CHRISTIAN BOBIN (1951-2022), ECRIVAIN CHRETIEN, ECRIVAIN FRANÇAIS, LITTERATURE, LITTERATURE CHRETIENNE, LITTERATURE FRANÇAISE, SPIRITUALITE

Christian Bobin (1951-2022)

Christian Bobin (1951-2022)

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Mort de Christian Bobin : écrire l’éphémère éternel

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Portrait 

L’écrivain et poète est décédé à 71 ans. Son œuvre, riche d’une soixantaine d’ouvrages, a su capter la grandeur de la vie dans toute sa simplicité.

e Muguet rouge. C’est le titre que Christian Bobin avait donné à son dernier recueil, paru en octobre dernier. On n’imaginait pas alors que cette fleur rêvée, écarlate et palpitante de vie, serait à déposer sur le cercueil de l’écrivain et poète, décédé le mercredi 23 novembre, à 71 ans. Alors qu’il s’absente, Christian Bobin laisse ce signe de fragilité et de beauté, comme s’il l’avait d’avance préféré aux imposantes couronnes mortuaires qui semblent toujours prendre la mort trop au sérieux.

Christian Bobin avait prévenu ses fidèles lecteurs : il considérait la mort comme un passage. Vivant, il l’était d’autant plus qu’il tenait la main des morts, sans morbidité, mais avec amour et reconnaissance. « Les morts n’ont pas quitté la vie mais ses cloisons prétendument étanches », écrivait-il. Livre après livre, il s’était habitué à l’idée de les suivre. « Un jour, il nous faudra traverser une vitre sans la briser. L’effort sera terrible, qui changera notre cœur en rayon de soleil. »

Ce rayon de soleil, Christian Bobin l’avait perçu pour la première fois le 24 avril 1951, au Creusot (Saône-et-Loire). Il s’était imprimé en lui de manière irréversible, réchauffant cette ville industrielle, « berceau d’acier », marqué par la rudesse de la condition ouvrière et les inégalités sociales. « Je n’ai jamais vu le paradis qu’adossé à l’enfer, en contrepoint, contrechant », notait-il dans Les Différentes Régions du ciel.

Une soif de justice

Plutôt que de pourfendre avec violence un ordre social injuste, Christian Bobin avait refusé d’y consentir. Il avait pris le chemin des mots comme d’autres prennent le large, pour montrer qu’une autre vie est possible, loin des fausses grandeurs. « Il serait temps de remettre au centre nerveux de notre société ceux qui servent la vie, ceux qui remaillent sans fin le tissu de la vie », confiait-il à La Croix, en 2017. « Tout cela peut se faire sans violence, ajoutait-il. Simplement parce qu’on marquerait un désintérêt profond pour ceux qui ont le sourcil froncé sur les budgets et les graphiques ».

Christian Bobin était entré en écriture comme d’autres choisissent la vie monastique, avec conviction et zèle, simplicité et authenticité. Après avoir étudié la philosophie, il avait travaillé un temps pour la bibliothèque municipale d’Autun, l’Écomusée du Creusot, puis comme rédacteur à la revue Milieu(x).

Après avoir publié ses premiers textes chez Brandes et Fata Morgana dans les années 1970, il fit paraître La Part manquante en 1989 chez Gallimard, exprimant dans une écriture pudique les thèmes qui devaient rester les siens : l’attention à la vie, la quête de l’amour, l’errance des humains, leur endurance, leur espérance…

« Entendre, enfin, la voix aimante du Christ »

Cette espérance, Christian Bobin ne faisait pas mystère qu’elle s’enracinait pour lui dans l’Évangile. En 1992, Le Très-bas, sur François d’Assise, avait fait souffler un vent de fraîcheur dans l’édition religieuse. Il s’y faisait l’apôtre de la simplicité évangélique et d’un christianisme prenant au sérieux l’annonce du Christ que « les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers » (Matthieu 20,16).

Sous sa plume, la foi chrétienne retrouvait verdeur et douceur, mais aussi puissance révolutionnaire et salvifique. « Nous sommes, comme jamais, dans des temps bibliques. Les âmes fondent sous le soleil de l’avidité. L’argent remplace les yeux. C’est maintenant que tout est perdu que nous avons une chance d’entendre, enfin, la voix aimante du Christ », confiait-il encore à La Croix.

 Au fil des années, Christian Bobin s’était fait plus soucieux de l’évolution de la société contemporaine, craignant son matérialisme, son efficacité brutale, sa vitesse – « un grand diable » , auquel il préférait le rythme régulier des saisons. Il y opposait une autre manière d’être, au plus proche de la nature, fuyant la notoriété pour la solitude, préférant l’écriture au feutre à l’ordinateur, choyant la présence des livres, dont il partageait l’amour avec sa compagne, la poétesse Lydie Dattas.

Dans une société trop bavarde et impulsive à ses yeux, Christian Bobin cultivait le silence, la retenue et la joie, dans une attitude toute franciscaine. Il choisissait ses mots, comme on compose avec attention un bouquet. « Écrire est un art aussi fragile que vivre. Un rien les fausse. »

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Une vie en mots

24 avril 1951. Naissance au Creusot (Saône-et-Loire) d’un père dessinateur à l’usine Schneider et d’une mère calqueuse.

  1. La Part manquante(Gallimard).
  2. Une petite robe de fête (Gallimard).
  3. Le Très-bas(Gallimard), prix des Deux-Magots en 1993 et grand prix catholique de littérature, en 1996.
  4. L’Homme qui marche(Le temps qu’il fait), méditation sur Jésus de Nazareth.
  5. La Plus que vive(Gallimard), hommage à sa compagne Ghislaine, morte à 44 ans.
  6. La Grande Vie(Gallimard).
  7. Noireclaire (Gallimard).
  8. Prix d’Académie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.
  9. Le Muguet rouge(Gallimard) accompagne la sortie du volume Les Différentes Régions du ciel, qui rassemble une vingtaine de ses œuvres.

https://www.la-croix.com/Culture/Mort-lecrivain-Christian-Bobin-lage-71-ans-2022-11-25-1201243758

 « Les Différentes Régions du ciel » et « Le Muguet rouge » :

Christian Bobin, gardien des mots

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Les Différentes Régions du ciel

de Christian Bobin

Quarto Gallimard, 1 018 p., 26 €

Le Muguet rouge

de Christian Bobin

Gallimard, 80 p., 12,50 €

On aurait aimé commencer cet article en se mettant d’emblée dans les pas de Christian Bobin. Suivre son allure feutrée, se laisser porter par la musique vivifiante de ses mots. Partir observer avec lui les arbres de l’automne ou les pierres humides du Creusot, déceler la vie qui y palpite, prendre en filature les pensées qui y grimpent… Mais la courte biographie de l’écrivain qui ouvre ce recueil d’œuvres choisies oblige à débuter autrement. Et par un soupir…

Ce texte succinct, placé sur le rabat de la couverture, rappelle l’essentiel du parcours de Christian Bobin. Il mentionne à juste titre l’importance du Très-Bas, sans doute l’un des plus beaux textes de l’écrivain, mais pourquoi ajoute-t-il qu’il fut « consacré de façon prémonitoire au poète hérétique François d’Assise ». François d’Assise, « poète hérétique » ? Jusque dans les introductions aux livres de Christian Bobin, les mots sont-ils aujourd’hui en danger de perdre leur sens? On aura compris que François d’Assise ne répond pas aux clichés que certains associent, pour toutes sortes de raisons, au christianisme, alors le plus simple n’est-il pas de l’arracher à son Église ? Être qualifié d’hérétique le rendra fréquentable et intéressant. Et tant pis pour la simple vérité.

Ce recueil de Christian Bobin témoigne heureusement d’un tout autre respect des mots. Lui est de ceux qui reconnaissent leur consistance, s’inclinent devant leur majesté, avant de les manier avec une infinie précaution. « Écrire est un art aussi fragile que vivre. Un rien les fausse », relève-t-il. Et un peu plus loin : « L’écriture tient le cœur comme un verre de grand vin, délicatement, par en dessous, elle y fait tourner la lumière puis l’avale en quelques phrases. »

Un pacte avec la vie

Le petit cabinet de curiosités qui introduit cette anthologie, mêlant photos, textes et objets personnels, est nimbé de cet amour des mots. On y trouve une presse typographique, un manuscrit, une photo de bibliothèque, une lettre, une table de travail en bois, un billet de TGV annoté… Il invite aussi à déchiffrer l’écriture muette des pierres de l’abbaye de Conques ou celle d’un visage aimé…

Chez Bobin, la littérature est un pacte avec la vie. L’écriture est une quête et un étonnement. « Ce que je connais, je ne l’écris pas. Ce que je ne connais pas, je l’écris. » Les pages qui s’écrivent sous cette bannière sont prudentes, lestées. « On ne devrait jamais écrire une seule phrase que l’on ne puisse chuchoter à l’oreille d’un agonisant », pose avec gravité Bobin, en citant le poète Henri Pichette. Ses livres sont un tamis de l’essentiel. Ils disent la vie sans craindre la mort, accueillent la mort sans lâcher la vie. Ce qui les rend anachroniques et précieux en notre temps où la mort n’a plus de mots.

L’écriture de Bobin porte la couleur du sang et a sa nécessité vitale. « J’ai de l’encre dans les poumons, j’ai de l’encre dans le cœur. J’ai de l’encre dans le sang. Sans écriture, il y a longtemps que j’aurais cessé de respirer. » Ce rouge inonde littéralement l’un de ses premiers textes jusqu’ici inédit, L’Eau des miroirs, lent récit d’un suicide étonnamment rédigé au féminin. Il palpite encore dans le titre de son nouveau livre, Le Muguet rouge : « muguets rouges fraîchement poussés » qui « s’apprêtent à incendier la plaine », comme les poèmes lorsqu’ils enflamment la page blanche. Chez Bobin, la poésie est « le réel absolu » et « don de lire la vie ». C’est dire pourquoi les mots doivent être choyés.

https://www.la-croix.com/Culture/Differentes-Regions-ciel-Le-Muguet-rouge-Christien-Bobin-gardien-mots-2022-10-05-1201236309

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Désespérance, crise spirituelle

Désespérance, crise spirituelle, rupture des vœux : les tentations du « démon de midi »

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Le « démon de midi » n’est pas seulement ce que l’on croit… Les Pères du Désert nommaient ainsi une tentation qui menace tous les croyants, spécialement les personnes consacrées : l’acédie. Cette tristesse spirituelle, mère de la désespérance, était autrefois le huitième péché capital. C’est le mal de notre époque. Voici pourquoi.

Appelons-le Bernard. Le Père Bernard. Sept ans après les événements, il en frémit encore. « Le diable : Le diable au corps ! » Ce quinquagénaire athlétique, au physique d’acteur américain – Redford un peu enveloppé –, évoque le « démon de midi » avec un mélange d’incompréhension et d’effroi. Il faudra un douloureux combat, deux ans de « retirance », la sollicitude ferme et paternelle de son évêque, pour que le Père Bernard puisse retrouver la paix du cœur. Et son ministère.

Diable au corps ? Le « démon de midi » n’est pas seulement cette vague de chaleur, à l’aura sulfureuse, qui vient arracher, dans la torpeur du milieu de la vie (1), les hommes à leur promesse de fidélité. « Réduire le « démon de midi » à la luxure, c’est occulter sa nature profonde », proteste le Dr Fernand Sanchez, de la Communauté des Béatitudes, l’un des pionniers de l’accompagnement psycho-spirituel.

C’est Évagre le Pontique, au IVe siècle, qui surnomme ainsi l’« acédie » : ce « démon » de la morosité, de la déception, de l’insatisfaction, est le subtil ennemi du moine, l’« Alien » qui tente de le pénétrer et de le ronger de l’intérieur.

Seize siècles plus tard, dans son roman Le Démon de midi, l’écrivain Paul Bourget expliquera : « Pour nos anciens, le dœmonium meridianum était un véritable démon, la tentation du milieu du jour, particulière aux cloîtres. Ils avaient observé que la sixième heure, notre midi, est redoutable au religieux. La fatigue du corps, épuisé par la veille et le jeûne, gagne l’âme qu’un trouble envahit. L’æcedia monte, ce dégoût, cette tristesse des choses de Dieu qui donne au cénobite la nostalgie du siècle quitté, le désir d’une autre existence, une révolte intime et profonde ».

  

L’envie d’aller voir ailleurs

Ce blues de l’âme n’épargne aucun croyant, mais il frappe les consacrés avec prédilection. « Je ne désirais plus qu’une chose : quitter mon monastère, aller voir ailleurs, confie Sœur S., 45 ans, religieuse depuis dix-huit ans. J’avais l’impression d’avoir gâché le meilleur de ma jeunesse, d’avoir sacrifié un mari et des enfants. Tout me paraissait lourd, sans saveur. Le poison du doute était entré en moi. Je ne cessais de me répéter : À quoi bon, dans le fond, à quoi bon ? »

C’est la « bof » tentation. Jean Sulivan l’a surnommée « aquabonite » : non pas une liqueur monastique à consommer avec tempérance, mais une crise spirituelle qui bouleverse sans modération. Qohélet le gémissant pourrait en être le patron : « Vanité des vanités, tout est vanité, soupire-t-il dans le livre de l’Ecclésiaste. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, alors je réfléchis à toutes les œuvres de mes mains et à toute la peine que j’avais prise, eh bien, tout est vanité et poursuite de vent »

 

 Le huitième péché capital

Grosse fatigue ? Lent étouffement. Le « démon de midi » est une chute de tension des forces de l’âme. Une tristesse intérieure s’insinue, qui engendre vide et ennui, abattement et dégoût. Non, rien de rien, l’acédiaque n’attend plus rien de rien.

 « C’est comme une mort qui enserre de tous côtés », précise Alphonse Goettmann, prêtre de l’Église orthodoxe qui anime le Centre Béthanie, avec son épouse Rachel, ils sont les auteurs de Ces passions qui nous tuent (Presses de la Renaissance). « La vie physique et spirituelle est remise en cause. Plus on a axé sa vie en Dieu, plus on prend les moyens de la maintenir dans cet axe, plus on est tenté par l’acédie. »

L’âme en a marre. « L’acédie mêle d’une manière particulière sentiment de frustration et agressivité », souligne le cardinal Christoph Schönborn, dominicain, archevêque de Vienne. Dans son livre Aimer l’Église (Cerf), il met en garde les catholiques déçus par une Église qui ne remplit pas ses promesses humaines contre ce démon et son fiel amer.

« L’acédie a horreur de ce qui est là et joue en rêve avec ce qui manque, écrit-il. Elle est une sorte d’impasse de la vie de l’âme. Cette attitude proche du désespoir nous menace tout particulièrement, nous les ecclésiastiques ; elle met en danger notre vie spirituelle et nous prive de l’élan de l’espérance. » remarque à son tour le prêtre philosophe Pascal Ide, de la Communauté de l’Emmanuel. Flaubert et Bernanos en parlent longuement. C’est la maladie du diabolique « Monsieur Ouine ». Un village sombre : « Cela commence par l’ennui ». Et Monsieur Ouine dit au prêtre : « L’ennui de l’homme vient à bout de tout, Monsieur l’abbé, il amollira la terre ». Tel est aussi l’aveu du Journal d’un curé de campagne, dès la première page : « Ma paroisse est dévorée par l’ennui. Voilà le mot. »

  

La botte secrète de Satan

Attention, danger ! Cet ennui profond est la « tristesse de ce monde » (2 Co 7, 10), dont saint Paul affirme qu’elle conduit à la mort : elle mène au doute de la miséricorde.

C’est pourquoi l’acédie était autrefois considérée comme le huitième péché capital. Pour Thomas d’Aquin, elle est la racine de la désespérance.

Désespérance ? Dans une tour de La Défense, aux portes de Paris, un homme trapu, à la carrure de Lino Ventura, voix râpeuse de fumeur de brunes, pointe du doigt une silhouette invisible sur l’immense paroi de verre du building voisin : « Judas ! Son péché n’est pas d’avoir trahi ce qui est d’une banalité redoutable : qui n’a pas vendu Jésus dans son histoire ? –, mais de ne pas avoir espéré qu’il était pardonnable. Voilà le fond de l’acédie : Je n’ai pas le droit à la miséricorde. C’est le péché contre l’esprit, le père de tous les péchés : celui qui donne la mort ».

Philippe Vaur, psychothérapeute depuis vingt-cinq ans, observe les ravages de la crise du milieu de vie chez les cadres d’entreprise, et propose une démarche de prévention au sein du cabinet « Discerner ». Quel est le rapport entre l’acédie et la dépression du cadre supérieur ? « Il y a souvent à l’origine de la crise un nœud de l’adolescence qui n’a pas été dénoué et qui se rejoue à la maturité de façon amplifiée. S’ajoutent souvent un manque profond d’estime de soi, et ce sentiment récurrent : « Je n’ai pas droit à la miséricorde ». »

Ce « psy » philosophe va plus loin : « L’acédie touche l’humain même s’il n’adhère à aucune croyance. Combien de personnes se balancent par la fenêtre en songeant : « C’est foutu, personne ne peut me comprendre », ou « Je ne suis pas digne d’être aimé » ? De même, l’une des grandes causes des divorces aujourd’hui, c’est moins les fautes accumulées par les conjoints, que de ne pas croire qu’ils puissent se pardonner et être pardonnés. L’acédie, c’est la botte secrète de Satan pour les personnes qui ont un sens à leur vie, et qui ont résisté à l’attrait des autres concupiscences – le désir du pouvoir, notamment ! »

  

Trop beau pour être vrai !

Gustave Thibon l’appelait « désespérance de l’esprit ». Le Tentateur distille ce poison grâce à une arme raffinée : la pseudo-humilité. L’homme « ne veut pas croire que Dieu s’occupe de lui, le connaisse, l’aime, le regarde, soit à côté de lui », note le cardinal Ratzinger dans sa pénétrante analyse de notre société (Regarder le Christ, Fayard, 1992). Une vocation si belle, un bonheur si grand ? C’est trop beau pour être vrai !

Autre source de l’acédie : la volonté de se débarrasser de Dieu. « La fuite de Dieu, première conséquence du péché des origines, est devenue une volonté d’auto-création de l’homme par lui-même », insiste le Père Pascal Ide.

Xavier Emmanuelli, ancien secrétaire d’État à l’Action humanitaire, dénonce ce pacte prométhéen : « Tout se passe comme si, il y a environ deux siècles, nous avions rompu le contrat implicite avec Dieu, et nous avions accepté le pacte du Diable. Satan nous a proposé la puissance, la connaissance du bien et du mal, et le bonheur éternel, à condition que nous renoncions à Dieu. Nous avons renoncé à Dieu, et le Diable nous a exaucés. Mais nous arrivons au terme du pacte, et nous sommes en train de comprendre que c’était un contrat de dupes. Nous possédons tout, mais nous n’avons pas Dieu. Nous avons la puissance, mais nous avons perdu le sens. Notre société qui suinte d’angoisse va disparaître » (3).

Réussir l’épreuve de la durée

Comment se manifeste ce « démon » ? « Sous forme de paresse spirituelle, mais aussi et en même temps au travers d’un activisme trépidant, répond le cardinal Schönborn. La pression€ incite les moines à fuir leur cellule. Mais le démon de midi est aussi présent dans nos vies sous des formes facilement reconnaissables : dans la peur de se retrouver seul face à soi-même, la peur de soi, la peur du silence. Verbositas et curiositas, le goût du verbiage et la curiosité, sont des « filles » de l’acédie.

En voici d’autres : l’agitation intérieure, la quête perpétuelle de la nouveauté comme succédané de l’amour de Dieu et de la joie de servir ; l’inconstance, le manque de fermeté dans ses résolutions, à quoi s’ajoutent l’indifférence face aux choses de la foi et à la présence du Seigneur, la pusillanimité, la rancœur, si présentes parmi nous aujourd’hui dans l’Église, et jusqu’à la méchanceté délibérée. »

L’acédie rend la vie intérieure aride et sans saveur. Surtout la prière. La messe rebute, l’oraison dégoûte. Ce qui faisait la joie du consacré devient son supplice. On bâille, on soupire, on se tortille dans sa stalle ; les offices n’en finissent plus. « La première étape de la vie religieuse se vit ordinairement tout en élan, confirme le Père Amédée, 88 ans, cistercien à l’abbaye de Bricquebec (Manche) depuis 1945 (4) : noviciat, études, profession monastique, peut-être ordination sacerdotale… Bref, c’est une sorte de course avec des obstacles successifs à franchir. Mais après ? Cette première étape étant accomplie, quelle promotion peut-on espérer dans un monastère ? Aucune, sinon celle de réussir l’épreuve de la durée et de la patience dans la monotonie d’un quotidien qu’il faut emplir d’amour. Comment s’étonner alors que des moines puissent ressentir la tentation de l’“à quoi bon” et se dire : “J’ai gâché ma vie dans une quête inutile” ?»

L’acédie n’est pas un virus poussiéreux réservé aux antiques congrégations. Les communautés nouvelles, qui fêtent leur vingtième ou vingt-cinquième anniversaire en entrant dans ce IIIe millénaire, sont des proies mûres pour ce démon. L’enthousiasme des origines s’est apaisé, parfois enfui. Ces jeunes congrégations entament leur course de fond et doivent passer au creuset aride de la persévérance.

« Plus la conversion est forte, plus la personne s’est investie dans cette vie avec intensité et générosité, plus il peut être difficile de retomber dans la monotonie du sacrifice et la fidélité au quotidien », dit le Dr Fernand Sanchez. « Vingt ans de vie religieuse, ça use, ça use », murmure le démon de midi au cœur du consacré.

L’habit ne fait pas le moine, mais l’habitude peut le défaire.

  

Désillusion et découragement

Le Père Plé évoque, avec finesse, les désillusions de ceux et celles qui ont « misé leur vie sur la foi » : « Autour de la quarantaine, il leur faut souvent constater que l’amour de Dieu ne leur remplit pas le cœur, au moins de la manière qu’ils avaient pu naïvement espérer aux premiers jours de leurs engagements. Ils connaissent les épreuves d’un jeûne affectif qu’ils n’avaient pas prévu ; leurs généreux efforts pour vivre – selon l’Évangile – se heurtent à des défauts de caractère qu’ils n’espèrent plus corriger ; l’aide de la grâce de Dieu leur paraît inefficace ; Dieu, qu’il leur faut pourtant continuer à « représenter » parmi les hommes, leur semble lointain, déroutant, inaccessible.

Leur zèle apostolique est mis en question par les difficultés et les échecs qui les découragent. Ils souffrent des insuffisances de leur formation, qui ne les a pas préparés à faire face aux problèmes de leur vie. Ils s’impatientent ou désespèrent devant la lourdeur de l’Église comme institution et devant les défauts des hommes qui la gouvernent. Pour tous ces « consacrés à Dieu » comme pour les autres membres de l’Église, trop d’appuis bougent, sur quoi ils avaient bâti leur foi et leur vie ; leur crise quadragénaire se trouve aggravée par la crise de l’Église » (5).

La bourrasque fut particulièrement violente dans les années 1960-1970. Cette crise de l’Église ressemble à la tempête de l’hiver 1999 : venues de loin, souffles puissants, la crise des mœurs, la crise des institutions, la crise de la foi se conjuguèrent comme des courants furieux, pour ne former qu’un seul galop de vent. La dépression se précipita sur sa proie avec une rage brutale. Elle traversa congrégations et presbytères. De nombreux prêtres, religieux et religieuses, furent ébranlés. La plupart avaient entre 40 et 50 ans. Fragilisés par leur propre crise du milieu de vie, ils ne discernèrent pas le démon de l’acédie qui s’y cachait.

Celui-ci susurra des doutes sur l’authenticité de l’appel, empoisonna ce qui restait de certitudes. La crise-tempête fit voler en éclat les vœux les plus résolus, bouscula les vocations les plus solides en apparence. Des milliers de consacrés quittèrent l’Église. Beaucoup se marièrent. L’embrasement d’une sexualité réveillée à la quarantaine, exaltée par l’ivresse libertaire, acheva souvent un vœu de chasteté battu en brèche par l’ouragan d’affranchissement.

