borgia (1985);

Autre Branche

Les principaux descendants des Borgia

 

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Légende noire

Les Borgia connaissent « les affres d’une légende noire solidement construite », véhiculée dès le xvie siècle par l’Église. Les figures sur lesquelles s’appuie cette légende ne manquent pas, avec notamment le pape Calixte III qui nomme cardinal et vice-chancelier son neveu Rodrigue, le futur pape Alexandre VI, ouvrant ce que les historiens de la papauté ont appelé « l’âge du népotisme institutionnalisé » appelé à se prolonger jusqu’au xviie siècle, ou Lucrèce Borgia dont la pièce éponyme de Victor Hugo fait un réceptacle de tous les vices.

ALEXANDRE VI (pape ; 1339-1410), BIOGRAPHIES, HISTOIRE DE L'EUROPE, ITALIE, LIVRE, LIVRES, LIVRES - RECENSION, LUCRECE BORGIA (1480-1519), LUCRECE BORGIA PAR GENEVIEVE CHASTENET, RENAISSANCE

Lucrèce Borgia par Geneviève Chastenet

Lucrèce et les Borgia

Geenviève Chastenet

Paris, J.-C. Lattès, 2011. 400 pages

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Résumé

Rivalités, crimes, trahisons, plaisirs raffinés, soif de pouvoir et amours innombrables, l’histoire sulfureuse de la famille Borgia a fait couler beaucoup d’encre. Vérités et calomnies dressent d’elle un portrait terrible : Rodrigo Borgia, le futur pape Alexandre VI, est en bonne place dans l’Histoire des guerres d’Italie de Guichardin ; César Borgia est le modèle du Prince de Machiavel ; la splendide Lucrèce, pour sa part, doit à Victor Hugo un parfum de scandale encore tenace aujourd’hui. 
Si l’époque est à la somptuosité des fêtes, au fleurissement artistique et littéraire, c’est aussi un temps de barbarie où l’on règle ses comptes à coups de poignard et de poison. Enfant chérie d’Alexandre VI, Lucrèce fut surtout un objet de pouvoir entre les mains de son frère, César, qui fit assassiner son premier amour et étrangler son deuxième époux. Si Bembo, l’Arioste, ou encore le Titien célébrèrent sa beauté et son sens politique, Lucrèce dut affronter, en véritable héroïne shakespearienne, les démons d’une famille hors du commun. 

Geneviève Chastenet nous plonge dans un univers chatoyant tissé de passions violentes et d’ambitions démesurées, avec un regard constant sur les textes de l’époque. D’une biographie complète et fouillée, elle tire une magnifique fresque aux accents romanesques.

L’auteur

Geneviève Chastenet est l’arrière-petite-fille de Taine. Historienne, elle est également l’auteur de deux autres biographies remarquées : Marie-Louise, l’impératrice oubliée (1983) et Pauline Bonaparte, la fidèle infidèle (1986), toutes deux parues chez Lattès. –Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.

Les Borgia

Lucrèce Borgia, la mal aimée

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Dans la famille Borgia, Lucrèce est celle qui traîne de façon injuste la réputation la plus sulfureuse.

Empoisonneuse, incestueuse, lubrique et satanique, que n’a-t-on pas écrit sur la fille du pape Alexandre VI et de sa maîtresse Vanozza de Cattanei !

Parmi les grands narrateurs de cette légende noire, on trouve Victor Hugo qui a romancé sa vie pour mieux remplir les théâtres des boulevards : « Famille de démons que ces Borgia ! » lance-t-il…. La femme fatale trouve en plein romantisme un public à mesure : l’émotion le dispute à l’histoire, toutes les anecdotes sont bonnes pour faire trembler les foules, et tant pis pour la vérité historique !

En réalité, Lucrèce Borgia fut sans doute la première victime de sa famille plutôt que l’entremetteuse avide et sanglante que l’on imagine : sa famille va la marier trois fois, sans lui demander évidemment son avis, au gré des alliances et d’une politique territoriale complexe.

Du reste, son père l’a formée pour cela : elle reçoit une excellente éducation, au sein du couvent dominicain San Sisto de Rome, comme il est d’usage pour les enfants des familles patriciennes de l’époque. Elle y étudie les bonnes mœurs, les langues, la musique, le dessin et la broderie, bien loin d’une ambiance débauchée que l’on pourrait supposer.

Après l’avoir fiancée jeune à quelques partis en vue, son père, devenu pape, a d’autres projets pour elle. Il s’agit de se rapprocher du puissant duché de Milan, au Nord, et quoi de mieux qu’un mariage pour conforter une alliance politique et militaire ?

Mariages forcés

En juin 1493, Lucrèce, âgée de 13 ans, épouse donc Giovanni Sforza, l’un des héritiers de la famille : un homme veuf, orgueilleux et taciturne. Le ménage ne fonctionne guère et sombre définitivement quand les intérêts politiques du Vatican évoluent…

Le pape Alexandre VI vise désormais l’appui du Sud, celui de Naples et donc des Espagnols. Les Milanais sont de trop, on le fait comprendre à Sforza avant de le menacer directement : les deux fils du pape, Juan et César, lui conseillent vivement d’annuler le mariage le plus rapidement possible pour non-consommation. Ce que Giovanni Sforza finit par accepter en novembre 1497, non sans honte puisqu’il est notifié son impuissance sexuelle pour mieux accréditer la dissolution.

À peine le mariage annulé, Lucrèce accouche d’un garçon quatre mois plus tard. Stupéfaction à Rome : de qui est cet enfant, vite baptisé l’Infans romanus, l’infant de Rome ? Sforza ne se manifeste pas, disqualifié par son annulation. En revanche, on retrouve bien vite dans le Tibre le cadavre du camérier du pape, qui s’était montré bien entreprenant auprès de la belle, et que César aurait envoyé ad patres…

Sforza se venge évidemment : il fait courir les rumeurs les plus salaces sur une pseudo relation incestueuse entre le frère et la sœur, information reprise dans tout Rome qui n’attendait que ça pour discréditer cette famille de parvenus. Bien pire, Sforza fait croire que l’infant de Rome serait le fruit des amours du pape et de sa propre fille ! La légende noire est en marche.

On remarie bien vite Lucrèce avec le parti espagnol, alors en grâce au Vatican. L’idée cette fois est de s’associer au très riche royaume de Naples, qui s’étend sur tout le Sud de l’Italie. Justement, l’un des rejetons des Aragon, le jeune duc de Bisceglia est disponible : des noces fastueuses sont célébrées en juillet 1498 à Rome, par le pape lui-même !

