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Les chemins de l’aube par Sylvain Vergara

Les chemins de l’aube

Sylvain Vergara

Editions Ampelos, 2022. 112 pages

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En 1985, Elie Wiesel écrivait à Sylvain Vergara : « J’ai lu votre manuscrit, je le trouve bouleversant, vibrant de vérité – il faut le publier. » 37 ans plus tard (et 30 ans après la mort de Sylvain Vergara), ce texte est retrouvé et enfin publié. Seul un extrait en avait paru en 1964 dans la revue Esprit. Arrêté en octobre 1943 comme résistant, Sylvain Vergara, âgé de 18 ans, est emprisonné à Fresnes, torturé puis déporté Nacht und Nebel en février 1944. Il est l’un des plus jeunes internés non-juifs de Buchenwald dont il devait être libéré le 11 avril 1945. Marqué à vie par cette épreuve, il n’a rien écrit d’autre que ce témoignage, rédigé au tout début des années 1960 alors qu’il désespérait de faire entendre sa voix. Ce texte évoquera probablement à bien des lecteurs La Nuit de Wiesel ou Si c’est un homme de Primo Levi. Nous avons choisi de le publier « brut », tel qu’il a été écrit, pour que chacun puisse ainsi découvrir librement une « voix » qui mérite de devenir un classique de cette « littérature du témoignage » malheureusement toujours actuelle.

 

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Le livre oublié de Buchenwald

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Portrait de Sylvain Vergara, résistant déporté en Allemagne en 1943. Auteur de l’ouvrage « Les chemins de l’aube ». Bruxelles, le 27 août 2022

Durant des dizaines d’années, Sylvain Vergara, un Français rescapé du camp de concentration allemand, a vainement cherché à publier son témoignage. Après une longue aventure, son texte, d’une grande qualité littéraire, sort de l’ombre grâce à une petite maison d’édition.

« C’était un silence façonné d’opacité et de brouillard, semblable, peut-être, à celui qui cherche une prière et ne sachant plus prier ne trouve que des voyelles inertes. (…) [Il] entourait les pendus que le vent berçait mollement comme une folle heureuse berce ses enfants. » Ces mots nous viennent d’un rescapé du camp de concentration de Buchenwald. Il les avait couchés il y a soixante ans, dans un magnifique texte, le seul qu’il ait écrit, mais il a fallu tout ce temps pour qu’on les découvre enfin. Sylvain Vergara, c’est son nom, y fait briller le rai froid des miradors et résonner la course résignée des détenus jusqu’à la « place d’appel » et la potence, au moment fatal où les haut-parleurs crient leur matricule. Un témoignage posthume d’une grande force, mais aussi un texte dont le destin était pour lui, hélas, une histoire de survie.

Sylvain Vergara arrive à Buchenwald à 19 ans, le 16 mars 1944, catégorie « NN » (« Nacht und Nebel », « nuit et brouillard »), celle réservée aux opposants politiques destinés à être éliminés. Il vient de passer quatre semaines à Neue Bremm, un camp de torture géré par la Gestapo, et quatre mois derrière les barreaux de la prison de Fresnes, près de Paris, où il avait été emmené après son arrestation, le 25 octobre 1943. Après une première « classique » à l’Institut protestant de Glay, un internat du Doubs, il vivait chez ses parents, dans le presbytère parisien de l’Oratoire du Louvre, où son père était pasteur. Sa vie a basculé quand les Allemands l’ont arrêté.

A Buchenwald, c’est l’un des plus jeunes déportés politiques. Un jour, son numéro, le 29 909, cousu sur sa veste, est appelé dans les haut-parleurs. Il se trouve alors à l’infirmerie et comme il délire sous le coup de la fièvre, le kapo le croit assez proche de la mort pour le laisser tranquille. « Neun und zwanzig neun hundert neun », répétera toute sa vie le déporté…

Son poids ne dépasse pas 40 kilos, le 11 avril 1945, quand il quitte ce camp où sont mortes des dizaines de milliers de personnes, fusillées, pendues, brûlées, suicidées. Le 7 mai, il retrouve Paris et ses parents : sa mère, Marcelle, qui fut elle aussi détenue un temps à Fresnes, et son père, Paul, qui chaque dimanche appelait ses paroissiens à déjouer les rafles. Le couple avait monté un réseau de résistance au sein de l’œuvre sociale du temple de l’Oratoire, La Clairière. Le sauvetage d’au moins soixante-trois enfants juifs leur vaudra la médaille des Justes à titre posthume.

 « Syndromes post-traumatiques »

Un jour d’après-guerre, lors d’une dispute, Sylvain lance pourtant à son père : « Tu n’y étais pas. Tu ne peux pas comprendre ! » Naguère turbulent et joyeux, pianiste autodidacte, amoureux de Nerval et des Romantiques, il revient de cet enfer paumé, brisé. « Il faut que tu trouves un travail », gronde son père après un an d’errance. Le jeune homme postule pour un job de « fort des Halles », ces porteurs de carcasses des boucheries du ventre de Paris, raconte sa fille cadette, Anne Vergara, 65 ans. Retoqué : pas assez costaud. Il loupe ensuite un entretien pour une place de majordome. Sylvain le bien nommé n’aime plus que les forêts, les animaux, la nature. Il suit des cours du soir d’horticulture pour travailler à l’INRA, et entraîne Yvonne, une jeune juive néerlandaise recueillie par ses parents après la rafle du Vel d’Hiv, cultiver des glaïeuls et des vers à soie dans un vieux mas cévenol.

Entre déménagements et nouveaux boulots – depuis Buchenwald, Sylvain Vergara n’est plus très doué pour les relations humaines –, un projet de livre mature secrètement. Les six enfants nés après son mariage avec Yvonne, en 1954, s’inquiètent de le voir agité et anxieux, capable de passer en deux secondes du rire au désespoir ou de vous lancer un verre d’eau à la figure pour un mot malvenu. Le soir de Noël, il s’isole sur son lit : « Son meilleur ami avait été pendu le 24 décembre à Buchenwald, explique Anne Vergara. Les syndromes post-traumatiques des anciens déportés n’étaient pas pris en chargeMa mère essayait de nous protéger de ses souvenirs : elle a brûlé les croquis de pendus, dessinés au charbon de bois, que mon père avait rapportés de là-bas. »

Le texte prend forme. Sylvain s’est choisi un double, « Emmanuel », et ordonne son récit autour de silhouettes qui s’émacient autour de lui : une ronde de masques mortuaires aux yeux « agrandis » tels des « billes froides et teintées » ne laissant sourdre aucune angoisse, tant « ils l’avaient dépassée ». Dans les camps, on parle peu, on économise ses mots « pour ne pas fatiguer sa pensée », on évite de ressusciter les souvenirs heureux. Le jeune prisonnier s’interroge sur le « lent abaissement du moi » et sur cette foi qui, en un tel lieu, peut vous perdre. Un jour, un miroir est installé dans les blocks : les détenus décharnés iront y « contempler leur propre déchéance », se disent les nazis. En guise de pied de nez, « Emmanuel » s’adresse « un vrai sourire, chaud comme un soleil d’été ».