Une voix au fond de soi : « Tu t’es trompé… »

 

« La crise est favorisée par une baisse de la garde spirituelle, soutient le Dr Fernand Sanchez : moins de zèle dans la prière, un don de soi dilué au fil des années Le doute apparaît sur les choix fondamentaux. On entend une voix au fond de soi : Tu t’es trompé, mais il n’est pas trop tard pour rattraper le temps perdu et vivre comme tout le monde pour que ta vie ne soit pas gâchée. On est alors au cœur d’un grand combat spirituel. »

Le « démon de midi » est un « esprit de destruction », d’autodestruction.

Il frappe l’homme à la racine même de sa mission, ébranle sa vocation, mine son appel : « Une force ennemie l’attire hors de sa ligne, dans la voie où il doit périr, écrit Paul Bourget. Cet étrange vertige va du spirituel au temporel ».

Crise du milieu de vocation ? Philippe Vaur pompe une bouffée de cigarette et lâche, mystérieux, dans un nuage de Gitane : « L’acédie, c’est le cul-de-sac d’une vocation, qu’on soit clerc, professionnel, époux, père. Faute d’en discerner l’origine avec un tiers pour s’en sortir  un père “spi”, un “psy”… , la personne risque de se rendre dépendante d’un nouvel activisme ».

« Cette crise peut remettre en question non seulement la vocation mais Dieu lui-même, ajoute, dans son cabinet parisien, le Dr Allen D. Caso, 65 ans, psychanalyste psychothérapeute américain. Cela dépend parfois des facteurs de maturité psychique et spirituelle du sujet, de ses blessures antérieures, de la structure de sa personnalité. »

Cet homme cultivé, au français policé, – il vit à Paris – et à l’accent charmant, fut baptisé à l’âge de 18 ans après une conversion subite lors d’un voyage à Rome. Il revendique dans sa profession « une écoute de croyant », refuse d’exclure la dimension spirituelle de l’accompagnement psychologique, et tente d’exercer un délicat discernement entre ces différents ordres et leur interpénétration.

 « Le risque est de trop “psychologiser” cette crise spirituelle, assure-t-il. Combien de psys sont passés complètement à côté, et ont cru bien faire en prescrivant des antidépresseurs et des neuroleptiques sans se soucier de ce que cachaient ces manifestations névrotiques et même psychotiques ? Croyant à une simple décompensation, combien de ces psychologues ont conseillé à des prêtres et des religieuses : « Arrêtez de prier », « Surtout n’allez plus à la messe », « L’oraison est en train de vous détruire », « Quittez votre congrégation, et réalisez votre désir profond » ? Alors qu’il fallait leur dire le contraire ! Combien de prêtres ont de ce fait quitté le sacerdoce, qui était cependant leur vocation ? A mon avis, 90 % le regrettent secrètement aujourd’hui. Car il ont fui une insatisfaction au lieu de l’affronter. Elle est demeurée au plus profond d’eux-mêmes »

Le Dr Caso reprend, après un soupir : « Heureusement, la majorité des prêtres et des consacrés ne remettent pas aujourd’hui leur vocation en cause, même s’ils ressentent une insatisfaction de façon parfois très douloureuse. Celle-ci est un appel à aller plus loin. La fuite risque de court-circuiter un processus de maturation ».

Grâce à une longue expérience de l’accompagnement, le Dr Fernand Sanchez diagnostique : « Selon les blessures prédominantes de la personne, la crise touchera plus ou moins l’un des trois préceptes évangéliques : la pauvreté, la chasteté ou l’obéissance. Elle peut déclencher des recherches de compensation, de possession, de convoitise ; la vérification de la capacité de séduction ; l’autoritarisme et la domination »

 

 Le démon à toute heure

Le démon ne jaillit pas de sa boîte comme un coucou quand sonne le premier coup de midi. L’acédie frappe à toute heure. Il y a le démon de la fin de matinée : « Nous observons souvent une première crise trois ou quatre ans après l’ordination sacerdotale », témoigne un directeur de séminaire. Et le démon du crépuscule : « C’est la tentation des prêtres de 60-70 ans, assure le Père Amédée. Ils se sont dévoués aux autres toute leur vie. À l’âge où les laïcs prennent leur retraite, eux sont écrasés de travail, peu entourés, rarement gratifiés. Certains finissent par se dire : « À quoi bon ? » Quand on leur répond : « Mais si, continuez, regardez tout le bien que vous faites ! », ils vous répondent : « Bof, je ne vois pas grand-chose », ou bien : « Qu’est-ce, comparé à tout ce qu’il reste à faire ? Une goutte d’eau dans l’océan À quoi bon ? » »

Assez dit ? Sans jouer sur les mots, l’acédie, on n’en parle pas assez. « Or, c’est un passage fréquent de la vie spirituelle, quoique très méconnu, remarque le Dr Caso. Nous avons perdu la mémoire de deux mille ans de mysticisme et bien plus, si on intègre la mystique juive. Les novices et les séminaristes doivent être préparés par la lecture des Pères du Désert et d’autres grands mystiques chrétiens, et choisir un homme d’expérience et de prière comme père spirituel. »

« La règle d’or de la sagesse monastique, depuis plus de quinze siècles, prescrit l’ouverture du cœur à un maître pertinent, inspiré par Dieu », prévient le Père Amédée. « Les Pères du désert avaient leur“abba”, et les Sœurs leur “ama”. L’arme indispensable dans ce combat, c’est un accompagnateur, confirme le Dr Fernand Sanchez (6)Il va aider à comprendre qu’il y a, derrière cette frénésie vitale, cette tentation d’aller voir ailleurs, un désir de plénitude, sain, qui correspond à une vocation profonde. Mais ce désir est mal orienté et passe à côté du but. C’est une ruse du démon que de faire voir la rive d’en face comme meilleure et plus heureuse. »

Certains accompagnateurs préconisent des traitements de choc, comme les Trente Jours de saint Ignace, ou l’Anamnèse animée par le Chemin Neuf. « Quand la personne est trop bouleversée et risque des expériences aux conséquences irréversibles, une phase de rupture avec la vie communautaire, en milieu sécurisé et étroitement accompagné, peut être souhaitable », estime le Dr Fernand Sanchez.

Le Père Amédée, inspiré par ces vents d’ouest qui viennent ébranler sa Trappe de granit du Cotentin, conseille fermement : « Dans la tempête, pas de coup de barre intempestif ! Surtout, pas de décision radicale, elle risquerait d’être fatale. Accroche-toi en attendant que ça se passe ; et surtout, prie, prie comme tu veux, mais prie ! Qui prie, vit ! », assure ce sage facétieux qui s’accroche obstinément au rosaire dans ses heures de désert…

 « Dans certains cas, il faut simplement laisser agir le Seigneur, et persévérer, recommande le Dr Caso. Dieu nous décape pour prendre la place de notre moi. Faire face au sentiment de vide, d’absence et d’absurde peut permettre de déboucher sur une rencontre du Dieu vivant. »

  

Le remède ? Rester sous le joug

Persévérer ? Contre ce démon de la désespérance, les vieux maîtres suggèrent le remède de l’hypomonè : littéralement, rester sous le joug. C’est goûteux comme l’huile de foie de morue, mais on n’a rien inventé de plus efficace.

L’ermite saint Antoine se fâcha un jour contre le Seigneur alors qu’il n’en finissait pas de batailler contre le Tentateur dans la tourmente d’une nuit obscure : « Eh bien, Seigneur, où étais-tu durant ces interminables tentations ? » Silence du Ciel. Antoine reprend : « Pourquoi ne t’es-tu pas manifesté plus tôt pour faire cesser mes tourments ? » Réponse de Dieu : « J’étais là, Antoine. Mais j’attendais, pour te voir combattre » (7).

« En ces heures cruciales, il nous faut patienter, accepter, consentir jusqu’à l’abandon sans condition, et persévérer », assure le Père Amédée. Et du parvis de sa Trappe de toujours, le vieux cistercien lance, joyeux : « Heureux qui passe par ce feu, car après il “fait” Dieu ! »

  

« La tristesse de ce monde »

 Le cardinal Ratzinger, dans Regarder le Christ (Fayard), réfléchit sur cette expression de saint Paul.

« Maintenant que l’on a pleinement savouré les promesses de la liberté illimitée, nous commençons à comprendre à nouveau l’expression “Tristesse de ce monde”. Les plaisirs interdits perdirent leur attrait dès l’instant où ils ne furent plus interdits. Même poussés à l’extrême et indéfiniment renouvelés, ils semblent fades, parce qu’ils sont tous finis et qu’il y a en nous une faim d’infini.

Aussi voyons-nous aujourd’hui précisément dans les visages des jeunes gens une étrange amertume. [Surtout,] la racine la plus profonde de cette tristesse, c’est l’absence d’une grande espérance et l’inaccessibilité du grand Amour : tout ce qu’on peut espérer est connu, et tous les amours sont l’objet d’une déception due à la finitude d’un monde où les formidables succédanés ne sont que le piètre masque d’un désespoir abyssal. »

(1) Nous renvoyons nos lecteurs au dossier sur la crise du milieu de vie (CMV) paru dans les n° 1177 et 1178, dont cet article est une sorte de prolongement. Une crise peut en cacher une autre : si on ne peut réduire l’acédie à la CMV, la crise spirituelle s’intègre parfois dans cette vaste crise existentielle déclenchée par le sentiment plus ou moins conscient de notre finitude.

(2) Ces passions qui nous tuent – Diagnostic et remèdes, par Alphonse et Rachel Goettmann, Presses de la Renaissance, 247 p., 99 F. Un excellent ouvrage de vulgarisation sur les huit péchés capitaux (dont l’acédie).

(3) Cf. FC n° 1052. Cité par le Père Pascal Ide dans un article publié dans Sources Vives n° 80 sur « Pourquoi désespérer ? ».

(4) Le Père Amédée est le co-auteur, avec le Dr Dominique Megglé, de l’ouvrage Le Moine et le psychiatre. Un ouvrage roboratif, avec un chapitre sur l’« aquabonite ».

(5) « Les déserts de la foi », dans L’Homme de 40 ans, Janus 14. Cité par Lucien Millet dans La Crise du milieu de la vie, Masson, 1993.

(6) Lire le dossier sur l’accompagnement spirituel dans FC n° 1196.

(7) Vie d’Antoine, par Athanase d’Alexandrie, Cerf. Cité par Mgr Schönborn dans Aimer l’Église (Cerf).

https://www.famillechretienne.fr/foi-chretienne/vivre-en-chretien/desesperance-crise-spirituelle-rupture-des-voeux-les-tentations-du-demon-de-midi-36163

ECRIVAIN CHRETIEN, LITTERATURE CHRETIENNE, LIVRE, LIVRES, LIVRES - RECENSION, LUC WEIZMANN (1957-....), SIMONE PACOT (1924-2017), SIMONE PACOT : PASSANTE DE VIE, SPIRITUALITE

Simone Pacot : passante de vie

Simone Pacot : passante de vie

Luc Weizmann

Paris, Salvator, 2022. 306 pages.

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C’est grâce à plusieurs ouvrages de spiritualité, notamment L’évangélisation des profondeurs, que Simone Pacot (1924-2017) a connu la célébrité. Elle a su proposer un trajet de restauration de l’être, lors de sessions assurées par les équipes de l’association Bethasda, toujours très active. Luc Weizmann nous propose de découvrir son parcours de vie et l’essentiel de son message, articulant foi chrétienne et approche psychologique. Avant son engagement dans un domaine où elle a été pionnière, Simone Pacot fut avocate, investie dans le combat contre le racisme et pour les relations entre juifs, chrétiens et musulmans, compagne de la Communauté de l’Arche de Lanza del Vasto, militante à l’Action civique non-violente et juriste spécialisée dans le droit de la famille. Dès sa retraite professionnelle, elle se consacrera entièrement à l’accompagnement spirituel et à la diffusion d’un message fondé sur la parole de Dieu. Profondément oecuménique, elle révélera en filigrane de la Bible cinq « lois de vie » intimement constitutives de la personne humaine. Pour une invitation à la libération intérieure proposée par le Christ. AUTEUR Luc Weizmann est architecte, membre de l’Académie d’architecture et auteur de plusieurs ouvrages. Filleul et ami proche de Simone Pacot, il connaît particulièrement bien sa vie et son enseignement spirituel.

 

 

Critique

 

 « Simone Pacot », de Luc Weizmann : portrait d’une femme des profondeurs 

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Cet ouvrage d’un proche permet de découvrir le parcours de vie et les nombreux engagements d’une femme qui a su articuler foi chrétienne et approche psychologique.

Parue en 1997, L’Évangélisation des profondeurs de Simone Pacot a marqué durablement de nombreux lecteurs. Mais peu savent précisément qui est cette autrice née en 1924 et décédée en 2017. Luc Weizmann, son filleul et ami, comble donc un manque avec cet ouvrage bien informé qui, sans éviter quelques pointes hagiographiques, parvient à dresser un portrait nuancé de sa marraine, présentant toutes les richesses et les complexités d’une forte personnalité qui a été une aide pour de nombreuses personnes tout au long de son existence.

Une jeunesse heureuse

Fille d’un avocat en vue de Casablanca, Simone Pacot, qui resta toujours célibataire, vécut une jeunesse heureuse sous le soleil marocain. Jeune avocate au cabinet de son père, elle quitte le Maroc à la fin du protectorat et, en France à partir de 1957, s’engage à fond (comme tout ce qu’elle fit !) dans la communauté de l’Arche de Lanza del Vasto, à Bollène, puis sur le Larzac, avant de retourner dans le sud de son pays natal, à Tata, dans une petite fraternité au service des plus pauvres, en particulier des femmes berbères.

En 1969, nouvelle rupture dans une longue existence qui en comptera un certain nombre, elle revient en France et s’engage dans le cabinet d’avocats Ornano où le patron « souhaita(it) unifier exercice professionnel et engagement de vie ». C’est durant cette période que sa foi se renouvela complètement, où elle se rapprocha du Christ par une véritable consécration personnelle et vécut une guérison intérieure qui la marqua définitivement.

 Après de gros soucis de santé, qui la handicapèrent à vie, et sa retraite professionnelle en 1987, Simone Pacot s’engage dans la communauté Béthanie, fondée entre autres par le jésuite Étienne Garin et alliant spiritualité ignatienne, psychologie et dynamisme du mouvement charismatique alors naissant. Elle emménagera d’ailleurs à Vanves pour se rapprocher de la Maison de Lazare, installée à proximité depuis 1985 « en vue de l’écoute et de l’accompagnement de détresses manifestes ou secrètes ».

Fondatrice des sessions Bethasda

Mais les choses se gâtèrent pour cette femme que son biographe n’hésite pas à décrire comme « excessive dans les éloges et les critiques », et elle dut quitter Béthanie. Cette rupture lui laissa « une blessure (qui) resta longtemps ouverte », mais lui permit aussi de voler de ses propres ailes et de déployer ses intuitions personnelles, tout en acceptant de se confronter à d’autres, comme le père Xavier Thévenot. Et bien qu’elle s’en défendît souvent, elle fit alors œuvre de fondatrice avec les sessions Bethasda, qui, de plus en plus nombreuses, attirèrent toujours davantage de participants qui y trouvèrent un grand profit.

 L’Évangélisation des profondeurs et les trois autres ouvrages qu’elle écrivit dans la décennie suivante contribuèrent à élargir son audience en France et à l’étranger. « Les écrits de Simone Pacot ouvrent des portes. Ils se sont imposés comme une référence incontournable dans les milieux d’Église, même s’ils demeurent un peu inclassables sur les étagères des librairies et des bibliothèques », explique Luc Weizmann, qui décrit avec précision et nuances la pensée originale et parfois dérangeante de sa chère marraine.

« Ancrée dans l’apport précieux des sciences humaines et dans le terreau de la tradition juive et chrétienne, Simone a découvert la vie psychique, puis cherché pas à pas sa juste articulation avec la vie spirituelle. Elle n’a eu de cesse d’explorer les confins de ses profondeurs en visitant sa vulnérabilité dans l’énergie du Souffle », écrit-il.

Atteinte par l’âge, elle doit quitter son appartement de Vanves. Celle qui avait été marquée plus jeune par la communauté protestante des sœurs de Grandchamp en Suisse et par son amitié avec sœur Minke, termine sa longue existence dans une maison de retraite des sœurs diaconesses de Reuilly. L’auteur, tout en restant pudique, n’occulte pas ces dernières années, marquées à la fois par les difficultés de la dépendance physique de plus en plus grande et le soutien d’une foi toujours plus intériorisée.

https://www.la-croix.com/Culture/Simone-Pacot-Luc-Weizmann-femme-profondeurs-2022-07-06-1201223718

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Simone Pacot

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27 janvier 2004: Simone PACOT, avocate honoraire à la Cour d’appel de Paris, anime depuis de nombreuses années des sessions avec l’équipe de l’association Bethasda, Issy les Moulineaux (92), France.

Simone Pacot, née le 14 novembre 1924 à Casablanca et morte le 28 avril 2017 à Paris, est une ancienne avocate à la cour d’appel de Paris, engagée dans le combat contre le racisme et dans les relations entre musulmans, juifs et chrétiens, qui s’est lancée, une fois retraitée, dans la mise en place d’un parcours de guérison intérieure.

 

Biographie

En 1961, alors militante de l’Action civique non-violente et secrétaire de son journal, elle est condamnée à une peine de six mois de prison avec sursis pour « provocation de militaires à la désobéissance ».

Elle est cofondatrice avec une équipe œcuménique de l’association « Bethasda » qui organise depuis plusieurs années des sessions intitulées « Évangélisation des profondeurs »  dans différentes villes de France, en Suisse, en Belgique et au Canada.

Elle a également fait partie d’une équipe de juristes bénévoles au sein du groupe d’information et de soutien des immigrés, une association à but non lucratif de défense et d’aide juridique des étrangers en France.

 

Approche spirituelle

Simone Pacot identifie cinq paroles de Dieu qui sont, selon elle « lois de vies »  : Il faut renoncer à la connivence avec la mort (« Choisis la vie », Dt 30,19), il faut accepter sa condition humaine (« interdiction de manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal », Gn 2, 16)7, il faut rechercher l’unité de son être (« tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, de tout ton esprit », Dt 6, 5), il faut déployer son identité propre (« va vers toi », Gn 12, 1), et il faut accueillir sa fécondité (« soyez féconds », Gn 1, 28).

 

Parcours « Bethasda »

Le nom du parcours, « Bethasda », est tiré du nom de la piscine de Bethesda, où Jésus guérit un paralysé (Jn 5, 1-18). Il articule foi chrétienne et approche psychologique et s’appuie sur les propres expériences de Simone Pacot.

Simone Pacot forma divers laïcs, prêtres catholiques et pasteurs protestants à sa pédagogie et coanima avec eux les sessions « Bethasda ». Lors de celles-ci, on repérait la transgression de ces cinq lois qui conduisent vers des chemins de mort, en travaillant successivement sur l’événement blessant (que m’est-il arrivé ?), la racine de la fausse route (comment ai-je réagi ?), la Parole de Dieu (que me dit-elle ?), la repentance issue de cette Parole (à quel mouvement intérieur m’amène-t-elle ?) et la conversion (quel pas puis-je poser ?).

 

Ouvrages

Elle a écrit une trilogie, publiée aux éditions du Cerf, sur le thème de l’évangélisation des profondeurs :

L’Évangélisation des profondeurs, 1997

Reviens à la vie !, 2002

Ose la vie nouvelle! 2003

Ouvrir la porte à l’Esprit, 2007

Elle a coécrit :

Itinéraires : Des chrétiens témoignent (2000) en collaboration avec Jean Boissonnat, Jacques Poujol et Frédéric de Coninck, éd. Empreinte Temps Présent

 

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ECRIVAIN LIBANAIS, KHALIL GIBRAN (1883-1931), LE PROPHETE, LITTERATURE, LITTERATURE LIBANAISE, LIVRE, LIVRES, LIVRES - RECENSION, MEDITATIONS, SPIRITUALITE

Le prophète de Khalil Gibran

Le Prophète

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Le livre

Le Prophète (en anglais : The Prophet) est un livre du poète libanais Gibran Khalil Gibran (1883-1931) publié en 1923 en anglais et qui est devenu un immense succès international traduit dans plus de quarante langues. L’ouvrage combine les sources orientales et occidentales du mysticisme et présente sous une forme poétique questions et réponses sur les thèmes les plus divers posées à un sage qui s’apprête à quitter la ville d’Orphalese où il habitait.

Un ouvrage écrit dans une langue limpide où se multiplie au fil des questions de ses intorlocuteurs des images évocatrices et fortes : à travers l’enseignement d’Al-Mustafa se dessinent quelques-uns des multiples interrogations de l’expérience humaine. Rien n’échappe à la leçon du Sage : amour, joie, liberté, douleur, connaissance de soi, beauté, couple, passion, mort… La vie la plus intime, comme les problèmes les plus quotidien. C’est un hymne à la vie et à l’épanouissement de soi et c’est pourquoi cet écrit fut populaire dans les années où le New âge s’imoposa auprès d’une population en quête de spiritualit. Le Prophète s’impose désormais comme l’un des textes cultes du XXème siècle.

« Je ne connais pas d’autre exemple, dans l’histoire de la littérature, d’un livre qui ait acquis une telle notoriété, qui soit devenu une petite bible pour d’innombrables lecteurs, et qui continue cependant à circuler en marge, comme sous le manteau, sous des dizaines de millions de manteaux, comme si Gibran était toujours un écrivain secret, un écrivain honteux, un écrivain maudit » Amin Maalouf

Le genre littéraire adopté rappelle Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche, même si le contenu du livre en est très différent.

Traductions

Le prophète a été publié et traduit de nombreuses fois, par différents éditeurs, du format poche jusqu’au tirage de luxe.

Le texte original (en anglais) a été traduit à plusieurs reprises en français (dès 1926 par Madeline Mason-Manheim. Parmi les plus courantes, on trouve les traductions de : Anne Wade Minkowski, Marc de Smedt, Camille Aboussouan.

Khalil Gibran (1883-1931)

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Gibran Khalil Gibran (جبران خليل جبران) est un poète et peintre libanais.

Gibran est né de la fille d’un prêtre de rite maronite. Les prêtres qui rendent visite régulièrement à sa famille lui apprennent la langue arabe et ainsi que la langue syriaque aussi bien que l’étude de la Bible.

Le père de Gibran travaille d’abord comme apothicaire, mais, avec la dette de jeu qu’il est incapable de payer, il se met au service d’un administrateur ottoman. Il est incarcéré sur des allégations de détournement de fonds, et les biens de sa famille sont confisqués par les autorités. Privée de logement, Kamlé, la mère de Gibran, décide de rejoindre son frère aux États-Unis.

La famille Gibran s’installe dans le South End de Boston, à l’époque la deuxième plus grande communauté Syrie/Liban-américaine aux États-Unis. Gibran est placé dans une classe spéciale pour les immigrants par l’administration de son école pour mieux apprendre l’anglais. Gibran est aussi inscrit dans une école d’art.

Mais la mère de Gibran, ainsi que son frère aîné, Boutros, veulent l’imprégner de son patrimoine culturel d’origine, ainsi, à quinze ans, Gibran est renvoyé dans son pays natal pour étudier à l’école préparatoire et à l’institut d’enseignement supérieur à Beyrouth gérés par les maronites. Il y reste pendant plusieurs années avant de retourner à Boston en 1902, arrivant sur Ellis Island.

Gibran tient sa première exposition de ses dessins en 1904 à Boston. En 1908, Gibran va étudier l’art avec Auguste Rodin à Paris pour deux ans. Tandis que la plupart de ses premiers écrits sont en arabe (La Musique, Les Ailes brisées, Les Nymphes des vallées, Les Tempêtes...), la majeure partie de son travail après 1918 a été écrite et publiée en anglais.

L’ouvrage le plus connu de Gibran s’intitule Le Prophète, un livre composé de vingt-six textes poétiques. Le livre est devenu particulièrement populaire pendant les années 1960 dans le courant de la contre-culture et les mouvements New Age.