Pour une fois, c’est un coup de foudre : le duc est splendide, l’un des plus beaux hommes d’Italie, et Lucrèce sourit enfin à la vie dans son palais de Santa Maria in Portico, cédé par son père.

Pas pour longtemps : le jeu des alliances a déjà changé, le pape se rapproche des Français qui lorgnent sur le royaume de Naples, l’héritage angevin passé aux mains des Aragon. Un revirement renforcé depuis peu par le mariage français de César avec Charlotte d’Albret, dame d’atour de la duchesse Anne de Bretagne.

Bref, priorité est donnée à la France dans cette nouvelle partie d’échec qui s’ouvre en Italie. Et tant pis pour Lucrèce, qui doit se plier aux méandres de la politique.

Pour César, qui mène ses troupes de victoire en victoire, le jeune duc devient un obstacle dans sa course au pouvoir : il s’agit de s’en débarrasser.

En juillet 1500, il tente de le faire assassiner sur la place de la Basilique Saint-Pierre, mais ses sbires manquent le coup. Tandis que Lucrèce soigne chez elle son époux, son frère débarque en son palais, la chasse, et finit le travail en faisant étrangler le jeune duc sous ses yeux !

Désormais, Lucrèce vit terrifiée sous l’emprise d’un frère odieux et d’un père dévoré par la politique. Après une période dépressive, elle se soumet à un nouveau mariage avec l’héritier du duché d’Este, prince de Ferrare. Voit-elle dans cette union l’occasion de s’éloigner de Rome et d’un clan qui lui pèse de plus en plus ? Ferrare, place forte du Nord de l’Italie, est loin de la ville éternelle et la famille d’Este est non seulement puissante, mais cultivée.

Cette union montre en tout cas dans quelle estime est tenue la jeune femme : il aurait été impensable pour les Este, à la tête de l’une des cours les plus raffinées d’Europe, de salir leur nom en acceptant en leur sein une femme qui sera présentée au XIXe siècle comme une dévergondée criminelle et nymphomane.

Une fois duchesse, Lucrèce assume son rôle avec dignité, tient parfois les comptes, gère sa Maison, joue les ambassadrices et se laisse parfois courtisée par quelques poètes ou chevalier. Mais sa réputation n’en souffre pas, son prestige est bien réel.

Elle transforme Ferrare en un haut lieu de culture dans ce Cinquecento naissant, en entretenant une cour d’artistes dont plusieurs poètes. Un mécénat qu’imitera également à Mantoue Isabelle d’Este, sa belle-sœur, l’une des femmes les plus remarquables de la Renaissance par son goût artistique très sûr.

Vers la fin de sa vie, Lucrèce Borgia sombre dans un mysticisme aigu, prie trois fois par jour, se livre même à la mortification, fonde le couvent de San Bernardino tout en finançant églises et hôpitaux. Une neuvième grossesse lui est fatale : la fièvre gagne et l’emporte le 24 juin 1519, à l’âge de 39 ans. Tandis qu’une partie de sa fortune est distribuée, selon ses vœux, aux monastères, elle est inhumée dans une simple robe franciscaine, loin de la pompe qui fit d’elle l’une des princesses romaines les plus enviées.

https://www.herodote.net/Lucrece_Borgia_la_mal_aimee-synthese-1821.php

Alexandre VI Borgia (1431 – 1503)

Un pape qui a le sens de la famille

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Alexandre VI apparaît comme le plus amoral de tous les papes de la Renaissance, ce qui n’est pas un mince compliment. Mais ce fut aussi et avant tout un fin politique et un homme d’État d’envergure.

Un guide très peu spirituel

Né en Espagne, à Jativa, près de Valence, le jeune homme est adopté par son oncle maternel, Calixte III Borgia, pape de 1455 à sa mort en 1458. Il lui donne son nom et le hisse à la dignité de cardinal dès 1455. Rodrigo Lançol y Borgia manifeste dès lors ses qualités de séducteur, d’homme politique et d’administrateur dans la charge de chancelier de l’Église romaine, qu’il exerce sous les pontificats suivants. 

En 1468 seulement l’ambitieux est ordonné prêtre, ce qui ne change rien à son mode de vie. Devenu immensément riche, il obtient en 1492, à la mort d’Innocent VIII, la tiare pontificale à coup d’intrigues et de pots-de-vin, sans d’ailleurs scandaliser ses contemporains, accoutumés à ces pratiques.

Devenu pape, Alexandre VI Borgia continue de vivre en grand seigneur de la Renaissance, tout en observant strictement ses devoirs religieux !

Las de sa maîtresse Vanozza, il noue une relation avec Giulia Farnèse. Cette nouvelle maîtresse, qui a 40 ans de moins que lui, lui donnera deux enfants supplémentaires mais ne le dispensera pas de liaisons épisodiques.

Elle usera de sa séduction pour pousser son frère Alexandre Farnèse dans la hiérarchie de l’Église. Cardinal à 25 ans puis évêque grâce à la faveur du pape, il rompra avec son passé frivole et deviendra lui-même pape sous le nom de Paul III, à l’âge de 67 ans !

Jamais las de s’enrichir, Alexandre VI marchande les nominations de cardinaux. On le soupçonne aussi d’empoisonner les cardinaux les plus riches pour s’emparer de leur héritage ! Ce procédé ne serait pas sans risque.

Un soir de l’été 1503, s’étant invités chez le cardinal Adriano Castelli pour dîner à la fraîche, le pape et son fils César sont pris de malaises. Le premier va y succomber, le second en réchapper. Qui sait s’ils ont tenté d’empoisonner leur hôte mais bu par erreur dans les coupes qui lui étaient destinées ?…

Machiavel écrit en guise d’épitaphe : « L’esprit du glorieux Alexandre fut alors porté parmi le chœur des âmes bienheureuses. Il avait auprès de lui, empressées, ses trois fidèles suivantes, ses préférées : la Cruauté, la Simonie, la Luxure ».

Des enfants encombrants

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Avant d’accéder au trône de Saint Pierre, Alexandre VI a déjà eu quatre enfants de sa maîtresse Vanozza de Cattanei : Jean, duc de Gandie, César, Lucrèce et Joffré, et – c’est une nouveauté au Vatican – les reconnaît publiquement.

César est nommé évêque de Pampelune à 15 ans, en 1490. Deux ans plus tard, son père devenu pape le fait cardinal de Valence. Mais il se défroquera et prendra le commandement des armées pontificales.

