Eglise Saint-Jean-de-Malte
Petite histoire de Saint-Jean-de-Malte d’Aix-en-Provence
Le temps des Bérenger
L’église se trouve extra-muros, hors les murs de la ville : ce qui explique peut-être pourquoi on l’a fortifiée.
C’’est la première église de style gothique en Provence construite entre 1272 et 1278 par Raymond-Bérenger IV, comte de Provence, pour les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem (plus tard devenus chevaliers de l’ordre de Malte).
D’ailleurs, on peut voir à l’intérieur les tombeaux de ces puissants comtes de Provence, les Bérenger bien que ce soient pas les originaux, les tombeaux ayant été détruits pendant la Révolution et remplacés en 1828…
Ainsi on pouvait voir les statues de Raymond-Bérenger V (1198-1245) et de son épouse Béatrice de Savoie (1198-1267) ; le comte est représenté en côte de maille avec son bouclier et il tient à la main une rose reçue des mains du pape Innocent IV au concile de Lyon en 1245. Ce sont les derniers comtes aragonais avant que le comté de Provence ne revienne à la Maison d’Anjou jusqu’au rattachement de la Provence au royaume de France en 1482 sous le roi de France Louis XI.
Les restaurations au temps de Viany
Au fil du temps l’église perd de sa splendeur et fait plutôt grise mine : alors, au début du XVIIe s, le prieur Jean-Claude Viany fait procéder à de grandes transformations.
Il fait rénover la commanderie de l’ordre de Malte par l’architecte Dumas (aujourd’hui musée Granet).
Il refond les cloches abîmées ou fêlées, repave le sol, fait aménager de nouvelles chapelles sur les bas-côtés dès 1680 (celles de Notre-Dame-du-Bon-Voyage, du Purgatoire et de Saint-Joseph), refait entièrement la façade avec l’ajout de la seconde tour, par exemple…
Et surtout, on suspend en 1701 à la voûte de l’église l’étendard du bateau turc la Sultane Benghem, pris par le chevalier de Ricard, originaire d’Aix et membre de l’ordre de Malte.
C’est le grand-maître de l’ordre lui-même qui envoie le drapeau à son église !
L’étendard et les restaurations faites à l’église ont même drôlement impressionné les ducs de Bourgogne et de Berry (petits-fils de Louis XIV), lors de leur visite à Aix !
Au XVIIè siècle la création du quartier Mazarin voulu par l’archevêque d’Aix Michel Mazarin (1605-1648), frère du cardinal Jules Mazarin (1602-1661), pour des raisons de sécurité et aussi à cause de l’augmentation de la population offre de nouvelles perspectives à cette église qui se trouvait jusqu’alors au milieu des champs et éloignée des zones peuplées.
Après la Révolution
A la Révolution alors que l’église contenait des trésors inestimables, ceux des Templiers et ceux de l’ordre de Malte : reliques, manuscrits précieux, ainsi que les tombeaux des comtes de Provence tout fut détruit ! En 1792, on supprime l’ordre de Malte avec saisie de tous leurs biens et l’église fut déclarée bien national puis transformée en magasin à fourrages (stockage de foin et paille). En 1778 elle fut acquise par un particulier qui en fit don à une association de fidèles qui s’étaient regroupés pour éviter la démolition de l’église. Après la tourmente révolutionnaire, Mgr Champion de Cicé, le nouvel évêque du diocèse put racheter l’église ; en 1802 il l’érigea en église succursale puis en église paroissiale sous le titre Saint-Jean Baptiste intra muros..
En 1977, cette paroisse a été confiée par l’archevêque d’Aix, Mgr Charles de Provenchères, à une communauté de moines diocésains qui en assurent le service pastoral.
Tombeau des comtes de Provence
Le tombeau des comtes de Provence tel que l’on pouvait le voir avant sa démolition en 1792. En 1828 une souscription à laquelle participa le roi Charles X permit une restauration de ce tombeau (sauf celui de Béatrice de Provence). Aujourd’hui certains morceaux de ce monument dont la tête de Bérenger V et de Béatrice de Provence sont conservés au Musée Granet.
Quelques-unes des statues
Le Christ
Saint Jean Bapiste
L’enfant-Jésus et saint Jean Baptiste enfant
Bas-relief : chef de saint Jean Baptiste
Bas-relief : L’enfant Jésus portant la Croix et deux angelots portant un calice et une couronne d’épine
Christ en croix
Statue de la Vierge
Saint Benoît Labre
Les tableaux de l’église Saint-Jean-de-Malte
Parmi les tableaux exposées dans l’église, la Crucifixion de Delacroix est celui qui attire le plus de visiteurs. Plusieurs vitraux se trouvent à l’intérieur. Le vitrail du chevet datant de 1854 a pour thème principal le Baptême du Christ.
Saint Henry implorant la Vierge pour les âmes du purgatoire, Jean Armelin (1687). Au départ prévu pour la chapelle des Âmes du Purgatoire de Saint-Jean, il a été restauré à la fin du xxe siècle.
L’Annonciation et La Mort de la Vierge, André Boisson (1678). Ces tableaux avaient été commandés pour la chapelle de la Cour des comptes de l’ancien palais. Dans la même série de Boisson, deux œuvres sont aujourd’hui à la Madeleine, tandis que deux autres sont perdues.