Les enfants Vergara revoient encore leur père raturant son texte allongé sur son lit, tandis que leur mère déchiffre ses « pattes de mouche » et tape sur sa petite machine un manuscrit en deux exemplaires, avec du papier carbone. Il tente de raconter cette « démence » qu’on ne peut « pas comprendre », parle pour ceux qui ne sont pas revenus comme son beau-frère Jacques Bruston, résistant gaulliste de la première heure, déporté et exécuté à Mauthausen. « Sans doute voulait-il expulser une partie de ses tourments et cauchemars », ajoute Eric, le benjamin des enfants. Achevé à la fin des années 1950, le récit est baptisé Les Chemins de l’aube et n’attend plus que d’être publié.

 « Textes apparemment sans gloire »

Mais les éditeurs en ont déjà fini avec les témoignages des camps. L’historienne Annette Wieviorka a détaillé dans ses travaux l’effondrement éditorial de tels récits dès la seconde moitié des années 1940, jusqu’aux années 1974-1975. « Deux ans après la guerre, des auteurs rescapés soulignent déjà dans leurs préfaces qu’ils ont eu le plus grand mal à trouver un éditeur ou s’excusent que le genre de livres qu’ils proposent ne soit guère vendeur », explique l’historien Laurent Joly, qui, en 2016, a analysé avec sa collègue Françoise Passera, de l’université de Caen, les témoignages en tout genre sur la France des années noires. « Dès la fin des années 1940, l’édition préfère les récits d’aventure – un témoignage héroïque d’aviateur ou de marin – à ceux d’anciens rescapés et à la littérature du martyrologe. »

Les mois passent. Personne ne téléphone. Sylvain Vergara a tenté de décrire l’indicible, accroché son récit à la littérature, banni les bons sentiments, mais tout le monde s’en fiche. Cette indifférence le crucifie – c’est comme si on ne le croyait pas. « Il nous demandait de mettre “déporté” sur le carnet scolaire, à côté de “profession du père” », témoigne Inès, une autre de ses filles. Sous ses cheveux en bataille, ses yeux retrouvent un peu de leur éclat bleu quand, en 1964, la revue Esprit choisit, pour célébrer les 20 ans de la Résistance, de clore un numéro spécial avec quelques « textes apparemment sans gloire » et publie les dernières pages de son manuscrit sous le titre : « Dernier jour de Buchenwald ». Vergara croit cette fois son livre lancé. Mais non.

« Je me souviens de lui dans son fauteuil club en cuir, de ses sanglots et de ses larmes qui coulaient », raconte encore Inès Vergara. Il doit rejoindre une clinique spécialisée dans les dépressions. L’ami d’une amie, Charles Salzmann, intime et ancien conseiller de François Mitterrand, lui fait rencontrer en 1985 Elie Wiesel, futur Prix Nobel de la paix. Sylvain lui confie une copie de son récit. « Il faut publier » ce texte « bouleversant », écrit Wiesel de l’université de Boston, où il enseigne. Ce rescapé de la Shoah est lui-même l’auteur d’un livre sur sa déportation à Auschwitz et Buchenwald, La Nuit, un best-seller.

Pour Vergara, l’espoir se lève enfin. Plusieurs lettres suivent, pendant quatre ans : « J’attends toujours la parution de votre livre, insiste Wiesel. Je vais tout faire pour qu’il soit lu. » Rien, toujours rien. En 1989, une très ancienne paroissienne de son père, décidée à sauver le texte de l’oubli, en fait publier quelques dizaines à compte d’auteur, sous une couverture pâle. « De toute façon, ça finira au pilon », soupire Sylvain, qui brûle lui-même, deux ans plus tard, ce qu’il croit être les derniers exemplaires, avant de mourir à Nîmes, un jour de l’hiver 1993.

Quand, fin 2021, Denis Faure, animateur des Cahiers du Centre de généalogie protestante, arrive chez les enfants Vergara, c’est d’abord pour parler du grand-père, le pasteur, le Juste, et de son réseau, La Clairière, qui servait en 1943 d’« adresse » et de lieu de réunion à Daniel Cordier et au secrétariat du Conseil national de la Résistance. Denis Faure finit d’explorer l’arbre généalogique familial lorsque Anne Vergara lui lance : « Au fait… Mon père a écrit un récit de déportation. Je vous en offre un. » Le manuscrit original a disparu, comme les deux doubles tapés à la machine, mais quelques exemplaires imprimés ont échappé à l’autodafé.

 Epopée héroïque

  1. Faure et son épouse sont saisis par « l’assemblage de scènes qui font comme de petites nouvelles et dessinent une série d’amitiés ». Au fil des pages défilent ainsi l’Espagnol « Santamaria », dont la mort persuade le jeune déporté que, pour survivre, il faut « abolir ses souvenirs », surtout les bons, ou« Léon » (Léon Cardin, un médecin belge rescapé), qui fait brûler le pain du gamin pour guérir sa dysenterie avec ce charbon de bois. En décembre 2021, le texte est transmis à Eric Peyrard, le fondateur d’une petite maison d’édition, Ampelos, spécialisée dans les figures et l’histoire protestantes. Sans hésiter, il fait saisir Les Chemins de l’aube pour le publier dès que possible. Et c’est ainsi que paraissent, ce jeudi 1er septembre, malheureusement sans introduction ni notes, les 112 pages signées Sylvain Vergara.

Poussée par Denis Faure, sa fille Anne a entre-temps réclamé son dossier militaire. Elle l’a reçu en mars, au moment du décès de sa mère. Dans la chemise brune envoyée par le ministère des anciens combattants figuraient la carte de déporté politique de Sylvain Vergara (1945), mais aussi les témoignages joints dans les années 1950 à sa demande de carte de « déporté résistant » (on les estime à 42 000, dont 23 000 seulement ont survécu). Sylvain Vergara, gaulliste convaincu, tenait beaucoup à ce statut, qu’il avait fini par obtenir en 1971.

« N’ayant pu trouver [Paul] Vergara, la Gestapo emmène son fils en otage », écrit, le 29 novembre 1945, le bras droit de Jean Moulin, Daniel Cordier, dans une attestation. De fait, la famille a toujours pensé qu’il était tombé au nom du réseau de La Clairière. Mais dans le dossier brun, des lettres un peu plus tardives d’anciens professeurs ou d’étudiants de l’Institut protestant de Glay attestent de l’appartenance du jeune Sylvain à un tout autre réseau de résistance, celui monté par les responsables de cet internat du Doubs.

« Pour nous, c’est une découverte, dit Anne Vergara. Les Allemands ont sans doute compris à Fresnes que mon père était membre de ce groupe du Doubs, et c’est pour cette raison qu’il a été envoyé à Buchenwald. Avec mes frères et sœurs, il nous revient maintenant qu’il évoquait des souvenirs de sabotage de trains avec des cheminots alors qu’il était lycéen… » Cette épopée-là, héroïque, aurait peut-être plu aux éditeurs. Mais, pour Sylvain Vergara, seul comptait son récit sur Buchenwald, ce livre qu’il s’était résigné à avoir écrit pour rien quand il s’est éteint.