CONRAD DE MEESTER (1936-2019), EGLISE CATHOLIQUE, FOYERS DE CHARITE, GEORGRS FINET (1898-1951), LA FRAUDE MYSTIQUE DE MARTHE ROBIN, LEON FAURE (1873-1955), LIVRE, LIVRES, LIVRES - RECENSION, LIVRES DE SPIRITUALITE, MARTHE ROBIN (1902-1981), MYSTIQUES, SPIRITUALITE

La fraude mystique de Marthe Robin : le livre choc du Père Conrad De Meester

 La fraude mystique de Marthe Robin

Conrad de Meester

Paris, Le Cerf, 2020. 416 pages.

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Présentation de l’éditeur.

Jeûne perpétuel, stigmates hebdomadaires, conversations mystiques et dictées divines : quel miracle n’a pas connu Marthe Robin (+1981) ? Tout était faux, cependant, car tout était simulé. Cette investigation renversante d’un grand expert catholique ne fait pas que dévoiler une fraude. Elle démasque la  » bonne foi  » qui l’a permise. Un document brûlant.

Il est des livres d’investigation dont les révélations provoquent un avant et un après. Parce qu’ils dévoilent un mensonge établi, en démontant chaque raison secrète, chaque rouage caché, en démasquant les auteurs, les complices et les victimes.
Tel est cet ouvrage, appelé à causer un séisme au sein de l’univers catholique.
C’est en odeur de sainteté que meurt Marthe Robin en 1981. La paralysée de la Drôme a passé des décennies à se nourrir seulement de la communion, à connaître des visions surnaturelles, à éprouver les stigmates du Christ et à transmettre ses dialogues avec Dieu. Elle a reçu des milliers de visiteurs et inspiré le mouvement international des Foyers de Charité. Ses disciples voulaient qu’elle soit béatifiée et canonisée. Pensant en faire l’avocat de leur cause, ils confièrent ses archives au carme Conrad De Meester.
Mais le spécialiste de la mystique féminine, va se faire le procureur de Marthe Robin. Le rapport circonstancié qu’il adresse à Rome, dans lequel il démontre et dénonce une fraude systématiquement organisée, est enterré. Au soir de sa vie, il reprend son réquisitoire, entraînant le lecteur dans la reconstitution de son enquête, déroulant une à une les pièces à conviction, enchaînant les découvertes graphologiques, textuelles, chronologiques, factuelles, médicales qui démontrent la construction de l’imposture.
C’est le manuscrit retrouvé dans la cellule de Conrad De Meester à sa mort, le 6 décembre 2019, que publie les Éditions du Cerf, son éditeur historique. Afin que, selon son vœu , triomphe l’exigence évangélique de la vérité.

 Biographie de l’auteur

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Né en mars 1936 près de Gand, et rentré à 18 ans dans l’ordre des carmes déchaux dans la Province des Flandre, Conrad De Meester a été ordonné prêtre en 1963, à Rome. Après une thèse remarquée sur la théologie de Thérèse de Lisieux », il se spécialise dans la spiritualité carmélitaine, comme il le prouvera avec ses ouvrages importants sur Thérèse d’Avila, sur le carme français Laurent de la Résurrection (1614-1691), ainsi que sur la carmélite de Dijon; Élisabeth de la Trinité (1880-1906) et sur la carmélite juive allemande Édith Stein (1891-1942).  Il publiait également beaucoup dans des revues. Il est décédé en décembre 2019.

 

 

 «La fraude mystique de Marthe Robin», un livre-brûlot

Le dossier de Marthe Robin était en bonne voie pour une béatification de cette mystique catholique, jusqu’à ce que le Père Conrad De Meester, spécialiste en mystique carmélitaine, dans un livre posthume affirme qu’il s’agit d’une imposture.

L’Eglise catholique n’avait pas besoin de ce scandale de plus. La plupart des mouvements spirituels nés dans la deuxième partie du siècle dernier sont aujourd’hui gravement mis en cause par les révélations d’abus spirituels ou des comportements sexuels déviants de leurs fondateurs. Et l’on apprend qu’une des personnalités les plus populaires de la France qui a été déclaré Vénérable par le pape François le 7 novembre 2014 voit sa cause de béatification (peut-être ?) remise en question..

Durant des décennies, des nombreuses personnalités religieuses et nombre de laïcs catholiques ont défilé à Châteauneuf-de-Galaure (Drôme) pour prier au chevet de Marthe Robin et prendre des conseils pour leur vie. Née en 1902, malade très jeune, condamnée à garder la lit, la jeune fille a rapidement fait part de visions de la Vierge Marie et de Jésus. À partir de 1930, elle ne se nourrit, d’après les témoignages de ses proches, que de l’hostie quotidienne. Les visites de grandes figures catholiques se multiplient à son chevet. Avec son père spirituel, l’abbé Georges Finet, Marthe Robin créée le premier Foyer de charité, maison animée par un prêtre destinée à l’accueil de retraitants. Ces Foyers se sont fortement développés depuis en France et dans le monde.

 

Marthe Robin, une fausse mystique?

À la mort de la mystique en 1981, une cause en béatification est engagée, longtemps en bonne voie au Vatican. Mais depuis quelques années, les nuages s’accumulent. En 2017, le père Bernard Peyrous, postulateur (en charge) du dossier, est contraint de démissionner. Motif : « accusation de gestes gravement désordonnés», ceci dans un contexte où des abus sexuels sont révélés et sèment le trouble chez tous les catholiques. Deux ans plus tard, les mêmes soupçons atteignent le père Finet (mort en 1990), certaines femmes ayant raconté son comportement durant les confessions alors qu’elles étaient adolescentes. Et les Foyers de Charité doivent diligenter une enquête interne.

C’est donc dans ce contexte que le libre du carme Conrad de Meester est publié. Religieux flamand, docteur en théologie, auteur d’études sur Thérèse de Lisieux et d’autres grandes mystiques, il est décédé en décembre 2019. Les proches de Marthe Robin lui avaient confié ses archives. Mais ses travaux où il passe au crible la vie et les écrits de la « mystique de la Drôme » le font fortement douter de la véracité des phénomènes mystiques de Marthe Robin ; son rapport qui est envoyé à Rome ne sera pas retenu. Le manuscrit retrouvé dans sa cellule après sa mort est publié aujourd’hui par les éditions du Cerf, son éditeur historique. Le titre ne laisse pas de place à l’équivoque : La fraude mystique de Marthe Robin.

Dans le dernier chapitre intitulé « En guise d’épilogue : Un vécu pauvre » l’opinion de l’auteur est sans appel :

« La découverte des secrets de fabrication les plus douteux, dans les mots et les actes, quant à la construction volontaire d’une fiction qui aura caractérisé la destinée de la ‘stigmatisée de la Drôme’ ne laisse aucun doute sur le jugement qu’il faut lui appliquer.

« C’est pourquoi à mon sens, de la fraude mystique de Marthe Robin, il n’y a rien, à proprement parler, non seulement à vénérer, mais aussi à conserver. »

Une affaire qui interroge le goût du miracle et le culte voué à certaines personnes !

L’étude du religieux établirait que les propos des prétendues visions de Marthe Robin seraient en fait des plagiats de textes spirituels trouvés dans des ouvrages du XIXe siècle. Quant aux chaussons de celle qui vivait prisonnière de son lit par la maladie, ils montreraient des marques d’usure inexplicables.

L’affaire Marthe Robin peut offrir l’occasion au monde catholique d’une saine interrogation sur une certaine soif de miracle. Et de l’aveuglement qui peut en découler. Sans parler de la question des visions, peut-on réellement croire à la survie d’une femme affaiblie, nourrie par une hostie par jour durant des décennies ? Et, plus important sans doute, en quoi, une telle dévotion peut-elle affermir sa foi dans le Christ ?

La question de l’authenticité

Le père Bernard Peyrous, membre de la Communauté de l’Emmanuel et postulateur du dossier de béatification de Marthe Robin, a été démis de ses fonctions par l’Eglise catholique le 30 octobre 2017 à la suite d’accusations de « gestes gravement inappropriés ».

Une commission de recherches fait état en mai 2020 d’ « agissements  gravement déviants » de la part du père Georges Finet, le père spirituel de Marthe Robin et fondateur des Foyers de Charité. La Conférence des évêques de France  a publié un communiqué de presse encourageant « les membres des Foyers et les amis des Foyers à mener à bien [le] travail de révision et de renouveau, en s’appuyant sur l’exemple et l’intercession de Marthe Robin.

En octobre 2020 paraît le livre du père Conrad De Meester, La Fraude mystique de Marthe Robin. Ce document est, selon le journal catholique La Vie, « une claire contestation de la décision romaine ». Selon l’auteur, les écrits mystiques et correspondances de Marthe Robin, courant sur des milliers de pages, sont des plagiats d’au moins vingt-neuf mystiques plus ou moins connues des siècles précédents, notamment Madeleine Sémer, Marie-Antoinette de qGeuser – jusqu’à 23 passages dans une seule note –, V éronique Giuliani, Anne-Catherine Emmerich, Catherine de Sienne, et Thérèse d’Avila, dont les livres lui avaient été recommandés ou offerts. De nombreux passages sont par ailleurs réutilisés dans ses « passions » du vendredi, qui procèdent, selon Conrad de Meester, de mises en scène plus que d’expériences mystiques véritables. Par ailleurs, selon ses analyses graphologiques, les écrits de cinq secrétaires non identifié(e)s seraient en réalité de la main même de Marthe Robin, ce qui jette un doute sur la réalité de sa paralysie. Enfin, l’auteur soulève de nombreuses questions médicales, jamais abordées du vivant de Marthe Robin, ni juste après sa mort (absence d’autopsie), avançant des éléments tentant à faire douter de l’inédie de l’intéressée.

Selon un article de Jean-Marie Guénois dans Le Figaro, cette « thèse est vigoureusement contestée, depuis l’annonce de la publication, par la famille de Marthe Robin, par les Foyers de Charité, œuvre qu’elle a fondée. Et, sur un mode officieux pour l’heure, mais formel, par le Vatican ». Sophie Guex, postulatrice de la cause de béatification de Marthe Robin depuis l’éviction de Bernard Peyrous, s’oppose aux conclusions du père De Meester. La Congrégation pour les causes des saints, pour sa part, affirme que ce livre n’apporte rien de neuf : Conrad De Meester a été auditionné, son rapport a été reçu et étudié, l’Eglise a répondu à ses objections sans retenir ses théories.

Marthe Robin : biographie d’une mystique, ses prédictions et stigmates

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Marthe Robin est une mystique française qui a vécu plus de 50 ans en ne mangeant que des hosties. Sa maladie invalidante, ses stigmates et ses visions font d’elle une candidate pour la béatification.

Marthe Robin est née le 13 mars 1902 à Châteauneuf-de-Galaure dans la Drôme. La vie de la mystique est marquée par la maladie, la douleur et la réclusion. En 1903, elle montre les symptômes d’une fièvre typhoïde. À l’âge de 16 ans, elle sombre pendant 27 mois dans le coma, après une encéphalite léthargique. Miraculée, elle échappe de peu à la mort, mais elle gardera toute sa vie des séquelles et une santé fragile. À partir de 1928, après plusieurs rechutes, ses membres inférieurs se paralysent. Incapable de se mouvoir ni de dormir, la pieuse Marthe Robin garde le lit jusqu’à la fin de ses jours. En 1936, avec l’aide du père Georges Finet, Marthe Robin fonde les Foyers de Lumière, de Charité et d’Amour.

Marthe Robin reçoit d’abord une vision mariale : la vierge lui est apparue en 1921. Les stigmates de la passion apparaissent en 1930 : elle présente les mêmes plaies que le Christ sur la croix. Elle est également connue pour avoir vécu 50 ans malgré un jeûne strict. Le corps de la jeune femme rejetant toute autre forme de nourriture ou de boisson, Marthe Robin se nourrissait uniquement d’hosties qu’elle prenait occasionnellement, une à deux fois par semaine. Cette inédie de 51 ans n’a pu être prouvée cliniquement. Dans la ferme familiale, jusqu’à la fin de ses jours, aveugle et épuisée par la maladie, Marthe Robin reçut jusqu’à 100 000 personnes. En effet, dans sa chambre à coucher, plongée dans l’obscurité, puisque Marthe Robin ne supportait pas la lumière, la jeune mystique délivre visions mystiques, messages et conseils spirituels, jusqu’au bout de ses maigres forces. Quant à ses prédictions, elles se rapportent principalement à la Pentecôte d’amour, un renouveau spirituel. Après des années de maladie, la jeune femme décède le 6 février 1981 à Châteauneuf-de-Galaure. Elle est enterrée au cimetière de Saint-Bonnet de Galaure.

Les Foyers de charité

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Les Foyers de charité, co-fondés en 1936 par Marthe Robin et le Père Georges Finet, sont des communautés qui rassemblent des laïcs, hommes et femmes, célibataires ou mariés, et des prêtres.

À l’exemple des premiers chrétiens, ils vivent ensemble et mettent en commun leurs biens et leurs compétences. La prière y tient une place prépondérante. Leur mission principale est de contribuer à la « nouvelle évangélisation » par le moyen de retraites spirituelles.

 Origines

Les Foyers de charité (forme abrégée de Foyers de lumière, de charité et d’amour) ont été fondés en 1936 par Marthe Robin et le père Georges Finet à Châteauneuf-de-Galaure (Drôme). En 1986, le Conseil pontifical pour les laïcs a reconnu l’œuvre des Foyers de charité comme association privée internationale de fidèles   puis l’a confirmée en 1999.

 Description

Les Foyers sont des lieux de prière où vivent des laïc, hommes et femmes (consacrés dans le célibat qui à l’exemple des premiers chrétiens mettent en commun leurs biens, leurs compétences et leurs charismes pour vivre et annoncer l’Evangile (avec un prêtre, le « père du Foyer »).

Par leur travail, leur prière, leur vie fraternelle et leur accueil, ils manifestent l’amour de Dieu pour tout homme et la beauté de la vie avec le Christ.

Leur mission principale est l’animation de retraites spirituelles, , dans un cadre familial et un climat de silence. On peut trouver là une mise en œuvre originale des intuitions développées au cours du concile Vatican II.

En 2016, l’œuvre fête ses 80 ans, à cette occasion, les 250 délégués représentant toutes les communautés se retrouvent à Châteauneuf-de-Galaure et élisent un nouveau père modérateur, le sénégalais Moïse Ndione.

 Revue

L’œuvre des Foyers de charité publie régulièrement une revue, intitulée L’Alouette , qui aborde différents thèmes, relatifs à la vie de l’Église et à la vie spirituelle.

 Rayonnement

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L’œuvre de Marthe Robin s’est étendue dans le monde entier. Il existe aujourd’hui 78 foyers de charité répartis dans 42 pays et comprenant environ mille membres. En 2015, Domitille et Alexandre Roduit créent le projet Resplandor dont l’objectif est de mettre en place une structure destinée à soutenir l’envoi de jeunes volontaires dans les foyers de charité du monde 

 Abus sexuels

En septembre 2019, après des témoignages sur internet, une enquête interne est engagée concernant des actes pédophiles commis en particulier par le père Georges Finet Un rapport, publié en mai 2020, présente le témoignage de 26 femmes qui auraient été victimes d’agressions sexuelles notamment pendant la confession.

Le Père Léon Faure (1873-1955)

Né à Manthes (Drôme) en 1873 et décédé en 1955. Prêtre du diocèse de Valence. Curé de Châteauneuf-de-Galaure à partir de 1923. Il fut le premier père spirituel de Marthe Robin avant d’être remplacé par le Père Finet

 

Georges Finet

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Georges Finet, né le 6 septembre 1898 à Villeurbanne et mort le 14 avril 1990 à Châteauneuf-de-Galaure. est un prêtre catholique et prédicateur français, principalement connu en tant que père spirituel de Marthe Robin et cofondateur des Foyers de Charité..

Biographie

Formation

Georges Finet naît le 6 septembre 1898 à Villeurbanne au sein d’une famille bourgeoise, travailleuse, pieuse et unie dont il restera proche toute sa vie. Il est baptisé le lendemain en la basilique Notre-Dame-de-Fourvière. Fils de Ludovic et Marie-Antoinette Finet, il a deux frères dont un, Pierre, deviendra jésuite et trois sœurs dont une deviendra petite sœur de l’Assomption.

À l’âge de 12 ans, il entre comme pensionnaire à l’institut des Chartreux, où il est un bon élève. Fin mai 1915, à l’âge de 17 ans, il part pour une brève retraite de fin d’études à Ars-sur-Formans, où il ressent un appel à la prêtrise alors qu’il est en adoration eucharistique en la petite chapelle de la Providence. Il est alors envoyé au séminaire français de Rome,   où il découvre Le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge de Louis-Marie Grignon de Montfort qui représente une étape décisive. Après cette lecture, il décide en effet de remettre à la Vierge Marie la conduite de sa vie intérieure et ses actions extérieures.

Il doit cependant interrompre ses études car il est mobilisé en 1917. Durant la guerre, il apprend notamment à « commander en se faisant aimer par ses hommes ».  Il entre ensuite à l’Université pontificale grégorienne.

Missions

Georges Finet est ordonné le 8 juillet 1923 en la chapelle des Chartreux à Lyon, par le cardinal Louis-Joseph Maurin. Il est alors nommé vicaire de la paroisse ouvrière d’Oullins, puis devient curé de la primatiale Saint-Jean-de-Lyon en 1925. Il est parallèlement responsable d’un groupe de jeunes et passe beaucoup de temps à confesser.

En 1933, il devient sous-directeur de l’enseignement libre et doit ainsi gérer 850 écoles. Considérant que la foi est présentée aux enfants de manière peu satisfaisante, il publie notamment, en 1948, un manuel de doctrine catholique. De 1930 à 1939, il organise également des conférences dominicales chez les Sœurs de Notre-Dame-du-Cénacle pour faire connaître et aimer la Vierge Marie. Le succès de sa prédication est tel que les auditrices passent de 12 à 300.

Foyers de Charité

Le 10 février 1936, Georges Finet rencontre à Châteauneuf-de-Galaure la vénérable Marthe Robin, dont il devient le père spirituel. Ensemble, ils créent les Foyers de Charité dont il devient également le responsable. Il les définit comme un « séminaire pour les laïcs » marqué par des retraites « riches de l’essentiel », dans le silence, la prière liturgique et personnelle et une forte dévotion à la Sainte Vierge. Réputé pour son zèle religieux, il prêche au total 486 retraites et fait de nombreux voyages pour développer d’autres foyers.

En 1986, soit 5 ans après la mort de Marthe Robin, l’Œuvre des Foyers de Charité est enfin reconnue par le Conseil pontifical pour les laïcs. Entretemps, d’autres foyers ont été érigés en France, en Amérique latine (1958), en Afrique  (1961) et à Saïgon 1968), puis dans d’autres pays en Asie . Le père Finet meurt finalement le 14 avril 1990 l, pendant le Samedi-Saint.

 Controverses

Le 22 février 2019, suite aux scandales d’abus sexuels sur mineurs dans l’Eglise catholique, France-Culture diffuse plusieurs témoignages de victimes présumées avoir été abusées par des prêtres pendant leur minorité. L’une d’elles durant son témoignage (d’abus en pensionnat dans un tout autre cadre) rapporte des propos que lui aurait confiés une amie décédée depuis plusieurs années, « les confessions avec le Père Finet c’était pas drôle, c’était la tête entre ses cuisses »

Le 19 septembre 2019, La Croix révèle que le Père Georges Finet fait l’objet d’une commission de recherche composée d’experts indépendants ayant gardé l’anonymat et présidée par Françoise Gaussen, ancienne directrice de l’enseignement catholique du diocèse de Marseille. En effet les foyers de la charité ont été « interpellés à plusieurs reprises au sujet du père Georges Finet sans pouvoir vérifier la véracité des témoignages » selon le père Moïse Ndione, modérateur de la communauté.

Le 7 mai 2020, l’œuvre des Foyers de Charité rend publique la synthèse du rapport de la commission de recherche qui a récolté 143 témoignages sur une large période allant de 1945 à 1983. La synthèse note que « la majorité des personnes qui ont contacté la commission ont souhaité apporter un témoignage de reconnaissance envers le père Finet » et « n’ont jamais rencontré de problèmes avec le père Finet, notamment en confession, sinon d’éventuelles maladresses dans les questions posées ». Néanmoins, « 26 femmes, principalement des anciennes élèves de Châteauneuf-de-Galaure, alors âgées pour la plupart de 10 à 14 ans, ont dénoncé le comportement du père Finet au cours de confessions. Des témoignages concordants relatent des touchers du corps, parfois à même la peau, sous les vêtements, et des questions intrusives sur leur sexualité. Ces agissements ont constitué de graves intrusions dans la vie intime de ces jeunes filles et jeunes femmes, et leur ont causé des blessures psychologiques et spirituelles. 15 personnes victimes témoignent de souffrances encore vives aujourd’hui. ».

Cette enquête et sa méthodologie sont critiquées par la philosophe et théologienne Aline Lizotte et par l’abbé Bernard du Puy-Montbrun, docteur en droit canonique, selon qui ce rapport serait contraire au droit pénal notamment en transformant la présomption d’innocence en présomption de culpabilité et en accusant un mort alors qu’il n’existe pas de procès post-mortem.

De son côté, l’hebdomadaire Golias avance que selon ses informations « c’est la direction des Foyers de Charité qui a rédigé la synthèse du rapport de la Commission » et suggère qu’il s’agit « d’une tentative de se débarrasser d’un fondateur » : « sa figure d’envergure gênait pour la transformation souhaitée de l’œuvre des Foyers. »

Le 7 juin 2020, le père Moïse Ndione fait état dans une lettre aux membres de l’Œuvre de vingt nouveaux témoignages s’ajoutant aux 26 autres qui « confirment de manière concordante des agissements graves du père Finet ».

Le 10 juin, un collectif d’anciennes élèves de l’école du Foyer de Châteauneuf-de-Galaure conteste l’enquête de la Commission Gaussen qu’elle estime « illicite et non fondée malgré les apparences ».

Répondant aux critiques, Thierry Coustenoble, secrétaire général des Foyers, déclare au magazine Famille chrétienne que « la composition de la commission a respecté les directives données par le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, et s’est faite en collaboration avec les services de la Conférence des évêques de France (CEF). ». L’information est confirmée à l’hebdomadaire par Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la CEF qui explique : « L’objectif n’est pas de condamner le Père Finet, mais de faire la vérité sur ses actes ».

En septembre 2020, 42 anciennes élèves de Châteauneuf-de-Galaure portent plainte contre X avec constitution de partie civile pour « diffamation envers la mémoire d’un mort » devant le Tribunal judiciaire de Paris..

ECRIVAIN CHRETIEN, ECRIVAIN FRANÇAIS, GEORGES BERNANOS, GEORGES BERNANOS (1888-1948), NOS AMIS LES SAINTS, SAINTETE, SAINTS, SPIRITUALITE

Nos amis les saints de Georges Bernanos

Nos amis les saints de Georges Bernanos

(Tunis, 1947)

All-Saints

Georges Bernanos, «Nos amis les saints» 1 1 Tunis, 1947.