Menant une vie de grand seigneur scandaleux et brutal, il tentera de se tailler une principauté en Italie centrale, jusqu’à sa mort lors d’un siège, le 12 mars 1507, à 31 ans.

Il va inspirer à son contemporain Machiavel le personnage du Prince.

On le soupçonnera d’avoir fait assassiner et jeter dans le Tibre son frère aîné ainsi que d’avoir eu des relations coupables avec sa sœur Lucrèce. 

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Celle-ci est mariée en 1493, à 13 ans, à Giovanni Sforza dans des fêtes d’une magnificence inouïe.

Ce premier mariage étant annulé pour des raisons diplomatiques, elle est remariée cinq ans plus tard par son père à Alphonse d’Aragon, fils naturel du roi de Naples.

Là aussi, suite à un revirement diplomatique, le pape manifeste le désir d’annuler le mariage mais sa fille étant enceinte, difficile de prétendre à la non consommation de l’union !

Qu’à cela ne tienne, les hommes de César assassinent dans sa chambre l’époux encombrant le 18 août 1500.

Lucrèce est remariée sans attendre à Alphonse 1er d’Este, futur duc de Ferrare, dont elle aura plusieurs enfants. Elle finira sa vie dans la piété et la charité et l’une de ses filles méritera d’être canonisée.

Le monde à un tournant

Notons qu’Alexandre VI, témoin de la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb et du voyage de Vasco de Gama autour de l’Afrique, est amené à partager le monde entre le Portugal et l’Espagne par la bulle « Inter Caetera » (1493).

Cinq ans plus tard, le pape, qui est aussi un homme de goût, publie une autre bulle lourde de conséquences par laquelle il promet aux fidèles un effacement de leurs fautes et une réduction de leur purgatoire en échange de dons pour la reconstruction de la basilique Saint-Pierre de Rome. Ces « indulgences » promises aux fidèles vont scandaliser les chrétiens sincères et provoquer la Réforme de Luther.

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Raphaël, peintre de la Renaissance

Le Peintre Raphaël (1483-1520)

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Raffaello Santi ou Sanzio, dit en français Raphaël

 

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Ingres, Raphaël et la Fornarina

Peintre et architecte italien (Urbino 1483-Rome 1520).

Considéré par ses contemporains comme un être quasi divin, Raphaël fut par excellence le peintre de l’harmonie et de la grâce. Dans son œuvre, qui atteint à l’expression idéale de l’humanisme dans l’art, s’accomplit à merveille le classicisme de la seconde Renaissance.

  1. UN DÉBUT DE CARRIÈRE FULGURANT
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Raphaël, le Mariage de la Vierge

Urbino, où Raphaël est né le 6 avril 1483, est un actif foyer artistique. Son père, Giovanni Santi (mort en 1494), y dirige un atelier, qui bénéficie du mécénat ducal.

C’est toutefois à Pérouse, auprès du Pérugin, que le jeune artiste fait son apprentissage. Aux termes d’un contrat signé le 10 décembre 1500, il y devient magister (chef d’atelier). De cette époque datent trois retables, dont le Mariage de la Vierge (1504), son premier chef-d’œuvre.

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Raphaël, Madone

C’est sans doute au cours de l’automne 1504 que Raphaël se rend à Florence. Le séjour qu’il y fait se révèle capital, car il lui permet d’étudier l’art de Fra Bartolomeo, celui de Léonard de Vinci, dont il adopte les procédés dans d’émouvantes Madones (Madone du grand-duc, 1504 ; la Belle Jardinière, 1507), et celui de Michel-Ange, son aîné d’à peine huit ans, qui lui donne l’exemple de la peinture de nus.

D’autres tableaux, comme les Saint Michel et Saint Georges du Louvre (vers 1505), annoncent le grand représentant de la Renaissance classique qu’il sera.

  1. LES « CHAMBRES » DU VATICAN

LES APPARTEMENTS DE JULES II

Raphaël a 25 ans lorsqu’il s’établit à Rome, à la fin de l’année 1508. Recommandé par son oncle Bramante au pape Jules II, qui désire s’entourer des meilleurs artistes de son temps pour redonner tout son lustre à la capitale de la chrétienté, il va devoir réunir de nombreux collaborateurs pour mener à bien la tâche qui l’attend : la décoration des appartements pontificaux, que l’on appelle « Chambres » (Stanze).

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En 1507 en effet, Jules II a décidé de quitter les appartements d’Alexandre VI Borgia, décorés par le Pinturicchio, et de s’installer dans les Chambres, situées à l’étage supérieur, dans l’aile nord du Vatican. Avant de faire appel à Raphaël, il a déjà congédié quatre autres peintres de renom, dont le Sodoma et Lorenzo Lotto. Il n’a pas davantage hésité à faire effacer les fresques existantes, qui étaient pourtant de la main de Piero Della Francesca et de Luca Signorelli.

 

LA CHAMBRE DE LA SIGNATURE

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Raphaël, l’École d’Athènes

La « chambre de la Signature », ancien cabinet de travail du pape, est la salle où se réunissait le tribunal du Saint-Siège pour signer les appels en grâce.

Pour la décoration de cette pièce (1508-1511), il emprunte son sujet au néoplatonisme de Marsile Ficin, selon lequel le Beau, le Bien et le Vrai doivent faire l’objet d’une même quête. Sur la voûte, il évoque la Théologie, la Philosophie, la Justice et la Poésie. Sur les parois, il peint la fresque de l’École d’Athènes, qui scelle la réconciliation par l’humanisme du savoir antique et de la révélation chrétienne, et celle dite de la Dispute du saint sacrement (en réalité, le Triomphe de l’eucharistie), qui affirme la primauté de la révélation. Sur les autres murs, le Parnasse réunit Apollon et les Muses.

LA CHAMBRE D’HÉLIODORE

Après avoir achevé ce premier cycle, Raphaël s’acquitte des fresques de la « chambre d’Héliodore » (1512-1514) ; cette pièce, réservée aux audiences privées, porte le nom d’un personnage du iie siècle avant J.-C., qui avait été chassé du Temple de Jérusalem après avoir tenté d’en ravir les trésors.

Le travail de Raphaël y réalise atteste de son intérêt croissant pour les effets de lumière (Délivrance de saint Pierre).