Archives de la famille Vergara. Bruxelles, le 27 août 2022
Archives de la famille Vergara. Bruxelles, le 27 août 2022

Source Le Monde

 https://infojmoderne.com/2022/09/03/le-livre-oublie-de-buchenwald/

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Joséphine Baker entre au Panthéon

Biographie de Joséphine Baker (1906-1975)

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Elle est née Freda Josephine McDonald à St. Louis, Missouri, le 3 juin 1906 de la blanchisseuse Carrie McDonald et du batteur de vaudeville Eddie Carson. Eddie les a abandonnés peu de temps après, et Carrie a épousé un homme gentil mais perpétuellement sans emploi nommé Arthur Martin. Leur famille s’est finalement agrandie pour inclure un fils et deux autres filles.

Joséphine a grandi en nettoyant des maisons et en faisant du babysitting pour de riches familles blanches qui lui ont rappelé « assurez-vous de ne pas embrasser le bébé ». Elle a obtenu un emploi de serveuse au Old Chauffeur’s Club à l’âge de 13 ans. En attendant les tables, elle s’est rencontrée et a eu un bref mariage avec Willie Wells. Alors qu’il était inhabituel pour une femme à son époque, Joséphine n’a jamais dépendu d’un homme pour un soutien financier. Par conséquent, elle n’a jamais hésité à partir lorsqu’une relation s’est détériorée. Elle s’est mariée et a divorcé trois autres fois : avec l’Américain Willie Baker en 1921 (dont elle a choisi de garder le nom de famille), le Français Jean Lion en 1937 (dont elle a obtenu la nationalité française) et le chef d’orchestre français Jo Bouillon en 1947 (qui a aidé pour élever ses 12 enfants adoptés).

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Joséphine a fait une tournée aux États-Unis avec The Jones Family Band et The Dixie Steppers en 1919, interprétant divers sketchs comiques. Lorsque les troupes se sont séparées, elle a essayé de devenir chorus girl pour The Dixie Steppers dans la production Shuffle Along de Sissle et Blake. Elle a été rejetée parce qu’elle était « trop maigre et trop foncée ». Sans se laisser décourager, elle a appris les routines de la ligne de choeur tout en travaillant comme habilleuse. Ainsi, Joséphine était la remplaçante évidente lorsqu’une danseuse partait. Sur scène, elle a levé les yeux au ciel et a délibérément agi maladroitement. Le public a adoré sa touche comique et Joséphine a été un tirage au sort au box-office pour le reste de la série.

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Sa carrière a prospéré dans la société parisienne intégrée; à la fermeture de La Revue Nègre, Joséphine joue dans La Folie du Jour au Théâtre des Follies-Bergère. Sa performance à couper le souffle, y compris un costume de 16 bananes enfilées dans une jupe, a cimenté son statut de célébrité. Joséphine rivalisait avec Gloria Swanson et Mary Pickford en tant que femme la plus photographiée au monde, et en 1927, elle gagnait plus que n’importe quel artiste en Europe. Elle a joué dans deux films au début des années 1930, Zou-Zou et Princesse Tam-Tam, et a déménagé sa famille de Saint-Louis aux Milandes, sa propriété de Castelnaud-Fayrac, en France.

Un retour aux États-Unis en 1936 pour jouer dans les Ziegfeld Follies s’est avéré désastreux, malgré le fait qu’elle était une célébrité majeure en Europe. Le public américain rejetait l’idée d’une femme noire avec tant de sophistication et de pouvoir, les critiques de journaux étaient tout aussi cruelles (le New York Times l’appelait une « fille noire ») et Joséphine retourna en Europe le cœur brisé.
Joséphine a servi la France pendant la Seconde Guerre mondiale de plusieurs manières. Elle a joué pour les troupes et était une correspondante honorable de la Résistance française (le travail d’infiltration comprenait la contrebande de messages secrets écrits sur ses partitions) et un sous-lieutenant dans l’armée de l’air auxiliaire féminine. Elle a ensuite été décorée de la Médaille de la Résistance avec rosette et nommée Chevalier de la Légion d’honneur par le gouvernement français pour son travail acharné et son dévouement.

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Joséphine a visité les États-Unis dans les années 50 et 60 avec une vigueur renouvelée pour lutter contre le racisme. Lorsque le populaire Stork Club de New York a refusé son service, elle a engagé une bataille médiatique frontale avec le chroniqueur pro-ségrégation Walter Winchell. L’Association nationale pour l’avancement des personnes de couleur (NAACP) a nommé le 20 mai Josephine Baker Day en l’honneur de ses efforts.

C’est également à cette époque qu’elle a commencé à adopter des enfants, formant une famille qu’elle appelait souvent « The Rainbow Tribe ». Joséphine voulait qu’elle prouve que « les enfants d’ethnies et de religions différentes pouvaient toujours être frères ». Elle emmenait souvent les enfants avec son cross-country, et lorsqu’ils étaient aux Milandes, des visites étaient organisées pour que les visiteurs puissent se promener sur le terrain et voir à quel point les enfants de « The Rainbow Tribe » étaient naturels et heureux.

Joséphine a continué à voyager aux États-Unis, et au cours de ses visites, elle a développé une amitié étroite avec l’artiste américain Robert Brady. Désormais divorcée de son quatrième mari Jo Bouillon, elle cherchait une compagnie à un niveau plus platonique. Brady a ressenti la même chose et lors d’un voyage à Acapulco, au Mexique, en septembre 1973, ils se sont rendus dans une église vide et ont échangé leurs vœux de mariage. Bien qu’aucun membre du clergé ne soit présent et qu’ils n’aient jamais été légalement joints, c’était un lien personnel important qu’elle et Brady ont maintenu le reste de sa vie. Joséphine a parlé à très peu de gens du pseudo-mariage, craignant que la presse ne le ridiculise.

Joséphine a accepté de se produire au Carnegie Hall de New York la même année. En raison de son expérience antérieure, elle était nerveuse quant à la façon dont le public et les critiques la recevraient. Cette fois, cependant, la croissance culturelle et raciale était évidente. Joséphine a reçu une ovation debout avant même le début du concert. L’accueil enthousiaste fut si touchant qu’elle pleura sur scène.

Le 8 avril 1975, Joséphine est créée au Théâtre Bobino à Paris. Des célébrités telles que la princesse Grace de Monaco et Sophia Loren étaient présentes pour voir Joséphine, 68 ans, exécuter un mélange de routines de ses 50 ans de carrière. Les critiques étaient parmi ses meilleures. Quelques jours plus tard, cependant, Joséphine a sombré dans le coma. Elle est décédée d’une hémorragie cérébrale à 5 heures du matin le 12 avril.

Plus de 20 000 personnes ont envahi les rues de Paris pour assister au cortège funèbre en route vers l’église de la Madeleine. Le gouvernement français l’a honorée d’une salve de 21 coups de canon, faisant de Joséphine Baker la première femme américaine enterrée en France avec les honneurs militaires. Sa tombe se trouve au Cimetière de Monaco, Monaco.