Nos amis les saints Ces grandes destinées échappent, plus que toutes les autres, à n importe quel déterminisme : elles rayonnent, elles resplendissent d une éclatante liberté. Si le père de Foucauld en personne m avait demandé cette conférence, je me demande si je n aurais pas réussi à trouver quelque raison de lui refuser, que son indulgence eût probablement jugée valable. Mais il m a fait demander la chose par ses filles, et me voilà ici devant vous, nous voilà tous rassemblés ici pour bien prouver que les filles du père de Foucauld finissent toujours par faire ce qu elles veulent. Ce n est peut-être pas tout à fait un miracle mais ça y ressemble déjà pas mal. Admettons que ce soit un miracle préparatoire. Car ayant imprudemment décidé de vous parler ce soir d un pays où je n ai jamais mis les pieds, bien que je sois un vieux voyageur, dont je ne suis même nullement sûr d avoir jamais rencontré un seul habitant authentique, un seul autochtone, bref, puisque j ai décidé de vous parler des saints et de la sainteté, le miracle, le vrai miracle, le miracle incontestable serait que vous réussissiez à m écouter sans ennui… Enfin que voulez-vous que je vous dise? Tâchez d être le plus indulgent possible : c est mon premier sermon. Vous me direz que j aurais pu choisir un autre sujet. Ce n est pas sûr, le plus souvent, voyez-vous, ce n est pas nous qui choisissons le sujet, c est le sujet qui nous choisit. Les amateurs de littérature croient volontiers qu un écrivain fait ce qu il veut de son imagination. Hélas l autorité de l écrivain sur son imagination d écrivain est à peu près celle que le Code civil nous garantit vis-à-vis de nos charmantes et pacifiques compagnes, vous voyez d ici ce que je veux dire? Lorsque m est parvenue la lettre que sœur Simone du Cœur Eucharistique m avait fait l honneur de m écrire, mon premier mouvement – je crois l avoir déjà dit – a été de me dérober, dans le sens où on dit qu un cheval se dérobe. Si je ne refuse pas l obstacle du premier coup, j aime autant après le sauter à fond comme les vieux chevaux consciencieux qui le prennent toujours au centre à l endroit le plus haut… «Ah! c est donc comme ça, ai-je pensé. Tant pis pour eux! Je vais leur parler de la sainteté.» Mais, soyons francs, le sujet, le fameux sujet m avait déjà mis le grappin dessus, et je sentais très bien que le sort en était jeté, que je ne pourrais pas vous parler d autre chose. Et d abord qu est-ce que je me propose en parlant des saints? Oh! certainement pas de vous édifier! Si je vous édifie ce sera du moins sans le faire exprès, je vous assure. Nous allons essayer de parler des saints, tranquillement, comme les enfants parlent entre eux des grandes personnes, nous ne prétendons rien d autre qu échanger nos impressions sur ces hommes à la fois si éloignés et si proches de nous. Cela me rappelle un vers célèbre d Eluard dans son poème Guernica : «La Mort si difficile… et si facile…» On pourrait très bien en dire autant de la sainteté… Elle nous paraît terriblement difficile, peut-être simplement parce que nous ne savons pas, nous ne nous demandons même jamais sérieusement ce qu elle est. Il en est de même pour les enfants qui parlent des grandes personnes. Ils ne savent pas ce qu ils en pensent, ils n osent pas savoir ce qu ils en pensent, ils se contentent de jouer au monsieur et à la dame. Puis, peu à peu, à force de jouer ainsi aux grandes personnes, ils deviennent grands à leur tour. Peut-être la recette est-elle bonne? Peut-être, à force de jouer aux saints, finirions-nous par le devenir? En tout cas, il semble bien que la petite sœur Thérèse ne s y soit pas prise autrement, on pourrait dire qu elle est devenue sainte en jouant aux saints avec l Enfant Jésus, comme un petit garçon qui, à force de faire tourner un train mécanique devient, presque sans y penser,  ingénieur des chemins de fer, ou même plus simplement chef de gare… Permettez-moi de m en tenir un moment à cette comparaison de chemin de fer. Je ne la trouve pas si bête, après tout… On peut parfaitement imaginer l Eglise ainsi qu une vaste entreprise de transport, de transport au paradis, pourquoi pas? Eh bien, je le demande, que deviendrions-nous sans les saints qui organisent le trafic? Certes, depuis deux mille ans, la compagnie a dû compter pas mal de catastrophes, l arianisme, le nestorianisme, le pélagianisme, le grand schisme d Orient, Luther… pour ne parler que des déraillements et télescopages les plus célèbres. Mais, sans les saints, moi je vous le dis, la chrétienté ne serait qu un gigantesque amas de locomotives renversées, de wagons incendiés, de rails tordus et de ferrailles achevant de se rouiller sous la pluie. Aucun train ne circulerait plus depuis longtemps sur les voies envahies par l herbe. Oh! je sais bien que certains d entre vous se disent en ce moment que je fais la part trop belle aux saints, que je donne trop d importance à des gens tout de même un peu en marge, et que j ai tort de comparer à de paisibles fonctionnaires, d autant plus qu en dépit de toute tradition administrative, ils bénéficient de l avancement au mérite et non pas à l ancienneté, qu on les voit passer brusquement du modeste emploi d homme d équipe à celui d inspecteur général ou de directeur de la compagnie, alors même qu ils en ont été fichus brutalement à la porte, comme Jeanne d Arc, par exemple. Mais je crois qu il vaut mieux arrêter là mes comparaisons ferroviaires, ne serait-ce que pour épargner l amour-propre, toujours un peu scrupuleux, de MM. les ecclésiastiques, particulièrement, c est trop naturel, de ceux qui m ont fait l honneur de venir m entendre et qui doivent se demander avec inquiétude de quoi ils sont au juste chargés dans cette imaginaire compagnie de transport : la distribution des billets ou la police des gares?… Je voudrais que vous reteniez seulement de mon propos  cette idée que l Eglise est en effet un mouvement, une force en marche, alors que tant de dévots et de dévotes ont l air de croire, feignent de croire, qu elle est seulement un abri, un refuge, une espèce d auberge spirituelle à travers les carreaux de laquelle on peut se donner le plaisir de regarder les passants, les gens du dehors, ceux qui ne sont pas pensionnaires de la maison, marcher dans la crotte. Oh! il est certainement parmi vous de ces hommes du dehors que scandalise profondément la sécurité des chrétiens médiocres, sécurité qui ressemble à la légendaire sécurité des imbéciles – probablement parce que c est la même… Mon Dieu, croyez-moi, je ne me fais pas tellement d illusions sur la sincérité de certains incroyants, je n entre pas dans tous leurs griefs, je sais que beaucoup d entre eux s efforcent de justifier leur propre médiocrité par la nôtre, rien de plus. Mais je ne peux pas m empêcher de les aimer, je me sens terriblement solidaire de ces gens qui n ont pas encore trouvé ce que j ai reçu moi-même sans l avoir mérité, sans l avoir seulement demandé, dont je jouis dès le berceau, pour ainsi dire, et par une sorte de privilège dont la gratuité m épouvante. Car je ne suis pas un converti, j ai presque honte de l avouer, puisque depuis une vingtaine d années la mode est aux convertis, peut-être parce que les convertis parlent beaucoup, parlent énormément de leur conversion, un peu à la manière de ces malades guéris qui ne nous font grâce d aucun des détails de leur ancienne maladie, vous assomment d élixirs et de pilules. Faut-il ajouter que les cléricaux ont beaucoup de goût pour cette sorte de gens, et il est certain que leur témoignage a la même valeur publicitaire que celui de ces messieurs dont on voit la photographie à la quatrième page des journaux. L histoire religieuse – l histoire religieuse est sans doute un mot trop prétentieux – disons donc la chronique dévote de la première moitié du siècle est pleine de conversions littéraires. Une des plus célèbres fut celle de M. Paul Claudel qui nous a retracé toutes les circonstances de ce matin mémorable où, dissimulé derrière une colonne de Notre-Dame de Paris, il a senti tout à coup ce mystérieux mouvement intérieur, ce spasme 5 spirituel,  cette  espèce  d éternuement  de  l’âme  par  laquelle  a commencé  une  prestigieuse  carrière  de  poète  catholique  qui  vient de  recevoir  son  couronnement  à  l’Académie  française  comme  sa nomination  au  poste  envié  de  Washington  avait  mis  le  sceau suprême  à  la  carrière,  non  moins  prestigieuse,  du  fonctionnaire. Nous  avons  connu  d’autres  conversions  littéraires  presque  aussi retentissantes, bien que souvent moins solides, celle de M. Cocteau par  exemple,  signée  par  M.  Jacques  Maritain  (les  conversions littéraires peuvent être signées comme des toiles de maître) ou celle -portant  la  même  signature -de  ce  pauvre  Sachs  qui  alla,  lui, jusqu’au  séminaire  et  dont  la  première  soutane  avait  été  coupée chez  Paquin. N’importe ! Je  m’excuse  de  m’être laissé aller à ces plaisanteries sur les convertis, mais elles ne leur font pas grand mal, et  je  leur  reproche  de  ne  pas  comprendre  toujours  grand-chose  à ceux  dont ils ont  partagé auparavant  l’erreur,  ce  qui  est  d’ailleurs parfaitement naturel, car il est rare qu’un converti ne se soit pas un peu converti aux dépens de quelqu’un ou de quelque chose… Mais un chrétien tel que moi, ou que beaucoup d’ entre vous pour lesquels la  foi  catholique  est  un  élément  hors  duquel  ils ne  pourraient  pas  plus  vivre  qu ’un  poisson  hors  de  l’eau,  comment  voudriez – vous qu’ ils ne sentissent pas de l’angoisse, et comme une sorte de honte, en face de ceux de leurs frères, incompréhensiblement privés de ce qui ne leur a jamais manqué une seconde ? Si j’étais converti pour ma  part, j ’aurais beau  me  répéter  sans cesse  que  ce n’est  pas  moi qui ai trouvé Dieu, que c’est Lui qui m’a trouvé, c’est là un de ces raisonnements   dont   on   cherche   plutôt   à   se   rassurer   qu’à   se convaincre.  Au  lieu  que  je  ne  saurais  pas  plus  me  vanter  d’être chrétien   que   de   parler   correctement   ma   langue   maternelle. Comment  voudriez-vous  que  je  ne  me  sente  pas  gravement  et profondément engagé vis-à-vis de ceux qui doivent, pour apprendre ce  langage,  oublier  péniblement  le  leur,  celui dont  ils  se  sont toujours servis ? Que les chrétiens qui m’écoutent veuillent bien me pardonner. N’y eût-il parmi eux qu’un seul étranger à notre foi, c’est pour lui seul   que   je   parlerais   en   ce   moment.   Je   rougirais   trop   qu’il 7s’imaginât que je m’adresse à lui du plus profond, du plus creux de ma sécurité de croyant -comme d’un gîte sûr et tiède-, que je reste étranger à son risque. Ce n’est pas vrai, non ce n’est pas vrai que la foi  est  une  sécurité,  du  moins  au  sens  humain  du  mot.  Oh ! sans doute,  on  rencontre,  de  par  le  monde,  beaucoup  de  chrétiens médiocres qui ne demandent pas mieux que de se faire des illusions là-dessus, se croient sûrs de la grâce de Dieu, et mettent au compte de la religion l’espèce de contentement de soi qu’ils partagent avec tous les imbéciles, croyants ou non-croyants. La foi ne saurait être comparée en rien à ces évidences dont celle du « deux et deux font quatre » passe pour le type le plus ordinaire. Je comprends très bien l’agacement ou même l’indignation des incrédules en face de gens auxquels  ils  attribuent  faussement  des  certitudes  analogues  à celle-ci  en  tout  ce  qui  concerne  le  monde  invisible,  la  mort  et l’au-delà de la mort. Parfois la colère ou l’indignation font place à l’envie :«Vous avez bien de la chance de croire », disent-ils avec une  naïveté  déconcertante.  «  Moi,  je  ne  peux  pas.  »  Et  c’est  vrai qu’ils s’efforcent de croire, du moins ils s’efforcent de croire qu’ils croient,  et  s’étonnent  de  n’aboutir  à  rien,  comme  ces  insomnieux qui se répètent à eux-mêmes qu’ils vont dormir, et se tiennent ainsi éveillés, car le sommeil est toujours imprévu. Qui l’attend peut être sûr  de  ne  jamais  le  voir  venir,  car  on  ne  le  voit  pas  venir. Ils souhaitent  de  croire,  ils  s’efforcent  de  croire,  ils  s’efforcent  de croire qu’ils croient, et d’ailleurs ils ne savent pas très bien ce que nous    croyons    nous-mêmes,    ils    attachent    volontiers    autant d’importance à n’importe  laquelle  des  aventures  merveilleuses de la Bible qu’à la Sainte Incarnation du Verbe, ils se travaillent pour croire  que Jonas  a  été  quelques  jours  locataire  d’une  confortable baleine,  que  le  passage  de  la  mer  Rouge  fut  vraiment  tel  que le représente une enluminure célèbre où l’on voit les Hébreux passer entre   deux   hautes   murailles   liquides   à   travers   lesquelles   les poissons contemplent  le  spectacle,  comme  on  regarde,  de  sa fenêtre, passer  le  cortège  du  Mardi  gras…  Hélas ! il  y  a  trop  de dévots  et  de  dévotes  pour  égarer  sur  ce  point  la  bonne  foi  des mécréants, non seulement par ignorance ou par sottise, mais aussi8par  cette  sorte  de  vanité  imbécile  qui  porte  certains  croyants  à renchérir sur leur propre croyance. Les convertis littéraires dont je parlais tout à l’heure ont la spécialité de ces vantardises où l’orgueil a son compte

Il  est  clair  que l’incrédule  peut  rester indifférent lorsque  vous faites devant lui profession de croire aux grands mystères de la foi qu’il   entend   mal,   et   qui   ne   disent   pas   grand-chose   à   son imagination.  Si  vous  lui  affirmez  au  contraire,  sans  la  moindre hésitation,  que  la  loi  de  la  gravitation universelle  s’est  trouvée suspendue  afin  de  permettre  à  Josué  de  retarder  d’une  heure  sa montre, il vous traitera peut-être de  fou  en  se  frappant le front  de l’index  mais  il  n’en  commencera  pas  moins  à  vous  juger  un  type intéressant,  formidable,  un  phénomène.  Hé  oui,  que  voulez-vous, c’est  pourtant  vrai,: un  chrétien  n’’est  nullement  tenu  de  prendre comme  on  dit  «à  la  lettre»  l’histoire  de  Jonas  ou  de  Josué. Remarquez bien qu’en ce qui me concerne, j’y croirais volontiers, je ne demanderais qu’à y croire, les miracles ne m’intéressent pas en  ce  sens  que  les  miracles  n’ont  jamais  converti  grand  monde, c’est  Notre-Seigneur  qui  a  pris  la  peine  de  le  dire  lui-même  dans l’Evangile en se moquant de ceux qui lui demandaient des prodiges. Trop  souvent  les  miracles  frappent  l’esprit  mais  endurcissent  le cœur parce qu’ils  donnent  l’impression  d’une  espèce  de  mise  en demeure   brutale,   d’une   sorte   de   viol   du   jugement   et   de   la conscience par un fait qui est, en apparence du moins, une violation de l’ordre.

Je ne saurais m’étendre plus longtemps sur ce sujet, mais il ne me  faut  pas  seulement  penser  à  mes  incroyants  qui  se  disent peut-être  en  ce  moment  que  les  bonnes  dévotes  viennent  d’en prendre  un  sacré  petit  coup,  et  qui  n’en  sont  pas  tellement mécontents.  Après  tout,  ces bonnes  âmes  ont  bien  le  droit  d’être rassurées si mes plaisanteries leur paraissent sentir le fagot. Je leur conseille  fortement  de  relire  l’Histoire Sainte de  Daniel-Rops, parue ces dernières années avec le Nihil Obstat et l’Imprimatur de l’archevêché  de  Paris.  Elles  y  verront,  par  exemple,  qu’on  a  des raisons de supposer que les sonneries de trompettes étaient le signalconvenu pour prévenir les sapeurs d’avoir à sortir des galeries, en mettant le feu à la boiserie, afin de faire écrouler les murailles car telle était la technique des sapeurs à ce moment-là, faute de poudre.

A propos de la traversée du Jourdain à pied sec par l’armée de Josué, à la hauteur de la ville d’Adom, elles liraient encore ceci :la ville  d’Adom  est  probablement  El  Damieh,  à  25  kilomètres  en amont de Jéricho. Là, le fleuve coule entre deux talus d’argile hauts de 15 mètres qui glissent aisément. En 1927, à la suite d’un léger séisme, ils s’écroulèrent et barrèrent le lit à tel point que le flot fut interrompu  vingt  et  une  heures,  reproduisant  ainsi  exactement  les circonstances rapportées par la Bible, qui parle elle aussi de séisme dans  son  langage  oriental :les  montagnes  sautèrent  comme  des béliers,  les  collines comme  des agneaux.  Je  répète  que  le  livre de Daniel-Rops est revêtu de l’Imprimatur.

Je  répète  que  ces  questions  ne me  passionnent  nullement. J’admettrais volontiers que les juifs ont traversé sans se mouiller les pieds,  non  seulement  la  mer  Rouge,  mais l’océan  Atlantique,  que m’importe ?

Je dis seulement qu’il  m’est affreusement  pénible de penser que des hommes de bonne foi puissent être tenus éloignés du Christ par des scrupules sans fondement et sans objet véritables. Si Dieu  avait  voulu  nous  gagner  par  des  miracles,  il  ne  s’en  serait certainement pas tenu à celui de Cana, ou même à la résurrection de Lazare.  Il  ne  lui  en  eût  rien  coûté  de  s’imposer  par  des  prodiges beaucoup  plus  extraordinaires, cosmiques. Au  lieu  que  ce  que  les Saints Evangiles nous rapportent des phénomènes qui ont marqué la mort du Sauveur, le soleil qui s’obscurcit, le voile du temple qui se  déchire,  la  terre  qui  tremble,  sont  bien  peu  de  chose  comparés aux  effets  de  la  bombe  de Hiroshima.  Mais  allons  plus  loin, réfléchissons  encore  un  peu.  Pourquoi  nous  regagner  en  forçant notre  volonté  par  des  miracles ? Contrainte  pour  contrainte,  il  eût été tellement plus facile de ne jamais nous perdre en accordant une fois pour toutes la volonté humaine à la volonté divine, comme une planète  qui  tourne  autour  de  son  soleil.  C’est  que  Dieu  n’a pas voulu  nous  faire  irresponsables,  je  veux  dire  incapables  d’amour,car il n’y a pas de responsabilité sans liberté et l’amour est un choix libre, ou il n’est rien.

Je parais peut-être m’écarter de mon sujet. Vous auriez pourtant tort  de  le  croire.  Une  théorie  matérialiste  du  monde  ne  saurait expliquer l’homme moral. Mais il ne suffit pas non plus de placer par l’imagination au principe et à la tête du monde un être suprême, une    intelligence    suprême,    un    dieu-géomètre    pour    justifier l’existence  des  saints.  Plus  je  vois  l’univers,  disait  à  peu  près Voltaire, et moins je puis songer que cette horloge marche et n’ait pas   d’horloger,   vers   idiots   qui   ont   néanmoins   rempli   d’aise d’innombrables générations de chanoines tout fiers de penser que le bon Dieu existait désormais avec l’autorisation de M. de Voltaire, tout  joyeux  et  contents  de  l’excellent  tour  que  le  bon  Dieu  avait joué à son ennemi personnel -«Ecrasons l’infâme !» en profitant d’un moment d’inattention de M. de Voltaire pour lui faire signer un petit papier de reconnaissance… Hélas ! en écrivant ces vers de mirliton, M. de Voltaire ne se souciait nullement des saints, et les chanoines qui le citaient avec honneur aux distributions de prix ne s’en préoccupaient peut-être pas beaucoup davantage… Que diable -c’est le cas de le dire ! -un horloger pourrait-il faire des saints, je me  le  demande ? Il  n’y  a  rien  de  moins  libre  qu’une  horloge, puisque  tous  les  engrenages  s’y  trouvent  dans  la plus  étroite dépendance  les  uns  des  autres.  Vous  me  répondrez  probablement que l’univers  physique  offre  assez  l’exemple d’une mécanique de précision ? Mais êtes-vous certains de ne pas prendre le signe pour la  chose,  comme  un  être  d’une intelligence absolument  différente de  la  nôtre,  ignorant  tout  du  langage  et  de  l’écriture,  s’extasierait sur  le  rythme  des  voix,  la  symétrie  d’une  page  d’imprimerie, s’efforcerait de dégager  les  lois  de  l’une  et  de  l’autre,  sans  rien savoir de l’essentiel -de cela qui seul importe -, la pensée, la pensée toujours vivante et libre sous la contrainte apparente des caractères ou  des  sons  qui  l’expriment.  Si  la  vie  était  la  pensée  libre  de  ce monde en apparence déterminé ? La vie, c’est-à-dire cette énergie mystérieuse,  immatérielle,  à  quoi  la  physique  moderne  réduit  la matière elle-même.

L’univers   matérialiste   n’a   que   faire   de   l’homme   moral. L’univers des déistes, à la manière de l’auteur de la Henriade, n’a pas  de  place  pour  les  saints -le  saint  serait  aussi  déplacé  dans  ce monde  qu’un  poète  lyrique  à  l’école  des  Ponts  et  Chaussées… Comment  pourrais-je  continuer  à  vous  parler  des  saints  et  de  la sainteté  sans  vous  rappeler -ou  vous  apprendre -que  pour  nous chrétiens, Dieu est Amour, la Création est un acte d’amour. Je ne parle  pas  ainsi  dans  l’intention  de  vous  convaincre,  je  vous je  vous demande seulement d’entrer avec moi, un moment, dans une telle hypothèse, autrement nous nous parlerions en vain. Oh! je sais, je sais,   vous   pensez   aussitôt   à   ce   gémissement   de   la   douleur universelle qui ne se tait ni jour ni nuit. Vous vous rappelez les vers de Baudelaire :

Car c’est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage

Que nous puissions donner de notre dignité

Que cet ardent sanglot qui roule d’âge en âge

Et vient mourir au bord de votre éternité Mais réfléchissons bien que c’est au nom de la Raison et de la Justice  que  vous  dénoncez  la  cruauté  de  ce  monde,  et  dans  cette voie, une longue expérience prouve que vous ne pouvez aller qu’à la révolte, au désespoir ou à la négation absolue. Il est vrai que nous avons  été  créés  à  l’image  et  à  la  ressemblance  de  Dieu.  Nous  lui ressemblons même beaucoup plus que nous n’osons le penser, que les philosophes nous permettent de le penser. « Créé à l’image et à la  ressemblance  de  Dieu  » -comme  une telle  expression  est mystérieuse  et  redoutable,  mais comme  elle  a  perdu  peu  à  peu  sa signification par l’usage, ainsi qu’une pièce de monnaie son effigie, pour  avoir  passé  dans  trop  de  mains ! Je  voudrais  cependant  que vous vous y arrêtiez une minute. Combien d’entre nous, chrétiens, avons vraiment conscience d’être à l’image et à la ressemblance de Dieu ? Qui   se   préoccupe   du   sens   réel   de   ces   paroles   si surprenantes ? S’il  est  vrai  que  nous  sommes  créés  à  l’image  de Dieu, comment mépriserions-nous une des plus hautes facultés de l’homme ? Vous me répondrez que sans la mépriser, je viens de la déclarer  impuissante. Non  pas.  Non  pas  impuissante.  Non  pas impuissante à tirer parti de la création, mais incapable d’en pénétrer le sens, de la comprendre, au sens exact du mot. Si la création était l’œuvre de la seule intelligence, l’intelligence  humaine  pourrait faire  mieux  que  de  découvrir  quelques-unes  de  ses lois,  afin d’exploiter cette connaissance, ainsi qu’on se sert d’une mécanique. Elle  ne  serait  pas  toujours  prête  à  la  condamner  au  nom  de  la logique  ou  de  la  justice.  C’est  que  la  création  est  une  œuvre d’amour.  L’intelligence,  réduite  à  ses  propres  forces,  ne  croit trouver  dans  la  nature  qu’indifférence  et  cruauté,  mais  c’est  sa propre cruauté qu’elle y découvre. A proprement dire ce n’est pas la souffrance qu’elle condamne, c’est ce qui lui paraît une anomalie, un gaspillage,   une   mauvaise   organisation   de   la   souffrance. L’intelligence est plus cruelle que la nature. Nous commençons, par exemple,  à  comprendre  qu’une  société  organisée  par  elle -ou  du moins  par  cette  forme  dégradée  de  l’intelligence  qui  s’appelle  la technique -sera sans pitié non seulement pour les éléments suspects de produire moins qu’ils ne consomment, mais encore pour tout ce qui  ne  pensera  pas  d’accord  avec  la  monstrueuse  conscience collective… Oui, à ne parler que des mal fichus, la nature en laisse subsister des millions qui n’échapperont sûrement pas demain aux techniciens  chargés  de  maintenir  et  d’augmenter  sans  cesse  le rendement    de    la    colossale    usine    universelle.    En    réalité l’intelligence  ne  s’indigne  pas  contre  la  souffrance,  elle  la  refuse, comme elle refuse un syllogisme mal construit, quitte à s’en servir elle-même,  selon  ses  méthodes,  après  avoir  remis  le  syllogisme d’aplomb.  Qui  parle  de  la  Douleur  comme  d’une  intolérable violation de l’âme, ou même d’une absurdité toute pure, est certain de  l’approbation  des  imbéciles.  Mais  pour  un  petit  nombre  de révoltés sincères, combien d’autres qui ne cherchent dans la révolte contre la souffrance qu’une justification plus ou moins sournoise de leur   indifférence   et   de   leur   égoïsme   vis-à-vis   de   ceux   qui souffrent ? Sinon,  par  quel  miracle  les  hommes  qui  acceptent  le plus humblement, sans le comprendre, ce scandale permanent de la souffrance  et  de  la  misère,  sont-ils  presque  toujours  ceux  qui  se dévouent le plus tendrement aux souffrants et aux misérables : saint François d’Assise ou saint Vincent de Paul ?