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LES CHAMBRES DE L’INCENDIE DU BORGO ET DE CONSTANTIN

La « chambre de l’Incendie du Borgo » commémore le souvenir du pape Léon IV (847-855), qui éteignit miraculeusement un incendie dans ce quartier de la Cité du Vatican. Les fresques (1514-1517) qu’y entreprend Raphaël seront terminées par ses élèves – dont Jules Romain. Leur monumentalité même proclame l’autorité qui s’attache au Saint-Siège.

Pour la quatrième chambre, dite « de Constantin », Raphaël ne fournit que des dessins.

 

  1. LES AUTRES PEINTURES ROMAINES

 

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Baldassarre Castiglione

À Rome, Raphaël trouve en la personne du banquier siennois Agostino Chigi (1465-1520) un autre puissant mécène. Pour ce dernier, il décore la villa Farnésine (le Triomphe de Galatée, 1511), ainsi que deux chapelles, celle de l’église Santa Maria della Pace et celle de l’église Santa Maria del Popolo, la seconde étant une chapelle funéraire en croix grecque dont il est aussi l’architecte.

Parallèlement, Raphaël continue à illustrer ses genres de prédilection : le retable, qui, après la Madone de Foligno (1511-1512) et la Madone Sixtine (1513-1514), trouve son aboutissement, dans les domaines de la composition, de la perspective et de la lumière, avec la Transfiguration (1517-1520) ; le tableau de dévotion, tel que la Sainte Famille de François Ier (1518) ; le portrait, où il témoigne d’une intuition psychologique unie au choix de gammes harmonieuses (Baldassare Castiglione, vers 1515 ; La Velata, vers 1516 ; Léon X et deux cardinaux, 1518-1519).

 

  1. UNE PLURALITÉ D’ACTIVITÉS

 

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Raphaël, Portrait de Jeanne d’Aragon

À l’avènement de Léon X (1513), Raphaël jouit de la même faveur qu’auprès de Jules II. En 1514, succédant au poste prestigieux de Bramante, il dirige les travaux de la nouvelle basilique Saint-Pierre, puis il achève la galerie des Loges (1517-1519), dont il conçoit le décor en grotesques imitées de l’antique (exécuté par Giovanni da Udine).

À la demande du pape, il fournit les cartons pour les dix tapisseries des Actes des Apôtres qui seront tissées à Bruxelles (1515-1516) et installées dans la chapelle Sixtine. En 1516, le poste de conservateur des Antiquités romaines lui échoit.

À l’architecte, on doit encore les plans de la petite église de Sant’Eligio degli Orefici (vers 1512), ceux de plusieurs palais (tel le palais Pandolfini, à Florence) et ceux de la villa Madama (entreprise en 1517), à Rome, dont le parti général dérive de la Domus aurea de Néron.

Célèbre comme dessinateur, Raphaël laisse aussi une trace dans l’histoire de l’estampe grâce à sa collaboration avec le graveur Marc-Antoine Raimondi (vers 1480-vers 1534), qui diffusera ses thèmes dans toute l’Europe.

Atteint de fièvre maligne, Raphaël meurt le jour même de ses 37 ans, alors que de nombreux chantiers sont en cours. Le sac de Rome par les troupes de Charles Quint, en 1527, entraînera la dispersion de ses élèves.

 

  1. CITATIONS

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Raphaël, la Belle Jardinière

 

« À sa vue, la nature craignit d’être vaincue par lui ; aujourd’hui qu’il est mort, elle craint de mourir. »

Épitaphe de Raphaël, due au cardinal Pietro Bembo

« Quand il ferma les yeux, la peinture devint aveugle. »

Giorgio Vasari (les Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes)

« Il a réussi ce que les autres rêvaient de faire. » Johann Wolfgang von Goethe

 

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Eglise Santa Maria del Popolo

 

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Chambre de Constantin au Vatican

 

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La Crucificion

 

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La Dépositon de Croix

 

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LEONARD DE VINCI (1452-1519), PEINTRE ITIALIEN, PEINTRES, PEINTURE, RENAISSANCE

Léonard de Vinci

Léonard de Vinci (1452 – 1519)

Le génie paradoxal

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Touche-à-tout à la curiosité insatiable, Léonard de Vinci est le modèle de l’artiste absolu et le représentant le plus accompli de la Renaissance italienne.

Dans cette Italie bouillonnante des marchands et des condottiere, il a servi les puissants les plus inattendus, Ludovic Sforza (Milan), Laurent le Magnifique (Florence), Alexandre VI et César Borgia (Rome) sans compter le roi de France François Ier. Il a confronté ses talents à ceux de Verrocchio, Botticcelli, Michel-Ange, Raphaël etc.

Il a défriché les champs de la connaissance dans des milliers de pages et de croquis, aussi bien en mécanique qu’en biologie, médecine, astronomie etc. Il a témoigné de ses talents comme organisateur de fêtes et il a connu aussi les affres de la guerre.

Le paradoxe est que, dans son souci de perfection, il est très rarement arrivé au bout de ses projets ou bien a échoué à vouloir trop innover.

Adepte de la peinture de chevalet et de la peinture à l’huile, une innnovation venue des Flandres, on ne lui connaît que vingt œuvres authentifiées, toutes des chefs-d’oeuvre. Et aucune de ses recherches scientifiques ou de ses réalisations d’ingénieur n’a laissé de traces concrètes…

 

Un jeune homme doté de tous les dons

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Lionardo di Ser Piero da Vinci est le fils illégitime de Messer Piero, un notaire de Vinci, village proche de Florence. Il bénéficie d’une éducation de qualité dans un milieu familial chaleureux et cultivé.

À 17 ans, Léonard se forme à la peinture et aux autres arts dans l’atelier de l’illustre Andrea del Verrocchio, tout comme Botticelli, Lorenzo di Credi, Pérugin… Il réalise de concert avec le maître un remarquable Baptême du Christ (il est sans doute l’auteur des deux anges de gauche). La première oeuvre de sa main est la Madone à l’œillet (1476).

Élégant et beau autant que surdoué, le jeune Leonardo da Vinci devient un familier de Laurent le Magnifique, maître tout-puissant de la République de Florence et grand mécène.

Cependant, la vie en Toscane n’est pas aussi douce qu’on pourrait le croire : jugé pour sodomie, Léonard s’exile en 1476 et ne revient qu’en 1478.