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Joséphine Baker n’a cessé d’intriguer et d’inspirer les gens du monde entier. En 1991, HBO a publié L’histoire de Joséphine Baker. Le film a remporté cinq Emmy Awards. Le film a également remporté l’un des trois Golden Globes pour lesquels le film a été nominé pour cette saison.

http://www.cmgww.com/stars/baker/about/biography/

 

 

Joséphine Baker (1906 – 1975)

Amoureuse de la France

 

Quelle personnalité ! Rarement une artiste aura, tout au long de sa vie, fait preuve d’une telle vitalité ! Rien ne pouvait arrêter Joséphine Baker devenue le temps d’une drôle de danse sauvage une des plus grandes vedettes de music-hall de son époque, mais aussi une farouche militante contre toutes les formes d’exclusion. Cette Française de cœur et d’adoption sut rendre au centuple ce que notre pays lui avait donné…

L’enfant de la balle

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Comment Freda Josephine McDonald, née le 3 juin 1906, aurait-elle pu ne pas aimer la danse ? Ne dit-on pas que sa mère continuait à danser alors qu’elle était enceinte de 7 mois ?

Quant à son père, ce batteur de Saint-Louis, dans le Missouri, il courait les théâtres pour proposer ses spectacles. Malheureusement il aimait un peu trop la liberté et abandonna femme et enfant à un dénommé Arthur Martin, beaucoup moins flamboyant.

C’est dans le froid et la misère que grandit la petite Joséphine qui comprit rapidement qu’elle devait travailler pour aider sa famille. La voici à 8 ans bonne à tout faire avant d’alterner école et petits boulots jusqu’à un premier mariage, à 13 ans, avec Willie Wells et un second, l’année suivante, avec Willie Baker.

Mais celle qui se veut danseuse finit par fuir Saint-Louis, seule, pour tenter sa chance à Broadway. En fait New York ne sera qu’une étape, le temps de prendre le bateau pour Paris…

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En haut de l’affiche

La mécène Caroline Dudley Reagan a bien vu que cette jeune fille avait un talent peu ordinaire. Avec son corps musclé, ses mimiques burlesques et sa forte personnalité elle est parfaite pour devenir la vedette de La Revue nègre, un spectacle musical qui compte bien profiter de l’engouement des Parisiens pour le jazz et les artistes noirs.

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Et tant mieux si son numéro de charleston dans lequel elle se présente à demi-nue reprend tous les clichés de l’Afrique mystérieuse et sauvage ! Joséphine joue avec cette image caricaturale qui renvoie les blancs à leurs préjugés et lui permet de clamer sa totale liberté d’artiste et de femme.

L’avant-garde parisienne, en pleine découverte des arts primitifs, se pâme devant la « sauvageonne » qui devient une véritable star et peut dès lors se permettre de choisir ses scènes.

La voici qui monte en 1926 sur celle des Folies-Bergères où son numéro dans La Folie du jour fait date : on n’a pas fini de parler de la fameuse ceinture de bananes ! Mais Joséphine ne craint plus d’afficher sa nudité et de provoquer les bien-pensants en se promenant avec un guépard.

De toute façon, on pardonne tout à celle qui est désormais chanteuse et qui chante en 1930 devant un public ravi : « J’ai deux amours, mon pays et Paris… » 

Ça swingue à Paris !

En 1917, lorsque les Harlem Hellfighters mettent le pied sur le sol français, ils sont loin de se douter qu’ils vont participer d’une manière originale à la belle histoire des liens entre la France et les Afro-américains. L’armée américaine refusant qu’ils combattent aux côtés de ses soldats blancs, les recrues du 369e régiment d’infanterie sont confiées à l’armée française et c’est sous son drapeau qu’elles paieront un lourd tribut à la guerre. Parmi ces hommes, on retiendra le nom de James Reese Europe qui, avec son orchestre, fait découvrir à la France le ragtime. Quel succès ! Le pays tombe sous le charme et accueille à bras ouverts ces artistes qui fuient la ségrégation et l’absence de perspective que leur réserve leur pays. À l’exemple du trompettiste Sidney Bechet qui accompagne Joséphine Baker dans la tournée de la Revue nègre, toute une génération vient trouver refuge en France pour vivre ses rêves. Voici Eugene Bullard et Ada Bricktop Smith qui enchantent les nuits de Paris, Loïs Mailou Jones qui mêle dans ses peintures Afrique et Occident, ou encore le poète Claude McKay qui va profiter de la sérénité trouvée sur notre sol pour y poursuivre le mouvement de « La Renaissance de Harlem » en faveur de la culture afro-américaine.

La gifle

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La petite fille de Saint-Louis est désormais riche et célèbre en France mais aussi en Europe : il est temps de revenir au pays avec dans ses bagages cette nouvelle consécration !

En 1935, elle retraverse donc l’Atlantique sur le Normandie avec l’espoir de conquérir son Amérique natale.

La désillusion est totale : les rebuffades racistes s’accumulent, on lui refuse l’entrée des hôtels et des restaurants, même les plus grands journaux lui font comprendre qu’elle n’est pas à sa place : « La nuance fauve particulière de la peau nue de la grande et filiforme Joséphine Baker a fouetté le sang des Français.

Mais pour les spectateurs de Manhattan, qui l’ont vue la semaine dernière, ce n’était qu’une négresse aux dents de lapin […] qui, pour la danse et le chant, se serait fait évincer de pratiquement partout en dehors de Paris » (Time).

On la trouve « trop française » ? Elle rentre à Paris et court demander un changement de nationalité, profitant de son mariage avec l’industriel Jean Lion avec lequel elle achète le château Renaissance des Milandes, en Dordogne.

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En France, je n’ai jamais eu peur…

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Toute sa vie, Joséphine Baker s’est engagée contre les injustices, à commencer par le racisme. C’est donc tout naturellement qu’elle prend part au combat des Noirs américains pour leurs droits civiques. Le 28 août 1963, quelques minutes avant le pasteur Martin Luther King, elle s’avance au micro face aux 250 000 participants de la « Marche pour l’emploi et la liberté »
« Lorsque j’étais enfant, ils ont brûlé ma maison, j’ai eu peur et je me suis enfuie. J’ai fini par m’enfuir très loin. Jusqu’à un endroit qu’on appelle la France. […] Je peux vous dire, mesdames et messieurs, que dans ce pays qui semblait sorti tout droit d’un conte de fées, je n’ai jamais eu peur. […] Quand j’ai quitté Saint-Louis il y a très longtemps, le conducteur du train m’a directement orientée vers le dernier wagon. Vous savez tous très bien ce que cela signifie… Mais quand j’ai fui, oui, fui, vers un autre pays, je n’ai plus eu à subir ça. Je pouvais aller dans n’importe quel restaurant, je pouvais boire de l’eau partout où j’en avais envie, et je n’avais pas besoin d’aller dans les toilettes réservées aux personnes de couleur. Et je peux vous dire que c’était agréable […]. Mais, en Amérique, je ne pouvais pas entrer dans un hôtel pour commander un café. Ça m’a rendue folle de rage. Et vous me connaissez : quand je deviens folle de rage, j’ouvre ma grande bouche. Et alors attention, parce que quand Joséphine l’ouvre, on l’entend aux quatre coins du monde ! » (Discours du 28 août 1963).