Le scandale de l’univers n’est pas la souffrance, c’est la liberté. Dieu a fait libre sa création, voilà le scandale des scandales, car tous les  autres  scandales  procèdent de  lui.  Oh ! je sais  bien,  nous paraissons être ici en pleine métaphysique. Que voulez -vous que j’y fasse ? Si je me fais mal comprendre de quelques-uns d’entre vous, c’est que je me serai mal expliqué, voilà tout. Expliquer, d’ailleurs, à quoi bon ? Il y a en ce moment, dans le monde, au fond de quelque église perdue, ou même dans une maison quelconque, ou encore au tournant d’un chemin désert, tel pauvre homme qui joint les mains et du fond de sa misère, sans bien savoir ce qu’il dit, ou sans rien dire,  remercie  le  bon  Dieu  de  l’avoir  fait  libre,  de  l’avoir  fait capable  d’aimer.  Il  y  a  quelque  part  ailleurs,  je  ne  sais  où,  une maman  qui  cache  pour la  dernière  fois  son visage  au  creux  d’une petite poitrine qui ne battra plus, une mère près de son enfant mort qui  offre  à  Dieu  le  gémissement  d’une  résignation  exténuée, comme si la Voix qui a jeté les soleils dans l’étendue ainsi qu’une main jette le grain, la Voix qui fait trembler les mondes, venait de lui  murmurer  doucement  à  l’oreille «Pardonne-moi.  Un  jour,  tu sauras, tu comprendras,  tu  me  rendras grâce.  Mais maintenant, ce que  j’attends  de  toi,  c est  ton  pardon,  pardonne.» Ceux-là,  cette femme  harassée,  ce  pauvre  homme,  se  trouvent  au  cœur  du mystère, au cœur de la création universelle et dans le secret même de   Dieu.   Que vous en   dire ? Le   langage  est   au   service   de l ’intelligence. Et ce que ces gens-là ont compris, ils l’ont compris par  une  lucidité  supérieure  à  l’intelligence,  bien  qu’elle  ne  soit nullement en contradiction avec elle -ou plutôt par un mouvement profond et irrésistible de l’âme qui engageait toutes les facultés à la fois ;qui engageait à fond toute leur nature… Oui, au moment où cet homme,   cette   femme   acceptaient   leur   destin,   s’acceptaient eux-mêmes,    humblement -le    mystère    de    la    Création s’accomplissait en eux, tandis qu’ils couraient ainsi sans le savoir tout  le  risque  de  leur  conduite  humaine,  se  réalisaient  pleinement dans la charité du Christ, devenant eux-mêmes, selon la parole de saint Paul, d’autres Christ. Bref, ils étaient des saints.

S’engager tout  entier…  Vous  le  savez,  la  plupart  d’entre  nous n’engagent dans la vie qu’une faible part, une petite part, une part ridiculement  petite  de  leur  être,  comme  ces  avares  opulents  qui passaient,  jadis, pour  ne  dépenser  que  le revenu de  leurs revenus. Un saint ne vit pas du revenu de ses revenus, ni même seulement de ses  revenus,  il  vit  sur  son  capital,  il  engage  totalement  son  âme. C’est d’ailleurs en quoi il diffère du sage qui sécrète sa sagesse à la manière d’un escargot, sa coquille, pour y trouver un abri. Engager son âme!

Non ce n’est pas là simple image littéraire. Il ne faudrait même  pas  la  pousser  très  loin  pour  lui  donner  une  signification sinistre.  Dans  son  récent  livre,  lesProblèmes  de  la  vie ,  l’illustre professeur  à  l’Université  de  Genève,M.  Guyénot,  reprend  la distinction  entre  le  corps,  l’esprit  et  l’âme.  Si  l’on  admet  cette hypothèse,  que  saint  Thomas  ne  repousse  pas,  on  se  dit  avec épouvante   que   des   hommes   sans   nombre   naissent,   vivent   et meurent  sans  s’être  une  seule  fois  servi  de  leur âme,  réellement servi de leur âme, fût-ce pour offenser le bon Dieu. Qui permet de distinguer ces malheureux ? En quelle mesure n’appartenons-nous pas nous-mêmes à cette espèce ? La Damnation ne serait-elle pas de se découvrir trop tard, beaucoup trop tard, après la mort, une âme absolument  inutilisée,  encore  soigneusement  pliée  en  quatre,  et gâtée comme certaines soies précieuses, faute d’usage ? Quiconque se  sert  de  son  âme,  si  maladroitement  qu’on  le  suppose,  participe aussitôt à la Vie universelle, s’accorde à son rythme immense, entre de plain-pied, du même coup, dans cette communion des saints qui est celle de tous les hommes de bonne volonté auxquels fut promise la  Paix,  cette  sainte Eglise  invisible  dont  nous  savons  qu’elle compte  des  païens,  des  hérétiques,  des  schismatiques  ou  des incroyants, dont Dieu seul sait les noms. La communion des saints… Lequel d’entre nous est sûr de lui appartenir ? Et s’il a ce bonheur, quel rôle y joue-t-il ? Quels sont 16les riches et les pauvres de cette étonnante communauté ? Ceux qui donnent  et  ceux  qui  reçoivent ? Que  de  surprises ! Tel  vénérable chanoine pieusement  décédé,  dont  le Bulletin  diocésain aura  fait l’éloge  pompeux,  dans  le  style  particulier  à  ces  publications,  ne risque-t-il pas d’apprendre, par exemple, qu’il a dû sa vocation et son  salut  à  quelque  incrédule  notoire,  secrètement  harcelé  par l’angoisse  religieuse,  et  auquel  Dieu  avait  incompréhensiblement refusé les consolations mais non pas les mérites de la foi ?

(Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé.) Oh ! rien ne paraît mieux réglé, plus strictement ordonné, hiérarchisé, équilibré que la vie  extérieure  de  l’Eglise.  Mais  sa  vie  intérieure  déborde  des prodigieuses   libertés,   on   voudrait   presque   dire   des   divines extravagances de l’Esprit -l’Esprit qui souffle où il veut. Lorsqu’on songe à la stricte discipline qui maintient presque implacablement à sa place assignée chaque membre de ce grand corps ecclésiastique depuis le modeste vicaire jusqu’au Saint-Père avec ses privilèges, ses  titres,  on  voudrait  presque  dire  son  vocabulaire  particulier n’est-ce  pas  en  effet  comme  une  extravagance,  ces  promotions soudaines,  parfois  très  soudaines,  de  religieuses  obscures,  de simples laïques, ou même de mendiants faits brusquement patrons, protecteurs et parfois docteurs de l’Eglise universelle ?

Oh ! il  ne  s’agit  pas  d’opposer  l’Eglise  visible  à  l’Eglise invisible Eglise visible, que voulez-vous, ce n’est pas seulement la  hiérarchie  ecclésiastique,  c’est  vous,  c’est  moi,  elle  n’est  donc pas toujours agréable et elle a même été parfois très désagréable à regarder de près, au XV esiècle par exemple, au temps du Concile de  Bâle,  et  dans  ces  cas-là  on  est  naturellement  tenté  de  regretter que ce ne soit pas elle, l’invisible -oui, on regrette qu’un cardinal soit reconnaissable de si loin à sa belle cape écarlate tandis qu’un saint, de son vivant, ne se distingue par aucun détail vestimentaire… Oh ! je  sais  bien  que  ce  qui  paraît  ici  une  plaisanterie  est  pour beaucoup d’âmes une idée parfois torturante. On a tort de raisonner comme si l’Eglise visible et l’Eglise invisible étaient en réalité deux Eglises, alors que l’Eglise visible est ce que nous pouvons voir de l’Eglise  invisible,  et  cette  part  visible  de  l’Eglise  invisible  varie avec chacun de nous

Car nous connaissons d’autant mieux ce qu’il y a en elle d’humain que nous sommes moins dignes de connaître ce  qu’elle  a  de  divin.  Sinon,  comment  expliqueriez-vous  cette bizarrerie que les plus qualifiés pour se scandaliser des défauts, des déformations ou même des difformités de l’Eglise visible -je veux dire  les  saints -soient  précisément  ceux  qui  ne  s’en  plaignent jamais ? Oui, l’Eglise visible est ce que chacun de nous peut voir de l’Eglise invisible, selon ses mérites et la grâce de Dieu. C’est bien joli  de  dire:«  J’aimerais  mieux  voir  autre  chose  que  ce  que  je vois.» Oh ! bien  sûr,  si  le  monde  était  le  chef -d’œuvre  d’un architecte  soucieux  de  symétrie,  ou  d’un  professeur  de  logique, d’un  Dieu  déiste,  en  un  mot,  l’Eglise  offrirait  le  spectacle  de  la perfection,  de  l’ordre,  la  sainteté  y  serait  le  premier  privilège  du commandement,  chaque  grade  dans  la  hiérarchie  correspondant  à un  grade  supérieur  de  sainteté,  jusqu’au  plus  saint  de  tous,  Notre Saint-Père  le  pape,  bien  entendu.  Allons !vous  voudriez  d’une Eglise   telle   que   celle-ci ? Vous   vous   y   sentiriez   à   l’aise ? Laissez-moi  rire,  loin  de  vous  y  sentir  à  l’aise,  vous  resteriez  au seuil de cette Congrégation de surhommes, tournant votre casquette entre les mains, comme un pauvre clochard à la porte du Ritz ou du Claridge. L’Eglise   est   une   maison   de   famille,   une   maison paternelle,  et  il  y  a  toujours  du  désordre  dans  ces  maisons-là,  les chaises  ont  parfois  un  pied  de  moins,  les  tables  sont  tachées d’encre,  et  les  pots  de  confitures  se  vident  tout seuls  dans  les armoires, je connais ça, j’ai l’expérience..

La  maison  de  Dieu  est  une  maison  d’hommes  et  non  de surhommes.  Les  chrétiens  ne  sont  pas  des  surhommes.  Les  saints pas  davantage,  ou  moins  encore,  puisqu’ils  sont  les  plus  humains des humains.

Les saints ne sont pas sublimes, ils n’ont pas besoin du  sublime,  c’est  le  sublime  qui  aurait  plutôt  besoin  d’eux.  Les saints ne sont pas des héros, à la manière des héros de Plutarque. Un héros  nous  donne  l’illusion  de  dépasser  l’humanité,  le  saint  ne  la dépasse pas, il l’assume, il s’efforce de la réaliser le mieux possible, comprenez-vous la différence ? Il s’efforce d’approcher le plus près possible de son modèle Jésus-Christ, c’est-à-dire de Celui qui a été 18parfaitement   homme,   avec   une   simplicité   parfaite,   au   point, précisément, de déconcerter les héros en rassurant les autres, car le Christ  n’est  pas  mort  seulement  pour  les  héros,  il  est  mort  aussi pour les lâches. Lorsque ses amis l’oublient, ses ennemis, eux, ne l’oublient pas. Vous savez que les nazis n’ont cessé d’opposer à la Très Sainte Agonie du Christ au jardin des Oliviers la mort joyeuse de  tant  de  jeunes  héros  hitlériens.  C’est  que  le  Christ  veut  bien ouvrir à ses martyrs la voie glorieuse d’un trépas sans peur, mais il veut aussi précéder chacun de nous dans les ténèbres de l’angoisse mortelle.  La  main  ferme,  impavide,  peut  au  dernier  pas  chercher appui  sur  son  épaule,  mais  la  main  qui  tremble  est  sûre  de rencontrer la sienne… Oh! …  je  voudrais  que  nous  finissions  sur  une  pensée  qui  n’a cessé de m’accompagner tout au long de cette causerie ainsi que le fil du tisserand qui court sous la trame. Ceux qui ont tant de mal à comprendre notre foi sont ceux qui se font une idée trop imparfaite de l’éminente dignité de l’homme dans la création, qui ne le mettent pas à sa place dans la création, à la place où Dieu l’a élevé afin de pouvoir  y  descendre.  Nous  sommes  créés  à  l’image  et  à  la ressemblance  de  Dieu,  parce  que  nous  sommes  capables  d’aimer. Les saints ont le génie de l’amour. Oh ! remarquez-le, il n’en est pas de ce génie-là comme de celui de l’artiste, par exemple, qui est le privilège d’un très petit nombre. Il serait plus exact de dire que le saint   est   l’homme   qui   sait   trouver   en   lui,   faire   jaillir   des profondeurs de   son   être,   l’eau   dont   le   Christ   parlait   à   la Samaritaine : « Ceux qui en boivent n’ont jamais soif… » Elle est là en  chacun  de  nous,  la  citerne  profonde  ouverte  sous  le  ciel.  Sans doute, la surface en est encombrée de débris, de branches brisées, de  feuilles  mortes,  d’où  monte  une  odeur  de  mort.  Sur  elle  brille une  sorte  de  lumière  froide  et  dure,  qui  est  celle  de  l’intelligence raisonneuse.  Mais  au-dessous  de  cette  couche  malsaine,  l’eau  est tout de suite si limpide et si pure ! Encore un peu plus profond, et l’âme se retrouve dans son élément natal, infiniment plus pur que l’eau la plus pure, cette lumière incréée qui baigne la création tout entière -en Lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes -in ipso vita erat et vita erat lux hominum

.La  foi  que  quelques-uns  d’entre  vous  se  plaignent  de  ne  pas connaître,  elle  est  en  eux,  elle  remplit  leur  vie  intérieure,  elle  est cette  vie  intérieure  même  par  quoi  tout  homme,  riche  ou  pauvre, ignorant ou savant, peut prendre contact avec le divin, c’est-à-dire avec  l’amour  universel,  dont  la  création  tout  entière  n’est  que  le jaillissement   inépuisable.   Cette   vie   intérieure   contre   laquelle conspire  notre  civilisation  inhumaine  avec  son  activité  délirante, son  furieux  besoin  de  distraction  et  cette  abominable  dissipation d’énergies  spirituelles  dégradées,  par  quoi  s’écoule  la  substance même de l’humanité.

Au commencement je vous disais que le scandale de la création n était pas la souffrance mais la liberté. J aurais pu aussi bien dire l Amour. Si les mots avaient gardé leur sens, je dirais que la Création est un drame de l Amour. Les moralistes considèrent volontiers la sainteté comme un luxe. Elle est une nécessité. Aussi longtemps que la charité ne s est pas trop refroidie dans le monde, aussi longtemps que le monde a eu son compte de saints, certaines vérités ont pu être oubliées. Elles reparaissent aujourd hui comme le roc à marée basse. C est la sainteté, ce sont les saints qui maintiennent cette vie intérieure sans laquelle l humanité se dégradera jusqu à périr. C est dans sa propre vie intérieure en effet que l homme trouve les ressources nécessaires pour échapper à la barbarie ou à un danger pire que la barbarie, la servitude bestiale de la fourmilière totalitaire. Oh! sans doute, on pourrait croire que ce n est plus l heure des saints, que l heure des saints est passée. Mais comme je l écrivais jadis, l heure des saints vient toujours.


Georges Bernanos (1888-1948)

 

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Georges Bernanos est un écrivain français.

Après des études de droit et de lettres, Georges Bernanos milite chez « Les Camelots du roi » ligue d’extrême-droite et collabore à divers journaux monarchistes, avant d’en diriger un à Rouen.

Décoré après la Première Guerre mondiale, il se marie et devient inspecteur des assurances à La Nationale. Durant ses tournées, il rédige « Sous le soleil de Satan » dont le succès est éclatant, et lui permet, au seuil de la quarantaine, de se consacrer entièrement à la littérature.

Il obtient le Prix Femina en 1929 pour « La Joie » puis connaît sa plus grande fécondité littéraire lors de son séjour à Majorque entre 1934 et 1937.

Bernanos s’installe aux Baléares en 1934, en partie pour des raisons financières. Il y écrit « Le Journal d’un curé de campagne ». Publié en 1936, il est couronné par le Grand prix du roman de l’Académie française.

Surpris par la guerre d’Espagne, il revient en France puis s’embarque pour le Paraguay et le Brésil, où il achève en 1940 « Monsieur Ouine ».

Lorsque la guerre éclate en Europe, il multiplie les articles dans la presse brésilienne et devient l’un des plus grands animateurs spirituels de la Résistance française.

Le général de Gaulle, qui l’a invité à revenir en France (« Votre place est parmi nous », lui a-t-il fait savoir dans un câble daté du 16 février 1945), veut lui donner une place au gouvernement. En dépit d’une profonde admiration pour le dirigeant, le romancier décline l’offre. De Gaulle confiera plus tard, à propos de Bernanos : « Celui-là, je ne suis jamais parvenu à l’attacher à mon char ».

En juin 1945, il vient poursuivre ce combat dans la France libérée, et écrit pour la presse de la Libération. Il passe ses dernières années en Tunisie où il compose l’un de ses chefs-d’œuvre « Dialogues de Carmélites », qui depuis sont joués sur toutes les scènes du monde.

LITTERATURE, LIVRE, LIVRES, LIVRES - RECENSION, LIVRES DE SPIRITUALITE, ROMANS, SOCIOLOGIE, SPIRITUALITE

Lectures été 2020

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Lectures d’été en 2020

 

BAZIN, Réné. – Charles de Foucauld au Maroc, ermite au Sahara. Paris,  Nouvelle Cité, 2003. 543 pages.

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En écrivant cette biographie de Charles de Foucauld en 1921, l’auteur révélait au grand public une figure encore assez peu connue, même si certains milieux vantaient déjà sa science et sa foi missionnaire. L’auteur a fait un véritable travail d’enquête sur les lieux de la vie du Frère Charles. Convaincu qu’il était en présence d’un saint, il s’est contenté de tracer l’itinéraire de sa vie et de le faire parler. Ce livre qui fut un best-seller à sa sortie (200 000 exemplaires) reste une œuvre  majeure et un document fondamental pour mieux connaître l’ermite du Sahara, d’autant plus que la canonisation de Charles de Foucauld est proche.

 

BECK,  Béatrix. – Léon Morin, prêtre. – Paris, Gallimard, 1972. 215 pages.

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Un roman sorti en 1952 et qui a obtenu – peu le savent – le prix Goncourt cette même année. Le récit passionnant de la rencontre d’un prêtre intelligent et charismatique avec une jeune femme agnostique et rebelle. Une histoire adaptée au cinéma par Jean-Pierre Melville en 1961 (avec Jean-Paul Belmondo dans le rôle titre) puis dans le film sous le titre  « La Confession ». Comme souvent, le livre est encore bien mieux que le film

 

 

 

BENSON, Robert Hugh. – Le Maître de la terre : la crise des derniers temps. – Paris, Téqui, 1993. 420 pages.

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Un roman visionnaire, pourtant écrit en 1907. Une réflexion très actuelle sur les inévitables dérives d’un monde qui veut se construire sans Dieu.

« J’ai l’idée d’un livre si vaste que je n’ose y penser, écrit Hugh Benson en 1905. L’Antéchrist commence à m’obséder. Si jamais je l’écris, quel livre ce sera ! ». Un an plus tard, paraît Le Maître de la terre. Ce roman est une sorte de broderie flamboyante ; c’est un livre de mysticisme intense, un cri de foi éperdu. Véritable fresque de la fin des temps – spectacle fort et grandiose à la fois-, qui fait vibrer le lecteur au son des trompettes de l’Apocalypse. Ce remarquable récit contient une vision prophétique d’un monde coupé en deux empires apparemment antagonistes, mais bien unis dans la persécution des chrétiens. Ce livre, écrit par un des plus grands romanciers catholiques de son temps, est tout simplement passionnant ! L’auteur est né en 1871, au sein d’une famille anglicane (son père deviendra archevêque de Cantorbery). Pasteur anglican, sa quête de la vérité le pousse à s’interroger sur sa foi, et sa sincérité intellectuelle le conduit à la conversion. Il est reçu dans l’Église romaine en 1903. Ordonné prêtre, il partage son temps entre la prédication intense et la rédaction d’une trentaine d’ouvrages : uvres théâtrales, romans et essais apologétiques. Il meurt en 1914, au début d’une guerre qu’il pressentait déjà lorsqu’il rédigeait Le Maître de la terre. « Le Maître de la terre est une de mes lectures préférées. » « En le lisant, vous comprendrez le drame de la colonisation idéologique. » (Pape François) « La lecture du Maître de la terre fut pour moi un fait de grande importance. » (Benoît XVI)

 

BERNET,  Anne. – Père Jérôme  : un moine au croisement des temps. – Paris, Le Cerf, 2015. 608 pages.

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La biographie d’un homme dont le rayonnement a été immense et qui perdure encore, alors qu’il est décédé depuis quelque temps déjà, après une longue vie dans un cloître, vouée au silence, à la prière, au travail manuel et à l’étude.

La vie monastique est un chemin de vérité. Elle est une conquête, lente et quotidienne, de l’Évangile. C’est ce que prouve le récit de la vie de Père Jérôme (1907-1985), dans une époque où tout semble contrarier ce désir d’absolu. Moine trappiste de l’abbaye de Sept-Fons, en Bourbonnais, Père Jérôme a été révélé au public comme l’un des grands maîtres spirituels du xxe siècle. C’est tout le mérite d’Anne Bernet, à travers ce portrait vivant et habité, de nous faire découvrir le visage de cet homme de Dieu qui a offert à toute sa génération des sentiers dans un monde désorienté. Rédigée à partir d’archives inédites conservées à Sept-Fons, cette première biographie retrace une existence passée dans un cloître, vouée au silence et à la prière, au travail manuel et à l’étude. La vie simple d’un moine, à l’image des Pères du désert, qui fut, depuis son monastère, le contemporain et le pédagogue de ses frères chrétiens.
Un livre pour retrouver vivant, tel qu’en lui-même, Père Jérôme ; recueillir et accueillir sa parole jaillissante de la prière et de la foi.

BLOY,  Léon. – La femme pauvre : un épisode contemporain. – Paris, Gallimard, 1980. 448 pages.

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Un livre oublié et un livre habité ; ne serait-ce qu’à cause de ce constat final qu’il délivre : « Il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints » 

Ce grand roman poétique, dominé par l’image du feu, glorifie la femme, identifiée au thème chrétien de la pauvreté. Clotilde, l’héroïne de La femme pauvre, parvient à la lumière lorsque, dépouillée de tout, elle est laissée à la totale solitude et à la misère absolue. Au-delà de toute tristesse et de tout malheur humain, elle accède alors à l’univers spirituel «et sa continuelle prière est une torche secouée contre les puissants…»

 

CANDIARD, Adrien. – Quand tu étais sous le figuier je t’ai vu. –  Paris, Le Cerf, 2017. 176 pages.

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Beaucoup ont du mal à prendre le temps de lire des bouquins spirituels, de peur de s’ennuyer au bout de trois phrases. Pourtant c’est bien nécessaire pour nourrir sa foi et ne pas faire du sur-place ! En voilà un, à conseiller vivement, simple, concret, profond et plein d’humour. Dès le lycée, on peut le lire avec profit et sans difficulté ; mais toutes les générations s’y retrouveront. Des pages utiles pour avancer sur un tas de sujets très quotidiens de notre vie chrétienne.