C’est alors qu’il quitte son maître et s’installe à son compte mais sans parvenir à obtenir la réputation qu’il estime, à juste titre, mériter. Il faut dire qu’il a une fâcheuse tendance à ne pas achever ce qu’il entreprend. De plus, lorsqu’il obtient des commandes de tableaux religieux, leur style déplaît tant qu’elles lui sont en général retirées, comme un Saint Jérôme et une Adoration des Mages pour le couvent de San Donato.

Dépité, Léonard part en 1482 à Milan, où il espère obtenir les bonnes grâces du duc Ludovic le More : il lui adresse pour cela une longue lettre détaillant ses capacités d’architecte et d’ingénieur, en particulier en matière militaire. Seules les supplications de ses amis le convainquent de rajouter qu’il est aussi peintre… Et c’est seulement dix ans plus tard qu’il obtiendra le titre d’ingénieur ducal, plus prestigieux que celui d’artiste !

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Créateur malchanceux

Et, de fait, aussi surprenant que cela nous paraisse aujourd’hui, ce n’est pas comme peintre que Léonard est alors célèbre, mais comme organisateur de fêtes. Là, il déploie tout son génie d’inventeur pour développer des machines et mettre en place des spectacles comme personne n’en avait jamais vu.

À Milan, Léonard de Vinci peint la Vierge aux rochers, le premier de ses chefs-d’oeuvre picturaux (il en réalisera plus tard une deuxième version, aujourd’hui à la National Gallery, Londres, avec le concours de ses assistants).

Ses recherches esthétiques passent déjà par de multiples croquis comme L’homme de Vitruve (1490), un dessin inspiré des théories de l’architecte romain Vitruve (Ier siècle av. J.-C.) qui inscrit l’homme dans un cercle et un carré à la fois, signifiant par là que « l’homme est la mesure de toute chose » (aphorisme emprunté à Platon et à son aîné, le sophiste grec Protagoras). Ce dessin et la formule associée incarnent mieux que tout l’humanisme et la Renaissance.

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Mais son ambition est autre : il désire plus que tout réaliser le monument équestre que Ludovic veut faire construire pour son père défunt. Après plusieurs années d’humiliation, il est enfin chargé de l’œuvre qui doit assurer sa réputation. Représenter un cheval cabré est un défi technique inouï ; des tonnes de bronze s’accumulent dans la ville, mais voici qu’en 1494, le roi de France Charles VIII entreprend une expédition en Italie. Le métal est alors utilisé pour l’artillerie et le projet équestre ne sera jamais réalisé.

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L’alerte passée, Ludovic demande à Léonard de peindre la Cène pour le réfectoire du monastère Santa Maria delle Grazie. L’œuvre obtient enfin un succès général, mais le destin frappe à nouveau : quelques années plus tard, elle commence à se détériorer, victime de l’humidité et des techniques trop innovantes et mal maîtrisée que le peintre a tenu à employer. Les couleurs passent et la peinture se décolle. Décidément, Léonard est maudit. Il faut dire aussi qu’il n’a jamais eu de chance (ni de goût) avec les oeuvres de grandes dimensions et la technique de la fresque .

En 1499, les Français, conduits cette fois par le roi Louis XII, reviennent en Italie et cette fois déposent Ludovic.

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Leonardo da Vinci Date: Red chalk on pale, brown-toned paper 226x186 mm

Le souverain français rencontre Léonard de Vinci, dont la célébrité dépasse d’ores et déjà les frontières de l’Italie, et lui commande un portrait de sainte Anne, mère de la Vierge, pour honorer son épouse Anne de Bretagne qui vient de lui donner une fille. Le peintre va travailler sur cette oeuvre jusqu’à sa mort, près de vingt ans plus tard, portant à la perfection la technique du sfumato dont il est le maître inégalé…

Faute de commandes, il quitte Milan pour Mantoue et Venise, où il ne reste que quelques mois, sans parvenir à « percer ». À Mantoue, il se signale par un portrait (inachevé) d’Isabelle d’Este.

Enfin, à Florence, grâce à l’entremise de Machiavel, le gonfalonnier de justice Piero Soderini, qui a remplacé les Médicis à la tête de la République, lui confie la décoration de la nouvelle salle du Grand Conseil, dans le palais de la Seigneurie.

Il s’agit d’illustrer La Bataille d’Anghiari, un combat qui a vu en 1440 la victoire de Florence sur Milan. L’affrontement en lui-même n’a rien eu d’extraordinaire, le seul mort est tombé de cheval. Mais Léonard va le transformer en une victoire épique.

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Ses cartons fascinent tous les spectateurs, mais les problèmes techniques le dépassent, d’autant que la ville a en même temps embauché Michel-Ange (25 ans) pour peindre à l’autre bout de la salle, une Bataille de Cascina : durant plusieurs mois, la cohabitation est houleuse !

Léonard de Vinci et son cadet se détestent. Le premier est lumineux et affable autant que le second est ténébreux et tourmenté. L’un ne jure que par la peinture à l’huile, l’autre affronte la fresque et le marbre…  Mais ni l’un ni l’autre n’achèvera en définitive sa bataille.

Michel-Ange l’abandonnera pour gagner Rome et se vouer à la Sixtine. Léonard, quant à lui achèvera son oeuvre mais de celle-ci, aujourd’hui disparue, il ne reste que les études préparatoires et une copie réalisée par Rubens en 1603 

[ Toujours à Florence, un marchand, Francisco del Giocondo, lui commande en 1503 un portrait de sa troisième femme, Madonna Lisa (ou pour faire court, Mona Lisa). Il ignore qu’il sera à l’origine du plus célèbre tableau du monde, la Joconde. Léonard n’abandonne pas son œuvre, bien au contraire. Il refuse de s’en séparer et, jusqu’à sa mort, ne cessera de la retoucher. Tant pis pour le mari.

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Au musée du Louvre, dont elle est aujourd’hui la vedette avec son sourire indéfinissable de jeune mère épanouie, la Joconde semble suivre ses innombrables admirateurs de son regard. Oublié, le vol dont elle a été victime en 1911…

Après un séjour à Rome, où il a du mal à affronter la concurrence de Michel-Ange et Raphaël, Léonard se rend finalement en France en 1516, à la demande pressante de François Ier, le vainqueur de Marignan, qui a pour lui le plus grand respect. Il lui offre le manoir royal du Cloux, ou Clos-Lucé, près d’Amboise, ainsi qu’une généreuse pension.

Handicapé de la main droite, le vieil homme ne peut plus guère peindre. Mais il organise quelques belles fêtes pour son protecteur et jette les plans d’une nouvelle capitale royale à… Romorantin, au coeur de la Sologne. On lui attribue aussi les plans du futur château de Chambord et peut-être de son célèbre escalier à double vis.