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Une Française libre

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L’arrivée de la guerre est l’occasion pour Joséphine de montrer son attachement à son pays d’adoption.

Dès 1939, elle multiplie les actions en faveur des réfugiés avant d’être recrutée par Jacques Abtey, chef du contre-espionnage, qui utilise les entrées de cette « Honorable Correspondante » dans les cocktails pour obtenir des informations.

L’année suivante, c’est son château qu’elle met à disposition des Résistants avant de servir de couverture à Abtey qui l’accompagne en tant qu’ « artiste » au Maghreb où elle assiste au débarquement de 1942.

L’infatigable « Fifine » va alors multiplier les concerts bénévoles pour les troupes en parcourant en jeep l’Afrique du nord comme le Moyen-Orient. En parallèle, elle parvient à rassembler 10 millions de francs de cachet qu’elle reverse aux œuvres sociales de l’armée. Même la Croix de Lorraine en or, offerte par de Gaulle, finira vendue au profit de la Résistance !

En mai 1944 elle intègre les forces féminines de l’Armée de l’air avec lesquelles elle débarque à Marseille en octobre. Un beau parcours qui valait bien une Croix de guerre, une médaille de la Résistance et une Légion d’honneur !

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Les combats d’un grand cœur

« La tribu arc-en-ciel » : c’est sous ce nom que Joséphine parlait de la famille qu’elle avait créée en adoptant avec son quatrième mari, le chef d’orchestre Joe Bouillon épousé en 1947, pas moins de 12 enfants.

Ne pouvant elle-même enfanter, elle a en effet choisi de recueillir des orphelins venus du monde entier pour assouvir son idéal de « fraternité universelle ». Tout ce petit monde grandit au château des Milandes transformé en « village de la fraternité », véritable complexe touristique ouvert dès 1949 où les visiteurs peuvent profiter de restaurants, d’un mini-golf, d’une piscine…

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Mais ce projet avant-gardiste coûte une fortune à la chanteuse qui ne recule devant rien pour réaliser son rêve. Entre les aménagements fastueux, comme sa salle de bains aux murs incrustés de pâte de verre Murano, et la centaine d’employés, la faillite arrive vite pour la star qui se montre à la fois trop extravagante, trop généreuse et trop naïve.

Lorsque son mari, découragé, la quitte en 1960, la situation devient catastrophique. Ses tournées ne suffisant plus à éponger les millions de dettes, le domaine est finalement vendu en 1968. Mais Joséphine est bien décidée une fois de plus à ne pas se laisser faire : elle campe dans la cuisine jusqu’à ce qu’on la fasse sortir de force et qu’on l’abandonne, en robe de chambre, sur le perron de son ancien château.

C’est au tour de la princesse Grâce de Monaco de lui venir en aide en lui proposant un hébergement à Roquebrune où elle se refait une santé avant de remonter une fois de plus sur scène, à près de 70 ans. Son spectacle Joséphine à Bobino est son dernier triomphe : elle meurt d’une attaque cérébrale le 12 avril 1975.

Bibliographie

Phyllis Rose, Joséphine Baker, Une Américaine à Paris, éd. Fayard, 1989.

https://www.herodote.net/Amoureuse_de_la_France-synthese-2959-39.php

DANIEL CORDIER (1920-2020), FRANCE, GUERRE MONDIALE 1939-1945, JEAN MOULIN (1899-1943), RESISTANCE FRANÇAISE, RESISTANTS FRANÇAIS

Daniel Cordier, le secrétaire de Jean Moulin

DANIEL CORDIER (1920-2020)

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Daniel Cordier, né le 10 août 1920 à Bordeaux et mort le 20 novembre 2020 à Cannes, est un résistant, marchand d’art et historien français.

Ancien Camelot du roi, il s’engage dans la France libre dès juin 1940. Secrétaire de Jean Moulin en 1942-1943, au contact de qui ses opinions ont évolué vers la gauche, il lui a consacré une biographie en plusieurs volumes de grande portée historique. Fait compagnon de la Libération en 1944, il est, après la guerre, marchand d’art, critique, collectionneur et organisateur d’expositions, avant de se consacrer à des travaux d’historien et de militer pour la cause homosexuelle.

Biographie

 Un jeune membre de l’Action française

Daniel Bouyjou est né le 10 août 1920 à Bordeaux. Son père René Bouyjou, après avoir rejoint la florissante entreprise de commerce de café familiale, en est le représentant dans toute l’Europe. Il se marie en 1919 avec Jeanne Gauthier au Bouscat (Gironde), issue d’une famille de riches propriétaires et négociants bordelais. Sa mère, divorce en 1925 et se remarie en 1927 avec Charles Cordier, également du même milieu social. Lorsqu’il rejoindra la résistance à Londres, il se donnera pour nom « Bouyjou –Cordier ». Après la guerre en 1945, son père étant mort en 1943, son beau-père Charles Cordier l’adopte et prend officiellement le nom de Daniel Bouyjou-Cordier

Son père obtient la garde de Daniel. Il fait ses études dans différents collèges catholiques dont l’école Saint-Elme d’Arcachon.

Influencé par les idées royalistes et maurassiennes de son beau-père qu’il admire, il milite à 17 ans à l’Action française et fonde à Bordeaux le Cercle Charles-Maurras.  En effet, comme il le reconnaît dans Alias Caracalla, en tant qu’admirateur de Maurras, il est, au début de la guerre, antisémite, antisocialiste, anticommuniste, antidémocrate et ultranationaliste, souhaitant même, après son ralliement à la France-Libre, que Léon Blum soit fusillé après un jugement sommaire à la fin de la guerre. Il écrit dans son autobiographie qu’il ne serait jamais entré dans la Résistance sans les articles du théoricien du « nationalisme intégral ». Mais, contrairement à son maître à penser, il refuse d’emblée l’armistice par patriotisme.

 Le traumatisme de la défaite de juin 1940

En juin 1940, il se trouve avec sa famille à Bescat (Basses-Pyrénées), attendant avec impatience son incorporation prévue le 10 juillet. Le 17 juin, il écoute à la radio le premier discours de chef du gouvernement du maréchal Pétain, s’attendant de la part du vainqueur de Verdun   à une volonté de poursuivre la guerre ; il est donc totalement révolté par l’annonce de la demande d’armistice. Le jour même, il imprime et diffuse un tract « contre Pétain ».

Après avoir rassemblé seize volontaires et espérant que l’Empire français continuera la guerre, il embarque le 21 juin à Bayonne sur un navire belge, le cargo Léopold II, qui devait aller en Algérie. Le bateau fait finalement route vers l’Angleterre.

 

La Résistance

Daniel Cordier atteint Falmouth (Cornouailles) le 25 juin et s’engage avec ses camarades dans les premières Forces françaises libres de la « Légion de Gaulle » le 28 juin 1940. En transit pendant quelques jours à l’hôtel Olympia, il est affecté au bataillon de chasseurs   alors en formation et arrive début juillet à Delville Camp (Aldershot), pour y suivre un entraînement jusqu’à la fin du mois. Le bataillon est ensuite installé au camp d’Old Dean (Camberley), où Daniel Cordier complète sa formation militaire. Il obtient le grade de Lieutenant.