Qui est cette personne assise, dans l’Évangile, sous un figuier ? C’est vous, c’est moi, c’est chacune, chacun d’entre nous rêvant de vivre enfin notre vie en plénitude. Mais à quelle existence Dieu appelle-t-il Nathanaël ? En quoi l’accomplira-t-il en suivant Jésus ? Qu’est-ce qu’une vocation ? Nos vies sociale, intellectuelle, amoureuse, ne sont jamais que la recherche et la poursuite de la vie véritable. Jusqu’à la lumineuse évidence que la vie que nous désirons et la vie que Dieu veut pour nous ne sont qu’une. Explorant comme jamais le fil anodin de la quotidienneté anonyme, Adrien Candiard en délivre ici le miroitement secret au regard de l’éternité. Une grande leçon, sans leçon, de spiritualité simple et haute. Un livre pour se jeter sur la voie, après l’avoir lu et dévoré. Dominicain vivant au couvent du Caire, Adrien Candiard est l’auteur notamment de En finir avec la tolérance, Veilleur, où en est la nuit ?, Comprendre l’islam, ou plutôt : pourquoi on n’ycomprend rien.

 

 

CANDIARD, Adrien. – A Philémon, réflexions sur la liberté chrétienne. – Paris, Le Cerf, 2019. 144 pages.

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Même si la morale a mauvaise presse, le questionnement « obligé ou interdit ? » est plus présent que jamais. Ceux qui le posent ne sont pas des névrosés, mais des personnes estimables – croyants ou non croyants – qui s’efforcent de bien vivre et de bien faire. Pour cela, ils se débattent de leur mieux avec le grand bazar contradictoire de leurs désirs, de leurs convictions, de leurs attachements, de leurs devoirs, de leurs envies, de leurs fatigues… s’efforçant de faire rentrer le réel compliqué dans trois catégories simples : le permis, le défendu, l’obligatoire. Et si la réponse était plutôt dans un tout autre chemin : celui d’une authentique et exigeante liberté, sous la conduite de l’Esprit Saint ? Religieux dominicain, l’auteur a également publié d’autres ouvrages lumineux.

 

CHAUTARD,  Jean-Baptiste. – L’âme de tout apostolat. – Perpignan, Artège, 2010. 345 pages.

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Le pape saint Pie X en avait fait son livre de chevet. La description d’une recette intemporelle, toujours d’actualité : notre action et notre engagement dans ce monde doivent être le trop plein de notre vie intérieure. Un classique incontournable de la spiritualité chrétienne à mettre dans toutes les mains, rien que pour entendre cette belle parole : « Si le monde va de mal en pis, c’est qu’il y a plus de batailles que de prières »

 » Ceux qui prient font plus pour le monde que ceux quicombattent, et si le monde va de mal en pis, c’est qu’il y aplus de batailles que de prières. « L’âme de tout apostolat, classique parmi les classiques,propose des indications précieuses sur le sens de la viechrétienne. Dom Chautard rappelle que la mission du chrétien n’a de sens qu’enracinée dans une rencontrepersonnelle avec le Christ. Conformèment aux intuitionsde son époque et en particulier de l’Action Catholique,il encourage une évangélisation authentique qui se gardede tout activisme. Devenu le livre de chevet de nombreuxsaints, L’âme de tout apostolat répond aux préoccupationsde tous ceux qui vivent dans un monde en manque de repères. Dom Chautard, excellent guide spirituel, nous enseigneque l’apostolat authentique n’est qu’un déploiement de lavie intérieure.Jean-Baptiste Chautard (1858-1935), moine cistercien,entré l’age de 19 ans à l’abbaye d’Aiguebelle, fût tourà tour abbé de Chambarand puis de la Trappe de Sept-Fons. L’âme de tout apostolat, son principal ouvrage, a étéimprimé à plusieurs centaines de milliers d’exemplairesdepuis sa parution en 1907.

 

CHIRON, Yves. – Fatima : vérités et légendes. – Perpignan Artège, 2017. 248 pages.

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A l’occasion du centenaire des apparitions de la Vierge Marie à Fatima en 1917, voici un récit complet des événements, depuis les préparations (les apparitions de l’Ange en 1915 et 1916) jusqu’à aujourd’hui. Tout en s’appuyant sur les études les plus sérieuses consacrées à Fatima, l’auteur revient aux sources : les mémoires rédigés par sœur  Lucie, la biographie qu’ont publiée après sa mort les carmélites de Coïmbra et la vaste Documentação Crítica de Fátima – inédite en français – qui recueille toutes les pièces du dossier depuis les premiers interrogatoires des trois voyants jusqu’au long procès canonique. Les controverses sur Fatima n’ont pas cessé et l’auteur répond à toutes les objections. Il a aussi interrogé le pape émérite Benoît XVI et publie sa réponse, inédite

 

CISZEK,  Walter J.  – Avec Dieu au Goulag : témoignage d’un jésuite. – Paris, Editions des Béatitudes, 2010. 320 pages.

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Accusé d’être un espion du Vatican, un prêtre est interné 23 années en Sibérie durant les années les plus terribles de la guerre froide. On y découvre l’itinéraire spirituel impressionnant d’un jésuite qui surmonte une épreuve terrible, à travers désarroi et souffrances, qu’il ne cache pas. A lire comme une odyssée spirituelle et un acte de foi et d’abandon à la volonté de Dieu qui ne veut pas le mal mais le permet.

Traduit de l américain par Emilie Pecheul et Cathy Brenti Capturé par l armée russe durant la Seconde Guerre mondiale, accusé d être un « espion du Vatican », Walter J. Ciszek, prêtre jésuite américain, a passé vingt-trois ans dans les prisons soviétiques et les camps de travail de Sibérie entre 1940 et 1963. Son livre présente un intérêt historique certain car très peu de témoignages ont été édités sur le ministère des prêtres catholiques dans les camps soviétiques durant cette période. Mais il est avant tout le récit d un itinéraire spirituel impressionnant que le père Ciszek a accepté de rédiger parce qu après son retour aux Etats-Unis, on lui demandait comment il avait pu surmonter pareilles épreuves. Avec beaucoup de simplicité, il relate les événements auxquels il a été confronté les cinq ans d emprisonnement à la Lubianca, le travail dans les mines de sel en Sibérie, etc. et qui l on conduit à un long dépouillement, mais aussi à un abandon de plus en plus confiant à la Providence, à une sérénité intérieure grâce à laquelle il a pu se préserver de « l arrogance du mal » qui l entourait. Il rapporte son désarroi, ses souffrances mais aussi le cheminement intérieur qu il a été amené à faire jusqu à considérer tout événement, grâces ou épreuves, comme un don de Dieu et une expression de Sa volonté. Cela lui a donné la force de tenir bon et d exercer ensuite son ministère avec discrétion mais audace dans les conditions extrêmement éprouvantes des camps puis des villes de Sibérie. Un cheminement humain hors du commun et une odyssée spirituelle unique. Auteur: Prêtre américain, ce témoignage retrace la période où il a été capturé par les Russes durant la seconde guerre mondiale et sa détention pendant 23 ans

 

CUCHET,  Guillaume. – Comment notre monde a cessé d’être chrétien. – Paris, Le Seuil, 2018. 288 pages.

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Dans un ouvrage de haute qualité, cet universitaire analyse les raisons du déclin du catholicisme en France depuis les années 1960. Comment a-t-on pu arriver à une pratique dominicale inférieure à 2 %, le seuil sous lequel les enquêtes d’opinion sont discutables, tellement les indicateurs sont faibles ? Un livre qui offre une analyse sociologique et historique redoutable de la déchristianisation de notre pays

 

 

 

DAUZET, Dominique-Marie. – Claire de Castelbajac. – Paris, Presses de la Renaissance, 2010. 250 pages.

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L’histoire de cette jeune fille, disparue en 1975 qui découvre l’amour de Dieu, immense, étonnant, si simple. Une sainte pour notre temps ?

La première biographie de Claire de Castelbajac, dont l’existence, à la fois simple et fulgurante, est marquée par son aspiration à la sainteté.

Née en 1953, Claire de Castelbajac frappe ses proches par sa joie de vivre et sa confiance en Dieu. Étudiante, elle va au-delà des conventions de la bourgeoisie catholique : musicienne, douée pour le dessin, elle expérimente la difficulté d’aimer vraiment et d’être aimé, de rester fidèle à la foi de l’enfance, dans l’immédiat après-mai-68.
En 1973, elle est admise au concours d’un prestigieux institut de restauration de peinture et se retrouve projetée dans un milieu artistique, au cœur de la vie romaine, loin des siens. Claire s’étourdit du plaisir de vivre libre. Mais son cœur, d’amours en amitiés, cherche douloureusement sa voie.
À l’été 1974, elle fait un pèlerinage en Terre sainte qui la remet dans une quête spirituelle intense. À l’automne, elle restaure les fresques de la basilique inférieure de Saint-François à Assise. Deux mois de grâce qui la conduisent au terme de sa recherche : seule, désormais, compte la louange de Dieu par sa vie. Mais aux vacances de Noël, une méningo-encéphalite l’emporte en deux semaines. Claire meurt à Toulouse le 22 janvier 1975, elle a 21 ans.
Claire de Castelbajac est de plus en plus connue et aimée en France et au-delà, spécialement par les jeunes. Bien des grâces divines semblent passer par elle. L’enquête diocésaine pour son procès de béatification s’est terminée en février 2008. Le dossier a été ouvert à la Congrégation pour la cause des saints à Rome, le 3 juin 2008. Sans prétendre anticiper aucunement sur les conclusions romaines, le présent ouvrage retrace le parcours de Claire. Il s’agit de la première biographie exhaustive réalisée à partir des nombreuses sources disponibles.

 

DENIS,  Jean-Pierre. – Un catholique s’est échappé.- Paris, Le Cerf, 2019. 192 pages.

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 Dans la crise que traverse l’Eglise en Europe et en France, le rédacteur en chef du journal La Vie est convaincu – et nous aussi ! – que le christianisme représente encore aujourd’hui une contre-culture agissante. Entre la dilution ou la crispation, comment les catholiques peuvent-ils échapper aux deux grands pièges qui les guettent : être naïfs ou médiocres ? La démonstration est source d’espérance et exprime avec force ce qu’on peut (encore) attendre des chrétiens dans une société sécularisée. Stimulant !

 

DERVILLE, Tugdual. – Le temps de l’homme : pour une révolution de l’écologie humaine. – Paris, Plon, 2016. 320 pages.

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La menace de ce 21ième siècle est claire : c’est celle de ne plus être des hommes. Le fondateur de « A bras ouverts » et délégué général de « Alliance Vita » délivre un diagnostic et propose des remèdes. Un must read pour comprendre les enjeux d’une écologie humaine qui nous évitera l’avènement d’une société atomisée, remplie d’individus errants et sans racines

 

 

 

DERVILLE, Tugdual.  – La bataille de l’euthanasie : enquête sur les 7 affaires qui ont bouleversé la France. – Paris, Salvator, 2012. 230 pages.

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Une enquête minutieuse et captivante qui montre comment l’émotion médiatique peut être utilisée pour manipuler l’opinion. Un ouvrage qui se lit comme un roman policier. Une question d’actualité brûlante qui nous concerne tous, un jour ou l’autre …

 

 

DOSTOÏEVSKI, Fedor. – Les frères Karamazov. – Paris, Gallimard, 1994.  992 pages.

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L’odieux Féodor Karamazov est assassiné. De ses trois fils – Dimitri le débauché, Ivan le savant et l’ange Aliocha –, tous ont pu le tuer, tous ont au moins désiré sa mort.
Drame familial, drame de la conscience humaine, interrogations sur la raison d’être de l’homme, tableau de la misère, de l’orgueil, de l’innocence, de la Russie au lendemain des réformes de 1860, orgies, miracles, la richesse de ce roman de Dostoïevski, son dernier, et considéré comme son chef-d’œuvre, ne sera jamais épuisée.
Le génie de Dostoïevski est à ce point divers que Nabokov a même osé écrire : « N’oublions jamais que Dostoïevski est avant tout un auteur de romans policiers… un maître du suspens. »

Célèbre écrivain russe qui y fait la synthèse des problèmes philosophiques, religieux et moraux qui ont hanté son univers. Il aborde la question ultime de l’existence de Dieu, qui l’a tourmenté toute sa vie. De nombreux thèmes chers à l’auteur y sont développés : l’expiation des péchés dans la souffrance, l’absolue nécessité d’une force morale au sein d’un univers irrationnel et incompréhensible, la lutte éternelle entre le bien et le mal, la valeur suprême conférée à la liberté individuelle. C’est de cet ouvrage qu’on a tiré la célèbre citation : « Si Dieu n’existe pas, alors tout est permis »

 

GUEULETTE Jean-Marie. – La vie en abondance : la vertu de chasteté pour les prêtres et les religieux.- Paris, Le Cerf, 2019. 288 pages.

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La chasteté : mirage ou imposture ? Mal compris, le célibat sacerdotal suscite beaucoup de suspicion, à la lumière des récents scandales qui frappent l’Église. Les prêtres et les consacrés n’ont-ils pas d’autre choix que de tuer leurs désirs ? En mobilisant l’histoire, la théologie, la biologie ou encore la psychologie, c’est en religieux et en scientifique que l’auteur livre ici une réflexion concrète où la frustration s’efface devant la transfiguration. La réponse est simple : il ne s’agit pas de tuer le désir, mais de le vivre autrement. Et les centaines de milliers de consacrés heureux dans leur célibat, dont on parle beaucoup moins, sont là pour le prouver

 

GROSJEAN, Pierre-Hervé. – Catholiques, engageons-nous ! – Perpignan, Artège, 2018. 196 pages.

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Face à ce monde hostile ou indifférent, quelle marge entre démission ou exil ? Dilution ou repli sur soi ? Plein d’espérance, l’abbé nous explique qu’on ne peut se résigner à regarder ce monde comme un spectateur regarde un match depuis les tribunes ou le banc de touche. Il faut passer à l’action ! En montrant comment l’engagement des catholiques est possible, en particulier en politique, dans l’enseignement, les médias ou la culture, il appelle la génération qui vient à être celle des « témoins décomplexés » évoqués par le pape Benoît XVI et à « descendre du balcon » pour passer à l’action, comme le réclame le pape François

GROSJEAN, Pierre*Hervé. – Aimer en vérité. – Perpignan, Artège, 2014. 150 pages.

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Depuis des années qu’il rencontre et écoute des jeunes, l’abbé Grosjean les connaît bien. De son expérience d’accompagnement et de ses conférences, il a recueilli le meilleur pour répondre à toutes leurs questions sur la construction d’un amour vrai.Ni cours de morale, ni code de conduite, ce livre veut transmettre aux jeunes de 15 à 22 ans des convictions qui font grandir et encouragent, pour se préparer à aimer. Un ouvrage indispensable également pour tous ceux qui veulent donner à leurs ados et leurs aînés une vision juste et constructive de l’amour.

L’abbé Pierre-Hervé Grosjean est prêtre du diocèse de Versailles. Ordonné en 2004, il est aujourd’hui curé de paroisse à Saint-Cyr-l’école. Aumônier de lycée, il accompagne également beaucoup de jeunes, dans le cadre du scoutisme ou des Universités d’été « Acteurs d’Avenir » qu’il a fondées. Il anime Padreblog.fr avec d’autres cinfrères.

 

GROSJEAN, Pierre-Hervé. – Donner sa vie : Es-tu prêt à donner ta vie ? Si oui, pour qui et pour quoi ? – Perpigan, Artège, 2018. 168 pages.

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Voilà la question fondamentale qui se pose à tout jeune entre 15 et 30 ans au moment de discerner sa vocation, puis de faire ses choix de vie. Comment y répondre ? Comment vivre aujourd’hui cette joie du don de soi dans ses études, sa vie spirituelle ou le service des autres ? Et demain, comment discerner une vocation, quelle qu’elle soit ? Un discours franc et concret, très encourageant, qui nous rappelle que toute vie est belle quand elle est donnée

 

HADJADJ Fabrice . – Résurrection, mode d’emploi. – Paris, Magnificat, 2016. 192 pages.

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Vous souvenez-vous du brûlot intitulé : Suicide, mode d’emploi de C. GUILLON et Y. le BONNIEC ? Paru en 1982, il est désormais interdit à la vente en France. Cet essai est en quelque sorte la suite, en beaucoup mieux et pour cause ! Jésus revient parmi les siens (!) et sa vie a désormais une prise directe sur la nôtre : l’argent, la féminité, le service, l’attention aux autres, les repas, la Bible, le pardon, le martyre, la foi, la nouvelle évangélisation, l’amour… rien n’est oublié, le tout dans un style à la fois tonique et profond.

« Forcément, l’événement d’un Ressuscité paraît difficile à avaler pour un habitué des avatars, des profils, des objets 3D qui ne sont ni nés ni morts ni vivants. Mais pour un gars positif et manuel d’autrefois, un paysan, un meunier, un mégissier, c’était de l’invraisemblable, sans doute, et cependant à peine entendait-il : Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit (in 12, 24), ça devenait simple, c’était aussi vrai qu’avril, le renouveau de la verdure, l’or des moissons… » Que nous disent les apparitions du Christ après sa Résurrection ? Comment les comprendre aujourd’hui ? A travers une méditation à la fois profonde et légère, Fabrice Hadjadj pose un regard neuf et plein de finesse sur le mystère du Ressuscité.

 

HUMBRECHT Thierry-Dominique – Eloge de l’action politique. – Paris, Parole et Silence, 2015. 206 pages.

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Le théologien et philosophe y décrit l’avènement d’une génération politique qui se lève, composée de chrétiens et de non chrétiens. Elle veut passer à l’action et s’illustrer dans le débat. Des questions se posent : légitimité de l’ambition, fins du politique, équilibre du nécessaire et du possible, manipulation des passions publiques, rayonnement professionnel, disponibilité des acteurs, recherche des terrains d’entente. Avec en outre, pour les chrétiens, la place du témoignage dans une société sécularisée

 

 

 

UMBRECHT, Thierry-Dominique.L’évangélisation impertiente : guide du chrétien en pays postmoderne.Paris, Parole et Silence, 2012. 286 pages.

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Un ouvrage pour devenir un évangélisateur impertinent qui délivrera un message d’espérance par temps de relativisme.

Dans les débats de société, pourquoi le catholique se reconnaît-il surtout à son silence ? Intimidé, exclu de la culture, il se demande ce qui se passe. Le pays dans lequel il vit n’est plus chrétien, il est devenu celui des postmodernes. En a-t-il pris la mesure ? Les postmodernes ne cessent de s’affranchir de leur héritage chrétien. Leur nihilisme affiché masque une stratégie de pouvoir, parfois une nostalgie. Comment un chrétien peut-il se situer, entre compassion, complicité et contre-culture ? Par rupture de transmission, culture antichrétienne, dictature du relativisme, athéisme catholique, le paquebot est devenu barque. Les chrétiens eux-mêmes y trouvent leur compte :  » j’en prends et j’en laisse « . Comment, dans ces conditions, faire entendre l’Evangile ? Par la parole ou par l’exemple ? Dans quels lieux : famille, éducation, politique, culture ? Entre laïcité mal comprise et vains appels au miracle, le chemin est celui d’une providence qui compte sur notre courage public. Le chrétien aussi a quelque chose à dire à ses contemporains. Il n’y a pas d’Eglise sans évangélisateurs impertinents, qui délivrent un message d’espérance par temps de relativisme.

 

JEAN-PAUL II. – Mémoire et identité.- Paris, Flammarion, 2005. 250 pages.

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Le livre testament du Pape, publié à peine trois mois avant sa mort. Sous un ton très personnel, celui qui a été canonisé en 2014 décrit la mort d’un Occident qui perd sa mémoire et ne sait plus définir son identité. Un véritable bréviaire pour une Europe désincarnée

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JOURDAN ; François. – La Bible face au Coran : les vrais fondements de l’Islam. – Editions de l’Oeuvre, 2011. 160 pages.

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Après « Dieu des chrétiens, Dieu des musulmans », qui a connu un vrai retentissement, le père François Jourdan récidive avec cette nouvelle incursion du côté des fondements de l’islam. Ses conclusions sont révolutionnaires. Pas à pas, avec le sens de la formule et de la pédagogie, il démontre que la religion musulmane n’est pas biblique, qu’elle ne tire pas ses sources de l’Ancien Testament et que les musulmans ne sont pas des enfants d’Abraham. Un petit livre clair qui refuse la facilité et la paresse intellectuelle, et contribue à une meilleure compréhension des réalités de l’islam.

 

KESSEL,  Joseph. – Les mains du miracle. – Paris, Gallimard Folio, 2013. 416 pages.

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L’incroyable histoire du docteur finlandais Felix Kersten. À la veille de la seconde guerre mondiale, Felix Kersten est spécialisé dans les massages thérapeutiques. Parmi sa clientèle huppée figurent les grands d’Europe. Pris entre les principes qui constituent les fondements de sa profession et ses convictions, le docteur Kersten consent à examiner le puissant chef de la Gestapo : Heinrich Himmler. Affligé d’intolérables douleurs d’estomac, celui-ci en fait bientôt son médecin personnel. C’est le début d’une étonnante lutte, Felix Kersten utilisant la confiance du fanatique bourreau pour arracher des milliers de victimes à l’enfer nazi.

 

LYONNET, Pierre. – Traverser la souffrance avec le Christ. – Perpignan, Artège, 2014. 170 pages.

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Assumer les douleurs et les peines de la maladie oblige à descendre au plus profond de soi-même, là où Dieu est présent, pour puiser en lui le courage de continuer à avancer, malgré tout. Un ouvrage qui aidera les personnes éprouvées, et tous ceux qui se dévouent auprès d’elles, à traverser la souffrance avec le Christ.

 

 

 

 

MALEGUE Joseph. – Augustin ou le maître est là. – Paris, Le Cerf, 2014. 832 pages.

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Le « Proust catholique » des années 1930, écrivain lu avec ferveur par saint Paul VI comme le conteur de l’histoire de l’âme et par le pape François comme le grand romancier moderne des « classes moyennes de la sainteté ». Un magnifique roman d’une confondante actualité sur la crise religieuse des sociétés d’abondance.

L’heure est venue de redécouvrir Joseph Malègue, célébré comme le « Proust catholique » dans les années 1930, écrivain lu avec ferveur par le pape Paul VI comme le « conteur de l’histoire de l’âme », et par le pape François comme le grand romancier moderne des « classes moyennes de la sainteté. De 1876 à 1924, des monts d’Auvergne aux boulevards de Paris, de la France rurale des clochers à la France urbaine des usines et des universités, c’est tout un monde qui disparaît, marqué par la séparation de l’Église et de l’État, puis par la Grande Guerre, et que traverse Augustin Méridier, héros déchiré entre la foi et le doute, la transmission et la sécularisation, l’espérance et la mélancolie. De cette destinée tourmentée, hantée par les femmes, et de ce temps de convulsion, qui oppose les hommes, Malègue dresse superbement la double chronique où l’abandon à la transcendance ordinaire s’impose comme le seul héroïsme. Un magnifique roman-univers, d’une confondante actualité, sur la crise religieuse des sociétés d’abondance.

 

MANENT, Pierre. – Situation de la France. – Paris, Desclée de Brouwer, 2015. 176 pages.

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Un ouvrage réaliste qui n’a pas peur de dire que la laïcité française veut exclure de son champ de vision tous les phénomènes religieux pour se convaincre qu’il n’y a aucun problème d’intégration des populations arabo-musulmanes. L’auteur considère qu’une telle attitude est contre-productive et, à plus ou moins long terme, suicidaire pour notre pays. Il faut au contraire faire mémoire de nos origines et y retrouver la place singulière de la « marque chrétienne » pour fuir deux tentations : la résignation et le renoncement. On a très envie de lui donner raison.

 

 

MARION, Jean-Luc. – Brève apologie pour un moment catholique. – Paris, Grasset, 2017. 128 pages.

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De Descartes et de Heidegger (les « pères » de notre postmodernité), Jean-Luc Marion occupe le siège du cardinal Lustiger à l’Académie française. Alors qu’on dit les catholiques de France désunis, affaiblis et découragés, l’auteur remarque qu’ils n’ont jamais autant été à la fois courtisés et dénigrés. Preuve s’il en est, de leur place singulière ! Comme les Apôtres le jour de la Pentecôte, nous avons reçu un Esprit de douceur et de force, de créativité et d’unité, de lucidité et d’espérance. Que notre époque n’ait pas peur des chrétiens : leur amour d’une vérité toujours à approfondir, leur exigence éthique, leur rapport à l’universel peuvent être salutaires pour notre cité. Un livre qui donne du souffle

MENTHIERE, Guillaume de.- Dix raisons de croire. – Paris, Salvator, 2010. 240 pages.