Il meurt trois ans plus tard, non sans avoir réglé ses obsèques dans le plus grand détail.

La légende veut que le jeune roi de France ait recueilli son dernier soupir, le 2 mai 1519 : « Aucun homme ne vint au monde qui en sût autant que Léonard », dit le roi en manière d’épitaphe.

Génie pictural

Nonobstant les aléas de sa longue vie, Léonard de Vinci n’en demeure pas moins un peintre de génie. Il a compris avant tout le monde les possibilités offertes par la peinture à l’huile, une invention flamande. Inventeur touche-à-tout, il occupe une place de premier plan dans la peinture en raison de sa maîtrise du fondu. Il est l’inventeur du sfumato, un procédé pictural qui adoucit les contours des ombres et les fond dans la lumière ambiante.

Sa manière révolutionnaire d’estomper les formes et de créer l’indécision des ombres et de la lumière va influencer les grands peintres du clair-obscur, au premier rang desquels Rembrandt, un siècle plus tard.
[Voir en haute définition le portrait dit de la Belle Ferronnière, une autre maîtresse du duc de Milan]

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La vie de Léonard : un échec ?

Par son génie, Léonard symbolise la Renaissance italienne. Pourtant, il est aussi une figure tout à fait exceptionnelle et à part. Il n’a pas reçu de formation poussée, ne lit ni le grec ni le latin et connaît mal les œuvres antiques. Il n’est jamais parvenu à s’établir comme ses contemporains Botticelli et Michel-Ange ou son cadet Raphaël, qui ne l’en admire pas moins. Les tableaux qui lui sont attribués avec certitude se comptent au nombre d’une vingtaine au maximum (quatre d’entre eux sont au Louvre : La Vierge aux RochersSaint Jean-BaptisteSainte AnneLa Joconde).

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Il a projeté de rédiger 120 traités sur les sujets les plus divers, sans jamais en écrire un seul. Curieux de tout, il a pratiqué une dissection en 1507 à l’hôpital Santa Maria Nuova de Florence, en violation de la loi. Il a ainsi découvert comment un infarctus pouvait être provoqué par une artère bouchée. Il a aussi représenté pour la première fois le fœtus dans l’utérus de la mère.

Les inventions techniques qu’on lui attribue, comme le parachute par exemple, posent également de nombreux problèmes : elles sont dessinées sur les milliers de pages de carnets que Léonard a noircis tout au long de sa vie, mais on ne sait pas s’il s’agit réellement d’inventions ou s’il se contente de noter les idées d’autres. Ses carnets de notes reflètent avant tout son insatiable curiosité et son ouverture aux idées et aux techniques de son temps

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Sa personnalité est aussi troublante que son génie. Prodigue avec ses amis, il tient la comptabilité de ses dépenses avec la précision d’un usurier.

En mourant, il lègue ses biens à son élève et disciple Francesco Melzi, qui l’a accompagné à Amboise, ainsi qu’à Andrea Salai, son autre élève et sans doute aussi son amant.

Melzi a réalisé le seul portrait que l’on connaisse de Léonard de Vinci âgé. Salai a posé pour saint Jean-Baptiste et a sans doute peint la copie de la Joconde qui est au Prado, à Madrid. Réalisée en même temps que l’autre, elle servait vraisemblablement de prototype ou de modèle expérimental au maître.

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Bibliographie

À quoi ressemblait Léonard ?

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Aujourd’hui, on se le représente communément sous les traits d’un auguste vieillard à la barbe de prophète tel que l’a croqué son élève et disciple Francesco Melzi ou tel qu’il se serait portraituré lui-même (ci-contre).

Mais sans doute ses contemporains ont-ils surtout gardé le souvenir d’un beau jeune homme affable et plein de bonnes manières, de ceux qui charment les cours princières. En somme, il reste et restera toujours un mystère.

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Pour aller plus loin, nous recommandons la passionnante biographie du spécialiste italien Carlo Vecce : Léonard de Vinci (Flammarion, 2001). Elle met l’accent sur la vie personnelle tourmentée du génie.

La pensée scientifique de Léonard a fait l’objet d’une étude très fouillée par Fritjof Capra (Léonard de Vinci, homme de sciences, Actes Sud).

Nous vous suggérons aussi Léonard de Vinci (Folio) de Sophie Chauveau, qui se lit comme un roman, et pour cause : l’auteur est aussi romancière (citons du même auteur, pour rester dans l’histoire de l’art, La Passion Lippi ou Le Rêve Botticell, tous deux disponibles en Folio).

Dans le genre romanesque, on peut lire aussi Au temps où la Joconde parlait (J’ai Lu, 1993). L’auteur, Jean Diwo, décrit avec brio la Renaissance italienne et la concurrence de Léonard et Michel-Ange.

 

https://www.herodote.net/Leonard_de_Vinci_1452_1519_-synthese-546.php

 

 

 

ARTISTE, HISTOIRE DE L'ART, LEONARD DE VINCI (1452-1519), PEINTRES, RENAISSANCE

Léonard de Vinci (1452-1519)

Léonard de Vinci (1452-1519)

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Artiste et savant italien (Vinci, près de Florence, 1452-manoir du Cloux, aujourd’hui château du Clos-Lucé, Amboise, 1519).

Léonard de Vinci, la Joconde

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Initiateur de la seconde Renaissance, Léonard de Vinci est la figure même du peintre visionnaire, mais aussi du génie universel. Il observa la nature avec l’acuité du savant et, passionné de technique, fut un inventeur trop en avance sur son temps pour que ses projets fussent réalisés.

  1. Les débuts à Florence

Fils de Ser Piero, notaire de la seigneurie de Florence, et d’une paysanne, Léonard de Vinci entre, en 1469, dans l’atelier de Verrochio, de  qui lui enseigne la sculpture et la peinture – et lui apprend à maîtriser la perspective.

Il habite Florence jusque dans les années 1481-1482. Ses tableaux d’alors – l’Annonciation(1473), Portrait de Ginevra Benci (vers 1478-1480) – montrent combien il est sensible à l’esthétique ambiante.

Dans l’Adoration des Mages (vers 1481, [inachevé]), il initie la technique du « sfumato », sorte de voile qui dilue les masses plastiques dans une réalité nouvelle, plus suggestive, plus poétique, et qui rend imperceptible la transition entre les couleurs, les ombres et les lumières.