Entré au Bureau central de renseignements et d’action, il est parachuté près de Montluçon le 26 juillet 1942. Il gagne rapidement Lyon   et entre au service de Jean Moulin, membre (nommé secrètement par de Gaulle) du Comité national français, officieusement seul représentant de ce comité en métropole. Il prend alors le surnom d’Alain en référence au philosophe. Il fonde et dirige le secrétariat de Jean Moulin et pendant onze mois, il est au quotidien l’un de ses plus proches collaborateurs. Il gère son courrier et ses liaisons radio avec Londres. Il l’aide à créer divers organes et services de la Résistance, et assiste aux patients efforts de celui-ci pour unifier la Résistance intérieure française et la placer sous l’égide de Londres.

À Lyon, Cordier recrute, chronologiquement, Laure Diebold   (secrétariat), Hugues Limonti   (courrier), Suzanne Olivier, Joseph Van Dievort, Georges Archimbaud, Laurent Girard, Louis Rapp et Hélène Vernay.

À Paris, Cordier emmène la majorité de son équipe, à laquelle se joignent Jean-Louis Théobald, Claire Chevrillon et Jacqueline Pery-d’Alincourt..

À Lyon, Cordier est remplacé par Tony de Graaff, avec Hélène Vernay (secrétariat) et Laurent Girard (courrier).

Ce long travail aboutit à la fondation du Conseil national de la Résistance (27 mai 1943). Il a fallu pour cela passer par bien des frictions et des divergences avec beaucoup de chefs de la Résistance, ainsi qu’avec Pierre Brossolette,   autre envoyé de De Gaulle et concurrent de Jean Moulin. Brossolette réclamera, entre autres, le rappel de Cordier à Londres après l’arrestation et la mort de Jean Moulin.

Resté jusqu’au 21 mars 1944 au service du successeur de Moulin à la délégation générale, Claude Bouchinet-Serreulles, Cordier passe les Pyrénées en mars 1944, est interné à Pampelune puis au camp de Miranda en Espagne,  puis rejoint la Grande-Bretagne.

Dans son livre Présumé Jean Moulin, l’historien Jacques Baynac   évoque l’éventuelle arrestation de Daniel Cordier par les Allemands autour du 14 juin 1943, une semaine avant la capture de Jean Moulin. Des rapports officiels du Special Operations-Excutive britannique rapportent cet évènement. Daniel Cordier déclare pour sa part : « je n’ai jamais été arrêté, sinon je l’aurais raconté »

 Convictions politiques

Comme il le raconte dans Alias Caracalla, ses convictions évoluent au fil de ses rencontres et de ses expériences. Il abandonne ses positions royalistes et maurassiennes, notamment car Charles Maurras « trahit » en soutenant le maréchal Pétain, ainsi qu’à cause de l’antisémitisme présent dans ce milieu.

 Après-guerre

À l’occasion du procès de René Hardy en 1947, il dépose dans le sens de sa culpabilité dans l’affaire de Caluire. Il conclura à nouveau à cette culpabilité des décennies plus tard « en [son] âme et conscience », cette fois après de longues recherches historiques.

 Des convictions socialistes

Après la guerre, Cordier choisit de tourner la page et d’oublier radicalement cette période de sa vie, il ne parle plus de la Résistance en public pendant plus de trente ans.

Il ne se consacre plus au militantisme politique   et a renoncé à ses opinions d’extrême-droite au contact du radical-socialiste Jean Moulin. Il adhère désormais à un socialisme humaniste et non marxiste, aidant à la fondation du club Jean-Moulin au début des années 1960.

Entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2017, Daniel Cordier prend fermement position contre Marine Le Pen, qualifiant sa possible élection de « monstrueuse ».

 

Peintre et marchand d’art

« Jean Moulin fut mon initiateur à l’art moderne. Avant de le rencontrer, en 1942, j’étais ignorant de cet appendice vivant de l’histoire de l’art. Il m’en révéla la vitalité, l’originalité et le plaisir. Surtout il m’en communiqua le goût et la curiosité », écrit Daniel Cordier, en 1989, dans la préface du catalogue présentant sa donation au Centre-Pompidou. Sitôt les hostilités finies, il commence une carrière de peintre, s’inscrit à l’académie de la Grande-Chaumière en 1946, en même temps qu’il achète sa première œuvre, une toile de Jean Drwasne, , au Salon des Réalités nouvelles.

Pendant dix ans, Cordier peint et collectionne : Braque, Soutine, Rouault, De Staël (« dont la rencontre d’une toile […] fut [sa] révélation de l’art moderne), Hardung, Villon, Reichel, Téquichot, Dado.  moderne » « Il ne cessera de compléter sa collection personnelle qui comprendra, outre les peintres de sa galerie, Arman, Tapies, Mathieu, Hundertwasser, Kline, Tobey, Wols, César, Tinquely, Claude Viseux, Stankiewicz, Hantaï, Reutersward, Sonnenstern, Ossorio, Takis, Chaissac »

C’est ainsi qu’en novembre 1956 Daniel Cordier, en ouvrant sa première galerie, se lance dans ce qui allait être une brillante carrière de marchand d’art. Après une première exposition consacrée àClaude Viseux,   il expose, conjointement Dewasne, Dubuffet et Matta. Dewasne,  En mai 1957 il organise aussi la première exposition personnelle de Bernard Réquichot qu’il rencontra à la Grande Chaumière dès 1950. Pendant huit ans, nombre d’artistes, pour beaucoup découverts, lancés et soutenus par Cordier, se succéderont dans la galerie, avant que celui-ci, pour des raisons économiques et financières, mais aussi du fait du manque d’intérêt qu’il ressent, en France, pour l’art contemporain, ne mette la clé sous la porte en juin 1964 pour se tourner vers l’organisation de grandes expositions. Il participe en particulier à la grand exposition Douze ans d’art contemporain ou 72/72, en 1972, invité par François Mathey. Une exposition qui fera date pour son scandale et par le fait qu’elle est considérée comme un jalon essentiel dans les grandes expositions d’art contemporain. La présence de Daniel Cordier y fut d’ailleurs très critiquée.

Autobiographie

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Devenu militant de la cause homosexuelle, Daniel Cordier publie en 2009 son autobiographie sous le titre Alias Caracalla : mémoires, 1940-1943. Il y révèle son homosexualité (qu’il avait dû cacher à l’époque, car « la haine à l’égard de l’homosexualité était terrible ») et annonce que ce serait un thème du tome II de ses mémoires qu’il n’écrira finalement pas. En 2013, il est partisan du mariage pour tous.

Les Feux de Saint-Elme, paru en 2014, est le récit de son éveil sentimental et sexuel dans le collège Saint-Elme à Arcachon, pensionnat religieux de garçons dans lequel il passe son adolescence. Il subit les influences contradictoires de Gide et des enseignements de l’Église catholique en la personne de son confesseur, qui le persuade de renoncer à son amour pour un garçon du nom de David Cohen. Cet épisode devait marquer sa vie entière.