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On ne peut aujourd’hui être un chrétien adulte sans l’avoir voulu et réfléchi. Un exposé simple et accessible qui montre que la foi ne relève pas d’une déficience mentale. Le livre qui pourra aider pour les discussions du soir entre amis.

Il y a dans ce monde des raisons de croire et des raisons de ne pas croire. Un grand nombre de nos contemporains se réfugient frileusement dans ce qu on appelle l agnosticisme. Mais Jésus n a-t-il pas dit : « Que votre oui soit oui, que votre non soit non, tout le reste vient du Malin » ? Les catholiques ont « la faiblesse de croire » ce que l Église enseigne. N est elle pas bien révélatrice cette étrange expression : « faiblesse de croire » ? Comme si la foi ne pouvait relever que d une déficience, d une asthénie mentale. Quelle force d âme, bien au contraire, n est-elle pas requise pour croire ! De nos jours on ne peut guère être un chrétien adulte sans l avoir voulu et réfléchi. Ne doit-on pas renouer avec cette vieille discipline par trop oubliée, l apologétique, en présentant simplement toutes les bonnes raisons qu il y a d adhérer à la vérité du christianisme ?

MOREAU, Denis. – Comment peut-on être catholique ?. – Paris, Le Seuil, 2018. 368 pages.

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Un livre à offrir à tous ceux qui vous ont dit un jour : « c’est drôle, t’es catho mais… t’es sympa ! ». Cet ouvrage ne convertira probablement personne au catholicisme. Mais à ceux qui ne croient pas, il suggérera qu’un catholique n’est pas nécessairement un imbécile. À ceux qui croient déjà, il fournira quelques arguments susceptibles d’affermir leur foi. À tous, il expliquera que lorsque se pose la seule question qui vaille vraiment — comment tenter de réussir sa vie ? — le catholicisme constitue une des bonnes réponses envisageables. Et même un choix de raison.

 

O’BRIEN Michael D. – Père Elijah : une apocalypse. – Paris, Salvator, 2008. 589 pages.

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« Père, dit le Pape, vous vous demandez pourquoi nous vous avons fait venir ici à Rome dans des circonstances si inhabituelles.
– Oui, Saint-Père.
– L’affaire qui nous échoit ne concerne que très superficiellement l’archéologie. C’est un sujet des plus délicats. Je vous demande de garder les choses dont nous allons parler dans la plus grande confidentialité.

Père Elijah est le récit d’un moine carme, ancien homme politique israélien et rescapé de la Shoah, appelé par le Pape à une mission particulièrement périlleuse. Sorti de son monastère du Mont Carmel, le Père Elijah se retrouve dans un tourbillon où se croisent les forces les plus ténébreuses. À qui pourra-t-il faire confiance et comment pourra-t-il accomplir sa mission ? L’épreuve à laquelle il est soumis prend au fil des pages une dimension politique et spirituelle des plus complexes et passionnantes.
Miroir du monde contemporain et aventure palpitante, Père Elijah donne une profondeur nouvelle aux thrillers du genre. Un récit d’exception écrit par un expert des âmes et un orfèvre des complots.

Un thriller par un vrai spécialiste du Vatican.

Les romans de Michael O’Brien sont puissants, chargés d’une réflexion métaphysique, psychologique et religieuse de haut vol. Ce bon connaisseur des âmes sait décrire à merveille la vie humaine et notre temps. Ce roman présente un monde où le mal a pris l’apparence d’un jeune dirigeant du monde, mâtiné de bons sentiments. Une histoire qui vous donnera certainement envie de lire l’ensemble des livres de l’auteur !

 

PAPPERT Aloysius. – Mémoires de guerre. – Paris, Salvator, 2017.  (tome 1 « une jeunesse volée » et tome 2 « Le sang des prisonniers »).

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Le récit authentique et troublant d’une épopée : celle d’Aloysius Pappert, né en Allemagne en 1924 dans une famille catholique et antinazie. Contre son gré, il doit partir en guerre en Russie alors qu’il a à peine 17 ans. Le jour de son départ, sa mère lui donne une médaille et le confie à la protection de la Vierge Marie pour qu’il revienne sain et sauf. Ses mémoires  évoquent son parcours en deux tomes. A travers l’épopée d’un jeune homme emporté dans le tourbillon d’une terrible guerre, on découvre une remarquable profession de foi qui transmet une force inégalable.

POLTAWSKA,  Wanda. – Journal d’une amitié : la famille Poltawski et Karol Wojtyla. – Paris, Médiaspaul, 2011. 624 pages.

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Peu de gens savent que le 2 avril 2005, jour de la mort de saint Jean-Paul II, deux personnes se trouvaient à ses côtés dans les appartements pontificaux : Mgr Stanisław Dziwisz, son fidèle secrétaire mais aussi une femme, sa « sœur spirituelle » de toujours : Wanda Połtawska. Ancienne résistante et médecin réputé, cette mère de quatre enfants a vécu 55 ans d’une amitié unique avec Karol Wojtyła. Elle est donc l’une des personnes au monde qui le connait le mieux. Cette amitié inédite, source d’élévation et de méditation, se nourrit d’une imposante correspondance mais aussi de randonnées au contact de la nature. Sorti en 2011, ce livre qui se lit par étapes, est le récit de la rencontre entre l’auteur et Karol Wojtyła, son guide spirituel et son ami. On y découvre avec intérêt le recueil d’une riche correspondance qui nous révèle l’intimité du pape polonais mais nous éclaire aussi sur une saine et sainte amitié entre un homme de Dieu et une femme

 

POTDEVIN Jean-Marc. – Les mots ne peuvent dire ce que j’ai vu : l’expérience mystique d’un business angel. – Paris, Editions de l’Emmanuel, 2012. 192 pages.

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Sous-titré « L’expérience mystique d’un business angel » cet ouvrage s’adresse à la fois aux non-chrétiens et aux chrétiens. L’auteur, baptisé et en fait « mal-croyant », raconte comment le Seigneur a employé de grands moyens pour le repêcher. Le récit d’une conversion assez radicale

 

 

 

 

RASPAIl, Jean. – Le jeu du roi. – Paris, Robert Laffont, 2003. 359 pages.

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Un petit garçon rêvait d’un royaume.
Un roi – réellement, légitimement roi, mais de Patagonie – vivait seul, face à l’océan, dans un fort délabré de la côte du Ponant, attendant l’héritier qui recueillerait son rêve avec sa royauté. Il choisit l’enfant. Il lui fit partager les mirages de cette Terre de Feu où il n’avait peut-être jamais mis les pieds, mais qui était toute sa vie, son être même ; il l’introduisit dans les mystères du royaume invisible qu’il portait en lui ; il le fit roi…
C’est le petit garçon devenu adulte qui nous raconte cette histoire, au lendemain de la mort d’Antoine IV,  » roi de Patagonie par la grâce de Dieu et la volonté des Indiens de l’extrême sud du continent américain « . Une histoire qui a un fondement historique vérifiable par tous, mais que la passion et l’imagination de Jean Raspail ont élevée au rang des grandes aventures de l’esprit. Tandis que le monde, notre monde, s’agite au rythme inquiétant des grandes foules contemporaines, le vieil homme et l’enfant contemplent l’horizon marin ; ils l’identifient à l’océan patagon hérissé de  » furies  » et aux archipels de la Terre de Feu, porteurs d’un certain destin dont l’homme d’aujourd’hui a perdu le chemin.
Là-bas, l’homme devient roi. Sa longue nuit s’illumine… Une grande et belle histoire, pleine de significations, comme on n’en écrit plus, comme seul pouvait l’écrire Jean Raspail.

La grande et belle histoire, pleine de significations, entre un petit garçon et un roi. Il faut avoir lu au moins une fois ce roman écrit par l’auteur de Sire ou de L’Anneau du pêcheur qui signe ici une authentique aventure de l’esprit. Le résultat est immédiat ; le récit nous fait quitter la grisaille du monde pour nous faire entrer dans un royaume imaginaire : la Patagonie. Des milliers de Français se revendiquent aujourd’hui Patagons, une confrérie du cœur qui se vit comme une deuxième nationalité. Une manière décalée et pleine de fraîcheur pour résister aux temps présents.

 

RASPAIL, Jean.Le camp des saints. Précédé de Big Other – Paris, Robert Laffont, 2011.  372 pages

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 » Dans la nuit, au midi de notre pays, cent navires se sont échoués, chargés d’un million d’immigrants. Ils viennent chercher l’espérance. Ils inspirent la pitié. Ils sont faibles… Ils ont la puissance du nombre. Ils sont l’Autre, c’est-à-dire multitude, l’avant-garde de la multitude. À tous les niveaux de la conscience universelle, on se pose alors la question : que faire ? Il est trop tard ».
Paru pour la première fois en 1973, Le Camp des Saints, qui est un roman, relève en 2011 de la réalité. Nous sommes, tous, les acteurs du Camp des Saints. C’est notre destin que ce livre raconte, notre inconscience et notre acquiescement à ce qui va nous dissoudre.
C’est pourquoi, en guise de préface à cette nouvelle édition, dans un texte intitulé Big Other, j’ai voulu, une dernière fois, mettre un certain nombre de points sur les i. »
Pas très politiquement correct mais tellement bien écrit ! La réédition du roman qui prédit la troisième guerre mondiale, sans armes, entre une multitude affamée et une minorité de nantis. « Le récit de notre inconscience et de notre acquiescement face à ce qui va nous dissoudre » dit l’auteur.

 

RASPAIL, Jean. – Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie. – Paris, Albin Michel, 1981. 316 pages.

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Sur une modeste tombe d’un petit cimetière du Périgord, on peut lire cette épitaphe: Ci-gît Orélie-Antoine Ier, roi de Patagonie, décédé le 18 septembre 1878. La plus étrange épopée qui se puisse concevoir… Durant les vingt-huit années du règne d’Orélie-Antoine, le rêve et la réalité se confondent aux bornes extrêmes du monde, là-bas, en Patagonie, au détroit de Magellan. Qui est Antoine de Tounens, roi de Patagonie, conquérant solitaire, obscur avoué périgourdin embarqué sur les flottes de la démesure, son pavillon bleu, blanc, vert claquant aux vents du cap Horn ? Un fou ? Un naïf ? Un mythomane ? Ou plus simplement un homme digne de ce nom, porteur d’un grand destin qu’il poursuivra toute sa vie en dépit des échecs, des trahisons, des sarcasmes qui peupleront son existence… Es-tu roi de Patagonie ? Je le suis! Il n’en démordra pas. Roi il fut, quelques jours au moins, et toute une vie. Des sujets, il en eut : Quillapan, cacique des Araucans, Calfucura, cacique des Patagons, mais aussi Verlaine, Charles Cros, le commodore Templeton, le général Chabrier, l’amiral Dumont d’Urville, l’astronome Camille Flammarion, le colonel von Pikkendorff, Véronique, reine de Patagonie, aux multiples visages, et tant d’autres, le cœur débordant d’émotion, qui se déclarèrent un jour ou l’autre, l’espace d’un instant, sujets du roi Orélie-Antoine. Car nous sommes tous des Patagons. Là-bas, en Patagonie, l’homme devient roi. Sa longue nuit s’illumine

 

RASPAIL, Jean. – La miséricorde. – Editions des Equateurs, 2019. 174 pages.

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A partir d’un fait divers particulièrement horrible, la réponse à la grande question du pardon et du salut.

À la fin des années 1950, l’affaire du curé d’Uruffe a été l’une des plus grandes histoires criminelles françaises de l’après guerre. Un jeune curé amateur de femmes avait tué sa maîtresse et l’enfant qu’elle portait, qu’il considérait comme « l’enfant du péché ». De ce fait divers terrifiant, Jean Raspail a écrit un roman sur le péché, le catholicisme et la miséricorde. Son narrateur est un avocat qui fut le secrétaire d’un as du barreau qui a défendu le curé criminel. Au hasard d’une promenade dans une église, il se retrouve dans le confessionnal avec ce curé criminel, l’occasion de raconter ce drame qui foudroya l’église.

 

RATZINGER,  Joseph. – Mon Concile Vatican II  : 1962-1965. – Perpigan, Edition Artège, 2011. 304 pages.

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Les divisions qui se sont fait jour au moment du Concile Vatican II ont resurgi avec l’élection de Benoît XVI. Considéré comme un tenant de la réaction conservatrice, beaucoup ignorent encore la place importante qu’a pu occuper le jeune abbé Ratzinger comme expert au Concile. Inédit en France, ce document exceptionnel rassemble les prises de positions du futur pape au cours de cette étape historique pour l’Église.

 

RATZINGER, Joseph. – Lumière du monde. – Paris, Bayard-Centurion, 2010. 300 pages.

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Une série d’entretiens où le pape se livre sans détours. On a l’impression d’être en face de Benoît XVI, assis dans un bon fauteuil, avec, dans la cheminée, le feu qui crépite ! Le ton est libre, simple, léger parfois, mais au fil de la « soirée », la conversation se fait plus profonde, embrassant les enjeux du monde et de l’Eglise ou les grandes interrogations spirituelles

 

 

SABOURDIN-PERRIN, Dominique. – Madame Elisabeth de France (1764-1794) : l »offrande d’une vie. – Paris, Salvator, 2017. 90 pages.

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Un livre pour découvrir la personnalité attachante de la sœur de Louis XVI, guillotinée pendant la Révolution française. D’une exigence spirituelle rare, comprenant qu’elle ne se mariera pas, elle trouve dans son célibat non-choisi une véritable fécondité, dans le soin des pauvres et la fidélité au devoir d’état. Son procès en béatification vient de connaître de singulières avancées, plus de deux cents ans après sa mort, redonnant toute sa valeur à une belle prière qu’elle aimait réciter chaque jour.

Née à Versailles le 3 mai 1764, Madame Élisabeth de France est la petite-fille de Louis XV, fille du dauphin et soeur du roi Louis XVI. Belle personnalité, cultivée, elle se montre très attentive aux autres et à l’exigence spirituelle. Comprenant qu’elle ne se mariera pas et qu’elle n’est pas appelée non plus à la vie religieuse, elle décide de mener son existence dans la prière et le soutien des pauvres. Sa réputation de bonté se répand. Dans le contexte dramatique de la Révolution, elle réactive la dévotion du Voeu Louis XIII et au Coeur de Marie. Pour son courage lors d’une émeute, on va même la surnommer la « sainte Geneviève des Tuileries » Emprisonnée au Temple, elle est exécutée sur l’échafaud le 10 mai 1794 en donnant jusqu’au bout un témoignage de foi exemplaire. Dominique Sabourdin-Perrin retrace ici son parcours au moment où le diocèse de Paris vient d’introduire sa cause de béatification.

 

SAINT-EXUPÉRY,  Antoine de. – Terre des hommes. – Paris, Gallimard, 1972. 181 pages.

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Un petit livre superbement écrit, tout en caresses et en légèreté, sur le dos des nuages. Un sublime morceau de littérature française qui offre des réponses à une question essentielle : qu’est-ce qui permet de devenir vraiment un homme ? L’occasion de redécouvrir la plume de l’écrivain-aviateur disparu trop vite.

« Nous habitons une planète errante. » Saint-Exupéry, qui vient d’être nommé pilote de ligne, découvre, admire, médite notre planète. Assurant désormais le courrier entre Toulouse et Dakar, il hérite d’une vaste responsabilité à l’égard des hommes, mais surtout de lui-même et de son rapport au monde. Tout en goûtant « la pulpe amère des nuits de vol », il apprend à habiter la planète et la condition d’homme, lit son chemin intérieur à travers les astres. En plus du langage universel, il jouit aussi chaque jour de la fraternité qui le lie à ses camarades du ciel. Il rend hommage à Mermoz ou à Guillaumet, à qui est dédicacé le roman, et dont il rappelle les célèbres paroles : « Ce que j’ai fait, je le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait. » Dès Courrier Sud et Vol de nuit, l’homme d’action a su admirablement se mettre au diapason de l’homme de pensée et de l’humaniste qu’était tout à la fois Saint-Exupéry. Dans Terre des hommes, l’aviateur-écrivain s’intéresse particulièrement à la rigueur qu’exigent les relations humaines. –Laure Anciel

 

SARAH, cardinal. Robert. – Dieu ou rien : entretien sur la foi. – Paris, Fayard,  2016. 424 pages.

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Dans ce livre d’entretien réalisé avec Nicolas DIAT, le préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des sacrements raconte avec humilité et profondeur son incroyable histoire. Un récit étayé de réflexions personnelles franches, argumentées et souvent directes, notamment sur le néo-colonialisme idéologique exercé en Afrique par l’Occident décadent. Décapant, émouvant, tonifiant

 

 

 

SARAH, cardinal Robert. – La force du silence. – Paris, Fayard, 2017. 378 pages.

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Un livre paradoxal puisqu’il nous parle en plus de 300 pages… du silence ! Le sous-titre éclaire déjà le propos : « Contre la dictature du bruit ». Il invite à l’action, peut-être même à un exercice spirituel, fait de pensées numérotées qui reflètent la richesse du silence : le lecteur peut butiner chacune pour en faire librement son miel .

 

 

 

 

SARAH, cardinal Robert. – Le soir approche et déjà le jour baisse. – Pari, Fayard, 2019. 448 pages.

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Comme d’habitude, l’auteur ne mâche pas ses mots et son constat est simple : notre monde est au bord du gouffre. Crise de la foi et dans l’Église, déclin de l’Occident, trahison de ses élites, relativisme moral, mondialisme sans limite, capitalisme débridé, nouvelles idéologies, épuisement politique, dérives d’un totalitarisme islamiste… Mais si le diagnostic est sans concession, le cardinal démontre aussi qu’il est possible d’éviter l’enfer d’un monde sans Dieu, sans homme et sans espérance. Il livre surtout une importante leçon spirituelle : il faut faire du chemin de notre vie l’expérience d’une élévation de l’âme et quitter ainsi l’existence en créature plus élevée qu’elle n’y était entrée.

 

 

STREB,  Blanche. – Bébés sur mesure : le meilleur des mondes. – Perpigan, Editions Artège, 2018. 266 pages.

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Le saviez-vous ? Les bébés génétiquement modifiés sont déjà nés. C’est ce qu’affirme, preuves à l’appui, cette jeune docteur en pharmacie dans un essai décapant qui nous révèle ce qui se trame dans le secret des labos. A quoi ressemblerait le monde des meilleurs, un monde où les êtres humains, en plus d’être triés, seraient améliorés, voire augmentés ? Les générations futures seront-elles encore libres de faire des bébés sous la couette ou allons-nous vers un avenir sans sexe où la fabrication des bébés serait confiée à des experts ? Ce livre accessible à tous aide à comprendre les basculements qui s’opèrent dans le domaine de la procréation artificielle et dénonce l’emballement technique qui se retournera contre l’homme.

 

STREB, Blanche. –  Eclats de vie : témoignages. – Paris, Editions de l’Emmanuel, 2019. 287 pages.

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Un petit concentré de vie, d’espérance et d’amour, à glisser dans toutes les mains. Alors qu’elle n’est pas épargnée par l’épreuve, notre pharmacienne connue pour d’autres écrits plus engagés (comme celui présenté juste au-dessus) parle ici de la souffrance avec une plume juste et sensible. En refermant son livre, on a envie de partager sa conviction : la vie est courte, fragile mais tellement belle !

 

 

 

SUREAU François. – Inigo : portrait. – Paris, Gallimard, 2010.150 pages.

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Comment un gentilhomme espagnol découvre l’enjeu de la vie : se divertir ou se convertir. Le boulet tranchera…

« J’ai longtemps détesté Ignace de Loyola, lui trouvant l’air d’un égaré baigné de larmes. nous appelant sans discrétion aux sacrifices qu’une imagination médiévale lui faisait concevoir. Je n’aimais ni sa phrase, ni ses deux étendards, ni son passé de soldat ni son avenir de général du pape, ni son visage au front étroit et fuyant. Son militarisme m’écoeurait, tout comme ses règles et ses disciplines et les mille arguties de sa correspondance. Je ne voyais pas comment le même homme qui avait voulu, selon la tradition orientale, devenir « fou pour le Christ », et méprisé. pouvait dans ses lettres peser à ce point le pour et le contre et composer avec les puissants ». En un portrait bref et acéré, François Sureau fait céder l’image trop lisse d’un homme auquel les livres pieux sont impuissants à rendre justice.

 

VERLINDE,  Joseph-Marie. – Initiation à la lectio divina . – Paris, Parole et Silence, 2002. 180 pages.

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Le livre qui vous permettra de suivre l’invitation du pape à prendre l’évangile dans vos bagages de vacances !

La Parole est le lieu privilégié de la rencontre avec le Dieu vivant qui s’est fait proche. L’Ecriture en effet n’annonce pas seulement le Verbe de Dieu; elle est le Verbe de Dieu, présent et agissant parmi nous, un des « lieux » privilégiés où se donne à contempler son Visage et où se communique sa grâce.

Le but de l’ouvrage est de faciliter l’accès à cette présence, en conviant le lecteur à l’école de la grande tradition monastique de lecture priante des Ecritures. Au fil des nombreuses citations puisées dans les écrits des Pères, il invite à une mise en pratique personnelle à partir d’exemples donnés par les auteurs anciens.

La lecture savoureuse des Ecritures, passant par les degrés de la lectio, la meditatio, l’oratio et la contemplatio, conduit à une intériorisation progressive de la Parole, qui peut dès lors accomplir son ouvre de transformation au plus intime de l’être.

En invitant à boire à la Source vive de la Parole, l’ouvrage rappelle de façon opportune la spécificité de la spiritualité chrétienne au milieu des multiples propositions qui sollicitent le pèlerin de l’Absolu en ce début de troisième millénaire.

Le Père Joseph-Marie Verlinde, docteur en sciences, docteur en philosophie et titulaire d’un DEA de théologie, enseigne à l’Université catholique de Lyon, au séminaire de Belley-Ars et au studium Intermonastique de France. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et a prêché les conférences du Carême 2002 à Notre-Dame. Il est également prieur de la fraternité monastique de la Famille de Saint Joseph, dont la spiritualité est centrée sur la lectio divina.

 

WARREN, Rick. – Une vie motivée par l’essentiel : pourquoi suis-je sur Terre ? – Ourania Editions, 2013.  400 pages.

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Pasteur baptiste, fondateur de la célèbre « Saddleback Church » en Californie aux Etats-Unis, Richard Warren est l’auteur de nombreux ouvrages chrétiens. Celui-ci est le plus connu et répond à une question essentielle : pourquoi ou pour quoi suis-je sur terre ?

Quel est le sens de notre vie? Dieu aurait-il des projets pour nous, pour notre vie et pour l éternité? Pendant 40 jours et autant de chapitres quotidiens, le pasteur Rick Warren propose de partir à la découverte du sens de la vie. «Pourquoi suis-je sur terre?»: la réponse à cette question permet de vivre l essentiel, d affronter la vie avec sérénité, et de se préparer pour l éternité. Une vie motivée par l essentiel est un guide de vie chrétienne pour les chrétiens du 21e siècle, pour une existence basée sur les plans éternels de Dieu et non sur les valeurs culturelles. A partir de plus de 1200 citations et références bibliques, il remet en question les définitions conventionnelles de l adoration, de la communion fraternelle, de la maturité, du ministère et de l évangélisation. Dans la tradition d Oswald Chambers, Rick Warren nous offre des explications judicieuses sur le vrai sens de la vie. C est un livre plein d espoir que vous allez lire et relire, et qui deviendra un classique apprécié des générations futures.

 

ZANOTTI-SORKINE,  Michel-Marie. – L’Amour, une affaire sacrée, une sacrée affaire. – Paris, Le Rocher, 2014. 120 pages.

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On y explique, avec flamboyance et vérité, comment s’aimer et s’aimer bien.