  1. À Milan chez les Sforza

Léonard de Vinci, la Cène

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À la demande de Laurent de Médicis, qui, pour des raisons de prestige, cherche à diffuser le savoir-faire florentin, Léonard se rend en 1482 à Milan, où il se met au service du duc Ludovic le More. À la cour des Sforza, , il sera à la fois ingénieur militaire, architecte, peintre, sculpteur et grand ordonnateur des fêtes (mascarade du Paradis, 1490 ; Divertissement de Jupiter et Danaé, 1496).

Seize ans durant, il travaille à la statue équestre de François Sforza, œuvre aux proportions colossales qui ne sera jamais fondue. Léonard participe aussi aux discussions sur la construction des cathédrales de Milan et de Pavie. Les recherches picturales auxquelles il s’adonne s’expriment dans deux chefs-d’œuvre : La Vierge aux rochers (vers 1482-1483) et La Cène (1497).

  1. Des œuvres mythiques

Léonard de Vinci, la Joconde

Lorsque le duché de Milan tombe aux mains des Français, en 1499, Léonard se rend à Mantoue, où il fait le portrait d’Isabelle d’Este. À Rome, il travaille comme ingénieur militaire pour César Borgia, puis il revient à Florence.

Il donne alors des œuvres qui ont, toujours aujourd’hui, un retentissement universel : La Joconde (vers 1503-1507) et La Vierge à l’Enfant-Jésus et sainte Anne (vers 1508-1510). La Bataille d’Anghiari, peinture murale destinée au Palazzo Vecchio (vers 1503-1505), n’est connue que par des dessins, tout comme la Léda (entre 1504 et 1508).

  1. Dernières pérégrinations

En 1508, Léonard est de nouveau à Milan, où les peintres  Bernardini Luini et Andrea Solario seront ses continuateurs les plus directs. Il y compose un monument équestre pour le tombeau du condotierre Trivulce (1511-1512).

Appelé ensuite à Rome par Julien de Médicis, frère du pape Léon X, , il y passe deux années. De cette époque est daté le Saint Jean-Baptiste du Louvre (vers 1514-1515). Enfin, en 1516, Léonard répond à l’offre de François Ier, qui l’invite à sa cour et l’installe au manoir du Cloux (actuel château du Clos-Lucé), près du château d’Amboise. Il y propose les plans d’un château idéal pour le roi de France – lequel confie qu’il ne croyait pas « qu’un homme possédât autant de connaissances ». C’est au Clos-Lucé qu’il s’éteindra le 23 avril 1519.

  1. L’héritage esthétique

Léonard de Vinci, la Vierge à l’Enfant avec sainte Anne et saint Jean-Baptiste

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Dans la continuité de toutes les aspirations du quattrocento florentin, Léonard de Vinci aura parachevé, en peinture, la conquête du clair obscur, dont l’influence sera si décisive. Auteur de dix-huit tableaux achevés seulement, il laisse une œuvre dont la valeur est immense.

Elle se complète d’écrits théoriques, publiés en français en 1942 sous le titre de Carnets de Léonard de Vinci ; ils comprennent notamment le Traité de la peinture dont l’artiste conçoit le projet vers 1490 (et qui sera édité en 1651 d’après une compilation du xvie siècle).

  1. L’activité du savant et de l’ingénieur

La passion de la connaissance

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Léonard de Vinci se sera intéressé à toutes les branches de la science, ainsi qu’en témoignent ses écrits et ses étonnants carnets de dessins (importantes collections au château de Windsor, en Angleterre, et au Clos-Lucé). En tant que savant, une seule passion l’anime : la connaissance totale de l’univers visible, dans ses structures et ses mouvements.

Avec une sorte de stoïcisme serein, avec le culte de la solitude, il rejette les arguments d’autorité et fonde son jugement sur l’expérience. Son image du cosmos, jeu de forces harmoniques et réceptacle de la lumière, avec une unité profonde du monde de la nature et du monde de l’âme, relève du platonisme diffus de l’époque, auquel s’ajoutent les doctrines de Nicolas de Cues sur le mouvement, principe de toute vie.

Léonard ne deviendra jamais un savant du type de Copernic ou de Newton, de ceux qui renouvellent la science par leurs découvertes ou leurs hypothèses. Sa terminologie physique reste imprécise et contradictoire. En fait, tout en célébrant « la suprême certitude des mathématiques », il est avant tout un « visuel », pour qui l’œil, « fenêtre de l’âme, est la principale voie par laquelle notre intellect peut apprécier pleinement l’œuvre infinie de la nature ». Sa curiosité universelle refuse nos distinctions entre science pure et science appliquée, entre beaux-arts et arts mécaniques.

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Trois domaines de prédilection

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Sa recherche embrasse l’astronomie et la géologie, la géométrie et la mécanique, l’optique et l’acoustique, la botanique et la métallurgie. Mais on relève dans ses carnets trois dominantes, qui frappent par l’abondance ou la singularité des notations.

La première est l’anatomie, avec des descriptions minutieuses, fruits de multiples dissections, illustrées de magnifiques dessins, dont certains sont consacrés à l’anatomie comparée. Léonard, par là, est une sorte de précurseur isolé de Vésale, le fondateur de l’anatomie moderne.

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Vient ensuite , la mécanique appliquée aux travaux de l’ingénieur – avec les inventions balistiques, les chars d’assaut, les pompes et les dragues, les ponts et les canaux – ainsi qu’à des projets de machines volantes, dont les croquis se fondent sur une analyse sagace du vol des oiseaux.

On trouve enfin la vie du globe terrestre, à travers la mécanique des fluides et la géologie (études de tourbillons, croquis panoramiques qui montrent la formation des vallées alpines, analyses de fossiles, de la forme des coquilles, de la raison de leur présence sur les montagnes comme dans les mers).

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  1. Citations

Léonard de Vinci, la Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne

« Le caractère divin de la peinture fait que l’esprit du peintre se transforme en une image de l’esprit de Dieu. »

Léonard de Vinci (Traité de la peinture)

« Peintre, ne fais pas décroître tes couleurs dans la perspective plus que les figures qui portent ces couleurs. »

Léonard de Vinci (Traité de la peinture)

« En temps de paix, je puis égaler, je crois, n’importe qui dans l’architecture, construire des monuments privés et publics, et conduire l’eau d’un endroit à l’autre. »

Léonard de Vinci, dans une lettre au duc de Milan, Ludovic Sforza le More.