Il fut un ami de Roland Barthes et le tuteur du jeune Hervé Vilard qu’il a encouragé dans sa démarche de devenir chanteur.

 

Retraite

En 2020, lors des commémorations des 80 ans de l’appel du 28 Juin, le premier ministre britannique Boris Johnson annonce que les quatre derniers compagnons de la Libération, Edgar Tupët-Thomé, Pierre Simonet, Hubert Germain,  et Daniel Cordier, sont nommés membres honoraires de l’ordre de l’Empire britannique. La décoration est remise à Daniel Cordier par Ed Llewellyn, ambassadeur du Royaume-Uni à Paris, chez lui à Cannes, le 7 juillet 2020.

 Mort et hommages

Daniel Cordier meurt le 20 novembre 2020 à Cannes. L’ultime survivant des compagnons de la Libération est Hubert Germain.

Le président de la République Emmanuel Macron déclare dans un communiqué « pour la liberté et l’honneur de la France, il entra en Résistance, quitta tout, accepta le danger, la solitude, la routine aride et les complications insensées des réseaux clandestins (…) Affecté à l’administration des réseaux de Résistance de la zone Sud, il fut parachuté en 1942 et devint alors le secrétaire (…) de Jean Moulin. Leur engagement (…) permit qu’au jour du débarquement les alliés vissent se lever de l’ombre où elle était tapie une France prête à reprendre en main son destin ».

La ministre des Armées, Florence Parly, et la ministre de la Mémoire et des Anciens combattants, Geneviève Darriieussecq, lui rendent hommage en évoquant « une vie romanesque qui s’éteint, passée au service de la Liberté, pour la grandeur de la France »

Travaux sur Jean Moulin

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À la fin des années 1970, choqué par ce qu’il considère comme des calomnies contre Jean Moulin (en particulier les accusations d’Henry Fresnay, qui en fait un agent crypto-communiste), Cordier entreprend des recherches historiques pour défendre la mémoire de son ancien patron.

En possession des archives de Jean Moulin, Daniel Cordier a pu livrer, après des années d’un travail acharné, une somme biographique monumentale qui a profondément renouvelé l’historiographie de la Résistance et qui entend faire définitivement litière des diverses légendes cherchant à salir la mémoire du premier président du CNR.

 

Anciens résistants à l’épreuve de la mémoire

L’originalité de Daniel Cordier, en tant qu’historien-témoin, est de refuser radicalement le témoignage oral et de ne faire qu’un usage très restreint de ses propres souvenirs. Il insiste sur l’imprécision et les déformations de la mémoire humaine, qui rendent impossible l’établissement d’une chronologie   précise, pourtant indispensable pour éviter les confusions et les anachronismes qui brouillent la reconstitution des processus de décision.

D’ailleurs, beaucoup de résistants ont rayé de leurs mémoires certains épisodes importants, fussent-ils parfois à leur honneur — ainsi Daniel Cordier, lors d’un colloque en 1983 sur le CNR , dut mettre sous les yeux incrédules de Christian Pineau le document écrit qui prouvait que ce dernier avait songé le premier (fin 1942) à un projet de Conseil de la Résistance ; Pineau, sans souvenir de l’épisode, refusa malgré tout de le croire.

Enfin, après la guerre, bien des chefs de la Résistance ont privilégié une vision unanimiste de l’épopée clandestine, et préféré taire les querelles, les rivalités, les divergences politiques et stratégiques qui les avaient opposés entre eux ou à Londres   et que pourtant révèlent des documents. Ou bien, inversement, ils ont projeté sur le passé leurs perceptions et leurs convictions acquises rétrospectivement.

 Œuvre reconnue

Le travail de Daniel Cordier a été boudé ou critiqué par d’anciens camarades, qui lui ont reproché d’avoir nui à l’unité des anciens résistants. D’autres pointèrent que, sous des dehors d’objectivité scientifique, il visait à défendre et justifier l’œuvre et les thèses de Jean Moulin, ainsi que la mise sous tutelle de fait de la Résistance intérieure française par la France Libre à l’occasion de l’unification, tout cela aux dépens de ceux qui avaient pu entrer en désaccord avec Moulin, et soutenaient des projets concurrents. Pour le journaliste Thierry Wolton, les livres de Cordier sont un règlement de comptes avec Henri Frenay et une hagiographie de Jean Moulin plutôt qu’une biographie.

L’œuvre de Cordier est très largement saluée par les historiens, pour ses informations, son perfectionnisme et ses qualités d’écriture et d’analyse. Au-delà de la défense d’une figure héroïque et emblématique de la Résistance et de l’histoire de France, elle est un jalon incontournable pour l’historicisation du combat de l’« armée des ombres ».

Ouvrages

1983 : Jean Moulin et le Conseil national de la Résistance, Paris,  éd. CNRS.

1989-1993 : Jean Moulin. L’Inconnu du Panthéon, 3 vol. , Paris,  éd. Jean-Claude Lattès.De la naissance de Jean Moulin à 1941.

1999 : Jean Moulin. La République des catacombes, Paris,  éd. Gallimard. Récapitulation du précédent ; action de Jean Moulin de 1941 à sa mort ; postérité de son action et de sa mémoire.

2009 : Alias Caracalla : mémoires, 1940-1943, Paris,  éd. Gallimard,  Prix littéraire de la Résistance 2009.
Prix Renaudot de l’essai 2009.
Prix Nice-Baie-des-Anges 2009.

2013 : De l’Histoire à l’histoire, avec la collaboration de Paulin Ismard, Paris,  éd. Gallimard.

2014 : Les Feux de Saint-Elme, récit, 194 p., Paris,  éd. Gallimard 

 

Bibliographie

 Sur Daniel Cordier galeriste

2005 : Viviane Tarenne (dir.), Daniel Cordier : le regard d’un amateur (donations Daniel Cordier dans les collections du musée national d’Art moderne),  éd. Centre Pompidou, Paris, 397 p. ) ; nouvelle édition du catalogue publié à l’occasion de l’exposition « Donations Daniel Cordier. Le regard d’un amateur » qui se tint au Centre Pompidou du 14 novembre 1989 au 21 janvier 1990.

 

Sur la Résistance

Roger Vailland, Drôle de jeu, Roger Vailland, , Paris,  éd. Corrêa, 1945.Dans un avertissement au lecteur, Roger Vailland explique que : « Drôle de jeu n’est pas un roman sur la Résistance », mais « une fiction, une création de l’imagination ».

Laurent Douzou, , La Résistance, une histoire périlleuse, Paris,  éd. Seuil, coll. « Points », 2005.

Jacques Baynac, Présumé Jean Moulin (1940-1943) : esquisse de la Résistance, Paris,  éd. Grasset, 2007.

 

Sur la polémique Cordier-Frenay

Charles Bendredi, L’Affaire Jean Moulin : la contre-enquête, Paris,  éd. Albin Michel, 1990, 256 p.