L’ Amour avec un grand A. Dans un très beau texte, parseméd’ exemples ancrés dans la réalité, Michel-Marie Zanotti-Sorkine entre avec délicatesse dans ce qu’ est l’ Amour, le grand, levrai. Sans jamais désespérer, il montre combien l’ Amour a besoind’un cadre et de temps, de patience et d’ écoute pour atteindreson plein épanouissement. De l’ enfance à l’ âge d’ homme enpassant par l’ adolescence, de la rencontre de l’ être aimé à la viecommune, comment s’ aimer et s’ aimer bien ? Michel-Marie Zanotti-Sorkine répond : « […] l’ Amour, le vrai,l’ enivrant, le fort, l’ éclatant, l’ absolu, l’ irrésistible et l’ immuable,vous désire depuis la nuit des temps, vous espionne à tous âgeset sur tous les fronts, vous guette sur chaque seconde, et surtout,vous espère, vous attend et vous veut, pour qu’ un brin d’ éternitédescende en votre temps. »

ZELLER, Guillaume. – La baraque des prêtres  : Dachau 1938-1945. – Paris, Tallandier, 2015. 424 pages.

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Le récit d’un drame méconnu : celui de milliers de religieux qui ont été déportés dans le camp de concentration de Dachau où beaucoup y laissèrent la vie. Outre les conditions de subsistance et de détention, l’auteur détaille la façon dont la vie spirituelle et sacerdotale a pu se maintenir dans le camp grâce à l’entretien d’une chapelle, la seule autorisée dans tout le système concentrationnaire nazi.

De 1938 à 1945, 2 720 prêtres, religieux et séminaristes sont déportés dans le camp de concentration de Dachau, près de Munich. Regroupés dans des « blocks » spécifiques – qui conserveront pour l’histoire le nom de « baraques des prêtres », 1 034 d’entre eux y laisseront la vie. Polonais, Belges, Allemands, Français, Italiens, Tchèques, Yougoslaves : derrière les barbelés de Dachau, l’ « universalité de l’Église » est palpable. Ces hommes qui, dans une Europe encore christianisée, jouissaient d’un statut respectable, parfois éminent, se retrouvent projetés dans une détresse absolue. La faim, le froid, les maladies, le travail harassant, les coups des SS et des kapos, les expériences médicales ou les transports d’invalides ont raison de ces hommes de tous les âges. Quelques-uns sombreront dans le désespoir et s’effondreront, d’autres – la grande majorité d’entre eux – ne fléchiront pas, peut-être soutenus par leur foi. Partageant le sort commun des déportés, les prêtres de Dachau s’efforcent de maintenir intacte leur vie spirituelle et sacerdotale. Une chapelle, la seule autorisée dans tout le système concentrationnaire, leur apporte un secours considérable. Cette expérience unique dans l’histoire de l’Église éclaire d’un jour nouveau les rapports entre le nazisme et le christianisme. Près de 70 ans après sa libération, le camp de concentration de Dachau demeure le plus grand cimetière de prêtres catholiques du monde.

 

 

 

 

Et pour terminer : L’évangile selon Saint Marc. 

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Oui, vous avez bien lu ! L’évangile, tout simplement… et celui de Saint Marc est le plus accessible. A travers le texte, d’une brièveté et d’une simplicité extrêmes (mais génial d’expressivité), Saint Marc nous fait percevoir le Christ et nous fait vivre auprès de lui. Il nous le donne à lire et à aimer ! Nous vous proposons une lecture lente, dans le silence, terminée – pourquoi pas ? – par une courte prière. Afin de comprendre que Jésus n’est pas un concept mais une personne : à connaître, à aimer et à suivre.

HANS URS VON BLATHASAR, LITTERATURE CHRETIENNE, LIVRES, LIVRES - RECENSION, LIVRES DE SPIRITUALITE, MEDITATIONS, SEUL L'AMOUR EST DIGNE DE FOI, SPIRITUALITE

Seul l’amour est digne de foi

L’amour seul est digne de foi

Hans-Urs von Balthasar

Saint-Maur, Parole et Silence, 1999. 125 pages

 

Résumé

 » Quel est, dans le christianisme, l’élément spécifiquement chrétien ? Le christianisme, dans sa réflexion sur lui-même, ne peut être considéré ni comme une doctrine de sagesse surélevant la sagesse religieuse de l’humanité grâce à un enseignement divin, ni comme un avènement définitif de l’homme personnel et social grâce à la révélation et à la rédemption. Il ne peut être compris que comme l’amour divin se glorifiant lui-même. Dans l’Ancien Testament, cette gloire est la présence de la majesté souveraine de Yahvé dans son Alliance ; dans le Nouveau Testament, cette gloire sacrée se manifeste comme le geste de Dieu qui dans le Christ aime « jusqu’à la fin », c’est-à-dire s’abaisse jusque dans la mort et dans les ténèbres. Cet amour qui va jusqu’à l’extrême et que le monde et l’homme ne peuvent même soupçonner, ne peut être perçu que s’il est reçu comme le « tout Autre ».  » Hans-Urs von Balthasar

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Le silence de Dieu

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Dieu parle aussi à travers le silence – Benoit XVI

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– « Comme le montre la croix du Christ, Dieu parle aussi à travers son silence. Le silence de Dieu, l’expérience de l’éloignement du Tout-Puissant et du Père est une étape décisive du parcours terrestre du Fils de Dieu, Parole incarnée. Pendu au bois de la croix, il a crié la douleur qu’un tel silence lui causait: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?» (Mc 15, 34; Mt 27, 46). Persévérant dans l’obéissance jusqu’à son dernier souffle de vie, dans l’obscurité de la mort, Jésus a invoqué le Père. C’est à lui qu’il s’en remet au moment du passage, à travers la mort, à la vie éternelle: «Père, entre tes mains je remets mon esprit» (Lc 23, 46).

Cette expérience de Jésus est comparable à la situation de l’homme qui, après avoir écouté et reconnu la Parole de Dieu, doit aussi se mesurer avec son silence. Bien des saints et des mystiques ont vécu une telle expérience qui aujourd’hui encore fait partie du cheminement de nombreux chrétiens. Le silence de Dieu prolonge ses paroles précédemment énoncées. Dans ces moments obscurs, il parle dans le mystère de son silence. C’est pourquoi, dans la dynamique de la Révélation chrétienne, le silence apparaît comme une expression importante de la Parole de Dieu. »

 Benoit XVI, in Verbum Domini, du 30.9.2010, numéro 21

 

Par-delà le silence : Quand Dieu se tait

Gérard Delteil

Lyon, Editions Olivétan, 2018.  206 pages.

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Présentation de l’éditeur

Le religieux s’affiche bruyamment, mais Dieu s’efface de notre horizon. Tel est l’un des paradoxes de notre temps : la violence et le silence. Quiconque réfléchit sur le sens de l’existence se heurte à ce silence. Nulle évidence. Nulle trace d’une Présence. Nous vivons, nous pensons à l’aplomb du silence. Serions-nous à nous-mêmes une question sans réponse ? Les drames de la vie, les tragédies de l’histoire rendent encore plus brûlante l’interrogation : pourquoi ? Le malheur est toujours non-sens. C’est d’un tel questionnement que procède cet essai. Il n’est pas surprenant que la figure de Job, emblématique de l’affrontement au tragique, y tienne une place importante. Plus surprenantes, les pages consacrées au Cantique des Cantiques, ce silence de Dieu dans l’éblouissement de la vie. Au travers d’une enquête à travers les écrits bibliques, l’auteur relève différentes interprétations données de ce silence. Blessure au coeur de la foi, qui l’empêche de se boucler en un système. Retrait d’un Dieu qui s’efface pour que l’humain grandisse dans son autonomie. Mystère d’une altérité irréductible. Ce silence serait-il l’ombre portée de la Parole ? Entre confiance et doute, comment assumer la traversée du silence ? Ces pages invitent à un questionnement ouvert. Le silence serait-il le dernier mot ? Par-delà le silence… le peut-être de Dieu

Biographie de l’auteur

Gérard Delteil est Doyen honoraire de la Faculté de théologie protestante de Montpellier.

 

Le point de vue de la Nouvelle Revue Théologique

Dans notre monde où les guerres, les conflits et tant de « misère » humaine semblent triompher, pourquoi Dieu reste-t-il silencieux ? Pourquoi la plupart de nos contemporains ont-ils le sentiment que, s’il existe, Dieu est bien lointain ? Que signifie cette distance ? Cette interrogation est en arrière-fond du paysage contemporain par ailleurs bruissant de religiosité et de recherche « religieuses » tous azimuts ! « La fièvre et le silence ». Cette situation paradoxale doit rencontrer bien des situations humaines et, on en convient, énigmatiques pour le « bon sens ». Mais « il faut risquer de dire des choses contestables pourvu que des questions vitales soient soulevées » (Dietrich Bonhoeffer). Faudra-t-il se « situer entre violence et silence » ? Les nombreuses recherches bibliques et aussi profanes, ici proposées, explorant ces mêmes contrées dangereuses et éprouvantes pour la conscience religieuse et l’histoire profane mondaine sont et font l’intérêt de ces pages. « Rien n’est plus proche de l’angoisse du non-sens que la timide espérance. » (Paul Ricoeur, Histoire et vérité, Paris, Seuil, 1955, p. 334). Que recèle le « silence de Dieu » ? Il a tant aimé le monde… – J. Burton s.j.

https://www.nrt.be/fr/recensions/par-dela-le-silence-quand-dieu-se-tait-13202

 

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Quand Dieu ne répond pas : une réflexion biblique sur le silence de Dieu

Pierre Coulange

Paris, Le Cerf, 2013. 232 pages

9782204100427 (1)

« Où donc est Dieu ? : le cri angoissant de chacun devant la souffrance, cri qui retentit du Golgotha jusqu’aux camps de la mort ; un cri toujours actuel face à la pandémie du Coronavirus . Pourquoi ce silence de Dieu ? Face à cette question l’auteur nous fait découvrir ce que tous les textes bibliques nous disent de ce Dieu qui se tait : les mots du Psaume 22 « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » expriment la souffrance d’Israël, des prophètes, la déréliction de Jésus sur la Croix, ainsi que la nôtre.

Mais le silence de Dieu ne serait-il qu’apparent ? Ne serait-il pas une manière de révéler sa transcendance et sa miséricorde ? Les prophètes et les grands mystiques nous disent le mystère de ce « Dieu caché ». Et un saint Jean de la Croix peut écrire écrire ; « Ô nuit qui m’a guidé ! »

®Claude Tricoire

Présentation de l’éditeur

Dieu aux abonnés absents… Quel homme ne s’est jamais senti défaillir face à ce silence angoissant ? Pourquoi Dieu se tait-il quand son peuple souffre, au moment même où il a besoin de lui ? Cette question lancinante et immémoriale fait chuter l’homme de foi le plus convaincu et transperce les athées comme les cœurs fervents.

Il est donc temps de revenir au texte sacré. Les grands personnages de la Bible ont déjà éprouvé le silence angoissant du retrait divin. Du Dieu qui se cache du prophète Isaïe au cri d’abandon de Jésus sur la croix, du silence à l’absence, il n’y a qu’un pas. Pierre Coulange nous invite à prendre de la hauteur : la nuit est un chemin de foi. Le chemin obscur ne peut être séparé de l’expérience de Dieu ni de sa miséricorde, comme en témoigne le cri de Jean de la Croix : « Ô nuit qui m’as guidé ! »

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Quand Dieu se tait

Charles Wackenheim 

Paris, Le Cerf, 2002. 190 pages.

9782204069199

 

Présentation de l’éditeur

Au terme de ce siècle où l’idée d’un Dieu absent a été fortement ressentie, tout se passe, semble-t-il, comme si l’image traditionnelle du Dieu parlant cédait insensiblement la place à celle d’un Dieu qui s’efface et se tait. Silence et parole de Dieu s’expriment, certes, en termes de métaphore ou d’analogie, mais est-il plus pertinent de partir d’un Dieu qui parle ou, au contraire d’un Dieu dont ni la parole ni l’agir ne sont immédiatement perceptibles ? En se mettant à l’écoute du silence de Dieu et en s’exposant au souffle de son Esprit, l’homme acquiert la faculté de discerner dans la production langagière d’hier et d’aujourd’hui l’écho de l’agir créateur et sauveur du Dieu vivant.

 

Quatrième de couverture

Dans la tradition biblique, juive et chrétienne, l’image de Dieu s’est construite autour d’un rapport original à la parole et à l’histoire. C’est en parlant que Dieu suscite le monde et conduit le destin de l’humanité. Simultanément, des croyants se disent sensibles et attentifs aux silences de Dieu. Au terme d’un siècle où l’idée d’un Dieu absent a été fortement ressentie, tout se passe, semble-t-il, comme si l’image traditionnelle du Dieu parlant cédait insensiblement la place à celle d’un Dieu qui s’efface et se tait. Silence et parole de Dieu s’expriment, certes, en termes de métaphore ou d’analogie, mais est-il plus pertinent de partir d’un Dieu qui parle ou, au contraire d’un Dieu dont ni la parole ni l’agir ne sont immédiatement perceptibles ? En privilégiant la seconde hypothèse, l’auteur passe en revue six propositions qui requièrent aujourd’hui un nouvel examen : Dieu nous parle, dit-on, par la création, par ses témoins, dans l’histoire des hommes, par l’Écriture sainte, en Jésus Christ, enfin dans et par l’Église. Mais on doit se demander aussi si le silence de Dieu ne pourrait pas s’interpréter comme un acte délibéré de retrait pour permettre à l’homme d’exercer pleinement sa liberté d’action et de parole. En se mettant à l’écoute du silence de Dieu et en s’exposant au souffle de son Esprit, l’homme acquiert la faculté de discerner dans la production langagière d’hier et d’aujourd’hui l’écho de l’agir créateur et sauveur du Dieu vivant. Il évitera ainsi le recours fétichiste à une parole délestée de son substrat humain. L’image d’un Dieu qui se tait offre à la théologie et à la vie spirituelle un espace singulièrement fécond.

 

Silence de Dieu, silence de l’homme

Dans notre monde où « ça parle » partout et dans tous les sens, Dieu apparaît comme le grand silencieux. De nombreuses voix lui en font aujourd’hui le reproche. Ce silence n’est-il pas le signe d’une absence et d’un désintérêt pour l’aventure humaine ? Où était Dieu lors des grands drames du XXe siècle : deux guerres mondiales aux millions de morts, les camps de concentration nazis et soviétiques, la Shoah, plus près de nous les atrocités commises dans les Balkans et le terrorisme qui se donne libre cours ?  Où était Dieu à Auschwitz ? Où était Dieu à Stalingrad ? La question est devenue si pressante que le « comment parler de Dieu après Auschwitz ? » est devenu un lieu commun. Jamais Dieu n’est apparu aussi silencieux et aussi absent que depuis cette dernière centaine d’années. Comment répondre à de telles questions sans une inconscience, peut-être naïve, mais pas innocente ? Ne vaudrait-il pas mieux se taire à son tour ? Que le lecteur se rassure, les réflexions qui suivent se veulent modestes et ne prétendent pas résoudre l’énigme opaque du mal.

Dieu en procès
Quand l’homme souffre au-delà de ce qu’il estime tolérable, en effet, sa réaction première est de s’en prendre à Dieu, de le mettre en procès. La Bible elle-même est le témoin émouvant de ce cri de détresse. On le trouve dans les Psaumes : « O Dieu, ne reste pas muet, plus de repos, plus de silence, ô Dieu » (83,2) ; « Seigneur, je fais appel à toi. Mon roi, ne sois pas sourd ! » (28,1) ; « Tu as vu, Seigneur, ne sois pas sourd ! » (35,22 ; de même 39,13 ; 50,3 ; 109,1). On le rencontre aussi dans la bouche de Job qui souffre sans raison : « Je hurle vers toi et tu ne réponds pas ; je me tiens devant toi et ton regard me transperce » (30,20). Mais allons tout de suite au terme de cette série. Ce cri est aussi celui du Christ en croix, hurlé « d’une voix forte » : « Eli, Eli lema sabaqthani : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27,46). Que Jésus ait été jusqu’à faire sien le cri de toutes les détresses du monde devant le silence de Dieu nous dit immédiatement la profondeur d’un tel mystère. L’épître aux Hébreux nous dira bien qu’après avoir « offert prières et supplications avec grand cri et larmes à celui qui pouvait le sauver de la mort » il fut « exaucé en raison de sa soumission » (5,7) : il reste qu’au moment de la détresse et de la mort le ciel est resté d’airain.
Aujourd’hui encore, nous voyons de partout le procès intenté à Dieu : ce Dieu sensé être bon et qui tolère sans ciller tant d’atrocités ; ce Dieu unique qui est à l’origine de la violence dans le monde, parce qu’il justifie que les hommes s’entre-tuent en son nom. Récemment, un chroniqueur n’hésitait pas à faire l’éloge du polythéisme païen des Grecs et des Romains. Ces dieux-là étaient à mesure humaine, ils avaient des moeurs d’hommes, et surtout ils ne demandaient pas de tuer en leur nom 1. On retrouve l’antique objection qui revient de la nuit des âges : « Ou donc est Dieu ? « 

Revue Christus, avril 2002

 

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Hans Urs von Balthasar

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LE COEUR DU MONDE DE HANS URS VON BALTHASAR

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Beaucoup de livres dits «de spiritualité» déçoivent et laissent le lecteur sur sa faim. Il y a, bien sûr, quelques exceptions. Le « Cœur du Monde », de Hans Urs von Balthasar en est une. C’est un des quelques livres de spiritualité chrétienne qu’il m’ait été donné de découvrir récemment et que l’on aime reprendre…

Que dire de ce chef d’œuvre? C’est une œuvre «de jeunesse» du grand théologien suisse, sans doute très différente de ses grands ouvrages, en particulier de sa trilogie (esthétique, dramatique et théologique). Celui que le P. Henri de Lubac présentait comme l’homme «sans doute le plus cultivé de son temps» y médite le mystère chrétien sur un ton lyrique et poétique, qui emporte le lecteur comme un flot au-delà de lui-même !

En voici un extrait glané au cours de cette lecture…. mais dès les premières lignes on se laisse prendre au piège

«En quelle prison gémit tout être fini ! C’est en prison que l’homme, comme tout être, est né: son âme, son corps, sa pensée, sa volonté, ses aspirations, tout en lui est entouré d’une frontière, constitue même une frontière palpable, tout le sépare et l’isole. Par les ouvertures grillagées des sens, chacun regarde au-dehors vers une réalité étrangère à lui qu’il ne sera jamais. Et son esprit s’élancerait-il, comme l’oiseau, à travers les espaces du monde: lui-même n’est pas cet espace qu’il parcourt, et de son passage il ne subsiste aucune trace durable. D’un être à l’autre, quelle distance! Et même lorsqu’ils s’aiment et se font signe mutuellement de l’îlot qui leur sert de prison, même lorsqu’ils tentent de faire communiquer leurs solitudes et de se donner une illusoire unité, bien vite les surprend, d’autant plus douloureuse, la désillusion, lorsqu’ils retrouvent les barreaux invisibles, la froide paroi de verre contre laquelle ils viennent buter, pauvres oiseaux captifs… (p. 21).

Tu restes seul. Tu es tout en tous. Même si ton amour nous veut pour se déployer en nous et pour célébrer en nous le mystère de la génération et de la fécondité, c’est pourtant ici et là ton amour qui donne et qui est donné, qui est à la fois semence et terre féconde. Et l’enfant mis au monde, c’est toi encore. Lorsque l’amour a besoin de deux pieds pour marcher, celui qui marche est unique, et c’est toi. Et lorsque l’amour a besoin de deux êtres qui aiment, un amant et un aimé, alors il n’y a qu’un seul amour, et c’est toi qui es l’amour. Tout est ordonné à ton cœur qui bat éternellement. Maintenant encore, le temps et la durée battent la mesure de la création et, à grands coups douloureux, poussent en avant le monde et son histoire. C’est l’inquiétude de l’horloge, et ton cœur est inquiet jusqu’à ce que nous reposions en toi, et toi en nous, temps et éternité absorbés l’un dans l’autre. Mais soyez tranquilles: j’ai vaincu le monde. Le fracas du péché a disparu dans le silence de l’amour. Celui-ci en est devenu plus sombre, plus flamboyant, plus ardent, à cause de l’expérience de ce qu’est le monde. Mais l’abîme moins profond de la révolte a été englouti par la miséricorde insondable, et en battements majestueux règne paisiblement le Cœur divin» (p. 196-197).

Voilà, il ne vous reste plus qu’à lire les 175 pages qui séparent le début de la fin et découvrir comment nous sommes conduits de notre prison au Cœur du Christ

(*) Editions Saint-Paul, réédition 2014, 208

 

L’amour seul est digne de foi

Urs von Balthasar

Saint-Maur, Parole et Silence, 1999. 125 pages.

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Résumé

 » Quel est, dans le christianisme, l’élément spécifiquement chrétien ? Le christianisme, dans sa réflexion sur lui-même, ne peut être considéré ni comme une doctrine de sagesse surélevant la sagesse religieuse de l’humanité grâce à un enseignement divin, ni comme un avènement définitif de l’homme personnel et social grâce à la révélation et à la rédemption. Il ne peut être compris que comme l’amour divin se glorifiant lui-même. Dans l’Ancien Testament, cette gloire est la présence de la majesté souveraine de Yahvé dans son Alliance ; dans le Nouveau Testament, cette gloire sacrée se manifeste comme le geste de Dieu qui dans le Christ aime « jusqu’à la fin », c’est-à-dire s’abaisse jusque dans la mort et dans les ténèbres. Cet amour qui va jusqu’à l’extrême et que le monde et l’homme ne peuvent même soupçonner, ne peut être perçu que s’il est reçu comme le « tout Autre ».  » Hans-Urs von Balthasar.

 

La Prière contemplative 

Hans Urs von Balthasar

Paris, Parole et Silence, 2002. 280 pages.

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Présentation de l’éditeur

Bien des chrétiens connaissent la nécessité et la beauté de la prière contemplative et y aspirent sincèrement. Mais peu, en dehors d’essais tâtonnants, bientôt abandonnés, restent fidèles à cette prière, et moins nombreux encore sont ceux qui sont convaincus et satisfaits de leurs efforts propres en cette matière. Une atmosphère de découragement et de pusillanimité entoure, dans l’Eglise, la contemplation. Nous voudrions bien, mais nous n’y arrivons pas. L’heure de méditation projetée s’écoule dans la distraction et dans l’incohérence et, parce qu’elle ne produit aucun fruit visible, nous sommes tentés d’abandonner. Le présent livre tente, en partant d’une vue d’ensemble de la révélation chrétienne, de décrire la profondeur et la splendeur de cette forme de prière. Il cherche à éveiller la joie qu’elle fait naître, à faire éprouver sa nécessité, à affirmer son caractère indispensable pour la vie. La prière contemplative nous découvre et exalte cette dimension verticale de la vie chrétienne. Rien de critique ni de négatif en ces pages, mais la plus constructive, la plus belle, la plus stimulante des ascensions spirituelles.

Quatrième de couverture

Bien des chrétiens connaissent la nécessité et la beauté de la prière contemplative et y aspirent sincèrement. Mais peu, en dehors d’essais tâtonnants, bientôt abandonnés, restent fidèles à cette prière, et moins nombreux encore sont ceux qui sont convaincus et satisfaits de leurs efforts propres en cette matière. Une atmosphère de découragement et de pusillanimité entoure, dans l’Église, la contemplation. Nous voudrions bien, mais nous n’y arrivons pas. L’heure de méditation projetée s’écoule dans la distraction et dans l’incohérence et, parce qu’elle ne produit aucun fruit visible, nous sommes tentés d’abandonner.

Le présent livre tente, en partant d’une vue d’ensemble de la révélation chrétienne, de décrire la profondeur et la splendeur de cette forme de prière. Il cherche à éveiller la joie qu’elle fait naître, à faire éprouver sa nécessité, à affirmer son caractère indispensable pour la vie. La prière contemplative nous découvre et exalte cette dimension verticale de la vie chrétienne. Rien de critique ni de négatif en ces pages, mais la plus constructive, la plus belle, la plus stimulante des ascensions spirituelles.