Larousse en ligne

 

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Léonard de Vinci (1452 – 1519)

Le génie paradoxal

Fils illégitime d’un notaire de Vinci, village proche de Florence, Léonard se forme à la peinture et aux autres arts dans l’atelier de l’illustre Andrea del Verrochio, aux côtés de Botticelli, Lorenzo di Credi, Pérugin…

Élégant et beau autant que surdoué, le jeune Leonardo da Vinci devient un familier de Laurent le Magnifique  maître tout-puissant de la République de Florence et grand mécène.

Jugé pour sodomie, il s’exile en 1476 pour ne revenir qu’en 1478 et même alors, il ne parvient pas à obtenir la réputation qu’il estime, à juste titre, mériter. Il faut dire que l’homme est ombrageux, avec une fâcheuse tendance à ne pas achever ce qu’il entreprend. Dépité, il part en 1482 à Milan, où il espère obtenir les bonnes grâces du duc Ludovic le More.

Créateur malchanceux

Aussi surprenant que cela nous paraisse aujourd’hui, ce n’est pas comme peintre que Léonard est alors célèbre, mais comme organisateur de fêtes. Là, il déploie tout son génie d’inventeur pour développer des machines et mettre en place des spectacles comme personne n’en avait jamais vu.

À Milan, Léonard de Vinci peint néanmoins la Vierge aux rochers, le premier de ses chefs-d’œuvre  picturaux. Puis, Ludovic demande à Léonard de peindre la Cène pour le réfectoire du monastère Santa Maria delle Grazie. L’œuvre obtient enfin un succès général, mais quelques années plus tard, elle commence à se détériorer, victime de l’humidité et des techniques trop innovantes et mal maîtrisée que le peintre a tenu à employer…

En 1499, le roi Louis XII envahit le Milanais et dépose Ludovic. Il rencontre Léonard de Vinci, dont la célébrité dépasse d’ores et déjà les frontières de l’Italie, et lui commande un portrait de Sainte Anne, mère de la Vierge, pour honorer son épouse Anne de Bretagne qui vient de lui donner une fille. Le peintre va travailler sur cette oeuvre jusqu’à sa mort, près de vingt ans plus tard, portant à la perfection la technique du sfumato dont il est le maître inégalé…

Faute de ressources, il quitte Milan pour Mantoue et Venise, où il ne reste que quelques mois, sans parvenir à «percer».

À Florence, un marchand, Francisco del Giocondo, lui commande un portrait de sa troisième femme, Madonna Lisa (ou pour faire court, Mona Lisa). Ce sera le plus célèbre tableau du monde, la Joconde.

Léonard refusera de s’en séparer et l’amènera en France en 1516, où le jeune roi François 1er lui donne le manoir royal du Cloux, ou Clos-Lucé, près d’Amboise.

Handicapé de la main droite, le vieil homme ne peut plus guère peindre. Mais il organise quelques belles fêtes pour son protecteur, ébauche le plan du futur château de Chambord, jette les plans d’une nouvelle capitale royale à… Romorantin, au coeur de la Sologne, et meurt trois ans plus tard, non sans avoir réglé ses obsèques dans le plus grand détail.

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Le symbole de la Renaissance

Par son génie, Léonard symbolise la Renaissance italienne. Pourtant, il n’a pas reçu de formation poussée, ne lit ni le grec ni le latin et connaît mal les œuvres antiques.

Les tableaux qui lui sont attribués avec certitude se comptent au nombre d’une vingtaine au maximum (quatre d’entre eux sont au Louvre : La Vierge aux RochersSaint Jean-BaptisteSainte AnneLa Joconde).

Il a projeté de rédiger 120 traités sur les sujets les plus divers, sans jamais en écrire un seul. Ses carnets de notes reflètent avant tout son insatiable curiosité et son ouverture aux idées et aux techniques de son temps.

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Léonard de Vinci

 Léonard de Vinci (Leonardo di ser Piero da Vinci , dit Leonardo da Vinci), né à Vinci (Toscane) en avril 1452 et mort à Amboise (Touraine) en mai 1519, est un peintre toscan et un homme d’esprit universel, , à la fois artiste, organisateur de spectacles et de fêtes, scientifique, ingénieur, inventeur, anatomiste, peintre, sculpteur, architecte, urbaniste, botaniste, musicien, poète, philosophe et écrivain.

Après son enfance à Vinci, Léonard est élève auprès du célèbre peintre et sculpteur florentin Andrea del Verrocchio.. Ses premiers travaux importants sont réalisés au service du duc Ludovic Sforza à Milan. Il œuvre ensuite à Rome, Bologne et Venise et passe les trois dernières années de sa vie en France, à l’invitation du roi François Ier.

Léonard de Vinci est souvent décrit comme l’archétype et le symbole de l’homme de la Renaissance, un génie universel, un philosophe humaniste, observateur et expérimentateur, avec un « rare don de l’intuition de l’espace », et dont la curiosité infinie est seulement égalée par la force d’invention3. Nombre d’auteurs et d’historiens le considèrent comme l’un des plus grands peintres de tous les temps et certains comme la personne la plus talentueuse dans le plus grand nombre de domaines différents ayant jamais vécu.

C’est d’abord comme peintre que Léonard de Vinci est reconnu. Deux de ses œuvres, La Joconde et la Cène, sont des peintures mondialement célèbres, souvent copiées et parodiées, et son dessin de l’homme de Vitruve est également repris dans de nombreux travaux dérivés. Seule une quinzaine d’œuvres sont parvenues jusqu’à nous. Ce petit nombre est dû à ses expérimentations constantes et parfois désastreuses de nouvelles techniques et à sa prorocrastination   chronique. Néanmoins, ces quelques œuvres, jointes à ses carnets   contenant dessins, diagrammes scientifiques et réflexions sur la nature de la peinture, sont un legs aux générations d’artistes qui lui ont succédé. Nombre de ces derniers le considèrent comme n’ayant été égalé que par Michel-Ange.

Comme ingénieur et inventeur, Léonard développe des idées très en avance sur son temps, comme l’avion, l’hélicoptère, le sous-marin et même jusqu’à l’automobile.. Très peu de ses projets sont réalisés ou même seulement réalisables de son vivant, mais certaines de ses plus petites inventions comme une machine pour mesurer la limite élastique d’un câble entrent dans le monde de la manufacture. En tant que scientifique, Léonard de Vinci a beaucoup fait progresser la connaissance dans les domaines de l’anatomie, du génie civil, de l’optique et de l’hydrodynamique.

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