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CAMPS DE CONCENTRATION, GUERRE MONDIALE 1939-1945, JULIETTE GRECO, RESISTANCE FRANÇAISE, RESISTANTS FRANÇAIS, SHOAH

Vel’d’Hiv’. Juliette Gréco: «Ma sœur s’est tue à jamais» — histoire et societe

Cette histoire venue de temps qu’à l’inverse des moins de vingt ans j’ai connu; explique le destin que nous nous sommes forgés, nous les rescapées de l’atrocité que l’on veut ignorer aujourd’hui. Cela ne passe pas et ne passera pas jusqu’à notre mort et nous ne voudrions pour rien au monde que d’autres enfants revivent […]

via Vel’d’Hiv’. Juliette Gréco: «Ma sœur s’est tue à jamais» — histoireetsociete

FRANCE, GUERRE MONDIALE 1914-1918, HENRI FERTET (1926-1943), OCCUPATION ALLEMANDE (1940-1944), RESISTANCE FRANÇAISE, RESISTANTS FRANÇAIS

Henri Fertet : sa dernière lettre avant de mourir sous les balles nazis

Dernière lettre d’un jeune résistant de 16 ans exécuté en septembre 1943.

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Avant d’être fusillé à 16 ans par les nazis, ce résistant avait adressé une lettre à ses parents. Des mots bouleversants sortis de l’oubli par Emmanuel Macron.

Voici dans son intégralité la dernière lettre que le jeune homme a laissée pour ses parents avant son exécution, et qu’il a signée « Henri Fertet au ciel, près de Dieu ».

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« Chers parents,

Ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vus si pleins de courage que, je n’en doute pas, vous voudrez encore le garder, ne serait-ce que par amour pour moi.

Vous ne pouvez savoir ce que moralement j’ai souffert dans ma cellule, ce que j’ai souffert de ne plus vous voir, de ne plus sentir peser sur moi votre tendre sollicitude que de loin. Pendant ces 87 jours de cellule, votre amour m’a manqué plus que vos colis, et souvent je vous ai demandé de me pardonner le mal que je vous ai fait, tout le mal que je vous ai fait. Vous ne pouvez vous douter de ce que je vous aime aujourd’hui car, avant, je vous aimais plutôt par routine, mais maintenant je comprends tout ce que vous avez fait pour moi et je crois être arrivé à l’amour filial véritable, au vrai amour filial. Peut-être après la guerre, un camarade vous parlera-t-il de moi, de cet amour que je lui ai communiqué. J’espère qu’il ne faillira pas à cette mission sacrée.

Remerciez toutes les personnes qui se sont intéressées à moi, et particulièrement nos plus proches parents et amis. Dites-leur ma confiance en la France éternelle. Embrassez très fort mes grands-parents, mes oncles, tantes et cousins, Henriette. Donnez une bonne poignée de main chez M. Duvernet. Dites un petit mot à chacun. Dites à M. le curé que je pense aussi particulièrement à lui et aux siens. Je remercie Monseigneur du grand honneur qu’il m’a fait, honneur dont, je crois, je me suis montré digne. Je salue aussi en tombant, mes camarades de lycée. À ce propos, Hennemann me doit un paquet de cigarettes, Jacquin mon livre sur les hommes préhistoriques. Rendez Le Comte de Monte-Cristo à Emourgeon, 3 chemin Français, derrière la gare. Donnez à Maurice André, de la Maltournée, 40 grammes de tabac que je lui dois.

Je lègue ma petite bibliothèque à Pierre, mes livres de classe à mon petit papa, mes collections à ma chère petite maman, mais qu’elle se méfie de la hache préhistorique et du fourreau d’épée gaulois.

Je meurs pour ma patrie. Je veux une France libre et des Français heureux. Non pas une France orgueilleuse, première nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête.

Que les Français soient heureux, voilà l’essentiel. Dans la vie, il faut savoir cueillir le bonheur.

Pour moi, ne vous faites pas de soucis. Je garde mon courage et ma belle humeur jusqu’au bout, et je chanterai Sambre et Meuse parce que c’est toi, ma chère petite maman, qui me l’a apprise.

Avec Pierre, soyez sévères et tendres. Vérifiez son travail et forcez-le à travailler. N’admettez pas de négligence. Il doit se montrer digne de moi. Sur trois enfants, il en reste un. Il doit réussir.

Les soldats viennent me chercher. Je hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée. mais c’est parce que j’ai un petit crayon. Je n’ai pas peur de la mort. J’ai la conscience tellement tranquille.

Papa, je t’en supplie, prie. Songe que, si je meurs, c’est pour mon bien. Quelle mort sera plus honorable pour moi que celle-là  ? Je meurs volontairement pour ma patrie. Nous nous retrouverons tous les quatre, bientôt au ciel. Qu’est-ce que cent ans  ?

Maman, rappelle-toi :

Et ces vengeurs auront de nouveaux défenseurs qui, après leur mort, auront des successeurs.

Adieu, la mort m’appelle. Je ne veux ni bandeau ni être attaché. Je vous embrasse tous. C’est dur quand même de mourir.

Mille baisers. Vive la France.

Un condamné à mort de 16 ans

  1. Fertet

Excusez les fautes d’orthographe, pas le temps de relire.

Expéditeur : Henri Fertet au ciel, près de Dieu. »

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Exécuté le 26 septembre 1943 qui était Henri Fertet ?

Un jeune patriote, né le 27 octobre 1926 le Doubs au sein d’une famille d’instituteurs, lycéen à Besançon, qui s’engage à l’été 1942 dans le groupe de Marcel Simon, secrétaire local de la Jeunesse agricole chrétienne. Le groupe, en février 1943, rallie l’organisation des Franc-Tireurs et Partisans (FTP) et prend le nom de Groupe franc Guy Môquet. Le jeune résistant se signale par trois actions d’éclat : l’attaque du poste de garde du fort de Montfaucon, le 16 avril 1943, pour s’emparer d’un dépôt d’explosifs qui entraîne la mort d’une sentinelle allemande ; la destruction, le 7 mai, d’un pylône à haute-tension près de Besançon ; l’attaque, le 12 juin, d’un commissaire des douanes allemand afin de lui

 

Le président français, lors des commémorant ration le Débarquement  du 6 juin 1944, a lu la lettre adressée par Henri Fertet à ses parents  juste avant que le jeune homme ne soit fusillé par les nazis. L’Histoire a glorifié Guy Môquet mais elle a oublié  malheureusement, oublié Henri Fertet. Le premier est mort en 1941, à l’âge de 17 ans, le second, lui, à l’âge de 16 ans, en 1943. L’un était communiste, l’autre catholique. Chacun de ces deux héros laissa une lettre tout aussi saisissante rédigée quelques minutes avant de marcher vers le peloton d’exécution. Mais, si celle de Guy Môquet est très célèbre – le président Nicolas Sarkozy l’avait fait lire dans toutes les écoles de France en 2007 –, le texte d’Henri Fertet, tout aussi fort, était, jusqu’à ce qu’Emmanuel Macron le (re)mette en lumière, beaucoup moins connu.

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Source : l’hebdomadaire Le Point du 6 juin 2019.