La Théologie, Michel-François Dandré-Bardon (entre 1744 et 1749). Il s’agit de l’œuvre la plus récente de Saint-Jean-de-Malte. On a longtemps cru devoir l’attribuer à Carle van Loo.
La Résurrection du Christ, Louis Finson (1610). Ce tableau est la plus ancienne œuvre de Finson répertoriée en Provence. Il se trouve dans l’église Saint-Jean-de-Malte depuis le Consulat.
Le Christ apparaissant à sainte Madeleine au jardin, Le Miracle de saint Blaise et Notre-Dame de Bon-Repos, Gilles Garcin (1690). Tous trois commandés par le prieur Viany.
Descente de croix, André Gaudion (1612). Ce tableau proviendrait d’un couvent franciscain d’Aix.
Saint Bruno au pied de la Vierge, Reynaud Levieux (1663), peint à l’origine pour le maître-autel de la chartreuse d’Aix.
Descente de croix, Guillaume Martin dit Adam (1611). Cette œuvre a été acquise par Joseph-Félix Alphéran, futur prieur de Saint-Jean, qui en a fait don à l’église.
Vierge du Carmel, Nicolas Mignard, dit Mignard d’Avignon (s. d.). Tableau venant de l’église des Grands-Carmes ; il est transféré à l’église du Saint-Esprit à la Révolution, puis à Saint-Jean.
Le Christ en croix entre la Vierge et saint Jean, Le Jugement de Salomon et La Femme adultère, Nicolas Pinson (1673). Ces tableaux étaient initialement installés dans la grande chambre du Parlement de l’ancien palais des comtes de Provence.
L’Apothéose de saint Augustin, Michel Serre (s. d.). Ancien tableau de l’église des Augustins.
Notre-Dame de Lorette (anonyme). Tableau offert par Mme Bourguignon de Fabregoules.
S
Clôture des fonds baptismaux
Clôture liturgique (grille de communion)
Chaire à prêcher
L’orgue
Au fil des siècles, plusieurs orgues se succèdent dans l’église Saint-Jean-de-Malte. Au XVIIIè siècle, un premier orgue, situé dans le chœur, est détruit en raison des intempéries. Un deuxième orgue doit donc être installé pour le remplacer. C’est ainsi que, en 1670, le prieur Viany commande un nouvel instrument à un facteur originaire de Namur et domicilié à Marseille, Charles Rouyère. On le dispose au fond, en un endroit où l’on peut encore en voir les traces de fixation. Il est disposé dans un ensemble qui inclut une statue en pied de saint Jean-Baptiste et un buffet réalisé par Alphonse Dumas. On n’en trouve plus la trace après la Révolution, à la suite de ce qui ressemble probablement à une destruction.
En 1843, un nouvel orgue vient donc remplacer les deux précédents. Les facteurs en sont Daublaine et Callinet. Il a toutefois été transformé en 1896 par Joseph Merklin, qui avait racheté la maison Daublaine et Callinet qui s’est soldée en faillite. D’autres travaux l’ont amélioré en 192925. Mais l’usure du temps fini par avoir raison de ce troisième orgue au début des années 2000 et un nouvel instrument est commandé à la maison Kern. C’est cet orgue qui trône aujourd’hui dans l’église et qu’a donné Pierre Bardon, organiste à la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, le 25 juin 2006.
Orgue de Saint-Jean-de-Malte
Le clocher
Le clocher
En 1292, les Hospitaliers furent autorisés à placer quatre cloches au sommet du clocher de l’église, ce qui indique que, dès cette époque, il devait déjà avoir une taille importante. Aujourd’hui, ce clocher mesure 67 mètres de haut, ce qui en fait le point culminant de la ville d’Aix-en-Provence. Si l’on ajoute à cela ses caractéristiques gothiques, tout le rapproche de nombreux édifices religieux du nord de la France par son aspect rigide et austère. Les estimations de sa date d’achèvement varient considérablement. Si la tradition le place en 1376, les recherches récentes tendraient à le situer au milieu du XVe siècle.
Des quatre cloches trois furent fondues sur ordre de Napoléon Bonaparte en 1793 pour le siège de Toulon. Elles furent restituées à la paroisse en 2013 et réinstallées dans le beffroy le 7 mars 2018 après avoir été exposées dans l’église en attendant la consolidation du clocher.
La fontaine Saint Jean de Malte
Située place Saint-Jean de Malte, ornée d’une croix de l’Ordre de Malte, cette fontaine a été édifiée en 1759 par Georges Vallon, également architecte de la Halle aux Grains et d’un grand nombre d’hôtels particuliers du XVIIIème siècle.
Elle fut détruite et remplacée en 1862 par la fontaine actuelle. Le bassin est en pierre dure et l’eau y est déversée par deux modestes canons. La fontaine est adossée à un mur et dévoile un décor inspiré de l’ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Malte, qui est omniprésent aux alentours avec son église et son prieuré.
En tout huit branches sont visibles, symbole probable des huit langues que parlaient les membres de l’Ordre en Europe (le provençal, l’auvergnat, le français, l’italien, l’aragon, l’anglais, l’allemand et le castillan).
Fontaine Saint Jean de Malte